Journal Eloge du vol

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22
oct.
2010
Pour mon premier journal, je ne vais pas valoriser ce chef d’oeuvre qu’est Top Gun, mais plutôt Robin des bois : le vendredi, c’est permis.

Alors voilà :
:
- Le volsaimal.
- Pourquoi ?
- Parce que ça prive celui qu’on vole.
- Ça le prive de quoi ?
- De la jouissance du bien que tu as volé.
- Et si je pirate un film, je vole quoi ?
- … la possibilité à l’industrie qui a produit ce bien d’en tirer une rétribution

Donc l’argument c’est bien :
« Pirater c’est empêcher le producteur de bénéficier d’une rétribution de son travail. »
Ou alors,
« Il faudrait (moralement) laisser au producteur la possibilité de bénéficier d’une rétribution de son travail. »

Honnêtement (npi), je ne vois pas pourquoi.

Historiquement, ça ne fait pas longtemps que « l’industrie » culturelle a la possibilité de se financer par la vente de « produits » culturels.
Un Platon n'a pas dû toucher énorme avec la vente de ses bouquins écrits/copiés à la main. Donc il a fallu attendre la disponibilité de moyens de production à grande échelle (imprimerie…)
Et encore, un Voltaire ça m’étonnerait qu’il se soit financé avec ces livres.

Donc pour que l’industrie se développe, il a fallu que les coûts de productions des « produits culturels » baissent (pléonasme inside).
Or, on arrive à un moment charnière où la (re)production est banalisée au point de pouvoir se faire « à la maison ». D’où la mort de cette industrie.
- Et alors ?
- Elle fournit un travail (édition…), il doit être rétribué.
- Oui, et on parle d’une économie de marché ou pas ?
Si oui, ben la rétribution n’est que très faiblement lié au travail fournit.
Le prix c’est ce qu’on arrive à capter du consommateur, point. Pour en prendre plus, on peut faire en sorte d’être seul sur le (segment) de marché (innovation, barrières à l’entrée, consommateurs captifs …)
Là, la technologie fait sauter une barrière à l’entrée, rien d’immoral.
Si des acteurs veulent se lancer ou se maintenir dans une activité, à eux de faire en sorte de la rendre rentable.
Un moyen c’est de faire voter des lois pour maintenir des barrières à l’entrée. C’est compréhensible, mais qu’on ne me parle pas de moralité.

Sinon (i.e. pas une économie de marché, faut suivre), on peut aussi dire que la Culture n’est pas un bien comme les autres, il faut inciter à sa production. Why not ? Mais qu’on me fournisse l’étude qui prouve que la Culture a besoin de l’industrie culturelle pour être produite. Alors oui, financer Avatar sans vendre de DVDs, des blue-rays, des sonneries … ça ne va pas être simple. Mais bon, c’est une exigence morale de vivre dans un monde où on peut produire des « Avatar »s ?
Qu’il y ait besoin de trouver d’autres modes de financement c’est sûr. Historiquement, on ne s’est pas trop mal débrouillé (les mécènes toussa).

On peut aussi arguer que cette industrie fournit des emplois … A une autre époque, il y a eu les maréchaux-ferrants (y’en a encore un peu http://www.ufm.asso.fr/ ). Ne pas défendre une industrie obsolète, rien d’immoral.

Enfin, il y a les arguments sur la protection de l’innovation : il faut bien financer la R&D nécessaire pour fabriquer les logiciels, médocs… Là encore, y’a de quoi débattre. Je ne connais pas le sujet à fond, mais la part de fond public me semble assez importante, elle est financée par les impôts. Pour la part privée, ben je ne sais pas. A l’époque où j’étais étudiant, j’avais fait un mémoire sur les durées optimales de brevets. Mais le financement par la restriction de l’accès à l’innovation (les brevets) a un côté qui ne me semble pas optimal à la base. J’ai une autre solution ? Pas trop non. Je crois pas mal à des modèles libres où on ne rétribue pas une innovation passée mais où on financerait la capacité à innover (qui a dit bisounours ?)

Donc en gros la technologie peut mettre fin à une rente de situation qui a été relativement courte.
J’y vois le début d’une révolution. Et je comprends aussi la volonté de la briser dès maintenant.
Parce que bon, si on remet en cause l’interdiction de la copie, après c’est quoi ? Les brevets ?
Les vrais privilèges (pas celui du petit fonctionnaire à 1500 € qui a droit à sa retraite à 55 berges, mais celui des héritiers par exemple) ?

