Jehan a écrit 1633 commentaires

  • [^] # Re: Félicitations

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche GIMP 2.10.24: version cartographe. Évalué à 10. Dernière modification le 21 avril 2021 à 21:25.

    Je comprends ça, mais je me rends compte que j'ai mal formulé ma question. Ce que je demandais c'est plutôt : les gens qui vous financent cliquent sur "financer ZeMarmot" ou sur "financer Gimp" ?

    Y a un seul bouton sur les plateformes de financement. Ils nous financent pour un projet (pas pour un morceau de celui-ci). 🙂

    Ensuite on sait que certains nous disent clairement donner pour le logiciel, d'autres ne sont intéressés que par le film, certains adorent la combinaison. On le sait car parfois des gens nous le disent. Mais majoritairement on ne sait pas.

    On sait aussi que parfois certains ne veulent pas donner au contraire à cause de ce doublon. Notamment beaucoup ne comprennent pas que sans l'un, l'autre n'existe pas, surtout ceux qui ne sont intéressés que par le logiciel. Ceux là veulent donner pour GIMP mais c'est tout (ça semble filer des boutons à certains de donner pour un projet de film d'animation, peut-être que c'est trop "gamin" pour eux? Ou autre raison?). Y a aussi ceux qui ne donnent pas car on ne s'appelle pas GIMP. Ils veulent absolument une fondation GIMP ou assimilé, mais quand on leur dit qu'ils peuvent donner aux développeurs directement, non ça va pas (même si on est officiellement affilié et nos financements mis en avant sur la page de donation de GIMP).

    Enfin voilà, y a un peu de tout. Mais ça ne reste que des exemples potentiellement uniques que j'ai pu monter en épingle moi-même au fil des ans sans m'en rendre compte puisque la plupart des gens qui donnent ou ne donnent pas ne nous ont pas dit pourquoi ils le font (ou pas). 🤷

    D'après ce que je comprends vous n'avez pas encore de quoi vivre … vous faites quoi en parallèle ? Des boulots alimentaires ? Dans quel domaine ?

    En 2018-2019, j'ai bossé un an en CDD pour le CNRS. En 2019-2020, j'ai bossé un an en CDI pour une petite association de regroupement de cinémas indés/art et essai mais ça s'est terminé en septembre dernier en licenciement économique. Depuis plus de 6 moins donc, je suis au chômage.
    Avant qu'on me demande, je ne travaille pas pour des SSII, et encore moins pour des GAFAMs (je sais ce que je perds, y a 10 ans, j'avais un salaire 3 à 3,5 fois plus élevé en startup que mes salaires de ces dernières années, mais c'est un choix; maintenant même pour l'alimentaire, je veux des emplois qui ont du sens).

    Aryeom fait de temps en temps d'autres petits projets. Dans les années passées, elle a fait notamment des vidéos par exemple pour Les Petits Frères des Pauvres ou pour Framasoft, voire des projets pour des assos dans l'écologie (mais pour l'instant c'est resté à l'état de discussion). Il lui est arrivé de faire des trucs comme des pin's pour la FSF ou autres dessins. Elle a aussi donné des cours à l'université (retouche et illustration avec GIMP) 3 ans de suite, en 3ème année de licence.

    Donc oui voilà, on fait quelques autres trucs, mais on aimerait idéalement se concentrer plus sur nos projets (surtout que chaque boulot alimentaire nous prend plus de temps sur ZeMarmot que le temps officiellement pris). Et dans tous les cas, on choisit ce sur quoi on travaille, même pour ces autres boulots.

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: GeoTIFF

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche GIMP 2.10.24: version cartographe. Évalué à 8.

    Pour info, tout est faisable, ça ne dépend que des contributeurs. Il suffirait de quelqu'un intéressé qui décide d'implémenter pour aller plus loin.

    Je sais que la personne qui a originellement demandé la prise en charge utilisait un autre logiciel en parallèle. De mémoire, il éditait d'abord sa carte dans un logiciel de cartographie qui créait les tags GeoTIFF, puis ouvrait dans GIMP pour éditer l'image, mais à l'export les tags étaient perdus. Donc avant d'éditer dans GIMP, il extrayait les tags dans un fichier à part, puis une fois l'édition faite, il fusionnait l'image et le fichier de tag à nouveau. Maintenant il n'a plus besoin de faire cette danse des fichiers. Mais oui c'est sûr que ce qu'il peut faire dans GIMP reste limité selon ce que ces tags contiennent.

    Les patchs sont acceptés pour qui veut aller plus loin dans la prise en charge. 🤗

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  • [^] # Re: Félicitations

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche GIMP 2.10.24: version cartographe. Évalué à 9.

    Les 2, c'est la même chose/lié. Je développerais pas sur GIMP si on avait pas notre projet à la base (qui pourra devenir un autre projet que ZeMarmot plus tard bien sûr, mais ce que j'entends, c'est que si on utilise pas, on développe pas). 🙂

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  • [^] # Re: Coquille

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche GIMP 2.10.24: version cartographe. Évalué à 10. Dernière modification le 21 avril 2021 à 12:37.

    Effectivement. J'avais publié un article ici pour la 2.99.2 mais pas la 2.99.4. Plusieurs raisons, déjà parce qu'on est souvent en retard sur les trads sur Linuxfr, donc le temps de sortir la trad pour 2.99.2, la 2.99.4 est sorti juste après (juste 2 jours plus tard même, d'après les dates). Alors je me suis dit qu'on allait éviter d'enchaîner. Et puis c'est une version de dév, donc je vous épargne, parce que j'ai un peu peur de vous ennuyer à force! 😛

    Quand on sortira 2.99.6, je publierai sur Linuxfr et parlerai aussi sûrement de la 2.99.4 en même temps.

    Pour info, notre système de versionnement est:

    • Une sortie officielle, tagguée, est toujours avec version micro paire. Une micro version impair, c'est du code en mouvement, version git, dans le dépôt de source. Aucune sortie associée.
    • Une version mineur paire est une série stable, impaire est une série instable/de développement.
    • La version majeure n'a pas de différenciation paire/impaire et compte surtout pour la stabilité de l'API GIMP (pour les plug-ins): nous garantissons la compatibilité descendante.

    Donc 2.10.24 est une version sortie de la série stable 2.10. GIMP 2.99.4 est une version sortie de la série instable (de développement) 2.99, en préparation d'une nouvelle série stable future (GIMP 3.0). GIMP 2.10.25 n'existe pas, ou plutôt est un build du dépôt git (qui peut donc être tout et n'importe quoi, peut même être complètement cassé). Je précise car certaines distributions de nos jours s'amusent à empaqueter des versions git, c'est le seul cas où on verra une version micro impaire. Nous ne sortons jamais un GIMP avec une micro impaire.

    Enfin un plug-in créé pour 2.10.0 marche avec 2.10.24. Un plug-in créé pour 2.8.0 même marche avec GIMP 2.10.24. Par contre, un plug-in créé pour 2.10.24 ne marchera pas avec GIMP 3.0.0 (nous cassons l'API pour remettre au goût du jour et l'améliorer, fort de dizaines d'années d'existence de GIMP maintenant). Par contre, à partir de là, il y aura à nouveau stabilité (un plug-in pour GIMP 3.0.0 fonctionnera pour GIMP 3.2.0).

    Il me semble que c'est encore le même schéma de versionnement pour GLib et GTK sauf que j'ai l'impression qu'ils ont fait sauter le sens de la version micro (donc ils sortent des versions avec une version micro impaire, contrairement à nous).

    Et donc la série 2.9, c'étaient les versions de dév qui préparaient la série 2.10, donc on a arrêté d'en sortir y a 3 ans. Les versions de dév sont toujours d'une série supérieure à la stable, par définition. Pas de machine à remonter le temps nécessaire. 😉

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  • [^] # Re: Le laisser libre d'utiliser Windows mais en le responsabilisant

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au journal Battle royal et adolescence…. Évalué à 4.

    Ahah j'ai failli aussi noter cette possibilité. C'est vrai qu'un gros jeu Windows coûtait dans les 350 francs dans la fin des années 90 (si ma mémoire est bonne, j'ai pas réussi à retrouver des références pour confirmer). On est plus dans les 5% (en 1999, le SMIC était à 6881,68 F d'après ce que je lis sur le web). Peut-être que les jeux console étaient plus cher par contre (il me semble, mais comme j'ai jamais vraiment eu de console, j'ai pas de souvenir des prix). Mais oui, les jeux de nos jours sont probablement moins chers proportionnellement, de toutes façons.

    Ensuite même avec ce critère pris en compte, je comprends pas pourquoi il faudrait sans arrêt changer de jeu. Je doute que les jeux soient soudainement devenus mal développés au point de devenir ennuyeux au bout de 2 semaines quand même. J'ai joué aux mêmes jeux pendant des années (ensuite pour pas faire la même chose tout le temps, on tournait un peu, donc on avait 2 ou 3 jeux habituels et on jouait à l'un une fois, à l'autre ensuite… mais pas 300) et franchement je m'amusais. J'ai encore de supers souvenirs de nos combats de X-Wing de l'époque, parfois à 4 voire 5 joueurs (quand les lignes ADSL ont commencé à devenir plus communes; maintenant je suis sûr que ça paraît ridicule et que n'importe quel jeu de combat spatial le permet, mais à l'époque, notre rêve était de pouvoir un jour faire des méga-batailles spatiales avec des dizaines de joueur). On se faisait tout un univers Star Wars parallèle, on créait nos propres histoires Star Wars en se "battant" sur les forums (virtuellement et en jouant nos rôles, en vrai on rigolait bien), ce qui créait des histoires qu'on terminait en organisant une bataille en règle en jeu réseau.

    Ça me manque presque, on se marrait bien! 😃

    Bon ceci dit, yeKcim a répondu plus bas que c'est plus lui et le partage familial la source de tous ces jeux. Donc mon interrogation sur ce nombre élevé n'est plus vraiment d'actualité.

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  • # Le laisser libre d'utiliser Windows mais en le responsabilisant

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au journal Battle royal et adolescence…. Évalué à 6. Dernière modification le 17 avril 2021 à 16:15.

    Depuis peu, j’ai droit à des remarques (presques virulentes) de la part de mon grand, me demandant de lui expliquer en quoi Linux est si intéressant par rapport à Windows. Parce que, quand même, il y a pleins de jeux qui ne sont pas compatibles donc Linux c’est chiant !

    Perso j'ai arrêté d'essayer de persuader les gens y a plus de 10 ans. Ce n'est pas mon problème. Ensuite certes c'est ton fils, donc tu te dis que si, c'est ton problème, mais comme tu le vois toi-même, le pire cas est justement où celui où tu pourrais le braquer et donc au contraire le rendre anti-linux, ce qui est contre-productif. Alors que si tu l'autorises à utiliser ce qu'il veut, il pourra se faire son propre avis et après avoir connu quelques problèmes de pilotes, de virus, les multitudes problèmes de configuration sous Windows… en plus parce qu'il a quand même une petite expérience sous Linux, il sera encore plus à même d'apprécier les avantages d'OS libres qu'il aura perdu et de se rendre compte que "en fait, c'était pas si mal" (ou pas, mais au moins il se fait sa propre idée, ça marche toujours mieux que se la faire imposer).

    Par contre, comme d'autres le notent, je lui dirais que c'est à lui d'acheter la licence Windows, que tu ne veux pas de logiciels contrefaits chez toi, et que c'est à lui de le maintenir en bon état. Le jour où il perd tous ses documents à cause d'un virus ou autre, il ne devra s'en prendre qu'à lui-même.
    Je pense que c'est pas trop mal de le responsabiliser un peu ainsi et qu'il comprenne que s'il veut vraiment quelque chose, tu ne vas pas lui interdire de découvrir mais il doit voir d'une part que c'est pas "gratuit" et d'autre part que les choses ne tombent pas tout cuit dans le bec.

    sans que je ne comprenne comment j’en suis arrivé là, plus de 300 jeux dans ma bibliothèque steam (???)

