Un dossier publié sur le site de l'AFUL fait une analyse assez détaillée et montre que le "business model" du logiciel libre est beaucoup plus complexe que le modèle de production traditionnel. Il fait appel à de nombreuses contributions qui s'additionnent de façon variable au cours de la vie d'un projet et d'un projet à l'autre. Le dossier explique aussi comment financer le développement d'un logiciel libre.
Nos économistes ont donc du travail à faire pour appréhender ce modèle complexe et évolutif, issu d'une heuristique et non d'un dogme. Il faudra qu'il soit pris en compte dans les écoles d'économie et par nos élus qui ignorent pour la plupart que cette mutation importante de la société se passe sous leurs yeux.
Les auteurs de ce dossier sont Marc-Aurèle Darche, Laurent Séguin, Stefane Fermigier, François Elie, Roberto Di Cosmo et Guillaume Meister. Le dossier comporte des références bibliographiques dont celle de Bruce Perens comportant elle-même de très nombreuses autres références. Bref, un dossier à mettre entre toutes les mains des entrepreneurs, des décideurs de nos élus et des candidats aux prochaines élections.
Aller plus loin
- Modèles économiques liés aux logiciels libres (173 clics)
- Étude de Bruce Perens (11 clics)
# Résultats
Posté par Sébastien B. . Évalué à 7.
# .
Posté par snt . Évalué à 8.
>le modèle de production traditionnel. Il fait appel à de nombreuses
>contributions
Mieux que la defiscalisation des heures supplémentaires : "l'appel à contributions", ou pourquoi payer un employé sans cotiser pour sa retraite quand on peut simplement ne pas le payer du tout !
[^] # Re: .
Posté par Christophe Morvan (site web personnel) . Évalué à 10.
Analyse très pertinente.
Mais il faut remarquer que de nombreux contributeurs sont des employés d'autres entreprises !
Par ailleurs le versement d'un salaire n'est pas le seul façon de rétribuer quelqu'un.
Le contributeur d'un logiciel libre peut avoir une multitude de raisons pour participer. A lui d'évaluer si le jeu en vaut la chandelle.
A ma connaissance personne n'a jamais été contraint de travailler gratuitement sur un logiciel libre.
[^] # Re: .
Posté par eastwind☯ . Évalué à 2.
sinon s'il contribue sur son temps de travaille , c'est qu'il bosse surement avec une boite en rapport avec le libre de près ou de loin ..
donc il est payé
[^] # Re: Libre n'est pas gratuit
Posté par Pierre Jarillon (site web personnel) . Évalué à 10.
Ce qui revient à dire que c'est le travail qui doit être payé, pas une rente.
Si aucun système de régulation n'intervient, les plus riches sont seuls en mesure d'acquérir d'autres sources de revenus et le système évolue comme au jeu de Monopoly où la gagnant possède tout... et le jeu s'arrête.
Dans la vraie vie, le jeu s'arrête par une révolte qui peut être sanglante comme le fut la révolution française (le féodalisme correspond au même schéma).
Il ne s'agit pas de s'opposer à la propriété qui est une chose naturelle : l'oiseau défend son nid et le chien défend son os ! Mais d'éviter les dérives qui conduisent au féodalisme et aux iniquités.
La "propriété intellectuelle" n'est pas de même nature que la propriété du matériel. Aussi les lois qui les régissent ne peuvent pas être identiques. Tant que les biens immatériels ne pouvaient être transmis que sur des supports matériels (livres, bandes magnétiques, disques, films, partitions, disquettes,...), le problème ne s'est pas vraiment posé. Internet a permis de supprimer ce passage obligatoire. C'est là que le problème du nouveau modèle économique s'est posé avec acuité.
[^] # Re: Libre n'est pas gratuit
Posté par yoplait . Évalué à 10.
L'appropriation est un sentiment naturel, c'est vrai. Mais en tant que tel, il n'est ni bien, ni mal. La convoitise est également un sentiment naturel qui se retrouve chez les animaux.
La vraie question est : est-ce que la propriété l'est, naturelle ? C'est une question complexe qu'il ne s'agit pas de balayer d'un revers de tournure de phrase. Le dogme ambiant du libéralisme fait qu'on ne se pose plus de question à ce sujet.
Le problème est que la question fait peur. Remettez en cause la propriété en tant que droit naturel, et tout interlocuteur se voit déjà se faire aggresser par des théories collectivistes. C'est faux. On peut très bien décider que la propriété est une chose nécessaire à établir, même si elle n'est pas naturelle. La différence est que l'on n'est plus borné par le dogme libéral, et l'on peut donner des limites à la propriété si c'est pour le bien de la société. Dans le cadre axiomatique du libéralisme, on ne peut rien faire, car c'est le déroulement de la nature. Peu importe que des hommes amassent du capital à en devenir plus riche qu'un pays, ou que des promoteurs immobiliers laissent des immeubles à l'abandon plutôt que d'en faire du logement afin de garder les prix hauts.
