Journal Quand le profit prend le pas sur l'innovation

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6
mar.
2005
Un article très intéressant est paru le 04/03/05 sur technologyreview.com[1], dont je conseille à tous la lecture. Il s'agit d'un portrait de Carly Fiorina, ex-CEO de HP, dressé par un ingénieur qui a travaillé chez HP Labs (là où naissent tous les produits HP) de 1975 à 2003.
En substance, l'auteur y explique son arrivée chez HP, et l'esprit inventif et passionné qui y régnait. Puis il raconte la nomination de Carly Fiorina, et les bouleversement profonds qui ont eu lieu dans l'esprit de HP Labs. Ca fait froid dans le dos.

Seulement voilà, ça fait froid dans le dos mais il s'agit d'un schéma que j'ai rencontré dans un bon nombre de boites pour lesquelles j'ai travaillé : on part d'une boite qui explose, où les employés se donnent à fond pour innover et assurer le meilleur service possible à leurs clients. Puis on nomme une nouvelle équipe de dirigeants, bien décidés à faire entrer leur société "dans les rangs" en instaurant des procédures de qualité, en obtenant des certifications, etc. A partir de là, on peut être à peu près certain que la société finira par perdre tout signe distinctif par rapport à ses concurrents, et par s'aligner sur eux au bout d'un an ou deux. Au final, la boite vend des produits plus ou moins comparables aux autres, et ne lancera une nouvelle offre que si "le marché l'impose".

Du coup, je me pose plusieurs questions : comment est-il possible de croire aujourd'hui, en 2005, qu'une entreprise donnant dans les technologies nouvelles peut être régie par les actuelles doctrines de management ? Comment peut-on penser contrôler ou maintenir un esprit d'innovation au sein d'une boite, grâce a des processes uniquement destinés à rassurer ses actionnaires ? D'ailleurs, les entreprises dites "innovantes" ont-elles réellement leur place sur le marché boursier ? Et leur introduction en Bourse ne serait-elle pas davantage un frein qu'un tremplin à leur développement ?

N'ayant eu aucune formation économique ni aucune expérience en tant que "décideur", j'imagine sans peine que ces questions pourront paraître extrêmement naïves, mais j'aimerais quand même savoir comment l'on peut justifier l'application de théories manifestement dépassées dans un contexte aussi sensible que celui des nouvelles technologies de l'information. Si quelqu'un a un début de réponse, je ne demande qu'à apprendre.

[1] http://www.technologyreview.com/articles/05/03/wo/wo_delio030405.as(...) (en)
  • # Fric Fric Fric

    Posté par  . Évalué à -1.

    Pompe à fric, quand tu nous tiens ...
  • # /.

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

    La news correspondante sur /. est assez instructive http://it.slashdot.org/it/05/03/05/2015250.shtml?tid=173&tid=21(...) , avec d'autres récits du même acabit.

    On y apprend que la douce et délicate carly fiorina a quand même reçu 45 millions de dollars lors de son départ. Y'a de quoi faire baver jean-marie messier :) ( http://www.reuters.com/newsArticle.jhtml?storyID=7627716&type=t(...) )
  • # virgin ?

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

    On peut citer virgin et charles bronson. Le gusse a créer que des pme. Dés qu'une boite dépassait 50 personnes, il en créait une autre. Je veux bien croire qu'il a des raisons type : pas de CE mais aussi "d'ambiance PME".

    Bref, la bourse ne comprennaient pas. ET virgin se faisait donc souvent "massacré" en bourse.

    Comment les boursiers peuvent estimer les potentiels d'une nouvelles téchnologies quand celles-ci n'a que qq spécialistes dans la boites elle-même ?

    "La première sécurité est la liberté"

    • [^] # Re: virgin ?

      Posté par  . Évalué à 3.

      Tu as raison, le cas de Virgin est intéressant en cela. Mais comme tu le soulignais, Richard Branson est toujours resté à la tête de cette entreprise et a su la faire évoluer en conservant le même esprit de départ.

      Ce que je me demande, c'est surtout comment l'on peut justifier l'oblitération d'une "unité interne" dans le cadre de l'évolution d'une entreprise, sachant que c'est justement cette unité qui a mené la boite là où elle se trouve aujourd'hui.

      Ca, j'avoue que ça me dépasse, et j'aimerais vraiment qu'on m'explique les études, préceptes ou théories qui pourraient expliquer des changements d'orientation aussi radicaux. Je ne sais pas moi, est-ce qu'il existe une école des chefs d'entreprise où l'on apprend à niveller par le bas, par exemple ? Pourquoi les dirigeants se sentent-ils quasiment toujours obligés de faire rentrer leur entreprise dans le moule de la non-évolution ? Est-ce par peur du risque ? Par incompréhension ? Ou même tout bêtement - j'ose à peine le suggérer - par incompétence ?
      • [^] # L'incompétence

        Posté par  . Évalué à 3.

