tag:linuxfr.org,2005:/users/faussoyeur--3LinuxFr.org : les contenus de Faussoyeur2012-07-14T01:02:25+02:00/favicon.pngtag:linuxfr.org,2005:News/330662012-06-11T16:02:31+02:002012-06-11T16:02:31+02:00Nouvelles technologies à l’assaut de la démocratie éthiopienneLicence CC By‑SA http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr<div><p>L’Ethiopie était en voie de démocratisation depuis l’élection d’une assemblée constituante en juin 1994 (voir l'article Wikipédia <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_de_l%27%C3%89thiopie#D.C3.A9veloppements_politiques">Politique en Éthiopie</a>). Cependant le premier ministre Meles Zenawi, du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE), gouverne depuis 1995. La situation s’est dégradée sur l’échelle de l’<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Democracy_Index">indice démocratique</a>, passant d’un gouvernement dit hybride à un pays autoritaire en 2010. En cause, l’installation d’un parti unique de facto avec une victoire à 99 % du FDRPE aux élections de 2010, des lois très restrictives sur les médias et les financements de la société civile et politique (voir <a href="http://graphics.eiu.com/PDF/Democracy_Index_2010_web.pdf">l'évolution de l'indice démocratique</a>).</p>
<p>Les nouvelles technologies, en bien ou en mal, influent sur l’état de la démocratie dans le pays.</p>
<p>En 2007 David Kobia, programmeur kényan, fonde <a href="http://blog.ushahidi.com/index.php/about/">Ushahidi</a>, une plateforme Internet qui permet à quiconque de signaler un évènement par mobile, mail ou le web. Ces informations sont ensuite agrégées pour pouvoir être analysées. Initialement prévu pour signaler des affrontements postélectoraux, le projet a été par exemple utilisé lors du tremblement de terre début 2009 en Haïti pour sauver des vies (cf Le Monde diplomatique, mai 2009, La diplomatie du téléphone portable à la conquête des pauvres, par Laurence Allard). Malgré son <a href="http://blog.ushahidi.com/index.php/2010/07/08/ethiopia-an-election-monitoring-system/">très relatif succès pour les élections en Éthiopie en 2010, avec seulement 15 rapports</a>, le projet montre comment on peut allier nouvelles technologies, avec du libre, et aider à la transparence démocratique avec une surveillance citoyenne active en utilisant des communications privées.</p>
<p>Moins réjouissant, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Tor_%28r%C3%A9seau%29" title="Définition Wikipédia">Tor</a> vient de <a href="https://blog.torproject.org/blog/ethiopia-introduces-deep-packet-inspection">signaler la mise en place de censures sur l’Internet éthiopien</a> à l’aide du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Deep packet inspection" title="Définition Wikipédia">Deep packet inspection</a> . Le filtrage est effectué lors de l’initialisation de la connexion TLS. Or, la société qui a le monopole est l’<a href="http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/En-Ethiopie-France-Telecom-accompagne-la-censure-d-Internet-_NP_-2012-06-10-816727">Ethiopian Telecommunication Corporation, dirigée par… France Télécom</a>. Même si la décision semble venir du gouvernement sur place, le détaché de France Télécom semble ne pas s’en émouvoir et avance le prétexte habituel de lutte contre la contre-façon. <a href="http://www.lemonde.fr/libye/article/2012/05/22/bull-de-nouveau-confronte-au-scandale-amesys_1705412_1496980.html">Encore une fois</a> une entreprise provenant du sol des droits de l’homme ne se distingue pas dans ce domaine en Afrique.</p></div><ul><li>lien nᵒ 1 : <a title="https://blog.torproject.org/blog/ethiopia-introduces-deep-packet-inspection" hreflang="en" href="https://linuxfr.org/redirect/82452">Rapport de Tor sur la censure en provenance de l’Ethiopie</a></li><li>lien nᵒ 2 : <a title="http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/En-Ethiopie-France-Telecom-accompagne-la-censure-d-Internet-_NP_-2012-06-10-816727" hreflang="fr" href="https://linuxfr.org/redirect/82453">Implication de France Télécom dans la censure</a></li><li>lien nᵒ 3 : <a title="http://www.lemonde.fr/libye/article/2012/05/22/bull-de-nouveau-confronte-au-scandale-amesys_1705412_1496980.html" hreflang="fr" href="https://linuxfr.org/redirect/82454">Le cas Bull en Libye</a></li><li>lien nᵒ 4 : <a title="http://www.pcinpact.com/news/71569-ethiopie-dpi-controle-net-ethiotelecom.htm" hreflang="fr" href="https://linuxfr.org/redirect/82455">PC INpact : L’Éthiopie tente de contrôler le web avec un filtrage par DPI</a></li><li>lien nᵒ 5 : <a title="http://gigaom.com/europe/orange-censors-all-blogs/" hreflang="en" href="https://linuxfr.org/redirect/82459">GigaOM : Crazy: Orange censors all blogs, not just GigaOM</a></li></ul><div></div><div><a href="https://linuxfr.org/news/nouvelles-technologies-a-l-assaut-de-la-democratie-ethiopienne.epub">Télécharger ce contenu au format EPUB</a></div> <p>
