Claire Mathieu et les algorithmes

Posté par  (site web personnel, Mastodon) . ÉditĂ© par finss, BenoĂźt Sibaud et Xavier Teyssier. ModĂ©rĂ© par BenoĂźt Sibaud. Licence CC By‑SA.
60
24
jan.
2024
Programmation

Si on devait dĂ©finir Claire Mathieu en mots-clĂ©s, ce serait, dans le dĂ©sordre : algorithmes, Parcoursup, CNRS, pĂ©dagogie et Ă©thique. Mais comme c’est trĂšs rĂ©ducteur, ce portrait de celle qui a codĂ© l’algorithme de Parcoursup Ă©voquera, outre ces sujets, son parcours et son passage au Conseil prĂ©sidentiel de la science. Et, si vous ne savez pas vraiment ce qu’est un algorithme, normalement, cette notion devrait vous ĂȘtre plus familiĂšre aprĂšs la lecture de la dĂ©pĂȘche, et qui sait, peut-ĂȘtre vous donner envie de vous y mettre.

Claire Mathieu, photo Patrick Imbert

Sommaire

Parcours

Claire Mathieu est une ancienne Ă©lĂšve de l’École normale supĂ©rieure. En 1988, elle soutient une thĂšse en sciences : « Comparaison de modĂšles combinatoires et probabilistes : deux exemples en analyse d’algorithmes » sous la direction de Claude Puech, actuel directeur scientifique de la Fondation Inria.

En 1990, elle est Chargée de recherche au CNRS en informatique. Elle obtiendra le prix « IBM Jeune chercheur » en 1991.

À partir de 1997, elle occupe des fonctions de professeure d’informatique : Ă  l’UniversitĂ© Paris-Sud (devenue Paris-Saclay en 2020), puis Ă  l’École polytechnique (de 2002 Ă  2004) et Ă  l’UniversitĂ© de Brown (en), USA (de 2004 Ă  2014). De retour en France, elle devient, en 2012, Directrice de recherche au CNRS en informatique, sera professeure associĂ©e au DĂ©partement d’informatique de l’École normale supĂ©rieure de 2014 Ă  2018. Elle occupera la chaire annuelle d’Informatique et sciences numĂ©riques au CollĂšge de France pour l’annĂ©e 2017-2018.

En 2017 elle est chargée de mission « Parcoursup ».

En 2019, elle obtient la mĂ©daille d’argent du CNRS pour l’ensemble de son Ɠuvre. Elle est Ă©lue la mĂȘme annĂ©e Ă  l’AcadĂ©mie des sciences. Elle est actuellement directrice de recherche au CNRS en informatique au sein de l’Institut de recherche en informatique fondamentale (IRIF).

Qu’est-ce qu’un algorithme ?

Petit rappel de ce que sont les algorithmes, une notion devenue omniprĂ©sente. Dans sa leçon inaugurale au CollĂšge de France, le 16 novembre 2017, Claire Mathieu constate d’ailleurs que :

ce mot a envahi les mĂ©dias. Autrefois, lorsqu’on allait dans une administration et qu’on n’arrivait pas Ă  obtenir ce que l’on souhaitait, la rĂ©ponse Ă©tait : « Ah, Madame, vous comprenez, c’est l’informatique ! » Maintenant on entend : « Ah, c’est l’algorithme. »

Au dĂ©part selon la notice Ă©tymologique du CNRTL, l’algorithme, vers 1220-30, s’appelait « augorisme » et c’était un « procĂ©dĂ© de calcul utilisant les chiffres arabes ». Il deviendra « algorisme » puis, enfin « algorithme ». Le mot lui-mĂȘme vient du surnom du mathĂ©maticien Abdallāh Muhammad ibn Mūsā : Al HÌźuwārizmī (qui est en fait son origine gĂ©ographique). Et, si vous ne savez pas si on doit mettre ou pas un « y », retenez que ça n’a strictement rien Ă  voir avec la musique ou la danse, donc, pas d’y.

Si une bonne part du lectorat de LinuxFr sait de quoi il s’agit, notamment parce que c’est leur mĂ©tier d’en fabriquer, ce n’est pas forcĂ©ment le cas de tout le monde, une petite explication s’impose. Un algorithme est ainsi une suite finie et non ambiguĂ« d’opĂ©rations ou d’instructions permettant de rĂ©soudre un problĂšme ou d’obtenir un rĂ©sultat ou, pour reprendre la dĂ©finition qu’en a donnĂ© Claire Mathieu dans sa leçon inaugurale : « un algorithme, c’est une mĂ©thode pour rĂ©soudre un problĂšme de façon constructive en le dĂ©composant en briques de base faciles Ă  manipuler. » Elle donne l’exemple de l’apprentissage de la lecture par la mĂ©thode syllabique (dĂ©couper les mots en lettres et syllabes) par rapport Ă  la mĂ©thode globale (qui serait plus proche de l'apprentissage profond en informatique).

On peut avoir d’autres exemples simples, celui de la recette de cuisine ou encore, celui de modĂšles de tricot. Un algorithme reçoit des donnĂ©es Ă  traiter (texte, nombres relations), les instructions peuvent ĂȘtre conditionnelles, passant les Ă©tapes suivies par l’algorithme vont varier, et, forcĂ©ment, les rĂ©sultats.

Trois sapins
AllĂ©gorie des rĂ©sultats d’un algorithme avec des jeux de donnĂ©es diffĂ©rents.

Si vous voulez en savoir plus, je vous renvoie Ă  la leçon inaugurale de Claire Mathieu au collĂšge de France et Ă  cet article de Jean Cardinal sur le site francophone The Conversation, vous apprendrez qu’il existe plusieurs « familles » d’algorithmes et comment cela fonctionne.

De l’importance des algorithmes

Pourquoi avoir choisi les algorithmes ?

Pourquoi avoir choisi les algorithmes ? À cette question qui lui a Ă©tĂ© posĂ©e Ă  l’occasion de sa nomination au Conseil prĂ©sidentiel de la science, en dĂ©cembre 2023 par le site de l’Insmi (CNRS MathĂ©matique), elle rĂ©pond que cela date de sa formation Ă  l’École normale supĂ©rieure de jeunes filles1.

