1. Introduction – Une pratique du code née de la médiation
Depuis 25 ans, je code sans en avoir fait un métier. Je n'ai jamais appris le PHP, ni suivi de formation en développement web. Pourtant, j'ai construit, enrichi et fait évoluer plusieurs sites littéraires, dont l'actuel Bibliosurf.
Ce que j'ai appris, ce n'est pas le code pour le code, mais le code comme outil de mise en relation. Créer du lien entre un livre et un lecteur, démultiplier les accès, proposer des explorations visuelles et thématiques. Pendant des années, SPIP m'a permis cela, grâce à son langage de boucle. Aujourd'hui, l'intelligence artificielle générative m'offre un nouveau champ d'action. Je ne deviens pas développeur : je prolonge une logique. Coder pour aller toujours plus loin dans la médiation.
2. SPIP : un langage de médiation accessible
De 1999 à 2005, j'ai animé le site Mauvais genres, un énorme site 100 % HTML avec un moteur de recherche déjà généré par un script Python. Lorsque j'ai découvert SPIP, ses boucles sont devenues mon premier véritable langage. Non pas un langage de programmation au sens classique, mais une syntaxe logique, simple, lisible et rapide à déployer. Avec les boucles SPIP, j'ai appris à formuler des requêtes comme des phrases mentales : "affiche les livres avec tel mot-clé, triés par date, sans doublons, avec une pagination de 10".
Cela m'a permis de créer des catalogues thématiques, de géolocaliser des intrigues, de concevoir des frises chronologiques et des nuages de tags.. J'ai connecté SPIP à des APIs comme le SRU de la BnF ou Wikidata. Tout cela sans jamais écrire une ligne de PHP.
SPIP m'a offert un cadre souple, libre, stable, parfaitement adapté à une démarche de médiation littéraire. Il m'a surtout permis de penser mes contenus comme une base interrogeable, visualisable, structurée.
3. L'arrivée de l'IA : vers un code augmenté, au service de l'idée
Depuis 2 ans, l'IA générative n'a pas remplacé SPIP. Elle est venue l'étendre. Aujourd'hui, je demande à l'IA de m'aider à créer des scripts Python pour scraper, nettoyer, classifier ou reformater des données. Je lui fais générer des résumés littéraires à partir des critiques collectées, ou des FAQ orientées vers les lecteurs.
Je l'utilise pour étiqueter automatiquement les textes selon leur charge émotionnelle, enrichir les fiches de livres, structurer des données JSON-LD, améliorer mon CSS, ou encore proposer des reformulations. Là où SPIP me permet de déployer un contenu structurant, l'IA me permet de produire ou transformer des contenus à la volée.
4. Le vibe coding : une nouvelle manière de penser le code
Je ne planifie pas toujours ce que je vais faire. Il m'arrive d'avoir une intuition à tester, une idée vague à concrétiser. Je formule un besoin à l'IA : "et si je pouvais regrouper tous les romans qui provoquent une catharsis ?" ou "propose-moi des solutions pour améliorer le référencement ?". L'IA me propose du code, je teste, j'ajuste, je contourne, j'explore. Et je reprends au fil du temps et de l'utilisation des outils par les internautes.
C'est ce que j'appelle le vibe coding : coder par rebond, par interaction, par ressenti. Ce n'est pas improvisé, mais ce n'est pas linéaire non plus. C'est une manière de prototyper vite, en restant maître de la logique, sans s'enfermer dans une démarche purement technique.
5. SPIP + IA : un écosystème libre, léger et créatif
Ce que SPIP et l'IA ont en commun ? Leur capacité à répondre à des intentions formulées en langage humain. SPIP avec ses boucles lisibles ; l'IA avec ses prompts interprétables. Ensemble, ils me permettent de créer des dispositifs éditoriaux uniques, légers, adaptés à mes besoins, et reproductibles.
Je n'ai pas besoin d'une équipe technique. Je peux concrétiser les nombreuses idées de médiation qui éclosent dans mon esprit. Ma médiation littéraire repose sur cette hybridation. Et elle reste libre, dans tous les sens du terme.
6. Conclusion – Une pratique sensible du web littéraire
Je ne cherche pas à automatiser la médiation. Je cherche à l'amplifier. Que ce soit avec SPIP ou avec l'IA, mon objectif reste le même : faire circuler les textes, les idées, les affects. Créer des ponts, des outils, des formes qui facilitent l'accès à la littérature.
Le code, chez moi, n'est jamais loin du texte. Il le soutient, l'explore, l'enrichit. Et c'est dans cette zone d'interaction — entre données, intentions et suggestions — que je me sens à ma place.
