arnaudus a écrit 4640 commentaires

  • [^] # Re: « Les jeunes d'aujourd'hui »

    Posté par  . En réponse au journal Écrans, enfants, ados : vaut mieux tard que jamais?. Évalué à 4 (+3/-2).

    Là où je veux en venir, c'est que l'école à son rôle pour nous former à l'esprit critique et à l'utilisation d'internet, et qu'elle devrait en faire plus.

    L'école a son rôle pour nous former aux savoirs de base (français, anglais, mathématiques, histoire, géographie, sciences…) et elle a un mal fou à le faire, pour plein de raisons qu'il serait déraisonnable d'imaginer comprendre dans un forum de discussion. En tout état de cause, le niveau d'exigence baisse tous les ans, et le niveau d’exigence au bac est inférieur à celui du certificat d'études (cette baisse de niveau n'est pas une lubie, c'est réellement confirmé par les indicateurs scientifiques). Si l'école échoue à l'apprentissage des savoirs, comment voudrait-on qu'elle réussisse pour l'esprit critique ou l'éducation civique?

  • [^] # Re: « Les jeunes d'aujourd'hui »

    Posté par  . En réponse au journal Écrans, enfants, ados : vaut mieux tard que jamais?. Évalué à 5 (+3/-1).

    Ou ils y vont et ils ne font rien. Ou ils regardent leur téléphone pendant les cours. Où ils se comportent tellement mal qu'ils se font virer. Ou que le niveau est tellement bas qu'ils n'apprennent rien. Ou que l'école sert à apprendre les bases de la vie en société (se taire, s'asseoir, dire bonjour, ne pas taper ses copains, se concentrer 5 minutes sur une tâche, ne pas être grossier) plutôt que les savoirs scolaires.

    Ça a l'air caricatural, mais "avoir l'air caricatural" ne veut pas dire que c'est faux.

  • [^] # Re: « Les jeunes d'aujourd'hui »

    Posté par  . En réponse au journal Écrans, enfants, ados : vaut mieux tard que jamais?. Évalué à 5 (+2/-0).

    En France il y a 96% de scolarisation à 16 ans, et 98% à 15 ans (https://www.insee.fr/fr/statistiques/2383587). Je ne vois pas où tu souhaites en venir.

  • # Un problème?

    Posté par  . En réponse au lien 38% des pages web de 2013 n'étaient plus accessibles fin 2023. Évalué à 9 (+6/-0).

    En fait, j'ai quand même du mal à comprendre pourquoi c'est un problème. Ça me semble assez normal et assez sain que le web soit maintenu, que les pages obsolètes soient détruites ou remplacées.

    Déja, il y a tout à ce qui touche aux informations personnelles. Pages professionnelles, réseaux sociaux, pages de profil sur tel ou tel site. Ça me semble complètement normal que si je décide de fermer mon compte Linuxfr, le lien vers mon profil soit cassé, ainsi que le lien vers ce que j'ai posté, mes commentaires, etc. Si je change de boîte, c'est assez sain que ma page disparaisse, plutôt que d'être remplacée par le gars qui a pris ma place. Je ne souhaite pas que ces pages soient archivées, je souhaite qu'elles disparaissent. Bien sûr, ça fait disparaitre de l'information, mais il ne s'agit pas d'informations d'État civil, les générations futures n'ont pas le droit de savoir ça.

    Ensuite, il y a toutes les informations obsolètes, qui pourraient tromper le visiteur. Les modèles et les marques qui ne sont plus commercialisées, les sites des entreprises qui ont disparu, le programme des spectacles qui ont déja eu lieu, etc. Laisser trainer ces pages, c'est prendre le risque que quelqu'un d'inattentif ne comprenne pas que l'information est obsolète. J'irais même jusqu'à dire que c'est le principal problème du web actuel : on y trouve énormément d'informations qui sont obsolètes. Ça va de comment installer un driver sur Ubuntu 3.10 (99 chances sur 100 que ça ne marche plus), à comment résilier un abonnement à Free en 2008 (idem). Souvent, la date de publication est difficile à trouver, quand elle n'est pas absente, et on peut perdre beaucoup de temps à comprendre que l'information qu'on a péniblement trouvée n'est plus pertinente depuis longtemps.

