Les problèmes de licence de WebM résolus

Posté par  (site web personnel) . Modéré par Benoît Sibaud.
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juin
2010
Communauté
Il y a quelques semaines, Google annonçait le projet WebM (Matroska + VP8 + Vorbis). Ce dernier était publié sous une licence combinant droits d'auteur et brevets que l'entreprise possède sur la techno. Le problème était que cette licence, de par ses spécificités, rendait WebM incompatible avec la GPL.
Le 4 juin 2010, Google a annoncé la modification de la licence et la résolution de ce problème. La licence de l'application WebM était très claire : une combinaison de licence BSD et d'une autre, gérant les parties brevetées, inspirée de la licence Apache 2.0. Le problème se posait en termes de compatibilité : celle-ci était compromise en raison de l'ensemble licence « droit d'auteur »/« brevets ». Ainsi, « si une action en justice concernant les brevets était entreprise à l'encontre de Google, la licence gérant les brevets accordés à l'attaquant serait invalidée. {*}

Cette clause n'est pas inhabituelle dans le cadre de licences open source et des clauses similaires existent dans la licence Apache 2.0 et dans la GPLv3. Le problème était que la nôtre invalidait "n'importe quels" droits et pas seulement les droits sur les brevets, ce qui la rendait incompatible avec les licences GPLv3 et GPLv2. Également, ce faisant, la possibilité que nous créions une nouvelle licence open source était réelle ; et c'est quelque chose auquel nous sommes hostiles. »

Version originale: "As it was originally written, if a patent action was brought against Google, the patent license terminated. This provision itself is not unusual in an OSS license, and similar provisions exist in the 2nd Apache License and in version 3 of the GPL. The twist was that ours terminated "any" rights and not just rights to the patents, which made our license GPLv3 and GPLv2 incompatible. Also, in doing this, we effectively created a potentially new open source copyright license, something we are loath to do."

Pour sortir de cette situation, une nouvelle itération sur le texte de la licence de WebM a été effectuée. Ainsi, la solution au problème vient de la séparation des clauses de brevets de celles de droit d'auteur. En conséquence, la licence du logiciel est une pure BSD à trois causes (parfaitement compatible avec la GPL).

La licence traitant des brevets permet désormais à tous ceux souhaitant distribuer le logiciel d'exercer tous les droits et se conformer à toutes les conditions de la GPL. En conclusion, Google ne crée pas une nouvelle licence régissant les droits des auteurs de logiciels libres et open source, mais en plus rend sa techno libre et gérée par une licence sans petits caractères fâcheux en bas de page.

Tout est bien qui finit bien !

{*}Cette phrase est un peu complexe et son original n'est pas très détaillé. Pour plus de précisions : Additional IP Rights Grant (Patents).

Aller plus loin

  • # Le N900 gère déjà WebM/VP8

    Posté par  . Évalué à 8.

    C'est dans ces moments là que l'on se sent si bien en open-source!

    Et que personne ne vienne pas me parler de la 4ème itération du fancyJailPhone ...

    Merci à google et surtout à la communauté!
  • # Google et la philosophie du libre

    Posté par  . Évalué à 2.

    Google, du moins ses dirigents, sont à fond pour le libre et linux.
    Tous d'abord, ils sont utilisateurs de linux depuis leurs débuts (du moins leur moteur).
    Ensuite, ils ont mis en place le google summers of code et ils sortent leur propre distribution.
    Enfin, ils répondent favorablement à la lettre ouverte de la FSF sur le format VP8.

    Mais à coté de ça, il essaient de développer leur entreprise, sans forcement mettre le libre en avant dans leurs communication.
    Ils sont dans la publicité, et le traitement de l'information est leur cœur de métier.

    Le risque serait de voir émerger un ensemble de système basés sur linux, qui étoufferaient les autres projets libre, mais sans porter la philosophie du libre.

    On le voie un peu avec Android sur les téléphones portable, et bientôt sur netbook (déjà?) où c'est finalement la marque google qui est mise en avant au détriment du coté libre et open-source.

