Journal Des dérapages du piratage...

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22
avr.
2005
Un "rebond" de Bernard Spitz (curieusement orthographié Splitz) dans le Libé du jour est consacré aux "dérapages" des pratiques d'échange de musique en ligne.

C'est une tribune en trois points qui veut démonter les arguments des "pros" piratage.

1) Le piratage est bon pour la musique puisqu'il augmente la diffusion des oeuvres:

Spitz a beau jeu de rappeler les baisses des ventes suivies de licenciements qui touchent les maisons de disques même s'il reconnaît que tous les disques copiés/chargés n'auraient pas forcément été vendus.
Bien entendu, pas de trace de nuance dans l'analyse qui attribue clairement et complètement cette baisse des ventes au seul téléchargement illégal, occultant les autres facteurs explicatifs (émergence du DVD par ex.) et les effets contradictoires du P2P sur la consommation de disques (voir [1] http://linuxfr.org/~kurun/17623.html(...) ).
Il prend comme argument final le fait que la cour suprême américaine pourrait rendre condamnable le fait de créer un logiciel P2P (voir [2] http://linuxfr.org/~kurun/17624.html):(...) si c'est le cas, ce sera pour le bien commun ou parce que certaines compagnies font un lobbying forcené?...

2) Cette baisse des ventes ne touche que les grandes compagnies:

Spitz combat cet argument "Robin des Bois" en pointant les risques que ferait prendre à la création une "industrie sur la défensive" . Elle aurait ainsi naturellement tendance à se replier sur ses gros vendeurs au détriment des nouveautés. Ce comportement est effectivement avéré mais toujours d'après [1], il a commencé à apparaître avant le P2P.
Plus personnellement, l'emploi par l'auteur de la référence à "la réalité économique"
me hérisse: comme dirait je ne sais plus qui, l'économie est plus une théologie qu'une science et la notion de "réalité" préexistante et intangible est à mon humble avis très discutable.

3) Ce sont les producteurs qui sont touchés, pas les créateurs:

pour Spitz, tenir ce genre de discours c'est entrer dans un "modèle économique dangereux" où la musique serait financée par la pub, les sonneries de téléphone,...En prime, un petit coup de pied de l'âne:
Par quel retournement ironique les défenseurs de la liberté musicale en arrivent-ils à épouser les virages ultralibéraux qu'ils combattent ?
Cette fois encore, on peut rétorquer que ce genre de pratique (invasion de la pub pour équilibrer les financements) a cours depuis pas mal de temps, par exemple dans l'industrie du cinéma bien que celle-ci soit touché de façon plus marginale et en tout cas plus tardivee que l'industrie du disque (je me rappelle bien cette réplique de Clavier dans les Visiteurs "Il n'a qu'à prendre de la Juvamine!".)


La tribune se termine par une interrogation sur le devenir de la création face à ce mode (cette mode?) de consommation de musique mais aussi face à " l'excès de taxes, le manque d'accès aux médias, la faiblesse de l'enseignement musical, les retards de l'offre électronique légale".

Il est clair que l'auteur n'est pas un chaud partisan du téléchargement illégal ce qui l'entraîne à une présentation (selon moi) partiale de ses effets et des solutions à y apporter. Il est en revanche certain que le financement de la création se pose et que faire "l'apologie naïve de la gratuité " est assez inconséquent. Le fait de se servir gratuitement sur le Net est tellement rentré dans les moeurs que le fait de payer un disque ou un film est devenu presque incongru. Il serait peut être temps de réapprendre à payer ce que l'on écoute et regarde, à condition bien entendu de le payer à son juste prix.

La tribune: http://www.liberation.fr/imprimer.php?Article=291443(...)
Une bio de B. Spitz (en anglais) http://www.idate.org/jii04/bio04/spitz.htm(...)
  • # Qualité des produits...

    Posté par  . Évalué à 3.

    Il y a vraiment un autre phénomène qu'ils ne comprennent pas,
    c'est que les gens en ont marre de raquer 20 euros pour un CD, 7-8
    euros pour voir un film au ciné (et ne parlons même pas des prix des
    DVD), alors qu'on a strictement aucune garantie sur la qualité!

    Qui ne s'est jamais fait avoir à acheter un CD où sur les 15 pistes,
    on s'aperçoit qu'il y a 2 ou 3 chansons sympa et le reste est de la
    daube ? Qui n'a jamais payé le prix fort pour un DVD pour s'apercevoir
    après que le film était un navet de compétition ?

    Dernièrement j'ai été voir Braïce de Naïce au ciné, ben j'ai vraiment
    eu l'impression de m'être fait voler.
    • [^] # Re: Qualité des produits...

