Jehan a écrit 1633 commentaires

  • [^] # Re: Anarchiste, mais...

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au journal J'ai lu "Comment je suis devenue anarchiste" d'Isabelle Attard. Évalué à 10.

    Je pense que c'est l'un des commentaires les plus sensés ici.

    Globalement la question est de savoir comment en vivre tout en n'étant pas d'accord avec le système de diffusion littéraire fermée. On verra plus bas que même cette question est trompeuse et amène en fait une seconde question.

    Bon en fait, il y a donc un pré-requis: on n'est pas d'accord avec le fonctionnement du droit d'auteur actuel. Si ce pré-requis n'est pas satisfait et pour ceux qui pensent que les œuvres ne doivent pas être touchables, alors bon la discussion s'arrête là. Perso toutes les affirmations qui disent que c'est trop différent du code me font rire, parce qu'on le vit au quotidien que c'est faux. C'est du travail? Oui, les 2. On peut vivre d'un logiciel libre en faisant du service? Donc ça veut dire qu'on ne se fait pas payer pour son logiciel libre mais bien d'un à-côté. Tout comme quelqu'un qui écrit peut se faire embaucher dans un métier d'écriture (ou faire du service dans le secteur). Aucune différence.
    Quant au coup de l'œuvre finie, je pense que ça a été discuté maintes fois ici aussi. Ça ne l'est que parce qu'il faut bien vivre et passer à autre chose. Ceux qui arrivaient à travailler sur une même œuvre pendant des années (cela se faisaient il y a quelques siècles surtout, quand les mécènes étaient de riches seigneurs féodaux par exemple), le faisaient. De même que de nos jours encore, certains éditent leurs œuvres (dans le cinéma, on a quelques exemples, ce qui ne plait pas toujours aux fans mais exprime clairement une volonté des auteurs de revoir leur œuvre). De même qu'en logiciel aussi, certains arrêtent de développer un logiciel s'ils se sentent dans une impasse. Pour certains logiciels, la seule raison de les continuer est que les OS évoluent (et ça "casse" des choses), donc de la pure maintenance.

    Bon maintenant donc supposons qu'on soit d'accord sur ce pré-requis: les licences libres sur les livres, c'est bien. Comment en vivre?

    Et c'est là que Zatalyz touche totalement juste:

    Par contre ça, ça me semble un argument foireux. On sait que les auteurs ne sont pas rémunérés, en dehors d'une infime minorité qui sont portés par la logique du star system (et cette minorité se réduit d'année en année) (cf le rapport Racine). Sortir des cacahuètes de la vente de plusieurs ouvrages différents est déjà une réussite extraordinaire, actuellement.

    Notre question est donc presque un faux dilemne car il n'y a quasiment aucune manière d'en vivre à l'heure actuelle si on voit ça de manière statistique. Les écrivains capables de vivre de leur œuvre littéraire sont une poignée. La plupart vivent par un autre boulot à-côté (on retrouve le parallèle avec ceux qui font du logiciel libre et vivent par du service ou avec un boulot de développeur tiers). Être prof semble être un choix assez courant pour cet à-côté mais ce n'est clairement pas le seul.
    Ce n'est d'ailleurs pas seulement dans les métiers littéraires. Dans la musique, presque tous les musiciens professionnels que je connais sont aussi profs (de musique, ou profs ingé-son) ou ingé-son (dans des studios, pour les œuvres des autres…). J'en ai connu qui arrivent à ne plus être que musiciens mais après de nombreuses années et c'est rare (ils ont eu de grosses opportunités et ont réussi à passer dans la "poignée" de ceux qui peuvent vivre en faisant ce qu'ils veulent uniquement).

    Bon, après, que certains jeunes auteurs croient à la possibilité de se faire rémunérer pour leurs ouvrages, c'est possible, car on continue de le dire que "ça pourrait marcher". Mais ils déchantent vite, en général.

    En fait c'est le principe de la carotte. Le terme que j'emploie en général pour parler de l'utilisation du droit d'auteur de nos jours, je dis que c'est un "leurre". On vend aux gens du rêves: il faut absolument quelques uns qui réussissent pour les mettre devant les autres et leur dire "regardez, ça pourrait être vous".

    Sauf que c'est un système totalement perverti car il ne marche que parce qu'il y a cette totale inégalité des répartitions. Si on répartissait correctement les droits perçus en fonction du travail réel de chacun (ce qui garde une notion de qualité car si on passe en écoute l'œuvre de quelqu'un, par exemple, ça implique normalement une appréciation du travail), ce serait soudainement bien moins sympa (enfin non, ce serait mieux en général mais on se rendrait compte qu'on ne pourrait toujours pas en vivre et qu'en fait c'était bien un leurre depuis le début). J'ai des chiffres quelque part sur le sujet. Un jour, je voudrais écrire un article dessus d'ailleurs. Finalement plus que du rêve, c'est surtout un mensonge qu'on vend aux gens. Ou alors les gens sont totalement conscients de cette injustice et veulent juste être de l'autre côté de la barrière, c'est à dire être parmi les rares stars et se foutent totalement des autres ainsi que d'avoir un écosystème artistique sain. Et le problème, c'est que c'est possiblement plus souvent ce cas, et c'est le plus triste. On aime donc bien se plaindre d'être écrasé par les gros quand on est petit, tout en étant heureux de s'imaginer gros soi-même un jour pour pouvoir écraser les petits à son tour.

    Aussi certains aiment bien dire que c'est juste un moyen d'avoir du poids pour ensuite pouvoir faire changer les choses. C'est d'ailleurs une thématique très courante du "super héros riche qui en fait est contre le système" dans les livres ou les films. Ce dernier n'est devenu riche et n'a pris du pouvoir en fait que pour combattre le système et sa corruption "de l'intérieur". Malheureusement force est de constater que dans la vraie vie, c'est plutôt infime comme cas. La majorité se font juste facilement corrompre par la richesse et/ou le pouvoir.

    Maintenant je ne dis pas que c'est un choix facile à faire du tout, car l'esprit humain n'est pas aussi rationnel qu'on peut l'être en exposant un avis, comme ici. Moi-même, j'ai des projets de livres, aussi bien techniques que des nouvelles ou romans (certains auront remarqué que j'aime écrire par la longueur de mes commentaires! 🙄). Comment les diffuserais-je? C'est une question que je me pose souvent. Même si on part du principe qu'on ne touchera que des clopinettes et donc que ce choix n'est même plus une question d'argent.

    Auto-publication? Beaucoup de retours expliquent que ça amène bien plus de nouveaux problèmes et on fait déjà trop de choses nous-même.

    Avec un éditeur, mais en en trouvant un qui accepte de faire du libre (Art libre/CC by-sa par exemple)? Ils existent mais sont très rares. Et quand je vois que même des magazines Linux avaient des tarifs différents pour payer les auteurs s'ils faisaient du libre (moins payés, voire gratuit, je me souviens plus), ça me refroidit. Ça veut donc dire qu'ils estiment que mon travail a moins de valeur s'il est libre (on parle pourtant de magazines qui vivent en discutant souvent de logiciel libre)? J'espère que les éditeurs de livres qui acceptent les licences libres n'ont pas ce genre de philosophie. Encore une fois, on a accepté le fait que dans le système actuel, on ne toucherait quasi rien, ce n'est pas le problème, mais c'est par principe: au moins on veut toucher quasi rien mais avec les mêmes conditions que les autres qui touchent quasi rien! Pas être direct mis dans la "classe inférieure" comme des pestiférés. C'est quelque chose sur quoi on travaille et tient beaucoup avec LILA: on fait des projets artistiques libres (ZeMarmot notamment, vous l'aurez compris) en payant les intervenants car on croit que c'est possible et on veut un système juste. Mais comme Zatalyz, on cherche encore la combinaison idéale.

    Enfin il y a ce gros problème de la diffusion de l'œuvre dont parle aussi Zatalyz:

    Les raisons peuvent être multiples. Celle qui me parait le plus probable concerne la diffusion. Publier sous licence libre n'est pas très difficile. Se faire diffuser dans toutes les librairies l'est infiniment plus.

    C'est en fait là la seconde — et peut-être la vraie, une fois admis qu'on ne vivra probablement pas de son œuvre seulement — question dont je parlais en introduction. J'avais discuté avec Framasoft (dont Zatalyz est membre, donc j'imagine que c'est d'eux dont elle parle quand elle dit avoir essayé différents modèles ou chercher le bon) qui expliquait que la plupart des librairies et bibliothèques se fournissaient dans des réseaux dans lesquels les livres de Framasoft ne sont pas. Donc apparemment la raison pour laquelle les livres Framasoft ne sont pas dispos en librairie, c'est surtout qu'ils ne sont pas visibles aux libraires. Un peu comme s'ils n'existaient pas.
    Alors je sais plus les termes exacts employés et c'était une discussion il y a longtemps (des années sûrement). Le terme "réseaux" n'est sûrement pas bon et doit probablement être explicité. Peut-être que Zatalyz peut en dire plus.

    Mais en gros, ça fait un choc, quand on se dit que c'est pas juste qu'on pourrait être diffusé par un petit éditeur inconnu ou par soi-même, c'est carrêment que notre livre ne serait jamais demandé (les libraires n'ont même pas conscience qu'il existe) si on ne nouait par des liens particuliers avec la librairie (comme la super librairie libriste parisienne À Livr'Ouvert, l'une des seules en France à avoir des livres de Framasoft en rayon). Or on ne peut pas connaître toutes les librairies de France.

    Donc si on veut que son livre soit un peu diffusé en dehors des cercles de libristes, doit-on mettre de côté ses convictions? C'est une grosse question. Perso je m'attèlerais au sujet le jour où je voudra publier mais pour sûr, je ne jette pas la pierre à ceux qui font autrement, surtout s'ils ont aussi vraiment étudié toutes les possibilités.

    Et une autre chose est sûre: si on arrive à régler ce problème de diffusion, alors il y a peu de raison de ne plus diffuser en libre (avec l'éditeur adéquat qui ne nous donnerait pas un mauvais deal en nous casant "encore un chieur libriste"), du moment qu'on comprend aussi que la promesse de vivre du droit d'auteur est un leurre pour les petits auteurs (qu'ils soient libristes ou non).

    Enfin je dirais qu'il y a aussi la notion de diffusion par réputation ou réseau personnels, et peut-être aussi du non-besoin de se rémunérer. Typiquement si j'étais très aisé (je n'ai aucune idée si c'est le cas de Madame Attard) — donc la question de rémunération est encore moins un problème — et un personnage public qui fait beaucoup parler de soi (comme un député), je pourrais essayer justement de faire un coup en publiant en libre (si c'est dans mes valeurs, encore une fois, comme d'autres ici, je ne la connais pas et ne peux donc dire si c'est le cas) par un petit, voire un gros éditeur qui ferait une exception ici parce qu'on n'est pas "n'importe qui" (on en revient encore au concept du super-héros riche: une fois qu'on est riche et avec du pouvoir — ici de diffusion —, l'utilisera-t-on pour combattre le statu-quo?). En me disant que ça sera discuté dans les journaux, à la télé, etc. et que certains libraires (pas tous mais plus que dans le cas de l'écrivain inconnu) chercheront probablement d'eux-même à se procurer ce livre qui n'est pas dans les réseaux habituels de fourniture de livres. Ça pourrait justement faire parler du concept de la publication en licence libre, et mettre la discussion bien en avant. Le simple fait de publier ainsi pourrait être aussi puissant que le contenu du livre. Et ainsi peut-être que ça ferait avancer l'idée dans l'esprit des gens. Pas d'un seul coup, mais progressivement, projet par projet. Encore une fois, c'est ce qu'on fait avec LILA, sauf qu'on est ni riche ni connu, donc on râme plus, c'est clair, et on perd notamment énormément en efficacité pour garder une stabilité économique et personnelle. Mais s'il n'y a aucun projet qui tente en premier, personne ne réfléchira jamais sur le sujet et dira toujours que c'est juste théorique.

    Dans le cas de cette dame, je ne dis pas que ça réussirait mais ça aurait pu être à tenter. Enfin encore une fois, si et seulement si ces sujets sont des sujets qui l'intéressent (j'ai appris il y a longtemps qu'il ne servait à rien de pousser certains sujets et que faire des démonstrations par le réel était plus efficace, et c'est ce qu'on fait). Certes elle a apparemment travaillé sur les communs, mais certains ne voient que "Wikipédia", "OpenStreeMap" ou "Internet" dans ce concept, ils vont y ajouter l'OpenData des services publics, et ont du mal dès que ça les touche dans ce qu'ils produisent eux-même. Peut-être se fait-on juste des idées et que c'est juste pas son trip. Perso je lis toute sorte de livres et pas que du libre malheureusement 🧐 donc à ce stade de quasi non-existence du libre dans la production écrite, c'est dur de faire le Don Quichotte (même s'il en faut bien). Et puis je ne connais pas la situation de cette dame, donc je ne vais pas apporter d'avis sur son cas précis. 🤷

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: Alphabet latin ou international ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Des histoires de caractères. Évalué à 3.

    Alors si on se limite uniquement aux aspects les plus techniques, c'est vrai que ça rajoute encore un niveau de complexité et je ne pense pas que les choses évolueront beaucoup de ce côté là (va réimplémenter tous les langages de programmation avec des mots clés pour chaque langue, ré-écrire toutes les lignes de commandes avec un exécutable dans chaque langue, etc. Y en a qui ont essayé déjà dans leurs langues à eux et on sait pas ce qu'ils sont devenus! 🤪 Et le tout en essayant de rester compatible inter-langues, ce qui rajoute encore un troisième niveau de complexité). Attention, je ne dis pas que ce ne serait pas souhaitable d'ailleurs (à discuter, sauf que ça resterait purement théorique de toutes façons, donc non en fait…), mais on n'est déjà pas assez de développeurs dans le monde pour faire ce qu'on fait en se limitant soi-même dans l'anglais, qui n'est pas notre langue natale à beaucoup.

    Donc OK, si on parle uniquement de l'aspect le plus purement technique, je veux bien. On se fait violence entre nous, développeurs, administrateurs et autres métiers de l'informatique et on a suivi les études qui vont avec.

