Journal Michel Gensollen, un économiste comme je les aime.

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6
juil.
2004
Bonjour Journal,

Je viens de lire les deux dernières études de Michel Gensollen sur son site : http://www.gensollen.net/article1.htm(...)

La première parle d' économie non-rivale et communautés d'information : http://www.gensollen.net/CarryleRouet_040519.pdf(...)

Personnellement, je ne suis pas fan d'économie, mais là, j'ai vraiment bien aimé sa théorie, par contre, je serais pas fichu de la résumer correctement, disons que grosso-modo ça reprend pas mal les idées du Chaudron Magique de Eric S. Raymond mais en formalisant un peu plus la théorie économique, enfin à mon humble avis de non-économiste.

La deuxième faite pour la Fondation Internet Nouvelle Génération est une réponse (par la négative ;-) au projet de taxation de l'upload émis par le CERMA : http://www.fing.org/index.php?num=4864,4(...)

Où il démontre que : "la proposition de taxer l'upload pour rétablir la rivalité des biens culturels et pour transformer Internet en média de masse va exactement à l'encontre de ce qu'il faut faire."

Si parmi vous, il y a des personnes qui connaissent ces études et qui ont un bon bagage en économie, j'aimerais avoir leur avis.

Merci d'avance pour vos réponses.
  • # Interressant

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

    Je viens de lire la seconde étude et je la trouve pas mal.

    Elle nous prouve que l'histoire est un éternelle recommencement...

    A lire...
  • # Quelques critiques

    Posté par  . Évalué à 1.

    J'ai trouvé le texte très intéressant mais j'ai quelques critiques importantes. J'essayerrais de séparé autant que possible de séparé les critiques de l'idéologie (on échappe jamais à l'idéologie en économie) et les critiques plus méthodologiques.

    Dans son analyse de la kula, l'auteur reprend les catégories occidentales, à savoir :
    - L'ensemble est composé d'individu, un individu étant une personne libre d'agir en dehors de son cadre sociale
    - Les individus sont gouvernés par leur intérêt, ils agissent donc de manière égoïste.

    Je ne tiens pas à remettre en questions ces principes dans la société occidentale mais la méthodologie qui consiste à les transposer à une autre forme de vie.

    Pour essayer de comprendre pourquoi ils agissent ainsi ne peut donc être fait qu'en regardant la conception que les membres ont d'eux-même (par exemple au travers de leurs mythes, etc....), c'est à dire leur culture. Essayer de l'approcher au travers de la culture occidentale (individus, rationalité, intérêt) ont conduit bon nombre d'études à des échecs que Marshall Sahlins à mis en évidence (échec de type : fausse donnée, contradiction logique etc. ). L'ensemble de la critique ne vient pas de moi, mais de Marshall Sahlins éminent anthropologue américain (article wikipédia : http://en.wikipedia.org/wiki/Marshall_Sahlins(...)).

    Pour ce que je connais de la Kula par ailleurs, si les membres y participent c'est parce qu'ils y trouvent un sens. Un sens qui est commun à l'ensemble des membres. La participation est dés lors l'affirmation, la reconnaissance de ce sens commun. Les membres n'agissent plus dés lors de manières libres mais dans l'expression de ce sens qui les dépasse (car appartenant à la forme de vie particulière de la kula). Ils ne peuvent donc être interprété comme des individus, ils ne sont pas libre. On pourrait prendre comme exemple, la dime au Moyen Age. Les croyants n'étaient pas libres, remettre en questions la dime, revenant à remettre en question l'église, ce qui n'est pas pensable à l'époque, tout comme il n'est pas pensable d'affirmer aujourd'hui que la gravité n'existe pas.

    Les membres n'agissent donc pas selon leurs intérêt individuelle, mais cela ne signifie pas non plus qu'ils agissent de manière altruiste.

    Je cite : "l'argent peut effectivement se reproduire, puisques les machines augmentent la productivité". Bien qu'il reprenne des apports de Marx à plusieurs endroit ici il manque le coche. Marx a justement mis en lumière que cette reproduction de l'argent n'est possible qu'en extorquant une plus value sur la force de travail, car toute production est le fruit du travail. Ici l'augmentation de la productivité est le fruit du travail des chercheurs ainsi que des travailleurs ayant produit la machine en elle-même. Donc non l'argent, n'est pas reproductible. Pour quelle étrange raisons l'argent serait le seul bien à se reproduire tout seul ?

    Bien que tout au long du texte, il affirme que l'échange asynchrone ne relève pas du don, il reprend ça et la des comportement que l'on retrouve dans les analyse du don (redevabilité par exemple). Il fait ca, pour montrer que l'échange n'est pas altruiste, et que par conséquent la communauté du logiciel libre ne risque pas les mêmes faiblesses que les communautés utopique du 19eme siècle. Or, le don, en tout cas tel que le conçoit Marcel Mauss et que je le comprend, n'est pas nécessairement altruiste ou désinteresser. Il s'agit plus d'une relation à l'Autre et d'une relation à l'objet, d'une relation au sens de ce qui est échangé qui est différente que dans le marché. Le don peut même être un moyen de domination dans certains cas. Il s'agit de ne pas idéaliser le don. Pour plus sur ce sujet, je vous invite à lire mon article "Culture du don dans les logiciels libres" que vous pourrez trouver ici : http://hacker.nabix.net(...) (eh oui, je suis justement économiste m'intéressant au logiciel libre et a l'anthropologie).


    Mais il n'en reste pas moins que c'est un très bon texte. Le meilleurs cadeau que l'on puisse faire à un texte, est de le critiquer, d'où cette critique. J'ai particulièrement apprécié la partie sur les méta - marché que j'ai trouvé très intéressante.

    Donc j'en recommenderait la lecture, pour autant que l'on aie à l'esprit la critique de Sahlins faite à ce genre d'analyse.

    Je trouverais intéressant d'en discuter plus avant, donc n'hésitez pas à poster remarque et critiques.

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