Une question dans un projet de programmation « demandant un calcul par simulation de la profondeur moyenne des arbres 2-3 » l’avait «  plongĂ©e dans des abĂźmes de perplexitĂ© car la notion de “moyenne” dĂ©pendait de la distribution Ă©tudiĂ©e, qui n’était pas spĂ©cifiĂ©e : soit l’arbre est obtenu par une suite d’insertions alĂ©atoires (facile Ă  simuler), soit on considĂšre la distribution uniforme sur tous les arbres 2-3 contenant n Ă©lĂ©ments » et « d’un cours montrant la borne infĂ©rieure n log n pour la complexitĂ© dans le pire cas pour tout algorithme de tri par comparaisons. L’idĂ©e qu’il Ă©tait possible de montrer une borne infĂ©rieure sur tous les algorithmes imaginables de tri par comparaison, c’était magique. »

Dans la mĂȘme interview, elle dira qu’elle aime l’aspect concret des algorithmes et « le fait que l’on puisse voir la solution en train de se construire. ».

Sur l’importance des algorithmes

Dans un entretien donnĂ© au magazine La Recherche en fĂ©vrier 2020 elle explique que le rĂŽle des algorithmes a toujours Ă©tĂ© important et ce, depuis le dĂ©but de l’informatique. On se rappellera peut-ĂȘtre des regrets de Marion CrĂ©hange qui, dans un texte pour la revue Interstices dĂ©plorait le fait que les algorithmes conçus au dĂ©part pour Ă©conomiser le temps et le volume d’informations Ă  traiter par une machine Ă©taient moins subtils.

Aujourd’hui, les algorithmes ne se concentrent plus seulement sur le fonctionnement des logiciels mais ce phĂ©nomĂšne :

a pris une importance particuliĂšre en raison de la rĂ©volution numĂ©rique en cours, avec entre autres l’émergence d’algorithmes utilisant des rĂ©seaux de neurones profonds. [
] Avec le passage au tout-numĂ©rique dans la sociĂ©tĂ©, l’utilisation des algorithmes partout et le succĂšs des mĂ©thodes de l’intelligence artificielle, la proximitĂ© entre les algorithmes et les humains dans leur vie en sociĂ©tĂ© a changĂ©.2

Et, Ă©videmment, ce n’est pas sans consĂ©quences, puisqu’à partir du moment oĂč les algorithmes vont s’entremĂȘler Ă  la vie des ĂȘtres humains, des questions Ă©thiques se font jour :

Cette omniprĂ©sence a fait apparaĂźtre de nouveaux critĂšres, dont on ne se souciait pas auparavant, comme celui de vouloir que les algorithmes soient Ă©quitables et justes pour les humains. Jusqu’il y a deux ou trois ans, ce n’était pas vraiment une prĂ©occupation des algorithmiciens. Cela a Ă©mergĂ© d’un coup et pose de nouvelles questions : est-ce que ce sont les algorithmes qui dĂ©cident et les humains qui suivent – ce qui n’est pas souhaitable – ou bien est-ce que les algorithmes sont au service de la sociĂ©tĂ© et des humains ? Que faire pour garantir que les humains gardent toujours le contrĂŽle ?3

Claire Mathieu considĂšre que les algorithmes peuvent contribuer au bien commun, pour peu qu’ils soient bien conçus et utilisĂ©s. Dans sa leçon inaugurale au CollĂšge de France, par exemple, elle donne celui de la greffe de reins dont l’idĂ©e est d’apparier les reins des donneurs et donneuses aux malades ou encore celui du dĂ©coupage Ă©lectoral. Elle espĂšre que « la perspective algorithmique fera partie de la culture des adultes de demain. »4.

Parcoursup : transcrire la loi dans le code

Parcoursup est un dispositif français concernant l’inscription dans les formations d’enseignement supĂ©rieur, notamment celles dont les capacitĂ©s d’accueil sont infĂ©rieures au nombre de candidatures reçues, crĂ©Ă© par la loi n° 2018-166 du 8 mars 2018 relative Ă  l'orientation et Ă  la rĂ©ussite des Ă©tudiants.

OĂč la loi fait le code

En 2000, le juriste amĂ©ricain Lawrence Lessig Ă©crit « Code is Law » pour Harvard Magazine, ce que l’on pourrait traduire par « le code est loi » ou le « code fait loi ». Il expliquait que, dans le cyberespace, c’est le code (informatique) qui fait la loi et que, dans l’exemple de l’identification, « l’architecture de certification qui se construit respecte ou non la vie privĂ©e dĂ©pend des choix de ceux qui codent. ». Il insistait sur le fait que quand l’État se retire, il laisse le champ aux intĂ©rĂȘts privĂ©s.

Avec Parcoursup, c’est la loi qui fait le code. Laquelle loi fait partie du Code de l’éducation qu’elle a modifiĂ©, notamment dans son article D612-1.

Le principe : les lycĂ©ens, les lycĂ©ennes, les apprenti·e·s, et les Ă©tudiant·e·s en rĂ©orientation dĂ©sireuses d’entrer dans l’enseignement supĂ©rieur formulent leurs vƓux sur la plate-forme Parcoursup. Les capacitĂ©s d’accueil des formations figurent sur le site de Parcoursup. Une commission d’examen des vƓux pour chaque formation (chaque BTS, BUT, CPGE, chaque section d'Ă©cole d'ingĂ©nieur, etc.) les examine et, au besoin met dans l’ordre les candidatures. LĂ , un algorithme va calculer l’ordre d’appel dans lequel les candidats et les candidates vont recevoir les propositions. Propositions qui Ă©volueront Ă  un rythme quotidien, du 30 mai au 12 juillet pour l'annĂ©e 2024. Le temps de rĂ©ponse accordĂ© diminuant au cours du temps.

L’idĂ©e Ă©tant, idĂ©alement, de faire correspondre les vƓux et les capacitĂ©s desdits candidats et candidates aux formations.

Quand la rédaction de la loi affaiblit les mariages stables

L’algorithme de Parcoursup fait partie de ceux qui servent d’exemple Ă  sa leçon inaugurale au CollĂšge de France. Elle y explique que le gouvernement voulait s’inspirer de l’algorithme des « mariages stables » de Gale et Shapley. Au dĂ©part, il n’était question que de classes pĂ©paratoires. Se sont ajoutĂ©es ensuite les formations non-sĂ©lectives avec plus de places que de candidats et candidates, puis les formations non-sĂ©lectives pour lesquelles l’offre est infĂ©rieure Ă  la demande qui5 :

utilisent des critĂšres gĂ©ographiques (l’acadĂ©mie d’origine), ainsi que des critĂšres dĂ©pendant des prĂ©fĂ©rences des candidats.

