Journal Plaidoyer pour la réforme du droit d'auteur

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5
1
mai
2012

Je viens de publier ce billet sur mon blog, et je me suis dit que ça intéresserait aussi sûrement le lectorat ici, même si les thèmes ont déjà été largement débattus. Le voici donc recopié ci-dessous.

Les têtes meneuses du Parti Pirate Suédois, l’eurodéputé Christian Engström et Rick Falkvinge, viennent de publier un livret détaillé expliquant leur position par rapport au droit d’auteur. Grâce à Loïc Grobol, voici la traduction du chapitre 1, intitulé « Il y a une meilleure voie », qui est un plaidoyer pour la réforme du droit d’auteur. Ceux volontaires pour traduire le reste du livre sont les bienvenus sur le pad dédié. Traduction sous CC-BY-SA.

Le système du droit d’auteur est aujourd’hui déphasé. Il a transformé une génération entière de jeunes gens en criminels dans une tentative désespérée d’arrêter le progrès technologique. Et pourtant le partage de fichiers a continué à s’accroître exponentiellement. Ni la propagande ni les techniques d’intimidation ni même le durcissement des lois n’ont pu arrêter son développement.

Il n’est plus possible de renforcer les mesures contre le partage non-commercial de fichiers sans violer des droits humains fondamentaux. Tant qu’il y aura pour les individus la possibilité de communiquer en privé, ils s’en serviront pour partager des contenus soumis au droit d’auteur. Le seul moyen de limiter le partage de fichiers c’est de supprimer le doit à la communication privée. Au cours de la dernière décennie, c’est dans ce sens que se sont dirigées les lois sur le droit d’auteur, sous la pression des lobbys de l’industrie du divertissement qui voyaient leurs monopoles menacés. Nous devons inverser cette tendance pour sauver nos droits fondamentaux.

Nous voulons aussi une société où la culture prospère, où les artistes et les créateurs ont une chance de vivre de leur art. Heureusement, il n’y a aucune contradiction entre le partage et la culture. Une décennie de partage intensif nous l’a prouvé.

Les statistiques économiques nous montrent que les dépenses moyennes des ménages dans le secteur culturel augmentent doucement chaque année. Si nous dépensons moins en CDs, nous dépensons plus ailleurs, comme dans les concerts. C’est une excellente nouvelle pour les artistes. Un artiste touche aux environs de 5 ou 7% sur les ventes des CD, mais 50% sur les entrées à ses concerts, La situation est défavorable aux labels, mais uniquement parce qu’ils n’ajoutent plus aucune valeur.

Il se peut qu’il devienne plus difficile de gagner de l’argent dans certains secteurs de l’industrie de la culture, mais pour d’autres secteurs — en particulier les nouveaux, ceux que nous n’avons pas encore imaginés — cela sera plus facile. Tant que nous continuerons à payer pour la culture, personne ne pourra prétendre que les artistes ont quelque chose à perdre à une réforme du droit d’auteur.

Et si, en dommage collatéral, l’étau dans lequel les grands distributeurs tiennent la vie culturelle pouvait se desserrer, ce ne serait que mieux. Pour les artistes comme pour les consommateurs.

Quand les bibliothèques publiques sont apparues en Europe il y a 150 ans, les éditeurs y étaient extrêmement opposés. Leurs arguments étaient les mêmes que ceux dont on se sert aujourd’hui dans le débat sur le partage. Si le peuple pouvait accéder gratuitement aux livres, les auteurs ne pourraient plus vivre de leur art, et il n’y aurait plus de nouveaux livres.

Nous savons à présent que les arguments contre les bibliothèques publiques étaient faux. Il est clair que nous ne sommes pas dans une situation où il n’y a plus de nouveaux livres et où les auteurs ne peuvent plus vivre de leurs écrits. Au contraire, l’accès libre à la culture leur a été bénéfique, comme il a été bénéfique pour toute la société.

Internet est la plus merveilleuse bibliothèque publique jamais créée. Pour tous, y compris ceux aux moyens économiques limités, l’accès à toute la culture de l’humanité est n’est plus qu’à un simple clic. Nous devrions tous adopter et applaudir cette évolution.

Le Parti Pirate affiche clairement son ambition d’en finir avec la criminalisation de la jeunesse et de poser les fondations d’une culture variée et durable à l’ère d’Internet. Nous invitons tous les courants politiques à copier nos idées.

Le partage est un acte d’amour

Téléchargez le reste du livre en anglais. Lire le chapitre 2 en français, qui contient les propositions concrètes.

  • # Rien de nouveau sous le soleil

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

    Rien de nouveau sous le soleil, ce sont toujours les mêmes arguments ressassés depuis des lustres – du moins, une partie d'entre-eux.

    L'argumentaire me semble en outre maladroit: la focalisation sur le partage des produits culturels a un aspect clientéliste, et ignore l'ampleur des enjeux d'une réforme du droit sur les œuvres de l'esprit:

    • qui pourrait concerner, outre les produits culturels, le logiciel, la production des pouvoirs publics (recherche, enseignement, données…), et les brevets industriels;
    • qui pourrait être le moteur d'une politique de croissance économique et de rayonnement international;
    • qui pourrait tirer de la notion de réseau une théorie de l'économie décentralisée, proposer une autre idée de la mondialisation (savoir international, production locale), et de l'écologie (la maison comme client mais aussi comme serveur d'énergie),
    • qui pourrait proposer une autre idée du libéralisme et du communisme (favoriser la concurrence par la mise en commun du savoir),
    • etc.

    Bref, qu'on soit d'accord avec ces idées ou pas, le parti pirate serait autre chose qu'une bande de joyeux drilles s'il nous proposait une vision de la société qui déborde la champ du salon, de sa chaîne hi-fi, et de son lecteur dvd.

