A Framasoft on aime bien répéter que "la route est longue mais la voie est libre".
Il n'empêche qu'en tant que prof qui au départ avait décidé de créer Framasoft pour "partir de Windows et découvrir le libre", il y a des jours où je trouve le temps vraiment très (trop) long.
Du coup j'ai un peu craqué sur le blog de Framasoft en affirmant sans précaution : "En dix ans, aucun mesure d'envergure en faveur du logiciel libre n'a été prise au Ministère de l'Education Nationnale".
- Mon ministère me désespère... ou le fabuleux non destin du logiciel libre à l'école française
http://framablog.org/index.php/post/2008/01/31/Mon-Ministere(...)
La question que j'aimerais poser ici est double :
1. Est-ce que j'exagère mon propos et finalement le libre avance bien à l'Education Nationale ?
Il est évident qu'il se passe plein de choses autour du libre en éducation (et merci à DLFP pour son côté caisse de résonance) mais est-ce que cela ne s'est pas fait *malgré* le ministère et est-ce que cela n'aurait pas pu aller plus vite avec un peu plus de courage et de volontarisme du côté du ministère ?
2. Est-ce que je n'exagère pas et alors pourquoi le ministère est-il demeuré à ce point si frileux (pour ne pas dire plus) vis-à-vis du logiciel libre ?
Sincèrement je me dis que tout était au départ réuni pour que l'Education Nationale ouvre la voie du libre et je m'aperçois qu'on est plutôt en train de suivre le mouvement en perdant du temps et de l'énergie.
Il serait bien entendu trop facile d'en rejeter uniquement la faute et la responsabilité à ceux d'en haut qui prennent les décisions. Les enseignants doivent aussi sûrement y être pour quelque chose. Il n'empêche que sur la durée ça ressemble à une formidable occasion manquée.
Que les gendarmes aient un temps d'avance sur nous me laisse plus que perplexe (alors qu'on sait pertinemment bien que l'Education Nationale sera amenée à faire rigoureusement le même choix).
# ca aurait pu marcher
Posté par Mouns (site web personnel) . Évalué à 6.
Aujourd'hui ? le problème à l'école est l'illettrisme, alors l'accès à l'informatique reste le cadet des soucis.
[^] # Re: ca aurait pu marcher
Posté par yohannjc . Évalué à 2.
[^] # Re: ca aurait pu marcher
Posté par Mouns (site web personnel) . Évalué à 2.
Pour pouvoir utiliser un ordinateur et donc comprendre son fonctionnement nécessite l'acquisition des notions de bases lié au fait de savoir lire une popup et savoir compter un certain nombre de choses permettant de faire des diagnostics simples, pour encore savoir lire les howto sur le net.
Donc je maintiens mon propos.
[^] # Re: ca aurait pu marcher
Posté par Obsidian . Évalué à 4.
Ben toi non plus, visiblement ... :-)
Nan, je rigole mais d'une part, cette une erreur tellement fréquente que non seulement, elle vient probablement de l'école elle-même (même si on se refuse à le reconnaître) mais on la voit tellement souvent qu'on en arrive à douter.
# mon expérience
Posté par djibb (site web personnel) . Évalué à 6.
Mais c'est long. et c'est long pour une seule chose : la formation.
Si tu formes les profs sur un outil, ils l'utiliseront. (comme tout le monde, ils seront embêtés par la formation, comme tout le monde, si elle se passe sur une demi-journée prévue de libre, ils la feront pas -style le mercredi aprem- ) Mais dans l'ensemble si tu formes, c'est utilisé.
firefox est très implentés dans les établissements, ooo moins. Car les profs ne sont pas formés.
Si les instances (ministère, IUFM, inspection ...) se mettaient au libre (par exemple en adoptant le RGI) alors, le signal serait plus que fort et tout le monde suivrait (même le prof de techno qui a tout ses cours sous p-ublisher)
Le problème est que chacun fait tout dans son coin. Même si d'excellentes initiatives ont vu le jour dans les CNDP/CRDP, la politique globale n'est pas présente... donc ça freine l'adoption par la masse des profs.
my 2 cents...
[^] # Re: mon expérience
Posté par Dragon . Évalué à 3.
Ils ne sont qu'utilisateurs de base et bien qu'ils deviendront prescripteurs, ils utilisent très peu les logiciels libres.
Ce sont les mairies qui achète le matos. Elles oublient très souvent les logiciels qui vont avec et le piratage est presque une règle établie.
Dans les IUFM, fortement équipés, les heures de formations sont insuffisantes (MIPE pour les prépas et 6H pour les stagiaires) pour aborder tout les aspects liès à l'utilisation de logiciels notement le RGI et le cotè légal.