    Mais on n'est pas les seuls au monde. Et quand mon fermier local en Corée veut aller payer ses impôts et qu'on lui dit que dorénavant, tout se fait sur internet obligatoirement (note: je sais pas si c'est le cas, je transpose notre cas français), lui a jamais demandé à se faire violence avec l'anglais. Il veut faire pousser des légumes, il travaille déjà dur et bien pour cela et mérite son salaire, il est sans le moindre doute utile à la société et il sait lire et écrire le coréen, il en a rien à fiche de nos langues.

    En général, quand on parle d'Unicode, c'est pour les usages d'affichage à l'utilisateur. D'ailleurs on développe rarement en Unicode (je parle de fichiers sources). Mais on affiche bien en Unicode.

    Pareil, les outils shell (ls…) seront en ASCII pour les raisons évoqués, mais d'autres parlaient du système de fichier et de comment les fichiers utilisateurs étaient nommés. Ça c'est affiché à la vue de tous et encore heureux que de nos jours, on peut utiliser Unicode pour nommer les fichiers comme on veut. Faut arrêter de croire que l'ASCII a un sens pour tous. C'est trop facile pour nous, on se dit "non mais les accents, on peut bien s'en passer, on comprend!" Sauf qu'une moitié du monde, c'est pas leur accent qu'ils perdraient, c'est leur système d'écriture entier!

    Mais c’est vrai que la lecture c’est important. Même en lisant très souvent de l’anglais, dans le même alphabet que le français, perso je lis déjà moins vite.

    Exactement. Une langue, c'est pris globalement. Parler de caractères latins seulement est déjà une grosse erreur et c'est ne pas comprendre l'usage et l'apprentissage des langues.

    En plus je mentionnais la sonorité dans mon commentaire, juste en passant. Mais c'est en fait extrêmement important. Pour beaucoup de gens, quand on lit, les mots sonnent dans notre tête. On a besoin de connaître les sons pour apprendre une langue, et même sans comprendre le sens, si besoin, simplement lire et retenir (les sons aident à la mémoire aussi). Et sans ça, tout devient extrêmement compliqué. Or même toutes les langues utilisant une variante de l'alphabet latin en prononce les caractères différemment. Se limiter à une notion d'apprentissage d'un alphabet ou de caractères, c'est ne pas réellement avoir de notion de la problématique de base.

    On peut dire que dans un contexte technique/informatique de causer avec un ordinateur à relativement bas niveau il est pas question de ça par contre. A condition bien entendu qu’on ne parle pas des interfaces utilisateurs

    Donc oui, si on parlait uniquement du contexte technique, je veux bien qu'on se limite à l'anglais. Et encore, je trouve ça loin d'être idéal. Dans quel autre métier, la langue de travail doit être une langue étrangère? Mais c'est acceptable pour des raisons purement pratiques (ce qui va à l'encontre de ce que je disais dans un autre commentaire, mais j'assume l'incohérence apparente, qui en fait n'en est pas vraiment une quand on y regarde de près).

    Dans ce cas précis, disons que c'est notre métier et qu'on a choisi ces conditions particulières.

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  • [^] # Re: Pourquoi ne pas utiliser Unicode ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Des histoires de caractères. Évalué à 6.

    Tout ce que tu dis est vrai, sauf que comme on n'est pas seul au monde, on n'a juste pas le choix. Ces choix ne sont pas fait en fonction de la trivialité mais bien de ne pas laisser les autres sur le bord de la route pendant qu'on reste tranquille entre occidentaux.

    Encore heureux que les être humains ne se sont pas arrêtés à améliorer les choses dès qu'on s'est dit "c'est pas trivial", sinon on en serait encore dans les caves à faire ouga-ouga.

    Bon pour les autres espèces et avoir un air respirable, ça aurait été bien mieux, ceci dit! 🙄

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  • [^] # Re: Alphabet latin ou international ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Des histoires de caractères. Évalué à 4.

    Pour le Japon et le Chinois ça a pas l’air vrai :

    Essayez de demander à une centaine de japonais ou coréens (pour les Chinois, je suis à peu près sûr que ce sera pareil mais je le sais moins de première main) pris au hasard dans la rue (de leurs pays respectifs, pas pris dans nos pays!) de vous lire un texte dans une langue quelconque en caractère latin pour voir.

    Certes, ils auront eu des cours à l'école, tout comme nous on a des cours d'anglais, espagnol ou allemand (de nos jours, j'utilise l'anglais au quotidien, par contre mon apprentissage sur des années d'autres langues à l'époque est maintenant assez anecdotique et je me prétendrais pas pouvoir parler allemand ou latin de nos jours). Mais ça ne signifie absolument pas qu'ils savent vraiment lire, parler, comprendre et même déchiffrer le langage et ses lettres à une vitesse raisonnable.

    Pour info, je lis aussi le japonais (enfin le kanji de moins en moins maintenant, mais disons qu'on se limiterait aux syllabaires) et le coréen. Sauf que si mes programmes étaient dans ces langues là (même en se limitant aux sous-ensemble les plus simples), je lirais à la vitesse de l'escargot. Et pourtant le coréen par exemple est bien plus simple à lire que le français! Mais je lis le français 100 fois plus vite. Et je parle même pas de comprendre! Je passerais ma vie dans le dictionnaire. Alors pour apprendre une langue étrangère, ce serait génial (je devrais peut-être faire ça tiens!), mais pour être efficace dans mon usage de l'informatique, c'est une autre question…

    D'ailleurs on remarquera que je ne parle pas de lire l'alphabet latin — comme dans le fil de discussion —, mais bien de lire des langues. Car c'est de cela qu'il s'agit en vrai. Parler de déchiffrer un alphabet est une vision totalement absurde de l'usage des langues. Je lis l'alphabet latin, mais si je lis un texte dans toute langue européenne que je connais pas, je suis bien embêté, et ma vitesse de lecture est alors lente et fastidieuse. Peut-être que je peux piger plus ou moins un texte dans certaines langues latines, espagnol ou italien par exemple, même sans l'avoir appris, par proximité du vocabulaire (mais sans aucun doute en tombant dans tous les pièges de faux amis), mais ça restera lent (et plein d'erreurs donc). Puis genre va lire un texte d'un des pays nordiques qui pourtant utilisent aussi les caractères latins (juste avec des accents différents: des ronds, des barrés…) et va affirmer que tu comprends! Et pourtant j'ai aussi vécu et appris le danois pendant un an (d'ailleurs je te parle même pas de prononcer ce que tu lis, ça serait marrant; le danois notamment ne se prononce absolument pas tel qu'on le croirait en lisant les textes en tant que français; mais vraiment absolument pas!).
    Donc non, il ne suffit pas de connaître des caractères. En fait je comprends pas vraiment là où tu essaies d'en venir, devnewton, avec ta remarque:

    Dans quel pays aujourd'hui les gens n'apprennent pas l'alphabet latin et les chiffres arabes ?

    Et sincèrement, faut un peu sortir de chez soi, et voir qu'on n'est pas le centre du monde.

    Il y a aussi d'énormes biais qui est que lorsque des gens vont en touristes dans ces pays, ils voient quelques textes en anglais, voire même des devantures en anglais ou français! Ils se disent "la preuve, tout le monde lit". Sauf que ces trucs sont juste là soit pour les touristes (genre les noms de stations de métro), soit pour la cool-attitude (les noms en français, typiquement pour des boutiques de mode, ou les boulangeries, etc.).
    Les locaux ne remarquent souvent même pas ces textes, tout comme y a aussi pas mal de textes dans des langues étrangères en France, et on ne les remarque jamais, à moins de connaître la langue et soudain on y fait attention.

    Vous avez des exemples concrets de pays où l'alphabet latin n'est pas enseigné ? Pas juste une supposition je pense qu'ils n'en ont pas besoin / qu'ils sont trop cons.

    Et ça n'a rien à voir avec être con. Tu lis le Japonais, le Coréen, le Chinois, l'Arabe?… En fait est-ce que tu lis toutes les langues du monde?
    Non? Alors est-ce que t'es trop con?

    Bah non. Cette question est donc juste ridicule. C'est une sorte de renversement de situation (essayer de faire croire que l'autre est insultant dans son raisonnement).

    Tu lis une langue parce que tu lis la langue d'où tu vis, possiblement aussi une langue maternelle/paternelle (quand ça s'applique). Quand on en a besoin, on se met aussi à lire d'autres langues, mais c'est du cas par cas.

    Quant à ce qu'on apprend à l'école, je crois que tout le monde est d'accord pour dire que c'est uniquement une marche sur un escalier de 100 marches. Cette première marche peut aider beaucoup, mais seulement si on décide de nous même de gravir les 99 marches récentes, ce que l'école ne peut pas aider à faire.

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  • [^] # Re: quand tu achètes un tableau tu n'as pas le droit à la propriété intellectuel dessus non plus non

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Deux rapports américain et français convergent : acheter un NFT, c'est acheter du vent . Évalué à 4.

    J'ai oublié de répondre à ça:

    Mais si le droit est moral et l'oeuvre l'est tout autant, ne pourrait-on pas arguer avec un bon avocat qu'altérer le support physique ne touche pas à l'oeuvre originale car celle-ci reste dans la mémoire collective?

    Avec un bon avocat, tu peux tout essayer. Sauf pour certains trucs basiques, la loi est matière à interprétation (sinon y aurait jamais de procès).

    Perso dans le cadre du Code de la propriété intellectuelle, que j'ai lu pas mal de fois, je trouve la raison invoquée ("l'oeuvre originale […] reste dans la mémoire collective") assez faible, mais qui suis-je pour te dire que ça peut pas marcher! 🤷😅

    Qui sait, avec le bon avocat, tomber sur un juge complaisant, les étoiles bien alignés et une prière au dieu Spaghetti… 🤪

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  • [^] # Re: quand tu achètes un tableau tu n'as pas le droit à la propriété intellectuel dessus non plus non

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Deux rapports américain et français convergent : acheter un NFT, c'est acheter du vent . Évalué à 5.

    Si je comprends bien, c'est le Ministre de la culture qui peut saisir le tribunal quand il n'y a plus d'héritiers (connus): https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000039279814

    En effet, très bonne référence. Cet article me semble bien dire que le tribunal peut quand même prendre des décisions (au nom du droit moral) sans ayant-droits connus. Ensuite il faut quand même que quelqu'un attaque en justice (pour que le tribunal ait son mot à dire). Et là, c'est effectivement le second paragraphe qui dit que ça peut être le ministre chargé de la culture qui en a le droit.

    Bien trouvé!… avec un bémol cependant, c'est que le paragraphe précédent parle de "l'usage ou le non-usage du droit de divulgation". Donc je me demande si ce pouvoir du ministre de la culture ne s'applique que sur ce problème de droit de divulgation ou sur tous les droits moraux. Ce n'est pas clair. Il faudrait voir s'il y a des précédents.

    Ensuite perso je m'amuserais pas à détruire un Vermeer, même s'il n'y a aucun ayant-droit connu (j'en sais rien pour cet artiste en particulier mais c'est ce que semble savoir Ysabeau), ni une quelconque œuvre d'artiste connu en ma possession (en plus de la perte de valeur énorme pour moi si je possédais une telle œuvre! 😵‍💫).

    Et puis de manière générale en plus, il ne faut pas juste se dire que des œuvres anciennes n'ont forcément plus d'ayant-droit (patrimonial, mais surtout moral pour les artistes anciens). On serait surpris (et il me semble que les familles riches en particulier gardent plus particulièrement des arbres généalogiques sur de nombreuses générations notamment). Et puis même pour un artiste sans aucune famille connue, là on parle d'héritage. S'il n'y a pas d'enfant, cela peut passer par la famille de la femme, ou encore par les frères et sœurs, il peut aussi y avoir eu un testament (donc un leg à un ami, un organisme…), etc. L'héritage, c'est compliqué. Assurer que tu n'aurais aucun problème, c'est — je trouve — s'avancer un peu, mais y a peut-être eu une jurisprudence particulière sur Vermeer où on sait qu'il n'y a vraiment personne qui t'attaquera et qu'on peut faire ce qu'on veut avec une de ses œuvres sans courir le moindre risque?

    Peut-être aussi Vermeer a-t-il laissé des écrits particuliers sur le fait qu'il en avait rien à faire de ce que deviennent ses œuvres? C'est important dans le contexte du droit moral, puisqu'on parle de respect de l'auteur et de ses œuvres, en général les ayants droits parlent au nom de l'auteur; mais si ce ou cette dernière a laissé un document indiquant clairement son avis et que détruire son œuvre ne lui poserait aucun problème, un juge peut en tenir compte. Il y a eu un précédent assez important à ce sujet il n'y a pas longtemps, avec une suite de "Les Misérables" pour laquelle les ayant-droits de Victor Hugo avaient attaqué sous la raison que ça dénaturait l'œuvre originelle. Or justement les écrits de Victor Hugo (notamment une conférence donnée, des notes…) avaient beaucoup pesé dans les décisions pour connaître les intentions de l'auteur originelle (mais un tribunal avait conclu assez justement que les écrits n'étaient pas non plus suffisamment clairs pour se faire un avis sur l'opinion de l'auteur). Bon au final ce n'est pas sur ces intentions que la décision s'est donnée mais sur la liberté de création, qui au passage me paraît être une fin des plus pertinentes et bien plus intéressante et puissante que se baser sur le droit moral (que je n'apprécie que très peu personnellement!). Perso j'adore cette conclusion. Cet article donne les grandes lignes, et celui-ci plus de détails intéressants bien que je partage pas l'avis de l'auteur de ce dernier. Dans tous les cas, cela montre que l'intention et l'avis (sur ses œuvres et leur destin) d'un auteur de son vivant peut influer sur des décisions de justice en matière de droit moral.

    En tous cas, perso j'en sais rien sur l'exemple précis donné. Mais je peux dire que je m'y essaierais pas.

    Bon dans le cas mentionné il y a mention de faire ça en publique qui change peut-être la donne, j'en sais rien je n'ai pas fait droit.

