Journal La réaction de Loïc Dachary au vote d'hier

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25
sept.
2003
Bon, un peu de mal à m'endormir, du coup je regarde mon mail, et là je tombe sur ce mail (notez le lien vers le texte qui a été voté si vous ne l'avez pas déjà). Je me permets de le recopier en entier, j'espère que personne ne m'en voudra :

Date : Wed, 24 Sep 2003 23:56:36 +0200
De : Loic Dachary ...
Sujet : [Fsfe-france] L'europe dit "non" aux brevets logiciels
À : fsfe-france@...


Bonsoir,

J'ai cru avoir une attaque quand une dépèche Reuters, rapidement reprise par toute la presse, a annoncé ajourd'hui que l'Europe disait "oui" aux brevets logiciels.

Bien au contraire. La directive est en effet acceptée à une large majoritée au parlement européen (150 non, 350 oui grosso modo) mais après intégration d'amendements qui en inversent le sens originel.

La confusion règne actuellement sur les forums. Les threads en cours sur slashdot.org (http://yro.slashdot.org/yro/03/09/24/1253227.shtml?tid=155&tid=(...))
ou linuxfr.org (http://linuxfr.org/2003/09/24/14054.html(...)) titrent encore à la catastrophe. Gageons que d'ici demain l'ambiance sera plus à la fête.

La version consolidée (directive + amendements votés) vient d'être mise en ligne sur
http://swpat.ffii.org/papers/eubsa-swpat0202/plen0309/resu/index.en(...)

Si ce texte passe le Conseil des Ministres et passe en seconde lecture (on peut être assez confiant, la majorité étant assez large), alors l'interdiction de breveter les logiciels en Europe confirmée.

Mieux encore, la directive clarifie de nombreux points qui invalident les 30 000 brevets logiciels qui ont été acceptés par l'OEB par le passé (ainsi que ceux acceptés par l'INPI ou ses homologues européens). Les définitions sont claires, se repètent sous plusieurs angles. Pour simplifier une "computer-implemented nvention" est brevetable si elle met en oeuvre des forces de la nature. Le simple
fait qu'un programme fasse bouger des electrons dans un ordinateur n'est *pas* la mise en oeuvre de forces de la nature :-)

Je croise les doigts pour la suite. La journée a été éprouvante: grosse déprime et grand espoir en moins de 24h.

A++,

--
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  • # Re: La réaction de Loïc Dachary au vote d'hier

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

    La version consolidée (directive + amendements votés) mais en VF:

    http://swpat.ffii.org/papers/eubsa-swpat0202/plen0309/resu/index.fr(...)
  • # Re: La réaction de Loïc Dachary au vote d'hier

    Posté par  . Évalué à 4.

    j'espère que les excités qui voient des conspirations partout vont enfin commencer à lire le texte.
    • [^] # Re: La réaction de Loïc Dachary au vote d'hier

      Posté par  . Évalué à 2.

      tu l'as lu toi ? je dis ça parce qu'il y a toujours un gros tas d'articles mal rédigés et donc sujet à des interprétations fumeuses : lis les articles 4.2 4.3 4.3a et tu verras que la "contribution technique" nécessaire au brevetage reste dans un flou artistique qui permet aux malins petits juristes d'y insérer pas mal de trucs après coup...
      • [^] # Re: La réaction de Loïc Dachary au vote d'hier

        Posté par  . Évalué à 1.

        dis moi dans le 4.3a où est le problème ?

        "Pour déterminer si une invention mise en oeuvre par ordinateur apporte une contribution technique, il y a lieu d'établir si elle apporte une connaissance nouvelle sur les relations de causalité en ce qui concerne l'utilisation des forces contrôlables de la nature et si elle a une application industrielle au sens strict de l'expression, tant sous l'angle de la méthode que sous celui du résultat."

        Je ne vois pas ce qui est mal rédigé?
        • [^] # très bonne rédaction pour légaliser le brevet mp3 !

          Posté par  . Évalué à 1.

          en effet c'est plutot bien rédigé pour certains détenteurs de brevets !

          par exemple le brevet mp3 détenu par Thomson/Fraunhauffer est tout à fait légal
          selon les termes de cette directive (le son est une force controlable de la nature, ainsi que son impact différencié sur fonctionnement de l'oreille qui est à la base de la technologie mp3, et les applications industrielles existent déjà dans l'électronique grand public)
          • [^] # Re: très bonne rédaction pour légaliser le brevet mp3 !

