C'est tombé comme un smartphone tombe d'une poche de chemise quand on se penche pour ramasser les frites tombées du cornet lorsqu'on a regardé sa montre. Paf! Le mail avec la pièce jointe au format Word, sujet "Votre participation au plan social".
Bla-bla-bla … remodélisation du département … bla-bla … prime de départ … bla-bla … votre contrat arrive à échéance le … bla.
S'il a d'abord pensé que c'était à cause de l'IA, Henry s'est souvenu que, ces derniers mois, il a surtout servi de chauffeur, de prof remplaçant de pilates, de réparateur de machine à café et de compteur de trombones. Autant de tâches difficiles à réaliser pour ChatGPT.
Devant un documentaire animalier dans son salon, Henry essaie de se remémorer les bons moments passés à l'entreprise… Adèle, Maria, Sylvette… Non, ça, au fond, ce n’était pas des moments tellement bons. Alors quoi? Le remplacement de la brocheuse du cinquième? La découverte du wifi sans fil? Le passage à Google Chrome?
Au moment où, sur son écran, le lion bondit sur la gazelle, Henry a une révélation: il n'a jamais été un lion; juste une gazelle. Sur toute la durée de son engagement, il n'a été qu'un fichu sous-fifre, assistant-aide-adjoint, lampiste dans la pénombre, le gars qu'on croise et qu'on n'regarde pas.
Il se sent pousser des ailes, alors que la lion a presque terminé son repas et que la lionne et les lionceaux arrivent pour profiter eux aussi du festin.
Retourner au bureau et leur dire leurs 4 vérités? Trouver un poste enfin à la hauteur de l'idée qu'Henry a de lui-même? Partir ferrailler contre le monde à la recherche d'un nouveau soi, plus clinquant?
Que feriez-vous à la place d'Henry?
# Déterrer les cadavres
Posté par Philippe F (site web personnel) . Évalué à 4 (+2/-0).
En tant que grouillot de fond du couloir, mobilisable à merci, considéré comme trop bête pour remarquer quoi que ce soit d'inhabituel ou trop lâche pour en faire un fromage, Henry a du être témoin durant ces années de petits arrangements avec la loi. Puisque l'heure des comptes a sonné, il est temps de faire un grand travail d'introspection et de mémoire, pour voir si un cadavre ne pourrait pas être déterré et posé sur le bureau du PDG. Ou sur celui de Mediapart.
Si aucun cadavre ne se présente, il reste un plan B: cette boite a forcément des ennemis. Il reste un mois à Henry pour les trouver et leur faire passer quelques petites informations de façon anonyme. Un peu risqué mais tellement bandant ! Rien que d'y penser, Henry se sent mieux. Pour dire, il s'est pas senti aussi bien depuis la fermeture de youporn!
# Les lions, c'est vraiment des feignasses
Posté par Olivier Esver (site web personnel) . Évalué à 4 (+2/-0). Dernière modification le 22 août 2025 à 16:42.
Il me semble que dans le documentaire, c'était une lionne et non un lion.
Les lions ne chassent presque jamais, ils "protègent" le territoire et mangent en premier, mais de là à bouger leur gros cul pour chasser…
S'il y a un problème, il y a une solution; s'il n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème.
# Henry est heureux
Posté par Voltairine . Évalué à 5 (+3/-0).
Henry est heureux parce qu'il va quitter ce boulot qui ne le passionnait pas. Il n'y restait que par peur du changement et en échange d'un salaire.
Henry est heureux car il aura maintenant du temps libre pour cultiver son jardin.
Claude a une situation stable et un bon salaire et suffira bien à faire vivre le couple. Et si besoin est, Henry a démontré ses capacités adaptation et la diversité de ses compétences (prof remplaçant de pilates, de réparateur de machine à café et de compteur de trombones) et trouvera sans problème une autre occupation rémunérée.
Henry est heureux d'être une belle gazelle et non ce gros con de lion qui ne chasse pas lui- même mais laisse cette tâche au femelles quitte à bouffer leurs petits en cas de nécessité.
Henry est heureux car il n'a pas cet esprit revanchard qui pourrit la vie de la plupart de ses congénères.
# Je ne m'en fais pas pour lui
Posté par Serge Julien . Évalué à 2 (+0/-0).
De même que les programmeurs qui causent COBOL s'arrachent à prix d'or, Henry peut espérer un bel avenir professionnel : il fait partie des rares personnes qui savent encore se servir d'un fax, et ça vaut son pesant de cacahuètes, ça !
À condition toutefois de ne plus laisser sa cravate se faire happer par l'engin, mais Henry sait apprendre de ses erreurs : on ne le voit plus qu'avec un nœud papillon, ces dernières années…
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