Interview de Célia Margotteau, designeuse UX et UI

28
29
fév.
2020
Graphisme/photo

Les T‑shirts avec les suricates, c’est elle, une partie des visuels du site Tracim, c’est elle, lʼinterface Tracim, c’est aussi elle en partie.

Pour tout dire, quand LeBouquetin a évoqué, dans une dépêche plus générale, le recrutement de Célia, j’ai pensé que ça pouvait être un bon sujet pour cette série d’entretiens. Le temps, ensuite, de jouer avec l’interface, de trouver des questions, nous voilà avec la première interview de cette année.

Dos du T‑shirt aux suricates

 ― Comment devient‑on designeuse UX et UI ?

Pour ma part, j’ai un parcours assez peu conventionnel guidé par la curiosité. De nature créative, j’ai toujours été intéressée par le design graphique et le Web, j’ai donc suivi une formation d’infographiste puis de communication visuelle et enfin sur les médias numériques. Mais ce qui a vraiment été déterminant, ça a été de me rendre compte que ce qui me parlait le plus, ce n’était pas seulement de faire du design ou des interfaces esthétiques, mais vraiment de créer des produits utiles et intuitifs, en comprenant les besoins des utilisateurs. Comprendre les utilisateurs, cela signifie se mettre à leur place, mais surtout observer et essayer de comprendre leurs problèmes sans avoir d’aprioris.

 ― En quoi cela consiste‑t‑il ? Outre les CSS, y a‑t‑il d’autres langages que tu doives connaître, voire maîtriser ?

En fait, en tant qu’UX/UI designeuse, il faut surtout réussir à s’adapter à la fois aux utilisateurs (leur vocabulaire, leurs problématiques, leurs contraintes, leurs intérêts) mais aussi aux équipes de développement, qui ont une grande expertise de leur domaine et qui sont de précieux conseils. Il n’est pas forcément nécessaire de savoir développer pour être UX / UI designer. Personnellement, j’ai des bases en front‑end, et je comprends les grands principes du back‑end, ce qui me permet d’interagir avec les différentes équipes. Il ne faut pas avoir peur de poser des questions et d’apprendre plein de nouvelles choses !

 ―  Quelles sont les spécificités de ces deux types de design UI (interface utilisateur) et UX (expérience utilisateur) ?

Le design de l’interface utilisateur (UI) est une composante de l’expérience utilisateur (UX). Le Nielsen Norman Group définit l’expérience utilisateur comme : « englobant tous les aspects de l’interaction de l’utilisateur final avec l’entreprise, ses services et ses produits ». L’UX correspond donc à tout ce qu’un utilisateur peut expérimenter ou ressentir vis‑à‑vis d’un produit, d’un objet, d’une application, lors de son usage. Pour une application par exemple, cela va correspondre à l’enchaînement logique des écrans, la facilité de trouver les informations, et la facilité pour l’utilisateur d’atteindre son objectif. L’interface est importante parce qu’elle est directement au contact de l’utilisateur, c’est la partie visible de l’expérience.

 ― À ton avis quelles qualités faut‑il avoir pour exercer ce métier ?

Pour moi, les principales qualités seraient : l’empathie, la curiosité et l’humilité. Je vois difficilement quelqu’un réussir dans son travail d’UX designer sans empathie. L’empathie est importante pour réussir à se mettre à la place des utilisateurs et à les comprendre. Rester curieux est aussi essentiel pour continuer à progresser dans le domaine et ne pas hésiter à remettre en question ses acquis. Et enfin l’humilité, car il faut être capable de mettre ses propres croyances et ses aprioris de côté, afin de vraiment s’intéresser aux usages et aux besoins des utilisateurs.

 ― Actuellement, à quel niveau interviens‑tu dans l’élaboration et la conception des interfaces ? Est‑ce que c’est le moment idéal ? Préfèrerais‑tu intervenir plus en amont, plus tard, au début, à la fin ?

En tant qu’UX/UI designeuse, j’interviens de façon transversale dans un projet de création de nouvelle fonctionnalité ou de refonte de l’expérience. J’interviens ainsi tout au long du projet :

  • en amont du développement, les entretiens et les ateliers avec les utilisateurs permettent de comprendre leurs usages et leurs pratiques, afin d’imaginer des expériences adaptées ;
  • pendant le développement, je participe à l’élaboration des spécifications et propose des maquettes présentant les nouvelles expériences et interfaces ;
  • après le développement, en collaboration avec l’équipe de support et l’équipe commerciale, je récupère les retours des utilisateurs afin de continuer à améliorer l’expérience qu’on leur propose.

