https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/opendata/RAPPANR5L17B1479.html
La parution d'un Rapport de la commission d'enquête concernant l'organisation des élections en France est l'occasion de regarder l'évolution (ou la non-évolution…) des argumentations sur le vote électronique par ordinateurs de vote ou par Internet, notamment.
Partie Machines à voter : sortir de l’ambiguïté : certes ça n'a que trop durer, et c'est honteux en termes de maintenance en conditions opérationnelles et de sécurité… "décourage l’innovation dans un domaine pourtant essentiel à la confiance démocratique" : en quoi est-il "essentiel", ça reste à démontrer. La conclusion Je propose que l’on autorise à nouveau le recours aux machines à voter, dans les communes qui le souhaitent, sous réserve de garanties techniques et juridiques renforcées est surprenante sur la forme en étant un avis perso et sur le fond en niant/méconnaissant les problèmes existants/connus et en disant qu'il suffirait de les résoudre. Yapuka tirer pleinement parti des innovations disponibles, sans compromettre la sécurité du vote.
J'aurais bien voulu plus de discussions sur les disparités vote papier/vote machines, genre un isoloir par 300 électeurs vs un seul isoloir (et les conséquences logistiques) par exemple.
Partie Vote électronique à distance : une prudence renforcée : étonnamment on y trouve des critiques que l'on aurait voulu voir sur les machines à voter comme l'incertitude structurelle en ouvrant la voie à des contestations, même sans incident avéré ou l'impossib[ilité] de procéder à un recomptage, rendant toute vérification concrète impossible et aggravant la portée d’éventuelles contestations.
Et les conclusions
- Lever le moratoire sur les machines à voter en autorisant les communes qui le souhaitent à les utiliser, sous réserve d’un encadrement technique rigoureux et actualisé.
- Refuser le vote électronique à distance à l’échelle nationale, en raison des risques accrus de contestation du scrutin et de l’impossibilité d’un recomptage.
J'aurais bien aimé aussi une discussion sur la multiplicité des contextes électoraux suivant les tailles de villes (machines à voter par exemple), les lieux (spécificités Paris ou Marseille ou outremer) ou les scrutins (ressortissants européens, vote par Internet pour les Français à l'étranger ou pas, panachage de listes, etc.), etc. Tout ça rend le côté "universel du vote dans une République unie" un peu fictif ou du moins bien compliqué pour l'électeur lambda.
# un jour ils vont finir par passer.
Posté par fearan . Évalué à 10 (+7/-0). Dernière modification le 08 juin 2025 à 10:36.
j'ai du mal a suivre leur raisonnement,
mais
tous le soucis de la machine à voter est le recomptage, on ne peut avoir confiance en une boite noire; il peut y'avoir tant de faille sur toute la chaine (humaine, matérielle, logicielle) qu'aucune élection ne pouvant être humainement et visuellement vérifiée ne saurait atteindre le standard minimum qu'on puisse attendre d'une démocratie.
Alors certes, le hack matériel d'une machine (ou des machines) n'est pas à la portée du premier politicien venu, mais on sait que les états, pas toujours amis, et des société qui ne sont pas toujours bien intentionnées influent dans les élections, sans compter des personnes qu'ont tellement d'argent qu'elles pèsent de tout leur poids (financier & médiatique) pour faire élire quelqu'un qu'ils estiment leur est favorable.
Pour toutes ces raisons remplacer l'urne transparente par une boite noire n'est pas souhaitable.
Il ne faut pas décorner les boeufs avant d'avoir semé le vent
[^] # Re: un jour ils vont finir par passer.
Posté par bobo38 . Évalué à 1 (+0/-0).
J'ai beaucoup aimé ce lien:
https://linuxfr.org/users/oumph/liens/reversing-breaking-and-fixing-the-french-legislative-election-e-voting-protocol
Un article analysant 5 failles possibles de la première édition, et les réparant. Ça a l'air possible de faire qqch qui atteint les propriétés du vote en isoloir en terme de recomptage, s'assurer que son vote n'est pas modifié, etc… Si le code est ouvert et peut être vérifié par des gens indépendants, avec des propriétés de chiffrement qui permettent à tout le monde de vérifié que le fonctionnement du vote est sincère sans en savoir plus que ce qu'il devrait, ça aide.
