Journal P2P : n'ayez pas peur !

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27
mai
2005
Lu sur paris.indymedia.org

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P2P : n'ayez pas peur !

Une lettre ouverte de Jeanne Doe, 87 ans, Rodez,au ministre de la culture,
Renaud Donnedieu de Vabres, suite au débat "Téléchargement : parlons en
franchement !"

http://paris.indymedia.org/IMG/html/doc-25214.html(...)

***

Extrait :

{...}

~

Alors franchement monsieur le ministre ,

Quand vous prétendez que la baisse des ventes de CD observée ces dernières
années n'est pas due au prix excessif de ce support, à la concurrence de
nouvelles formes de loisirs et au fait que les français doivent faire des
choix au regard de la de la courbe désespérante de leur pouvoir d'achat -
mais aussi à la nullité et à la pauvreté de l'offre engendrée par
l'immobilisme et l'ultra-concentration de l'industrie du disque et à la façon
dont cette industrie traite ses clients, les artistes et la musique dans le
monde entier, je trouve que vous êtes de mauvaise foi ;

Quand vous déclarez que si on n'éradique pas les réseaux publics d'échanges
culturels rapidement, les majors du cartel du disque et du film, l'ogre
qu'est la SACEM et l'hydre qu'est Microsoft vont mourir, et que, par
évidence, ce sera un drame pour la diversité culturelle et l'économie de la
France, je vous le dis tout net : je ne marche même pas une nanoseconde
(d'autant plus que des labels indépendants, des politiques, des économistes,
des sociologues, les représentants de milliers d'artistes, de centaines de
milliers de famille et de millions de consommateurs me suivent sur ce
terrain).

Et quand vous concluez, droit dans vos bottes et toutes sirènes hurlantes, que
le vrai problème, c'est la gratuité (je ne sais pas où vous la voyez), et pas
la politique répressive que votre gouvernement mène depuis trois ans contre
les internautes au seul profit de barons et de trusts - au lieu de s'attaquer
à la réforme des mécanismes de répartition, forcément, cela ne passe pas non
plus.

~

A dire vrai, après vous voir écouté, j'ai encore plus l'impression que, en
matière de politique culturelle sur internet, vous avez mené, et vous menez
encore, une politique définitivement rétrograde et injuste dictée par le
lobby de l'entertainement. Une politique partisane et pénale qui n'a rien à
voir avec la culture Et je crois toujours autant que vous préparez, avec vos
amis, une offensive législative post 29 mai pour déséquilibrer complètement
le droit d'auteur français à l'ère du numérique, quand les internautes seront
à la plage, et juste avant que ne débute réellement la campagne
présidentielle.

Une offensive vicelarde progressant bien cachée derrière l'alibi éternel de
l'auteur en danger, mais transposant en fait une belle paire de directives
européennes ultra-libérales : la directive EUCD (2001/29CE), véritable étron
juridique d'inspiration anglo-saxonne, et la directive Fourtou (2004/48CE),
surréaliste et du nom de la femme du PDG de Vivendi Universal, qui l'a fait
passer à grande vitesse quand elle était rapporteur pour son groupe au
Parlement Européen.

Une belle paire de directives ultra-libérales transposée au travers du projet
de loi sur le droit d'auteur et les droits voisins dans la société de
l'information (DADVSI), celui que vous comptez faire passer cet été via une
procédure d'urgence. Un projet de loi encore plus dur que la paire sur
laquelle il est monté. Un projet de loi lui aussi signé. Pas directement par
la femme du PDG de Vivendi Universal cette fois, mais par le Conseil
Supérieur de la Propriété Littéraire et Artistique (CSPLA), un nid de lobbies
de l'industrie du divertissement. Un nid de lobbies qui s'agite depuis trois
ans au sein même de votre ministère et qui pond des avis tous plus
liberticides les uns que les autres, que vous reprenez sans sourciller (comme
par exemple l'avis qui demandait à ce que soit modifiée la loi Informatique
et Libertés. 33).

~

Définition précise. Un texte liberticide pondu par des lobbies, voilà ce
qu'est le projet de loi DADVSI que vous défendez aujourd'hui bec et ongles
tout comme votre prédécesseur Jean-Jacques Aillagon.