Aujourd'hui plus que jamais, coder peut être un acte sensible. Et SPIP, comme l'IA, sont des compagnons de cette sensibilité.
# l'IA divulgache
Posté par Jean-Baptiste Faure . Évalué à 6 (+4/-0).
Comment empêcher l'IA qui produit un résumé de divulgacher des éléments essentiels de l'histoire ?
Par exemple le résumé de "Les champs de la lune" de Claire Dufour dévoile d'entrée une information sur le personnage principal qui n'est pas donnée explicitement dans le livre et encore moins dans le résumé de l'éditeur. C'est dommage parce que ce livre peut être une bonne porte d'entrée pour aborder la SF mais que le détail donné peut faire attribuer à ce roman une classification repoussoir pour des lecteurs venant de la littérature blanche.
[^] # Re: l'IA divulgache
Posté par bibliosurf . Évalué à 1 (+1/-0).
Le résumé est généré d'après les extraits des avis.
[^] # Re: l'IA divulgache
Posté par Jean-Baptiste Faure . Évalué à 5 (+3/-0).
Justement c'est bien là le problème : présenter des livres qu'on n'a pas lu, c'est s'enlever les moyens de filtrer les avis qui divulgachent.
[^] # Re: l'IA divulgache
Posté par bibliosurf . Évalué à 1 (+2/-1).
Hum. Avez-vous lu que Bibliosurf est un site de veille ?
[^] # Re: l'IA divulgache
Posté par bibliosurf . Évalué à 1 (+4/-3).
C'est dommage de commenter sans lire. Bibliosurf est un site veille qui donne d'abord accès aux articles, podcasts et videos à propos d'un livre, d'un genre littéraire, d'un pays, d'une ville. Le résumé est effectué d'après les extraits de veille.
[^] # Re: l'IA divulgache
Posté par Jean-Baptiste Faure . Évalué à 7 (+5/-0).
Évidemment. Et alors ?
Et alors ? Ce n'est pas parce qu'un commentateur quelque part sur le web a produit un résumé d'un livre, qu'il faut considérer que cette donnée a de la valeur et qu'elle peut être reprise sans examen. C'est l'objet de la question au début de mon premier commentaire : « Comment empêcher l'IA qui produit un résumé de divulgacher des éléments essentiels de l'histoire ? ». Je ne vois pas la moindre tentative de réponse dans vos commentaires.
Dans un autre commentaire vous écrivez :
Je dois dire que les concepteurs des IA génératives et leurs utilisateurs éblouis font beaucoup d'efforts pour nous en convaincre.
# Je suis très fun en soirée
Posté par Laurent Pointecouteau (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 10 (+15/-0). Dernière modification le 30 juillet 2025 à 10:13.
J'ignore si tu fais tes inférences en local ni quels modèles tu utilises, mais dans le doute et pour tout le monde : cessez d'utiliser les grandes plateformes d'IA générative. Cela n'a rien de léger (j'imagine que je ne vous apprends rien) ni de créatif (enfin, on peut en tirer des enseignements ponctuels, mais le texte généré est et restera, par nature, médiocre, comme ce genre de baratin).
Je vois de plus en plus de monde autour de moi revendiquer avec fierté faire du vibe coding et ne pas comprendre mon aversion pour ça. À mon avis, c'est l'équivalent de se faire livrer du riz blanc par Deliveroo : au mieux, une confort inutile au coût disproportionné ; au pire, une pratique irresponsable qui nous emmène droit dans le mur.
[^] # Re: Je suis très fun en soirée
Posté par bibliosurf . Évalué à 3 (+3/-0).
J'ai posté ce texte pour obtenir des retours ceitiques comme le vôtre.
Le texte que vous pointez est effectivement de mauvaise qualité car il est généré à partir de rien.
Les résumés des avis sont de meilleur qualité.
La demarche mise en oeuvre sur Bibliosurf est expliqué ici.
# générer du texte ou du code avec l'IA, ce n'est pas bien
Posté par bibliosurf . Évalué à 0 (+3/-3).
Je découvre que j'obtiens un très accueillant -1 avec mon article.
A moins que ce soit pour Bibliosurf.
Utiliser des IA génératives doit être le mal absolu.
Maintenir un site comme Bibliosurf sans informaticien, c'est mal aussi.