 ― Quelles difficultés (ou pas, d’ailleurs) rencontres‑tu ou as‑tu pu rencontrer avec les équipes de développement dans le cadre de ton travail (en général, pas spécifiquement chez Algoo) ? Le cas échéant, comment y pallies‑tu ?

Les équipes de développement expérimentées ont un vocabulaire technique qui peut être perturbant aux premiers abords. Cependant, j’ai toujours eu la chance de travailler avec des équipes très ouvertes et compréhensives, qui ont pris le temps de m’expliquer les contraintes de leurs métiers. J’ai beaucoup appris grâce à eux !

 ― As‑tu déjà (en général, pas forcément chez Algoo) été confrontée à des demandes de « dark patterns » (interface truquée d’après Wikipédia) ?

Je n’ai jamais été confrontée à une demande de dark patterns, parce que j’ai eu la chance de pouvoir choisir les gens avec qui je travaillais. Les darks patterns correspondent à des expériences et des interfaces qui trompent sciemment les utilisateurs pour les empêcher de faire des actions qui ne sont pas profitables pour l’entreprise, comme, par exemple, désactiver les cookies (le plus fréquent) ou encore se désinscrire d’un service payant. C’est notre rôle en tant que designers de refuser de créer ou d’utiliser des dark patterns.

 ― Quels sont les soucis d’UX/UI que tu juges les plus fréquents ou notables dans les logiciels libres ?

Un des soucis que l’on retrouve le plus fréquemment, dans tout type d’interfaces et d’expériences, pas seulement dans les logiciels libres, est de vouloir afficher trop d’informations, pensant que plus on affiche d’informations, plus c’est pertinent pour l’utilisateur. Cependant, afficher un grand nombre d’informations augmente la charge cognitive de l’utilisateur et rend sa navigation dans l’interface plus complexe. La loi de Hick est un modèle d’IHM (interaction homme‑machine) qui explique que le temps qu’il faut à un utilisateur pour prendre une décision augmente en fonction du nombre de choix à sa disposition. Concrètement, plus un utilisateur a de choix à sa disposition, plus la décision va être longue et complexe pour lui.

 ― Y a‑t‑il des différences et des spécificités en termes d’accessibilité entre une interface Web et celle d’un logiciel ?

Je dirais que ça dépend beaucoup du contexte, mais globalement les règles d’accessibilité restent les mêmes.

 ― Comment testes‑tu l’accessibilité d’un projet ? Est‑ce que, par exemple, des personnes handicapées participent à ces tests ?

Je teste les projets sur lesquels je travaille en suivant les recommandations des WCAG 2.1 (Web Content Accessibility Guidelines). Je n’ai pas encore eu la chance de pouvoir tester mes designs avec des personnes en situation de handicap mais c’est très clairement un objectif pour moi.

 ― Sur quels logiciels as‑tu été formée ?

Dans mes études, j’ai été formée sur la suite Adobe, sur GIMP, LibreOffice, XMind, 3ds Max, SketchUp, AutoCAD, ou encore Inkscape.

 ― Penses‑tu que la formation que tu as reçue est bien adaptée à la réalité du métier ?

Un élément qui est pour moi essentiel et dont ma formation n’a pas parlé est l’importance du travail en équipe et de la pédagogie à avoir lorsqu’on est designeuse. Je me suis vraiment rendu compte de l’aspect transversal de ce métier qu’une fois en entreprise, où j’ai dû collaborer et m’adapter à de nombreuses équipes et personnalités différentes. Personnellement, j’adore ça, parce que discuter avec les gens de différents métiers et apprendre tous les jours de nouvelles choses me passionne, mais ça a été une surprise. En réalité, faire une interface n’est pas très compliqué, mais faire une interface qui corresponde aux besoins des utilisateurs, aux possibilités techniques, à la philosophie du projet et qui suscite l’engouement des équipes est un challenge à relever.

 ― Est‑ce que c’est toi qui as dessiné les visuels (mascotte, T‑shirt, etc.) du site Tracim et l’interface des outils ?

