dr_home a écrit 107 commentaires

  • [^] # Re: Abstentionniste convaincu

    Posté par  . En réponse au journal Attention : jusqu'au 31 décembre 2011 pour les listes électorales. Évalué à 2.

    Et si, le premier tour a un impact, non négligeable : si un parti obtient un gros pourcentage, il peut négocier une politique contre un soutien au 2nd tour.

    Ça n'a au contraire aucun intérêt, dans la mesure où les partis ne possèdent pas les voix qu'ils ont recueillies. Tu n'as rien à négocier au second tour. Pour mémoire, en 2007 l'extrême gauche et les verts ont appelés à faire battre Sarkozy, sans pour autant négocier quoi que ce soit avec Royale, trop occupée à faire du pied à Bayrou (lequel a par la suite magnifiquement démontré la volatilité des « portefeuilles » de voix).

    Stratégiquement, la négociation n'a un réel sens qu'avant l'élection, autour d'un projet de gouvernement commun, qui permet d'élargir le râteau du candidat désigné pour le porter. Dans les faits ça aboutit à des 1981 ou à des 1997, où l'on se rend à 60 là où les autres vont à 130.

  • [^] # Re: Abstentionniste convaincu

    Posté par  . En réponse au journal Attention : jusqu'au 31 décembre 2011 pour les listes électorales. Évalué à 3.

    Tout comme l'Histoire est pleine d'exemples montrant des forces moins nombreuses et/ou moins bien équipées triompher de leurs adversaires. Encore heureux, sinon ce serait vraiment à se tirer une balle. La possibilité de rupture ne remet cependant pas en cause la pesanteur des rapports de force dans le temps (L'Union Soviétique a survécu près de 70 ans, et encore a-t-elle été enterrée par des hommes venus de l'appareil).

  • [^] # Re: Abstentionniste convaincu

    Posté par  . En réponse au journal Attention : jusqu'au 31 décembre 2011 pour les listes électorales. Évalué à 2.

    Pas plus. D'où vote blanc <=> abstention, on lui fera dire ce qu'on veut en définitive (un peu comme quand le parti au pouvoir se prend une claque aux élections et en déduit que c'est parce qu'il n'a pas été assez vite dans ses "réformes").

  • [^] # Re: Abstentionniste convaincu

    Posté par  . En réponse au journal Attention : jusqu'au 31 décembre 2011 pour les listes électorales. Évalué à 3.

    Laisse-moi la télé, la radio, les journaux une année ou deux, je te jure qu'ils finiront par être globalement d'accord avec moi*. Aussi aliénés, mais avec un nouveau maître qui, ma foi, ne saurait être bien pire que ceux qu'ils ont actuellement.

    Pour ce qui est de la nocivité prétendue, évidemment, quand on commence par nier les rapports de force à l'œuvre dans la société, et qu'avec un infini courage on se place dans le courant dominant pour — délicieux renversement — accuser ceux qui sont en guerre à mort** contre le système de vivre dans le confort intellectuel, on ne risque pas de percevoir un quelconque problème digne de ce nom. Car quand on a concédé à ce point sur l'essentiel, ce qui reste de problème a fatalement une solution, là, toute faite, qu'il suffit de choisir en rayon comme n'importe quel produit de consommation***.

    Même en tant que dernier des pauvres connards tout seul avec sa bite et son clavier, le courage resterait plus de mon côté que du tien, car je n'ai rien à acheter par de potentielles concessions et — si tu sais lire — rien à vendre à ceux qui ne savent pas voler.

    * en fait ça reste à voir, selon que je me serais ou non renié en adoptant les formes de communication actuelles.
    ** dans le sens où on tente de lui arracher les conditions d'une autre existence.
    *** ici tu comprendras que je n'ai effectivement rien à te proposer que tu puisses entendre. Mais si tu cherches un peu activement, tu découvriras que les dysfonctionnements inhérents à la société actuelle ont été conceptualisés et anticipés il y a près de quarante ans — quand tout allait encore soit-disant bien — par des esprits autrement plus denses et perspicaces que le mien.