Bref, briser les axiomes de la propriété, faire du libéralisme un moyen et non plus une fin, c'est le plus grand enjeu du XXIe siècle, àmha.
[^] # Re: Libre n'est pas gratuit
Posté par gde . Évalué à 1.
L'oiseau défend son nid car sans son nid, il vivra des conditions plus difficile, non pas parcequ'il a une conception innée de la propriété... un peu comme un salarié qui défendra son emploi si on essai de la virer.
dans tout les cas, les critiques de la propriété s'attaque à la "grande" propriété et l'emploi qu'on puisse en faire comme employer des gens pour exploiter la propriété (tu ne trouvera pas un oiseau ordonnant d'autre oiseaux d'aménager son nid)... les petits trucs de la vie de tout les jours ne sont pas concernés : t'as montre, t'es chaussures, t'as maison,etc.
[^] # Re: .
Posté par Éric (site web personnel) . Évalué à 3.
Et c'est un problème pour nos sociétés. Ou plutôt ça deviendra un problème si les modèles de développement de logiciel libre deviennent non négligeables.
Nos sociétés sont basés sur un fonctionnement travail/rétribution en monnaie. Quand le salaire est accompagné d'avantages en nature ils doivent être décomptés avec le salaire pour les cotisations et les impots.
Un retour sur travail qui est difficilement quantifiable et qui n'est pas basé sur une notion de retour en monnaie posera problème du fait que ça échappe à l'impot et aux cotisations, qui sont souhaitables et indispensables.
Toute notre société est basée sur les échanges à base d'argent et fonctionne ainsi. Si les échanges d'autres nature interviennent trop fortement, il va falloir les prendre en compte et donc réformer notre société. Ca parait des grands mots mais c'est loin d'être neutre quand on parle d'échange de travail, qui est à l'origine de la plupart de nos cotisations (ou sur le montant des cotisations).
[^] # Re: .
Posté par Antoine . Évalué à 5.
Mais avant de prendre en compte les rétributions non-monétaires il faudrait déjà penser à rééquilibrer la fiscalité entre revenus du travail et revenus du capital. Un chantier beaucoup plus pressant, avec des enjeux beaucoup plus importants.
[^] # Re: .
Posté par wistiti67 . Évalué à 3.
_Ceux qui travaillent sans rien gagner et
_Ceux qui gagnent sans rien travailler
;-)
[^] # Re: .
Posté par Sylvain Sauvage . Évalué à 2.
— ceux qui travaillent, gagnent et ne paient rien ;
— et ceux qui ne travaillent pas beaucoup, ne gagnent rien et paient quand même…
[^] # Re: .
Posté par eastwind☯ . Évalué à 4.
Mais contribuer à un logiciel c'est pouvoir voir sa contribution se multiplier par beaucoup de personnes (utilisateurs , autre developpeur etc... ) . Toute personne téléchargeant , utilisant le logiciel libre cité ..
Mais le contribuable au sens fiscale , ne voit pas son argent multiplier par autant de personnes qui souhaite en profiter ... ou bien cela s'appelle un faux-monnaieur
[^] # Re: ne pas le payer du tout
Posté par ZeroHeure . Évalué à 5.
"La liberté est à l'homme ce que les ailes sont à l'oiseau" Jean-Pierre Rosnay
[^] # Re: .
Posté par wistiti67 . Évalué à 8.
Il en a dégagé 9 de réellement viables et je pense que cet étude est toujours d'actualité:
http://www.linuxfr-france.org.invalid/article/these/magic-cauldron/mag(...)
Pour répondre au problème que tu soulève, je crois que c'est dans cette étude où E. Raymond affirme qu'en fait bien peu de d'informaticiens travaille effectivement dans le développement de pur de logiciels commerciaux.
A chacune de ces conférences, il demandait à son public de lever la main toute les personnes qui était dans ce cas. Et une très petite minorité le faisait. La même constatation ce faisait si on regardait dans les petites annonces.
En fait selon lui seul un développeur sur 10 travaille réellement dans le développement de logiciels commerciaux et si du jours au lendemains la totalité des logiciels ouvraient leur source, ils n'y aurait pas de chaumage massif chez les développeur car la pluspart d'entre eux travaille dans des dommaines anexes comme la maintenance, l'administration ou l'adaptation de logiciels pour les besoin spécifiques de leur entreprises. (pour ça vous pouvez toujours attendre que la communauté le fasse pour vous ;-) à votre place)
Donc même en confiant le développement d'un logiciels à la communauté, les entreprises ne pourront jamais se passer de leurs informaticiens.