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FaussoyeurBenoît SibaudPierre JarillonNÿcobaud123https://linuxfr.org/nodes/94466/comments.atomtag:linuxfr.org,2005:Diary/326302012-05-26T12:01:31+02:002012-05-26T12:01:31+02:00Crise grecque ? Crise européenne !Licence CC By‑SA http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr<p>Un journal pour raconter une <em>autre</em> histoire de la crise grecque.</p>
<p>Pour comprendre les mécanismes qui ont conduit à la crise de la dette vous pourrez écouter l’émission <a href="http://la-bas.org"><em>Là-bas si j’y suis</em></a> du 10 mai 2012, <a href="http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2458"><em>La dette ou la vie</em></a>. L’invité est Éric Toussaint, du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (on appréciera l’ironie de l’Histoire). Il explique comment la dette se forme par des politiques fiscales libérales qui, sous excuse de favoriser l’investissement, servent à libérer les ménages les plus riches et les grosses entreprises, CAC40 typiquement, de l’imposition ; ce manque à gagner pour l’état crée de la dette… financée par ceux-là même qui ont bénéficié de l’imposition faible, préférant placer leur argent dans le circuit financier plutôt que dans l’investissement ! La crise n’a rien arrangé. Les banques s’endettent auprès des états qui s’endettent auprès des marchés financiers, les banques remboursent… grâce à la FED et à la BCE à ⩽1 %. Les institutions financières ont cherché alors des placements sûrs, c’est-à-dire les dettes publiques d’états comme l’Irlande, le Portugal, l’Espagne, dont on louait l’économie libérale et dynamique il y a encore peu, sans oublier… la Grèce. Ces états bénéficiant de liquidité à peu de frais en profitent ; les marchés finissent par s’inquiéter des taux d’endettement de ces pays et les taux d’intérêt explosent, Grèce en tête, mais suivie de près par les autres. Je reviendrais sur les mal-nommés « plans de sauvetage » grecs.</p>
<p>L’émission du lendemain, <a href="http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2459"><em>Le poison grec</em></a>, invite Stathis Kouvelakis, chercheur en philosophie politique. Il revient succinctement sur la crise grecque en apportant des détails spécifiques ; il explique l’impasse économique : la Grèce ne peut plus se financer auprès des marchés, la dévaluation est impossible du fait de l’euro et donc le choc est intégralement répercuté sur le prix du travail avec une baisse de 25 % en moyenne des salaires ; mais l’invité s’attache surtout aux conséquences politiques. Le parti nazi Aube Dorée (7 % en mai) est amalgamé à SYRIZA (16,7 %, pressenti pour être premier parti aux élections de juin), afin de masquer l’effondrement du bi-partisme grec : ND (Nouvelle démocratie, droite) et PASOK (hégémonique depuis ~80), qui bien que souvent assimilé au PS français n’est pas tout à fait considéré comme un parti de gauche en Grèce. Ainsi les électeurs du PASOK diminuent de 44 % à 13 % en à peine trois ans. M. Kouvelakis met en garde contre la politique qu’on veut imposer aux grecs : <em>« Ce type de politique [NDA: “dévaluation interne”] ne peut pas passer, et sont incompatibles avec le fonctionnement normal d’un régime démocratique parlementaire. »</em> On se rappellera <a href="http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/03/03/michel-rocard-il-ne-peut-y-avoir-dissue-en-grece-quavec-un-pouvoir">la sortie de M. Rocard</a> sur une dictature militaire grecque, tout en ayant à l’esprit le lourd passif avec la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dictature_des_colonels">dictature des colonels</a>.</p>