Au fait :
1- Je fais suffisamment parti des privilégiés (j’ai pas hérité de biens mais d’un cadre de vie, d’éducation privilégié) pour ne pas avoir besoin de mettre en pratique le piratage/vol dont je parle, donc ce journal n’est pas une justification a posteriori d’un comportement illicite.
2- C’est tellement une tarte à la crème que j’aurais plutôt dû poster sur PCInpact ?
  • # .

    Posté par  . Évalué à 9.

    2- C’est tellement une tarte à la crème que j’aurais plutôt dû poster sur PCInpact ?

    Franchement ? Oui.
  • # Protection de l'innovation

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

    Enfin, il y a les arguments sur la protection de l’innovation : il faut bien financer la R&D nécessaire pour fabriquer les logiciels, médocs… Là encore, y’a de quoi débattre.

    De mon point de vue, il faut une protection de l'innovation. Mais elle doit être logique. Protéger jusqu'à 70 ans après la mort de l'auteur, ça ne protège rien, au contraire, ça n'incite pas à innover.
    Ca serait plutôt un truc dans les 7 ans après la sortie de l'innovation, pas trop court pour amortir les coûts, mais pas trop long pour éviter les rentes. Par exemple de le code source de Windows XP ou Office 2003 devraient être libérés, pour pousser Microsoft à innover pour ses prochains logiciels plutôt que de vivre de sa rente (car dans ce cas, seuls ceux trouvant Windows 7 mieux que XP mettront l'argent dedans, et pas un achat "par défaut").

    Tout en laissant la possibilité de faire du libre = payé une fois à l'acte, et gratuit ensuite. Les deux modèles se tiennent. Mais pas un modèle à 70 ans.

    Je crois pas mal à des modèles libres où on ne rétribue pas une innovation passée mais où on financerait la capacité à innover (qui a dit bisounours ?)

    Pourquoi Bisounours? Linux a prouvé que ça marchait plutôt bien...
    Comme dit précédemment, ce n'est pas possible pour tout, mais il y a des endroits où si, on peut.
    • [^] # Re: Protection de l'innovation

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

      >>>seuls ceux trouvant Windows 7 mieux que XP mettront l'argent dedans, et pas un achat "par défaut")

      ah, et la vente liée ? Ceux qui veulent un PC neuf se font fourguer à 99% Windows 7.

      ウィズコロナ

    • [^] # Re: Protection de l'innovation

      Posté par  . Évalué à 1.

      Le problème c'est que les coûts d'amortissement vont dépendre des types d'innovations (par exemple dans le pharmaceutique, c'est assez long je crois).
      D'un autre côté 7 ans d'avance, même si l'innovation n'est pas toute rentabilisée, ça devrait laisser le temps de développer une expertise qui elle peut être rentabilisée. Faudrait voir des exemples concrets...
      En plus, là où j'ai vraiment des doutes, c'est sur la possibilité/l'efficacité de faire financer par des intérêts privés des innovations de longue haleine. Mais il y a peut-être des exemples.
  • # Il dit qu'il ne voit pas le rapport.

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

    Le vol en droit pénal français étant la soustraction frauduleuse de la chose d'autrui, je ne vois pas le rapport entre le titre et le contenu de ce journal.

    Adhérer à l'April, ça vous tente ?

    • [^] # Re: Il dit qu'il ne voit pas le rapport.

      Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

      Le rapport est l'amalgame couramment fait par l'industrie du cinéma et de la musique, qui dit que télécharger c'est du vol.
      Ce qui est faux, comme tu viens de le dire.

      Et lui explique que le téléchargement fait juste sauter une barrière technique à la reproduction des oeuvres rendant son coût simplement marginal, et techniquement accessible à tout le monde sans matériel particulier. Un ordinateur est aujourd'hui a peu près aussi courant qu'un marteau, et tu ne payes rien à personne pour planter un clou.

      Donc il va plus loin pour expliquer que le téléchargement ce n'est pas du vol, et surtout qu'il n'y a strictement rien d'amoral à le faire.

      Yth.
  • # La propriété, c'est quoi ?

    Posté par  . Évalué à 8.