    D'ailleurs je me pose quand même des questions sur la bibliothèque de jeu. Perso, quand j'ai eu mon ordi (au lycée), les jeux, je me les achetais moi-même (je travaillais déjà à l'époque; mais même sans travail, un enfant a en général de l'argent de poche et peut commencer à économiser). Entre le lycée et toutes mes études supérieures, j'ai même pas dû acheter 10 jeux vidéos (ça fait quand même déjà énormément d'heures de jeu; en solo un Baldur's Gate m'a fait quelques semaines, en multi, les X-Wing vs Tie Fighter et X-Wing Alliance, ce furent des heures et des heures de jeu sur au moins 2 ou 3 ans; avec en plus tout l'aspect "jeu de rôle", puisqu'on s'organisait en guildes alliance rebelle vs. empire, on discutait sur ICQ ou des forums, et on s'organisait des combats/batailles… Franchement on s'amusait bien sans acheter des jeux toutes les semaines; ce furent aussi mes premières créations de sites web pour notre "guilde", vieux sites web statiques moches des débuts des années 2000). J'étais d'ailleurs pas à plaindre et n'étais pas d'une famille particulièrement pauvre donc ce n'est pas la raison du "peu" de jeu (enfin moi je considère pas ça peu, je me considérais vraiment pas à plaindre de ce côté là, mais en comparaison avec ce que tu dis…).

    Alors 300 jeux, et ils veulent toujours plus… je me demande quand même si c'est une bonne chose de toujours accepter. En dehors même de la problématique Windows/Linux, le but n'est pas non plus d'avoir tout ce que les copains ont et de céder à tous les caprices. Ensuite je ne veux pas non plus avoir l'air de faire la morale (désolé si c'est ce à quoi cela ressemble) et loin de moi l'idée de vouloir apprendre à qui que ce soit comment éduquer un enfant. Déjà parce que je n'en ai pas moi-même et ne sais absolument pas si je m'en sortirai mieux qu'autrui, aussi parce que je sais bien que ce n'est pas si simple et que les conseils sont plus simples à donner que de faire les choses bien soi-même. 🙄

    Mais bon, tu poses la question de que faire dans ta situation, et en lisant ton commentaire, ce fut surtout ce besoin d'avoir autant de jeux qui m'a interpelé et m'a fait me demander si vraiment accepter d'acheter tout ce qu'ils veulent est la bonne solution (indépendamment du problème OS ou libre… c'est à dire même si les jeux étaient sous Linux, je me poserais aussi la même question!).

    Ensuite je sais bien qu'il y a peut-être une question d'époque et que maintenant plutôt que d'apprécier un jeu lentement, on cherche à pousser à la surconsommation (jouer vite et fort à un jeu puis rapidement passer au prochain jeu à la mode). Mais justement c'est peut-être aussi l'occasion de ne pas les laisser s'habituer à la surconsommation. Perso, ce serait plus cela qui m'embêterait plutôt que le problème de la violence. J'ai moi-même joué à des jeux de combats, avec des armes, du sang et des morts (c'est un peu une grosse partie des jeux, non?) et je m'en suis pas si mal sorti. Y a quand même beaucoup d'autres contre-poids dans la société où on nous apprend qu'être violent n'est pas une bonne chose. Alors que le problème de la surconsommation, au contraire, tout dans la société pousse à cela — y a peu de contre-poids — et même beaucoup de proches et de gens bien ont du mal à voir le problème (même si ça fait progressivement son petit trou mais c'est encore clairement limité).

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  • [^] # Re: 10 m à la vitesse du son dans l'air, et vous?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au journal Jouer avec son groupe à distance. Évalué à 2.

    Il me semblait que Jamulus effaçait complètement les pb de latence vu qu'il y a une boucle (au sens grille d'accord) de différence entre celle que tu écoutes et celle que tu joues. En gros, tant que tu as moins de 10 secondes de latence, ça devrait passer.

    Hmmm… Ok si le premier est la basse par exemple, pourquoi pas, ce qui implique de jouer seulement des grilles courtes (sinon c'est un peu chiant quand même). Ensuite j'imagine que ça veut dire que si 2 instruments solistes essaient de faire un solo en même temps, ils n'entendront l'autre solo qu'à la grille suivante. Alors pour eux, c'est ok s'ils ont entendu leur propre solo en temps réel bien sûr (sinon c'est pas utilisable), et ils entendent chacun le solo de l'autre, seul encore, après le leur (ça fait un peu univers parallèle, chacun entend une version différente de la session), mais tous les autres musiciens, ils se mettent donc à entendre 2 solos en même temps à la grille suivante? Et pas 2 solistes qui essaient de faire une impro à 2, mais bien 2 solistes qui se croient être seuls à improviser à ce moment là (et c'est aussi ce qu'ils entendent). Bonjour la cacophonie! 😛

    Et puis adieu les ponts, les couplets, etc. En gros la structuration pour donner un peu de changement dans un morceau. Et même les intros ou les conclusions collaboratives ne sont plus possibles.

    Enfin bon l'idée paraît amusante et même intéressante de premier abord, mais ça me semble avoir quand même pas mal de limites. Ou alors il me manque une partie du processus. 🙂

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  • [^] # Re: Attention, escroquerie

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au journal titre. Évalué à 10. Dernière modification le 12 mars 2021 à 23:48.

    J'ai cherché les règles de ce nom de domaine de premier niveau (.kz), sur le site de registry (nic.kz), j'arrive pas à trouver les règles de syntaxe exacte. Par contre c'est vrai que sur tous les registrars que je trouve, ça dit que seul les noms en ASCII sont disponibles pour .kz.

    règle IDN pour .kz
    caractères autorisés

    J'irais pas jusqu'à parler d'escroquerie dans le sens où j'ai pas l'impression que cette personne a vraiment dans l'idée d'arnaquer les gens et elle a bien acheté ces noms de domaines (donc ils sont peut-être interdits, mais il est alors lui-même partiellement victime). Mais clairement ce n'est pas la meilleure idée de monter un business (même petit) sur une base si incertaine. Qui sait si demain le registrar ne décide pas d'annuler les noms ou refuse de les renouveler pour cause de non-conformité? Et là, quoi? Il rembourse tous ceux qui ont pris un email?

    Par contre, Stéphane, quand tu dis que ces domaines sont illégaux, tu parles bien juste de ces règles de syntaxe pour ce domaine spécifique de premier niveau (.kz)? Parce que techniquement avec les Internationalized Domain Name, un registry pourrait décider d'accepter les émoticones (je ne sais pas s'il y en a beaucoup, mais je ne vois pas d'impossibilité), non? Surtout que je ne vois pas trop de raisons pour interdire cela au niveau des normes (mais j'ai pas vérifié si c'est le cas). Il y a bien les problèmes de ne pas mélanger les scripts pour un nom de domaine donné (et ainsi éviter les attaques homographes). Mais justement les emoticones sont indépendants de tout langage donc on pourrait techniquement les accepter en mélange avec tout langage.
    Ou alors tu parles d'autres chose?

    Sinon personnellement je ne partage pas l'avis que c'est un escroc à proprement parler, par contre je ne partage pas non plus l'admiration qu'il semble inspirer à certains. Comme d'autres le disent, et comme pour beaucoup de gens, oui y a plein de petites réflexions qui me viennent autour de certaines technologies, ou des "failles" du système, mais quand je les découvre, je m'arrête à "bon y a une faille dans le système" et si je ne vais pas plus loin, c'est pas un manque de discipline ou de la procrastination (je procrastine aussi beaucoup sur de vrais projets, mais pas sur ce type d'idées tels que montrés là), c'est au contraire car je ne crois absolument pas judicieux, ni sain, d'exploiter ces failles… encore moins en me faisant de l'argent sur la dite-faille.

    Typiquement j'ai regardé ses "projets":

    1. Quelques projets logiciels, intéressants techniquement mais rien sous licence libre apparemment. Perso ça m'excite vraiment pas donc. Ensuite de ce côté rien à reprocher, chacun son choix (moi j'ai choisi le logiciel libre), passons.
    2. Par contre on a donc un créateur d'adresses emails basé sur des noms de domaines qui ne devraient pas exister d'après les règles du premier niveau.
    3. Il a aussi créé un "service" où les gens peuvent acheter leur nickname sur divers sites. Genre être le premier à chopper @ben. Donc en gros, un site qui réserve votre nickname court/préféré sur plein de sites sur lesquels vous n'irez potentiellement jamais (juste parce que vous le pouvez). Ça fait un peu ceux qui font du parking de nom de domaine, mais là pour des logins. En plus, il a raison que c'est triste quand on n'a pas son login préféré sur un tel site (lorsque le login est utilisé pour communiquer sur le site) mais si quelqu'un prend mon login avant moi car c'est aussi son login de prédilection, ben je m'y fais. Par contre, si quelqu'un l'a pris juste parce qu'il a fait du "parking" (et va possiblement jamais utiliser ce site), ben perso ça me ferait chier. Je trouve pas ce service très éthique, quoi. D'ailleurs il dit explicitement qu'il a lancé son projet sur un site où des gens revendent des comptes instagram obtenus de façon pas trop éthique (comprendre donc "illégalement en s'emparant du compte qu'un autre utilisait"?). Donc il sait aussi un peu avec qui il fait affaire.
    4. Un autre projet où il achète des noms de domaine de grosses boîtes (avec premier niveau peu courants), genre: netfix.soy, facebook.网站, microsoft.みんな et google.קום. C'est ce qu'on appelle du parking de nom de domaine. Alors il explique sur son blog qu'il va pas faire de faux sites de ces diverses compagnies, que son but n'est pas de devenir riche en revendant et que ces sociétés sont bienvenues pour récupérer le nom de domaine (il dit pas qu'il le donnera gratuitement par contre!), etc. Il explique aussi qu'il voulait juste vérifier s'il était possible d'acheter ces noms de domaine (explication un peu bancale, j'aurais pu vérifier la même chose sans acheter) et qu'il trouve pas ça terrible que ce soit possible. Mais bon… c'est juste comme ça que marche les noms de domaine et que ça marche depuis que c'est commercialisé. Sauf qu'en général, on n'achète pas ces noms de domaine au nom de sociétés connues avec de bonnes intentions.

    Enfin voilà, perso je suis loin d'admirer le gars. J'appellerais pas ça un escroc mais clairement son éthique est limite, ça c'est sûr. Il est dans une zone grise de l'illégalité (en tous cas, ces 3 "projets" sont en plein dedans). Techniquement il n'y a pas grand chose d'extraordinaire et la raison pour laquelle on ne fait pas toutes les idées qui nous passent pas la tête, c'est que notamment lorsque certaines ne sont pas éthiques, ben on les laisse sous la forme d'idée conceptuelle. On se dit juste "oulah y a pas une grosse faille là dans le système?" et pas "oulah y a une grosse faille, je vais l'exploiter!" Clairement j'admire pas les gens de la seconde catégorie. 😛

    Je pense que cela montre la frange de la population technique qui se contente de s'amuser avec la technologie sans se poser trop de questions sur le bon usage de cette technologie pour la cohabitation en société. Je ne dirais pas que c'est un arnaqueur, mais je dirais que clairement il n'a pas de dilemme éthique et il ne me fait absolument pas rêver. 🙄

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  • [^] # Re: Aparté sur les annonces officielles

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au journal RSS Legifrance . Évalué à 2.

    Je pense que c'est une très bonne raison pour garder la radio comme système de diffusion de redondance de l'information. Mais il faut aussi évoluer et avoir d'autres systèmes… en plus, pas en remplacement! S'il y a bien un système électronique qui est largement répandu de nos jours, c'est bien les téléphones (clairement plus que ceux qui écoutent la radio en continu!). Et la diffusion cellulaire est super car ça marche sur n'importe quel tél qui sait lire des sms. Pas d'app ou autre horreur obligeant à avoir le dernier smartphone à la mode, un abo données et des batteries qui durent juste quelques heures.

    Mais oui avoir aussi la radio est une très bonne chose pour les raisons citées et pour ceux qui n'ont pas de téléphone (ce qui ne devrait pas être une obligation, comme le fait d'avoir radio ou télé ne devraient pas être des obligations non plus pour avoir les alertes).

    De toutes façons, s'il y a un accident nucléaire, je pense pas qu'on pourra trop communiquer pour aider les gens à évacuer. 🤷

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  • [^] # Re: Aparté sur les annonces officielles

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au journal RSS Legifrance . Évalué à 5.

    j'ai toujours un certain décalage sur les annonces gouvernementales qui nous impactent ces temps-ci (couvre-feu, confinements, etc.).