Et, de facto, l’algorithme des mariages stables perd ses propriĂ©tĂ©s et la nĂ©cessitĂ© d’exprimer des choix stratĂ©giques plutĂŽt que des rĂ©elles prĂ©fĂ©rences s’impose aux candidats et aux candidates ce qui « pĂ©nalise les candidats sincĂšres » avec un autre effet secondaire :

malgrĂ© cela, les formations n’ont pas assez de critĂšres pour dĂ©partager les candidats et ne peuvent produire de liste ordonnĂ©e, d’oĂč l’usage du tirage au sort. Cette extension de l’algorithme, du point de vue mathĂ©matique, Ă©tait catastrophique.

Toujours, dans cette leçon inaugurale, Claire Mathieu en conclut :

C’est la loi elle-mĂȘme qui dit que l’affectation peut se faire en fonction des prĂ©fĂ©rences des candidats, et donc qui – indirectement – encourage la manipulation !
Ainsi, la loi a dĂ©fini les contraintes. Du point de vue algorithmique, on peut dire qu’il y a eu une erreur de conception. Pour Ă©viter ce genre d’impasse, la lĂ©gislation devrait peut-ĂȘtre ĂȘtre dĂ©finie en concertation avec les algorithmiciens.

L’algorithme de Parcoursup est public ainsi que son explication (voir dans les liens) : « La transparence des algorithmes utilisĂ©e par le gouvernement est un moteur puissant pour une sociĂ©tĂ© plus dĂ©mocratique. »6. Il a Ă©tĂ© primitivement publiĂ© sur un dĂ©pĂŽt Framagit.

Quinze jours au Conseil présidentiel de la science

Le Conseil prĂ©sidentiel de la science est un conseil national scientifique français crĂ©Ă© le 7 dĂ©cembre 2023 par le prĂ©sident de la RĂ©publique. ComposĂ© de douze membres, sa mission de tenir le prĂ©sident informĂ© des Ă©volutions scientifiques susceptibles d’ĂȘtre stratĂ©giques. Les rapports de ce conseil ne seront pas rendus publics.

Claire Mathieu y est nommĂ©e ainsi qu’une brochette d’autres scientifiques de haut niveau. Elle en dĂ©missionne le 22 dĂ©cembre en dĂ©saccord avec la loi sur l’immigration. Une loi considĂ©rĂ©e par ailleurs comme ni essentielle (les lois sur l’immigration ont Ă©tĂ© modifiĂ©es 133 fois en dix ans), ni vraiment souhaitĂ©e, dangereuse pour la politique de santĂ© publique et votĂ©e dans des conditions dĂ©mocratiques douteuses. Elle s’en explique ainsi dans un courrier adressĂ© Ă  Emmanuel Macron :

En effet, si au lieu de vous c’était l’extrĂȘme droite qui Ă©tait au pouvoir, j’aurais refusĂ© de participer Ă  ce conseil. Or, la loi anti-immigration est une loi d’extrĂȘme droite, une loi xĂ©nophobe, d’exclusion et de repli sur soi.

Elle ajoutera sur X :

Maintenant déjà il est difficile à nos jeunes chercheurs étrangers de régler leurs problÚmes de visas. Demain ce sera pire, et ils iront donc dans un pays plus accueillant. Cela accentuera le décrochage de la France en recherche.

Elle remarque au passage sur son compte Mastodon :

C’est drĂŽle, il y a quinze jours j'ai reçu plein de messages de fĂ©licitations pour ma nomination au Conseil prĂ©sidentiel de la science, et aujourd’hui je reçois plein de messages de fĂ©licitations pour ma dĂ©mission du Conseil prĂ©sidentiel de la science (y compris certains des mĂȘmes personnes).
Je cherche le proverbe approprié pour décrire la séquence.

On suggĂ©rerait bien cette citation de Rabelais tirĂ©e de Pantagruel « Science sans conscience n’est que ruine de l’ñme ».

Post-scriptum

Vous avez dans les « Liens » ceux qui m’ont servi Ă  rĂ©diger ce portrait. Je ne saurais que trop vous recommander d’aller y jeter un coup de souris, au moins la leçon inaugurale. Sur le site de Claire Mathieu, vous trouverez son CV ainsi que des liens vers certaines de ses publications et ses prĂ©sentations. Les prĂ©sentations sont d’un intĂ©rĂȘt relativement mineur car elles sont, et c’est comme cela que ça doit ĂȘtre, des supports de sa parole et lĂ  uniquement pour agrĂ©menter son discours, elles sont donc assez peu informatives pour qui ne connaĂźt pas le domaine, tout au moins.

La leçon inaugurale a fait l’objet d’une publication papier, Ă©puisĂ©e, et de versions epub et pdf. On doit pouvoir l’emprunter auprĂšs d’une « institution partenaire ». Cela dit le texte intĂ©gral est en ligne.

Pour lire l’interview de Claire Mathieu dans la Recherche, il faut le payer, soit en achetant le numĂ©ro, soit en acceptant de voir une publicitĂ© (on peut se servir un cafĂ© pendant qu’elle passe). Personnellement je n’avais pas le bouton sur mon Firefox, question de rĂ©glage ou d’extensions sans doute, il m’a fallu utiliser Chromium. À vous de voir.

Pourquoi un portrait, si on peut dire, Ă  mi-chemin entre une biographie et une interview ? Parce qu’une biographie se doit d’ĂȘtre exhaustive, ce qui n’était pas trop l’idĂ©e ici. Et qu’une interview ça prend du temps Ă  rĂ©diger et que les personnes ne rĂ©pondent finalement pas forcĂ©ment. Quitte Ă  travailler pour rien, autant travailler pour quelque chose. Il y en aura peut-ĂȘtre d’autres, ou peut-ĂȘtre pas (j’ai un autre nom en tĂȘte et dans Zotero). Mais j’espĂšre que celui-ci fera au moins un heureux.

Pourquoi pas sa page WikipĂ©dia ? D’abord parce que je ne l’ai pas lu, ce qui rĂšgle la question. Ensuite parce que, justement, j’ai privilĂ©giĂ© les sources primaires pour avoir la parole de Claire Mathieu. Et enfin parce que je pense que le lectorat de LinuxFr est tout Ă  fait capable de la trouver lui-mĂȘme.

Et un grand merci à finss pour ses précisions.


  1. ENSJF, elle disparaĂźt en 1986 suite Ă  la fusion des deux ENS. ↩

  2. La Recherche, mensuel 556, fĂ©vrier 2020. ↩

  3. La Recherche. ↩

  4. Leçon inaugurale, CollĂšge de France. ↩

  5. Les citations qui suivent sont extraites de la leçon inaugurale ↩

  6. Claire Mathieu, Le Monde, blog binaire, La transparence Ă  l’école de Parcoursup, 5 juin 2018. ↩

Aller plus loin

  • # « Science sans conscience n’est que ruine de l’ñme »

    Posté par  . Évalué à -10.