[^] # Re: .
Posté par wistiti67 . Évalué à 7.
"[...]
C'est ce qu'on appelle la « maintenance », et tout ingénieur ou analyste vous dira que c'est ce qui constitue la plus grosse partie (plus de 75 %) de la paye des programmeurs. Nous sommes d'accord pour dire que la plupart des heures des programmeurs sont employées (et d'ailleurs, les programmeurs salariés sont payés pour cela) à écrire ou maintenir du code interne qui n'a aucune valeur en termes de vente ou d'achat — un fait que le lecteur pourra constater facilement dans en consultant la liste des offres d'emplois pour programmeurs dans les petites annonces.
Parcourir les offres d'emplois du journal local est une expérience enrichissante que je presse le lecteur d'effectuer. Examinez les offres contenues dans la section programmation, traitement des données, et ingénierie du logiciel, et trouvez celles qui concernent le développement d'un logiciel. Répartissez-les en catégories suivant que ce logiciel est destiné à la vente ou à l'utilisation en interne.
Il deviendra rapidement clair que, même en donnant la définition la plus inclusive possible de « vente », dix-neuf offres sur vingt au moins concernent des logiciels développés dans le seul but d'être utilisés en interne (c'est-à-dire, en tant que biens intermédiaires). Ceci est la raison pour laquelle nous pensons que seulement 5 % de l'industrie se consacre à la vente. Remarquez, cependant, que la suite de l'analyse n'est pas étroitement liée à cette proportion ; si elle valait 15 % ou même 20 %, les conséquences économiques seraient les mêmes.
(Quand je donne une conférence sur le sujet, je commence mon discours en posant deux questions : combien de personnes dans l'audience sont payées pour écrire du logiciel et pour combien d'entre ces dernières le salaire est lié à la vente de leur logiciel. Généralement, une forêt de mains se dresse à la première question, et très peu ou pas du tout pour la deuxième, ce qui provoque toujours une grande surprise dans l'assistance.)
[...]
Ces propos commencent à nous faire pressentir pourquoi le logiciel à source ouvert est un défi de plus en plus important, tant du point de vue technique que du point de vue économique, par rapport à l'ordre établi. L'effet de faire du logiciel « libre et gratuit », semble-t-il, est de nous forcer à nous situer dans un monde ou le service serait tout puissant — et d'exposer la faiblesse du support en lequel nous avons toujours cru — le prix d'acquisition des bits des logiciels à sources fermés.
Le mot « libre » est également trompeur pour une autre raison. Baisser le prix d'un bien tend à augmenter, et non pas à faire baisser, l'investissement total dans l'infrastructure qui le soutient. Quand le prix des voitures baisse, les mécaniciens automobiles sont plus prisés — c'est pourquoi il est peu probable que les 5 % de programmeurs qui sont aujourd'hui financés par le prix d'acquisition ne souffrent dans un monde à sources ouverts. Ceux qui perdront au change ne seront pas les programmeurs, mais les investisseurs qui ont parié sur des stratégies à sources fermés là où elles ne sont pas appropriées.
[...]"
[^] # Re: .
Posté par Pierre Jarillon (site web personnel) . Évalué à 4.
On peut estimer que pour les logiciels vendus selon le modèle propriétaire, la part qui sert à financer le développement ne dépasse généralement pas 1% du prix de vente. Le reste est constitué par la chaîne commerciale.
Dans le cas d'un logiciel pour PME, imaginons un VRP qui vend un logiciel tous les deux jours ouvrables (c'est un bon !), il coûtera 1500¤ à chacun des clients. Le logiciel libre permet de réduire le coût de la commercialisation et le fait souvent tendre vers zéro.
Irix a été abandonné au profit de Linux, AIX et HP-UX sont en sursis et près de la fin de leur support. Leur modèle de développement n'était plus rentable. La GPL assure à IBM et à HP qui participent au développement de Linux que personne ne pourra leur faire un mauvais coup.
Cela n'aurait même pas été pensable avec les anciens modèles économiques !
[^] # Re: .
Posté par pasBill pasGates . Évalué à 5.
Et t'as quoi comme elements pour justifier cette anerie ?
Dans le cas d'un logiciel pour PME, imaginons un VRP qui vend un logiciel tous les deux jours ouvrables (c'est un bon !), il coûtera 1500¤ à chacun des clients. Le logiciel libre permet de réduire le coût de la commercialisation et le fait souvent tendre vers zéro.
Ben oui tiens, avec les LL il n'y a jamais besoin de convaincre les gens c'est connu. Les SSII du libre n'ont personne pour demarcher les clients et leur montrer que Linux c'est plus mieux que Windows.
