À la découverte du projet openSUSE

Posté par  . Édité par Bruno Ethvignot, tisaac, Benoît Sibaud, olivierweb, Ysabeau 🧶 🧦, orfenor et palm123. Modéré par bubar🦥. Licence CC By‑SA.
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fév.
2021
openSUSE

openSUSE est principalement connu pour éditer deux distributions GNU/Linux : Leap, une distribution à sortie fixe avec un support de 3 à 4 ans et Tumbleweed, une distribution en publication continue. Ces distributions embarquent YaST, l’outil d’installation et d’administration du système qui est probablement l’outil openSUSE le plus connu/aimé/détesté.

Cependant, openSUSE est également une communauté internationale qui cherche à promouvoir l’utilisation des logiciels libres. Cette communauté sympathique et dynamique n’a pas une grosse couverture chez les libristes francophones, j’espère donc que cette dépêche aidera les lecteurs de LinuxFR à découvrir les valeurs et l’organisation du projet openSUSE. J’aborderai aussi rapidement les travaux en cours sur la création d’une fondation.

Sommaire

Créé en août 2005, le projet openSUSE n’a actuellement pas de structure légale. Il est hébergé par SUSE et il est financé par plusieurs sponsors (dont le principal est SUSE).

Du fait de l’histoire de SUSE, vous verrez plein de manières d’écrire le nom du projet : OpenSUSE, openSuSE, opensuse, etc. En réalité, cela s’écrit juste openSUSE. Ce n’est pas un acronyme et, pour le prononcer, un bon point de départ est de savoir prononcer SUSE.

Gouvernance

Le projet openSUSE est organisé autour de principes directeurs et d’un conseil.

Principes directeurs

openSUSE se définit comme une communauté fournissant un accès facile et gratuit aux logiciels libres via, notamment, l’édition d’une distribution (Leap) basée sur le noyau Linux. La communauté travaille de manière ouverte, transparente et conviviale au sein de la communauté mondiale du logiciel libre.

Le projet openSUSE veut :

  • créer la meilleure distribution Linux au monde ;
  • favoriser le succès de Linux ;
  • rendre les utilisateurs heureux ;
  • favoriser l’innovation ;
  • être ouvert et travailler de façon transparente ;
  • travailler ensemble avec les projets en amont ;
  • collaborer avec les autres communautés ;
  • avoir beaucoup de plaisir !

Valeurs d’openSUSE CC-BY-SA 3.0 openSUSE Artwork Team

Le projet openSUSE attache beaucoup d’importance :

  • au logiciel libre ;
  • aux processus de développement ouvert ;
  • à l’ouverture ;
  • au choix ;
  • aux standards ;
  • à la qualité ;
  • à la transparence ;
  • à ses utilisateurs ;
  • au respect d’autrui et leur travail.

Conseil openSUSE

Le conseil openSUSE (openSUSE Board) n’a pas de contrôle sur les développements des distributions. Il a pour missions :

  • d’être un point de contact central (entre les contributeurs, avec l’extérieur, avec les autres communautés du logiciel libre, avec SUSE),
  • d’aider à la résolution de conflits,
  • de faciliter la communication et les prises de décision au sein de la communauté,
  • de lancer des initiatives à l’échelle du projet.

Le conseil openSUSE est garant que le projet continue de suivre les principes directeurs.

Le conseil openSUSE est composé de cinq personnes élues par les membres openSUSE. Une sixième personne est désignée par SUSE pour tenir le rôle de président (chairman). Depuis août 2019, il s’agit de Gerald Pfeifer. Il a été nommé pour remplacer Richard Brown après 5 ans de bons et loyaux services. Richard Brown est le président ayant eu le plus long mandat de l’histoire du projet : ses prédécesseurs ont fait un ou deux ans.

À noter que le conseil peut également nommer (donc sans vote des membres openSUSE) quelqu’un pour assister le Conseil et le Projet sur une tâche précise. Actuellement, c’est le cas du trésorier.

Membres openSUSE

Les membres openSUSE sont des contributeurs ayant apporté une « contribution continue et substantielle » au projet openSUSE. Ces contributions doivent être mesurables et peuvent être techniques, documentaires, marketing. N’importe quel contributeur peut postuler via une plateforme dédiée. La demande est ensuite étudiée par une équipe dont les équipiers sont nommés par le conseil openSUSE.

Il n’y a aucune obligation d’être membre openSUSE pour être un contributeur ayant accès aux dépôts.

Équipes

Les contributeurs openSUSE s’organisent en équipes. La coordination est à l’initiative des équipes. En cas de conflit ou d’échec à atteindre un consensus, le conseil peut être impliqué pour sortir du blocage.

État d’esprit

Le projet openSUSE fait beaucoup d’efforts pour simplifier la contribution, notamment autour de la construction des paquets. Un outil en ligne de commande permet d’interagir directement avec les RPM sources présents sur la plateforme de construction des paquets. Ce sont ensuite les contributeurs qui décident ce qu’il y a à faire. Les contributeurs actifs du projet disent souvent : «  eux qui font, décident » (Those who do, decide).