    Moi aussi j'ai un temps de retard sur toutes les annonces pour les mêmes raisons. Souvent je découvre ces histoires parce que quelqu'un de mon entourage m'en parle (supposant en général que je suis au courant). Par exemple, même le premier confinement, j'en ai entendu parler pour la première fois le week-end précédent quand un membre de ma famille m'a appelé pour avoir des nouvelles et a discuté avec moi du très probable confinement qui allait arriver (j'avais aucune idée de quoi cette personne parlait) d'après les journaux.

    Enfin bon, pour répondre à la question, en général quand je veux confirmer une mesure quelconque dont me parle quelqu'un que je rencontre (parce qu'on entend aussi des trucs bizarres; les rumeurs sur les mesures semblent aller bon train), au sujet des mesures COVID, c'est la page sur lequel j'arrive en général et qui semble bien lister l'ensemble des mesures (enfin j'espère!):

    https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus/les-actions-du-gouvernement

    Par contre, après ton message, je me suis demandé si y avait un flux RSS (ce serait plus pratique pour se tenir au courant rapidement) mais même pas. La page donne un flux RSS générique pour le site, mais pas pour les mesures COVID en particulier. 😕

    Autre exemple du vieux monde: les barrages et centrales nucléaires dans leur prospectus à destination des résidents, informent que en cas d'incident impliquant une évacuation, les moyens de diffusion sont… la radio et la TV, mince alors !

    Ce qui est en effet clairement risible. Dans plein d'autres pays, ça fait presque 20 ans qu'ils font de la diffusion cellulaire (toute la population reçoit un sms, pas besoin de smartphone ou d'app, pas de liste de numéros ou de gens, pas de compte à créer, rien… c'est de la bonne vieille technologie solide).

    Enfin bon, la bonne nouvelle, c'est que la France va finalement y venir en 2022 apparemment (et annonce cela en grande pompe avec 20 ans de retard, ça me fait marrer). Donc cela résoudrait ton problème si tu as au moins un téléphone (même pas besoin d'un smartphone) car les catastrophes industrielles ou naturelles sont typiquement l'usage de ce genre de technologies.

    En tous cas, le projet présenté semble clairement intéressant. Pouvoir suivre selon certains mots clés pour ne pas être noyé dans la masse semble une très bonne idée. En fait, je comprends même pas pourquoi Legifrance ne permet pas cela. Par contre, sauf erreur, je vois pas de licence sur le code. Y en a-t-il une? C'est prévu de libérer, si ce n'est déjà fait?

    Sinon autre question pour ceux qui connaissent bien le chemin des textes de loi: où peut-on voir les propositions de loi? Parce que sur Legifrance, on voit les lois votés, donc le fait accompli. Mais si on voulait suivre les propositions sur certains sujets pour être proactif (auprès d'assos, en action citoyenne, etc.) avant que le mal soit fait (dans le cas où on n'est pas d'accord avec la proposition), c'est où qu'on peut voir ça? C'est aussi dispo sur Legifrance? On peut mettre des mots clés sur les propositions avant vote et pas juste sur les textes votés? Ça ce serait très intéressant pour tous les citoyens qui suivent l'évolution des lois sur certains secteurs et veulent être avertis quand des changements sont proposés.

    Ça m'a toujours intrigué quand je vois certaines assos qui sont très vite au courant de certaines lois proposés un peu en catimini (trop souvent malheureusement). Ces assos lisent-elles, voire épluchent, le journal officiel quotidiennement?

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  • [^] # Re: Directeur de quoi ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au journal Google démantèle son éthique (et tout le monde s'en fout...). Évalué à 10. Dernière modification le 25 février 2021 à 13:07.

    (surtout qu'un an ou 2 dans la vie d'une entreprise, c'est rien)

    Sérieux ? C'est largement plus qu'il n'en faut pour faire faillite si tu n'as pas les moyens de résister aux injonctions de ton banquier et de tes actionnaires.

    Effectivement je me suis mal exprimé, je reprends: "un an ou 2 dans la vie de ces entreprises (ou ce type d'entreprise), c'est rien".

    Encore une fois, on parle de ces startups IT qui deviennent des monstres. Il ne faut pas comparer cela à ton boulanger du coin (comme quelqu'un l'avait fait y a quelques jours dans les commentaires d'un autre article). Ton boulanger ne commence pas son activité avec un financement externe d'un million de dollars (avant même la création officielle de l'entreprise d'après Wikipedia!) auxquels s'ajoutent 25 millions de dollars mi-1999 (puis le financement ne va cesser de croître, comme cela se passe toujours avec ces entreprises). Pas plus que la plupart des entreprises avec un modèle entrepreneurial classique.

    Non ces entreprises ne meurt pas en 1 ou 2 ans. Elles peuvent passer des années et des années dans le rouge, voire plus de 10 ans (Par ex: Uber, Netflix… que j'avais cité déjà dans un précédent commentaire; en son temps Amazon fut aussi dans le négatif pendant de très nombreuses années). C'est un business model complètement autre et qu'on ne peut pas comparer avec le modèle classique (qui est — j'imagine — celui avec lequel tu compares quand tu me dis ça).

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: Évitez de faire de la pub pour de l'illégal

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien haro sur la fibre !. Évalué à 10. Dernière modification le 25 février 2021 à 12:50.

    Je vois que que des commentaires encensent ce dessin comme s'il pointait exactement un problème. Mais franchement, personne voit l'absurdité et l'incohérence du dessin? Il compare 3 cas qui n'ont rien à voir.

    Le premier est au sujet de quelqu'un qui se plaint d'une entreprise aux pratiques malsaines pour la société (une entreprise qui ne paie pas ses taxes et qui utilise des travailleurs sous-payés dans des pays moins à cheval sur les droits des travailleurs). Cette personne se trouve avoir un produit de la dite-marque. Pourtant y avait-il des alternatives? Oui il existe des dizaines d'autres marques. Sont-elles meilleures socialement? Pas forcément toutes mais certaines marques revendiquent une empreinte sociale plus positive (pas de paradis fiscal, travail local payé à prix juste, éviter les minerais du sang, etc. Voir notamment la série Linuxfr sur les téléphones et en particulier la dépêche en cours de rédaction sur ce qu'il existe sur le marché, même si ces dépêches s'attardent plus sur le côté libre que les problèmes sociaux de la construction du matériel malheureusement). Alors évidemment ça fait des produits plus chers au final, mais si on veut absolument le dernier produit technologique, faut bien être clair: soit on paye le prix (oui ça coûte cher par définition) soit on exploite autrui et on se cache les yeux. Cela n'enlève rien à la faute de l'entreprise, mais il faut aussi être conscient des siennes.

    Ensuite il y a bien sûr plein de cas où le possesseur d'iphone ne peut être condamné décemment. On a pu acheter ce téléphone avant de savoir tout cela et de se rendre compte du problème. Dans ce cas, bien sûr qu'il ne faut pas jeter le téléphone (ce serait bien pire), il faut au contraire le garder le plus longtemps possible. On a pu l'acheter/le récupérer d'occasion aussi (ce qui est idéal et sera toujours 100 fois mieux qu'acheter n'importe quel modèle même les plus "justes"). Il y a donc des cas où avoir un tel téléphone n'est pas un problème et de manière générale, oui ceux qui critiquent bêtement sont lourds et… bêtes quoi. Mais le fond de la critique général reste pertinent: arrêtons d'enrichir les entreprises évidemment nocives pour la société.

    En outre, il faut voir l'effort que font certains pour changer (eux-même déjà). On peut aussi avoir un iphone et se rendre bien compte qu'on a cédé à une mode, faire son auto-critique, etc. Alors cette personne, si elle répète son "erreur" à chaque nouvelle sortie de produits technologiques, fait son "auto-critique" à chaque fois et continue pourtant, il faut se poser des questions sur la sincérité de cette auto-critique. Mais hormis cela, personne n'est parfait et c'est pourquoi la critique bête et méchante d'autrui est tout aussi nuisible pour la société. C'est le seul point de cette BD que je peux concéder. Pour tout le reste, c'est non seulement ridicule mais surtout insultant envers ceux qui souffrent.

    Dans la troisième case, on a donc un gars qui a acheté une voiture et aimerait qu'elle soit plus évoluée. Notons que d'une part, on est passé (subtilement? Non du tout) d'une marque particulière à un objet générique. Comme ça l'air de rien. Alors qu'avant on avait une société unique et donc un choix ébouriffant d'autres entreprises en compétition, ce n'est plus le cas. Premier gros point hypocrite dans la comparaison.
    Le second point est que la personne ne se plaint pas de problèmes de société que la voiture créerait. Genre quelqu'un qui dirait "les voitures polluent et zigouillent notre environnement" en ayant acheté un modèle tout beau tout neuf serait potentiellement un cas similaire (encore une fois, pareil que le téléphone, avec toute la nuance possible, acheter de l'occasion est bien mieux, et on peut ne pas avoir toujours le choix socialement dans certains cas, etc.). Mais là, c'est pas du tout ça. Cette personne se plaint juste qu'on pourrait améliorer la voiture. C'était donc un technologiste de l'époque qui voudrait plus, c'est tout. À comparer cela, ça pourrait plutôt être un acheteur d'iphone très heureux de son achat (et qui n'en a rien à fiche des problèmes de société ou n'en a pas conscience) qui aimerait bien voir de nouvelles fonctionnalités dans le prochain modèle.

    Maintenant la dernière case, la plus horrible et insultante intellectuellement: un serf qu'on critique pour "participer à la société". On rappelle qu'un serf du moyen-âge, c'était typiquement une forme d'esclavage, ou plus précisément une forme d'entre-deux entre un esclave et un homme libre. Le mec se plaint, que lui arrive-t-il? Au pire le seigneur féodal le met à mort, au mieux il se fait mettre à la rue du domaine avec toute sa famille. Il y a sûrement plein d'état intermédiaire (se faire battre, punir avec plus de travail et moins de nourriture, ou que sais-je), je ne suis pas expert en histoire féodal. Mais bon c'était clairement pas un état enviable et je doute qu'il fut très judicieux de se révolter contre le problème de société (évident, là oui). Et on compare à cela la personne qui se plaint de l'entreprise qu'elle enrichit sciemment alors qu'elle a plein d'alternatives et qu'elle sait pertinemment que cette entreprise fait du mal à la société (et il ne lui arriverait absolument rien si elle achetait une autre marque). Je trouve cela assez triste que quiconque trouve la comparaison judicieuse.

    Si on voulait faire une comparaison judicieuse, ce serait comparer ce serf avec les enfants des mines dans les pays du tiers monde, qui risquent leur vie au quotidien pour ces grosses sociétés, tout ça pour survivre en touchant des clopinettes qui leur permettront pourtant de se nourrir ainsi que leur famille. Tout comme pour le serf, ces enfants-presque-esclaves, il ne serait effectivement pas judicieux d'aller leur reprocher de "participer à la société". Ils essaient juste de survivre et les fameux problèmes de société… ben c'est eux qui les vivent justement. Nous on en parle, tranquillement affalés dans nos canapés (à s'attrister que nos machines créent ces problèmes).

    Donc comparer le gars qui va critiquer le possesseur-critiqueur d'Apple à celui qui critique celui qui participe par instinct de survie, c'est totalement indécent. Cette BD est indécente. Désolé, je vois difficilement d'autres mots pour la qualifier.

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  • [^] # Re: Directeur de quoi ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au journal Google démantèle son éthique (et tout le monde s'en fout...). Évalué à 10. Dernière modification le 25 février 2021 à 00:56.

    Il ne faut pas oublier que, tout au début de Google, ses fondateurs étaient résolument opposés à la publicité et que le slogan "Don't be evil" n'était pas un leurre. Ce n'est qu'au début des années 2000 qu'ils ont pris un virage à 180 degrés

    Ben… j'ai connu les débuts de Google et c'était vers cette période, probablement 2 ou 3 ans avant au plus. Je m'en souviens bien, ce sont les années lycée où je découvrais moi-même l'informatique. Un petit coup de Wikipedia me confirme une date de création fin 1998. Donc à part si tu me dis qu'un an et quelques mois, c'est assez pour changer les gens (surtout qu'un an ou 2 dans la vie d'une entreprise, c'est rien), ben ta théorie (des gentils petits fondateurs anti-pub qui se sont fait manger par les méchants financiers) me semble plutôt fantaisiste.