  • [^] # Re: Abstentionniste convaincu

    Posté par  . En réponse au journal Attention : jusqu'au 31 décembre 2011 pour les listes électorales. Évalué à 4.

    Le problème c'est que tu es le seul à savoir le sens que tu donnes à ton vote blanc. Pour d'autres ça peut signifier « j'en ai rien à foutre du résultat de cette élection, mais il faut voter quoi qu'il arrive par respect du sang versé etc. » ou encore « je m'en cogne, mais si je vais pas voter ça va encore être toute une histoire à la maison. »

    À l'inverse, il y a des gens qui savent très bien qu'au soir de l'élection, c'est de l'abstention dont on cause le plus. Résultat, par son impact médiatique l'abstention devient canal de mécontentement face aux options proposées.

    Bref, sauf à les décréter, c'est très difficile de lire les différences entre ces deux comportements.

  • [^] # Re: Abstentionniste convaincu

    Posté par  . En réponse au journal Attention : jusqu'au 31 décembre 2011 pour les listes électorales. Évalué à 3.

    Ce que tu mange ne concerne que toi, le gouvernement te concerne toi et les autres, la vie en société, c'est aussi choisir en fonction des autres.

    Et ? Est-il si inimaginable que mon petit esprit puisse s'arracher à l'attraction de mon nombril pour conclure que deux programmes politiques sont globalement aussi nocifs l'un que l'autre à mes semblables ?

  • [^] # Re: Abstentionniste convaincu

    Posté par  . En réponse au journal Attention : jusqu'au 31 décembre 2011 pour les listes électorales. Évalué à 7.

    « Tu préfères des épinards ou des brocolis ?
    — Ni l'un ni l'autre ; les deux me font gerber.
    — Tiens, voilà des brocolis...
    — Tu es sourd, je t'ai dit que j'aimais pas ça...
    — Pas d'histoires (infâme petit bourgeois immature engoncé dans ton confort facile de refus entêté de la liberté de choisir d'être pas libre de pas choisir), si tu choisis pas c'est que tu es d'accord pour que je choisisse à ta place !
    — Je vois. Dis, tu préfères que je te les foute au cul, ou dans l'anus ? »

  • [^] # Re: Abstentionniste convaincu

    Posté par  . En réponse au journal Attention : jusqu'au 31 décembre 2011 pour les listes électorales. Évalué à 6. Dernière modification le 26 décembre 2011 à 16:06.

    Alors j'irai probablement voter aux prochaines élections mais ce ne sera certainement pas le cœur léger et avec la satisfaction du devoir accompli.

    À noter que ce soir, demain soir et après-demain soir, LCP rediffuse l'édifiant documentaire Françafrique.

    J'avais une fois, il y a longtemps, entendu Eva Joly dire que les Français étaient très naïfs quant au degré de corruption de leur élites. Je m'étais alors dit qu'elle devait avoir une mauvaise perception des choses, tant il me semble autour de moi qu'au contraire personne ne se fait guère d'illusion à ce sujet. J'avais tort, bien sûr, oh oui j'avais tort...

  • # La Promesse

    Posté par  . En réponse au sondage Comment notez vous les contenus sur LinuxFR ?. Évalué à 2.

    • Jacques Dutronc dans L'important c'est d'aimer d'Andrzej Żuławski, avec notamment Romy Schneider, Klauss Kinski. La scène qui ouvre le film est très souvent utilisée dans tout ce qui parle de Romy Schneider : en gros plan, au bord des larmes, on l'y voit fixer l'objectif en implorant qu'on ne prenne pas de photos « ch'uis comédienne vous savez, j'ai fait des trucs biens. Ça ici je le fais pour bouffer alors s'il vous plaît ne faites pas de photos ! » ;
    • Miou-Miou dans Les valseuses de Bertrand Blier, avec notamment Gérard Depardieu, Patrick Dewaere et Jeanne Moreau. Si Depardieu et Dewaere se saisissant de Miou-Miou pour la balancer à la flotte ça vous dit quelque chose, vous connaissez cette scène ;
    • Philippe Noiret dans Le coup de torchon de Bertrand Tavernier, adapté de l'œuvre de Jim Thompson, avec notamment Stéphane Audran, Isabelle Huppert, Jean-Pierre Marielle, Eddy Mitchell et Guy Marchand ;
    • Denis Lavant dans Beau Travail de Claire Denis, avec notamment Grégoire Colin et Michel Subor. C'était le moins évident (la première chose qui m'était venue était une citation d'Apocalypse Now, d'où probablement une dérive de bidasse à bidasse).
  • [^] # Re: les évals +1 -1 ne servent à rien pourquoi ?