[^] # Re: .
Posté par pasBill pasGates . Évalué à 2.
Ce gars a retourne sa veste tellement de fois que je ne lui ferais pas confiance meme si il me disait que 2 et 2 font 4.
[^] # Re: .
Posté par Sébastien B. . Évalué à 3.
[^] # Re: .
Posté par wistiti67 . Évalué à 2.
Mais d'après ce que j'en ai compris E. Raymond c'est un peu le RMS de l'Open Source. Et le mouvement Open Source et celui du Free Software ne sont pas à mélangé. Ils ne s'entend(ai?)ent pas trop je crois.
Alors de là à dire que c'est un grand apôtre du Libre...
D'ailleurs même dans ses autres thèses, E. Raymond disait ce n'est pas toujours avantageux d'ouvrir les sources. Il y a des fois où c'est intéressant pour l'entreprise et il faut foncé, et d'autre fois où l'entreprise n'en a rien à tirer et donc s'abstenir.
RMS a une vision idéologique du code alors que ER en a une économique. Voilà pourquoi je donne du crédit à son analyse.
Pour autant je ne sais pas ce qui s'est passé avec VA Linux.
Si t'as des liens ça m'intéresserait beaucoup.
En cherchant j'ai vu que c'est l'éditeur de SourceForge et de Freshmeat, et j'était tombé une fois sur un article de la FSF qui mettait en garde contre S-F disant qu'ils étaient en train de retourner leur veste en utilisant des outils proprio. Mais l'article date de 2000. Je sais pas ce qui l'en est aujourd'hui.
Si quelqu'un en sait plus ça m'interesserais beaucoup.
[^] # Re: .
Posté par gde . Évalué à 6.
et faut pas oublié non plus toutes les déclarations racistes et les appels de croisades par l'occident pour civiliser le proche-orient : http://en.wikipedia.org/wiki/Eric_S._Raymond#Opinions_on_tec(...)
je n'ai jamais eu confiance à ce libertarien louche, et je ne comprend pas pourquoi on continue de parler de lui comme un grand gourou. Sérieux, autant je lui suis reconnaissant pour fetchmail et gpsd et ces autres travaux, pour le reste je mets mes distances avec ce personnage.
[^] # Re: .
Posté par larry1 . Évalué à 1.
Rien à voir, mais lorsque je l'ai vu il m'a bien semblé qu'il louchait. Je sais c'est vil.
# Tu vois cette colline là-bas... ?
Posté par ercete . Évalué à 5.
Je n'ai pas de formation en économie, mais j'ai fait un DUT Informatique & Gestion qui traite pas mal du sujet, lorsque j'ai essayé de comprendre le fonctionnement de l'économie du logiciel libre : je n'avais aucun repère !
C'est pas vraiment facile de proposer ses services à une structure dont vous ignorez le fonctionnement tandis que celle d'à côté vous a été enseignée (rabachée ?).
# Question de forme
Posté par Olivier Faurax (site web personnel) . Évalué à 3.
Là, il y a 3 pages, donc faire "Précédent" et passer au lien suivant, ça passe, mais je le ferai pas pour 15 pages....
[^] # Re: Question de forme
Posté par Antoine Beck . Évalué à 5.
/o\ patapai
[^] # Re: Question de forme
Posté par jmny . Évalué à 3.
[^] # Re: Question de forme
Posté par Christophe Morvan (site web personnel) . Évalué à 4.
# ...
Posté par Sylvain Sauvage . Évalué à 8.
Un économiste, c’est un expert qui saura demain pourquoi ce qu’il a prédit hier ne s’est pas produit aujourd’hui.
Ou, mieux :
Horngren's Observation: Among economists, the real world is often a special case.
# Une vision bisounours du libre...
Posté par larry1 . Évalué à 4.
Dans la première (desktop, application bureautique/Internet), le libre peut évoluer car des sociétés de l'économie traditionnelle injectent de l'argent et/ou impliquent des développeurs. C'est le cas de Linux, KDE, Gnome, Mozilla, OpenOffice. Sans ces soutiens, il n'y aurait pas grand chose d'aboutis.
Pour ce qui est des projets d'applications de second plan, les choses sont plus contrastées, la qualité et l'aboutissement des logiciels est beaucoup plus aléatoire et en général c'est plutôt la galère. Il y a des domaines qui n'intéressent que difficilement: dispositifs pour mal voyant (là encore les choses semblent cependant progresser car des entreprises y injectent de l'argent afin de rendre le desktop linux compatible avec les législations), éducatif, multimédia.
Pour ce qui est de l'informatique pour entreprise, on a les sociétés de services du libre qui font du déploiement ou du développement à façon, à partir de logiciels libres. Là je pense que pas mal de choses passent au dessus de la tête de la communauté car le prestataire à seule obligation de fournir les sources au client/commanditaire et non à la communauté.