    • [^] # Re: Rien de nouveau sous le soleil

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

      Je suis d'accord, et j'aimerais même ajouter…

      qui pourrait concerner, outre les produits culturels, le logiciel, la production des pouvoirs publics (recherche, enseignement, données…), et les brevets industriels;

      Il ne faut pas que nous oubliions (et surtout que les pirates oublient) que le gros événement auquel nous faisons face c'est la prise de conscience progressive d'un passage d'une économie de la rareté à une économie de l'abondance, sur les bien immatériels. Aujourd'hui on parle des flims et des chansons, un peu des logiciels, et un petit peu des livres numériques. Mais demain ? Il ne faut pas oublier que les imprimantes 3D sont à portée de main… Que diront Philippe Stark et les magasins IKEA quand ils verront que les Average Joe de tous bords copient leurs œuvres, à la maison, au nez et à la barbe des Hautes Autorités du monde entier ?
      Et la nourriture ? Les industriels de l'agroalimentaire commencent déjà à gueuler que Monsieur Michu se permettrait de cultiver des tomates brevetées (ou pas) dans son potager, que se passera-t-il quand des imprimantes de cuisine fabriqueront des fraises tagada, une fois les recettes secrètes de Haribo mises en fuite sur Wikileaks ?
      Et la monnaie ? Le jour où un système à la Bitcoin sera vraiment populaire, comment réagiront les banques ?

      Tout le monde se rendra compte que la concurrence des choses immatérielles duplicables à coût infinitésimal exercée par la population sur des entreprises trop puissantes est une question globale, regroupant bien d'autres choses que les simples biens culturels, mais espérons qu'on s'en rende compte assez tôt.

      qui pourrait être le moteur d'une politique de croissance économique et de rayonnement international;

      L'impératif, IMHO, est de redéfinir totalement la notion d'économie.
      À la base, le terme d'économie sert à désigner l'ensemble des pratiques permettant de combattre la rareté. Une fois la rareté éliminée, on atteint un état d'abondance, et l'économie a atteint son objectif. Le problème, c'est qu'on ne sait alors plus quoi faire des pratiques qui faisaient l'économie. Et c'est d'autant plus problématique que le moteur de ces pratiques est l'argent, qui est étroitement lié à la survie de l'individu.
      Du coup, pour permettre de continuer à obtenir de l'argent, et ainsi permettre à des individus de survivre, on va restaurer une rareté artificielle, via le copyright, via les brevets…via divers freins au progrès en général, en prétendant que cela fait marcher l'économie. Mais c'est faux, cela ne fait que perpétuer un modèle qui fait du surplace pour ne jamais atteindre cet état d'abondance : ce n'est pas de l'économie, c'est de l'anti-économie.

      La solution, c'est d'oublier l'idée de "vivre d'un emploi" et de décorréler le revenu du travail. Et c'est en repensant le fonctionnement de la monnaie que nous y arriverons.
      Tous ces débats entre pirates, corsaires, juristes, libristes, sont très intéressantes d'un point de vue philosophique, mais il ne faut pas oublier que le cœur du problème, la flamme qui anime tous ces débats passionnés, c'est l'argent. Le meilleur moyen de faire avancer les choses, c'est de prendre le problème à la source, et de faire émerger des modèles d'abondance permettant à chacun de vivre sans dépendre d'activités anti-économiques.

  • # Pas convaincu

    Posté par  . Évalué à 6.

    Il n’est plus possible de renforcer les mesures contre le partage non-commercial de fichiers sans violer des droits humains fondamentaux.

    http://www.un.org/fr/documents/udhr/
    Article 27. Alinéa 2 :
    "Chacun a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont il est l'auteur. "

    • [^] # Re: Pas convaincu

      Posté par  . Évalué à 4.

      Le problème, c'est que le contexte technologique fait qu'il devient délicat de faire respecter ces droits, sans en piétiner d'autres : présomption d'innocence (droit à un procès équitable), droit à la vie privée, droit à la liberté d'expression..

      Pas que les droits d'auteurs soient, intrinsèquement, en contradiction avec ces autres droits. Il se trouve juste que l'invention d'Internet, le développement du haut débit, l'existence des technologies de chiffrement, font qu'on ne trouve plus de solution technique satisfaisante permettant à la fois le respect du droit d'auteur dans sa forme actuelle, et le respect de ces autres droits.

      THIS IS JUST A PLACEHOLDER. YOU SHOULD NEVER SEE THIS STRING.

      • [^] # Re: Pas convaincu

        Posté par  . Évalué à 7.

        Ce n'est pas parce qu'il est plus facile de commettre un délit que cela le légitimisme.
        D'un autre coté les prisons que représentent les plateformes avec DRM ne sont pas acceptable.

        Des offres de qualité il y en a maintenant de nombreuses : libres, non libres, commerciales, solidaires, de qualité, de masse, par abonnement. Les arguments valables de part et d'autres il y a 10 ans, ne le sont plus.

        Quand je vois les gens pirater des softs à 1€ pour des raisons de coûts ou idéologique c'est du délire. Si une licence légal n'est pas acceptable il suffit de ne pas utiliser le produit.

        • [^] # Re: Pas convaincu

          Posté par  . Évalué à 4.

          Ce n'est pas parce qu'il est plus facile de commettre un délit que cela le légitimisme.

          D'accord sur ce point (cf les excès de vitesse dans des conditions où ils sont dangereux) : en soi, le fait qu'un délit soit commis massivement et qu'il soit difficile de lutter contre ne signifie pas que la loi doit être remise en cause.

          THIS IS JUST A PLACEHOLDER. YOU SHOULD NEVER SEE THIS STRING.

          • [^] # Re: Pas convaincu

            Posté par  (Mastodon) . Évalué à 5.

            Si, justement. Enfin, disons que c'est discutable, mais si une loi est très largement enfreinte, c'est qu'elle n'est pas cohérente avec la société à laquelle elle s'applique.
            Les lois ne sont pas là pour changer une société, simplement pour essayer d'empêcher les comportements nuisant au plus grand nombre.

            Par exemple : on ne peut pas légaliser le meurtre : la peur de se faire tuer pour un oui ou pour un non influencerait trop de gens, et globalement tout le monde est contre : personne n'a envie de se faire poignarder dans la rue.

            Par contre on peut légaliser le cannabis : globalement tout le monde s'en fout (z'allez pas me dire que le fait que des types fument des joint loin de chez vous ça vous perturbe ?). Mais par exemple on doit l'interdire au volant - comme l'alcool en fait : pas au volant, pas drogué en public, etc. -, parce que ça devient dangereux pour les autres, pour n'importe qui de façon arbitraire, donc ça peut affecter n'importe qui.

            On a encore me semble-t-il une loi interdisant aux femmes de porter des pantalons (référence nécessaire, mais si celle là n'existe pas, il y en a pléthores d'autres toutes aussi absurdes). La société a changé, cette loi est devenue caduque, il est normal de l'ignorer.