            Posté par  . Évalué à 1.

            eh .. on parle des brevets logiciels, ce qui signifie qu'avec ce texte tu as le droit de faire un decodeur sur ton pc sans avoir le risque d'être poursuivi. Après, si tu décides de fabriquer un baladeur qui utilise ton logiciel, alors là nous ne sommes plus dans le cadre de la programmation.

            Après faut savoir contre quoi vous êtes contre, les brevets ? ou les brevets logiciels ?
            • [^] # et les drivers ?

              Posté par  . Évalué à 0.

              malheureusement ce sont les juges et les avocats qui décideront au cas par cas si c'est toi ou moi qui a raison...

              et les drivers ? le moins qu'on puisse c'est que ce sont des logiciels qui sont liés à des matériels physiques ! si le coeur d'une invention est dans un driver, alors ce driver devient breveté de fait !

              pourquoi mp3 ne pourrait--il pas être considéré comme un driver particulier pour une carte son ?
              • [^] # Re: et les drivers ?

                Posté par  . Évalué à 1.

                bien ... tu montres que tu n'as lu le texte et/ou que tu ne veux pas le comprendre. Car sortir le coup de driver, c'est vraiment dévoiler une méconnaissance de ce qui a été voté. Dommage...
                • [^] # contradiction voulue

                  Posté par  . Évalué à -1.

                  tu te contredis:
                  tu dis toi-même que les mp3 appliances seront brevetables.
                  or n'importe quel PC ou pda peut servir de mp3 appliance (et être vendu comme tel)
                  alors les PCs, qui peuvent servir de mp3 appliance, auront-ils le droit de faire du mp3 sans payer de royalties ? pas aussi évident que ton enthousiasme immodéré le laisse entendre

                  cette ambiguité (qui figure aussi dans le texte) est à mon avis voulue et fera le jeu des avocats les plus malins !
                  • [^] # Re: contradiction voulue

                    Posté par  . Évalué à 1.

                    je ne me contredis pas mais c'est toi qui veut pas lire:

                    "4a1 En conséquence, ne sont pas brevetables les inventions impliquant des programmes d'ordinateurs, qui mettent en oeuvre des méthodes commerciales, des méthodes mathématiques ou d'autres méthodes, si ces inventions ne produisent pas d'effets techniques en dehors des interactions physiques normales entre un programme et l'ordinateur, le réseau ou un autre appareil programmable sur lequel il est exécuté."
                    Or faire de la musique avec ton programme et une interaction physique normale entre le programme et la carte son (qui est un appareil programmable).

                    On peut toujours continuer à être obtus pour faire rebelle, mais cela ne fait pas avancer le LL.
                    • [^] # Re: contradiction voulue

                      Posté par  . Évalué à 1.

                      Bon, j'ai pas eu le courage de lire les textes en détail. Mais il me semble que le problème qui n'est pas résolu, c'est que nulle part on ne défini ce qu'est un ordinateur. Il est certe question d'appareil programmable sur lequel il est exécuté. Est-ce suffisant ?

                      De plus, qu'est-ce qu'une interaction physique normale ?
                      Est-il normal qu'une petite feuille de carton rigide ou de plastique vibre pour produire des sons ? Et qu'en plus, ces vibrations soient fortement corrélées avec un signal électrique, lui même corrélé avec une série d'algorithmes complexes exécutés par un appareil programmable ? Oui et non.

                      Je ne sais trop quoi en penser de tout ça. Il me semble qu'on a en effet évité le pire, mais que ce sera maintenant quand même le balet des avocats, et qu'ils malgrés tout de bonnes marges de man?uvre... Mais bon, je n'ai aucune compétence en la matière. Je m'interroge.

                      David
                      • [^] # Re: contradiction voulue

                        Posté par  . Évalué à 1.

                        La définition de l'ordinateur est celle du dictionnaire.

                        Et concernant ta feuille de payer la réponse est:

                        "2c. La production, la manipulation, le traitement, la distribution et la présentation de l'information n'appartiennent pas à un domaine technique, même si des dispositifs techniques sont utilisés dans ce but."

                        produire du son est une présentation de l'information -> pas technique -> pas brevetable.
                    • [^] # savoir se relire

                      Posté par  . Évalué à 1.

                      tu devrais te relire !
                      "ou un autre appareil programmable sur lequel il est exécuté."
                      est en contradiction avec
                      Or faire de la musique avec ton programme et une interaction physique normale entre le programme et la carte son (qui est un appareil programmable).

                      Pour reprendre les termes exacts du texte que tu as cité ci-dessus, un décodeur mp3 n'interagit pas avec un appareil programmable sur lequel il est exécuté !
                      D'abord les cartes sons ne sont pas souvent reprogrammables, et même quand c'est le cas, le décodeur mp3 ne s'exécute en général pas sur le proc de la carte son !
                      • [^] # Re: savoir se relire

                        Posté par  . Évalué à 1.