      Posté par  . Évalué à 10.

      Dernièrement j'ai été voir Braïce de Naïce au ciné, ben j'ai vraiment eu l'impression de m'être fait voler.

      Tu cherches un peu quand même...
      • [^] # Re: Qualité des produits...

        Posté par  . Évalué à 5.

        Comme pas mal de monde, j'ai vu Jean Dujardin dans "un gars, une
        fille", série que je trouvais sympa. J'avais aussi vu les sketches de
        Braïce qui circulent sur le Net.

        Je m'étais dit que ça pouvait donner qqch de relativement correct,
        mais je me suis trompé.

        Hormis cet exemple un peu poussé il est vrai ;) , je vais régulièrement
        au ciné et je suis quand même assez souvent déçu.
    • [^] # Re: Qualité des produits...

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

      Qui ne s'est jamais fait avoir à acheter un CD où sur les 15 pistes,
      on s'aperçoit qu'il y a 2 ou 3 chansons sympa et le reste est de la
      daube ?
      => Rarement, j'estime ca a même pas 5% de mes CD (entre 100 et 200)
      Qui n'a jamais payé le prix fort pour un DVD pour s'apercevoir
      après que le film était un navet de compétition ?
      => Moi, j'achete que les DVD des films que j'ai deja vue et que j'ai envie de revoir plus tard, bref ceux qui le merite (a mon avis). Mais je suis loin d'être DVDvore, j'prefere m'acheter des CD
      Dernièrement j'ai été voir Braïce de Naïce au ciné, ben j'ai vraiment eu l'impression de m'être fait voler.
      Moi ca m'a plus, d'un autre coter je savais à quoi m'attendre, les squetchs fondateur etant sur le site web du film. Bref peut etre pas un grand film mais un bon moment de divertissement (a mon gout), ca tombe bien c'est ce que je cherchait.
  • # Au risque de passer pour un con

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 0.

    C'est qui Benard Spitz ?

    Voyons, googlelisons un peu:

    "Bernard Spitz. Haut fonctionnaire français, spécialiste de l'économie des médias, auteur de La Morale à zéro : pour une reconquête civique, Seuil, Paris 1995."

    On trouve meme un peu plus complet, mais en anglais:

    "Bernard SPITZ is C.E.O and founder of BSC, a consulting company which provides key advice to international business leaders in the process of strategic decision-making on a wide range of areas including financial, legal, regulatory, technical, institutional and media, with a recognized expertise in information and communication technologies

    He graduated with a MBA from the ESSEC business school, the school of Political Science and Economics and the National School of Public Administration (ENA). A member of the Council of State (Conseil d?Etat), and of French anti-trust commission, he served from 1988 to 1991 as senior adviser to French Prime Minister Michel Rocard; and from 1999 to 2001 as Director of the French task force on the Internet and moderator of the French-German Forum on the Information Society to Dominique Strauss-Kahn, Minister of Finance.

    From 1992 to 1996 he was SeniorVice President for corporate affairs of Canal + and from 2000 to 2004 Head of Strategy for Europe of Vivendi Universal. He held responsibility in that post for monitoring the growth of the group business units in the media field, as well as identifying and developing VU?s strategic opportunities and public affairs.

    A former columnist for Le Monde, he contributes to various publications including Les Echos, Libération and l?Express. He is the author of several books including Etat d?Urgence (State of Emergency, with Roger Fauroux and various contributors including Tony Blair, Robert Laffont 2004), Notre Etat (Our State , Robert Laffont 2001), The Digital Revolution ( Fondation Saint Simon, 1999).

    He currently teaches Digital Communication Economics at the University of La Sorbonne in Paris."
  • # Une question en rapport

    Posté par  . Évalué à 4.

    On peut remarquer que les adeptes des logiciels libres sont en général assez pointilleux sur les questions de licences. Perso, j'utilise des softs libres et proprios, et je suis en ordre de licence pour tout, car il me paraît contradictoire d'exiger le respect scrupuleux des licences libres et de violer les autres licences. En ce sens, mais je généralise peut-être un peu vite, les utilisateurs de LL sont souvent plus sensibles aux questions de "propriété intellectuelle", et connaissent les diverses nuances de cette expression fourre-tout: droits d'auteur, copyrights, brevets, marques déposées,...

    Alors voilà: les oeuvres musicales sont couvertes par les droits d'auteur, tout comme les logiciels. Etre sensible à ces questions implique-t-il que les adeptes du libres soient moins tentés de télécharger de la musique illégalement? Autrement dit, l'éthique des "libristes" ("je respecte les licences") s'applique-t-elle aussi lorsqu'il s'agit d'oeuvres artistiques autres que libres?