            Maintenant certaines lois interdisent de copier des œuvres sous droits d'auteur ne l'autorisant pas. Mais si tout le monde le fait (ou en tout cas une majorité suffisamment grande), alors c'est que c'est comme ça que la société souhaite vivre. Il est donc normal de les ignorer - ça serait même bien de les abroger, mais une loi en France ça ne s'abroge pas, on en crée une nouvelle qui dit qu'il faut ignorer la précédentes, et voilà comment on crée un nouveau corps de métier ultra-spécialisé en cinquante ans : les avocats.
            Il est normal de les ignorer parce que c'est ce que la société veut, et si une poignée de gens y sont opposés, la démocratie fait qu'ils ont simplement le droit d'exprimer leur désaccord.
            Et si ça signifie la mort de toute création artistique, alors c'est que c'est ce que la société souhaite, mais on sait bien tous ici que le partage libre ne détruira en rien la création.

            Bref, si, le fait qu'un délit soit commis massivement, et qu'il soit difficile de lutter contre, signifie que la loi doit être remise en cause.

            Et le cas des excès de vitesse ne fait pas réellement exception : les gens ne roulaient pas massivement au delà de 150km/h sur l'autoroute avant, mais il y en avait suffisamment pour que ça soit dangereux pour beaucoup de monde. Mais même avant les radars et tout, la majorité des gens roulaient en gros tous à la même vitesse, quelque part entre 130 et 140, comme aujourd'hui, un poil plus vite peut-être mais pas significativement.
            Il n'y a qu'à voir les autoroutes allemandes dans les sections sans limitations de vitesse : à 150km/h tu doubles quasiment tout le monde, sauf quelques psychopathes avec leurs bagnoles de fous qui roulent à 180 voire plus !
            Les radars ont réduit les comportements aberrants et dangereux, de peut-être des centaines de milliers de gens, mais qui restent une très petite minorité par rapport au 30 millions d'automobilistes (ordre de grandeur, je n'ai aucune idée du chiffre exact) qui n'avaient pas ce comportement.

            Aujourd'hui, les gens qui téléchargent sans se préoccuper de savoir s'ils ont le droit, si ça ne représente pas encore la majorité (et j'en doute), ça ne doit pas être loin. Ce comportement est donc admis par la société - au sens de l'ensemble des gens - et ne peut pas être pénalisé : ça n'a plus de sens aujourd'hui.
            Les institutions doivent s'adapter, ce qui ne signifie pas faire sauter directement le droit d'auteur et ce qui tourne autour, tel que ça existe maintenant, mais l'adapter pour ne garder que la partie qui protège le maximum de gens des comportements abusifs. Par exemple on ne va pas légaliser le plagiat, globalement tout le monde est contre, or ça fait partie de la sphère légale du droit d'auteur et de ce qui va avec.

            Yth, je peux me tromper, je n'ai que le sentiment d'être dans le juste.

            • [^] # Re: Pas convaincu

              Posté par  (Mastodon) . Évalué à 4.

              Plus un, mais il y a une petite diff entre tes différents exemples. Dans le cas du «droit d'auteur», l'infraction à ce droit ne constitue qu'un effet de bord pour le comportement. Il ne s'agit de «vol», tel qu'a essayer de le nous marteler hadopi v0. Il s'agit "seulement" d'un manque à gagner, pour plusieurs professions, sur la diffusion.

              En plus, la situation aujourd'hui n'est plus la même qu'il y a quelques années (p2p, hébergeurs dédiés mais n'assumant pas le rôle de distributeur, etc …). Bref, la diffusion qui échappe à tout compensation financière, lorsqu'elle ne devrait pas de part son status/license, s'est réduite. Tandisque les offres l'incluant se sont développés. Que reste il ? Des échanges personnels, direct. L'attaque sur le p2p a non seulement été inutile, mais a en plus engendré pire. Le summum de la bêtise a été atteint lorsque des gens filmant au cinéma se sont pris des condamnations. Vue la qualité de la copie : est ce vraiment utile ?

              Bon, sans s'éloigner de ton propos, il y a cette petite différence entre ces exemples. Et cette petite différence à son importance, il me semble aussi. Non ?

              • [^] # Re: Pas convaincu

                Posté par  (Mastodon) . Évalué à 4.

                Oui, on est d'accord, il n'y a pas de vol dans l'affaire. Même l'histoire de classifier ça en tant que contrefaçon est bancale.

                Et il y a évidemment une différence entre mes exemples : c'est pour ça qu'il est important de conserver un code de la route et de réglementer la consommations de diverses substances, même si beaucoup de gens aimeraient bien s'en foutre royalement et faire comme bon leur semble. Alors que l'absurde culpabilisation autour du téléchargement n'a pas lieu d'être.

                L'exemple le plus proche est à mon avis celui du cannabis : tout le monde s'en fout en réalité. Légal ou non, il y aura toujours en gros le même nombre de consommateurs réguliers. Les problèmes sont ailleurs : dans la distribution qui se fait en marché noir par exemple, avec tout les problèmes qu'engendrent ce genre de mafias.
                Mais condamner le consommateur ? Ça n'a aucun sens et aucun intérêt. Réglementer, pas condamner.

                Bah je fais pas mal de parallèles avec le téléchargement : télécharger on s'en fout, le problème est là aussi celui de la distribution, comme tu le dis. Avec des profiteurs tel megaupload qui gagnaient de l'argent avec les œuvres d'autrui sans aucun droit de le faire ! Il faut réglementer la distribution, et de toute évidence la laisser se développer de la façon qu'elle souhaite. C'est la Sacem directement qui devrait vendre en ligne, et au format FLAC au minimum ou un autre sans DRM et de bonne qualité.

                Et le fait que la majorité des citoyens télécharge à gogo, malgré les tentatives hadopesques et autre de culpabilisation, devrait être un indicateur suffisant pour montrer que ces lois sont absurdes, et qu'il ne faut pas envisager le droit d'auteur comme étant si exclusif qu'on n'aurait plus le droit de fredonner sous sa douche sans avoir payé les ayants-droits au préalable…

                Yth.

            • [^] # Re: Pas convaincu

              Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

              Par exemple : on ne peut pas légaliser le meurtre : la peur de se faire tuer pour un oui ou pour un non influencerait trop de gens, et globalement tout le monde est contre : personne n'a envie de se faire poignarder dans la rue.

