Journal L’objet Pascal

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juin
2022

Sommaire

Salut les gens, et les autres.

Où il est question de type, de langage et autres considérations sur le code, et, évidemment, de l’objet Pascal (et de son objet, mais pas beaucoup).

Rappel des faits

En novembre 2021, une petite Ada de tricot pointait le bout de son string sur LinuxFr. Ce qui a inspiré des commentaires qui, eux-mêmes…

Là encore, je crains qu’il n’y ait quelques déçus pour des raisons que j’explique plus bas. J’ose espérer que le discours sur le langage fera passer cette déception.

Pascal Ă©tait un sale type

Dans le sens propre, ou plutôt sale en l’espèce, du terme. En effet, il y a, grosso modo deux périodes dans la vie de Blaise Pascal, car, il s’agit, bien sûr, de l’inventeur de la pascaline, et pas du langage (qui n’, d’ailleurs, pas de logo).

Dans la première période c’était un jeune homme avide d’en découdre avec les sciences et les mathématiques et qui projetait d’améliorer sa pascaline. Après, ou pas, un accident de carrosse, et, de toute façon, une rencontre avec son équivalent personnel du pilier de Notre-Dame, il enfourche les rênes de la religion, arrête de se laver et laisse tomber la pascaline. Aparté : dans Coup de tabac, Pratchett consacre un passage aux rapports entre la propreté corporelle et certaines religions1.

Blaise Pascal

Notre, pas si petit que ça, Pascal, quant à lui, est lavable en machine à 30° maximum. Il est habillé de pied en, ben en cape quoi (plutôt une étole en fait). Il a même une pascaline à sa main.

D’accord, il est ébouriffé et il a un menton en galoche, mais il a le même nez que Blaise Pascal dont un portrait traîne sur internet avec un début de calvitie une ombre de moustache et un sourire, ma foi, assez niais.

Du langage, de la parité et des proportions

Ce petit Pascal n’a pas de caleçon, mais un slip. Désolée. Il faut dire, étant donné que ledit sous-vêtement est tricoté avec un fil de même calibre que celui des vêtements et du personnage, s’il avait eu un caleçon, c’est un peu comme si on avait des sous-vêtements matelassés sous un pantalon matelassé lui-même. C’est peut-être confortable, mais, pour ce qui est de l’élégance, ça se pose là. Donc, notre petit Pascal porte un slip sous sa culotte noire. Et cela lui va d’autant plus à merveille qu’au Québec, il semble que cela soit aussi appelé un « gant à boules ».

Quelqu’un peut me dire quel sous-vêtement aurait été plus adapté, hum ?

Il va sans dire que, dessous (dedans ?), il a l’équipement standard, à savoir la paire de boules et le bit de parité kivabien 2. Sur la photo c’est en kit. Le tricot étant ce qu’il est à cette échelle, notre Pascal est assez priapique.

Trois pièces

Ce qui est intéressant avec le tricot c’est qu’on arrive à résoudre la quadrature du cercle, en quelque sorte. Les boules pascaliennes par exemple sont des petits carrés façonnés pour donner une forme sphéroïde. Ce qui est aussi intéressant c’est qu’avec les mêmes aiguilles, le même nombre de rangs mais un fil légèrement plus épais, on obtient un petit Pascal nettement plus grand qu’Ada, 34 contre 28 cm.

De la lisibilité du code

C’est une préoccupation majeure quand on écrit un modèle de tricot, notamment. Préoccupation qui rejoint cette discussion ainsi et ma propre réflexion sur la rédaction des tutoriels et pages d’aide. En fait il y a quatre facteurs à prendre en compte et le résultat doit être un compromis entre le « trop » et le « pas assez » :

  1. la construction du modèle, comment va-t-on l’expliquer, pour les chaussures par exemple, j’ai laissé tomber mon idée de départ parce que cela aurait été trop compliqué à décrire, après tout je ne sais pas qui va s’emparer du modèle,
  2. par contrecoup, la rédaction : qu’est-ce que l’on détaille, qu’est-ce qu’on ne détaille pas quelles abréviations adopter, comment les présenter, comment présenter les points, etc.,
  3. la lisibilité « visuelle », aérer, mais pas trop à cause du 4e facteur,
  4. l’impression (pour les modèles de tricot) étant, dans ce cas de figure, de faire en sorte qu’il n’y ait pas de pages inutiles à imprimer et que l’on puisse n’en imprimer que quelques-unes, par exemple, ici shunter la première et la dernière page qui ne sont pas essentielles pour tricoter le modèle (mais qui restent pertinentes).

Avant, quand les modèles de tricot étaient forcément sur du papier, ils étaient plus compacts visuellement, et concis et assez rebutants à lire souvent. C’est encore le cas pour les modèles des industries lainières par exemple. Mais maintenant que ce sont des fichiers électroniques dont l’impression, qui reste optionnelle, est à la charge du public cible, on peut être à la fois plus disert, avoir des illustrations du modèle en cours de travail (ce qui peut être très utile) et avoir une mise en page plus aérée. À condition de ne pas exagérer. J’ai vu une fois un modèle d’écharpe au point mousse faire deux pages. Alors que les instructions pourraient très strictement se limiter à trois lignes :

Monter x mailles avec les aiguilles.
Tricoter à l’endroit pendant n cm.
Rabattre les mailles et rentrer les fils.

Même avec une photo et un texte un peu enjolivé et présenté (fournitures, taille, etc.), ça tient très largement sur une page.

Il y a, aujourd’hui, deux grandes tendances.

