Microsoft lance un pont, Eric Raymond répond

Posté par  . Modéré par Jaimé Ragnagna.
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mai
2005
Microsoft
Brad Smith est un des responsables Microsoft. Lors d'une conférence qui s'est déroulée fin avril, il a tenu des propos d'ouverture envers l'ensemble des acteurs du secteur des logiciels : sans citer les logiciels libres, il a appelé à « jeter des ponts » entre les différents modes de développement de l'industrie logicielle.

Les propos tenus sont rapportés par eWeek, avec des réactions générales à cette annonce ainsi que différents points de vue à propos des brevets logiciels et de la propriété intellectuelle, qui ont occupé une place importante.

Parmi les réactions de personnalité, Eric Raymond a proposé 3 mesures concrètes que Microsoft pourrait appliquer. Elles portent sur les formats et l'interopérabilité : tout d'abord, ouvrir leurs formats fermés ; ensuite, déposer l'arme des brevets logiciels ; enfin soutenir sans les détourner les standards ouverts réseau.

Assistera-t-on à une telle concrétisation de cette annonce d'ouverture ? Sans aucun doute dans les déclarations, comme celle du 3 février 2005 de Bill Gates qui place l'interopérabilité comme priorité de Microsoft (texte toujours pas disponible en français, 3 mois après). Pour les faits, c'est à suivre.

Aller plus loin

  • # interopérabilité oui, mais pas pour tout le monde !

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

    il faut pas se leurrer !
    Billou ne parlait pas d'opérabilité avec les logiciels libres !
    Sometimes interoperability is also confused with open source software. Interoperability is about how different software systems work together. Open source is a methodology for licensing and/or developing software – that may or may not be interoperable. Additionally, the open source development approach encourages the creation of many permutations of the same type of software application, which could add implementation and testing overhead to interoperability efforts.

    je traduit la fin :
    De plus, le mode de développement des logiciels libres encourage les multiplications des memes types de programmes, ce qui rend les efforts d'interopérabilité plus complexe (litt : qui complique les tests et l'implémenation en vue d'une interopérabilité)

    Faut apprendre à lire entre les lignes des conf de presse, en gros l'interopérabilité, c'est a destination des logiciels commerciaux.
    • [^] # Re: interopérabilité oui, mais pas pour tout le monde !

      Posté par  . Évalué à 6.

      Sur ce coup la c'est plutôt toi qui n'a rien compris :-)

      Personne ne demande "l'interopérabilité avec les logiciels libres" (d'ailleurs que veut dire ce concept ?). On ne demande pas à microsoft, oracle ou IBM de faire de l'Open Source. Ils ont choisi leur modèle économique ca te plait ou non, tu utilises ou pas. Mais tu n'as aucune légitimité pour dire à quelqu'un "Tu dois développer en LL ou OS".

      Ce que l'on demande c'est bien l'INTEROPERABILITÉ terme qui est bien expliqué par "Interoperability is about how different software systems work together". Wikipédia dirait "'interopérabilité est le fait que plusieurs systèmes, qu'ils soient identiques ou radicalement différents, puissent communiquer sans ambiguïté et opérer (travailler) ensemble."

      Pour résumer ce que les différents acteurs veulent, sauf celui qui est actuellement leader ca va de soit, c'est pouvoir intéragir. C'est à dire que tout le monde est au même niveau au départ. Tu as une norme qui défini un format de fichier, un protocole réseau, une architecture ou une API et chaque joueur s'y conforme. Après que le meilleur gagne. Il s'agit d'un jeux équitable, libre concurence dirait certains :-)

      Dans ce texte il n'y a rien de choquant. Le terme est utilisé correctement et énonce clairement qu'une chose n'est pas l'autre. Au passage il casse un peu de sucre sur le dos de l'Open Source. Quoi de plus normal c'est leur gagne pain. Le contraire serait comme attendre de la FSF quelle dise que le modèle proprio c'est bien.

      Le seul danger ici est que l'interopérabilité s'échange à coup de $ entre gens du monde pour avoir accès aux specs des autres et la effectivement ce n'est plus de l'intéropérabilité c'est du copinage et brouzoufs. Mais ce cas la c'est aujourd'hui !
      • [^] # Re: interopérabilité oui, mais pas pour tout le monde !