    Ça c'était juste pour illustrer qu'il faut que ça se sache. Mais ça n'a pas forcément besoin d'être aussi visible. En fait tu t'exposes aux mêmes risques si tu le fais en privé, c'est juste que tu réduis les chances de te faire prendre. Mais bon, tu as des invités (qui peuvent toujours te dénoncer, exprès ou par erreur), des paparazzis (si tu possèdes une telle œuvre, tu es peut-être quelqu'un d'un minimum public), le bruit peut toujours s'ébruiter d'une manière ou d'une autre. Je m'amuserais pas à ça même si j'étais suffisamment riche pour avoir ce genre d'œuvre.

    La loi est claire:

    L'auteur jouit du droit au respect de son nom, de sa qualité et de son oeuvre.

    Ce droit est attaché à sa personne.

    Il est perpétuel, inaliénable et imprescriptible.

    Il est transmissible à cause de mort aux héritiers de l'auteur.

    L'exercice peut être conféré à un tiers en vertu de dispositions testamentaires.

    Nulle part il n'est dit "en public". Si tu manques de respect à un auteur et à son œuvre, même en privé, il suffit juste que ça s'ébruite.

    Et comme le note Xavier Claude dans son message, même s'il n'y a pas d'ayant-droit, le ministre de la culture peut saisir un tribunal au nom des ayant-droits (à vérifier si ce paragraphe s'appliquait vraiment à l'ensemble des droits moraux, c'est vraiment pas clair pour moi).

    Au fait mes filles pourraient me poursuivre dans le futur d'avoir jeté quand je fais le ménage tous les dessins qu'elles laissent trainer n'importe où dans la chambre ou être parent suffit à me protéger ? _!

    Je suppose que tu dis la remarque en blague. 😜

    Mais je vais le prendre premier degré et répondre quand même, histoire de. Encore une fois, les juges ne sont pas idiots (enfin j'espère!) et verront sûrement la différence entre tes filles et un artiste très célèbre (disons que les droits associés à l'usage des dites œuvres si elles existaient encore s'élèveraient sûrement à 0€ de toutes façons; donc bon niveau droit patrimonial, y a pas grand chose; pour ce qui est du droit moral: était-ce vraiment du manque de respect de l'auteur et de son œuvre ou juste un parent faisant le ménage? 😉). Ensuite même si l'une de tes filles devenait une artiste immensément célèbre et avait voulu faire une expo "rétrospective de mon art, de mes 2 ans à aujourd'hui" et t'attaquait parce que tu as détruit ses œuvres de jeunesse, effectivement un juge devrait comprendre que tu le faisais comme tout père qui peut pas non plus tout garder ni s'imaginer que sa fille deviendrait une grande artiste. Mais bon je suis pas juge et je peux pas parler pour eux. Qui sait… ma confiance en la justice est assez inégale… 〜

    Ensuite je crois que c'est se poser un peu trop de questions sur le droit d'auteur à ce niveau et je suis pas sûr qu'il y ait eu la moindre jurisprudence à ce sujet (jamais rien lu dessus du moins). En général c'est plutôt l'inverse qu'on semble voir en jurisprudence (de ce que je vois passer de temps en temps): des artistes adultes qui pourraient attaquer leurs parents pour avoir été exploités pendant leur enfance! 🙄

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  • [^] # Re: quand tu achètes un tableau tu n'as pas le droit à la propriété intellectuel dessus non plus non

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Deux rapports américain et français convergent : acheter un NFT, c'est acheter du vent . Évalué à 10. Dernière modification le 01 septembre 2022 à 02:41.

    Mais peux-tu le détruire ou le modifier?

    Là tu rentres dans le domaine des droits moraux (plus des droits patrimoniaux). Et la réponse est… oui ou non, ça dépend des compétences de ton avocat! 🤣

    La réponse de base, si tu veux pas te faire attaquer en justice et pas avoir des sueurs froides est évidemment: non. Globalement détruire une œuvre (ou la modifier), exprès, peut être considéré comme un affront (bon c'est pas le terme juridique; des juges parlerait plutôt de non respect d'un auteur et de son œuvre). En fait, c'est la première phrase du chapitre sur les droits moraux (article L121-1):

    L'auteur jouit du droit au respect de son nom, de sa qualité et de son oeuvre.

    Cette phrase (la dernière partie) est interprétée par toutes les jurisprudences comme notamment interdisant la destruction ou la modification d'œuvres. On parle aussi du respect de l'intégrité de l'œuvre.

    Bien sûr, les juges ne sont pas idiots. Si tu détruis une œuvre par erreur, dans un accident, incendie ou autre, en général, personne va te condamner (enfin… j'ai jamais entendu de telle jurisprudence en tous cas; pour une entité comme un musée, peut-être qu'un ayant-droit retors pourrait dire que c'était de la responsabilité du musée quand même d'avoir des systèmes pare-feu adéquats?). Mais clairement si tu achètes un Picasso (payé rubis sur l'ongle) et fais une représentation spectaculaire où tu détruis l'œuvre devant un public pour faire passer un argument, alors tu peux être à peu près sûr d'avoir une lettre d'avocat très bientôt!

    Ensuite, et c'est là où la réponse pourrait être "oui" (tu peux la détruire/modifier), c'est: tu peux essayer et avec un très bon avocat, tu peux te retrouver co-auteur de l'œuvre puis te mettre à toucher des droits d'auteur à partir de maintenant (sur la nouvelle œuvre). Peut-être que tu perdrais quand même un procès pour non respect à l'intégrité d'une œuvre, mais que les futurs droits patrimoniaux que tu toucherais comblerait la perte initiale sur le long terme!

    Ce qui au passage répond à ta seconde question:

    Et si tu l'as modifié pour en faire un oeuvre à part entière, n'en deviens-tu pas l'unique ayant-droit?

    Non, si tu modifies un œuvre, tu deviens co-auteur. L'ancien auteur ne disparaît pas. En fait, en droit français, il ne disparaît même jamais. C'est la troisième phrase de l'article L121-1:

    Il est perpétuel, inaliénable et imprescriptible.

    Il y a d'une part le côté "perpétuel" qui signifie "à jamais". Dans 1000 ans, dans un million d'années (enfin… si la loi change pas, et surtout si les humains sont encore là 🙄), auteur tu es, auteur tu restes.

    Le côté "inaliénable" qui veut dire que les ayant-droits n'ont même pas le pouvoir de refuser ces droits moraux. L'une des conséquences est qu'en France, il est interdit de mettre de côté la paternité d'une œuvre, même si c'est une commande payé par un client. C'est la raison pour laquelle on dit qu'en France, la licence CC-0 est équivalente de CC-by: parce qu'en France, tu ne peux t'affranchir du "by" (ça peut toujours être intéressant d'utiliser CC-0 pour que les gens dans d'autres juridictions puissent ne pas citer un auteur, mais dans un contrat français, cette clause est caduque).

    "Imprescriptible", c'est un peu juste une répétition des 2 autres adjectifs avec un autre mot pour bien enfoncer le clou. :-)

    Donc non, quand tu modifies une œuvre, l'ancien auteur ne disparaît pas. Comme tu le vois, en droit français, il est quasi impossible de faire perdre un statut d'auteur. Tu es juste co-auteur.

    Par contre, tu pourrais devenir le seul auteur avec encore des droits patrimoniaux si l'œuvre était dans le domaine public. C'est à dire que l'autre auteur est bien encore ton co-auteur, mais tu es alors le seul à toucher des droits d'auteur.

    Et oui, il y a des exemples réels. Le plus célèbre qui me vient immédiatement à l'esprit, et dont tout le monde a entendu parler (mais sans forcément en comprendre les implications en droit d'auteur): c'est la fameuse restauration en Espagne d'un Christ "Ecce Homo" qui tourne à la catastrophe. Je ne suis pas sûr si la vieille dame qui a fait cela a été poursuivie en justice (par les ayant-droits et/ou les propriétaires), mais au final elle a surtout réussi à conclure un accord pour toucher 49% des droits d'auteur (sur les visites — je sais pas si elles sont payantes dans cette église —, mais surtout sur les produits dérivés qui furent nombreux!). Notez comme c'est quasi la moitié, ce qui indique bien qu'on considère qu'elle est à moitié auteur. On parle de gros sous car cette œuvre est devenue un gros truc touristique maintenant.
    Un point peu clair est qu'apparemment on voulait faire rentrer les ayant-droits de l'œuvre originelle dans l'accord mais qu'ils refuseraient. Cela indiquerait-il que l'œuvre ayant été "renouvelée", cela a remis le compteur des droits patrimoniaux à zéro, même pour les ayant-droits de l'auteur originel, des siècles après sa mort? Après tout, pourquoi pas! Le droit d'auteur est surtout une histoire de contrats (souvent appelés de "cessions de droits d'auteur") et d'avoir de bons avocats pour transformer une situation donnée en machine à sous, en tournant les mots de la loi de la façon qui les arrange (le but étant de ne jamais rentrer dans le domaine public ou d'arriver à en sortir, Disney étant experts en cela!).

    Mais bon, apparemment ces ayant-droits originels refusent cet arrangement de toutes façons, donc au final, elle est bien la seule à toucher des droits patrimoniaux (jusque 70 ans après sa mort! C'est pareil en droit espagnol qu'en droit français, sauf erreur!). Mais elle n'est pas seule autrice ni seule ayant-droit (notamment les droits moraux existent aussi en Espagne, et aux dernières nouvelles, ils sont aussi perpétuels et inaliénables d'après les quelques sources que je trouve)!

    Un second cas qui me vient à l'esprit est cette vieille dame qui a tenté de compléter une peinture représentant des mots croisées dans un musée. Ce fut assez simple de retrouver une référence de cette affaire avec une recherche web. Ce qui m'avait intéressé à l'époque, c'est que son avocat a tenté de demander des droits d'auteur sur l'œuvre à partir de maintenant.

    Bon au final, de mémoire (d'autres articles), ça s'est arrangé avec une restauration (réussie!) où le musée a pu effacer les traces du stylo et il me semble bien que toutes les poursuites ont été abandonnées car la bonne foi de la vieille dame a été présumée (aussi si elle n'est pas riche, ça sert probablement à rien de lui demander une fortune; les assurances sont aussi là pour ça) et la restauration n'a pas coûté trop cher. C'est probablement juste l'avocat qui a eu les yeux plus gros que le ventre et a tenté de jouer le tout pour le tout en essayant de faire un gros coup comme l'Homo Ecce 🤭!

    Donc voilà. La réponse finale, c'est donc: "non, tu ne peux pas détruire/modifier une œuvre (mais si elle t'appartient dans son support physique), mais tu peux toujours tenter et avec de la chance et le bon avocat, ça peut même te rendre riche (en te faisant devenir co-auteur)!"

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  • [^] # Re: quand tu achètes un tableau tu n'as pas le droit à la propriété intellectuel dessus non plus non

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Deux rapports américain et français convergent : acheter un NFT, c'est acheter du vent . Évalué à 6.

    Pas du tout. Vendre une œuvre ne fait absolument pas sauter les droits patrimoniaux. J'explique ça dans un commentaire juste en haut.

    Si tu vends ton œuvre physique (tableau ou autre), tu en gardes les droits et le propriétaire du tableau doit continuer à passer par toi à chaque fois qu'il veut exposer ou reproduire l'œuvre par exemple. Acheter ton tableau ne l'exempte absolument pas de rémunérer l'artiste pour les droits patrimoniaux sur ton œuvre.

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  • [^] # Re: quand tu achètes un tableau tu n'as pas le droit à la propriété intellectuel dessus non plus ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Deux rapports américain et français convergent : acheter un NFT, c'est acheter du vent . Évalué à 10.

    Tu achètes un objet, et, vu que Dali est mort, tu peux en faire ce que tu veux

    Absolument pas! Tu peux en faire ce que tu veux… dans ta sphère privée (genre tu le mets dans ton salon et tu le montres à tes invités). Mais sans l'autorisation des ayant-droits (c'est à dire un contrat de cession de droits), tu peux pas:

    • faire d'expo avec;
    • utiliser de copies d'œuvre sur des prospectus, livres ou autres impressions, sur ton site, sur des réseaux sociaux, etc.;
    • vendre ou donner des copies;
    • et ainsi de suite.

    Les droits patrimoniaux ne sont absolument pas transmis avec une œuvre physique. Ce sont 2 choses distinctes. Quand tu possèdes un tableau, physiquement, tu en as une sorte exclusivité physique, et c'est déjà beaucoup (vous êtes le seul, les autres doivent passer par vous d'abord, puis par les ayant-droits ensuite). Mais ça ne te soustrait pas au droit d'auteur lié à l'œuvre pour autant.

    Certains ayant-droits d'artistes (qui s'organisent souvent en fondation pour la gestion de droits, une fois l'artiste décédé) sont particulièrement connus pour être très tatillons et en chasse permanente d'usage illicite de leurs œuvres, à parcourir les réseaux et à envoyer des factures ou des mises en demeure. Je connais quelqu'un qui a travaillé un temps à Pompidou par exemple et qui me disait qu'avec certains artistes (dont les fondations d'enfants/petit enfants/autres sont connus pour être à l'affût), il faut faire particulièrement attention. Et même si tu as des contrats pour certains droits, il faut bien lire les contrats de cession (qui sont en général assez précis sur l'usage, le lieu et la durée des droits cédés). Genre tu peux avoir obtenu des droits pour une exposition, mais cela ne signifie pas forcément que tu as le droit d'utiliser une œuvre sur le prospectus associé ou pour promouvoir l'exposition en ligne (dans l'usage par exemple, il pourrait être précisé par exemple la promotion par impression et une promotion sur internet séparée). Ça dépend de ce qui est écrit sur ton contrat et tu peux faire confiance en les avocats d'ayant-droits d'artistes célèbres pour te rappeler à l'ordre si tu fais la faute (c'est à dire de t'envoyer une nouvelle facture qui correspondrait à une nouvelle cession, et c'est dur de refuser une fois le "mal" fait).