    Enfin, il y a la question de la pertinence de garder en fonctionnement des services qui ne sont plus maintenus depuis des années. L'électricité, la bande passante, le renouvellement du matériel coûte de l'argent et des ressources naturelles, pour un service rendu quasi-nul. Même en cas de traffic réduit, les moteurs de recherche vont toujours aller indexer ces pages, les robots vont parcourir l'arborescence du site, essayer d'envoyer du spam aux mailto:…

    Bref, même si on peut être ponctuellement agacés par un lien brisé vers une information qui aurait pu potentiellement nous intéresser, il me semble souhaitable que le web disparaisse. Ça ne veut pas dire qu'il n'est pas nécessaire d'archiver certaines choses, mais ça me semble au contraire très sain que le ménage soit fait.

  • [^] # Re: « Les jeunes d'aujourd'hui »

    Posté par  . En réponse au journal Écrans, enfants, ados : vaut mieux tard que jamais?. Évalué à 5 (+3/-1).

    Mais ça me semble par exemple plus efficace d'interdire les pratiques néfastes que leur accès à une sous population spécifique.

    Je ne vois pas tellement comment tu peux prétendre défendre la population contre les stratégies marketing démoniaques de groupes internationaux qui investissent des centaines de millions pour optimiser la manipulation psychologique des masses, via un vague enseignement d'une forme de self-défense.

    Attention hein, la prévention et l'éducation, c'est super important. Comment se comporter en cas d'incendie ou de tremblement de terre, comment aider quelqu'un victime d'une crise cardiaque, ça sauve des vies. On peut aussi apprendre à se prémunir contre les actions malveillantes (vol, harcèlement…). Mais ces actions malveillantes sont également punies par la loi : on peut communiquer sur comment déceler et dénoncer les situations de harcèlement au travail, et en même temps poursuivre les harceleurs devant la justice. C'est les deux facettes d'une action publique efficace.

    Par contre, expliquer que quelque chose de dangereux n'est pas interdit, mais que c'est bien de s'en prémunir, c'est juste de la lâcheté. Nombre de nos concitoyens sont, pour plein de raisons (âge, immaturité, génétique, milieu social…) assez incapables de se protéger des manipulations psychologiques, et une "formation" n'y changerait rien. Du coup, tu les abandonnes à leur triste sort? En quelque sorte, ils mériteraient de passer 12h par jour à regarder des influençeuses leur vendre des produits cosmétiques qu'elles n'ont jamais utilisés, parce qu'ils sont trop bêtes pour s'avoir qu'il est plus intéressant de lire un livre?

    Un bon parallèle pourrait être la gestion de l'addiction aux jeux d'argent. Les fournisseurs de jeux d'argent sont en partie responsables devant la loi de l'addiction que leur activité peut engendrer, et ils sont obligés de le prendre en compte. Les réseaux sociaux ont toutes les cartes en main pour gérer les temps d'accès à leurs services, et ils pourraient très bien être responsables devant la loi pour ne pas bloquer les accès pendant les temps scolaires, ou devoir assumer les conséquences de leur complicité sur la dépendance, les problèmes mentaux, ou le harcèlement.

  • [^] # Re: « Les jeunes d'aujourd'hui »

    Posté par  . En réponse au journal Écrans, enfants, ados : vaut mieux tard que jamais?. Évalué à 5 (+3/-1).

    La génération qui arrive, on peut lui dire : nous on ne savait pas, mais maintenant on connait les risques A, B, C et D qui viennent avec ces outils qui peuvent t'intéresser.

    Mouais, et on ne pourrait pas faire quelque chose contre les entreprises qui commercialisent des produits extrêmement dangereux et qui engrangent des milliards de bénéfices sans aucune considération pour les problèmes d'éducation et de santé mentale que ça génère, et qui vont être au final à la charge de l'État?

  • [^] # Re: « Les jeunes d'aujourd'hui »

    Posté par  . En réponse au journal Écrans, enfants, ados : vaut mieux tard que jamais?. Évalué à 10 (+12/-3).

    je considère pour ma part (j'ai deux enfants tout juste en âge de les utiliser) que c'est comme la rue

    En fait, tu vis bien avec l'idée qu'une grande partie des enfants des classes défavorisées se débilifient le cerveau depuis l'âge de 4 ans sur des tablettes bourrées de pub et de vidéos stupides, tant que les enfants des classes favorisées grandissent dans un environnement protecteur et culturellement riche?