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

        j'ai jamais écrit que interopérabilité signifiait "faire pareil que", évidemment que Microsoft n'utilisera jamais la GPL, j'ai jamais dit le contraire.
        J'ai dit que l'interopérabilité au sens qui était évoqué dans l'article, ne me semblait pas sous la forme de standards ouverts mais plutot de collaboration entre les gros éditeurs de logiciels.

        Les suggestions de Eric Raymond me semblent un peu idéalistes par rapport à ce qui était avancé par Microsoft, c'est tout.
      • [^] # Re: interopérabilité oui, mais pas pour tout le monde !

        Posté par  . Évalué à 1.

        Interoperability is about how different software systems work together

        Ce qui peut aussi se traduire en : "L'intéropérabilité c'est comment Outlook, Word et WMP travaillent ensemble !"

        Je ne trouve pas que ce se soit une interprétation tirée par les cheveux. Après tout, le fait de faire interopérer Outlook, Word et WMP ensemble est un but louable, qui, du point de vue des utilisateurs, apportent effectivement un plus. Donc, cette phrase n'est pas choquante.

        Bon, après, ce n'est pas le sens que tout le monde donne à interopérabilité.
    • [^] # Re: interopérabilité oui, mais pas pour tout le monde !

      Posté par  . Évalué à 2.

      Bien sûr, il ne faut pas prendre au pied de la lettre cette déclaration et lire entre les lignes. D'ailleurs ce texte, important au demeurant, a suscité bien des réactions, aussi bien modeste (http://formats-ouverts.org/blog/2005/02/04/272-linteroperabilite-es(...) avec des questions précises (http://formats-ouverts.org/blog/2005/02/07/275-questions-a-propos-d(...) avec le fait de remarquer que la page de ce texte n'est pas conforme W3C, qui est oublié dans les propos (http://formats-ouverts.org/blog/2005/02/08/276-trois-formats-et-deu(...) et enfin avec la réaction du responsable technique d'Opera, au fait des choses du Web (http://www.theregister.co.uk/2005/02/11/hakon_on_ms_interroperabili(...) avec aussi la reprise sur Standblog, http://standblog.org/blog/2005/02/12/93114004-lettre-dopera-a-bill-(...)
    • [^] # Re: interopérabilité oui, mais pas pour tout le monde !

      Posté par  . Évalué à 6.

      De plus, le mode de développement des logiciels libres encourage les multiplications des memes types de programmes

      Parce que le développement propriétaire, ca encourage tout le monde a collaborer sur un logiciel unique ?
      • [^] # Re: interopérabilité oui, mais pas pour tout le monde !

        Posté par  . Évalué à 5.

        Parce que le développement propriétaire, ca encourage tout le monde a collaborer sur un logiciel unique ?
        <mode=pessimiste>
        Ben, oui : les quelques startup et PME qui ne se sont pas fait racheter par les "grands" seront laminés lors de procès pour contrefaçon de brevets logiciels.
        "Il ne doit en rester qu'un."
        < /mode>
        • [^] # Re: interopérabilité oui, mais pas pour tout le monde !

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

          Peut-être devrait tu prendre un peu de vitamine C :)
          Car, par exemple, dans un domaine comme celui de la MAO, il existe sous le système d'exploitation microsoft windows, une plétore de logiciel remplissant sensiblement les mêmes fonctions.
          Dans ce domaine sous linux, il existe certes plusieurs projets ayant les même ambitions, mais ceci s'auto-limite quand car les forks sont relativement rares.
          Et puis l'important c'est que la multiplicité des logiciels et le bon-sens des gens qui les font conduisent à trouver des systèmes et des formats intéropérables. (par exemple http://jackit.sourceforge.net/(...) JACK pour le serveur son pour linux.
          Les modèles économiques issus de la GPL développent sensiblement plus la coopération que le modèles propriétaires. Le choix de l'un ou l'autre relève d'un choix de société.


          Amicalement,
          Olivier

          https://librazik.tuxfamily.org - http://linuxmao.org - https://liberapay.com/trebmuh

      • [^] # Re: interopérabilité oui, mais pas pour tout le monde !

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

        Non microsoft a raison...

        Le développement de logiciel proprio n'encourage pas la multiplication de même type de programme, car il faut être sur de rentabiliser le développement alors on développe pas un logiciel concurent si les autre ont beaucoup d'avance...

        Par contre ça encourage les logiciels pourri bouclés a la dernière minute pas testé... (Comment ça on me soufle a l'oreille que c'est le cas de tous les jeux qui sont vendus en alpha...)
        • [^] # Re: interopérabilité oui, mais pas pour tout le monde !