    Il m'est plutôt avis que (comme souvent) plein de gens se faisaient une image idyllique de l'entreprise juste parce qu'ils aimaient le produit. Puis plus tard, plutôt de se dire qu'on s'est plantés, on s'imagine une sorte de scénario où les pauvres petits patrons idéalistes se sont fait manger par les vilains financiers. Sauf que dans les faits, les 2 co-fondateurs ont toujours été à divers postes clés de pouvoir (CEO, président…), sont encore tous les deux employés de Google et/ou Alphabet (la nouvelle maison mère), sont membres du conseil d'administration et ont tous deux des parts importantes qui leur permet de peser sur toutes les décisions. Normalement les fondateurs qui sont à contre-courant de l'évolution de leur entreprise se font assez rapidement évincer (il leur reste les parts, mais ils perdent au minimum leur statut d'employé et les postes clés).

    On constate le même genre de phénomène d'image positive avec des entreprises comme Free où il y a encore des gens pour défendre l'entreprise comme si c'était une entreprise saine et bienfaisante juste parce qu'elle avait cette image de geek, de liberté et d'outsider. Mais en vrai, quand on regarde le passé de l'entreprise, on se rend compte qu'elle était pareille depuis le début.

    De même que Google est l'entreprise assez typique de la Silicon Valley créé par deux jeunes doctorants d'une grande université dans un environnement typique des startups américaines. D'après Wikipedia, ils ont eu immédiatement un financement dès la création de l'entreprise (en 1998) par Sun Microsystems ainsi que des investisseurs privés (dont Jeff Bezos, fondateur d'Amazon), soit un investissement originel de 1 million de dollars dès la création, par des gens qui n'étaient évidemment pas là pour faire dans l'humanitaire. Normalement si vraiment on veut faire des choses bien, on fait attention avec qui on s'associe. C'est trop facile de s'associer avec des hommes d'affaires et grosses entreprises (dont on sait très bien ce qu'ils veulent dès le début) puis après de se défausser "c'est pas nous".

    Google a beaucoup bénéficié d'une image "propre" grâce à leur site qui était originellement super simple (une boîte de recherche et c'est tout), ce qui tranchait beaucoup avec les plateformes de l'époque qui avaient des mises-en-page super chargées. Ça faisait un peu le projet propre, simple, sans fioriture, sans arnaque. Encore une fois, on se rend compte que l'image du produit va d'une certaine façon déborder sur les fondateurs ou l'image de l'entreprise (de même encore une fois que la freebox, simple, abonnement pas cher, offre commerciale unique à l'époque donc très claire, aura donné l'impression d'une entreprise "sans bullshit"). En plus, à l'époque Google était un petit outsider face aux anciens géants (IBM…) ou encore aux jeunes géants (Microsoft…), ce qui donne toujours une certaine aura lorsque l'outsider réussit.

    Mais ça ne signifie aucunement que Google était une entreprise philanthropique (pas plus que Free), même à ses débuts. Le parcours de Google est au contraire malheureusement totalement classique dans l'univers des entreprises IT américaines à succès.

    Il ne faut pas oublier que, tout au début de Google, ses fondateurs étaient résolument opposés à la publicité

    Quant au coup des fondateurs opposés à la publicité, oui ben je suis sûr que tu dis ça avec une référence (d'ailleurs Wikipedia dit aussi que "Google began selling advertisements associated with search keywords against Page and Brin's initial opposition toward an advertising-funded search engine." et apparemment la référence serait donc un livre sur Google), mais encore une fois c'est facile à dire mais plus dur à assumer quand plus de 20 ans après, ils sont tous les deux encore à la tête de la plus grosse (probablement?) entreprise publicitaire du monde. Je sais pas pouquoi, j'ai du mal à prendre l'affirmation au sérieux. 🙄

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  • [^] # Re: libre un jour, libre toujours ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Tour d'horizon des images libres (et pas libres). Évalué à 5. Dernière modification le 24 février 2021 à 23:40.

    Oui enfin là je parlais de l'article qui discutaient de licence sur un site (avec effectivement énormément de contenu) entier, pas d'auteurs individuels qui mettent des licences sur une image unique comme sur github. Dans ce cas là, tu aurais raison, et à ce moment là, ça rentrerait dans le cas que j'appelais "les images diffusés sur sites persos ou assimilés". Sauf que ce n'était pas le contexte de la discussion.

    Je t'invite donc à relire (ou lire si tu ne l'as pas fait 😉) l'article Linuxfr, et notamment le chapitre "Attention aux sites qui changent leur licence" qui parle donc d'une de ces grosses plateforme (Unsplash) qui avait donc apparemment toutes les images sous licence CC0 et aurait changé cela en une licence propriétaire (globalement, pas comme sur Github par auteur).

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  • [^] # Re: libre un jour, libre toujours ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Tour d'horizon des images libres (et pas libres). Évalué à 3.

    Par "médiatisé", j'entends que des sites comme par exemple LinuxFr auront fait un article qui parle du changement de licence, ou bien que des blogs divers auront parlé du changement de licence (cf. lien donné dans cet article), voire même que des forums utilisateurs ont sûrement discuté du sujet si on cherche un peu. Normalement le site aura aussi envoyé une annonce au sujet du changement de licence et cela peut probablement se retrouver.

    L'idée est qu'il y a bien eu une couverture vaste, qu'un défendant qui assurerait que la licence était autrefois libre n'aura pas grand chose à prouver (sauf à démontrer qu'il a infiltré LinuxFr, se trouve en fait être pote avec tous les gens qui ont fait des articles de blogs, a fait des posts sur des forums sous divers pseudos, etc.). Et donc ça évacue le premier cas basique à défendre/prouver qui est que l'image fut bien sous licence libre à un moment donné (au cas où l'ayant-droit assurerait que non).

    Je n'entendais pas que TF1 en a parlé dans le journal de 20h. 🙄

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  • [^] # Re: libre un jour, libre toujours ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Tour d'horizon des images libres (et pas libres). Évalué à 8. Dernière modification le 23 février 2021 à 18:42.

    Dans ce cas, ça m'a l'air assez robuste. En fait le principe d'utiliser un service externe est surtout de celui d'un tiers neutre qui aura validé la licence (ou protégé ta preuve) pour toi sans rien avoir à y gagner, sans te connaître et sans avoir le moindre intérêt dans l'affaire (c'est à dire que si tu vas en procès, ça ne change rien au tiers neutre si tu gagnes ou perds).

    Là je dirais que si un bot a vérifié la licence, alors c'est super neutre (sauf s'il se trouve que tu es le développeur du bot ou que tu connais ce dernier) donc très robuste, oui. Ça pourrait aussi être un humain, du moment que tu ne le connais pas. Sur Wikipédia, tout le monde peut contribuer, donc c'est tangentiel, mais si la vérification est faite par un compte enregistré avec idéalement un compte réputé, on sait qui est la personne derrière (et surtout on sait que c'est pas toi ni quelqu'un de ton entourage), alors c'est robuste.

    C'est aussi pourquoi archive.org est aussi un très bon service de preuve… sauf s'il se trouve que tu es aussi un membre du projet ou pire si tu en es un admin avec accès serveur/bases de données. C'est un peu le coup des cordonniers mal chaussés, quoi. 😛

    En gros, "robuste", ça veut juste dire que tu peux très difficilement avoir pu tricher ou fait une fausse preuve. À partir de là, tu peux imaginer tout ce que tu veux, faut juste te mettre dans la peau de la défense adverse. Est-ce qu'il y a le moindre détail qui leur permettrait de douter de ta preuve (ou pour être plus précis: de faire douter le juge)?

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  • [^] # Re: Changement de licence

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Tour d'horizon des images libres (et pas libres). Évalué à 5.

    Attention, je ne suis pas juriste, c’est juste mon avis.

    Je ne suis pas juriste non plus. Mais dans la loi, on se rend compte que l'avis n'a juste aucune importance. Pour l'anecdote-exemple, j'avais aidé quelqu'un pour un problème légal, et avais préparé une super (ou du moins le croyais-je) défense. Sauf que devant la juge, ça a été vite plié. La juge m'a dit que mon explication avait carrêment du sens, sauf qu'elle a lu à haute voix la phrase fatale du texte de loi (que j'avais aussi lu au préalable en préparant la défense, j'étais donc bien conscient de cette phrase, mais j'espérais naïvement pouvoir la contrer par la logique sur la base d'autres parties du même texte de loi) et a dit en gros qu'elle ne voyait pas d'échappatoire. Elle a confirmé que par rapport à la situation de la personne que j'aidais, c'était totalement absurde et injuste mais que sur le coup, le texte était clair que la loi faisait que ça pouvait pas en être autrement.

    Et c'est là que je me suis rendu compte qu'avec la loi, l'avis ou la logique n'a que peu d'intérêt. Tu peux même avoir une logique bêton, si elle est contrée par une seule phrase (qui pourrait être complètement absurde, même, on s'en fiche), ben c'est mal barré. Il y a plusieurs cas: soit la loi est très claire (pour le contexte qui nous intéresse) et dans ce cas, il n'y a pas forcément grand chose de faisable; soit ce n'est pas clair, voire il y a un pan entier de logique manquante, et c'est seulement là que les juges ont une latitude d'interprétation (dans la limite où l'interprétation choisie ne rentre pas en contradiction avec l'existant… et encore…). Cette interprétation peut ensuite être logique et/ou influencée par la sensibilité de chaque juge (qui sont humains après tout).

    L'autre chose qui peut rentrer en compte dépend aussi du pays: la jurisprudence. En droit français typiquement, la jurisprudence peut avoir une influence mais pas vraiment plus (on pourrait aussi imaginer que ça ait même l'effet inverse pour un juge à l'esprit contradictoire). Une précédente décision ne fait pas loi en France. Par contre en droit common law (US, Royaume Uni, etc.) la jurisprudence fait loi.
    Le truc, c'est que j'ai jamais entendu parler d'un procès sur la base d'une licence qui a changé et qu'une personne suivrait l'ancienne licence libre et serait attaqué en justice pour cela. Y en a peut-être eu mais j'en ai pas entendu parler.

    C'est donc pas vraiment histoire d'avoir un avis, ou non. C'est que la loi n'est pas claire sur ce sujet, ni vraiment le texte des licences elles-même (qui ne prévoient pas le cas des licences sur internet qu'on donne à tous en fait, sans une signature avec cessionnaires précisément listés, le Code de la propriété intellectuel est assez old-school et ne semble imaginer une cession d'œuvre que par un contrat à l'ancienne, les mentions d'internet dans l'ensemble du Code semblent se limiter à parler de "protection des droits sur internet" — les lois HADOPI quoi — comme si internet n'était rien d'autre qu'un repère de vils contrefacteurs). Donc on se retrouve dans un léger flou juridique et on n'a pas de décisions de justice existantes (à ma connaissance) sur lesquelles se baser non plus.
    Par contre, on peut essayer de se baser sur un usage classique, notamment dans le logiciel libre où les changements de licence sont classiques et où les gens qui forkent le font sur les vieilles versions avant changement de licence. Ensuite comme tu le notes, la grande différence est qu'en général, il y a alors changement de code (des 2 côtés) et cela rend vraiment la séparation évidente. C'est beaucoup moins classique en art libre où les versions qu'on a sont en général les versions finales et que peu les modifient. En outre, il n'y a pas d'usage massif de dépôt de source pour l'art libre, donc peu de conscience des dates de création, de même que peu de copies avec métadonnées associées (les commits donnent l'auteur, les dates de création mais aussi de mise en public, donc 2 dates assez importantes). Cela crée une bien plus grande difficulté juridique.