    Posté par  . En réponse au sondage Comment notez vous les contenus sur LinuxFR ?. Évalué à 2.

    C'est la proposition de noter une discussion qui me gène.

    Oui, je ne suis pas non plus convaincu par la méthode proposée, mais je l'ai peut-être mal comprise.

    le système de notes a été instauré en priorité pour éviter certains abus, et il remplit très bien sa tache dans l'ensemble.

    Du coup, il mélange deux choses : la modération et l'évaluation des contenus. Si on veut s'en tenir à la modération, une solution simple pour balayer pas mal des effets "pervers" serait de n'avoir qu'une option "Sanctionner ce commentaire comme abusif", en mode aveugle (le score reste invisible). En deçà d'un certain seuil négatif, le commentaire est refermé ou même simplement marqué comme désapprouvé : aucun effet de masse, et le tout est de trouver un seuil suffisamment bas pour que la nuisance des "moinseurs" incontinents ne joue pas trop (quitte à raréfier la "sanction").

    D'autre part, je ne trouve pas que ça marche si bien que ça — même avec la méthode que j'esquisse — puisque ça n'arrête pas les gens (il y en a plein qui se font régulièrement allumer et qui continuent quand même à poster sans changer de veine — et quelque part c'est tant mieux). De plus, les commentaires désapprouvés sont toujours disponibles (surtout si on bloque javascript), donc je ne vois pas bien de quoi ça protège ; ce d'autant que ceux-ci se font souvent beaucoup plus durement étriller dans les commentaires qui leur répondent — qui eux sont approuvés mais qu'on ne peut pas comprendre sans lire le contenu désapprouvé, cherchez l'erreur — que par la simple note. Bref, je n'ai honnêtement pas l'impression qu'au final il se dégage des discussions sur LinuxFR quelque chose de beaucoup plus pertinent que sur le web en général (y compris le web plus ancien, où ces systèmes de modération n'avait pas cours alors que les trolls sévissaient déjà).

  • [^] # Re: C'est beau la culture...

    Posté par  . En réponse au journal [prix des ebooks]Pourquoi ai-je du mal à comprendre ?. Évalué à 1.

    Dès lors qu'il y a eu cession des droits, effectivement c'est compliqué. Mais s'il n'y a jamais eu cession, il n'y a pas de problèmes. Les contrats d'édition sont assez standard de ce que je sais, et la loi française exige une définition claire des droits cédés (tu ne peux pas signer un truc qui dit simplement « je cède tous mes droits », il faut tous les énumérer sinon la cession est invalide). De plus, même si je sais que ça fait un peu argument d'autorité, François Bon a été directeur de collection au Seuil, donc j'imagine qu'il connaît son affaire à ce niveau.

  • [^] # Re: C'est beau la culture...

    Posté par  . En réponse au journal [prix des ebooks]Pourquoi ai-je du mal à comprendre ?. Évalué à 1.

    Sauf que, comme le souligne François bon dans le lien que j'ai donné plus haut, les droits de distribution numérique n'était pas couverts par les contrats initiaux avant récemment, si bien que leur cession doit faire l'objet d'un avenant à ces contrats. Beaucoup d'auteurs, surtout s'ils sont peu connus, doivent donc avoir les mains libres à ce niveau (pour les best-sellers, j'imagine que ça été reficelé promptement).

  • [^] # Re: Le progrès technologique du vandalisme

    Posté par  . En réponse au journal Les innovations qui changeront nos vies. Évalué à 3.

