Faites une bonne action : contactez vos élus territoriaux

Posté par  . Édité par Benoît Sibaud, Nils Ratusznik, Nÿco, bubar🦥, ZeroHeure et palm123. Modéré par bubar🦥. Licence CC By‑SA.
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juin
2014
Communauté

Contrairement à l'Etat et ses ministères qui passent tranquillement aux logiciels libres, au moins pour la bureautique, les collectivités territoriales ont un gros retard à ce sujet-là, et c'est là qu'on observe le plus de résistance au changement.

C'est pourtant le moment de contacter vos élus territoriaux sur ce thème (maires, adjoints et conseillers municipaux, conseillers généraux et régionaux, élus des communautés de communes). En effet, après les élections, ils ont tous reçu la bonne nouvelle de la baisse des « Dotations de l'État ». Qu'est-ce donc ? Il s'agit de sommes versées par l'État aux collectivités territoriales pour leur fonctionnement. Le problème est que les baisses sont importantes d'année en année (et dans les 5% cette année). Pour résumer, beaucoup sont ou seront financièrement en difficulté.

C'est donc le moment de les interpeller au sujet des logiciels libres, sources d'économies mais pas seulement (insister sur le « pas seulement »).

Les économies sont de quel ordre de grandeur ? C'est là que le cas de Munich peut vous aider. Un premier article de Zdnet a estimé le potentiel d'économies à 9€ par habitant, Munich comptant 1.3 million d'habitants. Un deuxième article annoncerait quant à lui un total 4 M€/an d'économies.

Or ces économies sont récurrentes, puisqu'à chaque renouvellement de poste (tous les 6 ans environ en logiciels propriétaires), il faut prévoir le renouvellement du Windows et de la plupart des logiciels propriétaires qui ne sont plus compatibles avec la nouvelle version de Windows installée.

Mais attention, l'argument économique n'est pas suffisant, il faut convaincre les élus et le personnel de la pertinence de la démarche : ce n'est pas gagné.

Aller plus loin

  • # Constat personnel

    Posté par  . Évalué à 9.

    Ceci n'est qu'un petit « retour d'expérience » sur les quatre collectivités dans lesquelles est passé un gars qui a commencé en 1985 avec des terminaux tty sur IBM-Serie1 et Lotus sur un IBM-PC à double lecteur de disquette 5'1/4.

    J'ai constaté que le parti le plus dur à convaincre est non seulement le côté de l'interface opposé au clavier, mais aussi les fournisseurs de progiciels qui, en lieu et place d'un bouton « export tableur » ou « export texte », ne parlent que de word et exel.

    Autre élément déplorable à mon sens au niveau de l'emploi des fonds engagés : la sous-utilisation des logiciels de bureautique. Il n'est pas rare de voir un tableau dépassant une page mis en forme comme sur une vieille Remington… sans parler des tabulations et retours chariot surnuméraires au lieu des styles de paragraphe. Quant à ceux qui reportent dans une cellule le résultat donné par la calculette disposée à coé du clavier, passons ! On pourrait estimer le gaspillage à 75 % du coût.

    S'agissant de collègues, j'essaie de rester pragmatique et bienveillant…

  • # Un constat d'échec...

    Posté par  . Évalué à 8.

    Bonsoir,

    Je suis responsable informatique au sein d'une communauté de communes de l'Orne présidé par un sénateur. Je me trouve donc très bien placé pour vous donner un état des lieux qui est malheureusement pour ainsi dire généralisé…

    En 2008, j'avais convaincu une partie des élus la mise en place pour nos écoles du système "Ubuntu" qui était là pour le remplacement à moindre coût de… Windows 98. Sur les 9 établissements, Ubuntu a été installé sur les 70 PC constituant le parc informatique de nos écoles avec le soutien de l'inspection académique. En parallèle, j'avais réussi à mettre en place Ubuntu sur certains PC personnel de quelques élu dont le président qui était député à ce moment là. Je me souviens avoir entendu parlé à cette époque que même la gendarmerie et l'assemblée nationale était en pleine migration vers les systèmes libres. A ce moment, je fondais un grand espoir sur le remplacement de Windows par Linux.