En ce qui concerne les modèles économiques, invoquer le bénévolat, le mécénat, le dons est plutôt léger voire limite insultant pour ceux qui effectivement développent dans cette optique car sauf erreur de ma part il n'y a pas d'échanges sous ces formes, donc pas de modèle économique.
Souligner la dimension sociale du logiciel libre et son fondement philosophique permet d'expliquer plus simplement un certain nombre des choses: des projets de logiciels à la marge, sans valeur marchande, aux qualités variables, sans contraintes de délais, résultats, qualités. Et de l'autre côté des entreprises qui ont su tirer avantage du libre.
La question du modèle du libre est effectivement très importante et loin d'être triviale. Mais elle ne peut être traitée uniquement du point de vue d'un modèle économique qui lui serait spécifique. Pas sûr d'ailleurs qu'un tel modèle spécifique existe.
[^] # Re: Une vision bisounours du libre...
Posté par Pierre Jarillon (site web personnel) . Évalué à 2.
Le dossier explique bien en préambule et en conclusion que le modèle économique du logiciel libre n'est pas simple mais composé de plusieurs modèles simultanés qui s'additionnent en proportions variables selon les projets et dans le temps. On ne peut donc le faire entrer dans une seule case comme on le faisait avec les modèles économiques des siècles passés.
Pour beaucoup de personnes, le modèle économique du logiciel libre est encore une chose impossible, incroyable, inexistante ou une utopie.
Le dossier de l'AFUL a au moins le mérite de faire comprendre comment le logiciel libre s'insère dans notre économie de façon durable.
[^] # Re: Une vision bisounours du libre...
Posté par larry1 . Évalué à 2.
Le libre s'appuie largement sur l'économie capitaliste. D'ailleurs il est fort probable que dans une économie communiste, le logiciel libre n'aurait pas prospéré car la richesse créée à partir du libre l'a bien été grâce aux profits dégagés, qui à leur tour permettait d'améliorer le libre, et ainsi de suite pour la boucle vertueuse.
Tout semble plutôt montrer que le modèle du libre est celui de l'économie libérale: respect de la propriété intellectuelle et vente de marchandise (services ou autres bidules).
[^] # Re: Une vision bisounours du libre...
Posté par BAud (site web personnel) . Évalué à 2.
[^] # Re: Une vision bisounours du libre...
Posté par Pierre Jarillon (site web personnel) . Évalué à 3.
Je pense que le logiciel libre devrait aussi être financé par la taxe sur les supports numériques. Je pense qu'il faudrait en demander la moitié.
Je verrais bien une fédération française des logiciels libres coiffant une commission chargée de répartir la manne.
[^] # Re: Une vision bisounours du libre...
Posté par larry1 . Évalué à 3.
Enlever cette taxe anti-libérale sur les supports numériques serait encore mieux que de se répartir la manne. Et après, imagine l'ambiance pour se partager le gâteau, ça me fait flipper d'avance.
[^] # Re: Une vision bisounours du libre...
Posté par Antoine . Évalué à 2.
Oui, vu l'a-structuration des communautés du libre, on voit mal comment une "commission" pourrait se proclamer légitime pour une distribution financière aux projets libres.
[^] # Commentaire supprimé
Posté par Anonyme . Évalué à 2.
Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.
[^] # Re: Une vision bisounours du libre...
Posté par Anonyme . Évalué à 5.
Pour de domaine que je connais, la carto, la plupart des projets son principalement écrit par des employés d'entreprise, consultants indépendants, universitaires et quelques rares contributeurs indépendants intéressé par la carto.
Certes ca bouge moins que desktop, mais on ne peut pas dire que les entreprises ne mettent pas du leur, et ce dans un domaine "professionnel".
D'autre part, les contributeurs son plus enclins a travailler sur des projet qui ont la plus grosse visibilité, et donc, le desktop. Et pour moi c'est la principale raison pour laquelle le desktop bouge beaucoup, et certainement pas uniquement parce que SuSE/RedHat/canonical/qui-vous-voulez y met du sien, même si effectivement ca joue pas mal. (il y a certes l'exception openoffice, grosse exception, mais exception quand même)
Pour ce qui est de l'informatique pour entreprise, on a les sociétés de services du libre qui font du déploiement ou du développement à façon, à partir de logiciels libres. Là je pense que pas mal de choses passent au dessus de la tête de la communauté car le prestataire à seule obligation de fournir les sources au client/commanditaire et non à la communauté.