    Notons aussi que le Code de la propriété intellectuelle ne donne de barême. Il peut y avoir toute sorte de rémunération, petite, grande, proportionnelle (aux entrées par exemple), etc. Ça peut aussi être gratuit. Mais il faut tout de même avoir demandé aux ayant-droits (et idéalement mettre cela noir sur blanc pour preuve).

    Alors je ne dis pas que c'est un usage généralisé, notamment je doute que les "petits" (dans le sens "pas connu et sans avocat") artistes vont se plaindre si jamais on leur propose une exposition (en général, c'est eux qui paient pour exposer en galerie, par exemple!). D'ailleurs je pense que beaucoup ne savent même pas que normalement la loi a des articles spécifiquement sur ce sujet et que c'est un usage du quotidien pour les gros artistes (c'est même exactement pour cette raison que les grosses fondations de gestion de droits d'auteur d'artistes célèbres sont si riches: ils vivent de ces droits même lorsque les œuvres physiques sont vendues). Mais dès qu'un artiste commence bien à vivre un peu de son art, ce dernier apprend progressivement ses droits et se met à demander. Si une mairie ou un petit lieu d'exposition (en général, c'est rarement de gros musées si l'artiste est encore peu connu!) lui propose d'exposer, il va se mettre à demander une rémunération (petite puis progressivement plus avec la confiance en soi grandissante).

    Enfin bon, en conclusion, non, on ne fait pas ce qu'on veut d'une œuvre, même si on en est le propriétaire (ce qui est différent d'en être l'ayant droit). Posséder une œuvre physique et unique ne soustrait en rien aux droits patrimoniaux.

    Si tu achètes une illustration de Revoy, que tu peux avoir librement et gratuitement par ailleurs, tu n'acquières aucun droit dessus et tu es soumis à la licence mise dessus par son auteur (je ne sais pas laquelle il a pris).

    Pour l'exemple de l'art libre, la licence est en gros l'équivalent d'un contrat de cession de droits d'auteur à vie et pour tous ceux qui reçoivent une copie de l'œuvre, avec des conditions particulières (par exemple avec le BY-SA: créditer l'auteur par exemple — mais selon le pays, comme en France, c'est de toutes façons une obligation légale, c'est l'aspect "inaliénable" des droits moraux ­— ou autoriser les dérivés, ce qui implique aussi d'interdire d'interdire la réutilisation).

    Donc si clairement, on te cède aussi des droits. C'est juste que tu n'as pas besoin de trouver les ayant-droits pour signer avec eux (tu peux toujours le faire si tu souhaites d'autres conditions). L'artiste a en quelque sorte signé seul pour céder à tous.

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  • [^] # Re: le télétravail, ce n'est pas non plus toujours la panacée

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Apple demande de retourner 3 jours par semaine en apotravail : encore une boite qui n'a rien appris. Évalué à 10.

    Pour moi la solution aux problèmes du télétravail n'est pas le retour en apotravail, mais plutôt inventer de nouvelles formes de sociabilité / convivialité.

    Il n'y a rien à inventer. Il n'y a pas que le boulot dans la vie, et c'est d'ailleurs là où j'ai au final toujours le moins sociabilisé dans ma vie (même lorsque je travaillais dans les bureaux d'une entreprise; et c'est pas parce que je n'aimais pas les gens ou qu'ils ne m'aimaient pas, on s'apprécie mais généralement en journée, on bosse et le soir, ce que tout le monde veut faire, c'est surtout vite rentrer chez soi, pas "sociabiliser").
    À une époque, quand je travaillais en bureaux d'entreprise, ma principale vie sociale était déjà non pas mes collègues mais le club de sport (lorsque j'en faisais en club) et bien sûr mes amis.

    Pour ma vie en société, je suis actuellement membre de 4 associations, je fais des activités avec mes voisins (on va parfois boire un verre chez l'un de nous, on fait des barbecues — végétaliens pour notre part —, on va voir des concerts dans les villages du coin, on a organisé une fête des voisins il y a peu, on organise une projection cinéma sur mur à l'extérieur le mois prochain, on fait des permanences "compost" citoyen hebdomadaires…), on participe régulièrement à des ateliers organisés par les communes ou la médiathèque, on voit nos amis plus proches, etc.

    Ne pas perdre du temps en transports, cela nous donne plus de temps, on va au marché une à deux fois par semaine, on est en bonne relation avec les gérants de notre boutique de vrac local, tout le monde se connaît et on sociabilise plus que jamais.

    Alors le coup que nous sort tout le temps les gens qui sont fans du travail en entreprise, que c'est mieux pour "sociabiliser" etc., à chaque fois, ça me fait vraiment bien rire! 🤣

    Enfin bon, je crois qu'on est d'accord quoi: faut arrêter avec cette notion antique de travail sur place pour tous les boulots qui ne le nécessitent pas (sur la région parisienne, on parle de plus de la moitié des emplois). Imaginez la place libérée, les transports en communs soudainement respirables, et les énormes avantages écologiques!
    Notons que je ne dis pas qu'une entreprise ne doit pas avoir un siège social et des bureaux. Mais il pourrait être beaucoup plus petit (moins de loyer, baisse du prix de l'immobilier car il y aurait moins de demande, etc.), réservé pour ceux qui ne peuvent pas travailler de chez eux, ou pour les réunions exceptionnelles (pas toutes les semaines, mais une fois de temps en temps, je peux comprendre; et encore, j'ai travaillé des années avec des gens à l'autre bout du monde, on s'apprécie et on bosse bien, sans avoir besoin de se postillonner dessus autour d'une table et de "slides"), ou réunions avec des clients, etc.

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  • # Pas Clippy!

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Microsoft passe Clippy en Open Source !. Évalué à 9.

    LOL je sais bien que c'est pour la blague que tu as titré ainsi, mais justement l'article semble dire que Clippy est l'une des rares exceptions à ne pas être libéré pour raison de droit des marques:

    Even Clippy was introduced as a replacement for the paper clip emoji, but that’s one of a few that won’t be open sourced simply because of legal requirements around Microsoft’s trademarks.

    😆

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  • [^] # Re: Un problème d’adéquation avec le marché privé

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Doctolib présente sa base de données à Devoxx 2022 et c'est flippant. Évalué à 10.

    Je suis bien conscient et entièrement d'accord avec tout ce que tu dis. Cela démontre juste le problème. :-)

    Pour les salaires, j'ai d'ailleurs testé en CDD d'ingé d'un an au CNRS. J'avais jamais été payé si mal de ma vie. Même mon premier salaire dans l'informatique en sortie d'université était bien supérieur. Je l'avais uniquement fait car c'était intéressant et ça me permettait de travailler sur GIMP car c'était ce sur quoi j'avais été embauché.

    Même du point de vue finance de l'administration, c'est absurde: parce que les paies des fonctionnaires sont bloqués à des tarifs si bas, on se met à payer en externe plus que ce qu'on paierait en salaire payé à tarif raisonnable (car la facturation en "appel à projets" est bien plus chère que si on avait payé des développeurs fonctionnaires de bonnes compétences avec des salaires compétitifs). Au final, l'administration tout comme les citoyens (qui paient tout ça avec les taxes et impôts! Et en plus qui se mettent à utiliser ces logiciels de mauvaise qualité, avec en plus de la fuite de données problématique comme discuté ici) y perdent. Seuls ces entreprises privées y gagnent. C'est si aberrant.

    Enfin bon, on est d'accord quoi.

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  • [^] # Re: Mais pourquoi ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Doctolib présente sa base de données à Devoxx 2022 et c'est flippant. Évalué à 9. Dernière modification le 06 juillet 2022 à 12:14.

    Probablement parce qu'il y a des contraintes légales tellement importantes que le cahier des charge qui en résulte conduirait à un projet coûteux.

    Donc, une boîte va monter un projet, salement, pour avoir le marché, et ensuite se mettra plus ou moins en conformité avec le droit.

    On se rend compte que c'est devenu tellement "normal" pour le gouvernement de tout externaliser que la réponse qui semble aller de soi pour certains à ne pas donner le contrat à une "startup" est de "faire des appels à projets".

    Et si — soyons fous! — on avait des institutions qui avaient des compétences en interne? Le développement informatique n'est plus une activité anecdotique, on pourrait avoir des équipes de fonctionnaires dédiées et hautement qualifiées, qui travailleraient en inter-administrations pour partager les ressources (donc des gros ministères jusqu'aux plus petites administrations, comme les plus petits villages, tous auraient accès à des logiciels de qualité) et feraient du développement si nécessaire en fonction des projets.

    De manière intéressante, cela correspond assez à la définition de la DINUM, mais j'ai l'impression (d'après les contacts que j'en ai eu) que pas mal de membres clés de la DINUM semblent être des CDDs, "entrepreneurs", etc. Nos institutions semblent vraiment tout faire pour ne pas garder les compétences en interne. C'est triste. 🤦

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  • [^] # Re: Résumé rapide

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Comment vérifier un système de vote en ligne. Évalué à 10. Dernière modification le 03 juillet 2022 à 16:58.

    En fait il faut que le vote soit secret, bien sûr vérifiable par tous (ce second point est le seul point principal évident: on veut un résultat valide) mais aussi non vérifiable individuellement. Il faut ces 3 points pour un vote institutionnel. Et c'est là ce qu'on n'arrive pas à faire bien avec du vote électronique. Dans le cas Debian, même si le vote est maintenant secret, il est toujours vérifiable par le voteur avec un hash. Cela permet de pouvoir dire que le vote n'a pas été truqué si (1) suffisamment de personne ont vérifié leur vote et confirmé qu'il n'a pas été changé, (2) le nombre de votants est valide (c.a.d. pas de faux votants ajoutés) et (3) n'importe qui peut alors recalculer les résultats avec les votes publics que l'on considère donc non falsifiés.
    C'est tout ça qui fait que les votes Debian peuvent être considérés relativement sûrs mais c'est bien parce qu'on a assoupli un des 3 points importants: on a rendu le vote vérifiable par soi-même (c'est même cela qui permet de rendre le vote vérifiable par tous).

    Mais alors c'est quoi le problème avec la vérifiabilité par soi-même si cela rend le vote en ligne sûr (comme on vient de le montrer)? Ben en fait, ça permet aussi de forcer les votes sans même avoir besoin d'être physiquement présent. Comme on sait, l'un des principaux buts du secret du vote, c'est d'une part de protéger les gens (tu vis peut-être dans un endroit où voter pour certains peut te mettre en danger) et aussi protéger la sincérité du vote. L'exemple typique: vivre avec un conjoint qui veut forcer pour qui l'autre vote; être sous l'emprise de malfrats qui nous forcent la main; ou simplement faire du business en vendant son vote contre de l'argent. Si le contenu de son vote est vérifiable après coup, alors cela amplifie tous ces problèmes (car on peut facilement prouver son vote, forcé ou non; il n'est plus possible de faire croire qu'on vote pour X quand en fait on vote pour Y).

    En ce sens, les votes de Debian ne sont plus sûrs si on peut avoir des raisons de penser que ce genre de problèmes peut arriver. C'est une relative petite communauté de gens qui se connaissent et contribuent volontairement dans des tâches techniques, donc le consensus est plutôt qu'on a du mal à imaginer que ce types de problèmes arrivent, du moins de manière suffisamment sérieuse. C'est pour cela que cette imperfection du vote est admise comme acceptable.

    Pour une élection gouvernementale maintenant, c'est une autre histoire. On le sait, certains feraient tout pour le pouvoir et l'argent. Et ça peut aller loin. On ne peut donc pas laisser la moindre porte ouverte à une triche facile. Il ne faut donc pas que le vote soit vérifiable individuellement. Mais s'il ne l'est pas, on ne trouve toujours pas de moyen de rendre le vote vérifiable par tous (les votes utilisés au final pourraient être totalement aléatoires que vous n'y verriez que du feu).

    Le papier est pour l'instant le seul moyen qu'on a trouvé qui respecte les 3:

    • Le bulletin est secret (isoloir, enveloppe, etc.).
    • On ne peut pas vérifier son propre bulletin après coup (donc pas de contrôle de votre vote par une entité tierce qui pourrait vouloir valider pour qui vous avez voté).
    • Néanmoins le vote est bien vérifiable par tous (en d'autres termes, le résultat est valide), avec l'utilisation d'une boîte transparente et fermée avec cadenas, de même que de nombreux yeux fixés dessus. Quiconque a d'ailleurs le droit de participer à cette vérification en se portant volontaire. Les chances que des bulletins aient été retirés/ajoutés et que le décompte final soit truqué sont faibles.

    En électronique, on perd toujours au moins un des 3 points. Dans le pire des cas, on perd même le point principal de validité, ce qui est le pire cas (c'est le cas des machines à voter sur place, on a bien le secret du vote et des votes non vérifiables individuellement, mais qui peut assurer que les résultats donnés par la machine correspondent aux votes?). Dans des cas comme les votes Debian, on perd l'impossibilité d'auto-vérification (d'ailleurs même le secret du bulletin n'est pas totalement assuré; quelqu'un pourrait être derrière notre dos au moment du vote et nous forcer directement).

    En fait, c'est pas tout à fait vrai. Je peux imaginer une alternative où on pourrait avoir les 3 points en vote électronique. Mais je sais qu'on me dirait que c'est trop compliqué (ça l'est pas tant que ça, mais bon…) et surtout je pense que ce type de logique de vote a une limite du fait du nombre élevé de votants. Et sincèrement je suis pas sûr qu'on y gagne beaucoup (comme d'hab, certains dans les hauts postes semblent penser que tout doit être informatisé sans même se demander si le non-informatique est vraiment un problème dans un sujet donné). Au final, pour une élection institutionnelle, rien ne vaut le papier.

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  • [^] # Re: Une source d'information de qualité incontournable.

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Next INpact est en réel danger de mort. Évalué à 10.

    Ou parfois le loup n'est simplement jamais parti! Il est là à rôder autour de la maison de l'enfant mais les gens s'en foutent et préfèrent l'ignorer en disant qu'il exagère et qu'il a pas l'air si effrayant, ce loup. Alors l'enfant vit un peu un enfer du quotidien, dans la peur, à se cacher et à courir sans arrêt. Et il ose plus trop parler du loup parce qu'à chaque fois, les "adultes responsables" le lui reprochent et le font culpabiliser en lui disant que c'est pas bien de mentir ou de faire ce genre de blagues.

