• # Harceleur harcelé

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

    Amusante asymétrie de perceptions. À quel moment est-on « harcelé » ? À quel moment est-on soit même le « harceleur » en exprimant ses opinions ?
    Chacun est facilement outré de croiser des gens aux opinions violemment contradictoire avec les siennes. Doit-on pour autant ne laisser la parole qu'à ce qui est le plus consensuel ? Ou à un seul courant dominant de pensée, une doxa ?
    Les guillemets autour des termes à racine « harcel » viennent de ce qu'il semble que la chose soit couramment et en particulier dans l'article mal caractérisé. Même si des dégâts psychologiques peuvent intervenir dès les premiers mots (qui n'a pas tourné dans sa tête pendant de longues secondes cette réponse rageuse reçue sur linuxfr ;-) ne serait-il pas souhaitable de ne caractériser le harcèlement qu'à partir d'un seuil de répétition provenant d'une même source ? Et oui, être en communication avec une multitude expose nécessairement à plus de contradiction. Doit-on réellement la bannir ?
    Le texte en lien laisse vraiment planer le doute… peut-être juste faute d'exemples concrets de harcèlement et à cause d'exemples précis de simple opposition. Tel qu'il est rédigé tout laisse croire que l'auteur n'a pas supporté de découvrir que d'autres voyaient les choses très différemment. Ainsi cet exemple de découverte d'un texte d'un collègue exprimant son désaccord ; ou encore cet exemple de « subtweet » (je ne connais pas twitter) qui sont présentés comme simplement des informations dont twitter vous informe en lien avec ce que vous avez exprimé. Voici bien des exemples qui — tels que présentés — ne relèvent nullement du harcèlement.

    « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

    • [^] # Re: Harceleur harcelé

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

      En général, il y a un indicateur qui ne trompe pas pour savoir qu'une ligne rouge a été franchie : les opinions portent sur l'auteur du contenu original et pas le contenu en lui-même.

      Par exemple, j'ai déjà vu Jessie Frazelle affirmer des choses sur twitter au sujet de la sécurité des containers et avoir quelques dizaines de tweets en réponse pour dire qu'elle n'y connait rien, qu'elle raconte n'importe quoi parce que Docker a des filtres seccomp, qu'elle devrait arrêter de raconter des conneries aussi grosses, etc. Pourtant, de manière très objective, Jessie Frazelle est bien plus compétente sur le sujet que les personnes qui lui ont répondu. D'ailleurs, pour les filtres seccomp dans Docker, elle peut difficilement l'ignorer, vu que c'est elle qui les a mis en place. Et elle est reconnue chez Google comme une experte sur le sujet de la sécurité des containers.

      Autre exemple, sur LinuxFr.org celui-ci, j'ai vu Jehan s'engageait dans une discussion technique autour de Meson et, à un moment, ça a commencé à déraper, l'autre personne a sous-entendu que Jehan avait un agenda secret et des raisons cachées d'écrire certains arguments qui peuvent sembler subjectifs. Je ne pense pas que l'autre personne était mal-intentionnée (elle s'est même excusée quand je suis intervenu pour calmer les esprits), mais ça n'en laisse pas moins des traces.

      • [^] # Re: Harceleur harcelé

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

        Est-ce que ça ne n’appellerai pas des attaques ad-hominem plutôt ? pas du harcèlement au sens du dictionnaire ?
        D'après l'académie française :

        « Harceler : […] 1. Provoquer, fatiguer, inquiéter par des attaques répétées et incessantes. Harceler les troupes ennemies. 2. Importuner, tourmenter par des exigences ou des demandes répétées. »

        (La graisse est de moi).

        « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

        • [^] # Re: Harceleur harcelé

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

          PS : vous avez le droit de me répondre et même de me dire que je suis attardé de croire encore nécessaire de respecter les définitions des mots ; je ne crierais pas au harcèlement ; mais n'en serais pas moins troublé de constater que ce qui me paraît si œcuménique est si détestable pour certains de mes concitoyens.

          « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

        • [^] # Re: Harceleur harcelé

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

          Tout à fait, la répétition joue un grand rôle là-dedans. Si ça n'arrivait qu'une seule fois, ça ne serait qu'une attaque ad-hominem et même si ce n'est pas très agréable à recevoir, la plupart des personnes arrivent à relativiser. Le problème, c'est que quasiment systématiquement, s'il n'y a pas intervention d'un tiers, ça continue ou se répète. Et ça finit par user même les plus courageux. C'est bien le côté répétitif du harcèlement qui est particulièrement nuisible.

          Dans les deux exemples que j'ai cité, il y a eu une répétition, ça ne s'est pas limité à un message.