    Le problème n'est pas l'accès aux téléphones en soi, c'est la vie dans des milieux sociaux dont tu n'as même pas idée de la pauvreté culturelle. Des familles où il n'y a pas un seul livre ni un seul jeu de société, où la télé est allumée 24/24 sur les chaines de la TNT qui passent en boucle "Les cht'is à la plage" et autres TV réalités débiles, et où 100% des loisirs des enfants sont dédiés à des vidéos Tiktok et des sites porno. Ça n'est même pas une caricature, ça existe vraiment, et c'est assez courant: souvent, ces familles n'ont pas énormément d'argent, mais le problème n'est pas la pauvreté matérielle, c'est vraiment la pauvreté culturelle.

    Quand on vit isolé dans un environnement social homogène, c'est assez facile de nier les problèmes de société et de plaider la liberté et la responsabilité des parents. Ça permettra à tes propres gamins de bien réussir dans leur vie, de poursuivre des études s'ils le souhaitent, et de profiter des richesses d'une société que leur éducation leur permet de dominer. Ils devront bien sûr éviter de trainer le soir dans les quartiers où les pauvres habitent, mais c'est pas très grave. Bon, il faudra aussi cohabiter avec des gens qui votent n'importe quoi, sans bien comprendre pourquoi.

    Du coup, évidemment, tu es contre l'interdiction des téléphones avant 11 ans, parce que tu te demandes bien "qui serait assez idiot pour donner un téléphone à un enfant de 5 ans?". Mais pour moi c'est le même argument que d'être contre l'interdiction de la clope aux mineurs parce que quel parent serait assez idiot pour encourager un gamin de 10 ans à cloper. Le fait est que ça existe, que c'est ces enfants là qu'il faut protéger immédiatement, et qu'avec l'éducation, ça n'est pas eux que tu vas protéger, mais peut-être leurs enfants ou leurs petits-enfants.

    L'alternative, ça serait quoi? De retirer l'autorité parentale à des millions de parents?

  • [^] # Re: Problème concret

    Posté par  . En réponse au lien Organisation des congrès scientifiques et diversité. Évalué à 5 (+2/-0).

    Sur quelles bases peut-on affirmer qu'il y a moins de femmes universitaires, et moins à ce point ?

    Tu te doutes bien que la question est très documentée. Par exemple, d'après https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/FR/T173/la_parite_dans_l_enseignement_superieur/ , 34% de maitre de conf femmes/ 19% de profs femmes en sciences et techniques. Même en sciences humaines, on a bien 58% de maitre de conf femmes, mais seulement 42% de profs. Le même genre de rapport est publié tous les ans au CNRS, à l'INRAE, etc.

  • [^] # Re: Problème concret

    Posté par  . En réponse au lien Organisation des congrès scientifiques et diversité. Évalué à 10 (+11/-1).

    Mais surtout que tu me donnes systématiquement l'impression de penser que je suis une imbécile.

    Pour être honnête, je pense que tu es quelqu'un qui part bille en tête sur ce que tu penses que les autres vont dire ou écrire, sans même lire ce qu'ils disent en réalité. Je sais qu'on est parfois en désaccord, mais si tu n'es pas d'accord ou si tu n'avais pas compris ce que je voulais dire, il y a des moyens de le dire sans commencer par des invectives.

    Sur le fond, j'avais bien lu le billet jusqu'au bout, je ne suis pas forcément d'accord avec l'histoire des invités jeunes vs vieux: je pense que c'est du cliché un peu bullshit, quand tu organises une conférence et que tu choisis les orateurs, tu veux inviter 1) des bons orateurs, 2) des gens que tu n'as pas entendu depuis quelques années pour apprendre des choses nouvelles, et 3) des gens suffisamment connus pour décider tes collègues à s'inscrire. Ces trois critères ont tendance à privilégier des gens qui ont de l'assurance, de l'expérience, et qui sont chefs de labo. Mais le biais de sélection est indirect, tu ne sélectionnes pas des hommes dans la cinquantaine parce qu'ils sont des hommes et qu'ils ont la cinquantaine. Bien évidemment, les jeunes chercheurs peuvent aussi être bons orateurs et avoir des choses à présenter, et personne n'en doute. Mais si tu les connais peu, tu ne sais pas s'ils sont bon orateurs, et tu ne sais pas si leur nom va inciter tes collègues à se déplacer. Il s'agit de choix pragmatiques, un peu comme la taille de police pour le nom des groupes dans un festival de musique. Si tu ne mets que des bons groupes qui ont peu de notoriété, personne ne va venir, et tu auras des groupes qui joueront de la bonne musique devant 15 personnes, ce n'est bon pour personne.