    Je pense que google est un de nos meilleurs allié dans le développement du libre, mais il ne doit pas faire cavalier seul.
    C'est à nous, utilisateurs convaincue, de promouvoir le libre.
    Il m'arrive de dire aux gens, ce telephone fonctionne sur Android.
    On me répond alors: "c'est quoi Android".
    A ce moment là, au lieu de dire: "C'est le système d'exploitation de google", il faut dire "c'est un système d'exploitation basé sur du logiciel libre, notamment linux"
    • [^] # Re: Google et la philosophie du libre

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

      A ce moment là, au lieu de dire: "C'est le système d'exploitation de google", il faut dire "c'est un système d'exploitation basé sur du logiciel libre, notamment linux"

      Continue la discussion alors :
      - C'est quoi Linux?
      - C'est un système d'exploitation, dont le développeur principal / coordinateur n'a rien à faire du libre, il utilise une licence libre car c'est le meilleur moyen de développer de son point de vue, et envoie balader les "utilisateurs convaincus" comme moi.

      sans forcement mettre le libre en avant dans leurs communication.

      Normal : on ne parle pas dans une communication sur le fait que c'est écrit en C++ ou Java non plus, que l'IDE est Eclipse, que le compilateur est GCC etc... Le libre est majoritairement utilisé parce que c'est le meilleur moyen d'avoir un bon produit (comme on choisit le language, l'IDE, le compilateur...), c'est une caractéristique interne au produit, c'est dans les plaquettes publicitaires de B2B, pas de B2C (le client veut juste que ça marche, il s'en fout de comment ça marche, lui parler de comment ça marche est un bon moyen de le faire aller voir un "vendeur" qui voudra bien lui parler de ce qu'il cherche)

      A la limite, pourquoi pas dire "c'est Android, qui par son modèle de développement te garantie une évolutivité forte, plein de logiciels", bref des trucs qui parlent au client, et seulement si il demande "ah c'est quoi le modèle développement" (si il est intéressé par ce qu'il y a sous le capot) lui parler du libre, de Linux etc... Tous les acheteurs de voitures n'achètent pas Auto-plus, tous les acheteurs de Smartphones ne s'intéressent pas à ce qu'il y a sous le capot.
      • [^] # Re: Google et la philosophie du libre

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

        >>> C'est un système d'exploitation, dont le développeur principal / coordinateur n'a rien à faire du libreop loin.

        Même si Linus est indéniablement un pragmatique je pense que ta phrase va trop loin.
        • [^] # Re: Google et la philosophie du libre

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

          Je te l'accorde, la phrase est caricaturale, elle était la pour titiller, contre-balancer l'idée que le libre peut être un argument "de vente" au client et enlever l'idée que tous les libristes font du libre "de combat".
      • [^] # Re: Google et la philosophie du libre

        Posté par  . Évalué à 3.

        Tous les acheteurs de voitures n'achètent pas Auto-plus

        Mauvais exemple, Auto-plus c'est un peu le windows mag de l'automobile. ^^
        • [^] # Re: Google et la philosophie du libre

          Posté par  . Évalué à 3.

          c'est le pilote automatique de l'automobile.

          Ben oui !

          " Le premier Journal qui se met à la place du conducteur ."

          Sedullus dux et princeps Lemovicum occiditur

  • # GPL encore

    Posté par  . Évalué à -3.

    On voit bien les limites de cette licence un peu près incompatible avec tout sauf avec elle-même.

    Tous les nombres premiers sont impairs, sauf un. Tous les nombres premiers sont impairs, sauf deux.

    • [^] # Re: GPL encore

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

      Au contraire, grâce à elle, on a encore évité une licence de plus qui aurait compliqué le paysage. Cette licence est donc une des merveilles du libre.
      • [^] # Re: GPL encoret

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

        Euh, tu as lu la licence GPL ? car avec ses 674 lignes, elle participe activement à la complication de ce paysage.
        • [^] # Re: GPL encoret

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9.

          Si tu as une solution pour protéger de la même manière avec moins de lignes, n'hésite pas à proposer ta science.
    • [^] # Re: GPL encore

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

      La GPL est conçue pour donner un maximum de droits à l'utilisateur, tout en protégeant le développeur des envies de l'utilisateur de fermer le code. Pour résumer, la GPL essaye de mettre l'indicateur au bon endroit entre liberté et non-liberté pour protéger la liberté.

      La licence initiale de Google mettait le curseur plus loin au niveau de la non-liberté de l'utilisateur, est-ce un mal d'avoir voulu remettre le curseur vers plus de libertés pour l'utilisateur?

      Il faut bien mettre des limites à un moment ou à un autre, et la GPL a réussi tant bien que mal à fédérer assez de monde autour d'un positionnement du curseur, pourquoi le lui reprocher? Qu'est-ce que tu proposerais à la place? De tout mettre en BSD 2-clauses comme ça plus d'emmerdes de licences?