Certes c'est indéniable ... mais je pense que tous ces gens rendent un grand service aussi : leurs tests, bug reports ou patchs son sans doutes très précieux - même s'il faut admettre que la majorité ne doit pas en faire. Après il ne faut pas oublier que les gens qui ont du talent passe souvent du status SSII vers de l'édition de logiciel, ou ils seront beaucoup plus impliqué dans la qualité du code libre qu'ils utilisent. Ils sont souvent amenés a contribuer et si ma foi la contre partie est qu'ils gardent certains de leur bout de code propriétaire, soit ! c'est un bon compromis gagnant/gagnant.
En ce qui concerne les modèles économiques, invoquer le bénévolat, le mécénat, le dons est plutôt léger voire limite insultant pour ceux qui effectivement développent dans cette optique car sauf erreur de ma part il n'y a pas d'échanges sous ces formes, donc pas de modèle économique.
Je pense que l'auteur avait une vision plus "socio-économique" que économique pure. C'est a dire que l'idée n'est pas forcément d'en vivre, mais juste de préciser c'est un des moyens de gagner un peu de sous. Moi ca ne m'a pas choqué, j'ai même trouvé ca bien : ca réintroduit la philosophie du libre là ou comme tu le dis, on en parle pas, en parlant du fait que tout le monde ne fait pas du libre pour gagner ca croute.
La question du modèle du libre est effectivement très importante et loin d'être triviale. Mais elle ne peut être traitée uniquement du point de vue d'un modèle économique qui lui serait spécifique. Pas sûr d'ailleurs qu'un tel modèle spécifique existe.
L'économie est une discipline d'analyse, pas de construction ... bien sûr qu'il y a un modèle économique global pour le libre puisque des gens en vivent, tout comme un modèle existe pour le reste de l'économie, le problème est toujours le même : le définir/formaliser correctement.
Et il est plus complexe qu'un modèle traditionnel car le système est très ouvert : on distribue et reçoit beaucoup plus (en terme de temps de travail, communication, etc, etc) quand on fait du logiciel libre que dans n'importe quel domaine d'activité, et avec des sources et destinations très diverses. Un réseau global, même pour un petit projet devient très vite complexe, donc pas facile a modéliser en étant certain de ne pas avoir oublier/simplifié/ignoré une partie significative.
Donc on peut très bien isoler un modèle purement économique, mais par contre je te rejoint sur l'idée qu'il serait plus intéressant d'avoir une analyse plus générale qu'uniquement économique ... mais les papiers présentant les choses sous la forme de "comment gagner sous ici" retiennent toujours plus l'attention.
# A-t-on besoin d'un "modèle économique" du logiciel libre ?
Posté par Antoine . Évalué à 2.
Je voudrais ajouter que, contrairement à ce qu'on nous raconte souvent sur la "rentabilité" du LL, ce qui fait question, c'est la rémunération des contributeurs du LL. La plus-value pour les entreprises, elle, est évidente (disparition des coûts de licence et de beaucoup de barrières légales).
http://www.libroscope.org/Faut-il-un-modele-economique-du
[^] # Re: A-t-on besoin d'un "modèle économique" du logiciel libre ?
Posté par Pierre Jarillon (site web personnel) . Évalué à 3.
Quand on fait une recherche avec Linux+TCO on trouve de plus en plus de documents. C'est bien la preuve que de plus en plus de monde s'y intéresse... même Microsoft qui a commandité certains articles !
# Les modèles économiques
Posté par tiot (site web personnel) . Évalué à 6.
Pour une économie saine où tout le monde est content (l'entreprise pour son profit et les consommateurs parce qu'ils ont un produit), il ne faut pas de monopole + d'autres axiomes.
Et j'ai toujours microsoft dans la tête. Pour tout le monde Bill Gates est une réussite économique, il est arrivé à se faire des milliards avec son système d'exploitation. D'ailleurs il est accueillit en héro lorsqu'il vient à l'ESC Paris lors de la sortie de Vista.
Pourtant sa position monopoliste est un désastre pour la collectivité. Des prix horriblement haut pour un service discutable, pas d'innovation...
On remarque que le logiciel libre a permis de titiller microsoft et à permis la sortie d'un IE 7 par exemple.
Mais lorsque la situation devient "saine", ceux qui nous vantent l'économie de marché (donc théoriquement devraient détester les monopoles) ne font rien contre la vente liée et essayent d'imposer les brevets logiciels.
[^] # Re: Les modèles économiques
Posté par Moogle . Évalué à 3.
Le modèle libre est loin de cette vision de concurrence, on est plus proche d'un système de collaboration, dans lequel on va se repiquer les bonnes idées pour innover, sans derrière se foutre sur la tronche à grand coup de brevets. Quelque part, il synthétise aussi bien l'idéal communiste de partage et d'entraide, que l'idéal capitaliste de libre choix et libre entreprise.