    Soit dit en passant pourquoi ce serait plus aux femmes de se taper le travail administratif. Les hommes n'en sont pas capables ?

    Je pensais avoir été clair, mais bon. Si dans une discipline tu as 2 profs femmes et 8 profs hommes à l'université, et que tu veux la parité dans les comités scientifiques de ton département, de tes labex, de tes laboratoires, de la commission de déontologie, de la commission machin, bah du coup tu vas coller 2 femmes et 2 hommes dans chaque comité; tes 2 profs femmes vont avoir 4 fois plus de boulot administratif par personne que tes 8 hommes. Ces trucs administratifs, personne ne veut les faire: un scientifique veut être dans son labo. On t'incite parfois à accepter en disant "c'est bon pour ta carrière", ce que tout le monde sait être un mensonge. Donc en encourageant la parité, on pourrit la carrière des femmes et on décharge les hommes de ces tâches administratives, ce qui va à mon avis dans le sens contraire de ce qui devrait être fait.

  • [^] # Re: Problème concret

    Posté par  . En réponse au lien Organisation des congrès scientifiques et diversité. Évalué à 4 (+3/-2). Dernière modification le 10 juin 2024 à 14:00.

    Je ne pense pas que tu aies lu tout le fil !

    Tu ne peux pas commencer une intervention par autre chose qu'une remarque désobligeante?

    De toutes manières, tout ceci n'a rien à voir avec ce que j'expliquais. Viser la parité pour les rôles de représentation (invitation à des conférences, jurys de thèse, conseils scientifiques d'entités diverses) dans un univers où la parité n'est pas acquise va imposer une charge de travail administratif disproportionné aux femmes, et donc nuire à leur carrière.

    Et donc, du coup, tu crois bien faire, mais non, toi tu profites d'un effet d'affichage ("j'ai la parité dans mon conseil scientifique") au prix de leur réussite professionnelle.

  • # Problème concret

    Posté par  . En réponse au lien Organisation des congrès scientifiques et diversité. Évalué à 9 (+6/-0).

    J'ai été confronté exactement au même problème que celui évoqué dans le post en question (établir une liste d'invités pour une conférence internationale), et nous avions naïvement pensé qu'ils suffisait d'avoir une liste d'invitation paritaire pour avoir une liste d'orateur paritaire. Bah c'était complètement raté, nous avons invité autant de femmes que d'hommes, et nous avions 90% d'hommes parmi ceux qui ont accepté. Nous avons donc dû réinviter spécifiquement des femmes, pour finalement nous hisser péniblement à un ratio de l'ordre de 75%/25%.

    Bien sûr, on peut invoquer tout un tas de raisons sociétales pour lesquelles les femmes sont moins enclines à accepter des invitations à des conférences, mais il ne faut pas oublier que d'imposer naïvement la parité dans un monde non-paritaire revient à imposer aux femmes une surcharge de travail en terme de représentation dans des comités et réunions plus ou moins inintéressantes, et donc finalement à empirer leur situation en les cantonnant à ce rôle de représentation. Le cas typique, c'est les jurys de thèse paritaires, qui vont imposer aux quelques femmes professeur d'université une charge de travail supplémentaire considérable (et peu valorisable) par rapport à leurs collègues.

  • [^] # Re: toujours la même rengaine :)

    Posté par  . En réponse au lien IA : promesses de productivité, apocalypse pour l’emploi ? . Évalué à -8 (+1/-12).

    Faut juste répartir mieux

    Oui, et pour régler le réchauffement climatique il faut juste cesser de brûler du pétrole; pour rendre les gens plus heureux il faut juste réduire le chômage tout en augmentant le pouvoir d'achat dans un contexte où la décroissance est peut-être inéluctable.