Moi-même résidant à l'étranger, mon bureau de vote est à 200km (il y a des endroits où c'est pire, je vous l'accorde). J'ai pu faire le vote électronique 2 fois, et c'était vraiment bien fichu la seconde fois l'année dernière après la dissolution de l'Assemblée Nationale. Sans ça il faut vraiment se motiver avec la logistique pour se déplacer pour, par exemple, des seconds tours à la noix.
Pas sûr que ce soit encore mûr pour passer à l'échelle nationale, mais c'est sans comparaison avec des boites noires à voter…
Retrouvé à partir de cette discussion, qui liste plusieurs fils sur ce sujet
https://linuxfr.org/users/flagos/liens/voici-comment-fonctionne-le-vote-par-internet-pour-les-francais-de-l-etranger
[^] # Re: un jour ils vont finir par passer.
Posté par fearan . Évalué à 3 (+0/-0).
Trop compliqué. Tu ne peux pas demander aux gens d'avoir confiance dans une élection avec des notions aussi pointue en crypto tu vas devoir faire un exposé chaque fois qu'on va de poser des questions
Tant que c'est sur des petits pourcentages, pour permettre à des gens de voter qui n'auraient pas pu voter, je peux comprendre et accepter; si c'est pour fonctionner au niveau national, où l'on a déjà un processus simple, clair, transparent, je tiens a garder la transparence à une boite noire.
et enfin est on certain que ça coûtera moins cher que notre bon vieux système papier.
Il ne faut pas décorner les boeufs avant d'avoir semé le vent
# Quel problème ça résout ?
Posté par gUI (Mastodon) . Évalué à 6 (+3/-0). Dernière modification le 08 juin 2025 à 11:25.
Je n'ai pas vraiment compris quel problème les machines à voter ça résout.
En général on cherche à économiser du pognon, mais je ne suis pas certain que ce soit le cas, parce que en face du coût et de la maintenance des machines, il n'y a pas grand chose à mettre dans la balance : l'impression et l'acheminement des bulletins de vote ? Il me semblait que le coût principal c'est l'organisation du vote lui-même (salle dédiée, municipaux réquisitionnés, assesseurs parfois défrayés etc.) ce qui sera toujours le cas, contrairement au vote par Internet par exemple.
Parce que niveau sécurité et fiabilité, pour faire très régulièrement partie du dépouillement chez moi, je ne vois pas ce qu'on pourrait reprocher au système des enveloppes.
Idem pour la rapidité : en gros c'est 1h après la fermeture du bureau que les résultats sont remontés au ministère. Je ne vois pas trop ce qu'il y a à gagner que ce soit instantané.
Du coup c'est quoi les arguments POUR ?
En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.
[^] # Re: Quel problème ça résout ?
Posté par Antoine J. . Évalué à 2 (+0/-0).
C'est moderne et innovant.
[^] # Re: Quel problème ça résout ?
Posté par Voltairine . Évalué à 3 (+1/-0).
Ce qui est moderne et innovant c'est le remplacement du vote par des choix fiat par l'IA.
[^] # Re: Quel problème ça résout ?
Posté par Benoît Sibaud (site web personnel) . Évalué à 5 (+2/-0).