Quand je suis arrivée chez Algoo, je me suis inspirée de l’identité visuelle existante et je l’ai déclinée sur différents supports, dont les visuels du site tracim.fr ainsi que les T‑shirts d’Algoo. Je travaille sur Tracim depuis un an, et j’ai pu participer à l’élaboration de certaines fonctionnalités comme le partage de fichiers ou encore les onglets des applications (qui sont déjà disponibles dans Tracim), mais aussi sur des fonctionnalités qui sortiront bientôt comme une refonte du système de notifications ou une amélioration de l’historique des contenus. Nous avons aussi passé du temps à retravailler le site tracim.fr afin qu’il présente au mieux Tracim. J’ai aussi participé au lancement de l’instance publique mon.tracim.fr, qui permet aux particuliers et aux associations d’utiliser Tracim sans avoir besoin de compétences techniques spécifiques.

 ― Au niveau professionnel, quels logiciels libres utilises‑tu, sur quel système d’exploitation ?

Au niveau professionnel, j’utilise Inkscape, LibreOffice, Mozilla Firefox, Thunderbird, les outils de Framasoft, Mattermost et Tracim bien sûr. Et je suis sous Debian GNU/Linux 9.9 (Stretch).

 ― Quelle est ta distribution GNU/Linux préférée et pourquoi, quels sont tes logiciels libres préférés ?

Je suis assez classique, j’utilise Debian pour le travail et c’est la distribution qui me semble la plus claire pour une néophyte de Linux comme moi. ☺

 ― Quelle question aurais‑tu adoré qu’on te pose ? (évidemment, tu peux y répondre)
Au niveau personnel, quels logiciels libres utilises‑tu ?

J’utilise Krita pour les illustrations, Blender pour faire un peu de 3D, et Aseprite pour faire du pixel art !

 ― Quelle question aurais‑tu détesté qu’on te pose (en espérant que je ne l’ai pas posée) ?

Je n’en vois pas. ☺

Merci beaucoup pour ces questions !

Au plaisir de répondre aux questions des lecteurs. ☺

Merci beaucoup Célia.

Aller plus loin

  • # Linguistique

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

    Merci pour cette interview. Très intéressant. Et mettant en évidence tout son long le problème de la communication, en le positionnant dans le domaine linguistique. Quelques citations :

    « Comprendre les utilisateurs, cela signifie se mettre à leur place, mais surtout observer et essayer de comprendre leurs problèmes sans avoir d’[A PRIORI[*]]. »

    « En fait, en tant qu’UX/UI Designeuse, il faut surtout réussir à s’adapter à la fois aux utilisateurs (leur vocabulaire, leurs problématiques, leurs contraintes, leurs intérêts) »

    « Les équipes de développement expérimentées ont un vocabulaire technique qui peut être perturbant aux premiers abords. »

    « Un élément qui est pour moi essentiel et dont ma formation n’a pas parlé est l’importance du travail en équipe et de la pédagogie à avoir lorsqu’on est designeuse. »

    Dès le titre, il y a un barbarisme qui me choque : designeuse. Est-ce que le dire en français avec conceptrice, styliste, ou architecte d'interfaces logicielles aurais vraiment été inaccessible ?
    En tout cas on découvre l'envers du décors et un métier qui a son vocabulaire anglicisé tout à fait spécifique. Pas trop surprenant dans un domaine archi-dominée par une industrie outre-atlantique.
    Plus intéressant certainement, visiblement le métier semble pouvoir s'exercer sur la base d'outils libres, et mieux encore en sélectionnant ses projets et employeurs sur une base éthique. J'aurais envie de m'exclamer Kudos. Mais serais-je certain d'être compris par tous les locuteurs francophones ?

    [*] Écris avec l'alphabet latin pour souligner qu'il s'agit d'un emprunt, ce qui explique la difficulté à l'orthographier correctement en français.

    « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

    • [^] # Orthographe

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

      Je m'étais moi aussi posé la question de l'orthographe d'apriori. Il semblerait qu'on écrive «apriori» quand c'est un nom (il s'accorde alors en nombre), et «a priori» quand on l'utilise en adverbe.

      Un LUG en Lorraine : https://enunclic-cappel.fr

      • [^] # Re: Orthographe

        Posté par  . Évalué à 8.