              Je ne sais plus où j'avais lu ça, peut-être dans un écrit de Stallman : il émettait l'idée qu'on invente une technologie qui permette de ressusciter les morts, sans séquelles et sans coût important pour la société. Condamner les gens pour meurtre ou tentative de meurtre n'aurait plus aucun sens.

              Ce n'est peut-être pas une métaphore des plus brillantes, alors moi j'aime bien celle du téléporteur, de Laurent Chemla. Si demain on inventait une machine qui permettrait à n'importe qui de se téléporter n'importe où, y compris dans les coffres des banques, il faudrait revoir totalement l'idée d'argent, de propriété, en fait toute l'économie des choses matérielles. Et pirates en anti-pirates passeraient des heures à s'étriper sur des questions morales du type "Se téléporter dans un coffre de banque, est-ce que c'est bien, est-ce que c'est mal ?". Alors que la question ne vaudrait même plus la peine d'être posée : il faudrait changer notre façon de penser la société, point barre.

              • [^] # Re: Pas convaincu

                Posté par  . Évalué à 2.

                "Se téléporter dans un coffre de banque, est-ce que c'est bien, est-ce que c'est mal ?". Alors que la question ne vaudrait même plus la peine d'être posée

                Et si je profite de la téléportation pour pénétrer nuitamment chez Sarkozy, l'égorger et profiter de Carla, la question ne se pose toujours pas ?

                • [^] # Re: Pas convaincu

                  Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

                  Et si je profite de la téléportation pour pénétrer nuitamment chez Sarkozy, l'égorger et profiter de Carla, la question ne se pose toujours pas ?

                  Si tu vois le domicile de l'ex-couple présidentiel comme un coffre fort dont la fonction est de contenir un Sarkozy et une Carla en les protégeant contre les assassins, ça veut dire que Sarkozy a insufflé un climat de terreur encore plus important que ce que je m'imaginais.

                  Sarkozy et Carla, tu peux déjà les agresser dans la rue, le problème n'est pas le même qu'avec de l'argent qui reste dans un coffre.

                  • [^] # Re: Pas convaincu

                    Posté par  . Évalué à 2.

                    ton poste initial semble indiquer que le fait de pouvoir le faire sans difficulté supprime toutes questions de moral alors je pousse juste le bouchon un peu plus loin. La téléportation me permet juste d'éviter les gardes du corps comme elle te permet juste d'éviter les murs.

                    • [^] # Re: Pas convaincu

                      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

                      ton poste initial semble indiquer que le fait de pouvoir le faire sans difficulté supprime toutes questions de moral alors je pousse juste le bouchon un peu plus loin.

                      Effectivement, je n'avais pas vu assez large dans ma réflexion. Une nouvelle technologie peut aussi faire naître de nouvelles questions de morale, par exemple.

                      Mais par "penser la société", je ne parlais pas de la penser seulement moralement, mais de la penser aussi dans sa structure (et apporter éventuellement des réponses techniques).

              • [^] # Re: Pas convaincu

                Posté par  . Évalué à 1. Dernière modification le 08 mai 2012 à 00:48.

                L'invention de la téléportation serait un destruction totale de notre société. Ce n'est pas seulement un remise en cause de la notion de propriété mais aussi un remise en cause de la notion de nation. Sans parler de la destruction de l'industrie du transport.

                • [^] # Re: Pas convaincu

                  Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

                  Ton commentaire est ironique ?

                  • [^] # Re: Pas convaincu

                    Posté par  . Évalué à 1.

                    Pas du tout. Les implications sociétales de la téléportation est un sujet auquel je réfléchis depuis un certain temps. Comment veux tu maintenir la notion de frontière et donc d'état si on peut aller aux 4 coins du monde sans difficulté.
                    Dans un monde où la téléportation est démocratisé, ni la propriété, ni les états ne peuvent subsister

                    • [^] # Re: Pas convaincu

                      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

                      Comment veux tu maintenir la notion de frontière et donc d'état si on peut aller aux 4 coins du monde sans difficulté.

                      J'ai pas dit que je voulais la maintenir. On peut imaginer une société sans frontières et/ou sans État.

                      Quant à la destruction de l'industrie du transport, ouais : l'arrivée d'une nouvelle technologie fait disparaître des métiers. Tout comme Internet signe la mort de l'industrie des moines copistes de CD et de DVD. La société peut y survivre, je dirais même que c'est bénéfique pour elle.

                      La téléportation, c'est peut-être la mort du modèle de société actuel, mais ce n'est certainement pas la mort de la société.

        • [^] # Re: Pas convaincu

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

          Quand je vois les gens pirater des softs à 1€ pour des raisons de coûts ou idéologique c'est du délire. Si une licence légal n'est pas acceptable il suffit de ne pas utiliser le produit.

          Ou quand on ose dire « c'est trop cher, je n'ai pas le choix et j'en ai besoin », est un argument aussi très pitoyable.

          Je pense notamment à des particuliers dans mon école d'ingé qui veulent faire des boutons pour un petit programme C et ils piratent… Photoshop alors que Gimp est tout indiqué pour un usage aussi simple.

          Ou dire que de voir tel film ou écouter telle musique est indispensable pour eux et qu'ils doivent télécharger car ils ne peuvent pas payer, ça me parait absurde aussi… C'est si dur de se passer de voir un film ou une musique alors que les offres légales (médiathèques, locations, streaming légales) sont disponibles à bas prix ?

          • [^] # Re: Pas convaincu

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

            C'est si dur de se passer de voir un film ou une musique alors que les offres légales (médiathèques, locations, streaming légales) sont disponibles à bas prix ?

            S'il y a des gens pour télécharger, il y a des gens pour ripper, pour uploader, pour noter, pour seeder. La piraterie, c'est tout ça. Réduire la piraterie au simple téléchargement boulimique du wawamaniaque du dimanche, c'est odieux.

            Il faut que les gens comprennent une bonne fois pour toutes, cornes de gnou, que ce que veulent les pirates, ce n'est pas le droit de télécharger gratos. Si les pirates étaient tous des fainéants, avares ou sans le sou, il n'y aurait tout simplement pas de piraterie.
            Les adeptes du download compulsif sans upload ont très mauvaise réputation dans la communauté pirate. Les leechers ne sont pas appréciés.
            Ce que veulent les pirates, c'est le droit de partager.
            Si du jour au lendemain le gouvernement décrétait que toutes les œuvres immatérielles sont accessibles gratuitement, mais que le copyright dessus reste intégral (i.e. pas le droit de partager), ce ne serait certainement pas une victoire pour les pirates.

