Journal Le mardi, c'est cinéma : The Impossible ne l'a même pas tenté !

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20
nov.
2012

Cher Journal,

Demain sort sur les écrans (c'est l'expression consacrée ; les comiques parleront plutôt de déferlante) The Impossible, un film américano-espagnol sur un drame thaïlandais : le tsunami de décembre 2004.

Un film américano-espagnol sur un drame thaïlandais, pourquoi pas. Après tout, on n'est pas obligé de narrer que ce qu'on a connu (ça c'est un sous-genre : le cinéma/la chanson française).

Le réalisateur, comme son nom le suggère (Juan Antonio Bayona), est espagnol, et le film prend appui sur l’histoire vraie d'une famille espagnole en vacances en Thaïlande.

Le casting fait la part belle aux anglais (Naomi Watts et Ewan McGregor dans les rôles principaux).

Je ne vous dirai pas si le film est réussi car je ne l'ai pas vu (au moins je le dis, moi).

En fait je me faisais juste la remarque que ça n'aurait pas été hors de propos de faire un film sur le drame thaïlandais, en mettant en scène la réalité vécue par les thaïlandais, à travers leurs yeux, plutôt que de filmer le drame d'une famille d'occidentaux qui passent leurs vacances au mauvais endroit. Certes il aurait fallu un casting oriental, sans doute moins vendeur en occident. Mais peut-on exploiter ce drame et tenir ce raisonnement décemment ?

Alors certes le réalisateur n'a sûrement pas tenu ce raisonnement. Étant espagnol, l'histoire de cette famille espagnole a dû lui parvenir rapidement et avec intensité. Certes les acteurs qui permettent à la vision a priori légitime du réalisateur du prendre forme n'ont pas non plus de scrupule à avoir.

Mais on ne m’enlèvera pas le doute que les financiers se sont posés cette question, et que de possibles films sur la catastrophe thaïlandaise (ou d'autres de par le monde) adoptant le point de vue local n'ont pas et ne verront pas le jour faute de répondre aux critères des financiers occidentaux, et que cette façon de traiter les catastrophes du bout du monde à travers notre seul regard n'est pas la plus glorieuse

  • # Boomerang

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

    de possibles films sur la catastrophe thaïlandaise (ou d'autres de par le monde) adoptant le point de vue local n'ont pas et ne verront pas le jour

    Qui te dis qu'il n'y a pas des tonnes de films thaïlandais qui sont sortis sur ce drame ? Ou bien peut-être estimes-tu que seuls les films occidentaux sont légitimes et que tous les autres ne comptent pas ?

    • [^] # Re: Boomerang

      Posté par  . Évalué à 5.

      Ta remarque est pertinente, on a en effet un peu l'impression d'un passage sous silence du cinéma thaïlandais. Cependant :

      Mais on ne m’enlèvera pas le doute que les financiers se sont posés cette question, et que de possibles films sur la catastrophe thaïlandaise (ou d'autres de par le monde) adoptant le point de vue local n'ont pas et ne verront pas le jour faute de répondre aux critères des financiers occidentaux, et que cette façon de traiter les catastrophes du bout du monde à travers notre seul regard n'est pas la plus glorieuse

      C'est pourtant clair :)

      Sur le fond du propos. Je trouverais peut-être encore moins glorieux qu'un occidental fasse une film (également occidental) « la catastrophe du point de vue d'un local ». La production est occidentale, le point de vue également, ça me semble logique.

      Par contre, en effet, ça pourrait être bien, si le film fait de l'argent, de financer un film thaïlandais fait par un thaïlandais sur cette catastrophe. (Oui je kiffe les virgules…)

  • # J'écris : Onomatopée de grand-mère, mais devant mon écran, je la prononce.

    Posté par  . Évalué à 2. Dernière modification le 20 novembre 2012 à 15:02.

    2022 (สึนามิ วันโลกสังหาร), 2009, Toranong Srichua, TH.
    un peu HS mais pas tant : Hereafter, 2009, Eastwood, US.
    Il a du y en avoir quelques autres encore, dont pas mal d'indiens et de japonais, mais j'ai la flemme de chercher et je ne parle pas les bonnes langues.

    Le réalisateur, dans le genre de film dont tu parles, n'a l'initiative de rien. C'est juste qu'il en faut bien un pour dire action et cut. Comme il faut quelqu'un au générique (c'est culturel), autant mettre icelui. Pour le reste de ce que tu écris… bref.

    Comme tu as parlé d'un film de merde, je te condamninvite à regarder… pause de quelques secondes… 3 films extraordinaires de Satyajit Ray, qui composent la trilogie d'Apu : Pather Panchali, Aparajito, Apur Sansar.

    • [^] # Re: J'écris : Onomatopée de grand-mère, mais devant mon écran, je la prononce.

      Posté par  . Évalué à 0.