    J'en connais aussi qui l'ont dit dans d'autres domaines de la science.

  • # BroyĂ© du Poitou

    Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

    1. Verser tous les ingrédients dans un grand saladier.
    2. PĂ©trir Ă  la main jusqu’à obtention d’une pĂąte lisse.
    3. Étaler la pĂąte pour obtenir un cercle d’environ un centimĂštre d’épaisseur.
    4. Dorer (un jaune d’Ɠuf, une pincĂ©e de sel, quelques gouttes d’eau tiĂšde) au pinceau.
    5. Décorer en traçant des lignes avec une fourchette.
    6. Faire cuire environ 15 ou 20 minutes à 190°C.
    7. Sortez-le lorsque la couleur (dorée) est à votre goût.

    Vous trouvez vraiment que c'est un algorithme ? C'est-Ă -dire une suite finie et non ambiguĂ« d’opĂ©rations ou d’instructions permettant de rĂ©soudre un problĂšme ou d’obtenir un rĂ©sultat.

    Source de la recette : cuisine-libre.org

    Surtout, ne pas tout prendre au sérieux !

    • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

      Sans les ingrédients, j'ai bien peur que ce soit assez ambigu malheureusement.

      • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

        Posté par  (Mastodon) . Évalué à 0. DerniĂšre modification le 25 janvier 2024 Ă  09:26.

        MĂȘme avec les ingrĂ©dients, il y a plein de passages ambigus.

        La recette de cuisine Ă©tait un exemple de ce que n'est pas un algorithme pour mon prof d'informatique.

        Surtout, ne pas tout prendre au sérieux !

        • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

          Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4.

          Je ne vois pas ce qui est ambigu dans cette recette.

          « Tak ne veut pas quÊŒon pense Ă  lui, il veut quÊŒon pense », Terry Pratchett, DĂ©raillĂ©.

          • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

            Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

            PremiÚrement, il y a des termes qui pour une personne qui ne cuisine pas ne sont sans doute pas clair. Par exemple pétrir ou dorer au pinceau

            Ensuite, il y a des termes flous : une pùte lisse , 15 ou 20 minutes (comment choisi-t-on ?), environ un centimÚtre, traçant des lignes avec une fourchette (quelle profondeur ? quels motifs ?)

            AprĂšs, on peut arriver Ă  des situations cocasses parce que cette recette (comme beaucoup d'autres) a plein d'implicites qu'on ne remarque pas quand on sait cuisiner.

            • on Ă©tale oĂč la pĂąte ? dans un plat ? dans une poele ?
            • on fait cuire comment ? un four ? sur une cuisiniĂšre ?
            • sortez-le lorsque la couleur est Ă  votre goĂ»t, c'est bizarre de devoir le sortir de la piĂšce ou du bĂątiment, non ?

            Surtout, ne pas tout prendre au sérieux !

            • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

              Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5.

              C'est ambigu parce que tu ne connais pas le secteur et son vocabulaire. C'est quasiment pareil dans tous les secteurs. Mais ça reste une image correcte, pas parfaite, mais correcte et compréhensible d'un public qui n'est pas spécialement porté sur les maths.

              Mais si tu veux troller, ça ne m'intéresse pas.

              « Tak ne veut pas quÊŒon pense Ă  lui, il veut quÊŒon pense », Terry Pratchett, DĂ©raillĂ©.

              • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

                Posté par  . Évalué à -1.

                Tu veux une recette ambiguë ?

                Demande une omelette a 2 personnes différentes, le résultat n'aura rien a voir.

                • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

                  Posté par  . Évalué à 6. DerniĂšre modification le 25 janvier 2024 Ă  15:13.

                  Objection : un générateur de nombre pseudo-aléatoire est un algorithme, et donne des résultat 
. pseudo-aléatoire :

                  Générateur de nombres pseudo-aléatoires

                  Bon, une omelette peut Ă©ventuellement servir de source d'entropie pour du chiffrement, mais c'est pas pratique.

                  Faut pas gonfler Gérard Lambert quand il répare sa mobylette.

              • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

                Posté par  (Mastodon) . Évalué à 8.

                Je pense plutĂŽt que c’est ambigu mais que quand on connaĂźt le secteur, on sait facilement gĂ©rer l’ambiguĂŻtĂ© (sans pour autant la faire totalement disparaĂźtre, il reste trĂšs souvent du vague, donc de l’ambigu dans les instructions d’une recette. La notion de pĂąte lisse par exemple reste ambiguĂ«).

                Je suis mille fois d’accord sur le fait qu’une recette est un exemple de la vie quotidienne qui permet d’approcher l’idĂ©e de l’algorithme. ParticuliĂšrement son cĂŽtĂ© suite finie d’instructions en vue d’obtenir un rĂ©sultat.

                Par contre, je pense que c’est intĂ©ressant de ne pas perdre de vue les limites de la vulgarisation et Ă©ventuellement l’utiliser justement pour interroger ce que signifie non-ambigu plutĂŽt que de nier la prĂ©sence de l’ambiguĂŻtĂ©. Pourquoi les recettes ne correspondent gĂ©nĂ©ralement pas parfaitement Ă  la dĂ©finition d’un algorithme ? Avez-vous des exemples de recette sans aucune ambiguĂŻté ? Quelles sont les caractĂ©ristiques communes de ces recettes sans ambiguĂŻté ? 


                Je trouve que cela permet de sensibiliser sur le fait que premiĂšrement c’est exigeant de ne pas avoir d’ambiguĂŻtĂ©, cela demande une rigueur assez importante et ensuite vu le coĂ»t de la non-ambiguĂŻtĂ©, on peut questionner l’intĂ©rĂȘt de vouloir rĂ©soudre de maniĂšre algorithmique certains problĂšmes.

                Surtout, ne pas tout prendre au sérieux !

                • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

                  Posté par  . Évalué à 3.

                  Et en pratique, on peut dire que l'approche algorithmique de la cuisine peut donner comme résultat de la bouffe industrielle façon Mac Donald :)

                  Un résultat toujours identique quelque soit la boutique qui le vend et ses "cuisinier", mais parfaitement insipide.

                  Faut pas gonfler Gérard Lambert quand il répare sa mobylette.

                  • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

                    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.

                    Ça, s’est la recette sans ambiguĂŻté ; c’est clonĂ© bit Ă  bit d’une machine place Ă  une autre.

                    “It is seldom that liberty of any kind is lost all at once.” ― David Hume

            • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

              Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.

