Forum général.général Gérer plusieurs contributions de traduction

Posté par  . Licence CC By‑SA.
22
23
mar.
2022

Bonjour,

Je travaille sur le logiciel libre Tracim (outil collaboratif) ; nous avons intégré Weblate à notre processus de développement pour permettre les contributions de traduction.

À peine configuré nous sommes déjà confrontés à des contributions multiples qui nécessitent d'arbitrer les propositions. Comme on ne s'attendait pas à ça on est un peu pris de court ; on prévoit d'utiliser le système de vote disponible dans Weblate, qui permet notamment d'accepter certaines propositions à partir d'un nombre défini de votes, ou d'office selon les droits accordés aux personnes qui proposent ou qui votent.

On s'interroge principalement car on est complètement novices sur certaines langues. Par exemple sur l'Arabe, on a des propositions de traduction multiples et on ne sait pas forcément arbitrer car on ne connaît pas du tout la langue.

Et vous, vous gérez comment ces cas de figure ?

Merci d'avance pour vos retours,

Marie de l'équipe Tracim

P.S : on se pose la question de rédiger un journal ou une dépêche sur le sujet de la mise en place de l'outil, si ça vous intéresse n'hésitez pas à vous manifester !

  • # LibreOffice

    Posté par  . Évalué à 10.

    Je peux juste donner mon expérience locale sur LibreOffice. Nous utilisons aussi weblate. La localisation (UI et Aide) est organisée par communauté linguistique et elle est réalisée par des contributeurs dont c'est la langue maternelle. Chaque communauté s'organise comme elle le veut. Pour le français le nombre de contributeurs ayant le droit de "commit" sur les traductions est petit, je crois que nous sommes 3 ou 4, mais la traduction est principalement faite par 2 personnes, une pour l'UI et l'autre pour l'Aide. Cependant tout le monde peut contribuer en proposant des traductions ou des modifications qui doivent donc être validées par l'un de nous.

    En résumé il y a 2 contributeurs principaux francophones qui font l'essentiel du travail et arbitrent les propositions, contestations et rapports de bug.

    Nous avons de temps en temps des propositions de contribution à la traduction de personnes que nous n'avons jamais vues sur nos listes de discussion et forums. Nous les orientons plutôt vers la traduction du wiki, des guides et tutoriels pour nous assurer de leur réelle volonté de contribution et où il n'y a pas de contrainte de temps pour terminer la traduction. Ainsi un nouveau contrinuteur qui fait faux bond n'est pas trop pénalisant.

    Pour Tracim, je vois mal comment vous pourriez faire sans vous appuyer sur une communauté de locuteurs en qui vous avez confiance.

    • [^] # Re: LibreOffice

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

      Cela me semble être une bonne piste, s'il y a beaucoup de contributions sur une langue. Ouvrir un espace dans le forum du projet (si vous en avez un ; c'est l'outil qui me semblerait le plus gérable pour ce genre de cas), dédié aux traducteurs de langue arabe (pour l'exemple) leur permettant de discuter des choix à faire dans les contributions où il y a des différences. L'intérêt du forum c'est qu'on peut discuter et suivre avec les traducteurs automatiques (même imparfait), mieux comprendre pourquoi un mot plutôt qu'un autre sera approprié et trancher. Et cela va aussi faire émerger les contributeurs les plus investis, potentiellement les plus pertinents, à qui donner le droit de trancher, ensuite.

      Peut-être que Weblate a aussi des outils internes pour ce genre de discussion, cela fait un moment que je ne l'ai pas utilisé et je n'en ai jamais été experte. Quoi qu'il en soit, organiser la communauté par langue et leur faciliter la discussion me semble le plus important.

  • # Linphone

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

    Nous aussi nous utilisons Weblate pour les traductions, et pas d'autre choix que de faire confiance.
    On a pas la chance d'avoir plusieurs traducteurs qui se battent pour une même langue, mais je vais suivre de prêt ce thread, vos retours d'expérience pourraient nous servir ;-)

  • # C'est compliqué

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

    De mon expérience sur GForge (il y a longtemps) et Hibernate Validator (plus récemment mais beaucoup moins de messages à traduire), c'est très compliqué…
    Et les outils facilitant une traduction partielle n'aide pas forcément à la qualité de l'ensemble.

    Déjà, tu vas avoir plein de gens qui vont contribuer alors qu'ils ne maîtrisent pas forcément bien la langue parce que c'est relativement facile comme contribution. Ensuite tu auras des gens qui vont ajuster juste un message et qui vont casser la cohérence de l'ensemble (en utilisant un mot à la place de celui qui est utilisé partout ailleurs par exemple) ou une personne traduisant la moitié et une autre personne traduisant l'autre moitié sans trop tenir compte des choix faits avant.

    En plus, c'est quand même super fastidieux sur les grosses applis, donc tu ne peux pas trop en demander à des contributeurs de passage.

