L'histoire commence la semaine dernière quand j'ai commencé à recevoir du phishing pour le Crédit Mutuel, mais avec des URL qui pointaient toutes vers les serveurs de Wikimedia.
Très étonnant, trop même.
J'ai décidé de faire remonter l'information à Wikimedia, qui me répond connaître ce problème depuis un moment, une quantité d'outils et d'abus les ciblant à cause de la résolution vers ses serveurs.
Bien sur, aucun phishing n'est hébergé chez Wikimedia, seul les domaines de phishing pointent dessus.
Habituellement, les site de phishing détectent les IP des outils de signalement et renvoient vers une page anodine. (c'est là où on constate l'impuissance de la solution d'Orange phishing-initiative qui n'ira pas plus loin après une vérification positive, malgré le nombre de signalements…)
Une première hypothèse commune était que les domaines pointaient temporairement vers les serveurs de Wikimedia le temps de déjouer les outils de signalement. Or, cette stratégie ne peut pas fonctionner: La campagne de spam perd son efficacité avec le temps, et les outils sérieux prendront en compte les signalements successifs.
En creusant un peu plus, une résolution DNS sur le lien donne bien le serveur de Wikimedia.
;; ANSWER SECTION:
isg.strinygys.com. 53 IN A 208.80.154.224
Or, je me trouve en Asie en ce moment. Il y aurait-il une réponse différente en fonction de la zone géographique ? Pour cela il faut que les criminels aient le contrôle de la réponse, donc du serveur faisant autorité.
Voyons, via whois, qui fait autorité pour ce domaine de phishing
Domain Name: strinygys.com
Name Server: NS1.SPERTYION.INFO
Name Server: NS2.SPERTYION.INFO
Des serveurs DNS qui ne sont pas ceux d'un registrar. Voyons plus loin:
NS1.SPERTYION.INFO has address 62.84.182.241
inetnum: 62.84.176.0 - 62.84.191.255
netname: TT-20240627
descr: Contabo GmbH
Les réponses de résolution DNS sont donc émises par des serveurs DNS hébergés sur des serveurs dédiés Allemands.
Possiblement, ils peuvent donc faire tourner un serveur DNS modifié qui répondra différemment en fonction de la zone géographique, et donc de la cible d'attaque définie (France pour le Crédit Mutuel).
Validons la théorie. Retentons via un VPN sortant en France:
;; ANSWER SECTION:
isg.strinygys.com. 60 IN A 208.80.154.224
Zut. Rien de changé. Toujours une réponse vers Wikimedia.
Pourtant ces campagnes de phishing durent, donc c'est que ça fonctionne pour eux.
Pourquoi alors n'ai je pas la réponse me donnant le serveur web de phishing ?
Pour avoir une réponse différente il faudrait faire du DNS poisoning, mais impossible pour eux de cibler tout le monde, à moins que…
Tentons autre chose, mais en forçant la demande via les serveurs DNS de Free
host isg.strinygys.com 212.27.40.240
Using domain server:
Name: 212.27.40.240
Address: 212.27.40.240#53
Aliases:
isg.strinygys.com has address 62.84.182.241
Bingo.
On se retrouve donc avec une technique insidieuse, ne résolvant vers le phishing que quand la demande est effectuée par les caches/DNS des fournisseurs Français. D'autant plus facile étant donné que la liste des IP des ces serveurs est forcément publique.
En configurant la résolution via un serveur habituellement non filtré comme Google ou Cloudfare, le phishing n'est donc plus effectif. Cela pourrait éviter ce type de phishing, or la loi Française a pour effet de contraindre le fournisseurs à fournir des box qui ne résolvent que par leur propres serveurs.
# Merci
Posté par fearan . Évalué à 6 (+3/-0).
Super journal, je ne connaissais pas cette technique, encore plus fourbe que regarder de user agent avant d'afficher la page de fishing.
J'ai regardé et évidemment j'ai bien la mauvaise adresse qui est résolue via l'OS (mais le navigateur lui est en DoH, donc la page ne réponds pas :) alors qu'un curl lui se connecte.
Faut voir le bon coté des choses nos gouvernements s'acharnent activement à ce qu'on s'affranchisse des DNS des FAI en leur obligeant de mentir :)
Il ne faut pas décorner les boeufs avant d'avoir semé le vent
Envoyer un commentaire
Suivre le flux des commentaires
Note : les commentaires appartiennent à celles et ceux qui les ont postés. Nous n’en sommes pas responsables.