Un texte qui permet le déploiement sur des marchés de masse de dispositifs de
contrôle et de traçage des usages culturels. Un texte qui met à mort la copie
privée mais pas la redevance. Un texte qui déstabilise complètement le droit
d'auteur. Un projet de loi conçu pour conforter encore plus dans leurs
privilèges et leurs habits de rentiers des monstres financiers comme Vivendi
Universal, Time Warner ou Microsoft.

Des monstres financiers qui engraissent leurs administrateurs et leurs
actionnaires aux dépens des auteurs, des artistes et du public, et qui, tout
comme la SACEM, veulent le beurre, l'argent du beurre et les fesses de la
crémière, quitte à les prendre de force et bien qu'elle soit mineure.

Des monstres, monsieur le ministre. Des monstres. Insatiables, sans limites,
sans morale, ni sens de l'équité. Des fous furieux allant jusqu'à poursuivre
ceux qui sifflotent l'Internationale en public34 et trainant des femmes
mortes devant les tribunaux35. Des cow-boys aux méthodes de gangsters,
s'achetant des lois et s'offrant des milices. Des sans-gêne régulièrement
condamnés pour toutes sortes d'abus, mais s'invitant dans les écoles
républicaines pour fourguer leur camelote et dire le droit à la place du
juge. Des innommables en fait, prêts à transformer le droit d'auteur - un
droit de l'homme, monsieur le ministre, un droit de l'homme - en loi martiale
pour mieux sodomiser le public avec une matraque s'il ne consomme pas de
suite, plus, où et comme on lui dit.

~

"Une telle méthode n'est pas neuve et a fait la preuve de sa perversité, à une
toute autre échelle il est vrai, dans un passé qui n'est pas si lointain et
dont l'enseignement commande de la qualifier de contraire aux bonnes moeurs
dans la moindre de ses applications. "

Extrait d'un jugement de la chambre des actions en cessation en salle des
Référés du Tribunal de Commerce, siégeant à Bruxelles le 25 novembre 1997 et
condamnant la BSA, le bras armé de Microsoft, suite à une campagne de
communication appelant à la délation anonyme moyennant rémunération (N° de
pièce : A.C 5.070/97). Le BSA siège actuellement au CSPLA.

~

Sur ce, monsieur le ministre, et en vous souhaitant une bien bonne campagne et
une très belle journée,

bien à vous,

~

jeanne doe, 87 ans, Rodez, 29 avril 2005

*****

<flic-notice version= "1.0 ">Communication au public sur tous supports et par
tous moyens, en tout ou en partie, de l'oeuvre que cette notice protège
[ "P2P : n'ayez pas peur ! " de Jeanne Doe, doyenne du FLIC (canal IRC), 87
ans, Rodez, 29 avril 2005] autorisée, partout et en tout temps, tant que
cette notice est également communiquée dans son intégralité - Le toucher rectal (http://www.rdonnedieudevabres.com/)(...) du milicien lui
laissait un goût amer - Communication au public de versions mises en forme,
corrigées ou traduites de l'oeuvre que cette notice protège autorisée dans
les même conditions si ne portant pas atteinte à l'intention originale ou à
la réputation de l'auteur - Autres droits prévus par la loi française pour
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l'exercice de droits prévus pour le public par la loi qui lui est applicable
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des fins de mise en conformité avec cette notice, tous droits réservés sur
cette notice à son auteur sauf ceux du public - L'auteur de cette notice, la
Guilde des Auteurs Anonymes Associés (GAAA), et l'auteur de l'oeuvre que
cette notice protège déclinent toute responsabilité en cas de communication
au public d'une version en l'état ou modifiée de leurs oeuvres par un tiers -
Paris, le 29 avril 2005 - GAAA (2005)</flic-notice>
  • # \_o<

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 9.

    Jeanne Doe ferait mieux de s'occuper de son fils John qui file, depuis longtemps, un bien mauvais coton: il est de tous les coups bas et foireux.

    La gelée de coings est une chose à ne pas avaler de travers.

    • [^] # Re: \_o<

      Posté par  . Évalué à 7.

      En attendant, elle a très bien résumé la situation, avec un style superbe !