    Suite à cette mise en place plus ou moins contrainte pour certaines écoles ultra réfractaires, force a été de constater les problèmes multiples en matière de compatibilité avec certains périphériques comme les imprimantes simples ou tout en un muni d'un scanner ainsi que le parc des copieurs en place. Par ailleurs, un certain nombre d'enseignants ce sont retrouver dans l'incapacité de continuer à utiliser des logiciels pour les enfants qu'ils utilisaient jusqu'à présent. Parallèlement à cela, les rares postes de bureautique et autres PC personnels mis sous Ubuntu ont eu également de gros problème de compatibilité matériel et la compatibilité entre la présentation initiale sous MS OFFICE et Open Office était plus que discutable…

    Dans les mois qui ont suivi l'installation de Linux, l'arrivé de Windows 7 avec sa meilleure fiabilité et meilleure détection des périphériques par rapport à Windows XP allait définitivement mettre un terme au déploiement de Linux à grande échelle… Dans le même temps, j'ai eu écho également d'un rétro pédalage des services de l'assemblée nationale et de la gendarmerie pour un retour vers une solution Windows. Ces motivations avaient également pour sources les gros problèmes de compatibilités rencontré avec les différents périphériques et un état d'esprit des utilisateurs réfractaires à Linux… Pour couronner le tout, trop peu de professionnels ne souhaitaient intervenir sous ce système…

    Ainsi, même si la question de la fiabilité de Linux ne peut être en aucun cas remis en cause, l'ensemble des problèmes rencontrés lors de la phase de déploiement n'aura pas permis de continuer cette évolution et à même par la suite du laisser place de nouveau au système d'exploitation de Windows 7.

    Cela dit, l'avènement de Libre Office face à MS Office est indiscutable non seulement dans les écoles qui l'ont bien généralisé mais également auprès des petites communes.

    Désormais, outre certains progiciels qui se mettent tout doucement en open source, le constat sur l'échec de la généralisation d'un système d'exploitation 100% libre au sein des collectivités est cinglant. Dès lors où les constructeurs n'adapteront pas en conséquence leur matériel pour améliorer la compatibilité avec le libre et que la majorité des ordinateurs seront livré systématiquement avec Windows, les avancées en la matière resteront vaines. De plus, trop peu de professionnels en dehors des grandes agglomérations sont véritablement aguerrie au libre…

    Tout reste à faire…

    • [^] # Re: Un constat d'échec...

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

      Hello,

      Ton constat est très intéressant, merci de ces informations.

      Je vais apporter ma courte vision des choses :

      • Lorsque c'est imposé, peu importe la solution, les utilisateurs sont refractaires, de mauvais fois et ne font aucun effort, c'est déjà mort avant d'avoir commencé

      • GNU/Linux a énormément progressé en 6 ans. En général maintenant, on ne se retrouve qu'avec des problèmes sur le pilote graphique et parfois des problèmes sur les derniers pc portables sortis. Il y a quand-même une démocratisation de GNU/Linux, la presse en parle, des personnes ne connaissant rien à l'informatique posent des questions, les adminsys et les BTS travaillent sur du GNU/Linux dans leurs formations, il y a de la demande sur le marché du travail, il y a aussi les compétences disponibles sur le marché du travail. Les communautés se sont développées, les politiques en parlent et même l'actualité (en réponse aux révélations de Snowden). Tout cela est très très positif et ce n'est pas assez dit

      • Le support matériel reste toujours le premier problème et blocage. Tu fais parti des gens intelligents qui ont compris que ça ne venait pas de GNU/Linux mais bien des constructeurs qui s'en foutent. Beaucoup de gens ne comprennent pas et globalement s'en moquent, le seul résultat pour eux c'est que ça ne fonctionne pas

      • Le second problème, ce sont évidemment les logiciels métiers en général. Voici mon maigre retour d'expérience sur 3 solutions très connues. Concernant Sage (produit que nous utilisons actuellement), nous avons pour but de migrer la comptabilité vers la dernière version de nos applications, la gamme i7. Rien n'est proposé sur GNU/Linux, c'est sur du Windows Server 2012 exclusivement. Concernant Bodet (solution de gestion du temps = pointeuses dans les entreprises), il y aurait dans les cartons à moyen terme la possibilité d'installer le serveur sur autre chose qu'un Windows Server bref en théorie développement en cours. Concernant la consommation énergétique des postes, il existe deux grosses entreprises, une américaine et une française (je ne me suis même pas intéressé à l'américaine qui ne se donne même pas la peine d'internationaliser son site). Avob, la solution française donc, ne fonctionne que dans l'environnement Windows : "historiquement nous avons commencé sur Linux et vu le manque de demandes nous avons préféré nous focaliser sur Windows". Ces 3 exemples sont des exemples type des difficultés rencontrées en entreprise sur environnement Serveur (qui à mon sens est plus simple à gérer par la DSI car les serveurs ne concernent quasiment que la DSI contrairement à des environnements Utilisateur)