    Je ne veux pas lâcher de troll, mais la question m'intéresse.

    <mavie>Perso, je n'ai jamais téléchargé de musique, j'achète mes CDs, etc. Ce n'est pas pour respecter la loi, mais c'est un principe perso (et je ne veux forcer personne à l'appliquer, bien sûr). Mais je fais des trucs illégaux, comme prêter des livres, des CDs ou des DVDs</mavie>
    • [^] # Re: Une question en rapport

      Posté par  . Évalué à 3.

      Mais je fais des trucs illégaux, comme prêter des livres, des CDs ou des DVDs

      Mais cela n'a rien d'illégal : c'est une utilisation "dans le cadre familial" (formule juridique consacrée)! À moins que tu ne fasse payer ces prêts, bien entendu.
      Il ne manquerait plus que d'être dans l'illégalité pour faire partager une œuvre que l'on apprécie!
      (Et pour répondre à la question, je ne télécharge pas non plus de musique ou de vidéo illégales sur internet).
      • [^] # Re: Une question en rapport

        Posté par  . Évalué à 2.

        Évidemment, ça n'a rien d'illégal: je voulais conclure en forme de clin d'oeil. Ceci dit, si la gestion des droits (DRM) se généralise et que les e-books remplacent les livres (mais je n'ose imaginer un tel cauchemar), on ne pourra même plus prêter une oeuvre (livre, CD, film): la personne à qui on la prête n'ayant pas la licence d'utilisation, il lui sera impossible d'en profiter sur son lecteur de contenu... (légalement du moins, car je ne doute pas qu'il y aura des DVD Jon sur le coup)

        Soyons vigilants !
      • [^] # Re: Une question en rapport

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

        "Mais je fais des trucs illégaux, comme prêter des livres, des CDs ou des DVDs"
        Mais cela n'a rien d'illégal : ...


        Et bien tu vas rire ('fin p'têt pas). J'ai lu dans le Metro [1] qu'il était interdit de graver des CDs (je savais) ...plein d'autres choses terroristes ... et interdit de prêter des CDs. Là, j'étais sur le cul [2].
        D'après le journal, je ne peux pas prêter un CD, donc un livre non plus donc un éplucheur à patattes [3] pour dépanner ma voisine non plus ... mais "Dans quel monde vit-on m'a p'tit dame ? "

        Parfois tout ça me fait peur ;-)

        PiT

        [1] Ma principale source d'information, c'est un quotidient gratuit distribué dans les gares et autres transports public belge
        http://freemetro.be/fr(...)
        Utilisateur : freemetro@mailinator.com
        Mot de passe : freemetro

        [2] Je me dis que vous m'autoriserez l'expression .. ;quoique je tiens des propos vulgaires et le fournisseur d'accès de linuxfr pourrais couper la connexion ... lisez donc la suite rapidement.

        [3] http://www.superchamois.com/dahook/peel1.jpg(...)
    • [^] # Re: Une question en rapport

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

      Perso je suis un repenti. Fini les conneries et c'est en effet en parti du a l'envie d'etre credible quand je veux defendre les licences libres. Je me vois mal precher le respet des licences sans les respecter moi même, et j'ai etendu a la musique, aux films...
      L'autre chose qui m'a poussé dans cette direction est que je ne veux plus apporter de l'eau au moulin de ceux qui sous pretexte d'abus (ou de ce qui y ressemble) prone une diminution de nos libertés.
      • [^] # Re: Une question en rapport

        Posté par  . Évalué à 3.

        Tout pareil pour moi
        (mais sans les fautes de français :p)
      • [^] # Re: Une question en rapport

        Posté par  . Évalué à 4.

        Moi de meme,
        Mais si j'ai changé de bord ce n'est pas parce besoin de credibilité.
        Mais parce que le modele proprietaire ne me convenait pas.

        Je dlais de la musique / des films parce que je n'y avait pas acces. Soit par manque d'argent, soit tout simplement parce que les oeuvres etaient indisponible dans la petite ville de province ou j'habitait.

        J'aimais l'info, je voyais mes potes faires mumuse avec photoshop et Qbase ou faire des sites avec Dreamweaver. Ca avait l'air fun, mais si je voulais le faire a mon tour de facon legal, je n'aurais jamais put me payer ses softs.