    On ne peut pas voler un film, parce que ce n'est pas de la propriété, c'est d'ailleurs pour ça qu'il n'est jamais question de vol dans les procès pour piratage. Pas besoin d'écrire une tartine et de faire un titre provocateur.

    DLFP >> PCInpact > Numerama >> LinuxFr.org

    • [^] # Re: La propriété, c'est quoi ?

      Posté par  (Mastodon) . Évalué à 2.

      Exact.

      De mémoire, on n'est pas du tout poursuivi par du vol en effet, mais de la contrefaçon, voire du recel.

      j'ai aussi du mal à comprendre le rapport, mais en tous cas, c'est pas du vol, c'est sur !

      En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.

      • [^] # Re: La propriété, c'est quoi ?

        Posté par  . Évalué à 5.

        Pas faux, c'est d'ailleurs en partie le sens du journal.

        Sauf que :
        1 - je préfère top gun à surplouf
        2 - j'ai été enduit d'erreurs par le petit film, souvenez vous :
        Voler une voiture ? JAMAIS
        Voler un sac ? JAMAIS
        Voler une télé ? JAMAIS
        Voler un film ? JAMAIS…

        Télécharger des films piratés C’EST DU VOL
        LE VOL EST PUNI PAR LA LOI
        LE PIRATAGE, C’EST DU VOL
  • # appelons un chat un chat

    Posté par  . Évalué à 7.

    Bon, je sais que je vais me faire incendier, tirer dessus, brûler vif, damné pour l'éternité par tous le panthéon Geek, etc, etc. mais je vais quand même dire ce que j'ai à dire, alea iacta est :

    Je pense que tous autant que nous sommes nous devons juger avec nos raisons et pas avec nos émotions. Certes, nous avons tous gros sur le cœur pour ce que vient de faire l'industrie de la culture, je veut dire le lobbying mondial acharné et les lois liberticides qui s'ensuivirent. Oui c'est immoral, oui ce n'est pas juste, oui c'est terriblement excessif, MAIS cela doit-il nous détourner de la distinction de ce qui est juste et ce qui ne l'est pas ? bien sûr que non.

    Que dit la logique ? elle dit que voler ce n'est pas bien (hors contexte manichéen/religieux). Le modèle économique de l'industrie culturelle est la multiplication et la vente de pain après un investissement conséquent en fours. Maintenant, la multiplication rapporte de l'argent, beaucoup d'argent. Il y a des pains qui se vendent pas, mais l'industrie est assez maligne aujourd'hui pour compenser la mévente des pains pourris par la vente des bons pains (elle est même capable de vendre du pain pourri au pris du bon pain, il paraît ...). L'industrie, quoi qu'elle en dise, tire du commerce du pain multiplié un bénéfice conséquent, même insolent. C'est moche, mais c'est comme ça, c'est la vie.

    La technologie a réussi à multiplier les pains à l'infini et à les distribuer en un éclair (no pun intended comme disent nos amis anglo-saxons). Il y a un risque que la technologie tue l'industrie culturelle. Pourquoi ? parce que cette dernière a raté le train de l'évolution technologique. C'est moche, mais c'est comme ça, c'est la vie. Merci qui ? Merci Charlie (Darwin, N.D.A)

    Ceci dit, le vol çaylemal, il n'y a pas a discuter là dessus. Mais alors, si le vol devient très facile, que doit-on faire ?
    1. on légalise le vol.
    2. on met des menottes, des chaînes et des boulets à ceux qui ne volent pas ... pour les protéger d'eux-même, paraît-il ...

    Laquelle de ces deux solutions est la meilleure ? Pour moi, aucune des deux.

    Maintenant que dire de tout cela ?

    En ce qui me concerne, je pense que :
    1. pirater c'est immoral quoi qu'on en dise. La piraterie des œuvres culturelles se fait sur Internet, et c'est sur ce même réseau que l'on trouve aussi des œuvres librement distribuables avec le sourire du crémier de l'auteur. Il faut choisir, soit vendre son âme i.e son sens moral pour avoir le dernier tube de Britney Spears (je ne sais pas si elle chante encore) ou alors télécharger librement des artistes sur Jamendo ou MagnaTunes dont le talent dépasse parfois (je suis tenté de dire souvent mais ...) celui de Melle Spears. En ce qui me concerne, Britney ne vaut pas le coup.

