Journal entrevue avec M. Rocard

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8
mar.
2005
Ce matin sur Yahoo, une entrevue de Michel Rocard sur les brevets logiciels par la rédaction de 01.net.

Des propos exposants clairement sa position anti-brevets et le contexte mondial et européen de la discussion. Des propos également mesurés dans lesquels il ne prend parti ni pour les grands éditeurs ni pour les partisans du logiciel libre ("nous ne défendons aucune de ces deux causes").

En résumé, ne peut être brévetté que les logiciels " dont la mise au point a nécessité une consommation d"énergie, de matière, ou un usage industriel" et pas ceux "dont la production est à coût nul (un papier, un crayon, une vraie cervelle mathématique)".
Personnellement, je vois un problème dans cette distinction: "une cervelle mathématique" ça se paie aussi et ça a donc un coût non nul. J'imagine que les pro-brevets vont mettre en avant la masse salariale de leurs équipes de chercheurs.


La nouvelle: http://fr.news.yahoo.com/050307/44/4b3dq.html(...)
  • # Coût nul

    Posté par  . Évalué à 6.

    Michel Rocard parle du coût de production du produit manufacturé individuel, pas du coup de sa conception. Produire une voiture ou un frein avec ABS a un coup. Une fois que la démonstration du dernier théorème de Fermat est faite, en propager la preuve n'en a pas. Pourtant ca a eu un coup, un homme a consacré sa vie à ca (et plein d'autres avant lui ont essayé, donc ça a un coup). Une fois que Microsoft Longhorn sort en 2009, le diffuser de proche en proche ne couterait rien si c'était autorisé (un CD à 2 FF).

    Par conséquent, la cervelle mathématique, les idées et les logiciels ne font pas partie du domaine de la technique, et ne sont donc pas brevetables.
    • [^] # Re: Coût nul

      Posté par  . Évalué à 3.

      Je me fais un peu l'avocat du diable parce que ce point m'a fait tiquer: d'un côté il parle de "mise au point" qui nécessite de l'énergie,etc et de l'autre de production, ce qui est effectivement différent. Comme tu le dis, la "mise au point " du théorème de Fermat a consommé des ressources humaines (et informatiques=coût des machines, de leur fonctionnement, entretien...) alors que sa diffusion pas.
      Pour que la distinction entre ce qui est brévettable ou ce qui ne l'est pas soit inattaquable, il faudrait comparer les mêmes choses (autant que faire se peut) comme par exemple le coût total (mise au point,conception+production). Dans le cas contraire, je crains que cette distinction soit très sensible aux attaques des pro-brevets.
      • [^] # Re: Coût nul

        Posté par  . Évalué à 5.

        La différence me paraît très clair :
        puis-je produire le produit manufacturé dans ma chambre (auquel cas c'est du domaine de la technique ?)
        - NON pour un médicament contre le cancer,
        NON pour une voiture de course
        NON pour pour un frein ABS dernier cri.
        NON pour une machine à laver "intelligente"
        Celà nécessite de mobiliser les forces de la natures au-delà de mes capacités, usines, ouvriers et les syndicats CGT qui vont avec, ...

        En revanche :
        - Je peux lire, comprendre et recopier la démonstration du théorème de Fermat (pour être honnête, j'ai été largué très rapidement)
        - Je peux chantonner un air de Brassens, ou le jouer sur mon piano
        - Je peux spammer tout mon carnet d'adresses avec un sonnet de du Bellay
        - Je peux faire des copies pirates de Office et inonder avec mon école ou mes amis.
        L'important ici est que l'oeuvre (et non les secrets de production, inexistants, il suffit de lire attentivement l'oeuvre pour les découvrir) est celle d'un auteur, et il faut se conformer à ses désirs pour la diffusion. Techniquement, rien n'empêche une diffusion totale et à peu de coups de l'oeuvre, donc si c'est le souhait de l'auteur, l'oeuvre DOIT pouvoir être diffusée librement. L'auteur peut aussi souhaiter la restreindre pour créer de la rareté, dans ce cas il n'y a pas à discuter, donc je ne diffuse pas Office. Le droit d'auteur satisfait ces deux conditions, pas les brevets.
        • [^] # Re: Coût nul

          Posté par  . Évalué à 5.

          s/coups/coûts/
          Si les gens trouvent mes commentaires assomants, je n'ai qu'à m'en prendre à moi-même ;-)
        • [^] # Re: Coût nul

          Posté par  . Évalué à 4.

          Si je te suis, tu places la différence sur le plan de la qualité du produit (manufacturé/"cérébrofacturé") et sur celui de sa production/mise au point (coopérative/solitaire).
          C'est sur ce dernier point justement que la différence ne me paraît pas évidente: je suppose que la production/mise au point d'Office a nécessité une équipe de programmeurs d'où un coût (salaires, bureaux et tout ce qui va avec) pour produire des algorithmes. Ne peut-on pas faire le parallèle avec un bureau d'étude de chez Renault qui met au point des "astuces" mécaniques et informatiques pour faire un système ABS performant? Les brevets sur ce système de freins sont aussi des idées pour lesquelles on doit payer si on veut les réutiliser/diffuser, et un pro-brevet pourra avancer le même argument pour justifier le paiement de royalties si tu veux utiliser un algorithme.
          La seul différence alors serait que dans un cas tu produis un objet tangible tandis que dans l'autre c'est un logiciel impalpable.
          C'est ce point qui n'est pas très clair dans ma tête même si intuitivement je suis contre les brevets logiciels. Bon, d'un autre côté, je n'ai même pas essayé de lire la démonstration du théorème de Fermat ;-)
          • [^] # Re: Coût nul

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

            La différence c'est aujourd'hui pour dupliquer un produit Office (le produit final, pas la création du logiciel) c'est un cout quasi nul (pour le particulier comme pour le créateur (MS en l'occurence)), alors que dupliquer la dernière voiture de chez Peugeot cela nécessite un atelier, des compétences, des chaines de production, de la matière première (plastiques, acier, aluminium, ...)

            De même créer un médicament (le cachet pas la formule !!) a un cout ...

            Jérôme
            • [^] # Re: Coût nul

              Posté par  . Évalué à 3.

              D'accord, je commence à mieux comprendre où se situe la différence.
              Donc on pourrait dire qu'une industrie pharmaceutique a besoin de protéger ses formules parce que la concurrence pourrait mettre en péril sa chaîne de production qui lui coûte des sous, alors que ceux qui ont brévetté l'achat sur un Internet par un clic de souris ne subiront pas de préjudice si leur concurrent utilise cette idée et que donc le droit d'auteur peut suffire à rémunérer cette idée. (quoique qu'on pourrait dire que ça permettrait au concurrent de se placer au même niveau de performances et donc de lui piquer des parts de marché)
              En tout cas, merci pour ces éclaircissements.
    • [^] # Re: Coût nul

      Posté par  . Évalué à 2.

      Il m'est apparu d'un coût que le coup des produits manufacturés nous as porté un sacré cou. De toute façon ca nous pendait au coup

      Sans rancoune
      ---->[]
  • # Merci de ne pas lui prêter des propos qu'il n'a pas tenus

    Posté par  . Évalué à 7.

    > Des propos exposants clairement sa position anti-brevets

    Il n'est pas anti-brevets mais anti-brevets logiciel.

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