        Réforme de 1990, tous les noms d'origine étrangère s'écrivent en un mot (sans espace ni tiret). Baseball, vadémécum, apriori…

        En tant qu'adverbe, c'est « à priori » en réforme 1990 et « a priori », en italique car mots latins dans une phrase française, en classique.

        Confère http://www.renouvo.org/liste.php .

      • [^] # Re: Orthographe

        Posté par  . Évalué à 3.

        Très bon article, où l'on prend la mesure des facteurs humains intervenant dans le développement de logiciels destinés à des utilisateurs "finaux", pour ainsi dire.

        "a priori" (qui veut dire en latin "avant même de…"). Il y a bien un espace entre le 'a' et "priori". "d’aprioris" est donc assez faux car c'est une substantivation d'une expression adverbiale (cela ne peut être un nom commun). On a des idées "a priori" sur tel ou tel sujet. Evidemment dans le langage courant, il est substantivé : "oh, la, tu as beaucoup d'a priori sur ce sujet !". Mais il reste invariable car au fond c'est un concept.

        Puisque nous sommes en plein latinisme, nous pourrions évoquer le mot "medium" (qui signifie milieu, moyen) et qui devient "media" au pluriel. Donc, pas besoin de mettre l'accent aigu sur le 'e' ni de rajouter le 's' du pluriel.

        Et puis nous pouvons continuer de nous amuser :

        "aux équipes de développement, qui ont… et qui sont de précieux conseils" : les équipes ne sont pas des conseils, elles sont "de précieux conseil". Il s'agit d'un concept qui n'est pas quantifiable par le dénombrement. Le conseil est quantifié à l'intérieur de l'expression par "précieux". Cela pourrait être de "mauvais conseil".

        Bon, il y en a d'autres, mais je m'arrête là. C'était plus par espièglerie que par pontification…

        Vale !

    • [^] # Re: Linguistique

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

      "conceptrice, styliste, ou architecte d'interfaces logicielles aurais vraiment été inaccessible ?"

      Le design va au-delà de toute ça. Cela englobe plus de chose, c'est l’intérêt de créer des mots nouveaux. Typiquement, le design inclus de la spécification, bien plus que les 3 mots que tu suggères.

      "La première sécurité est la liberté"

      • [^] # Re: Linguistique

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.

        En français, effectivement, c'est le cas, alors qu'un ou une styliste, de mode par exemple, est un designer en anglais. Wikipedia donne aussi stylicien comme synonyme.

        Et je pense également que créer des mots nouveaux et en adapter d'autres pour des concepts nouveaux est important et c'est le cas ici. C'est l'un des exemples ou le mot, passé de l'anglais vers le français, acquiert un sens spécifique et précis qu'il n'a pas forcément en anglais.

        « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

      • [^] # Re: Linguistique

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5.

        "conceptrice, styliste, ou architecte d'interfaces logicielles aurais vraiment été inaccessible ?"

        Le design va au-delà de toute ça. Cela englobe plus de chose, c'est l’intérêt de créer des mots nouveaux. Typiquement, le design inclus de la spécification, bien plus que les 3 mots que tu suggères.

        Cela va même encore plus loin. Quand on parle d'expérience utilisateur, on ne parle pas forcément d'interfaces logicielles mais de perception humaine. L'interface est un élément tangible de l'expérience, mais l'expérience est beaucoup beaucoup plus vaste.

        Par exemple sur le sujet des notifications (sujet vraiment d'actualité sur Tracim : on sort d'ici quelques mois une version majeure qui introduit énormément de nouveautés autour des notifications), l'UX Design doit permettre :

        • d'identifier et comprendre les attentes des utilisateurs (quelles notifications, sous quelle forme, pour en faire quoi ?)
        • de proposer des éléments d'interaction pour les opérations qui le nécessitent
        • de mettre au point des algorithmes et des mécanismes pour tout ce qui doit être automatisé
        • de proposer des interfaces logicielles là où il en faut (interface logicielle = interface utilisateur mais pas forcément interface graphique)
        • de se projeter sur les non-dit et les évolutions à prévoir (là on sort un peu de l'UX et on est plus dans l'innovation - et là ça devient un peu + mon rôle et un peu moins celui de Célia en proportion)

        Est-ce que l'utilisateur sourit quand il utilise le logiciel ? Est-ce qu'il désespère que les pages s'affichent ? Est-ce qu'il promeut le logiciel ou en fait une mauvaise publicité (et pourquoi ?)

