Journal Nouvelle économie : Mythe ou réalité ?

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mar.
2011

Chère moules, les plus vieux d'entre vous, c'est à dire ceux qui ont plus de trente ans, se souviennent surement de la mine extasié des journalistes à l'orée des années 2000 dès que l'on parlait de l'internet.

Les concepts de "nouvelle économie" étaient entre autres popularisé sur un ton dithyrambique par Michel Bon, alors PDG de France Télécom, viré après la bulle pour avoir failli coulé la boite.
Il était entendu, d'après les plus grands visionnaires de l'époque, que la nouvelle économie allait enterrer l"ancienne économie" qui sentait un peu trop la graisse de camion.

La bulle des dot com arriva avec ses gros sabots, et nos visionnaires furent alors pressé de se faire oublier en expliquant à qui voulait l'entendre que les dot com étaient survalorisé, qu'il était évident que la bourse allait s'effondrer.
Bref , le spectacle habituelle de nos experts médiatiques toujours prompt à faire des prévisions après coup.

Plus sérieusement, la nouvelle économie était essentiellement une appellation plus médiatique que scientifique, n’étant aucunement d’origine universitaire. D’après Jean Gadrey, elle stipulait en gros que :

  1. Les nouvelles technologies nous apporterais une croissance forte et durable, sans inflation, sauf l’inflation des actifs financiers
  2. Cette nouvelle croissance est fortement créatrice d’emplois, et surtout d’emploi qualifiés liés aux nouvelles technologies de l’information (NTIC pour les énarques)
  3. Pour que cette croissance et ces emplois se réalisent, il faut un fort degré de flexibilité et de mobilité du travail; il faut en finir avec ce qui reste de garanties traditionnelles de l’emploi, sécurité, horaires prévisibles, statuts jugés rigide, etc.
  4. Un nouveau capitalisme, basé sur le modèle anglo-saxon, verrait le jour suite à toutes ses transformations et permettrait vraiment de bénéficier des nouvelles technologies.

Soit une de fois de plus, une belle propagande bien néolibérale sous prétexte de nécessaire adaptation au capitalisme High-Tech.
En effet, on a pas observé de réelle amélioration dans le domaine de la productivité, qui augmente de moins en moins vite depuis 50 ans. Cette économie semble surtout s’adresser au consommateur dont le comportement à beaucoup changé : quel était notre budget télécom il y a 15 ans ?
Et pourtant : nos comportements en entreprise ont beaucoup évolué : email, visioconférence, outils de croisement et de transmission d’information dans les grandes entités (CRM, ERP, etc...). C’est l’occasion de se demander si la tableur n’a pas eu plus d’impact sur la productivité en entreprise que la généralisation de tcp/ip et du web ?

Et pourtant, la nouvelle économie représente peut être quelques chose de nouveau justement.
En effet, force est de reconnaitre que quelques chose que vous connaissez bien, en est peut être sa force motrice.
Je pense un peu au Logiciel Libre, mais plus exactement au mécanisme qui se cache derrière, "l'effet réseau".

Depuis 50 ans, voire un peu plus, les scientifique du monde entiers, dans toutes les disciplines, produisent régulièrement des papiers qui décrivent leur recherches et leur résultat.
Le papier est la monnaie du monde scientifique : cette monnaie s'évalue en fonction de la revue dans laquelle on publie le papier, et le nombre de citation de celui-ci, marquant son influence sur la recherche.
La plupart de la carrière d'un scientifique est basé sur cette monnaie. L’accélération des découvertes et des connaissances de ces 50 dernières années est une preuve de la validité et de l’efficacité de ce système. Dans le logiciel libre, on en connait de multiple exemples.

C'est peut être ça, en fait, la nouvelle économie ?

Voilà donc un sujet ouvert pour vous faire attendre vendredi !

Bisous

  • # Le pognon coulait à flot

    Posté par  . Évalué à 10.

    Je me rappelle les émissions sur ces entrepreneurs de start-up qui se rendaient à des apéritifs pour rencontrer des financeurs, c'était pathétique.

    Un gus lambda :

    — « J'ai rencontré un investisseur et j'ai expliqué mon projet de site internet où l'on pourrait s'échanger des bons de réduction de 0,30 centimes sur les boites de ravioli. C'était génial mais je me suis mal débrouillé car je n'ai eu que 4 millions de francs pour financer mon projet. Il y en a un qui a levé 37 millions pour son site d'achats groupés de désherbant. Fort de ma nouvelle expérience, je cours me rendre à l'apéritif rue Deschose pour avoir 12 millions d'ici la fin de la soirée. »

    Je me demande bien ce qu'ils sont devenus.

    The capacity of the human mind for swallowing nonsense and spewing it forth in violent and repressive action has never yet been plumbed. -- Robert A. Heinlein

  • # vieux

    Posté par  . Évalué à 2.

    [...] consommateur dont le comportement à beaucoup changé : quel était notre budget télécom il y a 15 ans ?

    Il était pas beaucoup plus mince qu'aujourd'hui : 2000 balles l'abonnement annuel au net, sans compter les heures de connexion facturées à la minute...

    • [^] # Re: vieux

      Posté par  . Évalué à 2.

      En 1996 je suis pas sûr que le Français moyen avait Internet. En gros, abonnement fixe + communications, une centaine de francs par mois. A mettre en parallèle avec maintenant : 30 euros de forfait Internet + 30 euros par personne et par abonnement mobile.

  • # Allons, même des économistes "néolibéraux" sont d'accord avec toi

    Posté par  . Évalué à 6.

    C'est notamment le sujet d'un livre (électronique) récent (début 2011) de Tyler Cowen, qui fait énormément débat:

    Voir notamment

    http://econoclaste.org.free.fr/dotclear/index.php/?2011/02/15/1768-commentaires-sur-the-great-stagnation-de-tyler-cowen

    Je cite le résumé "ces technologies changent effectivement nos façons de vivre et nous apportent des gains significatifs; mais l'essentiel de ces gains se réalise hors de la sphère marchande"

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