Have a lot of fun ! CC BY6SA 3.0 openSUSE Artwork Team

Richard Brown avait écrit un article qui explique très bien l’état d’esprit de la communauté.

Conférence annuelle

Le projet openSUSE organise une conférence annuelle (abrégée oSC pour openSUSE Conference) où se retrouvent les membres de la communauté.

L’oSC 2020 a été faite en ligne et conjointement avec la conférence annuelle LibreOffice.

Logo d’oSC 2020 CC-BY-SA 3.0 openSUSE Artwork Team

Travaux en cours

Fondation openSUSE

En mai 2019, lors de l’oSC, le conseil openSUSE a proposé la création d’une fondation pour que le projet ait une structure légale indépendante de SUSE. Il faut noter qu’il ne s’agit pas d’un sujet récent ni disruptif. En effet, la création d’une fondation avait déjà été évoquée lors de l’oSC 2010, mais aucune suite sérieuse n’avait été donnée.

Le but de cette fondation est de simplifier les partenariats, les dons et les dépenses. À l’heure actuelle, ces questions doivent être réglées directement avec SUSE, ce qui peut refroidir les partenaires/donateurs potentiels.

Après une stagnation en 2020, le conseil souhaite relancer les discussions début 2021.

Refonte de l’identité

En lien avec la création de la fondation, un travail de refonte du logo a été lancé en juin 2019.

En octobre, le conseil a demandé à la communauté s’il fallait changer le nom du projet. openSUSE étant une marque déposée appartenant à SUSE, des restrictions existent sur l’utilisation du nom. Un changement d’identité faciliterait la création de la fondation et mettrait un terme à la confusion openSUSE/SUSE (paradoxalement, cela permet aussi de montrer la relation forte entre les distributions openSUSE/SUSE). Mais la réputation serait à reconstruire et toute l’infrastructure (dépôts de sources, noms de domaine, logos, goodies, etc.) seraient à modifier, ce qui est titanesque. Le débat a pris fin en novembre, lorsque la communauté a décidé de conserver le nom openSUSE.

Communauté francophone

La communauté francophone openSUSE est assez petite mais très dynamique. Elle se fédère autour d’Alionet, une association française loi 1901. Les membres d’Alionet assurent le support via leur forum et traduisent les nouvelles et annonces d’openSUSE.


Note : les images de cette dépêche sont sous licence CC-BY-SA 3.0 openSUSE Artwork Team.

PS : Le caméléon s’appelle Geeko ;)

Aller plus loin

  • # Vive la Suze libre !

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

    Avec de la gentiane du jardin.

    Adhérer à l'April, ça vous tente ?

  • # Merci

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8.

    Merci pour cette découverte de la distribution assez peu connu dans le monde francophone.

  • # Une très bonne distribution !

    Posté par  . Évalué à 9.

    En tant que "vieil" utilisateur de Linux (~25 ans d'utilisation), je connaissais le nom "SUSE" depuis longtemps. Sans que je me souvienne réellement pour quelle raison, je n'avais jamais eu envie de l'essayer.
    J'ai cependant installé cette distribution pour la première fois chez moi il y a 2 mois en version Tumbleweed. Et je suis très agréablement surpris !

    L'objet de ma recherche était simple (enfin en apparence) : trouver, pour ma machine de travail (je suis développeur), une distribution rolling release qui s'installe rapidement, qui soit simple à installer/configurer, et qui possède une bonne réputation dans le domaine de la stabilité. J'ai utilisé quelque temps Manjaro, qui est très sympa aussi, mais qui ne me convenait pas totalement.

    Au quotidien, sous KDE pour ma part, OpenSUSE est une distribution qui semble très stable et très agréable. L'essentiel est dans les dépôts de la distribution et il m'a fallu peu de temps pour ajouter les outils qui ne s'y trouvaient pas.

    Petit point intéressant, ma carte mère possède un chipset wifi connu (QCA9377) et supporté sous Linux, mais, pour une raison qui m'échappe, aucune autre distribution n'avait réussi à la faire fonctionner sans manipulation supplémentaire (j'en ai pourtant testé beaucoup).

    Bref, c'est une distribution à tester ! :)

    • [^] # Re: Une très bonne distribution !

      Posté par  . Évalué à 3.

      Sans que je me souvienne réellement pour quelle raison, je n'avais jamais eu envie de l'essayer.

      Je pense que dans l'inconscient de pas mal de « vieux » linuxiens, le nom SUSE reste attaché à la polémique autour du rachat par Novell (Mono, etc…) au début des années 2000.

      • [^] # Re: Une très bonne distribution !

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6. Dernière modification le 09 février 2021 à 11:42.

        Cela vient sans doute de l'installeur Yast qui n'était pas libre à l'époque (de 1996 jusque 2004), ce qui faisait fleurir l'expression « SUSE ça pue, c'est pas libre » sur les forums, voir par exemple: Sortie de SuSE 8.0 et YaST en GPL.