    2. l'industrie culturelle, telle qu'on la connait, vit probablement ces dernières décennie. Elle a eu ses heures de gloires aux XIXe et XXe siècles, mais dorénavant, le modèle du troubadour risque fort de devenir LE modèle économique de l'artiste. Le monde change, la mort et la destruction, sous toute forme qu'elle soit, en font partie.

    S'ils veulent mon avis, les Majors devraient progressivement investir dans d'autres secteurs d'activité pendant qu'il est encore temps, avant que plus aucun CD ou fichier ne puisse se vendre ou avant que leur obstination transforme une bonne partie du monde libre en dictature numérique et ça, à moyen et long terme, c'est pas bon pour l'industrie culturelle et pour la culture en général (autodafé, etc.)
    • [^] # Re: appelons un chat un chat

      Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

      Entièrement d'accord avec ce que tu penses en 1. L'artiste fait ce que bon lui semble de son oeuvre, si il veut que les gens payent, ils doivent payer. C'est tout.
      Ceux qui sont pas jouasse, peuvent très bien aller voir ailleurs, il y a largement assez de création artistique gratuite disponible pour pouvoir faire valoir son "droit à la culture".

      Pour le point 2, le soucis c'est essentiellement les mentalités.

      Exercice : allez sur http://www.uncommonmenfrommars.net
      Ecoutez leur dernier album (c'est du punk-rock de très bonne facture). Vous avez tout l'album en écoute sur le site (oui, en Flash, mais un soucis à la fois svp). Si vous voulez acheter l'album, il y a un lien sur le site de marchandising, c'est 5€, plus 2.5€ de ports. Allez à un concert (ou passez par moi si vous habitez sur Toulouse) et vous ne paierez en effet que 5€.
      Bin le label, pour faire accepter ça, il se bat. Tout le temps. La preuve, allez sur Amazon, regardez le prix de ce même CD.
      Or ce style de vente va se compter en quelques milliers à tout casser. Pour un groupe qui fait 30 ou 40 dates par an, qui touche 2 à 3k€ par concert, ils ne vivent clairement pas grâce à la vente de disques.

      Par contre, en cherchant à se diffuser un max, ils assurent la communauté de leurs fans, ils se font de la pub, ils tentent de faire le plein à chaque concert etc...

      Définitivement, le disque n'est plus une finalité, il va se ranger au niveau d'un t-shirt par exemple : on aime l'artiste, on aime la collec, on se fait plaisir etc. Mais comme l'artiste n'a jamais vécu grâce à la vente de ses t-shirts, il ne vivra plus grâce à la vente de ses disques (si ça a déjà existé).

      Évidemment, quelques rares cas particuliers vendant des millions d'album peuvent vivre de leurs disques, mais c'est tellement marginal...

      En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.

      • [^] # Re: appelons un chat un chat

        Posté par  . Évalué à 4.

        Évidemment, quelques rares cas particuliers vendant des millions d'album peuvent vivre de leurs disques, mais c'est tellement marginal...

        Justement, vivre de son métier d'artiste, ce n'est pas forcément vendre des millions de disques. Je pense qu'il y en a qui vendent des milliers de disques et qui "vivent" de leur métier. J'ai vu des reportages sur Arte je crois qui parlait de rappeurs new-yorkais qui vendaient leur propres disques produits dans des caves dans des studios, modestes mais qui assurent l'essentiel, avec des PC et des logiciels MAO. Ils font des petits concerts et vendent leur CDs aussi, CDs dont l'intégralité des recettes va dans la poche du rappeur. Ils se font une petite mais une bonne réputation dans le milieu underground et arrive à vivre de leur art, certains complètent leurs revenus avec un travail secondaire mais quel plaisir de faire de l'art (oui, le rap est un art, quoi qu'en disent les snobo-mélomanes).

        Le problème du milieu culturel (musique, cinéma, théâtre, littérature) est que le gagne-pain n'est pas garanti par rapport à un emploi, même un emploi de base en industrie. Mais dans la vie, il faut savoir ce qu'on veut. Faire de l'art procure une liberté et un plaisir de travailler incomparables avec le travail au sens "contraintes et soumissions" sans parler de l'ennui et des relations socio-professionnelles qui peuvent être terribles.
        Comme dans toute chose dans l'Univers, il y a des avantages et des inconvénients, l'homme n'est et ne sera jamais dieu, il lui faut donc trouver un compromis avec l'ordre des choses, c'est bien à cela qu'est censé servir sa supériorité intellectuelle, non ? Mais les grands artistes ont gagné beaucoup d'argent, beaucoup trop, les producteurs encore plus et tous le monde croit qu'un artiste est riche ou n'est pas artiste.