        • [^] # Re: Linguistique

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

          OK, styliste est un peu limité ici. Mais j'ai dû mal à concevoir l'apport de designer par rapport à architecte ou conceptrice dans le même contexte. D'autant qu'en tant qu'emprunt ça tombe plutôt mal puisqu'à un accent prêt le mot existe déjà dans la langue de molière avec un sens sensiblement orthogonal.

          « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

          • [^] # Re: Linguistique

            Posté par  . Évalué à 1.

            Je suis d'accord avec toi, « conception d’expérience utilisateur » bien qu'un peu long, me parait tout à fait pertinent.

            https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

            • [^] # Re: Linguistique

              Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 0.

              Non, déjà parce que Célia ne se limite pas l'expérience utilisateur puisque qu'elle s'occupe aussi de l'interface utilisateur.

              « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

              • [^] # Re: Linguistique

                Posté par  . Évalué à 3.

                L'interface utilisateur fait parti de son expérience, hein ?

                Généralement on met UX/UI pour 2 raisons :

                1. parce qu'on veut être à peu près compréhensible par des gens qui ne sont pas du domaine quitte à être très approximatif
                2. parce qu'on fait du graphisme. Dis plus simplement, on fait de jolies interfaces, ce qui est complètement orthogonale avec l'ergonomie recherché par les UX (vim possède des qualité de découvrabilité qui est une bonne qualité d'UX, mais on va pas dire qu'il est jolie, au contraire certains sites qui font de l'animation au défilement posent des problèmes d'ergonomie tout en étant très jolis)

                Pour le point 1 on aurait pas besoin d'être approximatif si on choisissait un peu mieux mieux nos mots. Ergonome est évident par exemple. Pour le second point, vu qu'il s'agit de 2 compétences différentes et pas forcément mélangées ça vaudrait le coup d'avoir 2 noms de métier. Styliste montre l'accent mis sur l'interface.

                Mais oui ça n'a pas la hype anglo-saxonne d'un designeuse UX/UI.

                https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

                • [^] # Re: Linguistique

                  Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4.

                  parce qu'on fait du graphisme. Dis plus simplement, on fait de jolies interfaces, ce qui est complètement orthogonale avec l'ergonomie recherché par les UX (vim possède des qualité de découvrabilité qui est une bonne qualité d'UX, mais on va pas dire qu'il est jolie, au contraire certains sites qui font de l'animation au défilement posent des problèmes d'ergonomie tout en étant très jolis)

                  Designer d'interface ça ne veut pas dire webdesigner ou graphiste. Concevoir une interface n'est pas nécessairement un travail esthétique : la position des boutons, des labels, la mise en relief de l'information, ce n'est pas de l'esthétique mais de l'ergonomie.

                  L'expérience utilisateur ce n'est pas dire "je veux le bouton à tel endroit parce que mes yeux vont là" mais "ce que je veux faire c'est consulter le document, pouvoir le valider très facilement et éventuellement accéder à des fonctionnalités avancées".

                  Celia peut faire tout son travail sans la partie graphique/jolie, ça restera un travail d'UX et UI.

                  L’ergonomie est « l'étude scientifique de la relation entre l'Homme et ses moyens, méthodes et milieux de travail » et l'application de ces connaissances à la conception de systèmes « qui puissent être utilisés avec le maximum de confort, de sécurité et d'efficacité par le plus grand nombre ». Il n'est pas tellement question de ressenti. L'expérience utilisateur me semble plus large : il y a une notion d'émotion, de ressenti qui est complémentaire.

                  Croire que le design d'un écran est (uniquement) de l'esthétique est à mon sens une erreur : le choix des couleurs, des tailles de police, la normalisation des espaces entre éléments, la structuration des panneaux etc c'est de l'ergonomie, du confort, pas de l'esthétique.

                  On ne parle pas ici de "webdesign" mais de design d'interface utilisateur - ce sont deux choses encore différentes

                  • [^] # Re: Linguistique

                    Posté par  . Évalué à 3.

                    L'expérience utilisateur me semble plus large : il y a une notion d'émotion, de ressenti qui est complémentaire.