      Tu noteras que le but de la licence de Google était de fournir plein de droits à plein de monde, donc le but de Google est de fournir une licence compatible avec d'autres licences. Ils n'est donc pas stupide que ce soit Google qui s'adapte à la volonté de liberté d'une autre licence.

      PS : personnellement, je n'aime pas la GPL justement parce qu'elle interfère avec la licence de code qui n'a rien à voir avec le code qu'elle protège, mais je reste lucide : la GPL remplit très bien son rôle de propagation du copyleft en empêchant du code sous une licence qui interdit trop de choses d'utiliser du code GPL, la GPL est utile pour les développeurs qui savent pourquoi ils l'utilisent.
      • [^] # Re: GPL encore

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

        Quand la BSD permet de faire un code fermé, seul celui qui le ferme pense en retirer un avantage et cela ne dure qu'un temps.
        La licence GPL est féconde car le code ne peut jamais se refermer.

        La licence BSD était une super bonne idée qui correspondait au contexte du marché de l'informatique. Elle avait pour but de permettre à un étudiant de monter son entreprise avec le fruit de ses travaux de recherche. Mais les temps ont changé et la GPL s'est avérée plus productive. En effet, avec elle, un contributeur n'a jamais la sensation de travailler pour le roi de Prusse. C'est sans doute le principal facteur de la prépondérance actuelle de GNU/Linux sur le noyau BSD.
        Un exemple : Combien de développeurs sur OSX et combien sur GNU/Linux ? (Les articles de Patrick_G donnent la réponse pour le kernel).
        • [^] # Re: GPL encore

          Posté par  . Évalué à 5.

          > La licence GPL est féconde car le code ne peut jamais se refermer.
          La GPL n’a pas empêché que Nessus ne devienne propriétaire.

          De même, du code sous BSD restera sous BSD. Seuls les forks et les versions ultérieures peuvent devenir propriétaire. Exactement comme la GPL pour celui qui possède les droits sur le code, au final. La seule différence, c’est qu’on a pas besoin d’être le propriétaire pour en faire un fork non libre. Ou si tu préfères, la BSD, c’est une GPL où tout le monde est propriétaire du code ;)
          • [^] # Re: GPL encore

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

            Même si je préfère l'esprit "copyleft" de la GPL, j'ai choisi la licence BSD pour mon logiciel.

            La GPL est longue à lire et difficile à comprendre alors que la BSD tient en quelques phrases simples.

            Je préfère une licence qui sera lue et comprise :-)

            Le post ci-dessus est une grosse connerie, ne le lisez pas sérieusement.

          • [^] # Re: GPL encore

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

            Oui, ce raisonnement est correct, mais on peut considérer que les forks non libres permis par la licence BSD sont des fuites du patrimoine commun alors que la GPL ne les permet pas.

            Doit-on se réjouir de ces fuites ? C'est toute la question.

            je connais l'argument de facilitation de l'adoption de standards avec l'exemple de TCP/IP, mais je me pose aussi la question pour OSX qui ne rapporte pas grand chose à l'éco-système BSD. La licence LGPL répond au problème de l'adoption des standards par le monde propriétaire.

            Dans le même temps, Linux et la GPL raflent la mise dans le TOP-500 des plus gros ordinateurs et Linux fait un tabac dans l'embarqué. Comment l'expliquer si ce n'est la licence ? Car BSD a une excellente réputation de solidité et de sécurité.
            • [^] # Re: GPL encore

              Posté par  . Évalué à 3.

              >on peut considérer que les forks non libres permis par la licence BSD sont des fuites du patrimoine commun
              Non.
              De même que le « copier = voler » des majors est faux du fait qu’une copie ne détruit pas l’original, un fork non libre n’est pas une fuite : l’original est toujours là.

              >je me pose aussi la question pour OSX qui ne rapporte pas grand chose à l'éco-système BSD
              Mais que lui fait-il perdre ?
              • [^] # Re: GPL encore

                Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

                un fork non libre n’est pas une fuite : l’original est toujours là.

                Qui entretien l'original ?
                Si c'est l'auteur original qui crée un fork pour en faire une activité commerciale, toutes les corrections ne seront pas forcément basculées sur la version libre.

                On sait tous qu'un projet ne vit que par le nombre de ses contributeurs, si une partie ne veut plus jouer le jeu, ça baisse mécaniquement la qualité de l'ensemble.