                        tiens... tu m'en apprends une bonne. Une carte son n'est pas programmable... ben bien sûr. Mais qu'est ce que je fait avec le DSP et le DMA de la carte ?
                        Je ne lui envoie aucune commande ?
                        Ils font tout d'eux même ?
                        c'est une révélation ce que tu me dis...
  • # Re: La réaction de Loïc Dachary au vote d'hier

    Posté par  . Évalué à 3.

    Ah ben, voilà un texte qu'il est simple à lire !

    J'aime tout plein le 5d : «vous voulez couvrir un bout de soft par un brevet ? Ok, où est la doc ?» ;))

    Combiné avec le 5c, qui dit (si je ne me trompe) qu'on peut réutiliser un élément logiciel breveté pour tout usage autre que le process industriel pour lequel il a été breveté, là on commence à sentir l'aspect «favorisation de l'innovation».

    PS: Ca mériterait pas une petite news, histoire que tout le monde puisse le voir ?
  • # Re: La réaction de Loïc Dachary au vote d'hier

    Posté par  . Évalué à 2.

    OK, les amendements sont sensés éviter les abus.
    Toujours est-il que l'on peut breveter certains logiciels.
    D'où ma question:
    Auriez-vous des exemples de logiciels qui seraient brevetables en tenant compte de ces amendements ?

    Car s'il en existent, je suis curieux de les connaître. Sinon, pourquoi avoir voté pour les brevets logiciels.

    Personnellement je trouve que les amendemments restent flous, se répètent et ne donnent qu'un champ de restrictions. En tout cas assez pour que de bons avocats arrivent à jouer sur les mots et à faire passer encore n'importe quoi.

    Wait and see...
    • [^] # Re: La réaction de Loïc Dachary au vote d'hier

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

      Il y a trois ans, j'ai assisté à un cours donné par une ingénieur de l'INPI ; elle nous avait expliqué que les logiciels était couverts par le droit d'auteur et qu'il ne pouvait pas être breveté mais qu'un logiciel conçu pour faire fonctionner un robot par exemple pouvait lui être breveté car il était intimement lié à un processus industriel et ne pouvait pas servir en dehors de se contexte.
      Ma question : qu'est-ce qui n'était pas brevetable et va le devenir et vice-versa ?
      • [^] # Re: La réaction de Loïc Dachary au vote d'hier

        Posté par  . Évalué à 7.

        Bon, en gros on était dans une situation plutôt floue : les logiciels ne sont pas brevetables en tant que tels, mais la limité réelle et surtout précise de la brevetabilité n'était pas vraiment fixée...

        Là, on a un texte sur la brevetabilité (et non pour comme certains l'ont trop vite cru) qui explique où est la limite. Et la limite est loin des prétentions des breveteurs de tous poils. Ce texte est bon, car demander une interdiction des brevets est un peu illusoire et pas obligatoirement pertinent (pas de règlementation => la loi de la jungle) par contre là on a une ligne rouge qui est bien tracée (en partie grâce aux amendements).

        Pourquoi devoir définir les choses ?
        Il y a un exemple qui est celui du brevet sur l'ABS. Il y a une partie mécanique et une partie logicielle. C'est l'ensemble qui est breveté (et pas le logiciel en tant que tel). Ce qui signifie que si tu reprends le logiciel, et que tu l'implantes sur une machine pour faire du café (faut être ingénieux, mais bon... :) alors tu ne violes pas le brevet de l'ABS car le logiciel n'est breveté que dans le cadre d'un système ABS complet, pas dans un cadre générique, comme certains l'auraient voulu.

        Une fois cette limite posée, et en ajoutant la clause de légalité du viol de la partie logicielle d'un brevet pour des raisons d'interopérabilité (si on réimplémente la partie matérielle + logicielle on sort de ce cadre, mais c'est normal), on a un résultat bien meilleur que la situation actuelle (plus précise et mieux encadrée) et celà satisfait les gens qui innovent réellement et qui veulent protéger leurs inventions comportant des éléments logiciels (cette fois on en est sûrs : ils l'utilisent pour eux, mais ne peuvent embêter le monde).

        Celà ne révolutionne pas le domaine des brevets, on a un status quo mais avec une réglementation claire, c'est important. Du coup parmi les 30000 brevets, les brevets poubelle vont dégager, et ceux qui ont un réel intéret industriel (comprendre entre autre non purement logiciels) pourront être appliqués si ils répondent aux exigences du texte (mais bon, ça va être la marée basse niveau brevets).

        Clair ? :)

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