              Tiens, ta remarque fait trĂšs bien le parallĂšle : les gens qui sont rompus Ă  la cuisine n’ont pas de souci avec les « termes flous » 
tout comme un compilateur n’aurait pas de souci avec les barbarismes Ă©crits par les devs ;) En programmation aussi, il y a plein d’implicites ;)

              “It is seldom that liberty of any kind is lost all at once.” ― David Hume

              • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

                Posté par  . Évalué à 1.

                De l'implicite, oui, on peut penser par exemple Ă  l'infĂ©rence de type, mais cela ne rend pas pour autant le code ambigu. Avais-tu un exemple particulier en tĂȘte ?

        • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

          AprĂšs, en informatique, Ă©crire un algorithme de haut niveau en considĂ©rant des opĂ©rations de haut niveau (sans les dĂ©tails d'implĂ©mentation), c'est quand mĂȘme un truc assez courant.

          Et bien dans le cas de la recette, c'est exactement la mĂȘme chose je trouve.

          Et oui, on rencontre souvent des problÚmes quand on passe de la recette à sa réalisation, et de l'algorithme à son implémentation.

          • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

            Posté par  . Évalué à 1.

            De la façon dont je comprend cette question, si on veut comparer avec une recette, elle est plus proche d'un programme que d'un algorithme. La recette peut comprendre un jeu d'instruction pouvant s'approcher d'un algorithme, mais l'algorithme est une formalisation universelle avant tout.

            Il n'existe qu'une seule et unique reprĂ©sentation formelle d'un mĂȘme algorithme, alors que tu peux avoir de nombreux programme dans diffĂ©rents langage pour l'implĂ©menter.

            De mĂȘme, on pourrait imaginer une reprĂ©sentation universelle d'une mĂȘme recette de cuisine, mĂȘme si je ne vois pas vraiment comment, et ensuite montrer que chaque recette n'est qu'une implĂ©mentation dĂ©rivĂ©e cette "recette universelle".

            Mais c'est un pur exercice de pensĂ©e. en rĂ©alitĂ©, il y a autant de recettes de cuisine 
. que de cuisinier :) La diffĂ©rence avec l'informatique, c'est qu'un ordinateur est une machine "universelle", et qu'un mĂȘme programme s'exĂ©cutera toujours de la mĂȘme maniĂšre quelque soit l'ordinateur (on doit pouvoir relativiser ce point quand mĂȘme, du fait des diffĂ©rence de hardware, processeurs, etc, mais ça reste fondamentalement une machine de turing).

            Donc dans ta phrase :

            AprĂšs, en informatique, Ă©crire un algorithme de haut niveau en considĂ©rant des opĂ©rations de haut niveau (sans les dĂ©tails d'implĂ©mentation), c'est quand mĂȘme un truc assez courant.

            je pense que tu utilise mal le mot algorithme. on y écrit des programme en utilisant un ou des algorithmes. C'est une erreur courante de confondre les deux concept, parce qu'en fait, généralement, on manipule des algorithme en écrivant des programmes, et de fait, on confond les concepts.

            De mĂȘme une recette de cuisine peux s'appuyer sur quelque chose qui ressemble a un algorithme (je ne trancherais pas le dĂ©bat) pour sa rĂ©alisation, mais cela n'en fait pas un algorithme, limite un programme destinĂ© a ĂȘtre compiler et exĂ©cuter par un cuisinier dans la limite expliquĂ©e plus haut qu'un cuisinier n'est pas une machine de Turing. Et heureusement pour nos papilles.

            Faut pas gonfler Gérard Lambert quand il répare sa mobylette.

            • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

              Posté par  . Évalué à 5.

              C’est quoi la reprĂ©sentation formelle unique de l’algorithme de tri Ă  bulle ?

              • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

                Posté par  . Évalué à 2.

                Bon ok, gĂ©nĂ©ralement, on utilise du pseudo code, qui n'est pas vraiment formalisĂ©. Mais tu comprend l'idĂ©e ou pas? L'algorithme est indĂ©pendant de toute forme d'implĂ©mentation. L'algorithme du tri Ă  bulle est unique (mĂȘme si il en existe des variante, optimisĂ©es).

                C'est une abstraction logique d'une suite d'instructions sensĂ© rĂ©soudre un problĂšme, lui mĂȘme formalisĂ©.

                Sinon, comment pourrait-on classer les algorithmes en fonction de leur complexité.

                C'est pas la mĂȘme chose que de mesurer la performance d'une implĂ©mentation. ici la complexitĂ© est fonction de la dĂ©finition formelle de l'algo.

                C'est quoi que j'ai pas compris ?

                Faut pas gonfler Gérard Lambert quand il répare sa mobylette.

                • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

                  Posté par  . Évalué à 4.

                  Pour dĂ©finir formellement la notion de complexitĂ© on passe par une forme de machine, par exemple les machines de Turing. Un algorithme a une complexitĂ© polynomiale si la machine de Turing qui l’implĂ©mente a un temps d’exĂ©cution bornĂ© par un polynome en fonction de la taille des donnĂ©es d’entrĂ©es 
 finalement l’algo prĂ©sentĂ© sous cette forme n’est rien d’autre qu’un programme.

                  Mais la principale diffĂ©rence, Ă  mon avis, entre un programme et un algo, c’est qu’un programme n’est pas forcĂ©ment spĂ©cifiĂ©, un programme fait des trucs. Genre un programme de dessin crĂ©atif dessine des trucs, mais il ne rĂ©soud par forcĂ©ment de problĂšme bien spĂ©cifiĂ©. Alors qu’un algorithme est crĂ©Ă© pour rĂ©soudre une certaine classe de problĂšme : tous les algos de tris rĂ©solvent des problĂšmes de tri de liste, et on peut prouver qu’à la fin de l’exĂ©cution de l’algo on a bien rĂ©solu le problĂšme.

                  AprĂšs si tu veux on doit pouvoir pousser la notion d’unicitĂ© en utilisant des transformations de programmes, deux programmes correspondent au mĂȘme algorithme si il existe un moyen de les transformer rĂ©ciproquement l’un en l’autre de maniĂšre Ă©quivalente. Ou alors si les Ă©tats de la mĂ©moire successifs ont une forme d’équivalence, on pourra dire qu’ils font la mĂȘme chose dans le mĂȘme ordre. PlutĂŽt qu’une forme d’unicitĂ© ou de canonicitĂ© on parle plutĂŽt d’isomorphisme et d’équivalence. Un algo serait une [[classe d’équivalence]] de programme pour lesquels en codant les donnĂ©es pour les diffĂ©rentes sortes de machines de maniĂšre appropriĂ©e on peut dĂ©finir une suite d’états intermĂ©diaires Ă©quivalents ?