      D'ailleurs, je suis en train de relire sa lettre, parce que c'est bien la première fois que je lis les mots « sodomie à la matraque » sans trouver la chose vulgaire ! :-)
      • [^] # Re: \_o<

        Posté par  . Évalué à 3.

        C'est bien dit, c'est juste, ... c'est parfait :-)


        Mon morceaux préférer: " ... tout comme la SACEM, veulent le beurre, l'argent du beurre et les fesses de la crémière, quitte à les prendre de force et bien qu'elle soit mineure."
  • # Jeanne Doe, 87 ans?

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

    Sans parler du fond, on me fera jamais gober que cela à été écrit par une dame de 87 ans (même sous coke).
  • # faites de la musique

    Posté par  . Évalué à 4.

    faites comme moi, enfin quand on peut se le permettre, hein parce que ca fait bcp d'argent a la fin.

    voila, tout ma famille, c'est a dire 5 personnes sont inscripts dans une ecole municipale de musique ; dans cette école sont prodigués des cours de musique ; ces cours sont donnés par des gens du milieu artistique. Et c'est en quelque sorte LEUR gagne pain. Toutes les cotisations que je vers pour cette ecole vont a 100% pour les gens qui en ont besoin. Cela doit faire au bas mot pas loin de 5.000E par ans, et ce depuis plus de 5 ans.

    Biensur il faut pour cela : des moyens financiers, mais aussi l'envie de jouer d'un instrument. Mais convenons en c'est une facon intéressante de contre-balancer de maniere efficasse le dictate de la haute et intouchable industrie musicale vide de tout ame.

    L'autre facon de consomer de la musique de maniere "equitable", avec le label qui va bien est de se rendre dans les petits festivals, les petits soirées jazz dans les bons petits bistrots. Et aussi pourquoi pas de fuir comme la peste les Zeniths et tout autre grand show montés a grand coups de millions d'euro, surtout puissament aidés par les médias et sponsors en tout genre.

    Tient, c'est bientot la fete de la musique, on verra bien si les francais se desintéressent totalement de la musique.

  • # Le coup de la crémière mineure...

    Posté par  . Évalué à -1.

    ... décrédibilise tout le reste. Le consommateur, terrifié par le début de la lettre, peut se rassurer : à un moment, il a failli croire à cette description de notre société sous la mainmise de l'ultra-libéralisme. Mais non, finalement r-à-s, encore un tissus de conneries ce papier. Heureusement, merde, à la veille du référendum, mieux vaut rester serein : après tout, c'est mieux que si c'était pire.

    Et puis, cette manie aussi de tout ramener au référendum, alors que ça n'a rien à voir...
    • [^] # Re: Le coup de la crémière mineure...

      Posté par  . Évalué à 1.

      je vois pas en quoi ca decribilise , c'est simplempent une adaptation libre d'une expression , pour montrer jusqu'ou ils peuvent aller, en faisant des metaphores avec un des crimes les plus abjectes qui soit.
      C'est peut etre trop fort , mais au moins ca a le merite de faire passer le message.

      Quand au fait du referundum; relis bien , moi j'ai compris ca dans le fait que la ils sont concentre sur le referundum, et que quand ca sera passe , il feront passer cette loi en douce.
      Rien a voir donc avec le refrundum en lui meme, il est utilise ici comme un evenement temporel. (un peu comme si on etait en periode du salon de l'agriculture , et que le ministre s'en occupe; et "elle" dirait apres le salon de l'agriculture ...)
  • # Gachis

    Posté par  . Évalué à 3.

    La lettre est très bien tournée. Bien écrite, vraiment.
    Dommage que les références anales récurrentes la décrédibilise complètement.
    • [^] # Re: Gachis

      Posté par  . Évalué à 1.

      Je rappelle juste que "décrédibiliser" n'existe pas même si on le voit de plus en plus (3 fois dans les commentaires de ce seul journal), "discréditer" c'est mieux (tm).
      • [^] # Extrait du Petit Robert

        Posté par  . Évalué à 3.

        décrédibiliser [dekYedibilize] v. tr. <conjug. : 1>

        1984; de crédibiliser 

        Rendre moins crédible. "Ces mesures décrédibilisent la politique du gouvernement. "

        CONTR. Crédibiliser.

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