        Alors oui, c'est un problème de mentalité, mais il faut que les mentalités changent et il faut qu'il y ait des faiseurs de tendance, des initiateurs qui vont probablement être sacrifié au changement. Il faut des casse-cou, des héros du changement pour entraîner petit à petit la masse vers ce qui est positif et ce qui sert l'intérêt général.
        Dans tous les cas, rappelons-nous de ce que disais Sénèque le jeune "ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas que les choses sont difficiles."
      • [^] # Re: appelons un chat un chat

        Posté par  . Évalué à 0.

        L'artiste fait ce que bon lui semble de son oeuvre ... ou pas.
        Il le faisait quand il en avait les moyens (et encore, pour vivre il choisissait d'en céder l'exploitation à des tiers), actuellement, plus trop.
        Est-ce qu'il a un droit (d'auteur) à faire ce qu'il veut de son oeuvre ? Même ça s'est pas si évident : historiquement d'abord, c'est assez récent, et puis il y a aussi l'idée que l'oeuvre échappe à son créateur (certes, c'est un peu capilotracté).
        • [^] # Re: appelons un chat un chat

          Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

          Est-ce qu'il a un droit (d'auteur) à faire ce qu'il veut de son oeuvre ?

          Quand tu crées quelques chose, heureusement encore que ça t'appartient ! Manquerait plus que ça...

          C'est pas parce qu'il y a des allumés du "je prends ce que les autres offrent mais je suis strictement incapable d'en faire autant" qu'il faut en faire une règle.

          L'auteur fait son choix, un point c'est tout. Si il veut vendre 20€ son CD, qu'il le fasse. Mais ensuite, qu'il ne pleurniche surtout pas si ça se vend pas (car l'excuse du "je me fais pirater, sinon j'en aurais vendu des caisses je vous jure" n'est pas valable selon moi).

          Je suis pour que l'auteur fasse ce qu'il veut. Toujours. C'est son oeuvre, c'est la moindre des choses. Si il veut faire n'importe quoi, qu'il ne se gène pas !

          En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.

          • [^] # Re: appelons un chat un chat

            Posté par  . Évalué à 0.

            Quand tu crées quelques chose, heureusement encore que ça t'appartient !
            Ben, c'est juste faux : tous les jours au boulot je crée des choses qui ne m'appartiennent pas.

            Et puis l'auteur ne crée rien ex nihilo, donc non ça ne lui appartient pas sans réserve.
            • [^] # Re: appelons un chat un chat

              Posté par  (Mastodon) . Évalué à 2.

              tous les jours au boulot je crée des choses qui ne m'appartiennent pas.

              Moi aussi, c'est vrai. Mais par contre, je sai spas pour toi, mais je touche chaque mois de l'argent de la part de celui qui me "prend" mes créations.
              Et je trouve le deal plutôt interressant (du moins en ce qui me concerne).

              Je compose aussi de temps à autre, si tu veux que je te compose quelque chose, pas de soucis, contre un petit salaire tu auras tous les droits sur mes compos !!!

              En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.

              • [^] # Re: appelons un chat un chat

                Posté par  . Évalué à 1.

                Il ne me les prend pas, elles n'ont jamais été ma propriété (vente de ma force de travail, pas du produit).
                Et en effet, le deal me convient bien, sinon je ferais autre chose.

                Sinon merci pour la propal, on vous rappellera.
            • [^] # Re: appelons un chat un chat

              Posté par  . Évalué à 2.

              Ton point est valide. Un autre est que l'auteur a divulgué son oeuvre à un passant, a touché cette personne, et ce passant doit pouvoir en faire quelque chose, ne pas tout garder pour lui (toujours faire gaffe au retour du refoulé).
          • [^] # Re: appelons un chat un chat

            Posté par  . Évalué à 1.

            « Quand tu crées quelques chose, heureusement encore que ça t'appartient ! Manquerait plus que ça... »

            C’est juste faux. Le mieux reste encore maître Éolas : [http://www.maitre-eolas.fr/post/2009/02/20/1321-les-droits-d(...)].
            • [^] # Re: appelons un chat un chat

              Posté par  (Mastodon) . Évalué à 2.