    Jusqu'au jour où le loup réussit enfin son coup et bouffe l'enfant tout cru. Et là les villageois se disent "ah bah merde, en fait c'était vrai". Sauf que c'est trop tard. En plus, c'est dommage, on l'aimait bien cet enfant.

    Pourtant il aurait juste suffi de l'aider une fois pour se débarrasser du loup mais à la place à chaque fois les adultes renversaient le problème en faisant culpabiliser l'enfant. Ils lui disaient des trucs du genre:

    Attention qu'à force de crier au loup…

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  • [^] # Re: Verbatim

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Décolonisation de l'espace public : la statue du général Storms démontée à Ixelles - La Libre. Évalué à 7. Dernière modification le 02 juillet 2022 à 19:13.

    Une statue ou un nom de rue ne valorise pas une personne, ce sont les histoires que nous racontons qui donnent une valeur aux personnes de notre histoire.

    Donc ça te dérangerait pas d'avoir par exemple une statue d'Hitler dans ton quartier ou d'habiter rue Adolf Hitler? Si tu réponds "si, ça me dérangerait" (enfin je pense, j'espère surtout!), c'est bien parce que si, faire une statue de quelqu'un et l'ériger en place publique, de même que nommer une rue au nom de quelqu'un a toujours été fait "en l'honneur de" cette personne. C'est pas théorique, c'est très précisément la raison principale pour laquelle on érige des statues publiquement ou qu'on nomme des rues.

    Tiens, je viens de faire une recherche et ai trouvé quelques articles récents. Les raisons sont flagrantes et évoqués dans le titre des articles (gras de moi dans les titres):

    Presque jamais tu verras un article "La ville X érige une statue de Untel pour lui foutre la honte". C'est toujours "en l'honneur". Il peut éventuellement y avoir des statues "pour se souvenir" d'évènements pas glorieux mais ça ne sera pas une statue standard de quelqu'un dans une position victorieuse (ni même dans une position neutre ou un buste). Les rares cas où tu pourrais avoir des statues représentant quelqu'un dans un sens péjoratif, ce sera clairement exprimé par l'imagerie (je sais pas moi, genre untel au sol avec un héros du peuple qui le foule du pied, ou quelque chose de similaire).
    Mais sinon, une statue même a priori à l'imagerie neutre, si c'est valorisant. De même pour un nom de rue.

    Ensuite les musées, c'est différent. Là, on peut avoir des statues d'Hitler, des objets valorisant clairement des gens ou des évènements absolument horribles de l'histoire, le tout avec des textes du musée remettant le contexte, ou simplement parce qu'on sait qu'on est là pour avoir une vision de l'histoire (et je préfère une vision non édulcorée et sans cacher les moments moins glorieux de notre histoire). Mais l'espace public, ce qui y est, c'est vraiment ce qu'on met en avant et quand l'imagerie n'est pas claire, comme une scène, alors c'est par défaut valorisant car c'est bien la raison habituelle de créer statues et noms de rue.

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: Verbatim

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Décolonisation de l'espace public : la statue du général Storms démontée à Ixelles - La Libre. Évalué à 3.

    Tout à fait, ne pas démolir le passé (c'est aussi le meilleur moyen de l'oublier et de refaire les mêmes erreurs) mais arrêter de mettre en avant certaines horreurs du passé ou certains personnages qui ne méritent pas de l'être.
    Déplacer ces statues de l'espace public vers un musée me semble ainsi un très bon compromis, en effet!

    Le problème reste que ces personnages restent des "héros" pour beaucoup trop de gens. Quand on voit que tous les conquérants de l'histoire sont encore vus en héros alors qu'au final, ce n'était que des gens belliqueux qui voulaient attaquer les voisins pour agrandir leur territoire et ont tué des quantités incroyables de gens (respectivement aux possibilités d'armement de l'époque) pour y arriver. Mais ce sont des "vainqueurs", alors "ça va". 🙄

    Enfin bon, ce serait bien que ce genre de choses arrivent plus souvent et il y aurait alors pas mal de statues à retirer et à mettre dans les musées et pas mal de rues à renommer aussi.

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  • # On a retrouvé sa pierre tombale!

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Internet Explorer bronsonnisé, paix à ses octets . Évalué à 6.

    Y a des gens qui s'amusent bien en Corée apparemment:

    pierre tombale d'IE

    (via un message sur Mastodon, comme quoi…)

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  • [^] # Re: Troll sur gtk ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Inkscape 1.2 vient de sortir avec tout plein de bonnes choses dedans. Évalué à 10. Dernière modification le 09 juin 2022 à 19:01.

    Dans certains cas, l'expérience est tellement difficile que le portage n'est pas fait, comme la version Gimp de Windows qui n'a pas été publiée pendant plusieurs release.

    Je suppose que tu voulais dire "macOS" car le paquet Windows a toujours été fourni pour toutes les versions.

    Pour le paquet macOS, il y a bien eu toute une période sans paquet, mais absolument pas parce que "l'expérience est tellement difficile". Il n'y avait juste aucun contributeur macOS. C'est aussi simple que ça.

    Il y a toujours eu un manque de contributeurs macOS dans le Libre (de manière générale, peut-être pas sur certains projets en particulier). Je ne comprends pas pourquoi il faudrait mettre ça sur le dos des toolkits ou des logiciels de bureau. Les développeurs des OS libres ne sont pas des esclaves à la merci des éditeurs d'OS propriétaires, que je sache. Donc si aucun des développeurs qui utilisent ces OS propriétaires ne daigne contribuer, ben… c'est la vie. Mais ils peuvent pas se plaindre ensuite de pas avoir les logiciels dispos.

    Tout cela n'a rien à voir avec la difficulté d'un quelconque port (oui, c'est difficile; le développement logiciel, c'est difficile, rien de nouveau, quel que soit ton OS).

    Pourtant, c'est pas comme si RedHat avait pas les moyens d'embaucher un mainteneur pour la version MacOs X et un autre pour la version Windows. C'est sur que ça fait bizarre pour leur business model, mais le monde du libre s'en porterait mieux.

    Je connais pas bien l'activité de Red Hat, mais s'ils n'ont pas de contrat pour travailler sur des OS Apple ou Microsoft. Alors je vois pas pourquoi ils engagerait des gens.

    Je parle même pas d'un pur point de vue financier car ce n'est pas ça qui m'intéresse. Mais il y a 1000 façons plus intéressante d'aider le Libre que de travailler sur des OS non-libres. Perso j'ouvre les bras en grand pour les gens qui veulent absolument le faire, mais je me sens pas une obligation de le faire moi-même par exemple, si personne qui utilise ces OS ne daigne même se bouger.

    Ceci étant dit, aux dernières nouvelles, Red Hat engage bien des experts macOS. Je pense notamment à Christian Hergert qui est clairement l'un des 2 experts macOS sur GTK ces derniers temps et qui est un employé de Red Hat.

    Ah et dernier point: GTK n'est pas un produit Red Hat comme tu sembles l'affirmer en sous-entendu. Il y a certes beaucoup d'employés Red Hat autour, car ils utilisent GTK et globalement ce sont parmi les plus gros contributeurs FLOSS. Quand ils utilisent quelque chose, ils contribuent. Je pense que le leur reprocher serait totalement contre-productif. On aimerait bien au contraire voir plus souvent des entreprises qui mettent du leur là où ils font des gros sous à partir de travail communautaire.
    On attend donc tes patchs pour améliorer GTK pour macOS (ou Windows) si ça t'intéresse vraiment. 🤗 Absolument pas besoin d'être un employé Red Hat pour contribuer!

    Note que je n'ai pas forcément un avis très prononcé sur Red Hat et il m'arrive de rester dans l'expectative de ce qu'ils feront avec le temps; mais les théories du complot, ça aide personne. 🤷

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  • [^] # Re: Ça n’est pas parce qu’on peut faire quelque chose des outils qu’ils ne sont pas ...

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au journal PAO, graphisme et colorimétrie dans le libre. Évalué à 10. Dernière modification le 30 mai 2022 à 13:22.

    Pourquoi tu perdrais des calques, cela t'est déjà arrivé? A moins que tu doutes de la capacité de Gimp à gérer le png, franchement, je ne vois pas le problème.

    Le PNG ne prend pas les calques en charges. Quand tu exportes un fichier PNG, tous les calques sont fusionnés en un unique rendu.

    De même, tu perds aussi le texte en tant que texte (ça devient une image, fusionnée avec le reste, qui n'est plus du texte éditable), tu perds le contenu des calques en dehors du canevas, tu perds la sélection, les canaux nommés, les chemins, de la précision de couleur possiblement si tu travaillais en 32-bit ou en flottant, les masques de calque, et ainsi de suite.

    Gimp ne servant pas à travailler seulement en xcf

    Tu mets XCF et PNG (ou autres formats d'export) sur le même plan. Ils n'ont rien à voir. PNG est un format final, de rendu. XCF est un format de travail, de la même manière que lorsque tu exportes un rendu 3D, une vidéo ou autre dans Blender, ça considère pas (heureusement!) que le format exporté est suffisant. Non Blender va aussi te faire remarquer que tu n'as pas enregistré ton travail, c'est à dire que tu n'as pas enregistré un fichier .blend.

    De même qu'un éditeur vidéo ne va pas considérer que ton export en .avi, .mov ou que sais-je encore, est une sauvegarde de ton travail (va rouvrir ton film pour continuer l'édition à partir d'un format vidéo final!). Pour faire une analogie avec le PNG, tu pourrais même exporter dans un des formats vidéos dits "sans perte". Comme le PNG, ils sont en réalité avec perte relativement à ton format de travail (perte des pistes qui sont fusionnées comme les calques du PNG l'était; plus de clips indépendants; plus d'effets éditables; etc.).

    De même que lorsque tu compiles un exécutable, ton éditeur/IDE ne va pas considérer que ton binaire est équivalent à avoir sauvé ton travail et t'empêchera de sortir sans enregistrer ton fichier texte de code, à moins d'explicitement dire "non n'enregistre pas mes changements", ce qui est toujours une procédure un peu plus chiante mais nécessaire pour éviter les oublis absurdes (et je suis bien heureux que vim m'empêche de quitter facilement si j'ai oublié d'enregistrer la dernière version de mon code! Je serais vert si je perdais du travail ainsi; et encore on perd en général moins en code qu'en imagerie car l'enregistrement est bien plus rapide — donc perso j'enregistre machinalement toutes les quelques secondes — et surtout le texte est plus simple à reconstruire que des pixels).

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  • [^] # Re: Ça n’est pas parce qu’on peut faire quelque chose des outils qu’ils ne sont pas ...

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au journal PAO, graphisme et colorimétrie dans le libre. Évalué à 10. Dernière modification le 28 mai 2022 à 15:52.

    Donc l'Apple Store est bien incompatible avec la GPL. CQFD.

    Ca va dans les deux sens, la gpl est aussi incompatible avec l’AppStore :)

    Euh… oui. C'est par définition du mot incompatible. Je vois pas du tout là où tu veux en venir.

    C’est un problème “artificiel” cela dit:

    Bien sûr que c'est artificiel, par définition d'être un problème de règles. Ça ne veut pas dire pour autant qu'on veut enfreindre les règles, surtout quand on est des petits particuliers en face d'une multinationale. (ou de manière générale quand ça peut devenir un problème légal devant une cours de justice; pas forcément en face d'Apple, mais même si c'est un autre ayant-droit qui voudrait m'attaquer pour distribuer son travail en violant la GPL, non merci, très peu pour moi!)

    Perso je le ferai pas en tous cas. On veut bien être gentils et bonne poire même parfois, mais y a des limites à ce qu'on peut accepter. Et notamment prendre des risques légaux, personnellement, pour fournir un logiciel sur une plateforme qui l'interdit (et qu'en plus on n'utilise même pas), c'est une limite que je ne franchis pas (d'autres sont libres d'essayer s'ils veulent absolument).

    la distribution de binaires proprio pour une appli open source est une pratique très courante

    LOL Je pense que tu comprends pas trop comment les licences marchent. On peut pas prendre le code des autres, le compiler et distribuer le binaire sous une autre licence. C'est pas comme ça que ça marche. Enfin… sauf si la licence l'autorisait bien entendu, mais c'est pas le cas de la GPLv3 (c'est même un peu sa raison d'être). Je t'invite à lire spécifiquement la section 6 de la GPLv3 qui traite très précisément de la distribution de binaires.

    Pretendre que la gpl est exclue de l’AppStore, c’est limite de la mauvaise foi. Oui, c’est techniquement incompatible

    Tu serais pas en train de te contredire d'une phrase à l'autre? C'est pas la définition de la mauvaise foi, ça? 😜

    Oui, c’est techniquement incompatible, m’enfin, si c’était le plus gros problème que le monde open source avait, on serait bien quand même.

    On n'en fait pas une maladie et j'en dors très bien, merci de t'inquiéter! 🙄 Je listais juste les diverses raisons qui font qu'y a pas de version iPad (pour répondre à ton commentaire sur le sujet) et notamment dedans, y a le problème de la licence vs. les règles de l'Apple Store. Je n'ai jamais dit que c'est un gros problème. Ici on n'utilise pas de matériel Apple et on s'en passe très bien.
    En tous cas, c'est pas une histoire de "virage technologique" qu'on aurait soit-disant loupé. C'était ça le fond de la réponse (et pas le fait que c'est un gros problème pour nous; en ce qui me concerne, c'est même l'inverse, je considère que c'est Apple qui se tire des balles dans le pied et y perd — ce serait pas la première fois, les problèmes de cross-compilation à cause d'interdictions débiles me viennent aussitôt à l'esprit —, mais je suppose que sur ce point, chacun est libre de voir ça différemment 🤷).

    Je peux raisonnablement pas recommender un outil de façon professionnelle si je sais que l’équipe de dev est minuscule et ne peut raisonnablement pas traiter le feedback dans un délai acceptable.