La tendance américaine, qui hélas, tend à se répandre. Grosso modo, cela consiste à détailler le modèle rang par rang, même quand il « ne se passe rien » sur le tricot (continuité du point et du nombre de mailles). Ce que je trouve lourd et qui, surtout, de mon point de vue ne permet pas de se retrouver facilement.

L’autre tendance (de partout ailleurs) : on explique les points communs, donc, notamment, les points et les caractéristiques du tricot, au début. Une sorte de déclaration quoi. Ensuite on ne donne que des précisions là où c’est nécessaire, avec, le cas échéant des « commentaires ». Par exemple, dans ce modèle pour la veste :

Les basques se tricotent au point de riz elles sont ensuite réunies en une seule partie, le corps de la veste est tricoté au point de jersey. Les manches sont tricotées en rond à partir de mailles relevées sur le corps de la veste.

Ça évite des redites et on sait très exactement de quoi on part. Quand on se trompe, c’est aussi plus facile à vérifier.

Et c’est là qu’on voit que la séparation du fond et de la forme est à la fois complètement vraie, d’ailleurs, après avoir trouvé une police Ysabeau3 qui est à la fois élégante et lisible, j’ai décidé de changer la mise en forme du patron et d’adapter (changement de couleurs essentiellement) le modèle de CV prune et pelure d’oignon, et à la fois un peu illusoire puisque la forme doit faciliter la lecture.

Pascal

Et la pascaline dans tout ça ?

L’objet pascalien par essence est, ici, en carton, son aspect étant obtenu avec du vernis à ongles dont je fais une relativement grande consommation, pour le bricolage, pas pour les ongles.

Les explications sont aussi données dans le modèle. C’est un objet « statique ». Rien ne bouge et les dimensions sont au pif complet et c’est grandement améliorable.

Sur ce amusez-vous bien.


  1. On pourrait être tenté de conclure que ce qui s’approche le plus de l’odeur de sainteté c’est celle de certains clochards. ↩

  2. On notera que je n’émets strictement aucune remarque sur un système qui trouve normal d’avoir une parité sur un nombre impair, aucune. ↩

  3. Et c’est assez classe d’avoir une police à son nom, je trouve. ↩

  • # comme un gant

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 1.

    Donc, notre petit Pascal porte un slip sous sa culotte noire. Et cela lui va d’autant plus à merveille qu’au Québec, il semble que cela soit aussi appelé un « gant à boules ».

    Quelqu’un peut me dire quel sous-vêtement aurait été plus adapté, hum ?

    Étant donné que ce sale oupio est passé du boulier à la pascaline, ne devrait-on pas parler plutôt de « gant à poixcallettes » ?
    Il aurait pu ne pas avoir de fioriture aussi, va savoir.

    “It is seldom that liberty of any kind is lost all at once.” ― David Hume

  • # tendances concision contre dĂ©tail

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.

    l y a, aujourd’hui, deux grandes tendances.

    La tendance américaine, qui hélas, tend à se répandre. Grosso modo, cela consiste à détailler le modèle rang par rang, même quand il « ne se passe rien » sur le tricot (continuité du point et du nombre de mailles). Ce que je trouve lourd et qui, surtout, de mon point de vue ne permet pas de se retrouver facilement.

    L’autre tendance (de partout ailleurs) : on explique les points communs, donc, notamment, les points et les caractéristiques du tricot, au début. Une sorte de déclaration quoi. Ensuite on ne donne que des précisions là où c’est nécessaire, avec, le cas échéant des « commentaires ».

    J'ai l'impression que la seconde, partout ailleurs, s'adresse aux pros de l'artisanat du tricot… tandis que la première, américaine, s'adresse plutôt à des machines auxquelles on passe une grille comme à une machine Jacquard ? Dans un cas on donne des instructions concises en sachant qu'au final ce sera un assemblage de petites choses avec le bon esprit, dans un autre cas on fourni comme un papier millimétré à recopier de manière pointilleuse.

    “It is seldom that liberty of any kind is lost all at once.” ― David Hume

    • [^] # Re: tendances concision contre dĂ©tail

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5.

      C’est un peu ça sauf que. La seconde manière ne s’adresse pas aux pros forcément. Elle présuppose, comme la première qu’il y a des bases. Ensuite, selon les détails de la « déclaration », c’est plus ou moins tourné vers des gens qui débutent ou pas. Et surtout, cela donne aux personnes les moyens de s’émanciper du modèle et de l’adapter à leur guise, ce que ne fait pas la première manière.

      Et je pense que quand on rédige un tutoriel, en quoi que ce soit, la manière la plus adaptée c’est justement de ne pas ne rester en mode « procédure à suivre pas à pas », mais bien d’expliquer ce qu’on fait et pourquoi de façon à faire comprendre le processus. Du coup, ensuite, retrouver comment faire est plus simple.

      « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

      • [^] # Re: tendances concision contre dĂ©tail

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.

        Nous sommes bien d'accords :-) J'entendais par pros des gens qui ont des bases et peuvent s'émanciper du modèle. C'est aussi pour cela que je taxe le mode procédure-pas-à-pas de mode pour machines…

        “It is seldom that liberty of any kind is lost all at once.” ― David Hume

  • # Autre idĂ©e

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

    Quelqu’un peut me dire quel sous-vêtement aurait été plus adapté, hum ?

    Le cilice ?

    Adhérer à l'April, ça vous tente ?

    • [^] # Re: Autre idĂ©e

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.

      Son slip et ses bas sont fait dans une laine qui gratte (aussi parce que j'utilise ce que j'ai). Ça devrait aller sur le plan des mortifications.

      « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

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