              Je ne vois pas où cet article (de Maitre Eolas que j'apprécie énormément) me contredit. Il explique la tartine de droits qui vont dès la création de l'oeuvrre, il est bien expressément écrit que dès la création tu chopes donc un droit moral et un droit patrimonial sur ton oeuvre. A toi de faire ce que bon te semble du droit patrimonial.

              Mais je n'ai pas trouvé de passage me contredisant. Si tu peux être plus explicite...

              En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.

              • [^] # Re: appelons un chat un chat

                Posté par  . Évalué à 4.

                Dingue qu’il faille faire de l’explication de texte. -_-

                « Les épithètes “ littéraire et artistique ” ou “ intellectuelle ” changent le sens du mot propriété. » et il insiste encore plus loin.

                Un auteur n’est pas propriétaire de son œuvre, or tu dis que l’œuvre lui appartient. Il y a contradiction.

                « L'idée étant que pour favoriser le foisonnement intellectuel, il faut que les auteurs puissent vivre de leurs œuvres. »

                Le droit d’auteur n’est pas issu d’une quelconque « moralité » (ça c’est pour le premier commentaire du fil), mais dans le but pragmatique de favoriser la création et la diffusion culturelle.

                « Aujourd'hui, la propriété littéraire et artistique, c'est quoi ?
                C'est un monopole d'exploitation »

                Ni plus, ni moins. C’est la notion centrale de toutes propriétés intellectuelles.

                « Les exceptions au droit d'auteur », il suit une liste.
                Ce qui contredit directement : « L'artiste fait ce que bon lui semble de son oeuvre. »

                Je crois d’ailleurs qu’il y a eu des procès parce que les héritiers bloquaient toute possibilité de masteriser de vieux films.

                Alors s’il vous plaît, tous (tu n’es pas le seul), arrêtez de parler de propriété, de moralité alors que le droit d’auteur n’a strictement rien à voir. S’il y a une chose à retenir c’est que la PI est un monopole d’exploitation, un droit accordé par la société pour encourager les auteurs à publier.

                PS : de plus, concernant la moralité l’argument peut être retourné. Quelqu’un qui accapare une ressource intellectuelle, dont la copie ne coûte rien : c’est totalement immoral. C’est mon avis, et il ne vaut pas moins que celui du premier commentaire du fil, point 1.
                • [^] # Re: appelons un chat un chat

                  Posté par  (Mastodon) . Évalué à 1.

                  Je suis désolé, mais ça reste quand même assez vague et plein d'interprétation.

                  Tu dis "Le droit d’auteur n’est pas issu d’une quelconque « moralité » (ça c’est pour le premier commentaire du fil), mais dans le but pragmatique de favoriser la création et la diffusion culturelle.

                  Ca, c'est toi qui le dit. Et même si c'est sûrement vrai (voir l'anecdote de la création de la SACEM) ça ne m'empêchera pas de penser que c'est un manque qui a été réparé.
                  Je trouve tout à fait légitime de rétribuer un artiste si il le demande dès lors qu'on veuille profiter de son oeuvre. Appelle-ça comme tu veux, le droit français concède donc un "droit d'exploitation", ça me va.
                  Alors oui, elle ne lui appartient pas, mais il en tire de l'argent comme il le veut. Ce qui lui appartient c'est le droit d'en faire un profit financier. Ca te va mieux comme formulation ?
                  J'insiste sur mon avis : je trouve ce droit parfaitement légitime.

                  Au passage, les exceptions sur le droit d'auteur, elles sont minimes, je les trouves plutôt censées, et ça ne remet pas en cause le fait que l'auteur "fait ce qu'il veut de son oeuvre" (meme si j'ai toujours su qu'en effet, Johnny Hallyday ne pouvait pas m'empêcher d'écouter un de ses morceaux par exemple, puisqu'il me suffit d'aller acheter un de ces disques, ou de mettre la radio). Il peut refuser qu'elle aille sur une radio, qu'elle sorte en disque, il peut au contraire décider qu'elle soit gratuite, la donner à un musée etc.

                  Quelqu’un qui accapare une ressource intellectuelle, dont la copie ne coûte rien : c’est totalement immoral.

                  C'est là que nous ne sommes pas d'accord. Moi je fais quand même la part des choses. Une oeuvre artistique (allez, prenons un exemple concret : un morceau de rock, domaine que je connais le mieux) ne manquera pas à l'humanité si son auteur veut un peu d'argent en retour et en limite la diffusion. Faut pas déconner non plus.