    Le truc vraiment en faveur des licences libres est que le droit de repentir (en France) oblige les ayants-droit d'une part à indemniser les cessionnaires existants du préjudice (il peut y avoir préjudice — notamment financier — même avec du libre, par exemple on peut imaginer que quelqu'un ait fait imprimer des livres avec des photos dont l'auteur souhaite les retirer du commerce, donc annuler l'impression, rembourser les impressions existantes, le travail déjà fait, les salaires et le temps perdu peut aussi coûter cher) et surtout à proposer les mêmes conditions aux cessionnaires précédents si on republie l'œuvre. On pourrait donc imaginer qu'en changeant de licence, tous les cessionnaires précédents doivent pouvoir se prévaloir de l'usage en licence libre (même en téléchargeant après changement de licence si l'œuvre est identique). Néanmoins la question est toujours la même: qui sont les précédents cessionnaires? Juste ceux qui avaient téléchargés, donc déjà accepté la licence? Ou bien le monde entier, même ceux qui n'étaient même pas au courant de la licence libre? Ou encore le groupe intermédiaire de ceux qui étaient au courant de cette licence libre sans pour autant avoir téléchargé?
    Dans le droit d'auteur classique, c'est finalement une question assez simple à répondre, car le cessionnaire, c'est la personne (physique ou morale) qui a signé un contrat de cession de droits avec un ayant-droit. Là on se retrouve avec une licence sans signataire de l'autre côté. Une façon de voir les choses est que le cessionnaire est le monde entier dans le cas de licence libre et a priori c'est ta position. Mais on pourrait aussi considérer que ne sont les cessionnaires que ceux qui ont accepté la licence. On peut en effet la refuser, c'est à dire refuser les droits et obligations assortis à une œuvre (ce qui veut dire ne pas pouvoir redistribuer/modifier/vendre/etc. l'œuvre bien entendu). On pourrait aussi simplement ignorer l'existence même de l'œuvre donc sa licence. Serait-on alors cessionnaire juste parce que l'auteur adressait sa licence au monde (donc à nous aussi) si on n'était même pas au courant que cette œuvre existait?

    Encore une fois, il me semble que dans ce cas, se référer au texte de la licence elle-même est utile pour savoir qui est cessionnaire. Les Creative Commons disent (en version française, gras de moi) en intro du texte légal:

    Lorsque Vous exercez les Droits accordés par la licence (définis ci-dessous), Vous acceptez d'être lié par les termes et conditions de la présente Licence publique Creative Commons Attribution - Partage dans les mêmes conditions 4.0 International (la « Licence publique »). Dans la mesure où la présente Licence publique peut être interprétée comme un contrat, Vous bénéficiez des Droits accordés par la licence en contrepartie de Votre acceptation des présents termes et conditions, et le Donneur de licence Vous accorde ces droits en contrepartie des avantages que lui procure le fait de mettre à disposition l’Œuvre sous licence en vertu des présents termes et conditions.

    La première phrase montre une forte relation entre le fait d'exercer les droits et l'acceptation de la licence. Quiconque a fait de la logique (mathématique) néanmoins sait que ça ne signifie pas qu'on ne peut pas avoir accepté sans avoir pour autant exercé les droits au préalable. Mais encore une fois, la logique ne marche pas toujours aussi bien qu'on aimerait le croire en face de certaines personnes.
    La seconde phrase clarifie aussi bien qu'il faut accepter pour bénéficier des droits accordés par cette licence.

    La licence Art Libre en ce sens est plus claire, puisqu'elle dit:

    Cette licence prend effet dès votre acceptation de ses dispositions. Le fait de copier, de diffuser, ou de modifier l’œuvre constitue une acceptation tacite.

    Cela dit bien aussi qu'exercer les droits est une preuve d'acceptation mais on lit bien (même si encore un peu entre les lignes) qu'on pourrait aussi tout à fait avoir accepté les dispositions sans pour autant avoir exercé nos droits (copier, diffuser, modifier).

    Maintenant dans le Code de la propriété intellectuelle, il y a aussi quelque chose qui peut vraiment aller en faveur d'un auteur qui changerait sa licence.

    Il y a en effet dans le droit d'auteur une logique où un cessionnaire doit réellement exploiter une œuvre pour se prévaloir des droits cédés.

    Par exemple, pour les œuvres audiovisuelles (article L132-27:

    Le producteur est tenu de rechercher une exploitation suivie de l'œuvre audiovisuelle, conforme aux usages de la profession.

    Ou encore dans l'édition (L132-11):

    L'éditeur est tenu d'effectuer ou de faire effectuer la fabrication ou la réalisation sous une forme numérique selon les conditions, dans la forme et suivant les modes d'expression prévus au contrat.
    […]
    A défaut de convention spéciale, l'éditeur doit réaliser l'édition dans un délai fixé par les usages de la profession.

    Mais surtout le texte général (toute profession liée au droit d'auteur confondue) est l'article L131-3 qui pose les bases de l'exploitation des droits:

    Le bénéficiaire de la cession s'engage par ce contrat à rechercher une exploitation du droit cédé conformément aux usages de la profession et à verser à l'auteur, en cas d'adaptation, une rémunération proportionnelle aux recettes perçues.

    Le sens de ce paragraphe est vraiment que dans le droit d'auteur (en droit français au moins), il y a une sorte d'obligation d'action, voire de résultat. Un ayant-droit peut reprocher à un cessionnaire son inaction. Alors là le cas est particulier puisqu'on parle de cession à titre gratuit (le cessionnaire a le droit de vendre les copies, mais n'a pas obligation de rémunérer l'auteur). Néanmoins dans le cas d'une œuvre mise en libre, puis dont on change la licence plus tard, si quelqu'un (qu'on qualifiera alors de bénéficiaire de la cession/cessionnaire) tente ensuite de reproduire l'œuvre sous la licence libre après coup, un auteur pourrait arguer que c'est trop tard, car le bénéficiaire n'a pas chercher à exploiter l'œuvre conformément aux usages de la profession (entendre: suffisamment rapidement comme il est d'usage), et donc cela annule le contrat de cession (entendre: la licence).
    En d'autres termes, on pourrait vous donner une licence à vie, mais si vous n'en faites pas usage suffisamment rapidement (c'est à dire vous ne reproduisez pas l'œuvre, ne l'utilisez pas, etc.) alors cela peut vous être reproché et la licence pourrait être annulée.

    Je pourrais tout à fait imaginer un auteur qui argue qu'il diffusait sous licence libre pour se faire connaître (à défaut de toucher une rémunération) mais que cela n'a pas marché (entendre: quasi personne a téléchargé et rediffusé l'œuvre) donc l'auteur retire cette licence perpétuelle. Dans un tel contexte, une personne qui prouve avoir en réalité exploité l'œuvre libre pourrait se prévaloir de continuer à le faire. Mais une personne qui ne l'a pas fait jusque là ne peut plus. Elle a perdu ce droit par son inaction.

    Si la photo a été modifiée (améliorée), son auteur peut retirer la licence libre pour la nouvelle révision de la photo. C’est pareil pour le logiciel.

    En général un changement de licence logiciel se fait dans un commit unique qui ne change que la licence. On ne fait aucun changement de code en même temps. Donc d'un commit à l'autre, on a exactement le même code. Par contre quelqu'un qui voudrait forker la version libre a intérêt à le faire à partir du commit juste avant le changement de licence, pour éviter le moindre risque.

    Alors pour une photo où on change la licence, pourquoi y verrait-on une différence?

    Ensuite je suis d'accord que l'absence de changement pourrait être un argument de réquisitoire tout à fait valable devant un juge qui pourrait peut-être aider à vous donner raison (en prenant aussi le reste en compte). À tester si quelqu'un se fait attaquer (en ayant téléchargé après changement de licence mais sur la base du fait que l'œuvre est totalement identique à sa version avant changement de licence). Je ne vois rien dans la loi qui contre absolument cette logique donc ça pourrait marcher si on présente ça bien.

    Encore une fois, je ne suis pas juriste non plus, pas plus que toi. Mais c'est aussi histoire de ne pas donner de mauvais conseil. Si on n'est pas sûr (en l'absence de jurisprudence notamment), je pense qu'il faut éviter de donner des conseils risqués à autrui.

    Par exemple, le film Le Voyage dans la Lune (1902) est tombé dans le domaine public et sa version colorisée a été restaurée en 2010. Cette restauration fidèle à l’original est donc également dans le domaine public.

    Cependant, les sociétés ayant financé/restauré ce film ont rajouté une bande son. Par conséquent, le film publié est une œuvre dérivée, et ces sociétés n’ont pas voulu que le « film restauré + bande son » soit libre. Si on retire la bande son à cette œuvre dérivée, nous obtenons une autre œuvre dérivée d’un point de vue juridique, donc ce n’est toujours pas libre.

    En fait ton exemple est typique des incertitudes bizarres qu'on peut avoir. Ton explication n'a pour moi aucune logique (comme ll0zz le note aussi, si vraiment la vidéo est non modifiée de la version domaine public, on devrait se dire qu'on peut séparer du son). Cependant je suis sûr qu'elle vient de quelque part, peut-être les ayants-droits de cette nouvelle version eux-même l'ont-ils répandue pour faire peur aux gens?

    Cependant je ne dis nullement que c'est faux, juste je ne conseillerais à personne de s'amuser à retirer le son et de diffuser la vidéo seulement, ni ne le ferais moi-même. Pour moi, c'est juste une autre incertitude du droit d'auteur qui ne pourrait se régler que devant un juge qui tranchera.

    Et c'est donc la même chose que ce que je racontais pour le coup du changement de licence. L'idée de se dire "on a donné une licence libre au monde entier, pas avec un signataire précis, donc l'œuvre devrait être libre à vie pour tous" (même si on la télécharge après coup) a totalement du sens. Il ne faut pas se mentir. Mais c'est suffisamment flou (un cas non explicitement cité dans la loi) pour ne pas pouvoir l'affirmer avec certitude.

    Ce qui est absolument logique pour toi ne l'est pas forcément pour tous (sinon tout le monde ferait du logiciel libre!). 😉

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  • [^] # Re: libre un jour, libre toujours ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Tour d'horizon des images libres (et pas libres). Évalué à 6.

    Ben pas tant que ça compte tenu de l'effet viral d'internet.

    D'une c'est bien pour cela que je précisais dans la phrase suivante:

    Si tu ne trouves que l'auteur originel pour source et qu'il ne propose plus de licence libre, peut-on encore dire que l'œuvre que tu télécharges à ce moment est libre (parce qu'elle l'a été avant)?

    De deux, je suis persuadé que tu prends comme référence (sans même t'en rendre compte) le logiciel libre. Et même au sein du logiciel libre, tu prends comme référence les logiciels libres répandus/connus en particulier. Combien de logiciels sous licence libre n'a aucun effet "viral", n'a jamais été téléchargé par quiconque (ou s'il l'a été, a été promptement effacé ou oublié)? 🙂

    Il y a cet effet loupe où les gens croient qu'il y a une sorte d'évidence "sur internet" == "viral" (on voit ça aussi dans les œuvres audiovisuelles, genre dans un film, quelqu'un va "mettre une vidéo sur internet", genre "c'est bon, c'est fini maintenant l'œuvre s'est répandue, plus personne ne peut rien y faire". Voire dans les scénarios les plus ridicules, tout le monde va recevoir la vidéo automatiquement sur son téléphone en instantané, comme si le monde entier était abonné à l'intégralité de Youtube; est-ce vraiment la peine de démontrer l'absurdité ici? 😉). Sauf qu'en vrai, c'est pareil que pour en dehors d'internet (internet n'est pas une sorte de faiseur-de-star magique), pour ce petit pourcentage — sommet de l'iceberg — qui se répandra en effet comme une traînée de poudre (et c'est là la seule chose qu'on peut concéder, il y a en effet une possibilité de répandre certaines choses sans pour autant être PDG de grands médias; mais ça reste une possibilité, pas une évidence), quel est le pourcentage qui ne se répandra jamais?

    C'est d'autant plus vrai pour des œuvres graphiques car il y en a juste une quantité effarante sur internet (on fait des images pour tout, et les œuvres intéressantes sont noyées dans la masse; en plus les gens copient, éditent, redistribuent sans se soucier des sources, donc on démultiplie la masse tout en perdant l'origine et la licence), souvent mal sourcé à la base (même les auteurs ne documentent pas bien la source et la licence), dans des tailles de fichier plus imposantes (une image prend rapidement plus de place que du code, surtout si on veut une qualité suffisante pour usage de l'œuvre pour autre chose que du mème), etc.