<p>En réalité le régime d’exception est déjà en place, la constitution bafouée avec le premier memorandum (<em>aka</em> « plan de sauvetage ») qui permet que des décrets du ministre de l’économie et des finances n’aient pas besoin d’accord du parlement, ou encore avec la constitution de la <em>task force</em>, un groupe de travail technocratique qui juge et s’immisce dans les ministères grecs. Enfin, la proposition de referendum de Papandréou a reçu une fin de non recevoir. Le second memorandum consacre les privatisation en masse.</p>
<p>La politique économique menée par les memorandums a une dimension punitive [Jacques Généreux, <em>28 minutes</em> sur <em>Arte</em> le 16 mai 2012]. Elle est justifiée auprès des opinions publiques allemandes et française comme telle, en omettant de rappeler que ce sont les marchés qui ont permis des prêts à taux d’intérêts très bas. Les grecs deviennent les grands perdants d’une politique européenne qui a mené à la polarisation économique des pays plutôt que vers leur convergence et leur intégration. On justifie alors l’ingérence dans l’état grec par l’infantilisation du peuple, jugé irresponsable : <em>« Au niveau du discours et au niveau de l’idéologie [la polarisation] engendre un racisme nouveau qui vise à stigmatiser systématiquement les perdants. […] Et c’est ça qu’on sert d’une certaine façon, par exemple à l’opinion publique allemande […] déjà échaudée par [leur modèle national (salaires bloqués près d’une décennie, etc.)] »</em> En rappelant que les grands scandales de ces dernières années impliquent Siemens et des industries d’armement ! Enfin, il faut savoir que ce qu’on appelle « plan de sauvetage » sont des <em>prêts</em> accordés pour être intégralement utilisés afin de rembourser les créanciers de la Grèce, les banques françaises et allemande en particulier ! Prêts accordés à 5,5 % là où la France et l’Allemagne se financent à 2,5 % et 1,86 % respectivement. On comprend mieux la pression faite sur l’opinion publique européenne pour penser la sortie de l’euro, inévitablement suivie d’un défaut sur la dette, comme catastrophique, faire croire que SYRIZA n’est pas pro-européens (contrairement <a href="http://www.youtube.com/watch?v=-4GKetiuRPo">aux déclarations lors de la conférence de presse à Paris</a>, ou encore la campagne médiatique contre SYRIZA en Grèce (voir à ce sujet le <a href="http://greekcrisisnow.overblog.net">blog</a> d’un ethnologue en Grèce). Il y a ainsi une double campagne d’infantilisation des grecs, qu’on cherche à peindre comme irresponsables, et d’instauration de la peur parmi le contribuable ou le petit épargnant pour lui faire croire qu’il aurait payé pour les grecs ou encore qu’il pourrait perdre beaucoup d’argent si la Grèce fait défaut.</p>
<p>De plus la sortie de l’euro de la part de la Grèce, même si elle n’est pas favorable au couple franco-allemand, est envisageable sans trop de perte financière. D’autant qu’une sortie de l’euro est une possibilité sérieusement envisageable en dernier recours pour le prochain gouvernement au pouvoir. On pourra lire à ce sujet un <a href="http://blog.mondediplo.net/2012-05-24-Euro-terminus">long billet</a>, du blog <em>la pompe à phynance</em>, qui décrit dans un premier temps et de manière un peu aride la sortie, puis détruit l’idée que cela mettrait en danger la BCE (créancière importante de la Grèce) et par ricochet montre que la peur du gaspillage de l’argent du contribuable franco-allemand est non fondée. Si la perte financière est minime, il en est autrement de l’idée même de la monnaie unique ; l’euro prendra du plomb dans l’aile car d’autres pays sont dans une situation délicate et pourraient être tentés à leur tour, et l’Espagne c’est autre chose que la Grèce… Bref, SYRIZA le sait très bien, et compte bien jouer sur ce risque pour s’imposer et rester dans la zone euro. Le billet finit enfin sur l’analyse politique de l’Europe des gouvernants, avec des mots très durs envers les politicards pro-européanistes jusqu’au-boutistes qui, non content d’ignorer l’Europe des peuples, deviennent un facteur de division, ou pire de conflits et de montée du nationalisme pour les gens qui se sentent acculés et ne croient plus qu’une autre Europe sociale, démocratique et non technocratique est possible.</p><div><a href="https://linuxfr.org/users/faussoyeur--3/journaux/crise-grecque-crise-europeenne.epub">Télécharger ce contenu au format EPUB</a></div> <p>
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