            • [^] # Re: Pas convaincu

              Posté par  . Évalué à 1.

              S'il y a des gens pour télécharger, il y a des gens pour ripper, pour uploader, pour noter, pour seeder. La piraterie, c'est tout ça.

              D'ailleurs, le boulot effectué par les wareziens est impressionnant quand on le compare à celui des majors. Malgré les contraintes techniques, légales, les wareziens parviennent à sortir plus tôt des versions plus complètes, avec une bonne qualité d'encodage, sans DRM, des sous-titres..

              THIS IS JUST A PLACEHOLDER. YOU SHOULD NEVER SEE THIS STRING.

        • [^] # Re: Pas convaincu

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

          D'un autre coté les prisons que représentent les plateformes avec DRM ne sont pas acceptable.

          Si une licence légal n'est pas acceptable il suffit de ne pas utiliser le produit.

          Je mets en relation ces deux assertions et je ne comprends pas ce que tu veux dire dans la première. Si le format d'un produit n'est pas acceptable il suffit de ne pas utiliser le produit, non ?

    • [^] # Re: Pas convaincu

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

      Article premier

      Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

    • [^] # Re: Pas convaincu

      Posté par  . Évalué à 2.

      Ce qui est marrant dans cette article c'est qu'il est question de protection uniquement des œuvres de l'esprit, et donc le travail du charpentier n'a pas la même protection.

      J'ajouterai que limiter la durée de protection d'une œuvre à 5 ou 10 ans ne contreviendrai pas à l'article tout comme autoriser les échange hors marché.

      L'article ne dit pas que le droit d'auteur tel que nous le connaissons est celui qui doit être appliqué, il dit juste que les productions de l'esprit doivent être protégées.

      Il ne faut pas décorner les boeufs avant d'avoir semé le vent

      • [^] # Re: Pas convaincu

        Posté par  (Mastodon) . Évalué à 4.

        Et il y a beaucoup de protections qui ne sont absolument pas remises en cause.
        Comme le plagiat.
        Ou aussi qu'on n'ai pas le droit de prendre le texte d'un autre et de le publier en son nom propre.
        Que si on exploite une partie non négligeable d'une œuvre, il faut indiquer sa source.
        Et tout un tas d'autres, je suis pas juriste moi…

        Yth.

        • [^] # Re: Pas convaincu

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

          Comme le plagiat.
          Ou aussi qu'on n'ai pas le droit de prendre le texte d'un autre et de le publier en son nom propre.
          Que si on exploite une partie non négligeable d'une œuvre, il faut indiquer sa source.

          On notera que non seulement ces protections ne sont pas critiquées, mais elle sont également défendues, car considérées comme morales par la plupart des gens, y compris en-dehors du monde du copyright, que ce soit pour le domaine public, que pour le monde de la piraterie (les SceneRules, en plus de demander des meta-informations dans les .nfo, stipulent que le générique d'un film doit toujours être présent dans son intégralité, et les noms doivent être lisibles, sans quoi le rip est rejeté).

      • [^] # Re: Pas convaincu

        Posté par  (Mastodon) . Évalué à 5. Dernière modification le 02 mai 2012 à 11:07.

        Plus un. PLutôt que de se toucher la nouille sur le droit d'auteur, je m'attendais à un argumentaire de qualité sur les possiblités de défense et d'extension du domaine public. Ainsi que des attaques actuelles sur le commerce de revente (une problématique intéressante pour les copies, à l'identique, numérique) : lorsque le charpentier fini son boulot, j'en suis propriétaire, et je peux le revendre …

        J'ai peut être un peu trop «marcher sur des oeufs», plus bas. Alors je profite de ton commentaire pour y ajouter à sa suite : On paye des taxes sur les CD vierges, on paye des taxe sur les DVD vierges, des taxes sur les support usb, des taxes sur les télés, des taxes sur les graveurs de cd et dvd, des taxes sur … Et Ho, STOP. A ce prix là, et à la vue de ma consommation : je copie et je les emmerde !!! Toutes ces taxes, en plus, ne vont pas aux artistes ou à leurs producteurs, mais à celui qui, bien malin, s'est érigé tout seul en gestionnaire de droits. STOP. Et quant je vois la gueule de la télé de service public, j'ai même envie de nommer la «redevance télévisuelle» comme concurence déloyale, abonnement illégal, et vente forcée.

        Si les artistes, et les producteurs, ne réagissent pas tout seuls … et si les pouvoirs publics ne sont pas en mesure de placer des incitations afin de montrer un chemin convenable pour tous, alors ils crèveront. Et moi, je m'en fiche parceque j'écoute, et j'achète, principalement aux indépendants, qui eux mêmes s'en fichent de la soupe top50. Quant aux films de merde, superhéros et autres hollywooderies, le cable me suffit … BASTA. Soit ils se bougent le cul pour comprendre tout seul que le bug est dans leur famille, soit… tant pis.

    • [^] # Re: Pas convaincu

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

      "Chacun a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont il est l'auteur. "

      Ce qui est, à mon avis, une monumentale connerie. C'est là qu'on voit que la déclaration universelle des droits de l'homme est un document rédigé sous l'influence d'une culture et d'une morale donnée, correspondant à une époque précise et à des paradigmes bien particuliers. Les gens qui l'ont rédigée la voulaient universelle, espérons qu'ils n'étaient pas assez fous pour la vouloir intemporelle…

      C'est marrant parce qu'on parle d'"intérêts moraux" et d'"intérêts matériels", comme si on pouvait regrouper ces deux choses sous un même terme, les mettre au même plan…

      Pourtant les intérêts matériels, on n'a aucun problème pour se représenter ce que c'est : du pognon. C'est une valeur quasi-objective, parce que quasi-tout le monde tombe d'accord sur le fait que plus on gagne de pognon, plus c'est intéressant pour nous.
      Et ce qui est marrant, c'est que l'idée derrière tout ça c'est grosso-modo :

      • l'auteur (ou l'ayant-droit) ne peut gagner de l'argent que par la vente de copies immatérielles
      • la vente de copies immatérielles ne peut pas se faire sans restreindre la multiplication de copies d'œuvres immatérielles
      • restreindre, dans un but pécuniaire, la multiplication de copies d'œuvres immatérielles est une activité morale

      Le premier point est déjà critiquable. Nombreux sont les gens qui, malgré un accès gratuit aux œuvres, sont toujours prêts à payer pour voir leurs idoles en chair et en os sur une scène, s'asseoir dans les fauteuils confortables des salles obscures, lire une histoire sur du papier blanc qui n'abîme pas les yeux. Mais après tout, ces raisons de payer disparaîtront peut-être un jour ?… En tout cas elles seront présentes encore suffisamment longtemps pour aider le monde de l'immatériel à transiter sans douleur vers de nouvelles formes d'économie…s'il le veut bien.