      • Globalement et c'est mon avis personnel, je suis optimiste sur la situation. Ca progresse bien, ça progresse beaucoup, pas uniquement GNU/Linux mais tout le mouvement Libre et Open Source (oui je sais, je mets tout ensemble), les licences (GPL, Creative Commons), les logiciels et outils, le matériel (Nvidia), les idées, ce n'est plus du tout confidentiel. Ca a énormément gagné en visibilité : sur le marché du travail, dans la presse généraliste et spécialisée, les communautés ne faiblissent pas et augmentent (il suffit de voir le nombre d'événements par semaine), je ne vois pas du tout ce qui pourrait stopper et freiner cela. On est sur la bonne voie et Pub ! : La route est longue mais la voie est libre !

      Tcho !

      • [^] # Re: Un constat d'échec...

        Posté par  . Évalué à 3.

        Avant de migrer, il y a 3 groupes à convaincre : les élus, le personnel et les fournisseurs. Pour ses derniers, ils n'ont pas vraiment envie de travailler. Et rien que le fait d'évoquer l'idée que l'on a envie de migrer vers Linux (même si c'est faux dans l'immédiat), ça les inquiète plus qu'on ne le croit. En effet, si ça se passait, ils sont sûr de perdre le marché (juteux). Donc ça va les faire réagir, et ils vont bosser pour que leur solution soit compatible Linux.

      • [^] # Re: Un constat d'échec...

        Posté par  . Évalué à 4.

        Lorsque c'est imposé, peu importe la solution, les utilisateurs sont refractaires, de mauvais fois et ne font aucun effort, c'est déjà mort avant d'avoir commencé

        Le soucis c'est qu'avec le corps enseignant, certains y étaient favorable rien que pour la fiabilité et la sécurité. Néanmoins, ceux qui étaient contre étaient aussi nombreux… Le pire c'est que l'inspection académique qui y était favorable au début c'est retourné contre le projet et n'ont absolument rien fait pour le démocratiser bien au contraire. Ils ont bonnement et simplement tout mis en oeuvre pour suggérer l'utilisation d'utilitaires et autres logiciels principalement tourné vers Windows.

        En résumé, dans cette "bataille", j'ai eu vraiment l'impression de me retrouver seul contre tous… Pas vraiment génial pour moi quoi… :-(

  • # Difficultés à l'achat.

    Posté par  . Évalué à 2.

    Bonjour,

    Il faut aussi je pense, ajouter le fait que depuis Windows 8 c'est difficile d'acheter des machines sans Windows, ce même sur les marchés publiques où cala était possible dans le passé pour toutes les machines. Aujourd'hui seulement les machines haut de gamme sont vendues sans OS.(au moins sur le marché Matinfo3)
    Pire encore Dell(par exemple) refuse de vendre aux particuliers des Ordinateurs sans Windows et ne parle plus de rembourser Windows! Selon un vendeur ce serait imposé par Microsoft…
    En tant qu'utilisateur linux, je trouve cela désespérant de devoir se battre sur autant de fronts; Devoir convaincre un utilisateur de passer à linux, assumer le support pour ne pas le dégoutter de linux(à ne pas négliger), et d'autre part constater qu'ils vont payer Windows de toute façon.

    Cela dit il faut convaincre le monde des bienfaits des logiciels libre en général et je suis d'accord le prix ne doit pas être le seul argument.

  • # promotion du libre via la viralité ?

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

    Merci aux commentateurs pour leurs retours d'expériences.

    Effectivement, on sent une inertie très forte pour des solutions robustes et économiques !

    Pour faire avancer les choses sans s'épuiser, pensons à utiliser au maximum les modes de communication virale: mentionner un slogan court et percutant sur nos usages du Libre dans:
    - nos signatures de mail ( desktop et smartphone !)
    - nos blogs
    - nos sites web ( en bas de page, par exemple )

    NB: dans la signature, on peut ajouter un lien vers un tableau des équivalences logiciels Windows - Linux… exemple: http://eoleng.ac-dijon.fr/mimo/SILL-MIMO2014.ods

    Bon allez, je me lance pour un exemple:

    Windows au boulot ? OK, mais à la maison, c'est GNU/Linux (SolydK),
    avec des logiciels libres, dont Wine pour faire tourner mes incontournables Windows !

    SVP n'hésitez à piller l'exemple ci-dessus, et à nous faire part de vos idées en commentaire !!!

    Windows au boulot ? OK, mais à la maison, c'est GNU/Linux (SolydK), avec des logiciels libres, dont Wine pour faire tourner mes incontournables Windows !

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