                    Là on parle d'Emotional Design. C'est une composante possible de l’expérience utilisateur pas un fondement.

                    À titre purement personnel, je rapprocherais beaucoup plus ça du marketing. Car ce domaine place l'émotion au centre de son sujet depuis déjà plusieurs décennies. Et clairement je n’adhère pas vraiment avec cette démarche.

                    Autant le boulot d'UX tel que je l'entends et que je l'ai expérimenté en travaillant avec quelqu'un du domaine, qui va suivre l’expérience utilisateur largement au delà de l'interface graphique (oblige t'on l'utilisateur à changer d'applications (pour aller attendre son mail de validation par exemple ? quel est le niveau d'information de l'utilisateur à tout moment du processus ? quels sont les core loops de l'application ? sont ils améliorables ?…) je trouve ça vraiment bien, autant j'aime bien qu'on laisse mes émotions là où elles sont.

                    https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

          • [^] # Re: Linguistique

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

            C'est facile, "architecte" est déjà un mot très précis en informatique. C'est la personne qui fait les choix téchnique d'un point de vue haut niveau. "Conceptrice" est un concept beaucoup plus vague qui inclus tous les développeurs, les PO, etc…
            UC/CX designer est devenu un truc précis aussi.

            "La première sécurité est la liberté"

    • [^] # Re: Linguistique

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

      un barbarisme qui me choque : designeuse

      Il n'y a vraiment pas de quoi évoquer un barbarisme :

      C'est le féminin correct de « designer » terme attesté en français depuis 1969. Aux États-Unis il a prit le sens spécial de « personne qui crée les formes nouvelles du design ». La conception du design au sens actuel est née vers 1925 en Allemagne, aux États-Unis et en France. Design s'est imposé dans le monde entier, il est apparu en France en 1959 et s'est répandu vers 1965.

      Enfin que c'est un retour aux sources, le terme anglais venant du français dessein, comme dans à dessein de…, qui était utilisé pour dessin avec un but jusqu'au XVIIe siècle en France.

      Sources Le Petit Robert et Le Robert Historique.

      "La liberté est à l'homme ce que les ailes sont à l'oiseau" Jean-Pierre Rosnay

      • [^] # Re: Linguistique

        Posté par  . Évalué à 4. Dernière modification le 03 mars 2020 à 09:51.

        Il me semble qu'on disait plutôt «styliste» en 1969, mais c'est si loin tout ça…

        Terme qui présente de plus l'avantage d'être invariable, et qui devrait donc recevoir le label «2020 complaliante» ;)

        Discussions en français sur la création de jeux videos : IRC freenode / #gamedev-fr

        • [^] # Re: Linguistique

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à -2.

          Il me semble

          Les linguistes du Robert se basent sur un grand nombre d'exemple, rien à voir avec l'opinion de chacun.

          "La liberté est à l'homme ce que les ailes sont à l'oiseau" Jean-Pierre Rosnay

          • [^] # Re: Linguistique

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

            Par ailleurs ils ont économiquement intérêt à pousser aux évolutions. L'essentiel des mots qui apparaissent dans les éditions de dictionnaires commerciaux, disparaissent bien antérieurement à leur incorporation dans un dictionnaire académique. Autant éviter ceux-là. Que ce soit pour les fripes ou la langue, la mode me laisse souvent dubitatif.

            « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

      • [^] # Re: Linguistique

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9.

        En anglais le féminin de ''designer'' c'est ''designer''. Et en français aussi. Par exemple ici dans Elle : Les 5 femmes designers du moment. Le mot ''designeuse'' est très récent et est utilisé par les personnes qui confondent genre des mots et genre des personnes.

        • [^] # Re: Linguistique

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à -1.

          En anglais le féminin de ''designer''

          En anglais la plupart des mots n'ont pas de genre.

          Le mot ''designeuse'' est très récent

          Affirmation hasardeuse, non ? sans source linguistique…

          et est utilisé par les personnes qui confondent genre des mots et genre des personnes.

          Le mot « designeuse » est utilisé par l'Éducation Nationale sur le site de l'Onisep (qui informe sur les métiers), il est recensé sur Wikipédia, sur le Wiktionnaire, par l'Alliance Française des Designers en 2010, … Bref, ton propos me semble un peu gratuit.