                  Mais pour faire les choses formellement on aura du mal Ă  se passer de la notion de machine. Si un algorithme dĂ©finit une suite d’instruction on doit d’abord dĂ©finir ce que sont les instructions basiques qu’il peut utiliser, quoi qu’il arrive.

                  BĂȘtement en prenant wp en français

                  Un algorithme est une suite finie et non ambiguĂ« d'instructions et d’opĂ©rations permettant de rĂ©soudre une classe de problĂšmes.

                  et pour un programme

                  Un programme informatique est un ensemble d'instructions et d’opĂ©rations destinĂ©es Ă  ĂȘtre exĂ©cutĂ©es par un ordinateur.

                  La diffĂ©rence essentielle semble bien ĂȘtre, dans ces dĂ©finitions « permettant de rĂ©soudre une classe de problĂšmes. » (autrement dit, les IAs, ou les algorithmes de recommandation, sont pas vraiment des algorithmes, dĂ©finir mathĂ©matiquement quel problĂšmes rĂ©soud une IA gĂ©nĂ©rative est pas trivial :p si on avait dĂ©jĂ  pas assez de troll en rĂ©serve)

                  • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

                    Posté par  . Évalué à 5. DerniĂšre modification le 26 janvier 2024 Ă  16:19.

                    Merci ! C'est plus clair comme ça effectivement.

                    Oui, je ne mettrais pas les pieds dans une discussion sur les algorithmes d'intelligence artificielle sont-ils des algorithmes ? Trop dangereux, mĂȘme pour un vendredi.

                    En fait, je pense que l'on est plutÎt d'accord, et je trouve que la définition d'un programme se compare assez bien à la recette de cuisine à condition de considérer qu'il ne s'agit pas d'un programme informatique destiné à un ordinateur, mais d'un programme "culinaire" et que la machine chargée de l'exécuter est un cuisinier, qui est, de facto, l'exact contraire d'un ordinateur, enfin selon Gérard Berry :

                    Fondamentalement, l’ordinateur et l’homme sont les deux opposĂ©s les plus intĂ©graux qui existent. L’homme est lent, peu rigoureux et trĂšs intuitif. L’ordinateur est super rapide, trĂšs rigoureux et complĂštement con. On essaie de faire des programmes qui font une mitigation entre les deux. Le but est louable. Mais de lĂ  Ă  y arriver


                    (src : https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-le-grand-entretien/20160826.RUE7684/gerard-berry-l-ordinateur-est-completement-con.html )

                    La question d'utiliser la recette de cuisine pour rendre compréhensible le concept d'algorithme est effectivement problématique, mais c'est souvent le cas en vulgarisation. Je pense aussi qu'il y a un effet de mode qui à populariser le terme d'algorithme avec, comme d'habitude, pas mal de contresens et de fantasme sur leur nature.

                    Faut pas gonfler Gérard Lambert quand il répare sa mobylette.

                    • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

                      Posté par  . Évalué à 2.

                      Avec ChatGPT on a un truc lent, complÚtement con et trÚs intuitif de nos jours !

                    • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

                      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.

                      De la recette de cuisine Ă  l’IA en passant par l’origine mathĂ©matico-arabe du mot au travers du calcul de la Pascaline et des mĂ©tiers Jacquard, Arte met le pied dans le plat et c’est assez bien fait je trouve.

                      “It is seldom that liberty of any kind is lost all at once.” ― David Hume

      • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.

        Les ingrédients ce sont les données justement.

        « Tak ne veut pas quÊŒon pense Ă  lui, il veut quÊŒon pense », Terry Pratchett, DĂ©raillĂ©.

      • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

        Posté par  . Évalué à 4.

        Une vidéo marrante pour expliquer l'algorithmie : https://youtu.be/cDA3_5982h8

    • [^] # Re: BroyĂ© du Poitou

      Posté par  . Évalué à 4. DerniĂšre modification le 25 janvier 2024 Ă  09:59.

      Je crois qu'elle s'en explique dans la leçon inaugurale donnée en lien :

      Adopter une perspective algorithmique (fig. 7), cela revient Ă  regarder les problĂšmes en ayant toujours conscience de la dimension de calcul, et de la plus ou moins grande aisance avec laquelle ces objets peuvent ĂȘtre manipulĂ©s. Les reprĂ©sentations que l’on choisira, les modĂ©lisations que l’on dĂ©finira, les objectifs que l’on se donnera, les contraintes que l’on s’imposera, tout sera conçu en restant toujours conscient des impacts de nos choix sur les algorithmes.

      De la façon dont je comprend le problĂšme, si la recette de cuisine peut ĂȘtre modĂ©lisĂ©e, alors on peut alors appliquer un algorithme Ă  cette modĂ©lisation, dans les limites de celle-ci. On a ici deux problĂšmes, la modĂ©lisation (comment reprĂ©senter formellement la recette) et l'algorithme lui-mĂȘme qui correspond a la dĂ©finition que tu cite :

      une suite finie et non ambiguĂ« d’opĂ©rations ou d’instructions permettant de rĂ©soudre un problĂšme ou d’obtenir un rĂ©sultat.

      J'avoue n'avoir lu qu'en travers la leçon inaugurale pour y retrouver cette idée, mais elle a l'air plutÎt intéressante. Je la positionne comme "à lire plus tard" dans mon algorithme de procrastination.

      Faut pas gonfler Gérard Lambert quand il répare sa mobylette.

  • # Parcoursup

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8.

    « C’est la loi elle-mĂȘme qui dit que l’affectation peut se faire en fonction des prĂ©fĂ©rences des candidats, et donc qui – indirectement – encourage la manipulation ! »

    Est-ce une coquille ? Souhaite-t-on rĂ©ellement affecter les candidats indĂ©pendamment de leurs prĂ©fĂ©rences ? Cette phrase me fait dresser les cheveux sur la tĂȘte. Ne faudrait-il pas plutĂŽt se pencher sur le problĂšme plutĂŽt que de remarquer que l’algorithme choisi serait parfait s’il s’agissait d’orienter de vulgaires dĂ©chets dans un centre de tri ?

    Merci pour la dĂ©pĂȘche. Évoquer les problĂšmes que pose la xĂ©nophobie gĂ©nĂ©ralisĂ©e et dĂ©complexĂ©e de notre temps, mĂȘme aux « zĂ©lites », est loin d’ĂȘtre inutile. Mais on ne peut s’empĂȘcher de noter le hiatus avec la remarque prĂ©cĂ©dente.

    « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

    • [^] # Re: Parcoursup

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5.

