Journal Quelques stats des services Framasoft

Posté par  (site web personnel) . Licence CC By‑SA.
63
23
déc.
2022

Cher Nal,
ça fait plus de 4 ans que je ne t'ai pas écrit dessus (chacun ses kinks).

Mais là, je me suis dit : « tiens, cette info pourrait intéresser les moules, entre la paella et la buche 🤔 »

En effet, à l'occasion de cette fin d'année 2022, nous (Framasoft) avons publié les statistiques de quelques un de nos services.

Et en le faisant, je me suis rendu compte qu'on devait gérer certains des services les plus "imposants" des structures dites "hors marché" (= qui ne cherchent pas à vendre, ni à faire des profits). Bon, ça je m'en doutais un peu au niveau français. Mais je me demande même si ce n'est pas le cas au niveau mondial 🤔

Ainsi, qu'on héberge les plus grosses instances Framadate ou Yakforms (https://framaforms.org) du monde, rien de surprenant : ce sont des logiciels "maison".
Stats Framaforms
Stats visites Framadate

Mais on a probablement hébergé plus de 5 millions de pads (500 000 à cet instant, malgré l'expiration auto) ces dernières années, sans compter 250 000 comptes MyPads.
Cumuls Framapad

Idem, notre instance Mattermost compte près de 37 millions de messages et 27 000 équipes. Et d'après les infos que j'ai, ça fait de framateam.org le plus gros Mattermost du monde…
Stats Mattermost Framateam.org

Notre Gitlab fait sans doute petit joueur avec 65 000 projets hébergés par rapport à d'autres forges "hors GAFAM". Mais ça n'en fait pas une petite forge pour autant.
Stats Framagit

Le plus flippant (pour moi) reste sans doute notre instances Sympa, avec ~60 000 listes hébergées, 1 million d'utilisateurs, et 250 000 mails échangés en moyenne quotidienne (et non 100 000 comme l'indique le graphe Munin)
Stats users Framalistes

Sans compter qu'à terme, avec https://frama.space, on pourrait devenir un poids lourd de l'hébergement de Nextcloud (objectif 10 000 instances fin 2025).

Bref, tu pourrais croire, cher journal, que je cherche à me la péter. Mais non.

D'abord, ce n'est pas le résultat de mon travail, mais celui de l'équipe technique de Framasoft (ils se reconnaîtront). J'ai suffisamment de bouteille dans le domaine pour savoir que c'est quand même un vrai tour de force. Un service comme Framalistes, c'est déjà du taf. Mais une stack aussi hétérogène (57 serveurs physiques), avec de tels volumes, c'est clairement de la compétence et du talent. C'est évidemment un succès commun et partagé avec les 38 membres de l'asso (dont les 10 salarié⋅es), mais voilà, à un moment techniquement, il faut que ça fonctionne et que ça tienne…

Ensuite, on s'en cogne (vraiment) d'avoir la plus grosse. Sinon, on aurait pas impulsé de l'essaimage (via CHATONS) ni le contrôle de notre croissance (déframasoftisation).
Par contre, savoir qu'en fait une micro asso française (cocorico, souveraineté, toussa), qui ne vit quasiment que des dons, arrive à ce résultat avec un seul (oui, 1) adminsys et de l'aide complémentaire d'un ou deux autres salariés (faut quand même qu'il puisse partir en vacances), ben je trouve ça objectivement assez impressionnant.

Enfin, ce journal est surtout l'occasion de remercier les communautés du libre, qui nous permettent de mettre ça en œuvre. Parce que sans elle, on y serait clairement pas arrivé.

Bref, oui, c'est plus de l'auto-congratulation que de l'auto-satisfaction.
Y a une part de fierté, mais qui ne me semble pas mal placée aux vus des chiffres qui objectivent un peu tout ça.

Et en dehors de l'auto-congratulation, c'est aussi le moment de l'auto-promotion, où je rappelle que Framasoft est en campagne de dons (c'est notre principale source de revenus, cf notre page de soutien), donc si vous appréciez le travail effectué ET que vous en avez les moyens (en pleine crise inflationniste, on comprend parfaitement que le soutien à Framasoft passe après le paquet de pates ou le plein d'essence), n'hésitez pas à nous faire un don.

→ Faire un don à Framasoft : https://soutenir.framasoft.org
→ L'article sur les stats Framasoft : https://framablog.org/2022/12/21/framastats-framasoft-en-chiffres-edition-2022/

  • # Que se passerait-il si ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 9.

    Merci pour ce bilan et félicitations pour tout le travail.

    Il reste une question, si vous n'arrivez pas à obtenir le montant que vous estimez nécessaire pour 2023 ?

    « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

    • [^] # Re: Que se passerait-il si ?

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

      (Zut, j'ai perdu ma longue réponse. Je refais en plus court).

      Si on atteint pas l'objectif (200K€), on survivrait quand même.

      La raison est simple : il nous reste de la tréso des précédentes années (dont l'année 2020 qui avait été "exceptionnelle" à cause du Covid et des confinements)

      Donc, note qu'à aucun moment je ne dis : "😱 Faites un don ou Framasoft va mourir !! 😱", hein :)

      Juste, notre modèle économique (choisi et assumé), c'est celui du don.

      Donc, on a pas trop le choix, en fin d'année :

      1. on rappelle ce qu'on a fait l'année écoulée

      2. on rappelle ce qu'on veut faire l'année à venir (et les suivantes)

      3. on rappelle qu'on a des valeurs et des positions politiques. Ça peut déplaire, mais c'est comme ça. Et que si vous n'êtes pas en accord avec ces dernières, c'est tout à fait OK de ne pas faire de don.

