Journal Bibliothèque d'Alexandrie des logiciels libres

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juil.
2016

Après un an et demi de développement, l'INRIA, Institut français de recherche en informatique, a divulgué sa plateforme, le Software Heritage, qui se veut être une bibliothèque mondiale du logiciel libre en archivant, rien de moins, l'ensemble du code libre écrit jusqu'à ce jour. C'est un bibliothèque d'Alexandrie 2.0 en quelque sorte. Cette bibliothèque est accessible à tous, gratuitement, et chacun peut proposer du code. Quelques 22 millions de logiciels sont déjà archivés et stockés.

L'idée derrière ce projet est que les logiciels font partie du patrimoine commun, au même titre que les autres productions culturelles. Il est donc important de préserver ce patrimoine pour qu'il ne disparaisse pas. C'est le sens des propos de son initiateur, le professeur d'informatique à Paris Diderot Roberto Di Cosmo : "Dans une vie sans logiciel, on ne pourrait plus envoyer de SMS, ni prendre un billet de train, payer ses impôts ou même faire démarrer sa voiture. Toute votre vie est dans un logiciel".

Parmi les membres soutenant le projet, citons l'état français, la Free Software Foundation, Bell Labs/Nokia, la fondation Eclipse, IEEE Software et Microsoft.

Le site du projet : https://www.softwareheritage.org
À l'origine de ce court journal, un article publié sur le site web de France Inter.

  • # Ironique

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

    qui se veut être une bibliothèque mondiale du logiciel libre en archivant, rien de moins, l'ensemble du code libre écrit jusqu'à ce jour.

    Non, c'est encore mieux que ça: ils ont décidé d'archiver tout le code librement accessible. Ce qui veut dire aussi tout le code source qui est dans des licences du type "vous avez le droit de lire mais pas de modifier". Et c'est tout aussi important.

    Dans une vie sans logiciel, on ne pourrait plus envoyer de SMS, ni prendre un billet de train, payer ses impôts ou même faire démarrer sa voiture

    C'est rigolo, parce que du coup même si l'entièreté du code librement accessible est disponible, on ne pourra toujours pas faire ce qu'il liste.

    • [^] # Re: Ironique

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

      tout le code source qui est dans des licences du type "vous avez le droit de lire mais pas de modifier".

      je ne suis pas sûr, mais 70 ans (en France) après la mort des auteurs, la licence deviendra du domaine public (à vérifier si le droit d'auteur s'applique effectivement pour du logiciel, ce que je crois, même s'il y a quelques différences). Cela en fera du libre (même si je ne suis pas certain que les outils permettant de l'exécuter seront encore disponibles…).

      De l'intérêt d'en conserver le source qui se libérera de lui-même :-) (tôt ou tard…)

      • [^] # Re: Ironique

        Posté par  . Évalué à 4.

        je ne suis pas sûr, mais 70 ans (en France) après la mort des auteurs, la licence deviendra du domaine public (à vérifier si le droit d'auteur s'applique effectivement pour du logiciel, ce que je crois, même s'il y a quelques différences).

        Qu'en est-il si le code a été écrit par une société ? Même si les auteurs conservent leur droit moral, le nom de (des) auteur(s) n'est souvent pas écrit dans le code écrit par une société.

        • [^] # Re: Ironique

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

          Qu'en est-il si le code a été écrit par une société ?

          « La durée de protection d’une œuvre est de 70 ans après la mort de l’auteur si celui-ci est une personne physique et de 70 ans après l’année de première publication de l’œuvre si celui-ci est une personne morale. »

          http://www.app.asso.fr/questions-frequentes/le-droit-d-auteur-en-general/combien-de-temps-l-oeuvre-est-elle-protegee.html

          Adhérer à l'April, ça vous tente ?

          • [^] # Re: Ironique

            Posté par  . Évalué à 2.

            Dans le cadre d'un logiciel proprio, c'est pas évident de savoir ce qu'on appelle la date de publication, parce que je ne suis pas certain du tout que la date de commercialisation du binaire conditionne quoi que ce soit au niveau du code source.

            • [^] # Re: Ironique

              Posté par  . Évalué à 6.

              Publier : rendre public. Je ne vois vraiment pas où est l'ambiguïté, que le logiciel soit libre ou pas…

              • [^] # Re: Ironique

                Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

                Eh bien si c'est un logiciel proprio, seul le binaire est publié, pas les sources, donc qu'en est-il du droit d'auteur de ces sources ?