                Si on met en rapport avec l'article qui montre que plus on partage la connaissance, plus on accélère l'acquisition de connaissances et la résolution des problèmes.

                Donc pragmatiquement et éthiquement, la GPL est la licence la plus adaptée si on veut que l'informatique progresse.

                Si on a toujours l'idée de commerce derrière la tête, il faut faire du BSD (soit pour faire adopter ses standards, soit pour être racheté plus tard), même si à la base, la BSD est plus libre, elle est plus "abusable" aussi.

                Sorti de là, c'est trollesque puisque ces licences n'ont pas le même but, commerce Vs idéaux.
                • [^] # Re: GPL encore

                  Posté par  . Évalué à 4.

                  > Si c'est l'auteur original qui crée un fork pour en faire une activité commerciale
                  Encore une fois : la GPL le permet également, cf Nessus

                  > On sait tous qu'un projet ne vit que par le nombre de ses contributeurs, si une partie ne veut plus jouer le jeu, ça baisse mécaniquement la qualité de l'ensemble.
                  Tu confonds respecter la licence et contribuer upstream. Ce sont deux choses différentes.
                  Quand tu fais des modifs, la GPL ne te force qu’à offrir celles-ci à tes clients qui, dans 95% du temps, s’en fichent comme de leur première cravate. Encore que certains ont un certain attachement sentimental à leur première cravate. À partir de là, deux choses l’une :
                  - soit tu as intérêt à ce que tes modifs soient intégrées upstream, pour des raisons de facilité de maintenance (maintenir un fork, c’est pas forcément malin). Dans ce cas, GPL ou BSD, même combat.
                  - soit tu n’as aucun intérêt à ce que ces modifs soient intégrées, et dans ce cas, tu peux les garder pour toi. La GPL ne t’oblige, encore une fois, qu’à les offrir à ton client, et il y a peu de chances qu’il te les demande. Et s’il te les demande, il y a toujours peu de chance pour qu’il envoie upstream (sans compter que si tu veux _vraiment_ pas qu’il le fasse, il y a généralement moyen de négocier, plus ou moins honnêtement, hein). Pour upstream : GPL ou BSD, bonnet blanc ou blanc bonnet, sauf dans des cas très spécifiques.

                  > ces licences n'ont pas le même but, commerce Vs idéaux.
                  Ça, par contre, c’est trollesque.
                  Tous mes projets sont en BSD, mais je n’espère pas une seule seconde en tirer un revenu un jour.
                  QT est sous GPL, pas BSD.
                  Je vais nourrir le troll donc : tu as raison. GPL pour commerce, BSD pour idéaux.
                  • [^] # Re: GPL encore

                    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

                    QT est sous GPL, pas BSD.

                    QT est sous licence proprio 100% commerciale ;-)
                    Blague à part, Qt est sous licence LGPL, pas GPL. Nokia a la volonté de diffuser plus fortement Qt que feu Trolltech, donc a changé la licence, sans pour autant aller jusqu'à la BSD.

                    Je vais nourrir le troll donc : tu as raison. GPL pour commerce, BSD pour idéaux.

                    Plein de gens font de la GPL pour ses idéaux (refuser que ça passe proprio, c'est un idéal) sans avoir la moindre envie de faire du commerce.
                    Google, bien commercial, diffuser WebM en BSD (+ un truc sur les brevets, mais ça ne change pas l'idée de la BSD) avec l'objectif de faire baisser ses coûts de licence vidéo (avec MPEG-LA)

                    Vous ne pouvez pas catégoriser aussi facilement commerce/idéaux avec GPL/BSD, les 4 possibilités existent.
            • [^] # Re: GPL encore

              Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

              La licence LGPL répond au problème de l'adoption des standards par le monde propriétaire.

              Si ton but est l'adoption de standards, la LGPL est "moins pire" que la GPL clairement, mais reste contraignante pour une entreprise non habituée au libre (soit 90% des entreprises)
              La BSD 2-clauses est bien plus adaptée, laisser le maximum de droits sur le code, sans obligation au fournisseur de fournir 10 pages de LGPL à l'utilisateur, et donc plus utile pour l'adoption de standards.

              Si tu veux qu'un standard soit adopté, le code exemple doit être le plus diffusable possible, c'est un choix à faire entre liberté du code et liberté du standard, tu ne peux avoir le meilleur des 2 mondes comme ça.

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