      4. on rappelle qu'on vit de dons, et que si vous êtes en accord avec (1), (2) et (3) et que vous en avez les moyens, alors on accepte volontiers votre don. A la fois comme remerciement, comme encouragement, et comme moyen de rendre possible nos action.

      C'est pas hyper facile de tendre la main tous les ans (surtout en cette période troublée), mais pour plein de raisons - que je pourrais expliquer plus tard si ça vous intéresse - , le modèle économique du don nous convient très bien.

  • # Merci et bravo !

    Posté par  . Évalué à 7.

    Et avec de tels chiffres il n'y a quand même pas s à "créé" sur le tableau de bord de la 1ère image. :-D

    Concernant Framateam et Framalistes, je suis curieux de savoir combien d'espace de stockage ça occupe tout ça.

    Merci aussi à ceux qui réparent quand quelque chose casse. Chaque fois que j'ai signalé un incident, la réaction a été rapide à la fois pour confirmer l'incident, pour réparer et pour communiquer. Certains services du marché devraient en prendre de la graine.

  • # entre les lignes

    Posté par  . Évalué à 10.

    Bravo et évidemment, même si tu n'en parles pas, on pense tout de suite à ce que les états européens et/ou l'Etat français pourrait faire avec une fraction du "pognon de dingue" que met la Banque Publique d'Investissement par exemple dans des startups à la mords-moi-le-doigt type crypto / finance décentralisée (au hasard).

    • [^] # Re: entre les lignes

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8.

      Oui, j'avoue que j'ai ça en toile de fond, mais depuis des années.

      J'avais fait un calcul que je pense intéressant : à la grosse louche, « Dégooglisons Internet » a coûté, entre oct 2014 et oct 2017 (sur 36 mois), environ 800 000€.

      Ce cout, d'environ 22 000€ par mois, qui permet d'accueillir 1 million de personnes chaque mois, nous amène à un cout de 0,02€ par visiteur et par mois.

      « Houlà, mais ça fait beaucoup ! »
      Oui et non.

      800 000€, c'est moins que le prix d'un gymnase standard.
      C'est, en gros, 80 mètres d'autoroute.
      Ou 10% du prix d'un char Leclerc.

      Donc, oui, c'est pas rien. Mais par rapport au pognon foutu par la BPI dans le "Web3" https://www.bpifrance.fr/nos-solutions/investissement/investissement-expertise/fonds-web3 c'est absolument ridicule.

      En bon gauchiste que je suis, j'aurai préféré un projet porté par l'Etat pour fournir des services techniques sans exploitation des données personnelles au niveau national, par le biais d'une agence indépendante dédiée. Par exemple un GIP entre le CNRS, la CNIL, OVH/Scaleway/whatever, et la société civile (LDH, April, Frama, LQDN, etc)
      On aurait pu critiquer le niveau de confiance, mais l'exemple (positif !) de https://apps.education.fr montre bien qu'on "sait" faire. Juste, ça n'est pas la hype du moment.

      • [^] # Re: entre les lignes

        Posté par  . Évalué à 7.

        Je suis impressionné par tout ce que vous avez fait (et votre message m'a fait penser à vous soutenir).

        Je suis par contre dégoûté par ce que je vois dans les milieux professionnels du public dont je suis proche avec les millions dépensés en solutions propriétaires qui ont plein de défauts. L'exemple le plus frappant pour moi est ADE, un logiciel de gestion d'emploi du temps (avec les salles) utilisé dans de nombreuses universités. Il est proposé par l'AMUE donc il éclipse progressivement toutes les solutions locales parfois meilleures techniquement (mais reposant alors souvent sur une personne, et quand elle part, paf la solution "clé en main" AMUE est la plus "simple"). Il a d'énormes défauts connus depuis de nombreuses années. Par exemple, pour la partie consultation (web), une ergonomie limitée pour le moins, des filtres quasi inexistants, etc. Pour la partie modification (avec un client lourd), il est possible d'effacer un emploi du temps d'une filière entière en un seul clic, sans confirmation, sans possibilité d'annulation de l'action ! Seule solution alors : restaurer une sauvegarde de la base de données.
        Vu le nombre d'établissements du supérieur qui payent ce logiciel, je ne comprends pas qu'une partie de l'argent n'ait pas été utilisé pour développer une solution libre (d'autant que, vu le milieu et les utilisateurs impliqués, il est évident qu'il y aurait de nombreuses contributions extérieures).

        Plus généralement, je ne comprends pas que l'état n'impose pas une licence libre dans les appels d'offre qu'il soumet pour ses missions de service public. On paye pour un développement, certes, mais ensuite on le maîtrise et on peut le faire évoluer comme bon nous semble. Il y a quelques sociétés qui proposent cela et ça marche.

        • [^] # Re: entre les lignes

          Posté par  . Évalué à 3.

          Surtout que l'AMUE est une GIP, payée par les subventions et les cotisations des universités (dont les fonds proviennent de l'état).
          Avec Apogée qui forçait l'utilisation d'oracle, d'une lourdeur incroyable, qui avait couté une fortune a faire, basé sur un mainframe d'ibm, fait par des prestataires qui disparaissaient les uns après les autres (et bien sur extrêmement dur de trouver un remplacant), on a l'exemple même de comment un logiciel fermé à couter une fortune, plomber le fonctionnement des facs pendant plus de dix ans.
          Et je ne connais pas un seul truc pondu par l'AMUE qui était bien (j'ai quitté la fonction publique avant l'arrivé de Pegase)

Suivre le flux des commentaires

Note : les commentaires appartiennent à celles et ceux qui les ont postés. Nous n’en sommes pas responsables.