• # plutôt la grève des bonnes volontés

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    Je n'aime pas trop le ton de l'interview, avec ce prisme et cette façon de dire qu'il n'y a qu'une solution et qu'il faut déserter. Cage dorée. Bourgeois. Tout ça. Pour autant je ne pense pas qu'on puisse vraiment influencer les choses de l'intérieur en ce qui concerne l'agenda écologique.

    Voici la phrase que j'ai retenue:

    « il faut s’intéresser à toutes celles et ceux qui tiennent le système parfois contre leur gré »

    Nous sommes nombreux (nombreuses) à penser que si nous n'étions pas là la baraque s'effondrerait. Pour de bonnes ou de mauvaises raisons… (même les tocards le pensent parfois). Pour ma part, c'est s'assurer que même si les indicateurs officiels sont au vert (quelle autre couleur ? sans déconner ?), les probabilités de désastres industrielles et de retours massifs sont acceptables et les livrables ont un sens et sont cohérents et permettent aux gens en aval de prendre des décisions rationnelles (même si on me dit que de me focaliser sur les indicateurs :-P bon, j'ai de la chance d'avoir un chef qui apprécie l'effort). Et on se reconnaît entre gens qui tiennent la baraque :-P Il y a plein de réseaux existants de gens qui tiennent la baraque.

    Ça fait plusieurs années que je pense à la grève de la bonne volonté. J'en parle depuis quelques temps un peu (beaucoup) plus à des collègues : époque favorable avec des licenciements, suivis de départs "volontaires", suivis d'augmentations à 0% pour cette année. C'est juste une mesure saine de laisser partir 2-3 feux, qu'on éteindrait à la source d'ordinaire; pour éviter d'autres licenciements, sinon ce sera la même l'année prochaine (oui je suis dans l'optimisation et la justification, c'est mal). J'ai même suggéré à mon chef de laisser partir 1 ou 2 feux, que c'était ce qui arrivait quand on perdait 20% de son équipe.

    Si toutes les bonnes volontés laissaient moisir 10% des sujets qui partent en vrille (pour compenser les 10% d'inflation - au hasard), on pourrait aboutir à des résultats intéressants, qui pourraient rappeler le prix du travail (qui n'est pas qu'un coût). Facile à justifier si on passe son temps à s'occuper que tout le reste tourne et qu'on est sous l'eau.

    Bien sûr il faudra VISIBLEMENT éteindre le(s) feu(x), avec plus ou moins de friction, en bon pompier (bien optimiser les feux: il faut qu'on voit bien les flammes, et qu'ils soient solvables sans s'arracher les cheveux, tout en justifiant d'y passer beaucoup de temps; pour avancer sur les projets garages utiles dans le futur - Don't be evil). Dans ma boite, on adore les pompiers, des héros… je ne vous raconte pas ;-) Quand les problèmes se résolvent tout seuls, difficile de le voir :-P Et pourtant c'est ce qu'on fait à longueur de semaine.

    C'est plus facile de lâcher un peu le contrôle (que de déserter), surtout quand on tient la baraque « contre son gré », ou que « la direction ne le mérite pas », . Et qu'on le lache ce contrôle sans le lacher, parce qu'il y a un plan B.

    Jouer sur ce sentiment de tenir la baraque + le penchant à l'optimisation me paraît plus à même de réussir qu'une idéologie de la désertion parfumée de simplification "ingénieur=bourgeois" telle que je l'ai lue. Surtout en partant du principe que "si tous les ingénieur·e·s étaient rationnel·le·s ils feraient comme moi". Il faut focaliser sur la création des conditions du changement et de la discontinuité de la routine, pas sur le résultat escompté (ou la confirmation de sa grille de lecture).

    Les gens font ça sans le savoir depuis que le travail pour autrui existe :-P (Le sabotage - Emil Pouget "Il en est de lui comme de toutes les formes de révolte, il est aussi vieux que l'exploitation humaine." https://www.gutenberg.org/files/57766/57766-h/57766-h.htm )

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