      Le second point se rapproche du premier…beaucoup de gens aiment payer pour une copie, alors qu'ils peuvent pirater au moins aussi facilement… mais là encore ça n'est peut-être que temporaire.
      On notera aussi deux manières de restreindre la copie : par la loi et par les DRM. Vouloir restreindre un acte aussi facile et aussi naturel que la copie (oui, copier est un acte naturel dans le monde numérique) par l'épée de Damoclès du procès au-dessus de la tête de chaque individu est illusoire : le seul moyen de le faire serait soit de fliquer tout le monde dans la totalité du monde numérique (qui ne se limite pas qu'à Internet), ce qui est impossible, évidemment, soit de fliquer suffisamment de gens pour faire peur à la totalité de la population.
      Vouloir restreindre la copie par les DRM est plus logique : sachant que tout ce qui est lisible est copiable, le seul moyen d'empêcher la copie est d'empêcher la lecture. Au risque de choquer tout le monde, la seule pratique des DRM ne me choque pas : la barrière technique me semble moins violente que l'entretien de la peur par la menace policière (et je préfère la "prévention" à la "guérison").

      Le troisième point est soit une idée contradictoire avec la loi, soit une idée fausse. En effet, de nos jours, dans la plupart des pays occidentaux, on va considérer qu'interdire à autrui de copier est moral…pendant 70 ans. Après, ça devient immoral.
      Ceci est la meilleure preuve que ce qu'on veut asséner comme vérité absolue et universelle est en réalité totalement dépendant du contexte. Suivant les époques, la limite morale, ça a été 10 ans, 30 ans, 50 ans, 70 ans…

      Les intérêts moraux, c'est quelque chose de différent. Les intérêts moraux, c'est 100% subjectif.

      On part du principe ici que restreindre, même sans but pécuniaire, l'utilisation de copies d'œuvres immatérielles est une activité morale.

      Ça paraît parfaitement logique pour la "vieille génération" (désolé de cette généralisation, c'est pour simplifier), et totalement dénué de sens pour la "jeune génération".
      Ça paraît logique parce qu'on considère que d'une part l'auteur (ou l'ayant-droit) est "propriétaire" de l'œuvre, et que par conséquent il peut en contrôler tous les usages qui en seront fait par la suite, d'autre part parce que l'expression de ces droits se fait à travers un contrat accepté par deux parties (en tant que client, je ne suis pas forcé de regarder ce flim : si le termes de contrat ne me plaisent pas, je peux le refuser).
      Ça paraît dénué de sens parce que l'auteur possède des droits qui sont non-compatibles avec une réalité sociétale.

      Même parmi les plus fervents défenseurs du copyright on trouve des gens pour considérer certains contrats comme illégitimes : si la quasi-totalité du matériel informatique était associé à un contrat disant : "vous n'avez pas le droit de modifier ce matériel", ils jugeraient cette clause abusive et la violeraient sans scrupule, même si d'autres pourraient juger cette clause tout à fait valable, le créateur du matériel voulant contrôler tous les usages faits de sa création.
      Si des bonbonnes d'oxygène étaient vendues avec une clause "destinées à une usage personnel uniquement, c'est notre air, on peut vous attaquer en justice si vous en laissez filer dans l'atmosphère", même chose.
      Ou même dans le monde culturel, on pourrait imaginer des licences interdisant le "consommateur" de parler de l'œuvre tout autour de lui sans y avoir été invité…

      Quoi qu'il en soit, les "intérêts moraux" dépendent du jugement de chacun. Certains vont considérer comme immoral seulement ce qui est illégal, d'autres vont considérer comme immoral qu'on puisse utiliser des courtes citations de leurs œuvres, d'autres vont considérer comme immoral qu'on puisse partager, modifier l'œuvre et en faire commerce au-delà de 70 ans, etc.

      Donner à l'auteur le droit de déterminer quel usage de son œuvre sera moral ou pas, c'est comme donner au citoyen le droit de poursuivre une personne simplement parce qu'il s'est senti insulté par celle-ci. Cela dépend totalement de notre culture, d'ailleurs j'ai appris récemment que certaines personnes pensaient que "fils de pute" (désigne la progéniture d'une femme qui offre des services sexuels pour de l'argent) est un terme bien plus insultant que "facho" (désigne quelqu'un qui considère que les êtres à 46 chromosomes ne sont pas tous égaux et qui aime bien faire régner l'ordre par la violence).

      • [^] # Re: Pas convaincu

        Posté par  (Mastodon) . Évalué à 2.

        En fait, la rémunération de la création devrait être un service public.

        Un établissement public, ou plusieurs, qui sert à enregistrer les œuvres - la bibliothèque nationale par exemple - mais étendu à tout type d’œuvres immatérielles, donc aux films, musiques, etc. (ou peut imaginer plusieurs établissements pour ne pas mélanger les genres).
        A ces établissements on ajoute une mission non plus seulement de conservation et d'archivage, mais de mise à disposition du public, sous format portable, libre, normalisé, standard, de toutes les œuvres, sans restriction.
        Et enfin une dernière mission liée à la plate-forme de distribution permettant de rémunérer les créateurs, c'est à dire que chaque personne peut donner de l'argent à l'auteur, ou aux auteurs, d'une œuvre, directement.
        On peut envisager que le téléchargement de l’œuvre soit assujetti à une obligation de rémunération, pendant une certaine période, selon la volonté des ayants-droit, mais même si cette période est de 70 ans ça n'est pas fondamentalement gênant.

        L'établissement est public, et ces services ne doivent pas lui permettre de se rémunérer, il ne s'agit pas d'une entreprise qui prélèvera sa commission : donner 5€ à un auteur, c'est lui donner 5€ à lui.
        La distribution immatérielle devient un service public.
        A côté de ça, la distribution matérielle se fait hors de tout droit d'auteur - hormis l'éventuelle rémunération obligatoire pour chaque copie qui doit être inclue dans le prix de vente et reversée, ou volonté (limitée dans le temps évidemment) de l'auteur de ne pas être publié (droit de retrait ou autre).