Mais peu de gens de ce forum avant d'ajouter un pouce à l'envers comme sur les pires réseaux sociaux ont pris 5 minutes pour consulter Bibliosurf. Ils auraient pu constater la richesse du site, l'absence de pub, de liens sponsorisés, que Bibliosurf utilise certes chatgpt mais avant tout des modèles comme Barthez, CamemBERT ou même Spacy pour analyser la syntaxe.
Prendre le temps… être accueillant, à quoi cela sert.
[^] # Re: générer du texte ou du code avec l'IA, ce n'est pas bien
Posté par passant·e . Évalué à 7 (+5/-0).
Fais un journal qui présente uniquement Bibliosurf.
Le but du site, les défis, les technos, le code source, …
Moonz fait des articles sur l'IA et ça passe très bien.
Prendre le temps… être accueillant, à quoi cela sert.
Il faut aussi prendre le temps de savoir à quel public tu t'adresses ;-)
Je trolle dès quand ça parle business, sécurité et sciences sociales
[^] # Re: générer du texte ou du code avec l'IA, ce n'est pas bien
Posté par bibliosurf . Évalué à 2 (+2/-0).
Merci pour le retour.
J'ai essayé dans l'article de dire qu'hier, le langage de boucles de SPIP m'a permis de créer facilement des sites littéraires et aujourd'hui l'IA générative me permet d'aller plus loin. J'arrive à trouver des solutions pour toutes mes idées de médiation.
[^] # Re: générer du texte ou du code avec l'IA, ce n'est pas bien
Posté par lasher . Évalué à 5 (+3/-0).
Sommaire
Comme te l'a dit passant·e, le problème vient surtout du fait que tu as juste parlé de ton utilisation des IA génératives, sans présenter le site lui-même, son approche, etc. Je t'encourage vivement à présenter le site lui-même dans un autre journal,
À titre personnel, je me suis aussi demandé si ton journal n'avait pas été traduit depuis un texte initialement en anglais, lorsque j'ai lu (par exemple) le titre de ta section 6 :
Je suppose que lorsque tu emploies « sensible », tu veux dire « pragmatique » (ou quelque chose d'approchant) ?
Concernant ton approche en général, j'ai plusieurs remarques.
Parlons purement technique.
Je pense qu'ici, à part quelques personnes en très large minorité, personne ne te reprochera de ne pas savoir programmer. Il y a des contributeurs et contributrices à des projets libres qui ne produisent pas une ligne de code, mais aident à la traduction, à l'écriture de manuels et tutoriels pour l'utilisation d'outils libres, etc.
Si on ne considère que les aspects techniques, l'utilisation d'une IA générative n'est pas nécessairement mauvaise en soi, mais mon expérience (confirmée par beaucoup de gens autour de moi) est que, dans le cadre de la génération de code, sauf à vouloir faire générer des programmes extrêmement simples1, il y a souvent des problèmes dans le code généré, qui semble bien fonctionner pour quelqu'un-e qui ne connaît pas bien le domaine, mais qui peuvent poser problème de façon plus ou moins subtile, à court, moyen, et long terme (généralement sur le long terme, les comportements déviants ne sont plus subtils du tout).
Toujours sur le plan uniquement technique, utiliser un chatbot d'IAGen n'est pas choquant en soi : ça devient une sorte de « tuteur » qui permet, comme tu le dis, d'explorer les possibilités d'un langage appliqué à un domaine donné. Cependant, tu affirmes « rester maître de la logique », et je m'inscris en faux avec cette affirmation : par définition, puisque tu ne connais pas (bien) le langage utilisé (ici Python si j'ai bien compris), et puisque tu n'as pas de formation d'informaticien2, tu peux uniquement constater que le résultat semble correspondre à ce que tu veux, mais tu ne peux a priori pas le vérifier de façon formelle3.
Mais il y a des problèmes écologiques et éthiques qui se posent avec l'utilisation de l'IAGen. :-(
Comme en a déjà parlé Laurent Pointecouteau, il y a un prix écologique et éthique à utiliser des IA génératives.
Côté écologique
L'entraînement des IA est extrêmement coûteux en eau (pour refroidir le supercalculateur) et en énergie (qui est souvent très carbonée au sens large si on parle des US par exemple, mais pas que). Leur utilisation (la partie appelée « inférence ») aussi, indirectement : les prompts utilisés sont ensuite réutilisés pour un n-ième entraînement dans le futur. Et c'est bien le problème : ces modèles sont constamment ré-entraînés sur des jeux de données entiers contenant des dizaines ou des centaines de millions de paramètres, là où des approches plus étroites permettraient de limiter le temps et l'échelle de l'entraînement de ce genre de modèles — et du coup leur impact en termes écologiques.