    Comme les richesses ne se répartissent pas spontanément par "ruissellement" (une idée vraiment à la c** au passage), tu vas répartir par l'action de l'État. Soit l'État se substitue au producteur des richesses (un système communiste), soit l'État ponctionne une partie des richesses pour les redistribuer. Le communisme, ça marche en théorie mais pas en pratique (si vous voulez ré-essayer de ruiner des économies et plonger des millions de personnes dans la souffrance, la dictature et la famine, libres à vous, mais c'est le genre d'expériences qui me posent des problèmes éthiques), et la taxation a un effet proportionnel sur l'incitation à créer des richesses. Si un jour de travail te rapporte assez pour t'acheter une voiture, tu vas être motivé à te lever le matin. Si un jour de travail te rapporte assez pour t'acheter un jambon beurre, tu vas être bof motivé, et si tu as déja à manger dans ton frigo, il y a des jours où tu ne vas pas te lever. Bah c'est pareil pour un capitaliste. Si ce qu'il reste après les impôts ne le motive pas, il ne va pas investir dans l'économie réelle, il va aller acheter des Bitcoins. Les investisseurs, ils n'en foutent pas mal de la "juste redistribution", ton choix, ça n'est pas répartir ou pas répartir le magot, c'est "répartir peu le magot" ou "ne rien avoir à répartir". C'est dramatique, mais si tu n'intègres pas ça au raisonnement, soit tu as une solution qui ruine ton pays, soit tu te diriges vers un système qui se substitue aux investisseurs (et dont on sait par expérience qu'il tend à ruiner ton pays également).

  • [^] # Re: Merci Air Canada

    Posté par  . En réponse au lien IA : promesses de productivité, apocalypse pour l’emploi ? . Évalué à 2 (+1/-2).

    Et ce, indépendamment de l'IA.

    Je trouve assez bizarre cette focalisation sur les erreurs des systèmes dits "IA" (dont beaucoup ne sont pas vraiment des IA, mais passons). Les modèles de langage peuvent se tromper : mal comprendre la question, ou "halluciner" une réponse. Ces erreurs sont différentes de ce dont on avait l'habitude avec, typiquement, les systèmes experts. Ces erreurs sont également différentes de ce qu'on pouvait avoir avec des humains. Mais si on vit dans le même monde, on sait très bien que les humains même entrainés peuvent faire d'énorme erreurs : ils sont fatigués, ils sont blasés de leur boulot chiant, ils ne sont pas bien formés, ils ne sont pas au courant qu'une règle a changé, ils donnent la bonne réponse mais le chef en a décidé autrement, etc. Ça arrive (enfin, ça "arrivait") souvent que vous appeliez les impots, la sécu, ou la SNCF, que vous obteniez une réponse, et qu'en fait c'était n'importe quoi. Il n'y a donc absolument rien de nouveau à avoir de temps en temps une réponse pas fiable quand on pose une question un peu complexe.

    Dans l'ensemble, les réponses des IA bien entrainées sont TRÈS convaincantes, et c'est justement ça qui est bluffant. Le fait qu'il existe des IA mal entrainées, ou que les IA même bien entrainées peuvent se faire tromper, c'est quelque chose d'évident et de trivial quand on comprend comment ces algorithmes fonctionnent. Je veux dire par là que les gens qui se pensaient malins en demandant à ChatGPT "combien de temps mettent deux femmes à faire un bébé" montrent juste qu'ils n'ont rien compris au fonctionnement des modèles de langages, mais ça n'a aucun intérêt.

    Moi ce que je vois plutôt, c'est qu'avec des IA bien entrainées, on peut espérer des réponses pertinentes à nos questions, chose qu'il était impossible d'avoir dans le monde d'avant les IA.

    Après, pour les emplois… le problème n'est pas vraiment le chômage, le problème c'est de se tirer sans dommage psychologique majeur de la découverte qu'une machine peut faire ton boulot suffisamment bien pour que ton patron ne voie plus l'intérêt de te payer pour ça. C'est le coup de la machine qui visse les bouchons de dentifrice dans Charlie et la Chocolaterie, cette constatation absurde qu'il semblait valorisant à un homme d'être payé pour un boulot idiot, et de l'orgueil qu'il tirait à "bien visser" les bouchons, qui seraient moins bien vissés par une machine. Il ne semble pas évident dans l'histoire que le progrès technique n'ait jamais créé de chômage de masse, le chômage est une conséquence des crises économiques, des catastrophes naturelles, de la mauvaise gestion des États, de la déconnexion entre la finance et l'économie réelle. Bien sûr, le chômage sectoriel peut être un gros problème (typiquement, les mineurs après la fermeture des mines de charbon), mais ça n'a pas d'impact sur le chômage global. Ça peut peut-être finir par arriver un jour, mais pour l'instant, je pense que ça n'est pas réellement arrivé.