    Si tu veux vraiment t'assurer de la qualité d'une traduction :
    - il faut une personne qui maîtrise bien les deux langues qui chapeaute tout et qui soit responsable de la cohérence de l'ensemble sur le long terme (et c'est pas simple à trouver !)
    - il faut que cette personne maîtrise bien ton outil ou en tout cas le métier autour de ton outil parce que le contexte d'utilisation d'un message dans l'outil peut vraiment changer comment tu le traduis
    - c'est un sacré boulot sur des grosses applications

    Et même si tu payes des bons traducteurs à un instant t, c'est pas toujours évident de refaire des prestations au fil de l'eau pour 20 nouveaux messages.

    Le mode bazar pour une traduction, ça amène à des résultats "créatifs" et c'est super difficile d'arriver à un résultat nickel. Et le mode cathédrale, ben, c'est aussi super difficile (et coûteux) de maintenir le truc sur le long terme.

    Sinon, tu as la méthode qu'utilisait Liferay à ses débuts : tu files tout à Google Translate et tu termines avec "Regard et sensation" pour "Look and feel". Au moins, tu te marres bien en utilisant l'appli.

    • [^] # Re: C'est compliqué

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5. Dernière modification le 26 mars 2022 à 15:55.

      J'utilise ce logiciel trouvé sur fdroid, je pense qu'ils utilisent la méthode Google Translate

      What the french

      Un LUG en Lorraine : https://enunclic-cappel.fr

    • [^] # Re: C'est compliqué

      Posté par  . Évalué à 5.

      Pour maintenir la cohérence d'ensemble de la traduction Weblate permet d'utiliser une mémoire de traduction qui donne une liste de correspondances entre la langue de référence et la langue cible. Des choses du genre preview -> aperçu pour éviter que quelqu'un traduise par exemple par prévisualisation.
      Il y a aussi la possibilité de voir toutes les traductions de la même chaine de caractères (pas forcément dans le même contexte).

      Enfin dans LibreOffice il y a des mots ou expressions qui ont été sorties de la traduction pour utiliser celle de l'OS. Ainsi un label Save sera toujours traduit par Enregistrer.

      Concernant la compétence des traducteurs, il ne faut pas perdre de vue que, surtout concernant l'UI, il s'agit surtout de localisation c'est-à-dire une adaptation dans la langue cible, quitte à prendre des libertés avec l'orthodoxie. Ce qui est important c'est que l'utilisateur comprenne vite et bien ce qui est nommé ou expliqué. Ainsi on peut choisir de garder un terme anglais s'il est plus utilisé ou mieux compris que le terme français correspondant. C'est d'autant plus vrai pour le français qui n'est pas utilisé seulement en France.

      • [^] # Re: C'est compliqué

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

        Pour maintenir la cohérence d'ensemble de la traduction Weblate permet d'utiliser une mémoire de traduction qui donne une liste de correspondances entre la langue de référence et la langue cible. Des choses du genre preview -> aperçu pour éviter que quelqu'un traduise par exemple par prévisualisation.

        Ah c'est chouette ça. On n'utilisait pas vraiment d'outils web à l'époque.

        Ce qui est important c'est que l'utilisateur comprenne vite et bien ce qui est nommé ou expliqué. Ainsi on peut choisir de garder un terme anglais s'il est plus utilisé ou mieux compris que le terme français correspondant. C'est d'autant plus vrai pour le français qui n'est pas utilisé seulement en France.

        C'est sûr mais ça ne rend pas forcément la chose plus facile car le traducteur doit savoir où s'arrêter et ça dépend pas mal du métier. D'où l'intérêt d'un lexique dont tu parlais tout à l'heure mais il faut quelqu'un pour fixer les règles au départ. Et en plus les règles vont dépendre du pays. Typiquement au Québec, ils ont tendance à vraiment vouloir une traduction pour des mots qu'on aurait peut-être plus tendance à laisser en français en France.

        Je ne dis pas que c'est impossible mais ce n'est vraiment pas un sujet évident, contrairement à ce qu'on pourrait penser.

  • # Merci pour vos réponses !

    Posté par  . Évalué à 3.

    Voilà beaucoup de piste intéressantes pour avancer dans notre réflexion !

    A priori on va plutôt se pencher sur une approche où pour les langages qu'on maîtrise en interne, un nombre restreint de traducteurs "supervise" via Weblate, c'est ce qui semble le plus cohérent.
    Pour les langages qu'on ne maîtrise pas et pour lesquels nous n'avons pas de superviseur, on partira sur le système de votes via Weblate, et il y aura notre instance communautaire (https://public-community.tracim.fr) si il y a des choix à discuter.

    Merci beaucoup pour vos réponses riches et constructives :)

Suivre le flux des commentaires

Note : les commentaires appartiennent à celles et ceux qui les ont postés. Nous n’en sommes pas responsables.