Les personnes auditionnées spécifiquement sur le vote élec (sauf erreur de ma part) :
– Mme Véronique Cortier et M. Pierrick Gaudry, informaticiens, directeurs de recherche au sein du Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications (Loria-CNRS/Université de Lorraine/Inria), contributeurs à la conception du logiciel de vote électronique code source ouvert Belenios (a priori plus sur le vote par Internet que sur les ordinateurs de vote)
– Représentants de l’Association des villes pour le vote électronique (AVVE) : M. Didier Gonzales, président, maire de Villeneuve-le-Roi, M. Guillaume Boudy, maire de Suresnes, et M. Etienne Béranger, adjoint au maire d’Issy-les-Moulineaux (le microlobby des pro-votes par machines à voter, une sous-partie d'une trentaine des 63 communes y ayant encore recours https://avvecollectivites-fr.over-blog.com/ils-nous-ont-rejoint.html ; il fait rêver ce site)
- l'ANSSI
Seuls les deux derniers sont mentionnés explicitement dans la partie ordinateurs de vote, les pro étant enthousiastes et l'ANSSI très réservée (sans surprise). Et ce n'est pas nouveau, cf
https://questions.assemblee-nationale.fr/q17/17-1642QE.htm
Les arguments des pro : rapidité, écologie du pas de papier et infaillibilité technique (ont écarté l’existence de risque de sécurité informatique sic). Le seul qui tienne la route est rapidité (est-ce utile/nécessaire d'être rapide n'étant pas abordé). Vraiment rien de neuf en 20 ans…
Nb: cela va sans dire mais ça va mieux en le disant, le rapport contient plus de sujets que ce que je mentionne ici, avec 115 recommandations sur la liste électorale, l'ingérence étrangère, la citoyenneté, le pluralisme des médias, etc. Je ne me focalise ici dans ce journal que sur la partie vote élec.
[^] # Re: Quel problème ça résout ?
Posté par gUI (Mastodon) . Évalué à 5 (+2/-0).
Ah merci. Donc on est d'accord que :
- rapidité : gain réel certes. L'intérêt c'est autre chose, mais oui, c'est un argument
- écologie : là c'est déjà bcp plus compliqué à évaluer (construction et entretien des machines vs papier recyclé) mais admettons
- infaillibilité technique : mouahahahaha !!!
Donc on a 1 vrai argument, 1 argument limite-mais-admettons, et 1 qui est clairement faux.
Je vais vraiment commencer à croire que les défenseurs veulent réellement pouvoir truquer les résultats.
En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.
[^] # Re: Quel problème ça résout ?
Posté par Benoît Sibaud (site web personnel) . Évalué à 4 (+1/-0).
Je réside dans une commune à machines à voter. Je reçois plus de papier de la commune chaque mois ou deux mois que pour un scrutin électoral (~1 / an en comptant les tours ?) : le journal de la ville (par ailleurs disponible en ligne). Comparer un besoin institutionnel, occasionnel et argumenté vs un besoin de communication, choisi et régulier. Bref le moins de papier pour les scrutins, je peux le concevoir en coût et en logistique pour la commune, mais pas en écologie.
[^] # Re: Quel problème ça résout ?
Posté par Renault (site web personnel) . Évalué à 3 (+0/-0).
Mouais, suffit de parler à pas mal de gens qui n'ont pas réfléchi à la question que ce soit des personnes ayant un bagage techniques ou pas et tu constateras que les préoccupations concernant la sincérité du scrutin ou de manipulations du dit scrutin sont écartées bien facilement. Même en expliquant le soucis.
Donc je ne suis pas convaincu que leur entêtement prouve quoique ce soit à ce sujet. C'est peut être le cas, mais sans doute pas.
# Màv
Posté par Pascaltech (site web personnel) . Évalué à -1 (+1/-1).
Pour l'élection de 2007, j'étais à Reims, qui vote plutôt à droite, 100000 habitants, le scrutin se terminait à 20 heures, le vote s'effectuait par machine à voter.
A Lille, qui vote plutôt à gauche, 120000 habitants de mémoire, le scrutin se terminait à 18 heures, le vote s'effectuait à l'isoloir.
Je me souviens que la radio avait annoncé que les machines à voter de Reims ont dû être alimentées différents car elles avaient un problème de fonctionnement. Dois-je vous expliquer ce qu'est un courant porteur ?
Si l'on est conscient du danger d'utiliser des machines à voter, que fait on pour corriger les précédentes élections.
Qui a décidé d'utiliser des màv ? Peut-être le ministre de l'intérieur de l'époque.
Pascaltech
# Créons un mouvement
Posté par gUI (Mastodon) . Évalué à 3 (+0/-0).
Je propose de créer un mouvement "je ne voterai pas sur une machine".
Attention, ce n'est pas anodin :
Quoi d'autre comme implications ?
En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.
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