          "La liberté est à l'homme ce que les ailes sont à l'oiseau" Jean-Pierre Rosnay

          • [^] # Re: Linguistique

            Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à -3.

            C'est d'ailleurs pourquoi j'ai repris le terme. Et, en français, quand on parle des personnes, on féminise le nom de leur profession. C'est valable pour bien des métiers et des fonctions :
            chancelière, infirmière, directrice, présidente, institutrice, etc.

            « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

            • [^] # Re: Linguistique

              Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

              Et, en français, quand on parle des personnes, on féminise le nom de leur profession.

              Pas forcément, cela dépend des professions. Il n'y a pas de règle universelle. Certaines professions ont un mot pour les hommes et un pour les femmes, d'autres pas. On dit un ministre, un auteur, une vedette, un médecin, un juge, une sentinelle. Il n'y a pas forcément de raison d'insister sur le genre du professionnel.

              • [^] # Re: Linguistique

                Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à -4.

                Ah non, on dit une ministre, une secrétaire d'État, une juge, une magistrate, une procureure, une auteure ou une autrice, vedette et sentinelle ne sont pas des professions soit dit en passant.

                On dit un médecin (qu'on a du mal à féminiser, autrefois on parlait de médecineuse, que je trouve très joli), mais une généraliste, une cardiologue, une rhumatologue, une chirurgienne, une gynécologue, une ophtalmologue et aussi une kiné. On parle aussi de la toubib.

                « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

            • [^] # Re: Linguistique

              Posté par  . Évalué à 3.

              infirmière

              Je ne connais pas l'histoire de ce mot, mais c'est peut-être un mot qui a d'abord été au féminin avant d'être masculinisé.
              Quelqu'un sait comment on peut savoir cela ?

              • [^] # Re: Linguistique

                Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à -3.

                Si je te dis fermière, tu penses pareil ?

                « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

                • [^] # Re: Linguistique

                  Posté par  . Évalué à 4.

                  Je ne comprends pas ce que tu veux dire.

              • [^] # Re: Linguistique

                Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5. Dernière modification le 04 mars 2020 à 18:25.

                Par exemple via la littérature ? Google Books Ngram Viewer

                (troll: c'est fiable, on voit un premier échec de Linux en 1803, avant une percée dans les années 90)

              • [^] # Re: Linguistique

                Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

                Quelqu'un sait comment on peut savoir cela ?

                En regardant dans la littérature comme mentionné, mais aussi dans les anciens dictionnaires. Par exemple le premier dictionnaire de l'Académie française date de 1694. Sinon pour savoir d'où vient un mot et ses caractéristiques, l'étymologie est très instructive. Les genres des mots en français viennent souvent du latin, et les mots du latin sont parfois également empruntés à d'autres langues.

                Pour infirmière, si on en croit le wiktionaire: (1398) De l’ancien français enfermier (1288), composé sur le mot enferm, lui-même dérivé du latin infirmus (« qui n’est pas ferme, au moral comme au physique »). S’occuper des infirmes est à l’origine largement considéré comme une tâche féminine puis, à partir du XIIe siècle, les ordres religieux organisent la profession selon des critères de charité et d'amour de Dieu : le soin bénévole est pris en charge par la structure religieuse, par exemple les religieuses de l’Hôtel Dieu, les nobles soignant dans les fondations hospitalières, ou certains frères et sœurs se déplaçant à domicile.

              • [^] # Re: Linguistique

                Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2. Dernière modification le 04 mars 2020 à 19:47.

                Quelqu'un sait comment on peut savoir cela ?

                En regardant dans la littérature comme mentionné, mais aussi dans les anciens dictionnaires. Par exemple le premier dictionnaire de l'Académie française date de 1694. Dedans figure infirmier mais pas infirmière, cependant le terme renvoie à ferme avec beaucoup d'autres, voir page 596 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k12803924/f624.item.zoom

                Cela ne marche pas dans notre cas précis, mais souvent, pour savoir d'où vient un mot et ses caractéristiques, l'étymologie est très instructive. Les genres des mots en français viennent souvent du latin. Dans notre cas, infirmière comme infirmier viennent d'infirme, donc l'étymologie n'aide pas pour départager les deux mots.