[^] # Re: Les modèles économiques
Posté par Achille Fouilleul (site web personnel) . Évalué à 0.
Une première difficulté est que le terme "monopole" est problématique: une société peut être ou non en situation de monopole que sur un segment donné d'un marché donné. Ainsi, si Windows est présent sur plus de 90% des postes personnels ou professionnels, la part de marché de MS dans l'embarqué est nettement plus faible: http://www.linuxdevices.com/articles/AT7065740528.html
Par conséquent, ou fixer la ligne rouge? Toute entreprise rencontrant tant soit peu de succès se verrait menacée légalement par des concurrents qui d'une manière ou d'une autre pourraient définir des segments ou elle serait en situation de monopole. Serait-il souhaitable que Sun soit attaquée pour le "monopole" de Java sur les téléphones mobiles? Ou la Fondation Mozilla pour son "monopole" dans la Gendarmerie?
Par ailleurs un monopole peut s'établir de plusieurs façons: il peut bénéficier d'une aide (sous différentes formes) de l'État (ex. France Télécom à une époque), ou bien avoir la faveur de sa clientèle. Le premier cas est évidemment contraire à l'économie de marché, le second est un peu plus intéressant. Pour qu'il se maintienne, sans "protection" particulière, il n'y a pas 36 solutions: ses produits, ses services doivent continuer de plaire à ses clients ; or on n'a pas d'exemple de monopole de cette deuxième sorte ayant réussi à se maintenir durablement. Rendez-vous dans quelques années pour voir ou en sera MS Windows. S'il est effectivement souhaitable qu'il y ait davantage de concurrence dans ce secteur, je doute que la voie de l'intervention étatique (article de loi contre la vente liée, par exemple) soit la plus judicieuse.
Sur le brevet d'invention, enfin, je ne connais personne qui le défende au nom de l'économie de marché. Voir, par exemple:
http://www.liberaux.org/wiki/index.php?title=Propri%C3%A9t%C(...)
http://lemennicier.bwm-mediasoft.com/article.php?ID=125
[^] # Re: Les modèles économiques
Posté par Antoine . Évalué à 1.
Cette remarque est sans fondement.
Ce qui est répréhensible légalement ce n'est pas le fait d'être en monopole, mais l'abus de situation dominante. Tant que Sun n'abuse pas de la position dominante de Java sur le marché des téléphones mobiles, il n'y a rien à dire (légalement).
Pour qu'il se maintienne, sans "protection" particulière, il n'y a pas 36 solutions: ses produits, ses services doivent continuer de plaire à ses clients ; or on n'a pas d'exemple de monopole de cette deuxième sorte ayant réussi à se maintenir durablement.
Qu'appelle-t-on "durablement" ?
10 ans, en informatique, c'est assez long, et Windows a maintenu un quasi-monopole sur une telle durée.
Après on peut augmenter autant qu'on veut la "durabilité" requise pour parvenir à la conclusion désirée...
Ensuite il faut comprendre que certains marchés sont des "monopoles naturels". Par exemple l'édition de logiciels vendus sous le régime de la licence : les coûts de production sont quasi-fixes, mais le revenu est proportionnel à la distribution. Le joueur dominant a donc un avantage "naturel" qui ne fait qu'accroître sa puissance par rapport à ses concurrents (boucle de rétroaction positive qui amène à atteindre le maximum à savoir 100% du marché).
C'est une vision bien entendu mathématique des choses qui implique qu'il n'y a pas de paramètres extra-économiques (problèmes de management, innovations "disruptives", etc.) qui entrent en ligne de compte.
Un tel paramètre extra-économique est le logiciel libre : le LL introduit des motivations puissantes qui ne reposent pas sur la "rationalité économique" habituelle.
[^] # Re: Les modèles économiques
Posté par e-t172 (site web personnel) . Évalué à 3.
Ca c'est sur le papier. En informatique, il y a un concept économique dont Microsoft use (et abuse surtout) : l'effet réseau. En effet :
Tu es obligé d'utiliser Office parce les autres l'utilisent.
Tu es obligé d'utiliser MSN Messenger parce que les autres l'utilisent.
Tu es obligé d'utiliser Windows parce que 90% des logiciels n'existent que pour Windows (spéciale dédicace aux jeux).
Microsoft fait reposer son monopole et toute sa stratégie sur l'effet réseau et non sur les qualités intrinsèques de ces produits. Bon, bien sûr au bout d'un certain temps la qualité finira par l'emporter, mais ça va prendre un certain temps, pendant lequel toute l'innovation sera bloquée (Microsoft n'a pas besoin d'innover, il se repose sur son effet réseau).