                • [^] # Re: Ironique

                  Posté par  . Évalué à 2.

                  Ça pourrait vraiment ressembler à un débat sur le fond en droit. Imagine par exemple que le code source ne soit publié que 10 ans après le binaire, est-ce que la date de retombée dans le domaine public est décalée pour le code source? Et si le source n'est jamais publié?

                  Pour un film issu d'un roman, par exemple, les deux sont indépendants. Pourtant, l'œuvre originale est plus ou moins le code source du film. J'aurais tendance à considérer qu'il s'agit de deux choses distinctes, mais c'est vrai que de toutes manières, techniquement, le binaire n'ets pas une œuvre de l'esprit, c'est une transformation mathématique du code source qui lui est une œuvre de l'esprit. On est dans un domaine du droit hyper bancal, de toutes manières, où on a essayé de faire rentrer quelque chose de nouveau dans l'existant, assez rapidement (du fait des enjeux économiques), sans prendre le temps d'une reflexion approfondie sur le sujet.

                  • [^] # Re: Ironique

                    Posté par  . Évalué à 3.

                    Imagine par exemple que le code source ne soit publié que 10 ans après le binaire, est-ce que la date de retombée dans le domaine public est décalée pour le code source?

                    Du point de vue du droit d'auteur, le source et le binaire compilé sont la même oeuvre (le même logiciel). Il n'y a pas de « date de retombée différente » puisqu'on parle du même objet du point de vue de la loi…

                    Pour un film issu d'un roman, par exemple, les deux sont indépendants. Pourtant, l'œuvre originale est plus ou moins le code source du film.

                    Le film est une adaptation, pas une transformation mécanique. La preuve c'est que de très grands films peuvent être issues d'oeuvres littéraires médiocres : il y a bien un élément créatif qui a été injecté dans le film et qui n'existait pas dans le livre.

                    Du reste, même si tu postulais que le binaire comporte un élément de création propre, alors il pourrait passer dans le domaine public après le code source, mais certainement pas avant.

                    • [^] # Re: Ironique

                      Posté par  . Évalué à 3.

                      Du reste, même si tu postulais que le binaire comporte un élément de création propre, alors il pourrait passer dans le domaine public après le code source, mais certainement pas avant.

                      Sauf que le binaire peut éventuellement être publié avant les sources, mais certainement pas après. Tu vois les avocats d'Apple admettre que le code sources des premiers OS tombent dans le domaine public dans 30 ans? À mon avis, la logique "pure" va constituer à différencier le binaire (qui n'a aucun intérêt 70 après) et le code source (qui va contenir éventuellement des trucs que la marque n'a pas tellement intérêt à publier, comme des backdoors, des gros bugs, etc).

                      • [^] # Re: Ironique

                        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

                        Tu vois les avocats d'Apple admettre que le code sources des premiers OS tombent dans le domaine public dans 30 ans? À mon avis, la logique "pure" va constituer à différencier le binaire (qui n'a aucun intérêt 70 après) et le code source (qui va contenir éventuellement des trucs que la marque n'a pas tellement intérêt à publier, comme des backdoors, des gros bugs, etc).

                        Une œuvre qui entre dans le domaine public ne constitue pas une obligation de publication par son auteur. Pour preuve, quand un film finira dans le domaine public, cela donnera libre court à le modifier, l'adapter ou de s'en inspirer. Mais ce n'est pas pour autant que tu auras accès aux sources du film : les dialogues, les notes du réalisateur, les bandes d'images ou sons d'origines avant la post-production et l'ajout d'effets et autres filtres, etc.

                        Donc le code sera dans le domaine public mais comme seul Apple et ses employés y ont accès, cela ne changera pas sauf si un employé ou l'entreprise souhaite diffuser le dit code.

                        Par contre, pour le particulier cela lui ouvre légitimement le droit de faire une copie du système, l'analyser, le décompiler, en faire un clone propre à partir de cela sans être inquiété. Mais c'est assez laborieux et il est probable que peux de systèmes en bénéficient.

                • [^] # Re: Ironique

                  Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

                  Si les sources ne sont pas publiées, l'INRIA n'y aura pas accès… la question ne se pose donc pas.