      C'est d'autant plus difficile qu'on a des filiÚres sélectives !

      "Tous les candidats n’obtiendront pas leur premier choix". Une impossibilitĂ© mathĂ©matique, ajoute Claire Mathieu : "MĂȘme si on choisissait arbitrairement un seul vƓu par candidat, tout le monde ne pourrait obtenir ce vƓu
 et ce mĂȘme si Ă  la fin, il y assez de places pour tous, toutes formations confondues." Reste que l'impact psychologique de ce nouveau mode d'affectation semble avoir Ă©tĂ© sous-estimĂ©, peut-ĂȘtre par manque d'information des candidats.

      In : Sciences et avenirs, 1/6/2018.

      « Tak ne veut pas quÊŒon pense Ă  lui, il veut quÊŒon pense », Terry Pratchett, DĂ©raillĂ©.

      • [^] # Re: Parcoursup

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4. DerniĂšre modification le 06 fĂ©vrier 2024 Ă  18:43.

        J'allais dire Ă  peu prĂšs la mĂȘme chose. Parcoursup est libre mais les algos de classement de chaque universitĂ©, eux, ne le sont pas. Pour autant que je sache, les dĂ©libĂ©rĂ©s des commissions de classement sont Ă©galement secrets. De lĂ  Ă  imaginer que les facs se rĂ©servent le droit de sĂ©lectionner selon des critĂšres difficiles Ă  assumer publiquement (ne le faisaient-ils pas dĂ©jĂ  avant Parcoursup ?), il y a un pas qu'au moins une personne a franchi (Julien Grenet, dans un documentaire rĂ©cemment diffusĂ© sur Arte).

        • [^] # Re: Parcoursup

          Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4.

          Oui, en effet le reste n'est absolument pas transparent. Et l'Éducation nationale s'oppose à cette publication.

          « Tak ne veut pas quÊŒon pense Ă  lui, il veut quÊŒon pense », Terry Pratchett, DĂ©raillĂ©.

        • [^] # Re: Parcoursup

          Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 9. DerniĂšre modification le 07 fĂ©vrier 2024 Ă  10:50.

          Une association, Ouvre Boite, a demandĂ© la diffusion complĂšte du code source de l’algorithme. La CADA y Ă©tait favorable dans un premier temps, le tribunal administratif, non. L’argument de l’Éducation nationale pour refuser la publication du code est (accrochez-vous) : « la publication en ligne du code source complet de l’application Parcoursup en laisserait apparaĂźtre les vulnĂ©rabilitĂ©s et serait, ainsi, susceptible de porter atteinte Ă  la sĂ©curitĂ© des systĂšmes d’information de l’administration.».

          Pour en savoir plus, l’article sur zdnet.

          « Tak ne veut pas quÊŒon pense Ă  lui, il veut quÊŒon pense », Terry Pratchett, DĂ©raillĂ©.

        • [^] # Re: Parcoursup

          Posté par  . Évalué à 6.

          Parcoursup est libre mais les algos de classement de chaque université, eux, ne le sont pas. Pour autant que je sache, les délibérés des commissions de classement sont également secrets.

          Ce qui pourrait expliquer les passe-droits dont bénéficient certains éléves.
          Exemple récent :

          L'Ă©cole privĂ©e catholique Stanislas contournerait Parcoursup pour privilĂ©gier ses lycĂ©ens, notamment le fils d'AmĂ©lie OudĂ©a-CastĂ©ra, ministre de l'Éducation nationale.
          "Sur 41 cas de ce type en France, 38 proviendraient de l’établissement, notamment le fils de la ministre de l’Education."

    • [^] # Re: Parcoursup

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3. DerniĂšre modification le 25 janvier 2024 Ă  17:22.

      Une petite mise au point tout de mĂȘme.

      Avant tout ça, quand on voulait s'inscrire dans une filiĂšre sĂ©lective, on envoyait nos dossiers de candidature et on allait lĂ  oĂč on Ă©tait pris, nos prĂ©fĂ©rences n'entraient pas en ligne de compte si on Ă©tait pris que dans un endroit. Aujourd'hui d'ailleurs, quand on se prĂ©sente Ă  des concours, on n'est pas forcĂ©ment reçu Ă  celui qui a notre prĂ©fĂ©rence.

      Par rapport au dispositif actuel, pas de changements.

      Alors, oui le problÚme peut se poser (ou se pose) pour les filiÚres non sélectives.

      « Tak ne veut pas quÊŒon pense Ă  lui, il veut quÊŒon pense », Terry Pratchett, DĂ©raillĂ©.

    • [^] # Re: Parcoursup

      Posté par  . Évalué à 6.

      Si j'ai bien suivi, le problĂšme de ParcourSup dont on parle ici est que ça peut ĂȘtre stratĂ©gique de ne pas mettre son choix prĂ©fĂ©rĂ© en premier pour des raisons stratĂ©giques.

      L'algorithme des "mariages stables" Ă©vite ce problĂšme. Mettre en premier choix ce que tu aimerais vraiment avoir ne va pas impacter ta chance d'ĂȘtre pris ou non dans le 2e choix si tu n'est pas pris dans le premier. Avec ce que la loi demande Ă  ParcourSup, il n'est pas possible d'avoir cette propriĂ©tĂ©.

      • [^] # Re: Parcoursup

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.

        C'est Ă  peu prĂšs ce que je comprends aussi.

        « Tak ne veut pas quÊŒon pense Ă  lui, il veut quÊŒon pense », Terry Pratchett, DĂ©raillĂ©.

      • [^] # Re: Parcoursup

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4.

        C’est aussi l’explication qu’en avait donnĂ© Science Étonnante ;)

        “It is seldom that liberty of any kind is lost all at once.” ― David Hume

      • [^] # Re: Parcoursup

        Posté par  (Mastodon) . Évalué à 9.

        C'est tout à fait ça !

        Le problĂšme a Ă©tĂ© crĂ©Ă© quand la loi a supprimĂ© le classement des candidats. Par classement, je veux dire celui qui Ă©tait entrĂ© sur la plateforme par le candidat, pas celui que le candidat a seulement dans sa tĂȘte. Étant donnĂ© qu'on avait le classement des candidats et le classement des Ă©tablissements, on pouvait appliquer sans aucun problĂšme l'algorithme des mariages stables. Et d'ailleurs, Ă  l'Ă©poque, le premier round Ă©tait fin juin et attribuait 80% des places en une seule fois. Et aprĂšs deux ou trois rounds, c'Ă©tait fini, on avait casĂ© quasiment tout le monde. Maintenant, on commence en avril-mai et ça finit en juillet-aoĂ»t.