                  Je comprends que des sujets comme la brevetabilité du vivant relève du scandale pur et simple, mais ensuite, un tableau de Picasso ou un morceau d'AC/DC, c'est quand même hors de ce qu'on pourrait considérer comme le "patrimoine humain", c'est à dire un ensemble de connaissance publiques, disponible à volonté et sans restriction, pour le bien de cette humanité.

                  En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.

                  • [^] # Re: appelons un chat un chat

                    Posté par  . Évalué à 3.

                    Ce qui lui appartient c'est le droit d'en faire un profit financier. Ca te va mieux comme formulation ?
                    A moi carrément oui. Reste que ce droit n'est pas absolu (non, il n'en tire pas de l'argent comme il veut).

                    un tableau de Picasso ou un morceau d'AC/DC, c'est quand même hors de ce qu'on pourrait considérer comme le "patrimoine humain", c'est à dire un ensemble de connaissance publiques, disponible à volonté et sans restriction, pour le bien de cette humanité.
                    Bon pour le tableau, j'imagine que tu parles de ces reproductions éventuelles, parce que le tableau en tant que tel il n'est pas (encore) concerné.
                    Pour le morceau, ben au bout d'un certain temps pourtant il tombe bien dans le domaine public. Que ce soit un bien ou pas pour l'humanité, ça...
      • [^] # Re: appelons un chat un chat

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

        L'artiste fait ce que bon lui semble de son oeuvre, si il veut que les gens payent, ils doivent payer. C'est tout.

        Donc tu es pour les brevets ad vitam eternam aussi (en prenant la même logique)? Je peux vendre qu'aux Blanc parce que j'aime pas les noirs?

        Non, je ne suis pas d'accord : l'artiste ne fait ce que bon lui semble de son oeuvre, il le fait dans le cadre de la loi. Et il y a une légitimité à mettre une date de péremption sur les droits des auteurs, que ce soit les brevets ou les chansons. Et 70 ans après la mort de l'auteur, c'est un peu gros et pas optimal (en plus, l'auteur ne reçoit rien, il est 6 pieds sous terre, seuls des profiteurs qui n'ont rien fait pour l'oeuvre sont toujours la)
        • [^] # Re: appelons un chat un chat

          Posté par  . Évalué à 1.

          > Donc tu es pour les brevets ad vitam eternam aussi (en prenant la même
          > logique)?

          Pour les brevets c'est complètement différent, ça peut t'empêcher de créer. Là
          on parle de la vente d'une œuvre.

          Pour comparer il faut prendre l'exemple des logiciels payants et propriétaires
          dont la licence ne s'applique qu'à eux même, pas aux brevets dont le principe
          est de s'appliquer aux autres.

          > Je peux vendre qu'aux Blanc parce que j'aime pas les noirs?

          Dans l'idéal, oui, tu devrais avoir la liberté de choisir de refuser pour des
          raisons arbitraires à qui tu vends.

          Bon cela dit ton exemple est hors de propos.

          > Non, je ne suis pas d'accord : l'artiste ne fait ce que bon lui semble de son
          > oeuvre, il le fait dans le cadre de la loi. Et il y a une légitimité à mettre
          > une date de péremption sur les droits des auteurs, que ce soit les brevets ou
          > les chansons. Et 70 ans après la mort de l'auteur, c'est un peu gros et pas
          > optimal (en plus, l'auteur ne reçoit rien, il est 6 pieds sous terre, seuls
          > des profiteurs qui n'ont rien fait pour l'oeuvre sont toujours la)

          Si l'auteur a décidé que ses œuvres continuent à engraisser ses enfants et/ou
          ses ayants droits après sa mort, on ne peut que respecter sa bêtise.
          • [^] # Re: appelons un chat un chat

            Posté par  . Évalué à 1.

            Là on parle de la vente d'une œuvre.
            Pas vraiment : on ne parle pas du tableau qui peut être vendu ou pas; transmit aux héritiers ou pas (on devrait aussi).
            Mais on parle de la pertinence de mettre des conditions d'utilisation / de reproduction sur celui-ci.
            Ce qui ressemble aux exemples logiciels en effet.