                  Python 3 - Apprendre à programmer dans l'écosystème Python → https://www.dunod.com/EAN/9782100809141

      • [^] # Re: Ironique

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

        Bien vu, mais malheureusement tous les logiciels ne tombent pas dans cette catégorie. J'ai la licence NASA en tête, reconnu comme open source par l'OSI mais non-libre par la FSF. Si on part du principe que la NASA ne fermera jamais ses portes, le code restera non-libre-selon-la-FSF pour toujours, à priori.

        • [^] # Re: Ironique

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

          Si tu lis la clause problématique de la licence de la NASA, c'est qu'il interdit l'usage du code de la NASA avec du code qui n'est pas à toi.

          C'est en effet pas libre, mais cela permet pas mal de choses malgré tout, dont d'analyser, de redistribuer et d'exécuter librement le problème. La modification est moins large mais possible.

          Dans le cadre de cet archivage, ce n'est pas si contraignant.

        • [^] # Re: Ironique

          Posté par  . Évalué à 5.

          mais non-libre par la FSF.

          C'est assez marrant la position de la FSF sur cette licence:

          Free software development depends on combining code from third parties, and the NASA license doesn't permit this.

          Alors que dans le même temps on connaît l’impossibilité de combiner du code pourtant libre au sein d'un projet libre. Par exemple ce qui s'est passé autour de FreeCAD, qui voulait utilisait un truc (open cascade) compatible GPL-v2, et un truc (GNU libreDWG) en GPL-v3. Un peu de lecture pour ceux que ça interesse.

          Que la FSF trouve que le fait de créer une impossibilité de mélanger du code ne soit pas génante vis-à-vis de la liberté pour les GPLs et qu'elle le soit pour la licence NASA, c'est un peu du foutage du gueule pour moi.

          • [^] # Re: Ironique

            Posté par  . Évalué à 3.

            J'ai lu que le début, mais si c'est une histoire de code bloqué en GPLv2, c'est complètement injuste envers la FSF qui a toujours conseillé de mettre du code en GPLvx+, me semble-t-il, en anticipation de ce genre d'affaire justement.

            Ceux qui ont mis leur code en GPLv2 stricte auraient du savoir à quoi s'attendre.

            • [^] # Re: Ironique

              Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

              Ceux qui ont mis leur code en GPLv2 stricte auraient du savoir à quoi s'attendre.

              Quelqu'un comme Linus Torvarld a mis le noyau Linux en GPL-2 stricte : tu ne t'engages pas sur l'avenir, sur un sujet non écrit.
              Que la FSF n'inclue pas de clause de compatibilité de la GPLv2 vers la GPLv3 m'a un peu étonné !? ORLY, des gens n'ont accepté que la GPL-2 pas la GPL-2+ ?

              Mais oui, je te rejoins quand tu indiques

              Ceux qui ont mis leur code en GPLv2 stricte auraient du savoir à quoi s'attendre.

              c'est la loi de l'emmerde maximum, bah ça permet de recontacter tous les contributeurs :-)

    • [^] # Re: Ironique

      Posté par  . Évalué à 4.

      Dans une vie sans logiciel, on ne pourrait plus envoyer de SMS, ni prendre un billet de train, payer ses impôts ou même faire démarrer sa voiture

      Pour envoyer un SMS je veux bien, vu qu’il s’agit d’utiliser un objet (un téléphone mobile) dont le principe de fonctionnement repose intrinsèquement sur du logiciel. Par contre pour le reste, il serait tout à fait possible de le faire dans « une vie sans logiciel », on a d’ailleurs déjà fait ainsi depuis pas mal de temps ! :)

  • # Commentaire supprimé

    Posté par  . Évalué à -3.

    Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.

    • [^] # Re: Eat your own dog food

      Posté par  . Évalué à 1. Dernière modification le 02 juillet 2016 à 15:48.

      alors que l'État Français (oui, majuscule dans le cas d'une institution, genre Bell Labs) non :p

      Et la source principale de financement de l'INRIA, c'est ? Tu veux la liste des codes libres produits à l'INRIA que l'on trouve sur github ou dans le projet Debian ?