    Aucune importance, Wesley Snipes ayant bien avant démontré la totale absence de fiabilité du procédé dans Demolition man.

  • [^] # Re: Le progrès technologique du vandalisme

    Posté par  . En réponse au journal Les innovations qui changeront nos vies. Évalué à 2.

    • contrairement à n'importe quel badge classique, permettent difficilement de révoquer les autorisations une fois les falsifications avérées.
  • [^] # Re: les évals +1 -1 ne servent à rien pourquoi ?

    Posté par  . En réponse au sondage Comment notez vous les contenus sur LinuxFR ?. Évalué à 0.

    Facile : Sam Karmann, dans La cité de la peur, film de Les Nuls :P

  • [^] # Re: les évals +1 -1 ne servent à rien pourquoi ?

    Posté par  . En réponse au sondage Comment notez vous les contenus sur LinuxFR ?. Évalué à 1.

    Au contraire, je trouve que sa réponse est très pertinente dans le problème qu'elle soulève. Quel sens peut-on donner à une note ? À titre individuel, regarde le message où je dis que je vais donner les solutions du quizz : deux personnes (au moins, parce que c'est peut-être 22 avec 20 qui ont mis -1) mis +1, mais quelle réponse ça constitue à ce que j'ai émis ? ça peut être que les gens sont contents parce qu'ils vont avoir les solutions, ça peut être parce que je dis que ce n'est pas "intello" et qu'il n'y a donc pas de provocation dans la démarche, ça peut être parce qu'ils sont simplement contents de la vie, etc. ; je n'ai aucun moyen de le savoir. Donc, a fortiori, à titre global, la note est complètement illisible. Et d'autant plus s'il y avait des réponses au message, d'ailleurs, car celui-ci pourrait alors être évalué dans une logique de placement par rapport aux opinions formulées à son propos (ça pose aussi la question du temps : un message précoce est mieux passé en revue qu'un message tardif et aura une amplitude de notation plus grande).

    Au final on se retrouve donc avec des évaluations qui ne disent rien, mais qu'on additionne malgré cela pour obtenir une note qui va établir une hiérarchie entre les contenus. C'est à dire quelque chose de complètement parasite, lié au caractère "massif" de linuxfr (sur un petit site, tout le monde a la place de s'exprimer, si bien qu'un système de notation n'a aucune pertinence). Ça fonctionne exactement à la manière des sondages d'opinion : on a beau savoir que c'est complètement bancal dans la méthode, comme c'est la seule jauge qu'on a à disposition pour mesurer le phénomène, on finit toujours par leur donner malgré soi un certain crédit — crédit qui façonne au final le mental collectif.

  • [^] # Re: comme les CD plus chers que les vinyls à l'époque

    Posté par  . En réponse au journal [prix des ebooks]Pourquoi ai-je du mal à comprendre ?. Évalué à 2.

    Sachant également, qu'il n'y a pas actuellement de productions 100% numériques. L'EBook vient encore toujours en complément du papier. Quand on paye un EBook on paye un peu également la production du papier.

    Pour ce qui est de l'édition en langue française, il y a toujours publie.net, sous la houlette de François Bon.

  • [^] # Re: Pff

    Posté par  . En réponse au sondage Comment notez vous les contenus sur LinuxFR ?. Évalué à 3.

    Pourtant c'est l'un des rares sondages exhaustifs : les 4 premières options couvrent toutes les réponses possibles à la question (la notation est binaire sur LinuxFR), la 5ème souligne clairement le caractère gratuit des citations. En plus il peut difficilement être qualifié d'inutile, puisqu'il tente précisément d'évaluer la pertinence des notes sur le site (je pense que c'est d'ailleurs ça qui intéresse ceux qui l'ont publié).

  • [^] # Re: Les citations

    Posté par  . En réponse au sondage Comment notez vous les contenus sur LinuxFR ?. Évalué à 3.