  • [^] # Re: Commentaires

    Posté par  . En réponse au lien Les métadonnées de téléphone : ce qu'elles révèlent sur vous . Évalué à 4 (+1/-0).

    En terme de métadonnées ça n'est pas n'est pas mieux, c'est juste un transfert de l'opérateur téléphonique vers le fournisseur centralisé de ce service (en l'occurence des serveurs GAFAM pour Signal)

    En fait, le choix qu'il y a derrière, c'est de confier les métadonnées à son FAI (opérateur téléphonique pour les smartphones) ou à des tiers, souvent non-localisés en France. Les FAI sont tenus par une relation client, mais comme ils sont localisés en France et que leur développement économique dépend beaucoup des pouvoirs publics, ils sont peut-être plus enclins à coopérer avec l'administration…

    Certains opérateurs sont plus respectueux de la vie privée que d’autres.

    Ça me semble pas si évident que ça. Est-ce qu'il y a une vraie différence sur les données recueillies par exemple? J'ai l'impression que la partie la plus intrusive (log des communications GSM et localisation de l'antenne-relai) est une obligation légale, non?

  • [^] # Re: typographie inclusif·ve

    Posté par  . En réponse au lien Enseigner la typographie au risque du libre. Évalué à 5 (+3/-1).

    et je me suis posé des questions

    J'avoue que je ne m'étais auparavant jamais posé la question de l'identité de genre chez les noms communs… Comment respecter l'identité d'un glyphe qui a décidé de changer de genre? Faut-il dire "une glyphe"? Ou alors "les glyphes mâles et femelles"?

    La question annexe, c'est "comment montrer son attachement à l'écriture inclusive quand on écrit un texte qui ne porte pas sur des gens"? Par exemple un énoncé de maths. Faut-il rajouter des références inutiles au lecteur? Ou alors estimer que les équations c'est comme les glyphes?

  • [^] # Re: typographie inclusif·ve

    Posté par  . En réponse au lien Enseigner la typographie au risque du libre. Évalué à 6 (+5/-2). Dernière modification le 30 mai 2024 à 16:28.

    Inclusif superposé: on n'y avait jamais pensé, pour ne pas devoir écrire "homme" ou "femme", tu écris "homme" ET "femme", mais superposés: comme ça, tu lis XxxXx, mais au moins c'est inclusif :)

    Sérieusement, tout ça ressemble furieusement à de vilains bugs d'affichage, les ligatures sont foirées et les lettres se rentrent les unes dans les autres.

    Hein ? glyphe c'est masculin non, pourquoi inclusive du coup ?

    Je pense que c'est une hypercorrection. J'imagine que la personne qui a corrigé le texte pour le truffer d'innovations typographiques n'avait aucune idée de ce qu'était un glyphe, simplement.

  • [^] # Re: Objection votre Honneur

    Posté par  . En réponse au journal L’IA permet-elle de voir ou entendre le futur proche ? et notre cerveaux, le peut-il ?. Évalué à 3 (+1/-1).

    On arrive à manipuler des atomes, tu penses qu'il est impossible de construire une machine qui lance le dé avec une précision suffisante pour que l'arrivée soit prédite ?

    Oui, parce que le mouvement du dé est chaotique.

  • [^] # Re: Objection votre Honneur

    Posté par  . En réponse au journal L’IA permet-elle de voir ou entendre le futur proche ? et notre cerveaux, le peut-il ?. Évalué à 3 (+0/-0).

    Je maintiens que c'est impossible sans tricher, mais c'est comme le mouvement perpétuel, ça peut être amusant de comprendre où est la triche.

    C'est vraiment lié à la géométrie du lancer de dé, pile ou face par exemple pourrait être assez déterministe (si la pièce tombe sur une surface molle). Mais un dé roule sur ses angles, ce qui fait que le moment angulaire après un rebond dépend énormément de l'angle du dé.

    Contrôler un dé, c'est comme contrôler le rebond d'un ballon de rugby, la géométrie du truc rend ça impossible… sans tricher :-)

  • [^] # Re: Objection votre Honneur

    Posté par  . En réponse au journal L’IA permet-elle de voir ou entendre le futur proche ? et notre cerveaux, le peut-il ?. Évalué à 3 (+0/-0).

    C'est toujours la première étape en philosophie il faut poser les définitions des mots que tu vas employer.

