Journal Bull : Architect of an Open World

Posté par  . Licence CC By‑SA.
Étiquettes :
32
15
jan.
2013

Vous êtes tous au courant, le régime de Mouammar Kadhafi en Libye c'est fini. C'était un dictateur complètement azimuté, très porté sur le cul, les harems et les jeunes vierges si on en croit les témoignages de certaines.

Mais Kadhafi c'était aussi un partenaire économique de choix pour la France ainsi que pour d'autres pays, un fournisseur de pétrole plutôt arrangeant et généralement un bon client pour nos produits made in France : armement, avions et systèmes de surveillance.

Le fleuron français de l'informatique, Bull, lui avait d'ailleurs vendu une solution de surveillance de qualitay, aidant ainsi notre gentil colonel à traquer ses ennemis blogueurs sur la toile.

Et maintenant, et bien ça fait tâche :

La cour d'appel de Paris a ordonné la poursuite de l'enquête pour complicité de torture en Libye visant la société Amesys, filiale du groupe informatique français Bull, ouverte après une plainte de deux ONG, a déclaré mardi Me Patrick Baudouin, avocat de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH).

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/01/15/97001-20130115FILWWW00415-libye-feu-vert-a-l-enquete-sur-amesys.php

Les deux ONG en question sont FIDH et LDH.

Alors Amesys coupable ? Coupable de quoi ?

Encore combien d'autres dictateurs de par le monde sont parmi les bons clients de l'industrie française ?

La solution d'Amesys a-t-elle été déployée en secret sur le sol français, par exemple par la DST ?

  • # Reflets.info

    Posté par  . Évalué à 10.

    Chez reflets.info, Amesys est un thème récurrent et fort bien documenté. Il y a aussi pas mal de choses sur ce qui se passe en Syrie et ailleurs aussi.
    Voici le lien pour avoir une partie des articles à ce sujet : http://reflets.info/category/sagas/bienvenue-chez-amesys/

  • # Paf (ça c'est le bruit de mon cerveau qui vient d'exploser)

    Posté par  . Évalué à 10.

    Donc si je saisis bien on peut vendre à un dictateur des armes, mais surtout pas des programmes informatiques, c'est ça??

  • # Question...

    Posté par  . Évalué à 4.

    loin de moi l'idée de vouloir les disculper mais je me demande pourquoi on fait un procès à Amesys pour complicité de torture et pas à Giat(par exemple) pour complicité de meurtre??

    • [^] # Re: Question...

      Posté par  . Évalué à 9.

      Plus dangereux de s'attaquer à un fabricant d'armes qu'à une boite de logiciels, non ?
      Encore que…

      • [^] # Re: Question...

        Posté par  . Évalué à 10.

        Dans « Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre », Eva Joly raconte les pressions qu'elle a subie lors de l'affaire Elf.

        Elle raconte aussi une conversation avec un général français de très haut rang : « J'imagine que cela ne doit pas être drôle pour vous tous les jours, Madame. Cette agitation, ces pressions, ces menaces… Mais je pense que vous arriverez au bout ». Puis il reprend « ce sera une autre histoire si vous quittez le milieu du pétrole pour approcher celui des ventes d'armes. Chez nous, il n'y a pas d'avertissement : si vous commencez à enquêter, je vous donne 48 heures… ».

    • [^] # Re: Question...

      Posté par  . Évalué à 5.

      Peut-être parce que la loi de la guerre et la loi de la paix, la loi en temps de paix, sont trop éloignés.

      Vendre une batterie antiaérienne ou un fusil de chasse, voir un couteau de boucherie, ça revient au même si ce n'est une question d'échelle. On vend aux pays amis. Par pays amis j'entends ceux à qui ça nous arrange de vendre à court ou moyen terme. Grâce au renseignement, tous les pays finissent par être plus ou moins au courant de qui a combien d'avions, de chars, quels modèles, achetés à qui. Quid de ma tronçonneuse…

      Là, dans le cas Amesys, on parle d'un dispositif de surveillance de chaque citoyen. Surveillance de la communication privée, généralisé et contrôlé par un dictateur déjà jugé limite par beaucoup. Si encore c'était sous l'égide d'une institution démocratique quelconque… Mais là ce n'était clairement pas le cas.

      Il s'agissait de permettre au gouvernants d'un pays de plus de 6 millions d'habitants d'enfreindre bons nombre des règles de protection de la correspondance privé dont nos propres élites au pouvoir nous chantent les louanges en vendant de la liberté à leur électorat.

      Je ne jette pas la pierre à Bull ou Amesys, ce sont des entreprises qui, bien que devant considérer la politique nationale à ce niveau là, doivent d'abords penser marché, rendement. Il pratiquent plutôt la politique comme des anguilles et pas comme Rosa Parks.