        Puisque le contenu est public, n'importe qui peut éditer sous un format physique n'importe quelle œuvre, donc ça n’empêcherai en rien la distribution de DVD, Blu-Ray, CD, livres etc.
        De même les catalogues en ligne d'ebooks ou de musique, la VOD, peuvent très bien se rémunérer sur un service supplémentaire, qui est l'accès aisé, mobile, n'importe où, etc, et prélever leur commission, sachant que tout le monde peut aller directement à la source, ie l'établissement public.

        La distribution ne possède donc plus de monopole, et devra se démarquer par la qualité physique du produit et non sa rareté obligeant de passer par telle ou telle société mais pas une autre. Une entreprise de distribution aurait des droits sur la présentation de l’œuvre, qui ne pourrait donc être copiée à l'identique par d'autres.
        Ce genre de distribution existe déjà, par exemple les livres de la pléiades essentiellement d’œuvres dans le domaine public, qui misent sur une très grande qualité du produit.

        Bref, une idée en l'air, comme ça…

        Yth, qui procrastine à mort en ce vendredi ensoleillé…

        • [^] # Re: Pas convaincu

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

          En fait, la rémunération de la création devrait être un service public.

          Je préférerais éviter. Avant de créer un nouveau point de centralisation quelque part il faut vraiment être sûr qu'on ne peut pas faire autrement. Mais toi-même tu dis :

          La distribution immatérielle devient un service public.

          et

          La distribution ne possède donc plus de monopole[…]

          n'y a-t-il pas là une contradiction ? (ou alors j'ai pas compris)

          L'idée de faire passer par un organisme central la gestion des œuvres avec un tracking du téléchargement des œuvres est bizarre…Tu imagines compter le nombre de lignes de Wikipedia téléchargées par chaque internaute pour payer les contributeurs en conséquence ? Ce serait de la folie…
          Lis mon commentaire plus haut. J'y explique que le problème économique auquel nous faisons face, c'est l'émergence de situations d'abondance. Cela ne concerne pas que la culture, et le meilleur moyen d'y répondre est de revoir en profondeur notre vision de l'économie. Mais remplacer les pyramides industrielles par des pyramides étatiques ne fera que remplacer un bug par un "dirty hack" tout aussi buggué, je le crains.
          En fait, je suis assez séduit par l'idée du dividende universel comme réponse à cette situation. Mais même sans dividende universel, je pense qu'on peut trouver un moyen de faire vivre la culture sans dépendre des États. Après tout, le logiciel libre vit très bien, lui.

          Un des moyens d'y arriver serait effectivement de créer, comme tu le proposes, un ou plusieurs organismes de répartition des dons. Mais il vaut mieux éviter que ce soit l'État qui s'en occupe : pas question d'avoir une nouvelle SACEM.
          Il y a déjà des organismes qui s'occupent de crowdfunding, comme Kickstarter, mais structurellement, c'est encore très incomplet d'une part, d'autre part ça permet de financer les projets libres comme les projets propriétaires. Ce serait bien, si l'on peut, de définir une structure qui permette de répartir grosso-modo les dons entre les différents contributeurs d'un projet libre, en prenant en compte les versions modifiées, les forks, etc. (mais en gardant en tête que ça ne pourra jamais être 100% fiable).

          • [^] # Re: Pas convaincu

            Posté par  (Mastodon) . Évalué à 2.

            Plus qu'un point de centralisation, je vois ça comme un point de départ.
            Le principe de la bibliothèque nationale me semble assez bon, pertinent et efficace.

            Actuellement une œuvre est « possédée » par une entreprise, cette entreprise assure parfois une avance à l'auteur, gère la publicité, et récolte les sous. Mais elle a le monopole complet de la distribution de cette œuvre.

            L'idée du service public, c'est qu'il y a une source, et que derrière n'importe qui puisse distribuer n'importe quelle œuvre, comme il le souhaite, à l'instar des œuvres actuellement dans le domaine public. Si l'ayant-droit souhaite une rémunération par distribution de son œuvre, alors le revendeur devra s'en acquitter auprès de l'instance source. Finalement un peu comme la TVA, tu ajoutes ça à ton prix de vente, et tu rembourses l'état après. Là tu renvoies à l'établissement central qui reversera à l'auteur.
            A la différence de la SACEM actuellement : la SACEM se contente d'aller taxer à droite à gauche et n'apporte aucun service. Je n'ai pas le droit de distribuer une œuvre d'un auteur dont les droits sont gérés par la SACEM, même si je m'acquitte des droits d'auteur - enfin pour autant que je sache.

            La distribution ça peut être la distribution de livres papiers, de cdroms, de DVD, de biens matériels, ou la mise à disposition de bien immatériel avec un service en plus, ou dans un format ou un environnement particuliers, comme l'intégration immédiate d'un catalogue sur un smartphone.
            Et il n'y a pas contradiction entre un organisme central et des vendeurs à côté.
            Et dans le cas d'une œuvre libre de droits, ou sous licence libre, comme pour un logiciel libre, n'importe qui peut le vendre, et garder 100% des bénéfices.
            Ça marche très bien avec les logiciels libres, pourquoi est-ce que ça ne pourrait pas fonctionner aussi avec la musique, ou les livres libres ?

            La SACEM c'est l'exemple à ne pas suivre. La bibliothèque nationale est celui à suivre. Toute édition de livre doit être enregistrée à la BN, on a une trace de tout ça. Il suffirait de lui rajouter comme mission d'archiver sous format numérique les livres, et de les mettre à disposition quand c'est autorisé (licence libre, domaine public, etc).
            Derrière ça il suffit de donner accès aussi aux œuvres non libres, et payantes, mais en payant.