[^] # Re: Les modèles économiques
Posté par Achille Fouilleul (site web personnel) . Évalué à 2.
Certes. J'en parlais d'ailleurs ici même, il y a quelques temps, à propos de Skype.
Cependant, un géant comme Microsoft est fragile, car inerte.
Négatif, ça fait une dizaine d'années que j'utilise Linux chez moi (j'ai la chance de ne pas être gamer).
Je le crois aussi. MS occupe une grosse partie des postes de bureau/domicile, nous sommes bien d'accord pour dire que c'est regrettable, mais ce n'est qu'une partie de l'informatique.
Par ailleurs, les géants ont une faiblesse: leur inertie. Même MS doit compter avec le parc existant. Par exemple, je crois savoir que .NET 2.0 est compatible Windows 98! Ce n'est pourtant pas la loi qui l'y contraint.
Regardons le chemin parcouru depuis dix ans: il n'y avait aucun navigateur libre, pas de suite bureautique, pas de lecteur multimédia (hormis un shareware).
La situation d'aujourd'hui pour les alternatives à Windows et nettement meilleure qu'il y a dix ans, et je crois fermement qu'elle le sera davantage dans dix ans. Cependant, je crois également que cela ne devra rien à une quelconque action d'un organe de l'État ou de l'UE: je pense même que de telles actions seraient inefficaces et auraient des effets pervers pires que le mal qu'elles prétendent soigner.
Les besoins évoluent également, et les consommateurs prennent conscience de ce qu'ils ne veulent pas nécessairement d'un PC sous Windows pour l'e-mail, WWW, etc. Et dans l'embarqué, c'est Linux qui est devant...
[^] # Re: Les modèles économiques
Posté par e-t172 (site web personnel) . Évalué à 1.
J'ai généralisé à la truelle. T'as qu'à considérer que 90% des utilisateurs sont dans les cas que j'ai énoncés, et on est d'accord.
Pour le navigateur, c'est pas étonnant : il n'y a pas beaucoup d'effet réseau car Microsoft n'a pas vraiment réussi à enfermer les utilisateurs dans des formats et protocoles fermés avec le Web (HTTP, HTML, CSS, etc, sont ouverts)
Pour la suite bureautique, l'effet réseau est également assez faible, du moment que tu as reverse engineeré les formats de Microsoft. Si le libre n'a pas percé plus tôt dans ce domaine, c'est parce que avant OpenOffice il n'existait pas de suite bureautique libre capable de sérieusement rivaliser avec celle de Microsoft (et qui lui ressemble suffisament pour ne pas freiner les utilisateurs qui voudraient migrer).
Pareil pour le lecteur multimédia : du moment que tu as élucidé le format/container, pas de problème.
En fait, le plus gros porteur d'effet réseau est probablement l'OS. Parce que si tu veux :
- Jouer à des jeux récents
- Regarder des vidéos en HD H.264 qui nécéssitent l'accélération matérielle de ta carte graphique (technologies PureVideo pour nVidia et Avivo pour ATI, non supportées sous Linux)
- Utiliser une quelconque application dont tu as absolument besoin pour travailler et qui ne comporte pas d'équivalent sous Linux (ce qui arrive très souvent, car beaucoup d'utilisateurs ont des besoins très spécifiques pour leur travail, avec des logiciels spécialisés dans leur profession par exemple)
- Utiliser des sites codés avec les pieds (mais que tu es obligé d'utiliser pour une raison X) qui ne fonctionnent que sous IE
- ... (il y en a certainement d'autres dans le même style)
Eh bien tu es obligé d'utiliser Windows. C'est l'effet réseau. Merci Microsoft.
# Communiqué de presse de l'AFUL annonçant le dossier
Posté par AFUL (site web personnel) . Évalué à 1.
http://www.aful.org/presse/modeles-economiques-lies-aux-logi(...)
On y trouve les introductions suivantes de Roberto Di Cosmo et Stefane Fermigier :
« Il est important de théoriser les pratiques économiques autour des logiciels libres. La communauté du libre doit mettre en lumière les modèles d'affaires qui fonctionnent pour assurer la qualité des productions et la pérennité des projets en faisant vivre les entreprises éditrices », explique Roberto Di Cosmo, membre de l'AFUL et Professeur d'Informatique à l'Université Paris 7 Denis-Diderot.
« Ce dossier formalise certaines problématiques que se posent les chefs d'entreprise dans le secteur de l'édition de logiciels libres. Il fournit aux entrepreneurs un éclairage synthétiques qui peut les aider, notamment au démarrage de leurs projets, dans leurs relations avec les institutionnels et les bailleurs de fonds - business angels, VC, Oseo / Anvar, etc. », explique Stefane Fermigier, ancien président de l'AFUL et PDG de Nuxeo.
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