                Pour infirmière, le wiktionaire donne quelques informations historiques: (1398) De l’ancien français enfermier (1288), composé sur le mot enferm, lui-même dérivé du latin infirmus (« qui n’est pas ferme, au moral comme au physique »). S’occuper des infirmes est à l’origine largement considéré comme une tâche féminine puis, à partir du XIIe siècle, les ordres religieux organisent la profession selon des critères de charité et d'amour de Dieu : le soin bénévole est pris en charge par la structure religieuse, par exemple les religieuses de l’Hôtel Dieu, les nobles soignant dans les fondations hospitalières, ou certains frères et sœurs se déplaçant à domicile.

      • [^] # Re: Linguistique

        Posté par  . Évalué à 6.

        Enfin que c'est un retour aux sources, le terme anglais venant du français dessein, comme dans à dessein de…, qui était utilisé pour dessin avec un but jusqu'au XVIIe siècle en France.

        Parce que concepteur et conceptrice ça le fait pas ? Je trouve que c'est nettement plus élégant et ça n'ajoute pas des bizarreries au français :

        • la terminaison et -er qui se prononce "eur"
        • le i qui se prononce "aie"
        • le e qui se prononce "i"

        https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

        • [^] # Re: Linguistique

          Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à -4.

          Comme on l'a dit, c'est trop restrictif. À métier nouveau, mot nouveau.

          « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

          • [^] # Re: Linguistique

            Posté par  . Évalué à 9.

            À métier nouveau, mot nouveau.

            Ça n'est pas un nouveau métier (si on regarde un peu le domaine, on voit qu'il y a eu une bascule au début on parle bien d'ergonomie) et ce n'est pas un nouveau mot (il suffit de regarder la définition de Cambridge par exemple pour s'en rendre compte).

            Il s'agit de l'usage d'une nouvelle application d'un domaine déjà existant, mais au lieu de créer un nouveau mot ou de réutiliser un existant on préfère faire un anglicisme. C'est un choix qui peut s'expliquer, mais qui n'aide pas à la beauté de notre langue ni à sa simplicité.

            Quelque soit le nombre de fois que tu affirmera « non, mais tu comprend pas c'est nou-veau ! » sans autre forme d'arguments.

            Si on veut vraiment aller loin dans l’étymologie. L’expérience utilisateur c'est défini par l'ensemble de norme ISO 9241, qui parle en substance d'ergonomie (en français comme an anglais).

            https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

            • [^] # Re: Linguistique

              Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 1. Dernière modification le 03 mars 2020 à 12:30.

              L'expérience utilisateur, dans ce contexte, c'est plus vaste que l'ergonomie. Moi aussi, je pensais que c'était surtout ça, mais en fait pas que.

              D'ailleurs Célia l'explique bien.

              « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

            • [^] # Re: Linguistique

              Posté par  . Évalué à -2.

              "C'est un choix qui peut s'expliquer, mais qui n'aide pas à la beauté de notre langue ni à sa simplicité."

              Trop drôle !

        • [^] # Re: Linguistique

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2. Dernière modification le 04 mars 2020 à 18:50.

          Le mot est entré dans l'usage depuis longtemps, comme indiqué. Son emploi ou non relève du choix personnel si on trouve que le sens existait déjà. La langue évolue perpétuellement, pas la peine de se disputer. Les mots disparaissent, réaparaissent, changent de sens, la mode parisienne emprunte à l'anglais, tandis que les québécismes renouvellent astucieusement le vocabulaire (email => mel => courriel), etc. Boris Vian disait « C'est bien plus bath que le foie gras en terrinne » tandis qu'Ottawan hésitait entre ok, bath et in. Les années ont tranché : c'est cool maintenant.

          "La liberté est à l'homme ce que les ailes sont à l'oiseau" Jean-Pierre Rosnay

  • # coquille

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

    Firebox -> Firefox

  • # Question aux visiteurs (pour Célia je connais la réponse)

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 7.

    Parmi les lecteurs de LinuxFR, celles/ceux d'entre vous qui conçoivent des écrans, quel logiciel utilisez-vous (qu'il soit libre ou propriétaire) ? Et pour faire du Webdesign ?

    J'avoue qu'on a quelques trous dans la raquette question "utilisation de logiciels libres uniquement" (j'ai d'ailleurs un sujet de journal ou dépêche sur le sujet en réflexion), et peut-être que vos réponses à cette question pourront participer à la découverte collégiale d'outils de qualité et insoupçonnés !

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