          • [^] # Re: Harceleur harcelé

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

            La question est : à quelle niveau doit être la répétition ? Par exemple dans notre discussion nous en sommes à un niveau de répétition. Si nous en étions à nous écharper à quelle moment commencerais-je à vous harceler ? Une discussion qui s’envenimerait, toute désagréable qu'elle soit, ne paraît-elle pas encore largement en dehors de la définition du harcèlement ? Au sens où je la comprenne, cela ne commencerait-il pas si l'un des locuteurs poursuivait l'autre de fil de discussion en fil de discussion, voire au travers des réseaux sur autant de pistes qu'il le puisse ?

            Mais effectivement, le harcèlement peut provenir non pas d'une interaction duale, mais d'interactions de groupe, c'est d'ailleurs l'un des sens premier de ce substantif puisqu'il s'agit d'une tactique militaire (conférer TLFI) ; c'est la remarque très juste de Michaël. Et il me semble qu'en ce sens apparaît la problématique cruciale de notre échange. Il pourrait y avoir harcèlement ressenti sans harceleur ! Pourquoi ? Une personne interagit avec des multitudes. Dans le lot quelques-uns expriment un mécontentement, un désaccord, et cætera. Du point de vue du primo communiquant, la situation est celle d'attaques incessantes et répétées. Mais dans la mesure où il sont indépendants les autres n'ont-ils pas rien de harceleurs ? Faut-il dès lors parler de harcèlement ?
            Ceci n'a rien en fait de nouveau, mais se généralise. Là où seuls quelques tribuns ou personnalités publiques étaient touchés, désormais tout un chacun pour peu qu'il s'expose prend le risque de s'y confronter.

            Qu'en conclure, selon-moi :
            1- Chacun devrait prendre garde à son exposition publique. Il est bon de le rappeler. Surtout aux benjamins.
            2- Quiconque s'exprime en public devrait apprendre à le faire avec componction par égard pour autrui.
            C'est deux points relevant à la fois du lieu commun et du savoir-vire élémentaire. De notre discussion et de mon point de vue il faudrait ajouter :
            3- Qu'il convient d'éviter les jugements à l'emporte pièce à l'égard de ceux qui s'expriment. Paradoxalement, participer d'un harcèlement ressenti ne fait pas de vous harceleur.
            4- Que le terme de harcèlement est sûrement quelque peu galvaudé. Effet de mode probablement ; mais surtout des nouveaux modes de communication. La question des limites de sa définition reste ouverte.

            « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

        • [^] # Re: Harceleur harcelé

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

          Est-ce que ça ne n’appellerai pas des attaques ad-hominem plutôt ? pas du harcèlement au sens du dictionnaire ?

          Le harcèlement auquel on pense le plus immédiatement est peut-être le harcèlement de personne à personne, mais il peut il y avoir un groupe qui harcèle une personne particulière (de façon concertée ou non) ou un groupe de personnes qui harcèle un autre groupe.

  • # Transformer les réactions toxiques en suggestions constructives

    Posté par  . Évalué à 10.

    Merci pour ce lien.

    Et aussi, les réactions positives sont agréables à recevoir.

    Les réactions passives-agressives, la condescendance et beaucoup de réactions négatives telles qu’on peut en trouver un peu partout n’ont pas leur place à mon avis.

    Bien sûr, ça ne dispense pas de montrer ses désaccords. La plupart du temps, il y a moyen de les montrer de façon agréable. Le bon commentaire critique, c’est celui qui peut faire avancer les choses, qui propose des solutions ou des pistes de réflexion. Sinon, c’est comme une version intellectuelle du coup de poing.

    Petite astuce : quand on a un sentiment (très) négatif envers quelque chose, au lieu de balancer un commentaire qui veut faire la leçon, la morale, une réprimande ou qui va être agressif, chercher à l’écrire sous forme de suggestion, ou sinon expliquer factuellement pourquoi on n’est pas d’accord, en évitant toutes les manières moisies de tenir une argumentation et en restant honnête peut aider énormément. Si on n’y arrive pas, est-ce que les intentions sont bonnes ? Est-ce qu’on est juste là pour râler ou « rager » ? Ça peut permettre de s’en rendre compte et décider de ne rien écrire. C’est à mon avis un bon garde-fous. Et dans ce cas, c’est l'occasion de se questionner : quelles sont les raisons profondes pour lesquelles on n’a pas aimé ? Pourquoi ne pas s’en foutre ?

    Autre astuce : il peut arriver de ne pas aimer quelque chose parce que c’est nouveau. C’est plus ou moins humain, j’imagine que c’est un mécanisme utile dans l’évolution (se méfier de l’inconnu). Avoir conscience de ce biais en réagissant aux choses peut aider aussi. Plus généralement, je pense que bien réagir nécessite un peu d’introspection pour connaitre ses travers.

    On peut aussi attendre le lendemain pour commenter un truc, il y a rarement le feu.

  • # Misogynie, intolérance...

    Posté par  . Évalué à 1.

