Journal Aux jeunes gens

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18
jan.
2003
« C'est aux jeunes gens que je veux parler aujourd'hui. Que les vieux
-- les vieux de coeur et d'esprit, bien entendu -- mettent donc le
volume de côté sans se fatiguer inutilement les yeux à une lecture qui
ne leur dira rien.

« Je suppose que vous approchez des dix-huit ou vingt ans ; que vous
finissez votre apprentisage ou vos études ; que vous allez entrer dans
la vie. Vous avez, je le pense, l'esprit dégagé des superstitions
qu'on a cherché à vous inculquer : vous n'avez pas peur du diable et
vous n'allez pas entendre déblatérer les curés et pasteurs. Qui plus
est, vous n'êtes pas un de ces gommeux, tristes produits d'une
société au déclin, qui promènent sur les trottoirs leurs pantalons
mexicains et leur face de singe et qui déjà à cet âge n'ont que des
appétits de jouissance à tout prix..., je suppose, au contraire, que
vous avez le coeur bien à sa place et c'est à cause de cela que je
vous parle.

« Une première question, je le sais, se pose devant vous. "Que vais-je
devenir ?" vous êtes-vous demandé maintes fois. En effet, lorsqu'on
est jeune, on comprend qu'après avoir étudié un métier ou une science
pendant plusieurs années -- aux frais de la société, notez-le bien --,
ce n'est pas pour s'en faire un instrument d'exploitation, et il
faudrait être bien dépravé, bien rongé par le vice, pour ne jamais
avoir rêvé d'appliquer un jour son intelligence, ses capacités, son
savoir, à aider à l'affranchissement de ceux qui grouillent
aujourd'hui dans la misère et dans l'ignorance.

Vous êtes de ceux qui l'avez rêvé, n'est-ce pas ? Eh bien, voyons,
qu'allez-vous faire pour que votre rêve devienne réalité ? [...] »

(Kropotkine, paroles d'un révolté)

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