    Encore une fois, tu ne comprends pas trop le principe du logiciel libre. Même si l'équipe d'un logiciel était énorme, ben je recommanderais pas ce logiciel pour du travail pro sur la base de "c'est bon, ils ont une grosse équipe". Ça c'est voir le logiciel libre comme du logiciel gratuit et ne voir les équipes de dév que comme des gentils bénévoles à tes ordres, sans avoir à débourser un sous. D'ailleurs même ta grosse équipe, rien n'assure qu'elle va réellement traiter tes problèmes et besoins rapidement. Je me demande si tu as soumis beaucoup de rapports de bug ou de demandes de fonctionnalités pour sortir cela. Va faire un rapport à Blender (beaucoup plus grosse équipe), ou même à Firefox (beaucoup beaucoup plus gros), puis reviens nous voir pour nous montrer à quel point ton "feedback" est traité rapidement. 🤣

    (Note que ce ne sont nullement des critiques du développement de ces projets; on ne peut juste pas techniquement tout "traiter" dans des "délai[s] acceptable[s]", sortir une telle affirmation, c'est ne pas comprendre comment ça marche)

    Ben non, c'est pas ça le logiciel libre. Le principe, c'est que tu as accès au source, et dans un contexte pro, ça veut surtout dire que tu peux modifier et corriger toi-même. En d'autres termes, si tu as un problème, tu engages un dév pour le régler (et tout le monde y gagne: l'entreprise qui peut avoir ses problèmes corrigés rapidement — va corriger des logiciels propriétaires pour comparer! Oups y a pas le code, ni le droit! —, de même que ses besoins pris en charge, d'une part; et le logiciel libre en question qui pourra alors recevoir du nouveau code et de nouveaux contributeurs d'autre part). C'est ça le gros pouvoir du logiciel libre dans un contexte professionnel. Pas "des grosses équipes qui font du travail gratuit pour toi".
    Ce que je dis n'est pas uniquement pour les grosses entreprises, c'est aussi accessible aux petites entreprises, ou même aux professionnels indépendants (si on a absolument besoin d'une fonctionnalité qui nous aiderait vraiment beaucoup dans son travail, on peut bien débourser quelques milliers d'euros une fois de temps en temps). On a eu le cas, il y a peu, avec Creative Shrimp, un site de tutoriels de graphisme 3D qui a sponsorisé notre asso pour une fonctionnalité qui permettait de traiter simultanément plusieurs textures représentant le même matériel (diffuse, normal…).
    Cela leur a servi pour un cours de photogrammétrie. Si j'ai bien compris, il n'y avait qu'un seul autre logiciel (propriétaire, mais je me souviens plus lequel) qui permettait cela, et aucun logiciel libre (jusqu'à GIMP qui maintenant le peut). Quelques discussions et quelques semaines plus tard, c'était possible dans GIMP.
    Va voir si tu peux payer quelques milliers d'euros à Adobe et s'ils prendront en charge tes requêtes dans un "délai acceptable" avec leur super grosse équipe de développeur qui te met en confiance.

    Alors oui, ça veut dire qu'il faut être prêt à rémunérer du travail de manière juste et saine, et pas juste 10 ou 100€ (comme certains s'imaginent quand ils sortent "je suis prêt à mettre 100€ pour implémenter cette fonctionnalité complexe qui prendra des jours, voire des semaines de travail! Pourquoi personne le fait? Bandes de développeurs paresseux!" 🙄). Mais c'est un truc que très peu de logiciels propriétaires permettent vraiment.

    Pour enfoncer le clou, c'est exactement comme cela qu'on a commencé nous même à contribuer à GIMP (donc je dis vraiment pas ça au hasard), c'est à dire qu'on voulait voir s'il était possible d'utiliser GIMP professionnellement, ce qui fait qu'on a commencé à contribuer, puis de plus en plus (ça c'est la version "avoir un développeur dans l'équipe", juste avant c'était la version "engager un développeur externe de temps en temps", les 2 sont possibles). Et c'est comme ça qu'énormément de contributeurs ou organismes/entreprises commencent à contribuer à énormément de logiciels libres.

    Donc oui, si c'est là l'idée (voir quelle équipe est suffisamment grosse pour répondre rapidement), je te déconseille de recommander n'importe quel logiciel libre, quel qu'il soit. En fait je te déconseille de recommander n'importe quel logiciel tout court même, libre ou non, avec une équipe énorme ou non, payant ou non (si tu crois qu'Adobe va se mettre en 4 pour traiter le "feedback" d'un utilisateur payant lambda! 😂). Ça marche pas comme ça. Il faut y mettre du sien (en contribuant soi-même, ou en payant quelqu'un pour le faire). Et quand tu le fais, alors le retour sur investissement est simplement gigantesque, incomparable à ce que permettent les logiciels propriétaires (ce dont je parle est impossible dans l'économie d'une majorité des logiciels propriétaires où son choix principal est juste d'espérer, et si on a vraiment de la chance, notre besoin peut peut-être s'aligner avec les plans de développement du logiciel). Il y a de rares logiciels propriétaires où on peut financer du développement, mais c'est plus dans les cas d'éditeurs logiciels PME de logiciels métiers, et les tarifs ne seront pas du tout les mêmes (genre 10 à 100 fois plus que la possibilité d'engager un développeur soi-même; j'ai travaillé pour un tel éditeur au tout début de ma carrière, et les clients n'étaient que des très très grosses entreprises car les prix pour les projets ne sont simplement pas accessibles autrement pour de petits clients), tout en n'ayant aucune vraie garantie au final (notamment si l'éditeur met la clé sous la porte, pas d'accès au code source, plus de possibilité de corriger les problèmes; la seule solution est de changer de logiciel au plus vite, donc de perdre tout le passif et l'argent déjà dépensé).

    C'est ça le gros avantage du logiciel libre en milieu pro (flexibilité, indépendance, pérennité, possibilité d'influer réellement sur la direction du développement…), pas tout ce que tu sembles t'imaginer qui n'a aucune réalité en règle général (que ce soit en libre ou en proprio).

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  • [^] # Re: Ça n’est pas parce qu’on peut faire quelque chose des outils qu’ils ne sont pas ...

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au journal PAO, graphisme et colorimétrie dans le libre. Évalué à 10.

    Par contre, comme on parle d'époque antique, il faut reconnaître qu'à un moment, la communauté de Gimp n'était vraiment, vraiment pas sympathique. Ça n'a été qu'un temps, mais hélas ça a fait du dégât et marqué les esprits de pas mal de graphistes.

    Si tu parles de communautés étendues (forums tiers, etc.), je sais pas trop. Même maintenant je ne les connais pas trop. Ensuite si tu parles de communautés proches, voire des développeurs eux-mêmes, c'est vrai que j'ai eu des retours au sujet d'une époque moins glorieuse. Notamment un des anciens mainteneurs était apparemment vraiment pas très cool et assez dur envers les gens, de ce qu'on m'a dit. Il me semble que nos chemins se sont croisés, car de ce que j'ai compris, il a arrêté de contribuer l'année où j'ai commencé à contribuer. Je crois que je ne lui ai même jamais parlé; je n'ai jamais eu affaire qu'au mainteneur cool qui restait. 😅

    Maintenant… c'est de l'histoire ancienne, non ?

    Même dans les 10 ans où j'ai contribué, tout n'a pas été tout rose. Dans les premières années, j'ai eu un clash assez gros avec un designer qui prenait vraiment tout le monde de haut (je me souviendrai à jamais d'une réunion avec lui où il commence en dessinant un triangle sur un tableau blanc et explique qu'en haut, y a les designers qui savent; dans un autre coin, y a les développeurs qui doivent implémenter ce que leur disent de faire les designers sans poser de questions; et dans le dernier coin, y a les utilisateurs qui ne savent en fait même pas ce qu'ils veulent ou ce dont ils ont besoin donc faut surtout pas les écouter) et à qui fut donné un pouvoir assez important à une époque (avant mon arrivée). Ça a terminé par ce dernier qui est parti avec un long email pour dire à quel point on était pas à la hauteur comparé aux anciens mainteneurs. En fait, heureusement que cela a fini ainsi, car sinon ça aurait pu être moi qui jette l'éponge, car à ce moment là, c'était quand même vachement moins sympa de contribuer (en gros, si l'idée ne venait pas de cette personne, c'était mauvais par définition et c'était limite une insulte envers lui si on ajoutait notre code).

    Il reste d'autres contributeurs qui sont parfois un peu étranges en communication. J'ai en tête l'un d'entre eux qui est en fait super sympa mais est un tel geek que les premières années, j'ai même eu quelques petits clashs jusqu'à ce que je comprenne qu'il faut voir la relation différemment. Maintenant tout se passe bien.

    Néanmoins toutes ces histoires n'enlève en rien le fait qu'il y a toute une sorte de mythologie étrange qui se crée autour des méchants développeurs. Il y a clairement eu des développeurs moins cool mais les faits sont les faits, à savoir que par exemple, les quelques changements cités plus haut se sont produits il y a très longtemps, et notamment sous la maintenance de certains de ces mainteneurs moins cool (avant ma période). Donc sortir qu'ils étaient contre, c'est évidemment faux puisqu'ils ont accepté et fait passé ces changements (voire les ont implémenté eux-même).
    En fait une constante que je vois souvent avec ces légendes urbaines, c'est que quelqu'un va sortir une théorie pour expliquer pourquoi telle ou telle fonctionnalité n'existe pas, et ça devient une "fausse vérité" pour les années à venir.

    Au final, je dirais que l'important pour une communauté accueillante de développeurs est d'arriver à garder une entente entre les caractères, dont certains sont plus difficiles que d'autres (même maintenant). Ensuite quand certains sont vraiment toxiques (outre le designer, on a eu aussi quelques contributeurs de passage qui vraiment étaient désagréables et n'ont pas fait long feu), à un moment il faut savoir couper le lien. Le tout pour maintenir cette balance d'une communauté globalement agréable et accueillante.
    Il y a aussi la nécessité de se montrer le plus bienveillant possible, par exemple dans les rapports de bug. D'ailleurs j'ai bien vu qu'à force, ça a entraîné d'autres contributeurs à faire de même et à essayer d'avoir des réponses les plus ouvertes possibles en évitant d'aller trop vite au conflit, même envers ceux qui sont clairement hostiles dans leurs rapports de bug. Bon ensuite, inversement, quand certains vont trop loin, j'interviens rapidement pour expliquer qu'on veut bien être bonne poire, mais qu'à un moment, il faut respecter autrui, donc notamment qu'on n'accepte pas les agressions envers des contributeurs. Parfois il arrive que ces inconnus reviennent même s'excuser, ce qui fait très plaisir.

    Enfin bon, avoir une communauté agréable est un travail de longue haleine. Ça passe clairement par essayer de comprendre les autres, que ce soit ceux qui contribuent en rapportant des problèmes ou proposant des fonctionnalités ou changement, comme ceux qui donnent énormément de leur temps à coder, écrire, traduire…

    Ce qui reste de la mauvaise réputation s'efface peu à peu.

    Certes. Ensuite je pense qu'il y a un effet "gros projet". Les gros projets reçoivent clairement plus de haine que les autres (même en proportion, je pense), et ils sont plus les victimes des fausses rumeurs et autres légendes urbaines. On voit ça aussi avec LibreOffice, Inkscape, etc. qui ont leur lot de haters également.

    Je crois pas qu'on puisse beaucoup y échapper malheureusement. 😰

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: Ça n’est pas parce qu’on peut faire quelque chose des outils qu’ils ne sont pas ...

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au journal PAO, graphisme et colorimétrie dans le libre. Évalué à 10.

    Je parle d’une époque que les moins de 20 ans ne connaissent pas. L’histoire de la barre de tâche faisait grand débat à l’époque, pendant des années.

    Alors je vais pas prétendre connaître ni avoir participé aux débats d'y a 20 ans. Par contre, je sais aussi que le mono-fenêtre a été implémenté (c'est un fait) et j'ai aussi une vision assez claire de comment se propagent les rumeurs.

    Donc déjà la première chose, c'est que j'ai vu des rumeurs se créer à partir de discussions de gens qui n'ont juste rien à voir avec le projet. Je vois ça régulièrement sur reddit, hacker news, etc. Genre y a 2 personnes qui discutent, l'un qui sort un truc aberrant sur une raison possible de "pourquoi la fonctionnalité X n'existe pas", et l'autre qui dit "j'en étais sûr! Les salauds!" (en substance). Le concept est qu'il suffit que quelqu'un sorte un truc sorti d'on-ne-sait où, soit une théorie, ou une supposition, c'est pris pour argent comptant et devient une réalité. C'est tout simplement effrayant. Et combien de fois j'ai vu ça, notamment dans des discussions sur GIMP.

    Le second truc, c'est que même si tu as discuté avec un dév de GIMP, même si c'était un mainteneur, alors ça n'en fait pas une règle. Il y a vraiment cette constante dans un projet purement communautaire qui est que les choix sont beaucoup plus fluides qu'on n'y est habitué quand on ne connaît que les organisations pyramidales. Alors pour une grosse entreprise qui fait un communiqué sur un refus d'implémenter un truc, ok, tu peux considérer que c'est officiel. Si moi par contre, je te dis maintenant sur un forum que j'aime pas une idée et que je veux donc pas l'implémenter, si tu ressors de la discussion en disant "C'est officiel, le projet GIMP est contre la fonctionnalité X et fait blocage", alors c'est faux. C'est faux déjà de mettre ça au nom du projet dans son entièreté, c'est encore plus faux de dire qu'il y aura blocage contre la fonctionnalité si un bon patch est apporté.
    Un mainteneur est là pour superviser, protéger la cohésion du projet, éviter les erreurs absolues, mais le projet… n'est pas à lui. Il est à tout le monde. Si quelqu'un vient me proposer une fonctionnalité dont je ne veux pas personnellement mais si je peux voir qu'elle a du sens pour certains, notamment dans le cadre de la création ou retouche d'image, qu'elle est bien implémentée, avec du code propre et maintenable, qu'elle ne casse pas l'existant et ne rend pas les autres fonctionnalités plus dures à utiliser, alors je l'accepterais. Note que je fais ça sans arrêt. Énormément des fonctionnalités dont on fait la revue de code, on ne les a jamais utilisées ici, mais on a vu qu'elles ont du sens et ne sont pas absurdes ⇒ revues, validées, poussées.