            De toute façon on n’empêchera pas plus que maintenant la propagation gratuite, et ce qui est aujourd'hui à tort appelé le piratage, mais au moins on aurait une offre légale et crédible de base.
            A charge aux entrepreneurs ensuite de faire un service plus sexy, de fournir les œuvres dans des formats plus adaptés, ou de simplifier leur accès, mais sans que eux n'aient à se préoccuper directement de gérer les droits d'auteurs : ils revendent ce qu'ils ont pris dans l'établissement public.
            Par exemple j'écris un livre, je le déclare à la BN, et je demande une rémunération de 1€ pour son achat.
            Un éditeur décide de me publier, ça lui coûte 1€ à produire, 1€ à distribuer, 1€ de marge pour le revendeur (le libraire), 1€ à reverser à la BN qui me le reversera ensuite, il vend ça 5€, il a 1€ de bénéfice pour lui.
            S'il fait une édition de luxe qui coûte 10€ à produire et qu'il décide de se faire 10€ de marge dessus en ne laissant que 3€ au libraire, ça fera au total 10+10+1+1+3=25€, sur lesquels je ne toucherai toujours que 1€.
            S'il le met sur sa plate-forme d'ebooks, il le vend 1€50, 1€ à la BN puis à moi, 50c dans sa poche directement.

            Enfin, voilà c'est l'idée générale.
            Je ne trouve pas ça complètement absurde, et je ne vois pas tellement de dérives possibles, sauf peut-être une sur-prolifération des nouvelles œuvres enregistrées, mais à la rigueur en mettant un coût d'enregistrement, même assez faible, ça pourrait éliminer ce problème.
            Après ça ferait pas forcément le bonheur des maisons d'édition, c'est sûr. Pour les livres c'est pas forcément complètement ultime. Mais pour la musique, ça ferait le malheur des majors qui exploitent quand même apparemment très sérieusement leurs artistes, tout en se foutant de la gueule du monde niveau qualité et coût du produit fini en magasin…

            Bref, comme je disais c'est un peu une idée en l'air, comme ça, pas très développée…

            Yth.

  • # mauvaise réponse à un faux problème

    Posté par  (Mastodon) . Évalué à 2. Dernière modification le 01 mai 2012 à 21:56.

    La réforme du droit d'auteur est une mauvaise réponse à un faux problème. Un faux problème, après toutes ces années, et toutes ces pistes explorées, il se dégage une évidence : c'est une période transitoire. Peut être n'aurait elle jamais dû exister. Peut être. Peut être a t elle été instrumentalisé. Certainement. Dans tout les cas, ce n'est plus le sujet. Peut on aujourd'hui regarder les choses avec humilité et se dire que d'autres avaient compris il y a bien longtemps ? Nos libertés, et nos droits à la vie privé, ne doivent pas souffrir du fait qu'une partie de l'industrie du divertissement n'a pas sû s'adapter. Peut être a t elle été trop gourmande. Peut être. Peut être ses adversaires ont été sans concession. Probablement. Dans tout les cas, ce n'est pas au citoyen de payer, par des restrictions, une re-distribution des cartes du secteur.

    L'industrie du divertissement ? Un joli mot pour désigner un aggrégat de divers intérêts et professions, mais pas une réalité économique. Cette «industrie» est principalement composé de créateurs et artistes à la base, puis de producteurs et financeurs, et enfin de distributeurs. C'est bien cet aggrégat qui s'est déroulé trop tard, et plus avec les bonnes personnes. Il est temps que artistes et les producteurs regardent ailleurs que vers leurs distributeurs d'hier. Peut être ces distributeurs, en s'attribuant souvent également le rôle de gestionnaire de droits, ont ils enfermés ces partenaires. Peut être. Mais pourtant, il y a déjà eu des tentatives. A l'époque avortées, peut être que les adversaires d'alors, au lieu de devenir les nouveaux partenaires, ont laisser pourrir la situation. Peut être. Dans tout les cas, la réalité du jour est là.

    Un faux problème, donc. Nous assistons à une redistribution des cartes de la … distribution. Et c'est tout. Rien de plus, rien de moins. Apple a sû tirer son épingle du jeu. D'une mauvaise manière. Peut être. en tout cas il a réussi, et prouve que c'est possible : un nouvel acteur peut émerger (et dans son cas, ne rien bousculer, en plus). C'est possible. D'autres offres le prouvent aussi, de manière plus anectodique économiquement, mais finalement à l'instar de ce qui existait auparavant. Ensuite, on pourrait faire un plan sur la comète entre Sony et Google, le premier étant à la fois producteur, gestionnaire de biens et fabricants de matériels. Le second pouvant être le distributeur. Mais des plans sur la comète, on s'en fout un peu …

    Un faux problème, ok. Mais aussi une mauvaise réponse. Une mauvaise réponse parceque si ce n'est pas aux citoyens de payer les erreurs stratégiques d'une partie, d'un rôle, de quelques groupes de cette industrie, ce n'est pas non plus aux artistes de le payer. Le droit d'auteur est bon tel qu'il est, et par défaut. Demander une réforme du droit d'auteur est la symétrie de demander une restriction des droits d'usages des ntic. Stupide.

    Bref, je suis pour ma part assez surpris, et déçu, de lire cela par les «têtes pensantes» du PP. J'ironise sur les «têtes pensantes» pour insister sur la déception, et non pour leur jeter une quelconque opprobe. Cela me laisse un goût amer d'impression de vouloir aller trop vite, et de déjà être à la chasse aux voix en donnant du simple, alors qu'il semblerait plus opportun de chasser de l'élite, sans avoir peur de faire du dense, pour le moment. Déçu, enfin, parcequ'à l'heure où la notion même de domaine public est attaqué, il me semble plus important de défendre l'acquis plutôt que de courrir après la comète. Ceci vaut également pour les diverses extensions du «droit d'auteur», qui ne en fait que des extensions des droits des gestionnaires de droits d'auteurs, et pas de défense des droits des artistes, ni des producteurs. Il y a matière.

    mes deux cents, vous pouvez moinsser.

  • # Et en plus

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4. Dernière modification le 02 mai 2012 à 08:55.

    Bon, de nombreux commentaires ont été déjà faits sur le fond, je rajouterais sur la forme qu'il conviendrais d'éviter l'utilisation abusive des recettes de communicants, genre "Le partage est un acte d'amour" ou l'adoption d'un jeunisme si rependu hélas : ce ne sont pas les jeunes qui sont visés mais ceux qui téléchargent des productions de l'esprit, le papy de 40 ans et celui de 80 sont également concernés. On s'en fout un peu que la jeunesse soit la "force vive de nos société (TM)", dans le cas présent. En général, ça me hérisse le poil et j'ai du mal à prendre au sérieux le responsable de ce genre de recettes (et c'est sans compter les problèmes de fond, si bien résumé par Sygne en premier commentaire).

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