    L’œuvre téléchargée libre var prospérer sous sa licence libre, modifiée ou non selon les cas (sauf si les utilisateurs ont pouvoir de refermer la licence et l'utilisent).

    Donc non, je conteste assez évidemment cette phrase. Surtout le coup de supposer qu'une œuvre sur internet va forcément "prospérer". Pour une œuvre pour laquelle ce sera vrai (les quelques œuvres plus célèbres), combien ne vont faire que passer sous tous les radars et être oubliées? Pour celles-ci, si l'auteur change la licence sans que personne ait gardé une copie, qu'en est-il?

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: libre un jour, libre toujours ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Tour d'horizon des images libres (et pas libres). Évalué à 4.

    Les textes de loi ont toujours un contexte. Le droit d'auteur relève du Code de la propriété intellectuel. Là tu nous sors 2 articles du Code civil. Et plus précisément le premier article fait partie du "Livre III : Des différentes manières dont on acquiert la propriété (Articles 711 à 2278)" et si on regarde plus précisément ce qu'ils appellent la propriété et les "biens" (au début du Livre II, ils définissent ce que le mot "Biens" signifie dans les articles suivants), on voit bien qu'on parle principalement du bien foncier et d'une grande partie des objets attachés à la propriété foncière (biens immeubles vs meubles), et encore même pas tous, semblerait-il (l'article 533 indique que pas mal d'objets du quotidiens ne rentrent plus dans la catégorie de biens meubles, et encore moins immeubles, soit de manière absolue soit selon le contexte).

    À propos, "obligation" a aussi un sens particulier. Pareil, un coup de recherche dans le Code civil te retourne les divers types d'obligations (obligations de l'usufruitier, obligations du mariage, obligations des indivisaires, obligations créés par contrat, etc.).

    Quant au second article que tu sors, le titre direct de la section de l'article que tu cites est "Section 2 : De la prescription acquisitive en matière immobilière. (Articles 2272 à 2275)". Je pense que ça se passe de commentaire.

    Enfin bon on ne peut pas sortir un texte de loi sorti d'un contexte, encore moins quand c'est carrêment dans 2 Codes différents! Bien sûr, tu peux toujours essayer devant un juge, et te passer de préparer une défense car tu vas supposer que ta bonne foi est présumée, mais je te le conseille pas! Ahahah 🤣

    À propos, même si c'est déjà très clair dans ces textes, il faut tout de même bien rappeler que la loi a beau avoir nommé son code "Propriété Intellectuelle", il ne s'agit aucunement de propriété, et les lois qui s'applique à la propriété matérielle ne s'appliquent pas en droit d'auteur. Malgré ce que certains tenants du droit d'auteur aimeraient bien faire croire lorsqu'ils parlent de "vol" ou de "pirates" ou autre mots issus du monde matériel, un conflit en droit d'auteur se juge en "contrefaçon". Il y a bien eu un cas dernièrement où un jugement français a tenté de recatégoriser les licences libres en droit du contrat, donc vraisemblablement des obligations et du Code Civil (cela aurait pu éventuellement rendre le premier lien valide, mais pas le second qui parle explicitement d'acquisition immobilière), mais cela a été promptement invalidé par la Cour de Justice Européenne.

    Dans tous les cas, désolé mais ces 2 articles de loi sont hors-sujets. 😉

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: libre un jour, libre toujours ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Tour d'horizon des images libres (et pas libres). Évalué à 5.

    J'y ai pensé mais justement quelle est ta preuve que tu t'envoies? Une capture d'écran? Comme j'ai dit précédemment, cela peut être aisément falsifiable. Cela reste au final beaucoup ta parole contre la sienne si le créateur assure qu'une image n'a jamais été libre.

    Alors bien sûr, cela ne concerne que les images diffusés sur sites persos ou assimilés.
    En fait, pour ces grosses plateformes, les changements de licence auront été largement médiatisés avec des articles sur divers sites (notamment ici). Donc il suffit d'avoir la preuve que l'image était déjà mise à disposition sur la plateforme avant changement de licence globale de la plateforme. Un auteur ne pourra pas contester l'ancienne licence.

    Mais pour une petite image sur un site paumé quelque part, pour moi archive.org est la seule preuve difficile à réfuter car ce site archive vraiment la page telle quelle à un temps T et c'est un service externe. La seconde grosse preuve est lorsqu'il s'agit d'une œuvre ou d'un artiste réputé. Il y aurait donc possiblement quantité d'articles ou mêmes des forums, etc. qui discuteront de la licence (qui aurait été libre à un moment).

    Pour tout le reste, je vois pas de façon de s'envoyer une preuve irréfutable de la licence à instant T. On peut toujours le faire, et c'est pourquoi je conseille de faire des captures d'écran. Mais en tant que techniciens de l'informatique, on doit bien être conscients nous-même que ce ne sont pas des preuves absolument imparables en face d'autres personnes techniques.

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  • [^] # Re: libre un jour, libre toujours ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Tour d'horizon des images libres (et pas libres). Évalué à 7.

    Oui, libre un jour implique forcément juridiquement libre toujours.

    Sincèrement je ne suis pas certain. Les licences libres ont une phase explicite d'acceptation par le licencié (celui qui accepte la licence). Si tu ne l'as pas accepté pendant la période où l'ayant-droit cédait son droit, peux-tu l'accepter rétroactivement?
    Une licence reste une sorte de contrat (qui exerce dans le contexte légal du droit d'auteur) et cela implique donc une acceptation des 2 côtés.

    Bien sûr, tu peux l'avoir accepté de quelqu'un qui l'a accepté à l'époque et exerce son droit de redistribution. Mais c'est donc un cas particulier. Si tu ne trouves que l'auteur originel pour source et qu'il ne propose plus de licence libre, peut-on encore dire que l'œuvre que tu télécharges à ce moment est libre (parce qu'elle l'a été avant)?

    Pas besoin d’effectuer des modifications après un fork.

    Il n'est effectivement pas besoin d'effectuer de modifications mais si tu imaginais cela, alors cela rendrait le questionnement précédent plus explicite. En effet, tu te dis que c'est "libre toujours" car c'est exactement la même image. Mais conceptuellement l'est-ce encore? Et si celle d'avant était libre, et plus celle là (il se trouve juste qu'elles sont identiques au bit près, c'est un "hasard", mais ce sont des images différentes).
    D'ailleurs imagine maintenant que le créateur change juste un bit, unique, de l'image après changement de licence. La différence serait tellement minime qu'il serait impossible de voir la différence à l'œil nu. Par contre l'image est différente (d'un point de vue purement numérique, elle l'est). Donc il est évident que cette nouvelle version ne peut pas être utilisée en libre car cette version n'a jamais été libérée.

    Pour rester dans la comparaison avec le code, imagine une entreprise qui arrête de diffuser un logiciel en libre. L'entreprise ne change rien au code et retire uniquement le fichier licence. Ben si tu télécharges cette version du code (après changement de licence) qui est pourtant unique au bit près à la version libre, parce que tu n'avais pas pris le code avant, ou que tu ne trouves personne d'autre qui ait une copie du code (et qui peut donc exercer son droit de redistribution), et que ce timing était prouvé, je me demande vraiment comment se passerait un procès en contrefaçon.
    Pour du code, on n'a jamais ce type de procès car comme tu le notes, il est très classique de cloner les dépôts (dès qu'un projet devient un peu utilisé). Mais pour pas mal d'images, ça peut être quand même assez différent.

    Note bien qu'en vrai, je suis d'accord conceptuellement avec toi, mais je me fais l'avocat du diable car on parle de loi. Et si on voit que notre côté des choses, c'est dangereux. Il faut voir comment les juristes verraient cette même problématique.

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  • [^] # Re: libre un jour, libre toujours ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Tour d'horizon des images libres (et pas libres). Évalué à 10.

    à qui revient la charge de prouver que la copie qu'on utilise a bien été faite AVANT le changement de licence ?

    Probablement aux 2 parties (l'ayant-droit et le réutilisateur), et c'est le plus convaincant qui gagne. Il faut bien voir que cette "preuve" n'importe qu'en face d'une juridiction quelconque, genre un juge lors d'un procès en contrefaçon.

    Typiquement l'ayant-droit va essayer de prouver que la photo n'a jamais été libre, ou bien que le réutilisateur en a fait une copie après son changement de licence. Le réutilisateur va essayer de prouver qu'elle était en fait libre au moment de la récupération et être de bonne foi.

    Le truc est que ni l'un ni l'autre ne pourra vraisemblablement avoir une preuve irréfutable (à moins d'avoir les dates/horaires exacts de téléchargement, les logs non modifiées du serveur associé à l'IP que le FAI aura confirmé être celle au moment des faits. Et encore, même là, ça peut prouver qu'on l'a téléchargé à un moment, mais on pourrait l'avoir supprimée et re-téléchargée)¹.

    Au final, ça va surtout dépendre de qui est le plus convaincant et du penchant ou aversion du juge en faveur d'ayant droits. Dans un tel cas, il n'y a pas vraiment la question de "à qui revient la charge". Tu peux essayer de te défausser de prouver ta bonne foi, et tu seras probablement juste le perdant (ceci dit, celui qui réutilise a plus à y perdre, clairement), c'est tout.

    Ou bien est-ce que "libre un jour implique forcément juridiquement libre toujours" ?

    Oui et non. Les ayants-droit ont tout pouvoir sur leurs œuvres. Par contre si tu as donné à quelqu'un un droit à vie, tu ne peux pas le lui refuser plus tard. La question à laquelle un juge devra répondre est donc: as-tu donné un droit à vie à cette personne en l'absence d'un contrat signé le prouvant (ici on a une sorte de signature implicite)?
    Si elle a téléchargé l'image sur le site où elle était sous licence libre, au moment où la licence était affiché et qu'elle arrive à le prouver, la réponse est claire (oui tu as donné un droit à vie à cette personne). Encore faut-il que cette personne puisse prouver le lieu et la date du téléchargement.

    Tu soulèves néanmoins une question alternative intéressante: même si la personne avait téléchargé ailleurs et à un autre moment, l'ayant-droit n'a-t-il pas cédé ses droits (en partie) à tous et pas juste à ceux qui ont vu l'œuvre à cet endroit là, et à ce moment là?

    En fait, dans les milieux créatifs, les gens se font typiquement payer par ce qu'on appelle un contrat de cession des droits patrimoniaux (appelé ainsi en France, mais le principe est le même dans la plupart des pays du monde, notamment avec les "License agreements" aux US… ça c'est pour ceux qui aiment raconter que le droit d'auteur et le copyright, c'est pas fondamentalement la même chose). Dans de tels contrats, certains points sont très importants à délimiter, et en particulier il y a l'usage (genre "sur internet" ou "utilisation pour telle campagne marketing", etc.), le lieu (dans la ville seulement, en France, mondial, etc.) et la durée (pendant 1 an, 2 ans, 10 ans…).

    Une licence type Art Libre ou Creative Commons finalement correspond à une cession des droits patrimoniaux automatiques. La section 2 des licences en particulier est ce qui nous intéresse car elle indique l'étendue de la cession. Or elle indique bien une cession pour des usages très étendus (la CC by-sa par exemple va restreindre le changement de licence, mais ne restreint pas comment on utilise l'image elle-même), dans le monde ("worldwide") et à vie ("irrevocable").

    Si tu signes un tel contrat de cessions de droit avec quelqu'un, tu peux pas revenir dessus (sauf si on arrive à prouver que tu l'as fait sous la contrainte ou bien tu t'es fait avoir, voire tu n'as pas signé et c'est un usage de faux, ou autre cas extrême). La grande question là serait: l'as-tu signé avec la personne en question? En mettant cette licence sur un site public, as-tu donné unilatéralement ton accord au monde, ou seulement à ceux qui ont vu la page du site et ont donc vu ton œuvre et ta licence à ce moment là?

    Le paragraphe d'intro des Creative Commons dit notamment ceci:

    To the extent this Public License may be interpreted as a contract, You are granted the Licensed Rights in consideration of Your acceptance of these terms and conditions, and the Licensor grants You such rights in consideration of benefits the Licensor receives from making the Licensed Material available under these terms and conditions.

