• # Quand le matériel est mis devant l'immatériel

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    L'héritage de Prévert, c'est pas son appartement. C'est sa poésie. Qu'on garde dans un musée ses manuscrits originaux, qu'on s'assure de conserver sous forme numérique l'intégralité de son œuvre.

    Mais y'en a un peu marre de sanctuariser des lieux parce que "machin habitait là", "truc a pissé ici" ou "bidule a cassé sa pipe en ce lieu". Une plaque pour mémoire, et basta.

    Evidemment, certains lieux peuvent échapper à ce destin, si il est établi qu'on y observe beaucoup de pèlerinage, voire que ça génère du flux touristique. Personnellement, quand je serai passé dans l'autre monde, même si d'ici là je marque le monde par mes talents artistiques (note: non, aucune chance que ça arrive), j'ai aucune envie qu'on place mon lit, mon salon, au rang de "lieu intouchable à laisser tel quel jusqu'à la fin de notre civilisation".

    "Paris perdrait une partie de son âme"

    Vraiment ? La personne qui a écrit ça y croit ? Moi j'ignorais que son appartement était encore en place il y 15 minutes. J'ai du mal à croire que tous les signataires de cette lettre ouverte l'aient su avant qu'on leur soumette le document. Donc, c'est du soutien de principe. "Ah oui, Prévert quand même, ça claque". C'est de la posture. Voire de l'imposture. Et c'est pas rendre hommage à l'artiste que vouloir préserver son appartement. Mettre en avant un aspect aussi matériel pour un artiste aussi versé dans l'immatériel, ça sonne comme un paradoxe.

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