URL: https://linuxfr.org/users/kurun/journaux/des-d%C3%A9rapages-du-piratage Title: Des dérapages du piratage... Authors: kurun Date: 2005-04-22T09:32:30+02:00 Tags: Score: 0 Un "rebond" de Bernard Spitz (curieusement orthographié Splitz) dans le Libé du jour est consacré aux "dérapages" des pratiques d'échange de musique en ligne. C'est une tribune en trois points qui veut démonter les arguments des "pros" piratage. 1) Le piratage est bon pour la musique puisqu'il augmente la diffusion des oeuvres: Spitz a beau jeu de rappeler les baisses des ventes suivies de licenciements qui touchent les maisons de disques même s'il reconnaît que tous les disques copiés/chargés n'auraient pas forcément été vendus. Bien entendu, pas de trace de nuance dans l'analyse qui attribue clairement et complètement cette baisse des ventes au seul téléchargement illégal, occultant les autres facteurs explicatifs (émergence du DVD par ex.) et les effets contradictoires du P2P sur la consommation de disques (voir [1] [http://linuxfr.org/~kurun/17623.html(...)](http://linuxfr.org/~kurun/17623.html) ). Il prend comme argument final le fait que la cour suprême américaine pourrait rendre condamnable le fait de créer un logiciel P2P (voir [2] [http://linuxfr.org/~kurun/17624.html):(...)](http://linuxfr.org/~kurun/17624.html):) si c'est le cas, ce sera pour le bien commun ou parce que certaines compagnies font un lobbying forcené?... 2) Cette baisse des ventes ne touche que les grandes compagnies: Spitz combat cet argument "Robin des Bois" en pointant les risques que ferait prendre à la création une "industrie sur la défensive" . Elle aurait ainsi naturellement tendance à se replier sur ses gros vendeurs au détriment des nouveautés. Ce comportement est effectivement avéré mais toujours d'après [1], il a commencé à apparaître avant le P2P. Plus personnellement, l'emploi par l'auteur de la référence à "la réalité économique" me hérisse: comme dirait je ne sais plus qui, l'économie est plus une théologie qu'une science et la notion de "réalité" préexistante et intangible est à mon humble avis très discutable. 3) Ce sont les producteurs qui sont touchés, pas les créateurs: pour Spitz, tenir ce genre de discours c'est entrer dans un "modèle économique dangereux" où la musique serait financée par la pub, les sonneries de téléphone,...En prime, un petit coup de pied de l'âne:
Par quel retournement ironique les défenseurs de la liberté musicale en arrivent-ils à épouser les virages ultralibéraux qu'ils combattent ?Cette fois encore, on peut rétorquer que ce genre de pratique (invasion de la pub pour équilibrer les financements) a cours depuis pas mal de temps, par exemple dans l'industrie du cinéma bien que celle-ci soit touché de façon plus marginale et en tout cas plus tardivee que l'industrie du disque (je me rappelle bien cette réplique de Clavier dans les Visiteurs "Il n'a qu'à prendre de la Juvamine!".) La tribune se termine par une interrogation sur le devenir de la création face à ce mode (cette mode?) de consommation de musique mais aussi face à " l'excès de taxes, le manque d'accès aux médias, la faiblesse de l'enseignement musical, les retards de l'offre électronique légale". Il est clair que l'auteur n'est pas un chaud partisan du téléchargement illégal ce qui l'entraîne à une présentation (selon moi) partiale de ses effets et des solutions à y apporter. Il est en revanche certain que le financement de la création se pose et que faire "l'apologie naïve de la gratuité " est assez inconséquent. Le fait de se servir gratuitement sur le Net est tellement rentré dans les moeurs que le fait de payer un disque ou un film est devenu presque incongru. Il serait peut être temps de réapprendre à payer ce que l'on écoute et regarde, à condition bien entendu de le payer à son juste prix. La tribune: [http://www.liberation.fr/imprimer.php?Article=291443(...)](http://www.liberation.fr/imprimer.php?Article=291443) Une bio de B. Spitz (en anglais) [http://www.idate.org/jii04/bio04/spitz.htm(...)](http://www.idate.org/jii04/bio04/spitz.htm)