      Le réalisateur, dans le genre de film dont tu parles, n'a l'initiative de rien.

      En même temps, l'idée que le réalisateur est l'unique créateur du film, unique garant de sa vision artistique reste très européenne si ce n'est franco-française. La notion de réalisateur comme auteur, c'est l'héritage de la nouvelle vague et de la politique éditorial des cahiers du cinéma.
      Aux État-Unis, le producteur est plus ou moins considéré comme l'égal du réalisateur surtout que contrairement à celui-ci il encoure le risque financier. Parce que bon, on aime bien l'oublier mais produire un film demeure un risque important. Oui, ça veut dire que le producteur a son mot à dire sur le montage final et oui, parfois on obtient des coupes regrettables pour satisfaire l'opinion. Maintenant, est-ce toujours un mal ? J'en doute. Avoir un regard extérieur peut aussi avoir du bon. Que celui qui n'a jamais vu une version director's cut moins bonne que le montage d'origine me jette la première pierre (ah, Cinema Paradiso).

      D'accord, le réalisateur du fait de la direction est le centre de l'équipe mais parfois ça m'attriste un peu cette tendance a totalement ignoré le travail des scénaristes, dialoguistes, décorateurs…

      • [^] # Re: J'écris : Onomatopée de grand-mère, mais devant mon écran, je la prononce.

        Posté par  . Évalué à 3.

        Parce que bon, on aime bien l'oublier mais produire un film demeure un risque important

        C'est pour ça que certains conservent une autre activité (comme la viticulture pour Francis Ford Coppola) pour financer leurs films et ainsi rester indépendants.

        Article Quarante-Deux : Toute personne dépassant un kilomètre de haut doit quitter le Tribunal. -- Le Roi de Cœur

  • # ~~~~

    Posté par  . Évalué à 10.

    Bref, encore un film qui ne fera pas de vague…

  • # Précision

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

    Je me suis peut-être mal exprimé mais mon propos critique est relatif à l'angle adopté par le cinéma occidental traitant de catastrophes orientales.
    J'espère bien que les arts locaux évoquent les problèmes locaux (cf le rap US pour prendre un exemple de notre culture occidentale, etc.) !

  • # Ce sera fait

    Posté par  . Évalué à 4.

    Ne t'inquiète pas, on aura surement droit à un ou des films ou documentaires sur Sandy qui parleront de la population indigène.

    Tous les nombres premiers sont impairs, sauf un. Tous les nombres premiers sont impairs, sauf deux.

    • [^] # Re: Ce sera fait

      Posté par  . Évalué à 4.

      Tu veux parler d'un film avec des Haïtiens ?

      • [^] # Re: Ce sera fait

        Posté par  . Évalué à 10.

        Non, faut pas déconner, je parle des gens qui ont vraiment souffert ! Plus d'électricité, pendant plusieurs (!) jours, tu imagines le calvaire ? Les Haïtiens, eux, ils ont l'habitude.

        Tous les nombres premiers sont impairs, sauf un. Tous les nombres premiers sont impairs, sauf deux.

        • [^] # Re: Ce sera fait

          Posté par  . Évalué à 4. Dernière modification le 21 novembre 2012 à 01:35.

          Nan mais c'est une occasion manquée, vu que la dernière fois Sarko avait fait un caca nerveux parce que les Américains étaient arrivés à Haïti avant lui (ce qui n'est pas poli d'ailleurs: de toute façon ils crèvent en masse, alors qu'on attende 2 jours de plus ou de moins pour que la France débarque en premier, ça changeait quoi franchement??).

          Moi je pensais qu'on allait y envoyer de l'aide en jet supersonique juste après Sandy pour être sûr d'y être les premiers!!

  • # Un documentaire compilant des témoignages y compris de locaux

    Posté par  . Évalué à 1.

    Bonjour.

    Juste pour signaler l'existence d'un documentaire disponible en plusieurs parties sur YouTube et dans lequel apparaissent des témoignages de locaux.
    Ce documentaire s'appuie sur des films amateurs tournées pendant la catastrophe, pendant les secousses, pendant le déferlement des vagues successives, et ensuite plusieurs jours après la catastrophe.
    http://www.youtube.com/watch?v=b9DMiy_DVok&feature=related < partie 1 … les suivantes sont faciles à trouver, il y en a 7 en tout il me semble.

    Je ne porte pas de jugement sur le documentaire, les images amateur prise sur le moment reflètent peut être mieux la réalité qu'un film, rien n'est moins sur, mais je pense qu'il peut être intéressant de comparer le contenu du documentaire à celui du film indiqué par l'auteur du journal.

  • # Un flim américano-espagnol

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

    Cela concerne des espagnols, ne serait-ce plutôt un flim hispano-américain, mais avec des acteurs britanniques ? (c'est une vraie question, j'ai du mal à suivre :D).

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