Je suis dans un IUFM et avec mes collègues, nous diffusont le plus possible de logiciels libres. Mais de base, il y a le couple windows/office.
Nous avons cette année mis à disposition de chaque stagiaires une clè USB contenant http://portableapps.com/ .
Pour en savoir plus : http://www.aquitaine.iufm.fr/iufmaquicle/iufmaquicle.php
Pour l'instant nous n'avons pas mis de salles sous linux mais des expèriences sont faites. Des salles en libre service sont mis en double boot mais l'usage de windows est encore trop fort.
# Chez nous
Posté par Sébastien B. . Évalué à 4.
Voila les nouvelles du front.
(tiens, sinon j'ai un prof qui a fait un speech d'une dizaine de minute sur le logiciel libre !)
[^] # Re: Chez nous
Posté par gnumdk (site web personnel) . Évalué à 3.
Sur les postes clients: kompozer, firefox, openoffice, audacity, 7zip sont utilisé dans la plupart des établissements.
Par contre, le poste client, c'est pas encore gagné ;)
# Ni tout blanc, ni tout noir.
Posté par Gyro Gearllose . Évalué à 6.
D'abord, du Linux, dans l'éducation nationale, il y en a. Ne serait-ce que dans mon service, 3 personnes sur les 5 du service sont intégralement sous linux. Presque tous nos serveurs sont également sous linux (un samba, un serveur d'applications web, un serveur d'application terminal hébergé au rectorat). Je ne vais pas parler de ce que je connais peu, mais il me semble également que sur l'ensemble des 120 serveurs du rectorat, la majorité sont sous linux.
Notre firewall est également sous linux, distribution amon développée par l'académie de dijon, qui diffuse d'autres distributions linux (amon, horus, sphynx, scribe, zephir).
Notre utilisation de linux à mon lieu de travail ne date pas d'hier, car cela fait maintenant 10 ans que je travaille à cet endroit, presque exclusivement sous linux.
Pour le reste, tous nos postes sous windows utilisent au moins firefox et thunderbird, et utilisaient mozilla avant sa coupure en deux produits distincts.
OpenOffice commence aussi à se répandre de plus en plus au sein de l'administration.
D'autres logiciels libres et/ou gratuits sont systématiquement installés sur les nouveaux PC que nous diffusons : pdfcreator, filezip, vlc, parfois gimp et/ou xnview, et dans des cas plus rares audacity.
Voilà, donc dire que l'éducation ne s'investit pas du tout, c'est peut-être un peu exagéré.
Il y a d'ailleurs une réflexion plus ou moins en cours pour créer une distribution adaptée au poste de travail du "gestionnaire", avec les applications qui vont bien, et tout ce qu'il faut pour que les utilisateurs ne soient pas trop perturbés par ce changement.
De mon point de vue personnel, je pense que cette distribution ne rentrera pas dans nos critères d'utilisation, d'une parce que le bureau choisi semble être xfce ou gnome (je ne connais ni n'utilise ni l'un ni l'autre), alors qu'il me semble évident qu'au niveau interface, kde est ce qui se rapproche le plus de windows (mon dieu que ça me fait mal d'écrire ça, moi, un kde addict de la première heure), et de deux parce que les choix techniques qui vont probablement être faits ne correspondent pas à mes goûts.
Je ne me souviens plus trop de la plaquette, mais il me semble par exemple qu'ils ont viré sur leur pré-projet tous les terminaux style konsole du bureau, par exemple, et l'ont remplacé par putty, ce que je trouve débile.
Bref, voilà au moins un témoignage qui ne va pas dans ton sens.
D'ailleurs, le collègue qui installe les nouveaux PC vient me souffler dans l'oreille que
1) internet explorer ne sert qu'à télécharger firefox.
2) tous les logiciels que j'ai cité sont installé par défaut sur les PC que nous livrons dans les écoles.
3) qu'il faudrait qu'on trouve une distro orientée éducation pour s'affranchir de la vente liée et donner des PC "libres".
Voilà !
[^] # Re: Ni tout blanc, ni tout noir.
Posté par GG (site web personnel) . Évalué à 1.
Regarde sur le site de Knoppix, il y a une distrib "éducative".
Pourquoi bloquer la publicité et les traqueurs : https://greboca.com/Pourquoi-bloquer-la-publicite-et-les-traqueurs.html
# le professeur est un homme avant tout...
Posté par cosmocat . Évalué à 8.
Et comme toute personne, ils ont tendences à être frileux (en majorité) avec les nouveautés (surtout technologiques). Surtout qu'il faut vouloir se remettre en question et qu'il y a une démarche personnelle à faire.