    Cela dit explicitement que tu n'obtiens les droits de la licence que si tu en acceptes explicitement les termes et conditions. Mais peut-on les accepter après coup, lorsque l'ayant-droit cesse de proposer la licence? Peut-on accepter des conditions d'une licence publique, faite au monde, mais dans le passé? Je n'ai pas la réponse.

    C'est d'autant plus incertain avec ces licences car elles autorisent la redistribution. Donc on pourrait aussi avec eu l'image depuis un autre site, plus tard, par l'intermédiaire d'un tiers qui a eu l'image sur le site originel. Et ainsi de suite.

    Perso je serais juge, je considèrerais en effet qu'à partir du moment où quelqu'un est au courant que cette image a été sous une licence libre en téléchargement public, alors ce serait suffisant pour laisser l'usage libre au réutilisateur. Parce qu'effectivement on a un peu fait un contrat unilatéral avec le monde en mettant une licence et le simple fait qu'un tiers en est conscient fait comme une contre-signature pour moi. Mais je ne suis pas juge. 🤷


    ¹ Si on télécharge une image (ou autre) dans un but de réutilisation et qu'on veut être sûr de son coup, on peut essayer de prendre des captures d'écran (ce qui n'est pas du 100% car une capture peut bien sûr être trafiquée et puis on n'y pense pas forcément); on peut aussi essayer de sauvegarder la page sur archive.org (mais là aussi, un site peut demander à faire retirer les sauvegardes pour sa page, ça m'est déjà arrivé de constater que des sauvegardes pour certains sites avaient disparus).

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: Je le savais que ça méritait un journal

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Virevoltantes valses de licences libres et non libres dans les bases de données. Évalué à 7. Dernière modification le 08 février 2021 à 20:57.

    Tu parles beaucoup d'argent

    Ben oui. C'est un peu le sujet de l'article là. Justement ces gens essaient de noyer le poisson, genre on fait ça parce qu'Amazon c'est des gros méchants, et en fait c'est pour votre bien à tous… Mais en vrai, ils sont juste pas contents parce qu'ils se disent qu'ils peuvent sûrement toucher plus.

    Sinon, s'il fallait choisir une licence non-libre mais qui offre quand même les 4 libertés dans un maximum de cas, je pencherais plutôt pour la licence anti-capitaliste, qui est très claire sur le fait qu'elle offre les 4 libertés aux individus (mais pas à toutes les organisations)

    C'est aussi de ce type de licences "éthiques" dont je parle, et pour moi, ça fait plus de mal que de bien. Et non ça n'a rien d'éthique en vrai, parce que justement ça mélange encore argent et éthique. (donc possiblement des gens pas contents si quelqu'un arrive à faire plus d'argent qu'eux avec leur code)

    Perso je n'ai pas de mal à parler d'argent (pas que j'ai un amour particulier de l'argent, bien au contraire, mais discuter du sujet serait pour une autre fois ou je vais encore faire un commentaire à rallonge; simplement dans notre monde, on doit avoir de l'argent pour pas vivre dans la rue donc j'ai pas honte de parler d'argent), si on me demande de travailler, je demande la rémunération adéquate pour vivre de mon labeur. Mais si je fais du code de mon propre chef, je veux qu'il ait une chance de profiter l'humanité (donc libre). Ce sont 2 sujets orthogonaux. Le problème est justement que les entreprises de cet article ou que les créateurs de licences telles que celle que tu cites essaient de créer une corrélation qui n'existe pas.

    En gros, ce sont 2 sujets totalement différents. J'ai besoin de sous (comme tout le monde, sauf qu'effectivement beaucoup vont avoir honte d'en parler; genre pour certains, demander son salaire, c'est malpoli! 🙄) parce que je veux pouvoir vivre, mais je veux pas le faire au prix de participer à cette gigantesque mascarade du droit d'auteur, des "secrets" du code et du business, du code-qui-fait-loi obscurci, pernicieux et partout dans nos vies et des pratiques "startup". Par contre les gens des ces startup, eux, ils sont apparemment tout beaux et polis et ils parlent pas d'argent (c'est pas joli de parler d'argent! On le prend aux autres mais on en parle pas!). Voilà, c'est la grande différence! 😛

    Et donc ce sont ces personnes qui en faisant ces licences mettent ces 2 sujets sur le même plan, pas moi. Sauf qu'ils le font enrobé dans de jolis mots, en parlant d'ouverture, même de double ouverture (ça veut dire quoi? On sait pas, on saura jamais! 🙄), ou autre grands mots, d'anti-capitalisme, et enfin d'éthique. Moi je ne peux que relever les incohérences et forcément, ça me fait remplacer leur enrobage par les vrais mots que les créateurs de ces licences ont cachés derrière (et les vrais mots, c'est: pognon, blé, flouze… ils l'ont juste dit plus joliment que moi).

    Notons qu'en vrai, si ces gens veulent du code vraiment éthique en s'assurant que les grosses boîtes n'iront pas le leur prendre, ils peuvent déjà faire GPL ou mieux AGPL. 30 ans d'expérience a montré que ça marche. Les entreprises font tout pour s'éloigner de la GPL, et s'il le faut ils vont jusqu'à redévelopper un projet de zéro, ou bien s'en
    tenir à de vieilles versions, ou autres méthodes. Pourquoi? C'est très mauvais pour leurs business basé sur le secret ainsi que l'absence d'obligations (et notamment la possibilité de changer la licence à tout moment, ce qu'ils ne peuvent plus faire en GPL s'ils ont accepté du code tiers, alors que les licences permissives l'autorisent, même s'ils ont aussi des bouts de code tiers dont ils ne peuvent changer la licence). Une entreprise réellement éthique n'aurait alors pas ce problème et serait heureuse d'utiliser du code (A)GPL et de partager ses modifications. Quant à l'impossibilité de re-licencier, ce n'est pas un problème si on tient vraiment à garder le logiciel libre. C'est pour cela que les entreprises qui choisissent le libre/open source pour des raisons autre que l'éthique s'éloignent de la GPL comme de la peste. Elles veulent garder la possibilité de revenir sur leur décision de licence.
    Il y a bien sûr des contre-exemples célèbres, comme Linux, par manque de choix à qualité équivalente; mais c'est justement pas pour rien que les plus gros vont même aller jusqu'à essayer de créer de nouveaux OS (ex: Fuchsia de Google sous BSD/MIT). Ça prend du temps, et c'est tout autant de temps perdu pour ces grosses entreprises (ce qui devrait plaire donc à ces développeurs auto-proclamés éthiques).

    Et si votre logiciel est non pas un logiciel complet (Linux, GIMP, etc.) mais une librairie, alors là, en GPL, il sera jamais utilisé par ces grosses entreprises non éthique, aucun risque de ce côté là.
    Alors pourquoi ces dévs ne font-ils pas cela? C'est pas théorique, c'est prouvé par 30+ ans d'usage. La GPL/AGPL marche, pas besoin d'une autre licence.

    Au contraire, leur liste bizarre de qui est considéré comme un utilisateur éthique est juste n'importe quoi (on peut tous citer des cas dans chacune des catégories où l'utilisateur sera loin d'un utilisateur "éthique", ou d'ailleurs pour reprendre le nom de la licence, on peut aussi trouver des gens avec des comportements ultra-capitalistes dans chacune des catégories citées).

    1. Des auto-entrepreneurs avec des comportements de prédateurs? On en connaît tous (par contre, 2 personnes avec un comportement de travail très sain, on a déjà plus le droit d'utiliser le logiciel, ça limite fortement l'évolution!).
    2. Des organisations à but non lucratif qui ont fait du détournement d'argent ou autres pratiques très mauvaises? D'ailleurs sans même aller dans l'illégalité, que penser d'une organisation à but non lucratif qui promeut l'armement personnel? Ou d'une organisation politique à but non lucratif pour un parti politique d'extrême droite? D'une association de chef d'entreprises (tiens les syndicats patronaux sont rarement des anti-capitalistes et sont en général des associations à but non lucrative loi 1901). Ou tant d'autres exemples.
    3. Un institution éducative, oui comme l'école 42, cette merveille d'éducation non capitaliste qui enseigne aux jeunes à dormir sur le lieu de travail et à travailler 70 heures par semaine sans se plaindre! 🙄
    4. Les SCOP et autres coopératives, j'adore le concept, d'ailleurs si un jour je devais monter une entreprise, c'est vers ce vers quoi je préférerais me tourner si possible. Mais le statut ne fait pas l'éthique. Cela ne fait pas non plus le non-capitalisme. L'une des SCOPs les plus grosses/célèbres en France? Chèque Déjeuner (une alternative au ticket restaurant). Qu'on me dise que c'est une activité éthique et non-capitaliste, tiens! 🤣

    Ce sont les 4 catégories des gens autorisés à utiliser un logiciel sous cette licence. Et toutes les autres catégories, dont certains font peut-être des choses très bien et avec un esprit sain et non capitalistes? Deux ou trois personnes en collaboration? Pas le droit. Une petite entreprise qui fait du bon travail, peut-être en s'attachant à l'écologie, qui paye bien ses employés, sans heures sup' non rémunérées, ne cherche pas à grossir plus que de raison, juste à faire vivre tous ses employés et soi-même dignement, etc. Nope, allez voir ailleurs! Et ainsi de suite.
    À la place, une liste de 4 catégories et on a décidé à la va-vite que ça voulait dire non-capitaliste? On croirait une blague.

    Donc nope. Cette licence, j'espère bien qu'elle n'aura jamais le moindre succès et que les gens ne tomberont pas dans ce piège.

    P.S.: cette fois, j'arrête vraiment de répondre. Plus de commentaire, ça me prend trop de temps! Ahahah!

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: AWS ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Virevoltantes valses de licences libres et non libres dans les bases de données. Évalué à 10.

    Il n'y a pas besoin d'être fanatique de leur carrière mais juste faire comme petite poussette, ça ne prend pas tellement longtemps et ça peut aider à comprendre.

    Perso ça ne m'intéresse pas du tout, mais alors pas du tout du tout. Je ne vois pas ce que ça peut aider à comprendre et justement je ne comprends pas cette fixette que font beaucoup sur des gens en particulier comme s'ils importaient vraiment. 🙂
    À un certain moment, il faut se rendre compte que c'est un culte de la personnalité quand on fait des décisions à base de "c'est untel qui fait ça, j'aime/j'aime pas" plutôt que "c'est un truc bien, j'aime beaucoup".

    Tu te défends alors qu'il n'y en a pas besoin.

    Je me défends pas. Je sais que ça peut paraître ainsi car mes commentaires sont super longs et parfois les gens s'imaginent que je suis en colère ou sur la défensive ou bien n'importe quel autre émotion forte. Mais pas du tout! Laisse moi te donner mon état actuel: je suis actuellement très calme et souriant, je me suis fait un café en lisant linuxfr, ai lu ton commentaire, me suis exclamé "mais pas du tout" à divers points 😉 et me suis dit avec entrain que je dois répondre pour ne pas laisser ces erreurs non corrigées 😛. Je l'étais aussi (calme et souriant) en écrivant mon précédent commentaire. C'est juste que je sais pas vraiment écrire des trucs courts à l'emporte-pièce. C'est un de mes gros défauts, on va dire.
    Voilà, si jamais tu as encore l'impression que je suis sur la défensive ou pas content ou je ne sais quoi, reviens un peu en arrière et relis ce paragraphe stp. La seule émotion un peu forte qui transpire sûrement dans mes commentaires, c'est que je suis un peu passionnés par ces sujets. Ça c'est vrai. Et c'est peut-être cela qu'on confond avec des émotions moins sympas.

    Pour en revenir au sujet, donc, je comprends juste pas pourquoi j'aurais dû citer les fondateurs d'une des sociétés citées (parmi une dizaine dans l'article) en particulier, juste parce qu'il y aurait un lointain (mais vraiment super lointain en plus) lien avec mes activités. Sincèrement je vois toujours pas ce que ça apporte à la discussion. On parle des décisions de ces entreprises (dans leur globalité), pas des dirigeants (qui étaient peut-être ou pas d'accord d'ailleurs, et on le saura jamais vraisemblablement, de toutes façons). Je pense que cette mention ne sert à rien, très sincèrement.

