Nicolas LEHUEN a écrit 1 commentaire

  • # Merci pour le droit de réponse

    Posté par  . En réponse au journal Nicolas Lehuen et mod_python (droit de réponse). Évalué à 10.

    Tout d'abord merci d'avoir cité ma réponse, cela prouve votre volonté de laisser place au dialogue.

    Comme isydore l'a remarqué sur l'autre post [1], "c'est pas facile de faire une interview sur un sujet émotionnel". En l'occurence M. Borderie (le journaliste) a choisi de mettre en exergue "Trop d'ouverture nuit à l'efficacité", chose que j'ai effectivement peut-être dite en passant (on reconnaît bien le style de phrase café du commerce) mais qui en titre de l'article est pour le moins percutante.

    Avec le sous-titre glorifiant "l'un des rares développeurs...", tout de suite les dents grincent (y compris les miennes). Lors de l'interview, je me suis pas vanté d'être un "rare" développeur, j'ai simplement dit que nous étions actuellement 3 à être autorisé à faire des commits sur le repository Subversion du projet (et une bonne partie de mes commits consiste à intégrer des patchs que la communauté nous propose en m'assurant que la suite de tests unitaires est à jour). Le reste, c'est le choix rédactionnel du journaliste.

    A la relecture de l'article j'ai d'ailleurs demandé à M. Borderie de modifier le titre et le chapeau, mais il se trouve que ce sont précisément les éléments qui ne peuvent être modifié après visa du rédacteur en chef.

    Il faut savoir que l'interview s'est fait en deux phases : une première phase par mail, où j'ai répondu un énorme mail sur le sujet (bien plus que ce qui est cité dans l'article), et une synthèse par téléphone (d'où on été tirée les "meilleures" citations, y compris celle du titre). Ayant plus de temps pour réfléchir à ce que je pouvais dire, j'ai écrit (j'espère) beaucoup moins de bétises dans mon mail que ce que j'ai pu dire au téléphone (notamment je n'ai écrit ayatollah qu'une seule fois :).

    D'où une leçon maintes fois renouvelée (ce n'est pourtant pas la première fois que je parle à un journaliste) : tourner 7 fois sa langue dans sa bouche en interview et faire *très* attention à ce qu'on peut dire... Mais ça fait partie du jeu.

    Mon intention lors de l'interview était juste de remonter les difficultés d'organisation que représente le fait de monter un projet libre ; c'est à mon sens la première difficulté, et les projets qui arrivent à structurer leur communauté forcent le respect (et je le disais dans mon mail). J'ai trouvé hyper intéressant de constater commment certains projets y arrivent, et comment d'autres échouent à créer une communauté dynamique et/ou vont au clash entre plusieurs individus. Je vous encourage à ce sujet la lecture de ce post [2] qui raconte le clash qui a opposé Dan Sugalski à Leo Tötsch sur le projet Parrot (projet d'implémentation de la machine virtuelle de Perl 6).

    Ce qui me passionne dans cette dimension des projets libres, c'est qu'une partie peut être résolue par la technologie : mise en place d'outils de collaboration, en partant des mailings lists et newsgroups, en passant par le projet Sourceforge (révolutionnaire en son temps) et ses homologues, jusqu'au outils collaboratifs à l'extrême (notamment les wikis) que l'on voit se développer en ce moment.

    Cependant, la technologie ne fait pas tout, et on bute assez vite sur des problèmes fondamentaux de la communication et de l'organisation sociale : problèmes de langues, d'ego, de lutte de clans, d'intérêt (ça n'intéresse peut-être pas grand monde d'écrire des logiciels de gestion bancaire et pourtant il en faut...), etc. Et malheureusement, l'histoire prouve que ces problèmes sont difficilement contournables.

    D'où mon opinion : le libre a ses succès, le libre a d'autres objectifs que le privé, le libre est absolument indispensable, mais le libre ne peut se substituer partout au privé. Après, c'est peut-être enfoncer une porte ouverte, à vous de décider.

    Cordialement,
    Nicolas

    [1] https://linuxfr.org/~golum/19937.html
    [2] http://www.sidhe.org/~dan/blog/archives/000435.html