Côté éthique
Du point de vue éthique, il y a d'autres problèmes. Premièrement, le fait qu'on exploite des populations, en très large majorité habitant dans des pays dits en voie de développement pour mettre des étiquettes sur tout un tas de contenu pour aider à l'entraînement.
Et deuxièmement, le fait que les IAGen « généralistes » aient aspiré illégalement le contenu entier de sites, sans se poser la question du droit d'auteur, des droits patrimoniaux, de la licence d'utilisation, etc. Tous ces fournisseurs de chatbot basés sur les LLM l'admettent du bout des lèvres, et c'est bien pour ça que les directeurs européennes sur l'IA les emmerdent (ces directives ne sont sans doute pas parfaites, mais elles sont bienvenues de mon point de vue).
Je ne sais pas si le code source de ton site est libre ou non, mais par exemple, si jamais tu décidais de dire que le code publié est © bibliosurf, alors qu'une très large partie provient d'un générateur automatique, et dont tu ne connais pas bien le fonctionnement au final (juste par essai-erreur), ça me pose un problème.
Conclusion / TL;DR
Beaucoup de gens ici ont des problèmes techniques et éthiques (j'y inclus l'écologie) avec les chatbots basés sur les LLM. Notamment parce que GPT et ses potes consomment une quantité phénoménale d'énergie et d'eau, mais aussi parce que ces systèmes reposent sur l'exploitation des humains et des savoirs produits par d'autres, sans aucun égard à la volonté des personnes qui ont mis à disposition de l'humanité leurs production d'encadrer la façon dont on peut les exploiter, ce qui est leur droit. Et en plus, d'un point de vue technique, la génération de code via LLM est sujette à risque, si ce n'est dans le court-terme, potentiellement dans le moyen et le long terme, de façon souvent sournoise pour qui ne connaît pas grand chose à l'informatique.
Et même là, souvent la solution générée est plus complexe que si quelqu'un qui s'y connaît l'avait écrite. ↩
Note que ce n'est pas du tout un reproche ou un défaut ! ↩
Cependant, ne soyons pas dupes : tout un tas de gens, dont certains avec une formation en programmation, copiaient-collaient allègrement des bouts de codes venus de sites plus ou moins louches (newsgroups, sites persos, puis plus tard, StackOverflow et ses dérivés), sans forcément bien comprendre non plus les tenants et les aboutissants. C'est juste que les IAGen ont tendance à amplifier et faire « passer à l'échelle » ce phénomène de copier-coller-sans-comprendre-ce-que-ça-fait. ↩
[^] # Re: générer du texte ou du code avec l'IA, ce n'est pas bien
Posté par bibliosurf . Évalué à 3 (+3/-0).
Je suis un peu le ravi de la crèche qui doit énerver.
Bibliothécaire-documentaliste, j'ai pourtant conscience que google, openai… pillent mon travail au quotidien. Je l'ai écrit ici.
J'utilise Spacy et BARThez pour la majorité des traitements de texte sur Bibliosurf. J'attends d'ailleurs d'autres petits modèles efficaces. J'ai ecrit Et si les bibliothécaires devenaient les superviseurs des IA de demain ?
sur le site Actualitté.
Je vais présenter le fonctionnement de Bibliosurf dans un second journal.
[^] # Re: générer du texte ou du code avec l'IA, ce n'est pas bien
Posté par gaaaaaAab . Évalué à 9 (+7/-0). Dernière modification le 01 août 2025 à 14:14.
je pense que tu surinterprète un peu les votes pertinents/inutiles, et tu assignes des émotions à ceux qui votent sans base factuelle.
En première lecture de ce journal, je n'ai pas voté, mais si j'avais noté, ça aurait été négativement. Je me suis demandé s'il avait été écrit en partie avec l'aide d'un LLM, et même si c'était pas qq'un qui usurpait l'identité "bibliosurf" pour faire la retape de l'ia (dont, comme certains ici, je ne suis pas le plus grand fan ;) cf le commentaire de lasher ). Et je ne comprenais pas très bien l'objet de ce texte.
Je me suis abstenu parce que c'était un compte nouveau, j'attendais un peu de voir. En tout cas, si j'avais voté négativement, ça n'aurait rien eu à voir avec ta personne ou avec le projet, juste une évaluation de la pertinence du contenu sur ce site. Sachant qu'une note négative ne supprime pas le contenu, ça le rend un peu plus difficile d'accès (mais vraiment pas beaucoup).
Je pense que sans ta participation à la discussion dans les commentaires, la note du journal serait plus négative.
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