    Certes, mais il est important aussi en philosophie d'interpréter les questions de la manière la plus intéressante possible. Là, le sujet, c'est "est-ce qu'un algorithme peut prédire l'avenir", je ne vois pas comment on peut le comprendre autrement que par le deuxième sens, à moins de partir du principe étrange qu'un modèle de langage est mystique ou magique.

    Et puis, le sens de prévoir/prédire/projeter me semble bien plus fluctuant que tu ne le suggères. On parle de prévisions météo, de prédiction d'éclipse, de prédiction des marées… Étymologiquement, c'est "voir avant" vs "dire avant", c'est quand même pas flagrant comme nuance.

    il reste omniscient et omnipotent, il déjà décidé de tout et sais déjà tout.

    Je veux bien, mais quel est l'intérêt de s'adresser à lui pour lui demander des trucs, alors? Le principe d'un Dieu interventionniste dans un univers déterministe me semble assez paradoxal, à moins d'imaginer que Dieu est une exception au déterminisme.

  • [^] # Re: Ça arrive même aux meilleurs !

    Posté par  . En réponse au lien Ce qui se passe quand l'IA de Google Search prend The Onion au premier degré 🤡. Évalué à 4 (+1/-0).

    «La vraie nature des cuistres», j'imagine qu'un coup de poignard rouillé aurait fait moins mal et laissé moins de cicatrices. C'est quand même de l'insulte de qualitay :-)

  • [^] # Re: Objection votre Honneur

    Posté par  . En réponse au journal L’IA permet-elle de voir ou entendre le futur proche ? et notre cerveaux, le peut-il ?. Évalué à 3 (+0/-0).

    Tout se joue sur la définition que tu donnes à une prédiction.

    Mouais, jouer sur les mots et les définitions n'est pas ce qui me passionne le plus. Le Robert dit:

    1. Annoncer (un évènement) comme devant se produire, sans preuves ni indices rationnels.
    2. Annoncer (une chose probable) comme devant se produire, par raisonnement ou intuition.

    Si tu n'admets que la première définition, alors une prédiction est nécessairement "magique" et irrationnelle. Je dirais, "fin de la discussion", non? Il n'y a rien à creuser là-dedans. Il me semble évident qu'on ne parle que de la deuxième définition.

    Si tu entends par prédiction avoir la certitude qu'un événement va se produire, le débat philosophique sur la nature probabiliste de l'univers prends tout son sens : tu ne deviens pas l'équivalent de dieu par le progrès de la science si l'univers est probabiliste.

    Même là-dessus, je ne suis pas sûr d'être d'accord. Tu peux avoir la certitude qu'un atome radioactif va se désintégrer par exemple. Tu ne sais pas quand, mais tu sais que ça va se produire. C'est le même genre de raisonnement que prouver qu'une fonction continue a au moins une racine entre 0 et 1 quand f(0) < 0 et f(1) > 0. Tu ne sais pas où, mais tu as la certitude que ça va arriver.

    Bon, bref, prédire, prévoir, ou projeter, c'est kif-kif : tu es capable de dire quelque chose de non-trivial sur un évènement futur. Ça peut être par magie, par un raisonnement probabiliste, par un raisonnement mathématique, ou par intuition. Tu peux quantifier l'incertitude ou non, ça ne change pas grand chose (quand tu quantifies l'incertitude, c'est juste que tu apportes une information supplémentaire sur ton ignorance). La qualité de telles prévisions/prédictions/projections est indépendante de la nature déterministe de l'univers, puisque c'est la qualité du modèle et des données qui vont influencer la qualité de la prédiction.

    Et pour le coup d'être l'équivalent de Dieu, la très grande majorité des croyants semble convaincus de l'existence d'un Dieu interventionniste (dans le cas contraire, la religion n'aurait pas beaucoup de sens, et les prières encore moins), ce qui me semble fondamentalement opposé au déterminisme. Du coup je ne comprends pas trop où ça peut mener de comparer un modèle théorique parfait dans un monde déterministe avec Dieu, sauf à imaginer que Dieu n'a pas de libre arbitre et que ses interventions sont également déterministes.

  • [^] # Re: Objection votre Honneur

    Posté par  . En réponse au journal L’IA permet-elle de voir ou entendre le futur proche ? et notre cerveaux, le peut-il ?. Évalué à 3 (+0/-0). Dernière modification le 29 mai 2024 à 14:01.