        Cote musical, je suis passé un peu par tout les styles, si a l'epoque de ma jeunesse, il etait facile de trouver dans les bacs des cds de nirvana ou perl jam, quand je me suis mis a ecouté de la zic goths, c'est uniquement par commande que je pouvait trouver du einsturzende neubauten, du project pichfork ou collection d'arnell-andrea.
        Puis lorsque, je me suis mis a ecouté de la musique electronique et bien je suis vite rendu compte que soulseek etait une bien belle ressource de groupe inconnu en france et que les Free-party, m'apportait plus en terme de divertissement que un concert au Zenith du coin (je ne parle pas de drogue, mais je parle de faire la fete en plein air dans un esprit de convivialité et dans sur site generalement plus qu'agreable, ahh les levés de soleils sur la mer au petit matin apres une bonne longue nuit).

        Depuis les projets libres se sont multipliés et je me suis mis a gagner de l'argent (Waouh !), resultat je me suis tourné vers des softs open-source d'abord Freebsd puis Gnu/Linux et puis j'ai remplacé photoshop par Gimp, Dreamwaver par emacs puis bluefish, etc...
        Niveau musicale, je m'interresse de plus en plus a de petits groupes, j'ai decouvert qu'autour de moi, plein de gens produisaient de facon artisanale de tres bons albums, que dans le milieu HxC, les albums auto-produit coutait 6e, et pour le reste je commande directement sur le net aux petits labels (dont certain sont devenu grand). Un album d'anticon a 14$ ou d'antifolk a 12$ et meme si des label comme rephlex sont plus cher, je sais que ce sont des labels d'artistes et que l'argent va quazi directement a l'artiste.

        Bref, mes pratiques ont evolués, parce que mon environnement a evolué. Si l'on ne met pas a disposition ce que veulent les gens et bien ils les prennent de force et se mettent hors-la-loi, mais si on leur offre ce qu'ils veulent le probleme disparait.

        Les maisons de disque se refugie derriere le coté antisocial du l'image du pirate, en oubliant que les pirates sont simplement leurs clients qui ne collent plus a leur modele de vente. Au lieu de se remette en question (ce qui est quand meme une logique liberaliste, que le meilleur l'emporte, en l'occurence les logiciels libres et le p2p), ils trouvent de bien beau bouc emissaire.
    • [^] # Re: Une question en rapport

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 0.

      Personnellement je continut de telecharger... Mais avec un respect quand meme. C'est a dire que le p2p a remplacer cher moi les borne d'ecoute des magasins.

      Je n'ai plus le temps d'aller chez mon discaire pour discuter deux heures avec lui des derniere nouveautee et ecouter les album qui m'interessent avant de les acheter. Donc je telecharge, j'ecoute un peu, si ca me plait, je l'achete des que je passe pres de la boutique (j,y passe au minmum tous les quinze jours), si ca ne me plait pas je vire.

      Une fois que j'ai acheter un cd, je le rip vite fais pour le mettre sur le baladeur, et j'en fais une copie pour la voiture.

      Personnellement le p2p a fais augementer mon budget cd, car le temps je dispose de plus de temps chez moi ou au boulau pour decouvrir de nouvaeu groupes et styles de musique.

      Mais par contre j'ai l'avantage d'avoir les moyens d'acheter mes cds, et honnetement, si ce n'etait pas le cas, je ne sais pas ce que je ferais.
  • # Du délire...

    Posté par  . Évalué à 4.

    Sur l'argument chiffre d'affaire en baisse car téléchargement des mp3 :
    Quelle autre industrie irait inventer, je dis bien inventer, une perte de chiffre d'affaire ?

    Exemples ;

    - Les propriétaires de plages et/ou complexes aquatiques pourraient attaquer les vendeurs de piscines privées
    - les constructeurs automobiles pourraient attaquer les vendeurs de vélo ou de tramways

    etc. ...

    C'est vraiment l'aspect le plus étrange de cet argumentaire des gros portefeuilles mondiaux de la musique...

    ça me fait penser aux soldes ou aux pubs qui mettent en avant des économies (ne pas acheter c'est encore la méthode la plus sûre pour ne pas dépenser !).
  • # Tiens ?

    Posté par  . Évalué à -1.

    "Plus personnellement, l'emploi par l'auteur de la référence à "la réalité économique"
    me hérisse: comme dirait je ne sais plus qui, l'économie est plus une théologie qu'une science et la notion de "réalité" préexistante et intangible est à mon humble avis très discutable."


    Idée interessante. Mais l'économie est une science. La preuve, on a fait des expériences avec elle pendant 70 ans en Russie. Quelque soit leurs résultats, puisqu'on peut tester, c'est donc que c'est scientifique.
    Certes, Marx est effectivement théologique. Son idéologie est reprise du christianisme. Mais Marx n'est pas toute l'économie. A dire vrai il n'est même pas l'économie du tout (cf ci-dessu).

    Quand à la réalité, j'ai du mal à voir ou tu veux en venir; a nier la réalité ? Les lois ? La nature humaine ?

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