    Alors à partir de là, que s'est-il peut-être passé il y a 20 ans? Certains développeurs ont peut-être affirmé qu'ils n'avaient aucun intérêt personnel pour du mono-fenêtre et qu'ils n'allaient pas implémenter cela? Cela ne signifie absolument pas qu'ils allaient le refuser (mais c'est sûrement ce qui en ressort si on ne lit pas de telles discussions avec un esprit ouvert au concept de projet communautaire). La preuve? Ils l'ont accepté! Quelqu'un a implémenté, ça a été revu, accepté et intégré, puisqu'il était évident que cela ne cassait pas l'existant (le multi-fenêtre est encore possible), ni ne l'a rendu plus complexe, et qu'on est bien conscient que cet autre type d'organisation de fenêtre est valide pour certains.
    Quelles que soient les discussions d'il y a 20 ans, le fait est là (et pour autant que j'adorerais pouvoir m'attribuer tous les faits positifs sur GIMP, ce n'est pas moi qui ai fait cette revue/acceptation 😜).

    (et j’ai bien noté que l’équipe dont tu fais partie à l’air d’avoir fait beaucoup de bien à the gimp, merci pour ca).

    Ensuite je suis parti d'une base assez saine. Mais merci. 😆

    La par contre, on est pas forcément d’accord. Enfin, si on est d’accord: gimp est votre projet, vous amenez quelque chose dans le monde, vous en faites ce que vous voulez.

    En fait GIMP n'est pas mon projet. J'en suis un contributeur comme un autre. Même en tant que mainteneur, je ne suis pas tout puissant, ni ne le veux, ni ne le peux. La discussion notamment pour les décisions est primordiale dans ce type de projet communautaire.

    Et surtout n'importe qui peut contribuer. Sincèrement c'est ce que j'ai toujours adoré. Avant GIMP, j'avais fait des patchs dans divers projets, même des gros projets parfois, puisque j'avais pris l'habitude de patcher les bugs que je rencontrais ou d'implémenter les fonctionnalités qui me manquaient. Mais ce qui m'a vraiment sidéré dans GIMP, c'est comme il fut facile d'en devenir un développeur principal. C'était déjà une communauté ouverte plus qu'une organisation centralisée, juste des gens qui étaient rassemblés autour d'un projet commun, rien de plus.

    Si effectivement gimp est censé pouvoir remplacer Photoshop

    Je pense qu'il faut arrêter de penser en terme de "remplacement", ce qui sous-entend que Photoshop est la référence (non ça ne l'est pas). Quand tu travailles, tu cherches pas à remplacer un programme par un autre. Tu veux juste un résultat et tu veux que tes outils soient capables d'y arriver. Dans le graphisme, pour l'instant, on n'a rien vu que GIMP n'est pas capable de faire raisonnablement bien (ou Inkscape, Scribus, etc. en fonction du travail). On a fait des trucs en impression (papier, pin's, cartes et plateaux de jeux…), de l'imagerie fixe, animée, du design, de l'impression laser…

    Alors peut-être que Photoshop aurait pu permettre de faire certains trucs plus facilement, mais peut-être que d'autres auraient été au contraire plus compliquées. Pour faire un parallèle avec du développement, je n'utilise pas un IDE mais juste vim (avec des années de raccourcis et autres configurations spécifiques pour accélérer mon travail au quotidien). Parfois je vois des gens avec des IDEs tout beau tout plein de fonctionnalités super hype et avancées que mon vim n'a pas (que je sache, mais vim a aussi tellement de fonctionnalités cachées…). Ben une fois passé le premier "c'est cool", je me rends surtout compte que ça ne m'empêche nullement d'être extrêmement efficace, largement suffisamment. Au bout d'un moment, la comparaison continuelle est inutile, quand on a des outils de qualité suffisante et qu'on peut faire le travail qu'on est censé faire.

    Et surtout on ne peut pas faire de comparaison sur tout. Je parlais des fonctionnalités d'IA par exemple dans mon précédent commentaire. Mais s'il y a un truc que j'ai appris en travaillant avec une graphiste, c'est que les fonctionnalités de ce type, ça fait génial en titre d'un article, mais en vrai, ce pour quoi Aryeom est souvent le plus ravie, c'est les trucs plus terre-à-terre, moins forcément visibles, mais qui aident dans son travail plus que des effets super avancés qui en fait font rarement ce qu'on veut comme on le veut. Elle veut du contrôle sur ces outils dans le contexte d'un workflow dont elle maîtrise chaque détail, pas de l'IA qui masque les étapes, comme une boîte noire. Par exemple un travail que j'ai fait dernièrement sur la colorisation intelligente que j'ai implémentée à partir d'un algo du CNRS, c'est d'essayer de déconstruire le côté automatique en parties plus compréhensibles pour rendre la fonctionnalité vraiment utilisable dans plus de cas. En gros, le gros du travail est dans l'usage quotidien de l'outil, pas dans des comparaisons génériques d'outils (auquel cas, Photoshop a sans aucun doute plus que GIMP; ensuite qui utilise toutes les fonctionnalités? Et cela empêche-t-il vraiment de travailler et d'être tout aussi efficace?).

    Alors ensuite je dis pas, parfois on a du mal avec certains trucs, mais je vois bien que la vraie raison, c'est pas nos outils, c'est qu'on est trop petits. Pour faire ce qu'on fait, il faudrait qu'on soit 10 fois plus gros que notre équipe de 2. Et à ce moment, GIMP, Photoshop ou autre chose de raisonnablement bon ne changerait pas la donne. Ce qui change, c'est d'avoir les mains et les cerveaux capables de trouver les diverses solutions aux divers problèmes posés. Aucun logiciel n'a de solution toute prête à tous les problèmes. Au final, ce sont les gens qui travaillent.

    Ceci étant posé, cette phrase:

    Si effectivement gimp est censé pouvoir remplacer Photoshop, il va falloir arrêter avec les “mais on a personne pour bosser sur ce truc” et mettre 10 ans à livrer un truc “de base”

    … devrait donc être:

    Si effectivement gimp est censé pouvoir être utilisable en production, il va falloir arrêter avec les “mais on a personne pour bosser sur ce truc” et mettre 10 ans à livrer un truc “de base”

    Enfin bon, dans les faits, des millions de gens utilisent GIMP, dont énormément de pros, au quotidien, donc "ce truc" (quoique ce soit, car ce sera de toutes façons toujours une fonctionnalité différente selon la personne qui en parle) n'est pas un bloqueur. Ça ne veut pas dire qu'implémenter "ce truc" n'est pas une bonne idée, mais que si on le fait en 10 ans, alors c'est bien. En attendant les gens n'auront pas été bloqués pour autant. Ils auront toujours pu faire leur travail, que ce soit en utilisant une autre méthode, par un greffon tiers qui implémentera la fonctionnalité différemment que la fonctionnalité finale, en la scriptant eux même (ou en payant quelqu'un pour le faire), ou même en utilisant un autre logiciel le temps d'un instant (oui les graphistes aussi savent utiliser plusieurs logiciels, et même le font tout le temps!).

    De même que si j'ai pas une fonctionnalité dans mes outils de développeur, ça ne m'empêche pas de rester un développeur efficace. Le jour où ce sera implémenté, je serai heureux (et peut-être un peu plus efficace encore), mais je travaillais déjà bien avant.

    En fait, il faudrait peut-être arrêter de croire en ce mythe de la "killer feature". Il y a de rares cas où ça peut exister, mais essentiellement quand la fonctionnalité crée un besoin en elle-même (un peu comme lorsque Blender a créé de nouveaux usages avec le grease pencil, créant de nouveaux types de rendus 2D en 3D qui étaient peu possibles auparavant). La plupart du temps, c'est juste du discours marketing et les utilisateurs sont contents des nouvelles fonctionnalités mais sans pour autant soudain transformer leur vie.

    Mon point était plus de rappeler que le succès de Photoshop n’est pas du qu’à ses features d’édition.

    Je pense surtout que Photoshop a tant de succès car c'est l'un des plus vieux (le plus vieux?) des logiciels du genre encore existant. De même que GIMP a aussi un gros succès pour la même raison d'ailleurs!
    Bien sûr que Photoshop fait aussi plein de choses bien, mais ça c'est la partie qui explique que le logiciel n'a pas péri (de même que GIMP est toujours très utilisé pour la même raison, là encore).

    Faut arrêter de se leurrer et de croire que le succès est forcément en corrélation avec la qualité. La qualité, ça va faire que les gens n'abandonnent pas le projet et ne cherchent pas à voir ailleurs. D'ailleurs je ne vais pas voir ailleurs que vim pour éditer mon code car je trouve le logiciel extrêmement bien, stable, léger, efficace, etc. Mais jamais je n'oserais affirmer que son succès est parce qu'il est le meilleur (avec emacs)… bon hormis pour le plaisir d'un bon troll peut-être? Non c'est juste que c'est des vieux de la vieille, j'y suis habitué, suis très efficace, il marche bien, pourquoi aller voir ailleurs (je veux développer, pas passer mon temps à tester des IDEs).

    Je suis pas graphiste, mais je bosse beaucoup avec des designers, et je suis pas convaincu. La plupart bossent aussi avec un iPad et un Pencil.

    En fait, c'est comme dans les films, où y a des gens qui tapent au clavier sur des hologrammes, ou encore des écrans holographiques avec intéraction gestuelle à la "Minority Report". Ça fait "classe" à l'écran, les gens s'imaginent que c'est ça le futur. Mais je défie quiconque de travailler sérieusement ainsi. De même en plus proche de nous, on n'a jamais fait aussi bien pour la précision que les souris ou tablettes graphiques et pour l'intéraction avancée que les claviers. Avec ton "app" sur iPad, tu pourras faire du dessin mais si tu dois régulièrement changer tes brosses et autres options, rien ne vaut les raccourcis clavier. Quand je vois des artistes, comme Aryeom, dessiner et à quelle vitesse ils changent les options, outils, etc. je comprends que si elle n'a qu'un stylet sans clavier, le travail est sérieusement ralenti. Tu peux bien sûr avoir des menus avancés, type menus circulaires, etc. Ça aide si y a pas le choix. Mais au final, ça ne battra jamais le fait de cliquer sur un unique bouton physique avec la mémoire musculaire. Rien ne pourra être plus rapide que ça.
    Je parle d'illustration, mais c'est pareil pour la retouche, le design, etc. Dès que tu sors de la phase "brouillon", "croquis", ou autre aperçu pour se donner une idée, tu as besoin d'un vrai ordinateur (enfin non, tu peux tout faire avec ta petite tablette-ordi, mais faut pas s'attendre à la même efficacité; et c'est pourquoi la plupart des gens qui font vraiment le gros du travail le font sur un ordi).

    Encore une fois, je ne dis pas que les gens qui font tout sur tablette-ordi n'existent pas. Juste que c'est loin d'être l'usage principal dans le métier. En tous cas, c'est pas un "virage technologique" pour reprendre ton expression précédente. Nous on se concentre sur cet usage principal (mais on accepte les contributions si quelqu'un veut améliorer l'usage tablette-seulement, bien entendu!).

    Le monde ne marche tout simplement pas comme ça.

    Le problème de ce genre de logique, c'est que ça justifie tous les mauvais trucs du monde. "Le monde ne marche pas comme ça" donc je peux me permettre de pas faire d'effort pour changer les choses. C'est sûr que si personne essaie autrement, ça va pas changer! 😅

    Heu, oui, mais non. VLC est dispo pour l’AppStore, et ton lien dit le contraire.

    Mon lien ne parle pas de VLC (je viens de cliquer dessus et faire ctrl-f, nulle part VLC n'est mentionné). Je sais pas de quoi tu parles. 🤷

    Mais ceci dit, tu fais bien d'en parler car c'est effectivement un des logiciels qui a eu un problème avec l'Apple Store et qui a fait beaucoup parler. J'imagine que tu as trouvé cette info en faisant une recherche web? Si tu avais cherché légèrement plus, tu aurais su comment cela se fait. VLC a dû entreprendre un énorme travail de re-licence, voire réécriture de morceaux. C'est ce qui a permis de finalement ressortir VLC pour iOS. C'est d'ailleurs écrit explicitement sur le site web aussi que VLC pour iOS en particulier est maintenant sous double licence.

    Le problème de la licence GPL sur l'Apple Store est un problème connu depuis des années. Si je me souviens bien, la FSF avait même fait des articles sur le sujet. Y a d'autres trucs dans notre échange où la discussion est possible, mais sur ce sujet, c'est juste un fait connu et avéré. Y a eu des articles par dizaines sur le sujet, des blog posts, des fils de discussions sur les forums Apple, au moins un projet qui a re-licencié son projet (VLC) pour pouvoir être sur l'Apple Store… Mais tu peux continuer à nier si tu veux quand même! 😛

    Ensuite je dis pas que ça changera jamais, mais à l'heure actuelle, pour autant qu'on le sache, y a pas de changement dans cette politique d'Apple.

    Dit autrement, c’est pas apple qui rejeté l’appli, c’est un des ayant droit qui bloque la distribution

    Si c'est possible, c'est bien parce que le contrat qui lie à Apple est en contradiction avec la licence. Donc l'Apple Store est bien incompatible avec la GPL. CQFD. 😇

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: Ça n’est pas parce qu’on peut faire quelque chose des outils qu’ils ne sont pas ...

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au journal PAO, graphisme et colorimétrie dans le libre. Évalué à 10. Dernière modification le 26 mai 2022 à 12:52.

    Notamment, le délire de chaque fenêtre flottante associé à un bouton dans la barre des taches était clairement un tres mauvais choix d’ergonomie, et la réponse du projet « c’est le problem du window manager, pas le notre » n’inspirait pas confiance dans le projet.

    Réponse de l'intérieur: légende urbaine. Déjà le mode simple fenêtre existe depuis GIMP 2.8, soit 2012 (en sortie publique et stable). Et c'est bien entendu le résultat d'un travail fait plus tôt.