      Je pense que pour ce genre de marché, si un ministre ou un très haut responsable militaire avait dit non ça ne se serait pas fait.

      • [^] # Re: Question...

        Posté par  . Évalué à 6.

        Je ne jette pas la pierre à Bull ou Amesys, ce sont des entreprises qui, bien que devant considérer la politique nationale à ce niveau là, doivent d'abords penser marché, rendement. Il pratiquent plutôt la politique comme des anguilles et pas comme Rosa Parks.

        Servir une institution (une entreprise par exemple) n'est pas une ligne de défense quand on commet des crimes. C'est celle d'Eichmann, « Je ne faisais qu'obéir aux ordres », il a été condamné.

        Please do not feed the trolls

        • [^] # Re: Question...

          Posté par  . Évalué à 3. Dernière modification le 16 janvier 2013 à 21:10.

          Bull, Amesys, c'est cul et chemise avec l'état. Ce genre de projet avec un pays souverain considéré comme faisant partie de l'axe du mal par certain de nos alliés historique est issue d'une tactique économico-stratégico-politique réglée par les plus hautes sphères de l'état.

          Meilleurs sentiments à nos militaires engagés au Mali.

          And Yes. I consider living on another planet to be an option.

    • [^] # Re: Question...

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

      Un point important est l'usage qui est fait (ou qu'on suppose qu'il va être fait) du matériel vendu, que ce soit des armes ou des logiciels. Si on vend des équipements d'armement lourds, on peut souvent raisonnablement supposer qu'ils ont pour but la défense du pays en question et pas le massacre de sa population. Ça peut dégénérer, comme en Syrie en ce moment, mais cet argument peut quand même servir de façade dans un procès. Par contre, dans le cas de la vente d'un système de surveillance de la population à grande échelle, il n'y a quasiment aucune défense possible pour le vendeur. Il ne peut pas ignorer qu'il vend là une technique dont le but premier est de contrôler/opprimer la population.

    • [^] # Re: Question...

      Posté par  . Évalué à 1.

      Probablement parce que Giat doit demander une autorisation aux autorités françaises pour exporter du matériel militaire. Je ne dis pas Giat vaut mieux sur le plan moral mais simplement qu'elle est couverte du point de vue de sa responsabilité.
      Il faudrait que les vendeurs de solutions de cybersurveillance soient soumis aux mêmes règles et c'est d'ailleurs ce que réclame RSF. Maintenant rien ne dit que si Amesys avait dû demander l'autorisation, elle lui aurait été refusée… je ne pense pas que l’État s'amuse à étouffer une industrie stratégique au nom des Droits de l'Homme :-(

      De toute façon on ne peut pas demander à une entreprise d'avoir une morale et même si Amesys est condamnée - ce qui me semble peu probable - ça ne changera pas grand chose. La seule solution à mes yeux est d'imposer un cadre législatif contraignant et de poursuivre systématiquement les entreprises qui ne le respectent pas. De ce point de vue, la proposition de RSF va dans le bon sens.

  • # Comme la Stasi

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2. Dernière modification le 15 janvier 2013 à 17:42.

    La DST, ça n'existe plus alors si quelqu'un te dit qu'il est de la DST, c'est un fake… Par contre, la DCRI, oui.

    • [^] # Re: Comme la Stasi

      Posté par  . Évalué à 1.

      Bien vu. Par contre si quelqu'un me sort qu'il travaille pour la DCRI ou même juste qu'il est agent de renseignement j'aurais comme un doute :)

  • # Pedobear

    Posté par  . Évalué à 3.

    Encore combien d'autres dictateurs de par le monde sont parmi les bons clients de l'industrie française ?

    Y a pas que les dictature qui veulent faire la chasse au pédophiles. Le Maroc et le Qatar posséderaient eux aussi un Eagle chez eux.

    La solution d'Amesys a-t-elle été déployée en secret sur le sol français, par exemple par la DST ?

    C'est probable vu que l'état a investi dans ces entreprises, pourqoi ne pas utiliser leur produit ? En tout cas le bousin à bien été testé grandeur nature sur les Champs Elysées en plein Paris.

  • # Ce n'est pas l'apanage des dicateurs

    Posté par  . Évalué à 0.

    Vous êtes tous au courant, le régime de Mouammar Kadhafi en Lybie c'est fini. C'était un dictateur complètement azimuté, très porté sur le cul, les harems et les jeunes vierges si on en croit les témoignages de certaines.

    DSK, certes ce n'est pas un mangeur d'enfants, ceci est reservé aux dictateurs arabes mis en place et qui se rebellent.

    Par contre, DSK fait encore les plateaux de télé et risque même de revenir politiquement.

Suivre le flux des commentaires

Note : les commentaires appartiennent à celles et ceux qui les ont postés. Nous n’en sommes pas responsables.