    La misogynie (toujours l'expression d'une frustration) sévit partout mais ce qui est nouveau, c'est qu'elle est autant le fait des femmes que des hommes sur le net. Par ailleurs, le fait d'être, de penser, d'agir différemment de la norme, c'est très mal vu, surtout en France; il suffit de voyager pour constater la différence.
    https://www.aufeminin.com/news-societe/les-femmes-de-plus-en-plus-misogynes-sur-les-reseaux-sociaux-s439086.html

    https://www.ledevoir.com/opinion/blogues/les-mutations-tranquilles/472128/la-moitie-de-la-misogynie-en-ligne-est-le-fait-de-femmes

    http://mashable.france24.com/medias-sociaux/20171109-reddit-bannit-communaute-misogyne-reseau-social

    • [^] # Re: Misogynie, intolérance...

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7. Dernière modification le 21 juillet 2018 à 18:36.

      La misogynie […] sévit partout mais ce qui est nouveau, c'est qu'elle est autant le fait des femmes que des hommes sur le net.

      C'est quoi qui est nouveau au juste? Parceque des femmes misogynes il en existe depuis longtemps, et plus généralement, des femmes sexistes aussi. Le sexisme, c'est un problème de culture et de société.

  • # Autre exemple avec l'entretien de Guido Van Rossum par Le Monde

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9.

    entretien de Guido Van Rossum par Le Monde :

    « La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a probablement été la manière dont les discussions en ligne se sont compliquées ces dernières années. Pendant tout ce temps, j’ai connu beaucoup de désaccords avec mes décisions, mais plus récemment, les discussions ont pris un ton désagréable, et parfois insultant. Cela a fini par me ronger. Un matin, je me suis levé – la veille, j’avais validé une nouvelle décision controversée –, et j’ai senti que c’était trop pour moi. Il est temps de laisser la communauté des développeurs trouver une autre manière de prendre les décisions, une manière qui ne me place pas en permanence en première ligne. »

    « J’ai vécu avec les désaccords pendant quarante ans, et ce n’était pas un problème. Ce qui est nouveau, c’est la manière dont les gens expriment leur désaccord. Cela m’a donné l’impression qu’on ne me faisait plus confiance. Un message agressif publié sur un réseau social par un développeur important, ce n’est pas une bonne manière de faire un retour. Auparavant, quand quelqu’un me disait « je ne suis pas d’accord », je pouvais dire "O.K., je prends la responsabilité de cette décision". Sur les réseaux sociaux, je ne veux pas me noyer dans une discussion infinie avec 100 000 followers. On ne peut pas gagner un débat sur Twitter. »

  • # rapport RSF “Harcèlement en ligne des journalistes

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

    https://rsf.org/fr/actualites/rsf-publie-son-rapport-harcelement-en-ligne-des-journalistes-quand-les-trolls-lancent-lassaut

    “Harcèlement en ligne des journalistes : quand les trolls lancent l’assaut” (26 juillet 2018)

    Dans son nouveau rapport, Reporters sans frontières (RSF) révèle l’ampleur d’une nouvelle menace qui pèse sur les journalistes : le cyberharcèlement perpétré massivement par des armées de trolls, individus isolés ou mercenaires à la solde d’Etats autoritaires.

    • [^] # Re: rapport RSF “Harcèlement en ligne des journalistes

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

      Dans son nouveau rapport, Reporters sans frontières (RSF) révèle l’ampleur d’une nouvelle menace qui pèse sur les journalistes : […]

      Ce n'est pas une menace qui ne pèse que sur les journalistes, à vrai dire toute personne qui se positionne politiquement sur les réseaux sociaux est concernée.

      Cela fait depuis quelques années que les chercheurs en sciences politiques notamment s'intéressent à ce sujet et en 2015 j'avais pu lire un article qui m'avait fait découvrir le sujet. Les auteurs avaient identifié des signes tangibles d'organisation (les trolls d'aujourd'hui ne sont plus ceux que l'on pouvait trouver sur USENET en 95-2005!) mis en évidence leur rattachement à des groupes politiques (surtout des partis politiques plutôt que des États, mais dans la cas des régimes totalitaires ou fascistoïdes, la différence est mince). La question du financement et du supports logistique était également abordée…

      Bien évidemment je suis bien incapable de retrouver ce texte mais c'était du même genre que ce texte de Bradshaw et Howard, et même se contenter de lire le sommaire et les titres des références bibliographiques suffit à ce faire une idée de l'intensité et du professionnalisme dont font preuve ces nouveaux agents d'influence.

  • # Encore un exemple, encore plus proche

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

    https://linuxfr.org/news/gimp-2-10-4-on-garde-le-rythme (Jehan à propos de GIMP)

    « Pendant des années, on recevait énormément de critiques très virulentes et mauvaises. Et je dois dire que personnellement ce fut très dur de faire face à la méchanceté de certains. Ce n'est pas étonnant que la dépression guette beaucoup de développeurs de logiciels libres. Il m'est arrivé à plusieurs reprises de ne plus avoir la force de contribuer pendant plusieurs jours (et de me poser des questions sur pourquoi je faisais du Libre) après trop d'insultes reçues. »

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