          Posté par  . Évalué à 3.

          Le développement de logiciel proprio n'encourage pas la multiplication de même type de programme, car il faut être sur de rentabiliser le développement alors on développe pas un logiciel concurent si les autre ont beaucoup d'avance...

          On peut même supposer que le marché du logiciel grand public tend structurellement vers un monopole, car les coûts marginaux (duplication, diffusion) sont très faibles par rapport aux coûts fixes (R&D), ce qui fait qu'à moins de gros bouleversement celui qui prend le dessus sur un marché est très difficile à déboulonner.
          • [^] # Re: interopérabilité oui, mais pas pour tout le monde !

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

            moi je dirait que ce mode à cout marginaux quasi nuls devrait plutot favoriser les logiciels libres !
            en effet, les frais de développement étant si faibles par rapport aux marges générées dans le cas d'un logiciel qui marche, on peut extrapoler en disant que ca ne coute rien.
            Si ca ne coute rien, on pourrait les distribuer au travers d'un support qui ne coute rien lui non plus, Internet.
            et c'est exactement le mode de fontcionnement de la plupart des LL.

            Attention, je ne confond pas libre et gratuit !

            en gros je pense que, à terme, pour les logiciels grands publics, la plupart des logiciels majoritaires seront libres. Les logiciels commerciaux seront les développements spécifiques fait On demand pour une entreprise.
          • [^] # Re: interopérabilité oui, mais pas pour tout le monde !

            Posté par  . Évalué à 6.

            celui qui prend le dessus sur un marché est très difficile à déboulonner.


            Tout juste, c'est ce qu'on appelle le phénomène «Winner Takes It All».

            Il existe aussi un autre phénomène décrit par Eric S. Raymond (ESR pour les intimes ;-), appelé : Loss-Leader/Market Positioner
            (Cf. : http://www.catb.org/~esr/writings/cathedral-bazaar/magic-cauldron/a(...) ). C'est le cas de Netscape qui a libéré Mozilla lorsqu'il a perdu sa position de leader sur le marché des navigateurs internet.

            On peut aussi mettre ça sur le compte de Sun qui a racheté Star Division pour détenir StarOffice et en faire OpenOffice.org.

            Les logiciels proprio qui ont perdu leur position de leader sur un marché peuvent avoir une seconde jeunesse en étant libérés.
        • [^] # Re: interopérabilité oui, mais pas pour tout le monde !

          Posté par  . Évalué à 5.

          Toute façon le problème n'est pas là. La liberté c'est aussi le droit de choisir le logiciel que l'on veut utiliser, si il y en a plusieurs de même types, hé bien tant mieux. Après ceux qui veulent "perdre du temps" à faire un logiciel qui existe déjà c'est leurs choix.
        • [^] # Re: interopérabilité oui, mais pas pour tout le monde !

          Posté par  . Évalué à 4.

          Oui, il a raison, c'est une autre facon de dire que le logiciel libre encourage la concurrence. Mais si on dit ca, on peut plus traiter les auteurs de LL de communistes alors ca va pas.
  • # Microsoft pragmatique?

    Posté par  . Évalué à 6.

    Je pense qu'il n'est pas non plus nécessaire de surinterpréter toutes les déclarations de Microsoft. M$ est une entreprise dont le but est de dégager des bénéfices, je n'imagine pas qu'elle est constituer de pervers dont l'obsession est de *o*omiser des pingouins.

    Le logiciel libre est devenu une réalité, et un modèle de développement concurrent, et les LL comme des concurrents "déloyaux" puisque basés sur un système différent de leur. Microsoft voit donc des clients potentiels dans les utilisateurs actuels de logiciels libre, point barre.

    Leur stratégie consiste à ne pas mettre tous leurs oeufs dans le même panier. S'ils remportent leur bataille juridique/politique en faveur de la "fermeture" des moyens technologiques liés au logiciel, alors le LL va dépérir tout seul. S'ils la perdent, ils espèrent ne pas couler, et du coup, toute stratégie alternative est bonne à prendre.

    Cette volonté d'"ouverture" est certainement à prendre avec des pincettes, mais de là à aller chercher un coup tordu derrière... Et si M$ avait simplement peur de l'avenir? Que deviendrait MS Word dans un mode dominé à 80% par les formats .sxc ? Il y a un certain aveu de faiblesse dans cette reconnaissance de la nécessité d'interopérabilité avec ses concurrents...
    • [^] # Re: Microsoft pragmatique?