            Dans l'idéal, oui, tu devrais avoir la liberté de choisir de refuser pour des raisons arbitraires à qui tu vends.
            Non, il y a des principes de non-discrimination.
            Dans l'idéal c'est un équilibre des droits. Si tu sacralises l'un d'entre eux (propriété, sécurité), t'es plus dans un état de droit.
    • [^] # Re: appelons un chat un chat

      Posté par  . Évalué à 5.

      pirater c'est immoral quoi qu'on en dise

      Là dessus, je ne suis pas tout à fait d'accord. Je dirais plutôt ne pas rétribuer l'artiste pour son oeuvre est immoral. Le "piratage" en soi n'est qu'un moyen pour quelqu'un de profiter d'une oeuvre. Là où le problème se pose est plutôt le système actuel du financement de la création et (surtout) des artistes. Un exemple: j'aime bien écouter un disque avant de l'acheter. Mais j'ai pas forcément envie de l'écouter devant mon ordinateur sur deezer (qui rémunère pas énormément les artistes si je me souviens bien, mais qui se finance plutôt bien sur leur dos) ou sur d'autres plateformes. Aujourd'hui, on nous fait comprendre qu'il y a pleins de moyens pour écouter la musique sur internet "gratuitement" avec aussi la mise à disposition des disques sur internet en streaming avant leur sortie. Mais chacun à sa façon de profiter de la musique, et celle là ne me convient pas et il n'y a actuellement pas de modèle économique qui me plaise dans le milieu.

      Pour finir, je suis un méchant, mais un méchant qui écoute et achète (beaucoup) de musique et qui n'est pas satisfait de l'offre actuelle mais qui a envie de rémunérer les artistes.
    • [^] # Re: appelons un chat un chat

      Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

      Comparer l'industrie du cinéma et de la musique à la fabrication de pains est un contre-sens.
      Pour preuve, je vais poursuivre ton analogie :

      Je suis capable grâce à une machine à dupliquer les pains chez moi de prendre un pain de l'industrie et de le reproduire en plein d'exemplaire.
      Comme ça j'achète un pain, et avec un peu de courant, j'en ai plein : je n'aurai plus jamais faim, et sans payer un rond à qui que ce soit (j'ai des panneaux solaires pour pas payer EDF, je suis malin !).

      C'est mal ? Pourquoi ? Comment ? Qu'est-ce ?
      Non, c'est cool, j'ai tout compris, et je mange sans efforts !

      ...

      Comme quoi la comparaison ne tient absolument pas la route : on ne peut pas comparer un bien matériel avec un bien immatériel, et télécharger un film n'a strictement aucun rapport avec piquer un croissant à la boulangerie.

      Yth.
  • # École de Francfort

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

    À lire à ce sujet, deux excellents livres écrits par des auteurs de l'École de Francfort, qui se rapprochent un peu de tes analyses :
    L'Oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique de Walter Benjamin
    Prismes : critique de la culture et de la société, de Theodor Adorno
  • # Ton journal

    Posté par  . Évalué à -1.

    C'est du caca en barre
    • [^] # Re: Ton journal

      Posté par  . Évalué à 1.

      ;)
      Mange-z-en ça nourrit
      • [^] # Re: Ton journal

        Posté par  . Évalué à 4.

        Toi tu as trop regarder man vs wild, la seule émission où tout ce mange.

        Vous voulez pas la jouer soft ? Je suis pas contraignant... vous voulez la jouer hard ? On va la jouer hard

  • # Voltaire

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

    >> Et encore, un Voltaire ça m’étonnerait qu’il se soit financé avec ces livres.

    Selon wikipasfiablepedia,

    Voltaire est mort à la tête d'une immense fortune : « un des premiers revenus de France, dit-on ! » (Jean Goldzink, Voltaire, (ISBN 2-07-053079-5)).

    Ses revenus viendraient :

    * de sa plume ; dans son Commentaire historique sur les œuvres de l'auteur de la Henriade il évoque le succès de cette œuvre publiée en Grande-Bretagne grâce à la protection du roi;
    * de la poche des princes ; selon les époques : George Ier de Grande-Bretagne, Louis XV, Frédéric II, Catherine II de Russie ;
    * de placements divers : loterie, prêts à l'aristocratie, investissements maritimes : en 1758 entrent dans le port de Cadix des bateaux chargés d'or des Amériques où il avait placé une partie de sa fortune ;


    Voilà, tu peux maintenant t'étonner.

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