    Je pense que c'est impossible sans tricher avec un dé cubique. Les rebonds sur les angles du dé sont chaotiques, donc la précision des conditions intitiales n'est pas corrélée au résultat final. Il faudrait les rendre moins chaotiques (ce que j'appelle "tricher"): lancer le dé à plat, le faire arriver sur un truc très mou pour qu'il ne rebondisse pas, ou très doucement pour que son chemin soit très court, arrondir beaucoup les coins du dé…

    Paradoxalement, un D20 doit être moins chaotique, puisque plus on se rapproche d'une sphère et plus le mouvement sera bien décrit par la mécanique classique.

  • [^] # Re: Objection votre Honneur

    Posté par  . En réponse au journal L’IA permet-elle de voir ou entendre le futur proche ? et notre cerveaux, le peut-il ?. Évalué à 6 (+3/-0).

    Je pense que conceptuellement, le principe de chaos déterministe est assez clair. La discussion ne porte pas sur si l'univers est expérimentalement chaotique (ce qui est indubitablement vrai), mais sur s'il est théoriquement déterministe. La question métaphysique existe, parce qu'elle s'enracine dans des siècles de discussions philosophiques et qu'elle a intéressé tous les philosophes de l'histoire, mais en pratique, je doute qu'elle soit encore énormément débattue. À part quelques intérprétations très marginales de la mécanique quantique, les lois de la physique semble indiquer que le comportement de la matière est aussi fondamentalement probabiliste qu'on peut l'imaginer.

    Après, sur cette histoire de "prédire" le futur, je suis surpris du nombre de collègues scientifiques qui semblent associer la prédictibilité au déterminisme. Pour moi c'est évident que ça n'a rien à voir, mais ça n'a pas du tout l'air intuitif : un système chaotique est déterministe et imprévisible, alors qu'un système probabiliste peut être parfaitement prévisible. Par exemple, je peux prédire avec une précision de 0.1% que parmi les naissances en France 2025 il y aura 51.2% de garçons.

    Du coup, cette discussion sur "prédire le futur" se heurte à cette incompréhension. Certains disent que c'est impossible parce que le futur n'est pas déterministe, mais c'est juste parce qu'ils refusent par principe qu'une prédiction puisse être probabiliste (ce qui me semble équivalent à refuser tout simplement le principe d'une prédiction).

  • [^] # Re: Pipotron

    Posté par  . En réponse au journal L’IA permet-elle de voir ou entendre le futur proche ? et notre cerveaux, le peut-il ?. Évalué à 3 (+0/-0).

    En ce qui concerne les modèles de langage, on peut dire qu'ils prédisent raisonnablement les discours creux

    Si le modèle prédit 99% des conversations, ça veut dire que 99% de ce qu'on dit est "creux", poncifs, tout ça tout ça.

    Peut-être un outil à développer pour savoir rapidement si un texte vaut la peine d'être lu ou entendu.

    L'idée me semble très pertinente. Il va de toutes manières falloir mettre au point ce genre d'outils avec la quantité de textes et de vidéos qui vont être produites par les systèmes automatiques.

  • [^] # Re: Non.

    Posté par  . En réponse au journal L’IA permet-elle de voir ou entendre le futur proche ? et notre cerveaux, le peut-il ?. Évalué à 4 (+1/-0).

    Quant aux expériences… l'activité commence avant la prise de décision… Pardon, mais si le cerveau s'active, il est déjà en mode prise de décision; surtout que leur prédiction se plante 60% du temps; ma prédiction météorologique est meilleur; ou en d'autre terme, en observant l'IRM, on fait une prédiction, sur la prise de décision postérieur.

    Je pense que tu n'as pas compris ce que ces expériences sous-entendaient : l'IRM indique que la décision est prise avant que tu n'aies pris conscience d'avoir pris une décision. Évidemment que quelque chose s'est passé dans le cerveau, c'est juste que ça s'est passé sans que tu n'en aies eu conscience. Par exemple, l'expérimentateur demande de lever un bras, soit le gauche, soit le droit, et enclenche un chronomètre. Le sujet décide, puis lève un bras. Il dit à l'expérimentateur où en était le chronomètre quand il a pris sa décision. L'IRM indique alors que la zone correspondant à la mobilité du bras droit ou gauche s'est activée avant que le sujet n'ai eu conscience de prendre une décision. En gros, le libre arbitre pourrait n'être qu'une illusion: le cerveau décide de manière inconsciente, puis te fait connaitre sa décision, tout en te laissant l'illusion que tu la prends.