        Avec un classement inconnu de la plateforme, on peut se retrouver avec des situations oĂč le candidat A a classĂ© l'Ă©tablissement X en premier et l'Ă©tablissement Y en deuxiĂšme, le candidat B a classĂ© l'Ă©tablissement Y en premier et l'Ă©tablissement X en deuxiĂšme. Seulement l'Ă©tablissement X a classĂ© le candidat B en premier et A en deuxiĂšme, et l'Ă©tablissement Y a classĂ© le candidat A en premier et B en deuxiĂšme. Dans ce cas, la plateforme va proposer l'Ă©tablissement X Ă  B et l'Ă©tablissement Y Ă  A. Les candidats se retrouvent tous les deux avec leur deuxiĂšme choix lors qu'en inversant, ils auraient tous les deux leur premier choix (c'est ce qui se passait avant). À noter, qu'il y a stabilitĂ© dans les deux cas, mais dans l'algorithme des mariages stables, on peut privilĂ©gier un des deux cĂŽtĂ©s. Avec la procĂ©dure actuelle, ce sont les Ă©tablissements qui sont privilĂ©giĂ©, pas les candidats.

    • [^] # Re: Parcoursup

      Posté par  . Évalué à 3.

      Bonjour,

      Pour info, le phrase n'est pas trÚs claire et mal comprise. Certains commentaires se basent sur une réalité algorithmique qui n'existe plus. Et oui, c'est trÚs bien que l'affectation ne se fasse pas en fonction des préférence des candidats.

      Avant deux prĂ©pas ennemies (math sup) de ma ville, n'acceptaient pas qu'un candidat demande l'autre prĂ©pa en 1er vƓux, et donc refusait de telles candidatures.

      Maintenant, dans ParcourSup, il n'y a plus d'ordre de préférence fait par le candidat. Chaque établissement reçoit tous les dossiers de tous les candidats qui postulent chez lui, sans savoir s'ils ont postulé ailleurs.
      Chaque établissement émet ses résultats (accepté, refusé, sur liste d'attente) aux candidats.

      C'est le candidat qui choisit parmi les Ă©tablissements oĂč il est pris, lequel oĂč il va aller..
      Son choix est donc pris en compte à ce moment là. Le candidat devient automatiquement alors refusé dans ses autres choix et libÚre une place.

      Il n'y a donc plus de stratégie possible.

      ăƒœ( ‱_)ᕗ

  • # y a un bug

    Posté par  . Évalué à -10.

    Je ne voudrais pas ĂȘtre rabasjoie, mais pour entrer au Conseil prĂ©sidentiel de la science, il faut avoir un bug dans son cerveau. Heureusement pour elle et sa rĂ©putation, elle en est sortie au bout de 15 jours. NĂ©anmoins, il y a un truc qu'elle n'a pas compris.

  • # Merci

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8.

    Juste merci pour ce superbe article, sujet clé et passionnnant, le tout concis et bien rédigé. J'adore.

    • [^] # Re: Merci

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 6.

      Merci, je commençais à penser que je n'avais écrit qu'un ramassis d'ùneries. D'un autre cÎté sur Facebook (oui, oui et de la part d'au moins un trolleur invétéré) et sur Mastodon j'ai eu des retours plus pertinents.

      « Tak ne veut pas quÊŒon pense Ă  lui, il veut quÊŒon pense », Terry Pratchett, DĂ©raillĂ©.

      • [^] # Re: Merci

        Posté par  . Évalué à 9. DerniĂšre modification le 26 janvier 2024 Ă  08:35.

        Merci, je commençais à penser que je n'avais écrit qu'un ramassis d'ùneries.

        C’est une super dĂ©pĂȘche. Je ne te fĂ©licite pas Ă  chaque dĂ©pĂȘche que tu Ă©cris, mais je les apprĂ©cie toutes, notamment du fait de l’éclectisme des sujets que tu abordes. Alors, merci de t’impliquer autant pour faire vivre ce site ! Et pour en revenir Ă  la dĂ©pĂȘche en question, moi que ne suis en gĂ©nĂ©ral pas trĂšs friand des histoires de la vie des gens, j’ai trouvĂ© celle-ci trĂšs instructive et trĂšs pertinente dans le contexte actuel.

        • [^] # Re: Merci

          Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.

          Merci. Ce qui m'a donné envie de faire le portrait de Claire Mathieu c'est sa réaction suite aux messages de félicitation quant à sa démission du Conseil présidentiel de la science, finss m'a dit que c'était une bonne idée. Et l'idée du portrait plutÎt que de la bio, c'était justement de pouvoir donner un angle et donc de faire un tri. Les bio ne sont pas toujours vraiment intéressantes en effet.

          « Tak ne veut pas quÊŒon pense Ă  lui, il veut quÊŒon pense », Terry Pratchett, DĂ©raillĂ©.

      • [^] # Re: Merci

        Posté par  . Évalué à 5.

        C'est la 3e dĂ©pĂȘche la mieux notĂ©e du mois (sur une trentaine au total). Et elle n'a que 2 jours. MĂȘme si les commentaires parlent de trucs annexes (mais pas hors-sujet non plus) il me semble que la qualitĂ© a Ă©tĂ© reconnue.

  • # Coquille

    Posté par  . Évalué à 5.

    Dans la section "Pourquoi avoir choisi les algorithmes ?", il est écrit

    elle rĂ©pond que cela date de sa formation Ă  l’École nationale supĂ©rieure de jeunes filles

    Il s'agit en faite de l'école normale supérieure de jeunes filles, comme spécifié dans le lien.

  • # MĂ©thode pas globale

    Posté par  . Évalué à 3.

    Elle donne l’exemple de l’apprentissage de la lecture par la mĂ©thode globale qui dĂ©coupe les mots en syllabes.

    C'est la méthode syllabique, pas la méthode globale.

    • [^] # Re: MĂ©thode pas globale

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

      RĂ©Ă©criture :

      Elle donne l’exemple de l’apprentissage de la lecture par la mĂ©thode syllabique (dĂ©couper les mots en lettres et syllabes) par rapport Ă  la mĂ©thode globale (qui serait plus proche de l'apprentissage profond en informatique).

      (la source pointĂ©e dit « La diffĂ©rence d’approche entre les algorithmes que j’ai prĂ©sentĂ©s et l’apprentissage profond est un peu analogue Ă  la diffĂ©rence entre la mĂ©thode syllabique et la mĂ©thode globale d’apprentissage de la lecture, l’apprentissage profond s’apparentant Ă  la mĂ©thode globale, qui donne Ă  mĂ©moriser aux enfants un certain nombre de mots. »)

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