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

      [blockquote] Il y a un certain aveu de faiblesse dans cette reconnaissance de la nécessité d'interopérabilité avec ses concurrents... [/blockquote]

      Je dirai pas faiblesse, mais ils en prennent conscience et y accordent de l'importance. MS est une entreprise plutôt réactive, donc s'ils commencent à entreprendre ce genre d'initiative c'est qu'ils considèrent que les formats des LLs peuvent leur faire de l'ombre.

      Je verrai donc plutôt la chose dans l'autre sens, MS y voit la force des formats et softs LLs !
    • [^] # Re: Microsoft pragmatique?

      Posté par  . Évalué à 4.

      Lors de la même série de conférences, M$ a annoncé la création d'un nouveau format de "papier électronique" avec comme objectif de concurrencer le PDF d'Adobe [2].
      Ce dernier, standard de fait pour la publication et l'impression, est un format ouvert et documenté, supporté par plusieurs logiciels libres.

      Ce format nommé Metro, serait d'après le communiqué axé sur l'interopérabilité, car basé sur "le XML, l'Unicode, la compression ZIP"[3]. La visionneuse (intégrée à Longhorn) sera gratuite, et les portages sur d'autres OS sont encouragés[4]. La spécification est disponible[5], mais requiert un accord de licence pour être consultée. De plus, une gestion des droits numériques (DRM) sera incluse dans ce format.

      L'adoption de ce format par les futurs utilisateurs de Longhorn est très probable, vu son intégration dans l'OS en état de "position dominante", dans les applications bureautiques du même éditeur et même dans les futurs drivers d'imprimante.

      Dans le cadre de l'interopérabilité avec les logiciels libres, qui nous intéresse ici, il y a finalement deux alternatives :

      - Soit ce communiqué est sincère, et ce format pourrait être un "pont" intéressant entre les systèmes. Avec les spécifications (qui ont l'air assez complètes après un parcours rapide) des implémentations libres verront rapidement le jour, ainsi que des passerelles PDF <-> Metro et OOOasis <-> Metro. Si il y a une réelle plus-value par rapport à d'autres formats, ca pourrait même devenir une norme ...

      - Soit, et c'est ce à quoi M$ nous a habitués, il s'agit d'une manoeuvre marketing de plus. On peut alors craindre des licences restrictives, des standards non respectés ou des fonctions incomplètement documentées (comme on l'a vu avec l'XML de MS Office).

      Le DRM annoncé pose aussi la question de la sécurité par l'obscurité : si son mécanisme est documenté, une implémentation tierce pourra le contourner, et donc le rendre inutile. [update : la spec indique comment obfusquer/désobfusquer une police copyrightée dans un document]

      Donc la publication de cette spécification me semble être un premier pas dans la bonne direction, reste à savoir si l'implémentation sera faite avec le même esprit ...

      [1] http://www.republique-des-lettres.com/journal/rl05200504.php(...)
      [2] http://www.theregister.co.uk/2005/04/28/metro_longhorn/(...)
      [3] http://www.generation-nt.com/actualites/6816/Metro-le-format-PDF-de(...)
      [4] http://www.pcinpact.com/actu/newsg/20950.htm(...)
      [5] http://www.microsoft.com/whdc/device/print/metro.mspx(...)
      • [^] # Re: Microsoft pragmatique?

        Posté par  . Évalué à 4.

        Point amusant, le fameux document cité ci-dessus dédié à augmenter l'interopérabilité et tout et tout est (à première vue en tout cas) disponible uniquement par le biais d'un fichier... .exe ;-)
        Sur la bonne voie peut-être, mais la route est encore longue...
        • [^] # Re: Microsoft pragmatique?

          Posté par  . Évalué à 2.

          Effectivement !
          Mais il s'agit en fait d'une archive zip auto-extractible, qui s'ouvre sans pb avec Wine. Ensuite, on a un bô fichier .doc, qui s'ouvre (lentement mais sûrement) avec OpenOffice ;-)
          Comme tu dis, la route est encore longue.
          (D'un autre côté, je les vois mal envoyer un PDF quand le but est de concurrencer ce format ...)
          • [^] # Re: Microsoft pragmatique?

            Posté par  . Évalué à 5.

            Les zip auto-extractibles s'ouvrent aussi directement avec unzip.
            Ce sont des zip avant tout (donc même jar peut les lire).

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