On aurait pu croire que le corps enseignant aurait mieux compris la problématique mais le travail à accomplir le dépasse surement.
Pour résumer (très mal) : les professeurs n'apprennent pas mieux que les autres.
[^] # Re: le professeur est un homme avant tout...
Posté par Sylvain Sauvage . Évalué à 3.
— il enseigne, donc il sait ;
— il sait, donc il n’a pas à apprendre.
En ce qui me concerne, je ne dirai ni l’un (que les professeurs n’apprennent pas mieux que les autres) ni l’autre (qu’ils sont moins enclins à se (ré)apprendre).
La première assertion tient de l’argument éculé « il y a autant de X partout » (avec laquelle on arrive à dire qu’il y a autant de personnes malhonnêtes dans la police et la magistrature que dans la population carcérale).
La seconde porte sur des conclusions improuvées : on pourrait tout aussi bien dire qu’il enseigne donc il sait ce que c’est que la pédagogie et l’apprentissage, qu’en outre il a déjà appris, et donc qu’il sait apprendre.
En résumé : Riton, remets-en une, c’est ma tournée…
[^] # Re: le professeur est un homme avant tout...
Posté par Earered . Évalué à 2.
ou sans remettre en question sa capacité à apprendre, le prof sait et pas ses principaux interlocuteurs 8h par jour, il est donc dans une attitude ou il a toujours raison (c'est criant avec pas mal d'instits, pardon professeur des écôles) attitude dont il a du mal à sortir.
Ce qui est hors de son domaine de savoir est ignoré/rejeté/oublié plus ou moins consciemment, et plus ou moins fortement selon les cas.
Riton, une deuxième!
P.S. pour en revenir au sujet principal, la France n'a pas définit de modèle économique dans sa constitution, donc promouvoir les modèles économique comme alternatif n'est probablement pas la solution pour l'Éducation. Par contre, montrer que c'est dans l'intérêt de nombreux secteurs (i.e. développement durable, mutualisation, format standard) et ne pas ignorer d'un revers de main les logiciels gadget (logiciels avec une durée de vie sur le marché de qq mois, typiquement les jeux vidéos, mais potentiellement aussi certains utilitaires avant d'être intégré dans la distrib, pour lesquel une diffusion gratuite initiale n'est pas viable) dans l'argument devrait avoir plus de poids.
On peut aussi ajouter les secteurs indus concurrentiel ayant suffisamment de budget pour financer un éditeur faisant évoluer rapidement (de façon garantie) le logiciel, qui n'ont pas l'habitude de coopérer et pour lesquels il vaut mieux un tiers neutre définit qu'un syndicat pour développer leurs outils.
En gros: logiciel généraliste+infra+standard et accepter que les logiciels pour la gestion du personnel en droit du travail français des fonderies d'acier bretonne tenant compte des aides territoriales à l'emploi soit développer peut être sur des briques libres, éventuellement comme serveur hors de l'entreprise, mais éventuellement de façon proprio et que certaines formations/spécialite seront quoi qu'il arrive formé sur des prog proprio ou sur serveur (parce que donner l'habitude aux petites entreprises de de _payer_ quelqu'un pour adapter/modifier/améliorer un logiciel, ça n'est pas encore fait, un comptable ça passe, mais la compréhension de ce que peut représenter un dev info (en gros un gratte ciel ou un pont) n'est pas dans beaucoup de tête)
Pour le comment y arriver, il faut prévoir la transition et les reliquats (le quoi n'est pas dur à trouver, la pratique est parfois cruelle).
Une idée: framework de dev de logiciel éducatif (les p'tit prog de physique/chimie/bio/éco ne s'intéressant qu'à un cours/formule)
Trouver une formulation pour que l'idée que l'enseignant doit assurer l'enseignement et pas seulement enseigner (par définition du fonctionnaire) passe, et soit valorisante (le nom du prof, ou un sondage des logiciels utilisés pour que les profs qui font ces petits logiciels soit gratifié (éviter qu'il ne soit plus rentable de faire un mauvais cours en classe et des cours particulier de qualité à ses élèves ou d'écrire des livres et de toucher qq centaines d'euros par an de droits d'auteur (comment ça je force le trait?)).
Il faut surtout penser aux raclures (quoi? /me innocent) , un système qui ne tient pas compte de l'existence de raclures (bon, on va dire égoïste) a tendance à ne pas se corriger de lui même. Que le système valorise ceux de bonne volonté et ne se casse pas la gueule avec une poignée d'égoïste (plus simple rentable de faire des choix proprio: imposer un modèle de calculette parce que l'éditeur à fournit les cours prémacher, la prise pour le rétro, et la calculette gratuite au prof est un exemple de comportement dont il faut tenir compte).
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