      The archive currently includes:

      • public, non-fork repositories from GitHub
      • source packages from the Debian distribution (as of August 2015, via the snapshot service)
      • tarball releases from the GNU project (as of August 2015)

      source

      Je ne sais pas d'où tu sors ce code foireux qui fait rm -f /usr/bin, mais regarde le nom de la deuxième personne parmi les fondateurs du projet. ;-)

      Tu as un problème particulier avec l'État français ?

      Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

      • [^] # Commentaire supprimé

        Posté par  . Évalué à 1. Dernière modification le 02 juillet 2016 à 21:03.

        Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.

        • [^] # Re: Eat your own dog food

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

          Perso, j'ai du mal à lire tes commentaires aussi - enfin dans ce dernier, la parenthèse est trop longue ce qui nous fait perdre l'idée de la phrase.

        • [^] # Re: Eat your own dog food

          Posté par  . Évalué à 10. Dernière modification le 03 juillet 2016 à 11:50.

          Effectivement, j'ai mal interprété le bout de code que tu donnais en lien : il semble juste être un template classique visant à supprimer le binaire après une désinstallation sur une Debian.

          Mais dans le fond, c'est le sens de ton premier commentaire que je n'ai pas saisi. À commencer par son titre : « eat your own dog food ». Je le vois comme une critique du projet, fondé en partie sur la présence de certains acteurs dans son financement, et une lecture pressée m'avait fait conclure que ce code était une sorte de blague expliquant ce qu'il fallait faire après avoir désinstallé une Debian pour y mettre un Windows.

          Cela étant je n'ai toujours pas compris où tu veux en venir, ni cette pique sur l'État français qui financerait mais ne mettrait pas de code. Alors je vais développer un peu plus ma réponse. Pour commencer, sur la page des membres du projet, l'on trouve dans l'organigramme aux postes éxécutifs :

          • Roberto Di Cosmo en tant que fondateur et CEO ;
          • Stefano Zachhiroli en tant que fondateur et CTO.

          Le premier s'est fait connaître des libristes français à la fin des années 90 pour son pamphlet Piège dans le cyberespace où il déplorait, entre autre, l'hégémonie de Microsoft Word, et défendait la nécessité de recourir à des formats ouverts et l'intéropérabilité entre les systèmes informatiques. Il a également créé et dirigé le projet de recherche européen Mancoosi pour améliorer la gestion d'une grande base de logiciels (comme peut l'être le projet Debian qui a grandement profité des apports du projet), il dirige actuellemnt l'IRILL (Initiative de Recherche et Innovation sur le Logiciel Libre), et a été un chercheur impliqué lors de la consultation citoyenne sur le projet de loi numérique. Pour le second, il ne doit pas être nécessaire de le présenter : il a été Debian Project Leader pendant trois ans de 2010 à 2013.

          Pour répondre à ton «  dans ce super machin où il veut que nous, on mette le notre ». Premièrement Mircosoft ne veut rien, ils ne font que participer au financement du projet. Deuxièmement, pour le moment, comme je l'ai dit dans mon précédent message, l'archive est ainsi constituée :

          The archive currently includes:

          • public, non-fork repositories from GitHub
          • source packages from the Debian distribution (as of August 2015, via the snapshot service)
          • tarball releases from the GNU project (as of August 2015)

          source

          Enfin, pour réagir à ton propos selon lequel tu n'aurais pas trouvé de code contribué par l'État français, contrairement à Crosoft (sic). Je me permets de rappeler, par exemple, que l'INRIA est un établissement public à caractères scientifique et technologique qui œuvre et a œuvré dans le développement de logiciels libres comme :

          OCaml (langage de programmation).
          Coq (assistant de preuves).
          Scilab, un logiciel de calcul numérique, comparable à Matlab et à Octave.
          SmartEiffel, un compilateur pour le langage Eiffel.
          GNU MPFR, une bibliothèque de calcul flottant multiprécision.
          CGAL, une plateforme de calcul géométrique.
          SOFA, un framework de simulation physique.

          source

          Si tu ne les a pas trouvé dans l'archive Debian, qui compose en partie l'archive du journal, c'est que tu as très mal cherché.

          Je pourrais également citer le projet G'MIC qui est, je pense, familier aux personnes fréquentant linuxfr. Il est développé au GREYC (le G de G'MIC ;-) qui est une Unité Mixte de Recherche.

          Où as-tu donc vu que l'État français ne contribue pas aux logiciels libres, via ses organismes publics, et donc in fine à l'archive Software Heritage ?

          Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

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