        Je ne crois pas que la suggestion de l'incompétence soit si bête que cela. J'ai même plutôt l'impression que c'est assez répandu. Pour faire un raccourci : plus grosse est la boîte, plus grand est le nombre d'incompétents (je parle des daissidheurs).
        • [^] # Re: L'incompétence

          Posté par  . Évalué à 2.

          Evidemment, c'est la réponse qui vient immédiatement à l'esprit mais ça me parait trop facile de dire "tous des cons" et de regarder les boites se vautrer dans leur médiocrité.

          Si un avis contradictoire passe par ici, qu'il n'hésite pas.
          • [^] # Re: L'incompétence

            Posté par  . Évalué à 2.

            On peut essayer de réfléchir plus longuement à pourquoi. Deux premiers points, mais il y en a d'autres.

            1) Pourquoi, lorsqu'une taille critique est atteinte, on fait appel à des ressources extérieures, humaines et financières ?

            D'abord, toute société qui fonctionne bien a tendance à grossir. Embaûches, nouveaux contrats, ré-embaûche, etc. A un certain stade, le créateur de société, qui n'est pas nécessairement un manager, souhaite passer la main, parce que son temps est entièrement consommé par des problématiques qui lui sont étrangères et l'emmerdent profondément.

            Alors, on fait appel à un professionnel du management.

            Parfois, le fondateur a laissé l'entreprise croître de manière anarchique. Les flux d'argents (et notamment le rapport recette/dépense) ne sont pas maîtrisés, et la simple arrivée d'une nouvelle équipe de gestion peut révéler que la société ne va pas si bien que ça. D'où des restrictions dans la foulée.

            D'autre fois, la nouvelle équipe dirigeante n'arrive tout simplement pas à prendre la mesure de la société, et à capter son esprit.

            Bref, ce n'est pas une situation simple.

            2) Pourquoi, lorsqu'on essaye de pénétrer sur de nouveaux marchés, il est nécessaire de se plier à certaines conventions ?

            Lorsque la petite PME essaye de se vendre (ou de vendre ses produtis) à des gouvernements, à des multinationales, c'est qu'elle a (ou qu'elle pense) avoir acquis un certain savoir faire, mais il lui manque encore souvent l'impression de sécurité que dégage un grand groupe.

            Alors, pour compenser, on fait la valse des certifications. Et pour pouvoir discuter avec des représentants du gouvernement, on embaûche un énarque (simple exemple).

            Et la grande chaîne est lancée, soit ce virage sera fatal à l'entreprise (pour les raisons évoquées dans le journal), soit il lui permettra effectivement d'aller vers de nouveaux horizons.
        • [^] # Re: L'incompétence

          Posté par  . Évalué à 3.

          Plus la boite est grande, moins la marge de maneuvre est grande... Si le dirigeant se plante, c'est chômage annoncé pour pas mal de personne... Combien de patron ont pété un plomb, ou on lacher l'affaire à cause de tel problème. De plus à cause des rachats, il y a des nouveaus membres au conseil d'administration, qui veulent imposer chaqu'un leur vision de l'entreprise, ce qui fait diverger les idées et laisse souvent les bonnes idées de cotés.
          Il était temps de virer Fiorina, mais j'ai lu quel n'était pas partir gratuitement.... (parachute quand tu nous tiens).
          • [^] # Re: L'incompétence

            Posté par  . Évalué à 1.

            Ma pierre perso provenant de ma maigre expérience.
            Au début je pensait comme toi, ces decideurs, marketeux, commerciaux, tous des parasites qui sucent la moelle des pauvres créatifs, mais en faite en regardant un peu on s'aperçoit vite que le moment et la façon dont est lancé un produit est souvent (malheuresement) aussi important que le produit lui même (regardez le nombre de bouze qui se vendent super bien grace a de bonne pub, et le nombres de joyaux qui diparaissent dans l'oublie par ce qu'en avance sur son temps ou sans pub).
            Maintenant les process qualité tout ça, c lourd, ça tue un peu la creativité, mais l'intéret c que quand un gars moyen pas super motivé (et plus la boite est grosse plus il y a des gars comme ça) arrive à un poste, si il suit ces procédures, il fera un travail, qui pourra au moins passer pour correct et pas être trop un poids... bon c du nivellement par le bas, maisc parfois mieux que rien, et pour bosser dans une grande boite ou avant les gens etaient créatifs, mais n'etaient pas assez encadrer, heuresement qu'une structure est arrivée, car sinon tout aurait coulé...
    • [^] # Re: virgin ?

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

      Bonjour,

      On peut citer virgin et charles bronson

      Le patron de Virgin est Richard Branson. Charles Bronson était un acteur américain.

      http://en.wikipedia.org/wiki/Richard_Branson(...)

      http://en.wikipedia.org/wiki/Charles_Bronson(...)

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