    Elles sont toutes prononcées par des comédiens ou comédiennes français connus, voire très connus, dans des films en langue française qui ont par ailleurs tous eu plusieurs passages à la télévision (ce n'est pas de l'art et essai "intello"). À noter que cette proposition de sondage doit avoir près d'un mois et faisait écho à une dépêche concernant le cinéma français ; c'était prétexte à en partager les scènes ou répliques qui auront pu marquer — je cite de mémoire, inutile de googler — tout un chacun.

    Promis, je donnerai les solutions quand le sondage aura été remplacé — dans pas très longtemps, quoi. :)

  • [^] # Re: BEURK

    Posté par  . En réponse au journal La conseillière «Économie numérique» de François Hollande. Évalué à 1. Dernière modification le 09 décembre 2011 à 19:49.

    Je pense qu'elle dit avant tout l'incongruité de sa forme. J'aurais bien sûr pu formuler autrement, du genre :

    « C'est cela même. C'est la volonté populaire de vivre dans un environnement où l'air, l'eau et la terre sont pollués. Ce sont bien sûr les gens qui ont exigé que le moindre objet qui les entoure contienne son lot de produits toxiques et, à l'heure où j'écris, dans toutes les capitales gronde l'insurrection pour réclamer l'introduction massive des OGMs et des nano-technologies dans les biens de consommation courante.

    Ce serait pour sûr une connerie irréfléchie de prétendre qu'au contraire cette dépossession globale du contrôle sur les conditions même de l'existence a tout à voir avec les agissements d'une petite clique de salauds bien organisés. Ceux-ci auraient commencé par imposer au monde un bonheur de plastique mou, en l'abrutissant de publicité jusqu'à ce qu'il ne puisse penser rien qui ne soit en plastique mou. Leur odieux forfait commis, ils auraient pu ensuite, comme le font souvent les violeurs avec leurs victimes, soutenir avec aplomb qu'ils n'avaient rien fait là que lui donner ce qu'au fond il avait toujours désiré puis, comble du cynisme, auraient poussé la manipulation jusqu'à lui demander à échéance régulière de bien vouloir choisir la teinte du plastique. »

    Ironique, sec comme une tarte dans la gueule et définitif juste ce qu'il faut, ça aurait certainement été plus raccord avec la tonalité du lieu. Cette forme totalement fermée n'aurait cependant pas mieux entamé la foi des voteurs convaincus, dont l'intelligence est depuis trop longtemps surarmée contre ce genre de mystification. Elle aurait par contre pu déprimer sur un air de « GnaGnaGnaGna, tout est foutu, tout est perdu » les dubitatifs du bulletin et ceux à qui elle n'avait déjà plus rien à apprendre. Aussi est-il heureux que la première forme, invitation espiègle et ouverte, se soit naturellement imposée au moment de la rédaction. D'un point de vue plus personnel, elle marque d'ailleurs — de manière assez inattendue — la fin d'une vague recherche semi-consciente autour du commentaire sur internet. :)

  • [^] # Re: BEURK

    Posté par  . En réponse au journal La conseillière «Économie numérique» de François Hollande. Évalué à 2.

    ἄρχω, c'est commander. Aussi, l'anarchie peut-elle se définir traditionnellement comme « l'ordre, moins le pouvoir. »

  • [^] # Re: BEURK

    Posté par  . En réponse au journal La conseillière «Économie numérique» de François Hollande. Évalué à -2.

    Je creuse distraitement le sol de la pointe de ma sagaie en levant les yeux de
    temps en temps vers toi ; je m'efforce de ne pas perdre le fil car, après tout,
    il arrive bien qu'on trouve quelque poétique sagesse même dans le babille d'un
    enfant attardé. Je me maudis quand même un peu de n'avoir pris ma gourde.