        Puis ensuite en 2006, quand Novell, qui possède SuSE depuis 2003, signe un accord avec Microsoft (voir Novell et Microsoft main dans la main). Microsoft est à l'époque dans une stratégie de guerre contre le logiciel libre où tous les coups sont permis, donc cela surprend, et d'autre part cet accord avec une licence réciproque sur l'utilisation des brevets logiciels reconnaissait à demi-mot la possibilité d'une existence de brevets de Microsoft sur Linux, en plein affaire SCO.

        • [^] # Re: Une très bonne distribution !

          Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 1.

          Voilà, plus d'un quart de siècle à Linuxer aussi, et pour des raisons idéologiques et bien qu'ayant essayé et apprécié ce caméléon vert, je n'avais pas sauté le pas à cause de YAST (et inversement, j'ai poussé pour le magicien bien avant les buntu à cause de DrakeConf/URPMI)

          Après, il y a eu Novell, que j'aimais pourtant bien, qui s'est allié à la fenêtre. Du coup, ça a refroidi mon enthousiasme a vouloir montrer que cette distribution faisait aussi bien (voir mieux) que le chapeau rouge en entreprise.

          “It is seldom that liberty of any kind is lost all at once.” ― David Hume

  • # C'est simplement la meilleure

    Posté par  . Évalué à 4.

    Ça fait maintenant presque 20 ans que j'utilise (Open)SuSE sur serveurs et poste de travail (et media-center), et c'est la distribution la plus fiable et solide que j'ai utilisée.

    Et ça aussi bien sur la partie serveur que client. Leur noyau sont plus stable que chez Ubuntu et supporte plus de matériel que RedHat/Centos. Le live CD openSuse m'a souvent été le dernier recours pour faire fonctionner certain matos professionnels exotiques, notamment des contrôleurs RAID. A noter que c'est habituellement une des deux distributions (avec RedHat) à avoir un support officiel chez les constructeurs de serveurs (HP, Dell, IBM…)

    Avec cette robustesse professionnelle, l'interface graphique est aussi bien finie et user-friendly. C'est la distribution que j'installe pour les néophytes de ma famille que je passe sous Linux.

    Sous le capot, on sent clairement l'influence Germanique dans la qualité des finitions et la robustesse générale inégalée chez les autres grandes distributions (à part peut-être Arch, mais c'est pas grand public) (les scripts de Debian ressemblent à un bricolage de hippie à coté)

  • # Retour d'expérience

    Posté par  . Évalué à 6. Dernière modification le 10 février 2021 à 13:18.

    Mon commentaire rejoint un peu celui de Steve, mais je le poste tout de même vu le manque de réactions à cette dépêche. Cette distro (je parle de Tumbleweed, je ne connais pas assez Leap) est injustement méconnue.

    J'ai utilisé Fedora (pour le dev) et CentOS (pour la prod) pendant près 9 ans. Après le rachat de RedHat par IBM, la mort CentOS et le dénigrement de ses utilisateurs (considérés comme des profiteurs/freeriders), j'ai décidé d'arrêter d'utiliser Fedora et j'ai remplacé Fedora/CentOS par ce qui me semblait être leurs meilleures alternatives : Tumbleweed/Debian.

    Tumbleweed vise le même public que Fedora. Les paquets sont très récents. A mon étonnement, la distro est stable. Je m'attendais à des secousses comme sur les branches testing/instable de Debian. Plus besoin de faire des upgrades tous les 6 mois (ou tous les ans en sautant une version). BTRFS a l'air bien intégré avec un système de snapshot automatique avant chaque MAJ. Si un lundi matin, l'OS ne boot plus (ce qui m'a l'air assez improbable pour l'instant) il est possible de restaurer un snapshot datant d'avant la MAJ. C'est assez tranquillisant quand on bosse dessus tous les jours. KDE aussi est très bien intégré (c'est le DE de prédilection de la distro).

    Au niveau des points faibles, je dirais que les codecs multimédias ne sont pas très faciles à activer. La documentation officielle (sans doute pas très à jour diffère des messages épinglés en haut des forums officiels. Il faut bidouiller un peu, c'est pas très clair. Cela me semblait bien plus simple sur Fedora (qui ne les active pas non plus par défaut). Globalement, les paquets sont un peu moins frais que sur Fedora (mais je pinaille un peu).

    J'ai aussi testé Leap sur un serveur. Les upgrades passent en douceur. Zypper à l'air d'être un bon gestionnaire de paquets. La commande "dnf history undo" qui permet d'annuler une update spécifique me manque un peu, mais il y a des alternatives. Les paquets et le noyau sont beaucoup plus récents que CentOS (évidemment). Mais la durée de support d'une version majeure n'est que de 3 ans. Ce n'est plus un problème pour moi vu que j'ai tout migré sous Docker après l'incident CentOS. Je l'aurai bien choisie comme distro serveur vu sa fiabilité et sa proximité avec Tumbleweed. Mais elle est assez peu répandue chez les hébergeurs. Et ce qui est arrivé à CentOS pourrait aussi malheureusement lui arriver.

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