    GIMP était simplement originellement un logiciel avec une logique de fenêtrage différente, jusqu'au jour où quelqu'un a contribué une évolution. C'est aussi simple que ça. C'est pas des développeurs "têtu[s]" comme tu le dis. Parce qu'aux dernières nouvelles, les développeurs ne sont pas les esclaves des gens et ont simplement le droit d'avoir une vie plutôt qu'implémenter tout ce que les gens demandent (c.a.d. tout et son contraire), sans pour autant qu'on puisse dire qu'ils sont têtus ou qu'ils veulent pas une évolution donnée.

    Tout le reste, dont notamment la réponse imaginaire du projet, c'est juste du niveau du "complot". Genre y a une cabale secrète 🥸 de gens qui font tout pour ne pas avoir du mono-fenêtre! 🤣

    Non parce que si on raisonne comme ça, je vais te demander de travailler gratos pour moi quelques mois et si tu refuses, je te dirais que c'est bien la preuve que tu es têtu et qu'y a une cabale secrète contre le travail évidemment super bien que je t'impose. 🙄

    Enfin par rapport à l'évidence du "choix tres douteux", je dirais que chacun voit midi à sa porte. En fait, il me paraît au contraire évident que c'est surtout une question d'habitude. Nous on est des utilisateurs en fenêtre unique aussi, mais justement on est de la nouvelle génération (10 ans avec GIMP). Il suffit de voir qu'au contraire, quasi tous les vieux de la vieille que je rencontre préfèrent et utilisent encore le multi-fenêtre pour bien se rendre compte que l'évidence que tu soulignes n'en est en fait absolument pas une.

    C'est du même tonneau que ceux qui se plaignaient de la sélection bouton droit dans Blender, etc. C'est pas pour dire que ce n'est pas bien que le simple fenêtrage fut implémenté dans GIMP, de même que la sélection à gauche dans Blender, mais ce n'est absolument pas cela qui crée une mauvaise ergonomie. Dans énormément de cas, c'est juste que les nouveaux sont pas habitués à ça, c'est tout. Alors on rend le logiciel personnalisable pour que tout le monde soit content (et ça prend du temps, comme tout développement), c'est normal et très bien. Mais parler de choix douteux d'ergonomie? C'est ne pas comprendre vraiment ce qu'est l'ergonomie…

    Idem sur macOS, ou X11 était nécessaire pour le lancer, tout en cassant tous les raccourcis clavier (ctrl vs cmd) a fait beaucoup de mal a la réputation du projet.

    Encore une fois, il fut une époque où ce fut vrai que le paquet macOS nécessitait X11, mais là aussi, c'est fini depuis belle lurette (comme pour le coup de la fenêtre unique). C'est plus vieux que mon implication dans GIMP là encore, soit au minimum depuis 10 ans. Si tous les trucs qui sont reprochés datent à chaque fois de 10 ans ou plus, et que ça reste dans l'air comme des légendes urbaines, c'est sûrement que c'est pas tant des problèmes que ça!…

    Et à nouveau, ce n'est encore une fois pas des dévs têtus, ou autre. J'ai beau ne pas avoir été là quand ça a changé, y a pas besoin d'y avoir été pour savoir que ce n'était pas un ou des dévs qui voulaient absolument que GIMP tourne sur X11 seulement (pourquoi le voudrait-on? Encore une cabale des amoureux de X11? Et pourquoi aurait-on changé dans ce cas?). J'imagine que c'était juste plus facile pour les premières versions, ou bien simplement les choses ont été implémentées une certaine façon sans raison particulière et une fois que c'est fait, il y a toujours une certaine latence au changement; le temps de tout porter, tester, etc. surtout que les contributeurs macOS, c'est historiquement un peu la dèche. Ça s'améliore dernièrement mais c'est encore un bus factor de 1 contributeur qui a peu de temps (c'est dire la situation si on est content d'avoir un unique contributeur avec temps très limité).

    dégâts PR

    C'est une façon de voir les choses. Perso je trouve que parler de "PR" pour un projet communautaire me paraît hasardeux.

    c’est au projet de s’adapter à ses utilisateur quand t’as adobe comme concurrent en face, pas l’inverse.

    D'une: non, ce n'est pas au projet de s'adapter aux utilisateurs; c'est aux utilisateurs de devenir contributeurs. Je rappelle que GIMP est un projet entièrement communautaire. On n'est pas des accrocs aux like qui cherchons à tous prix à "plaire". On crée GIMP car on l'utilise, car c'est notre activité professionnelle pour les uns, hobby pour les autres, et bien sûr car on aime partager un bon logiciel avec le reste du monde (≠ d'être un esclave qui doive répondre aux moindres desiderata d'autrui immédiatement), ou d'autres raisons. Tout le monde a le droit de contribuer. Et il n'est pas besoin d'être développeur. On aussi a nombre de contributeurs artistes, designers, traducteurs, relecteurs et autre.

    Donc non, perso moi l'utilisateur qui veut que je m'adapte à lui et balance mes propres intérêts comme s'ils n'importent pas, non merci. Cette façon de voir obligatoirement les logiciels comme des sortes de machines corporate, qu'on doive évidemment un support sans faille ni délai envers les utilisateurs — pardon je veux dire clients! Ou reines et rois! — qu'ils faut tout faire selon leurs désirs… plus personne ne semble comprendre les concepts de projets sociaux et communautaires, où on travaille ensemble pour un bien commun, avec création solidaire et compromis nécessaires. Maintenant c'est forcément de la relation employé-client, des relations publiques et du marketing.

    De deux: nous n'avons aucun concurrent. Je ne sais pas combien de fois je dois répéter cette dénégation à ce que tant de gens qui sont formattés par un monde "corporate" s'imaginent évident (et c'est triste de s'imaginer qu'il est évident qu'on fait forcément un logiciel dans le but de concurrencer d'autres). On ne fait pas GIMP en réponse, à l'encontre, contre, pour concurrencer, en compétition, ou autre qualificatif similaire. On le fait parce qu'on veut faire le meilleur outil possible pour nos usages combinés. Adobe de leur côté nous voient peut-être comme un concurrent (comme ils voient sûrement tout logiciel d'imagerie), mais nous on n'en a rien à faire de parts de marché ou autres fariboleries. Et si quelqu'un veut utiliser Photoshop, grand bien leur fasse. C'est pas moi qui vais les en empêcher ou chercher absolument à les faire venir à GIMP.

    adobe s’est lancé sur l’iPad

    On ne fait pas GIMP sur iPad, non pas parce qu'on a "raté les virages technologiques", comme tu l'affirmes, mais parce que:

    • Aucun contributeur actuel n'a d'iPad (que je sache) et n'est même intéressé par l'idée. Encore une fois: logiciel communautaire, tout ça. On n'est pas là pour chercher à se faire aimer de quelconques utilisateurs qui veulent juste prendre, prendre, prendre sans rien donner.
    • Tous les professionnels du graphisme qu'on connaît travaillent sur des ordinateurs avec un bon écran, voire parfois plusieurs écrans, un clavier pour accéder aux multiples raccourcis d'un logiciel métier, etc. Je ne dis pas qu'il n'y a pas une frange d'utilisateurs qui font des trucs sur ordi-tablettes (on nous le demande une fois de temps en temps), notamment avec la mode du travail en bougeant ("digital nomad") ou simplement lors de déplacements, mais il semblerait que ce soit moins important que ce que tu sembles imaginer. Ça existe, ce serait bien que GIMP puisse le permettre, mais ce n'est pas la grande transformation que tu sembles croire, ou le super "virage technologique" que certains magazines titreraient peut-être en grand pour faire cliquer le chaland. En fait même les graphistes qui travaillent en espace de coworking et limitent la taille du matériel le font en général avec un setup au final assez conséquent (j'ai en tête par exemple un setup d'un graphiste qui a contribué pas mal sur Inkscape et qui m'a montré une photo de son setup en espace de coworking londonien, il y a quelques jours; avec un ordinateur portable sur support pour lever l'écran, clavier additionnel, une tablette graphique de taille moyenne, et une souris). En fait je n'ai simplement jamais croisé de professionnel du graphisme qui travaille sur tablette-ordinateur comme machine principale, c'est aussi simple que cela. Je dis pas que ça n'existe pas (je sais que ça existe) mais que c'est loin d'être un "virage technologique", ou du moins à échelle très réduite.
    • Aux dernières nouvelles, y a pas mal de problèmes avec les logiciels GPL qui sont en général rejetés sur l'Apple Store. Tu peux chercher, y a eu pas mal d'histoires de logiciels libres qui se sont fait virés à cause de la licence, le web regorge d'articles sur ces sujets.
    • Si quelqu'un vient et fait une version iPad, crois bien qu'on ne la refusera pas. On l'accueillera à bras ouvert 🤗. Ensuite on espère bien que la personne sera consciente des risques (travailler probablement des semaines voire des mois, pour possiblement se faire refuser sur l'Apple Store). Mais s'ils sont OK pour tenter le coup, personne n'est contre. Bien au contraire!

    Enfin bon, en conclusion, je dirais que GIMP est loin d'être parfait. Mais je pense qu'il s'en sort pas si mal et franchement je trouve que c'est une communauté extraordinaire. Je te laisse tous les "virages technologiques" que tu veux, les coups de "Public Relations (PR)" et autre marketing, les compétitions et autres parts de marché… (parler de GIMP en ce genre de termes, c'est juste ne pas comprendre ce qu'est GIMP ou ce que sont les logiciels communautaires de manière générale) nous, on fait tranquillement l'outil dont rêvent de nombreux artistes ou créateurs qui travaillent ensemble à faire le dit outil, lentement, ensemble, à nos rythmes, et ça nous va très bien.

    Dernier point: on entend ou lit régulièrement des professionnels qui expliquent que telle ou telle fonctionnalité n'existe que sur GIMP ou tel travail est plus facile sur GIMP que sur Photoshop. Donc, certes on va pas se leurrer et Photoshop est bien entendu plus avancé sur plein de trucs et a plus de fonctionnalités (notamment je crois comprendre qu'ils ont pas mal de trucs d'IA dernièrement). Mais a priori, GIMP se défend bien. Ce qu'on lit régulièrement sur des forums, notamment les forums Adobe, c'est qu'il est utile d'avoir les 2 installés pour utiliser les forces de chacun (apparemment, c'est ce que pas mal de pros font sous Windows ou macOS). Donc sincèrement, je crois pas qu'on se soit si loupés que ça. 😜

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  • [^] # Re: erreur d'orientation ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Des jeunes diplômés d’AgroParisTech appellent à « refuser de servir ce système ». Évalué à 10. Dernière modification le 12 mai 2022 à 14:11.

    Peut-être se sont-ils effectivement "trompés" en ce sens que peut-être leur filière ne fait que des trucs mauvais (aucune idée si c'est le cas, et perso j'en doute) et qu'ils ne l'imaginaient pas du tout avant d'intégrer leur école. Ça ne veut pas dire pour autant qu'ils n'ont pas le droit de justement s'en plaindre. Au contraire, parce que justement, je ne vois pas pourquoi "ingénieur agricole" devrait forcément aboutir à des métiers nocifs et donc leur "erreur" serait alors tout à fait compréhensible et d'autant plus raisonnable voire leur désaccord du système logique. Ils auraient voulu faire un métier bien autour des techniques dans l'agriculture, qui auraient pu mener à travailler sur des techniques saines, des évolutions écologiques, etc. (du moins, ce serait normal de l'espérer) et se seraient apparemment retrouvés uniquement dans des industries polluantes et des jobs cyniques environnementalement et socialement? Si c'est le cas, ils ont raison d'en parler. D'ailleurs dans ce cas, est-ce vraiment une erreur de leur part?

    Peut-être, et plus vraisemblablement, n'ont-ils pas fait d'erreur d'orientation mais se sont simplement rendus compte que les bons jobs existent, mais sont rares et que la majorité de l'industrie est effectivement nocive.

    Je ferai le parallèle avec l'informatique. J'en fais et je pense que par bien des côtés, ça a aidé les humains, mais par énormément d'autres côtés, absolument pas. Par exemple, j'ai beau être développeur, je considère qu'il y a clairement surenchère du numérique pour tout et rien, et surtout que c'est utilisé principalement pour des choses négatives (industrie de la pub, surveillance, agrégations de données personnelles — mettre des anti-pubs, avoir des assos qui combattent les abus, etc. est devenu notre quotidien! —, réseaux sociaux qui créent ironiquement une forme d'asociabilité des êtres, du mal-être, du harcèlement, des suicides, et ainsi de suite). Il y a un véritable problème de ce côté là. Et malheureusement, une énorme partie de l'industrie du numérique est dans le côté nocif du milieu. Il y a bien une raison pour laquelle je ne cherche pas à me faire engager par un GAFAM ou autre grosse multinationale, ce qui me permettrait pourtant d'avoir un salaire sans commune mesure à mon niveau de vie actuel. À la place, je fais du logiciel libre; quand je prends des emplois, je fais un choix draconien des employeurs acceptables (exit les grosses boîtes basées sur le business publicitaire, les vendeurs de viandes sociétés de service, les boîtes qui font des trucs socialement, écologiquement — ou autre — nocifs, etc. Laissez moi vous dire que mon choix devient plutôt limité). Ma vie est certes plus simple, moins de paillettes mais aussi 100 fois plus heureuse. C'est un choix. Et ça ne signifie pas que j'ai fait une erreur d'orientation.

    Et ça ne m'empêche pas de pouvoir critiquer ces entreprises d'informatique nocives, comme ça ne devrait pas les empêcher de pouvoir critiquer les entreprises nocives de l'industrie biologique.

    Renverser la situation ainsi en mettant ça sur le dos des étudiants est assez malsain. Si on veut un futur acceptable pour l'humanité, il faut aussi accepter que tout n'est pas juste une question du "choix de chacun". Ici, tu es en train de leur dire en gros "ils ont qu'à choisir autre chose et pas nous faire chier avec le choix des autres". Or il faut aussi se demander à un moment si certains choix sont vraiment valides. Et notamment quand le "choix" implique de zigouiller notre nature.

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]