    Je t'écoute m'expliquer doctement que le gros talisman bleu est plus puissant
    que le talisman rose à cause des esprits ombrageux qui ne peuvent se contenir
    dans les petits talismans rouge et vert. Cela semble vraiment t'attrister, parce
    que, dis-tu, il suffirait de quelques amulettes çà et là pour restaurer
    l'équilibre. Comme je sens que je vais encore devoir attendre longtemps pour que
    tu m'offres de l'eau, je finis par te dire que, dans ma tribu, on ne croit pas
    aux talismans. « N'importe quoi ! », exploses-tu, « tout le monde croit aux
    talismans, c'est la seule manière efficace de gérer les choses. Évidemment, il
    faut au préalable se donner la peine de les comprendre et de les maîtriser, mais
    c'est tellement plus facile de tous les rejeter en bloc comme un enfant boudeur
    ! »

    Je te réponds qu'au contraire nous connaissons bien les mauvais chamans qui
    partout distribuent ces talismans. Nous avons vu nos voisins qui, pour les avoir
    écoutés, ont perdu leur joie de vivre, oublié leur chants, leurs danses, et tari
    toute la poésie qui coulait dans leurs veines. Ce qu'ils appellent « bonheur » à
    présent n'est qu'un tas de rituels, tous plus absurdes les uns que les autres,
    grâce auxquels ils tempèrent momentanément l'anxiété permanente qu'est leur vie,
    par la vague certitude d'avoir réussi à calmer pour un temps les nouveaux
    esprits qu'ils ont adoptés pour dieux. Ils vivent dans un air infâme, chargé des
    holocaustes insanes qu'ils offrent en permanence à on ne sait qui pour on ne
    sait quoi, ils mangent une nourriture de cendre, boivent une eau de charnier, et
    s'adressent à nous avec condescendance et mépris. Un jour, un des chamans est
    venu jusqu'à nous pour nous proposer ses talismans. Comme nous lui avons dit
    que nous craignions de finir comme nos voisins, il nous a répondu qu'ils en
    étaient là parce qu'ils ne se servaient pas bien des talismans, mais que lui
    allait nous montrer. Nous ne l'avons pas cru, alors il s'est mis à nous
    invectiver, à nous traiter de singes, de débiles, de bougnoules, et d'autres
    mauvais mots qu'on décoche comme des flèches. Sans ses talismans, les esprits
    nous tueraient tous en ouvrant le sol sous nos pieds, clamait-il en frappant le
    sol de son talon ! Ça lui a fait tout drôle, quand on l'a saisi pour lui ouvrir
    le ventre afin de voir ce qui là-dedans l'autorisait à nous parler si mal.

    Tu hausses les épaules « Peuh ! comme c'est intelligent, vous voilà bien avancés
    : comment apprendrez-vous maintenant à vous servir de ses talismans ? facile de
    dire qu'on n'y croit pas quand on n'y comprend rien à rien. Et ne comptez pas
    sur d'autres chamans pour venir vous montrer, après ce que vous avez fait ! Il va
    falloir assumer. » Ça me fait peine que tu fasses si peu de cas de nos
    voisins, et il semble que décidément avec toi on ne peut parler de rien d'autre
    que de talismans. Je finis par te demander directement si je peux avoir de
    l'eau. « Pour sûr », dis-tu narquois, « mais il faudra que tu en verses un partie en
    offrande sur les talismans : tu es demandeur, tu respectes les règles du lieu,
    sinon c'est trop facile ! » J'acquiesce en allant jusqu'au puits tirer de l'eau.
    Je regrette vraiment d'avoir oublié ma gourde, car elle a le même goût
    détestable que celle de nos voisins. Je souris à part moi en pensant que les
    talismans sont peut-être magiques après tout, puisqu'ils permettent de se
    contenter de n'importe quoi, même sur l'essentiel. Je manque d'oublier l'eau
    pour tes talismans, et il me faut toute ma concentration pour faire une mine de
    circonstance alors que je reparais devant ton regard inquisiteur. En vain : je
    pouffe bêtement au moment de verser, essuyant à nouveau ta colère « c'est ça,
    rigole, imbécile ! c'est ce genre de comportements irresponsables qui fera qu'un
    jour les esprits nous reprendront tous leurs bienfaits ! Va-t-en, impie ! »

    Le soleil est haut, il me faut de toute façon rentrer chez les miens. Je prends
    congé en bredouillant quelques excuses, mais je suis trop joyeux pour que tu
    puisses les prendre au sérieux. C'est que cheminant, je pense qu'en fait nous
    aussi nous usons des talismans. Ce sont les enfants qui ont récupéré ceux
    qu'avait amenés le chaman. De temps en temps, ils les ressortent d'on ne sait
    trop où ; un des gamins joue le chaman et, brandissant les talismans en fronçant
    les sourcils, oblige les autres à faire mille pitreries. Peu à peu toute la
    tribu s'agglomère autour du spectacle et entre deux rires commente l'espiègle
    inventivité de son futur. Invariablement, le rituel s'achève lorsqu'un autre
    gamin — le plus petit, souvent — s'avance avec un bout de bois et complètement
    hilare mime l'éventration du faux chaman, qui s'écroule tandis que tous les
    autres se ruent sur lui et le chatouillent, en imitant le grouinement des
    cochons qui ont mangé le vrai. C'est ainsi que de génération en génération, nous
    prévenons dans la joie et par la dérision le mal que pourraient nous faire les
    talismans, si jamais nous leur accordions quelque crédit.

    Peut-être bien qu'un jour les chamans viendront pour nous frapper avec leur arcs et
    leurs sagaies. Peut-être même dresseront-ils contre nous nos voisins dont ils
    ont si bien tué les âmes naguère si belles. Ainsi finirons-nous, nous les
    derniers de ceux qui ont choisi de demeurer humains, anéantis en tant que tels
    par ceux qui auront toujours échoué à nous changer. Mais je sais également que
    nombreux sont chez nos voisins ceux qui doutent de l'efficacité des talismans et
    ne sont plus tenus que par l'angoisse sans recours d'un lendemain privé du
    soutien des esprits. Un jour, ceux-là pourront peut-être nous entendre, quand nous leur
    raconterons que c'est aussi avec fébrilité que nous avons percé la chair du chaman, et
    qu'ensuite tous nous poussâmes de grands soupirs de soulagement, lorsque le dernier
    bout de boyau incisé et mis à plat révéla qu'il n'y avait décidément rien
    là-dedans digne d'être pris au sérieux.

  • [^] # Re: BEURK

    Posté par  . En réponse au journal La conseillière «Économie numérique» de François Hollande. Évalué à 0. Dernière modification le 07 décembre 2011 à 23:21.

    Et puis, si rien ne te convient, tu es libre de te présenter à des élections, pour voir si tu seras suivi... Et tu verras que c'est dur de convaincre ton voisin que tu as raison (car les autres pensent que tu as tord et qu'ils ont raison, eux)

    Tout comme le système me laisse totalement libre de devenir millionnaire ; comme me voilà bien avancé…

  • [^] # Re: BEURK

    Posté par  . En réponse au journal La conseillière «Économie numérique» de François Hollande. Évalué à 3.

    Parce qu'elles ont eu lieu dans un éther au sein d'un peuple soudainement dessillé ? le nombre de tours ajoutés à une élection ne change rien à la supercherie globale, parce que ce n'est pas l'élection qui produit le système mais l'inverse.

  • [^] # Re: BEURK

    Posté par  . En réponse au journal La conseillière «Économie numérique» de François Hollande. Évalué à 5.

    Le PS est peut-être trop au centre, mais c'est la demande populaire, donc bon, ce n'est pas en étant complètement contre la demande populaire que ça va marcher.

    Pas la demande populaire, la demande populaire sondée et médiatisée qui, s'ajustant avec l'essoreuse médiatique, va poser les limites du « réalisme. » Tout le problème est là, les élections arrivent dans un contexte où les marges de la pensée sont déjà posées depuis belle lurette (de la culture industrielle à la « pédagogie » socio-économique, notre réalité — l'ensemble des possibles — est soigneusement secrétée au jour le jour). D'où pour vraiment changer les choses, tu ne peux qu'être contre la « demande populaire » ... et perdre (puisque gagner signifierait agir dans les marges, et donc au fond ne rien changer).

    Ça commence lentement — et ça va peut-être s'accélérer à mesure que le système va craquer de tous côtés en rejetant de plus en plus de monde dans ses marges — mais le premier vrai combat est d'abord une reconquête de l'imaginaire, chose qui tient mal dans une urne...