    D'ailleurs j'ai même pas cité cockroachdb en particulier dans le commentaire auquel tu répondais originellement. Ça aurait donc été d'autant plus hors sujet de soudainement parler de ses fondateurs… ce qui n'amenait rien à la discussion. 😛

    Je pense que tu peux comprendre qu'entre une dépêche où tu mentionnes que certaines personnes (que visiblement tu ne cautionnes pas mais j'y reviendrai après)

    "Cautionner" veut dire "se rendre garant" pour quelqu'un (dans le sens imagé donc, ce serait pas exemple se rendre garant de leur intégrité ou de leur honnêteté ou similaire). Alors bien sûr que je ne les cautionne pas. Pas parce que je les crois malhonnête, simplement je les connais pas! De même que je ne cautionne quasiment personne sauf des amis ou de la famille très proche. C'est un peu étrange comme remarque.
    Néanmoins ça ne signifie aucunement que je pense du mal d'eux (j'ai l'impression que c'est le sens que tu mets dans ces mots). Ne pas cautionner est totalement neutre. Je ne mets ni valeurs positives ni négatives sur ces personnes que je ne connais pas.

    Encore une fois, j'ai du mal à comprendre la fixette sur les personnes (et pourquoi ceux là en particulier, quand une dizaine d'entreprise est citée?). Mon commentaire parlait de logiciel libre, de licences, de business model, etc. Il ne parlait pas des personnes. D'ailleurs je connais bien assez ce système pour savoir que ce que fait l'entreprise n'est pas forcément le reflet de ses fondateurs (peut-être que si, peut-être que non, sans être dans le conseil d'administration de ces entreprises, on a bien du mal à le savoir; même pour les employés qui côtoient les fondateurs au quotidien, c'est parfois difficile car ils doivent montrer un front uni; quand ils le font plus, c'est lorsque les guerres de politiques de bureau commencent). C'est ce que je disais dans un autre commentaire au sujet de la possibilité de perte de contrôle de son entreprise.

    font du "libre" puis le courant où il y a une affirmation où c'est du "faux libre" sur un intervalle de temps d'un peu moins de 2 mois, j'essaie sincèrement de savoir à quel jeu argumentaire les protagonistes qui échangent jouent (mais après c'est peut-être un autre contributeur de la dépêche qui à écrit ça…)

    Je n'ai pas contribué à cette dernière dépêche. Tu peux vérifier la liste des contributeurs en haut de la dépêche. Néanmoins cette dépêche est clairement mieux informée que moi. Personnellement de mémoire j'avais vu le dépôt de source. En vérifiant encore, la BSL est clairement nommée en effet. Je suppose que je me suis fait avoir par la mention de MIT et BSD et j'ai dû penser que c'était du multi-licence en lisant en diago (alors que c'est des parties de code en MIT ou BSD ou BSL…). Donc c'est juste mon erreur.
    Il n'y a pas de "jeu argumentaire". Sur LinuxFr, c'est comme le logiciel libre, c'est juste des contributeurs qui écrivent des textes, et parfois on fait des erreurs, rien de plus. 🤷 Là l'erreur est mienne.

    Est-ce que l'administration de LinuxFr pourrait corriger mon article sur GIMP?
    Par exemple: s/apparemment cockroachdb est libre, les fondamentaux restent !/malheureusement cockroachdb n'est pas libre, les fondamentaux se perdent !/ ?
    Ne pas hésiter à rajouter un lien vers cet article (et une note indiquant que nous disions l'inverse dans une version précédente par erreur).

    D'ailleurs, j'ai vraiment apprécié dans l'article des 25 ans de GIMP ce lien vers cette timelapse d'Aryeom. Il y a à 6:30 de la vidéo, lorsqu'il s'agit de colorier beastie le démon, le propos suivant:

    I wanted to express the hell with some fire behind but maybe he comes from the heaven. […]. We should not judge by looking at a character's appearance.

    Et je suis tout à fait d'accord avec cette remarque d'Aryeom, ce pourquoi je n'ai jamais parlé des gens ni n'ai nommé personne! Je parle des stratégies d'entreprise, c'est tout. Je ne juge pas les gens.

    Ensuite oui ces stratégies d'entreprises sont dans un but purement financier. C'est un fait. Si quelqu'un croit que ce sont des bons samaritains et qu'on ne comprend pas leur vrai but de sauver le monde… ben je saurais juste pas quoi dire devant ce type de remarque. Ahahah 🤣
    Et oui forcément ça vient de quelqu'un, ces stratégies ne viennent pas de nulle part. Il y a évidemment des gens qui veulent juste toujours plus de sous et ont poussé ces stratégies. En ce sens, oui probablement je juge. Mais qui? Je ne sais pas moi-même. Il n'est absolument pas dit que ça vienne des fondateurs. Avec les fonds qu'ils ont levé, les chances que ça vienne des fondateurs sont même très très infimes (quand on est à ce niveau de financement, la marge de manœuvre devient faible, ou alors on a vraiment été super fort dans la négociation des financements). Donc justement je ne les juge absolument pas par rapport à ce que leur entreprise fait, et donc il n'y a aucun intérêt à les nommer.

    Bon par contre, oui ils pourraient aussi s'élever contre cela, et ils se feraient alors probablement évincer de leur propre entreprise. Mais c'est clairement un choix (qu'ils ont fait depuis longtemps, en commençant tout ça, ils savaient forcément dans quoi ils s'aventuraient). Donc en un sens, on ne peut pas non plus leur donner le blanc-seing. Ils ont fait un choix. Ce n'est jamais un choix facile d'ailleurs. À l'époque, quand je suis rentré en startup, avec un salaire 3 fois plus que ce que je touchais avant (juste en tant que dév), c'est méga excitant. Personne ne vous dira que ce type de chose est facile à lâcher.

    Enfin bon, j'arrête là. Tout ça, c'est justement la raison pour laquelle je ne citais pas des gens en particulier. Justement car on n'est pas là pour juger les gens. On n'est pas au tribunal populaire avec un bûcher derrière. Par contre, parler des problèmes sociétaux de ce type de démarche est important.

    Après tout c'est humain, il y a des actes bien réfléchis tandis que d'autres sont irrationnels ou bien plus complexes à appréhender basés sur un contexte ambiant. Ca semble être une banalité mais comme je lis une réponse à chaud ou trop à coeur pour ce qui est ton précédent post…je me dis peut-être que…

    Je sais pas ce que tu t'es dit (tu finis pas la phrase), mais ma réponse n'était ni à chaud ni "à cœur". Elle était totalement posée. Elle était juste longue et argumenté car c'est ainsi que j'écris.

    Et encore une fois, je n'ai nullement envie de parler des gens en citant des noms et d'essayer de juger. Je sais pas pourquoi tu t'obstines à parler d'humain, d'irrationalité ou de contexte ambiant. Je suis bien conscient de tout cela. Et c'est pourquoi je ne parlais de personne en particulier mais du système dans son ensemble. C'est toi qui t'obstines à pointer des gens (et pourquoi ces 2 là en particulier en plus?).

    Et si tu veux absolument faire rentrer les sentiments, l'irrationalité ou autre dans la discussion, ben en regardant l'interview citée l'autre jour, il m'a eu l'air sympa cet auteur originel de GIMP. J'ai pas du tout eu le sentiment qu'il était un sadique, avide, méchant ou autre adjectif. Il a l'air plutôt calme avec un gentil sourire. Je n'ai absolument pas imaginé un démon avec du feu derrière lui. Ça se trouve, on se rencontrerait un jour, on pourrait être ami (ou pas, j'en sais rien; il faudrait que ça arrive pour cela et rien n'indique que ça arriverait jamais).
    Mais tu sais quoi? Ça n'a aucune importance dans la discussion. Pourquoi veux-tu faire rentrer l'irrationalité dans une discussion où on parle du bienfondé des licences et de l'impact sociétal des logiciels libres, ainsi que des financements de startups au comportement agressif (les startups, pas les gens!)?

    Il faut savoir faire la différence entre l'humain et les sujets de société. C'est justement quand on n'arrive plus à faire la différence qu'on se met à faire des décisions irrationnelles basées non plus sur ce qu'on pense être bien mais sur ce qu'on pense de telles ou telles personnes impliquées.

    Au départ, tu as une idée. Tu veux en vivre, tu t'investis, tu y passes beaucoup de temps et ce n'est pas nécessairement facile, après tout tu travailles temps plein sans pour le moment un retour puisque tu n'as pas encore produit quelque chose et tu as besoin de cash pour réaliser l'outil de production. Dans le paradigme courant économique majoritaire, tu vas donc chercher des "investisseurs" afin de pouvoir avoir un coup de pouce et c'est là où ça devient moins drôle.
    Les investisseurs te passent de l'argent mais tu as intérêt à rendre mais à rendre de manière "augmenté". Il faut donc falloir croitre, il n'y a pas le choix. C'est sans fin puisque tour après tour tu investis et tu dois anticiper le marché sur lequel tu te places et tu as intérêt à ce que le marché ne se réduise pas.

    Le gras juste au dessus est de moi. Comment ça "il n'y a pas le choix"? Bien sûr que si, il y avait le choix! Tu (le tu imaginaire de l'histoire, pas tu toi) aurais pu faire comme ton boulanger. Tu aurais pu investir de ton argent pour ton projet auquel tu crois, trouver la clientèle, et t'arranger pour avoir suffisamment de travail pour rembourser ton apport initial puis devenir stable financièrement. Éventuellement tu embauches un peu, dans la limite des tes moyens pour pouvoir travailler sur des projets un peu plus gros. Une fois cela fait, tu es tranquille pour longtemps, tu as du travail régulier, ça te paie (ainsi qu'à tes employés) une vie confortable et tu continues tranquillement. Personne t'a obligé à te lancer dans un business instable.

    C'est un peu comme si ton boulanger, au lieu de se faire son petit investissement modeste de base essayait de lever des millions direct, puis achète des dizaines de locaux dès les premières années (le tout en s'endettant constamment), avec pour but de tuer toute la concurrence et d'avoir le monopole sur le pain d'ici 10 ans. Si ton boulanger faisait cela, tu te dirais qu'y a un problème. Là c'est ce que font ces startups.

    Et là tu y vois que celles que tu cites en majorité quand bien même une levée de fond conséquente sont comme tu le soulignes mal barrées (elles sont dans le rouge oui). Ils perdent de l'argent et ce n'est pas drôle pour tout ceux dans le bateau.

    Oulaaah! Mais alors pas du tout. Là tu n'as juste pas du tout compris le business model de ce système. Ce n'est absolument pas un problème. C'est attendu d'eux. Quand ces entreprises obtiennent une énorme levée de fond, les investisseurs n'attendent absolument pas que tu mettes l'argent en banque, le fasse fructifier tranquillement et que tu prennes des décisions managériales "raisonnables", en essayant d'avoir une balance positive, etc. Nonon elles te demandent une politique d'entreprise agressive. Dans la startup où j'étais, après leur première levée de fonds, dans l'année ils ont engagé une vingtaine (voire trentaine) de personnes au Japon et aux US, ont loué de nouveaux bureaux, etc. L'entreprise a perdu des sous du début à la fin et ça a toujours été considéré comme totalement normal.

    Si Uber perd des sous par exemple, est-ce que tu crois que c'est parce qu'ils sont mal barrés? Pas du tout, ils travaillent à perte et le savent pertinemment. Il y a des centaines d'articles sur le sujet (pas récemment, ça fait des années que ces articles sortent). Tiens l'un des premiers liens qui est sorti quand je viens de faire une recherche web sur le sujet explique qu'Uber perd en moyenne 58 centimes par course et qu'ils ne prévoient pas de devenir profitable avant environ une dizaine d'années (article de 2019!). Par contre, ils se sentent prêts à rentrer en bourse! L'article explique que ce type de situation est d'ailleurs assez classique. Il y a plein d'autres articles qui expliquent que le prix des courses est bien trop bas, etc. Alors pourquoi ils font cela? Pourquoi est-ce normal pour eux et même souhaité? Ils pourraient juste monter le prix des courses, et tout irait bien, non?

    S'ils faisaient en sorte d'être profitables (ce qui est la manière saine de faire un business, celle de ton boulanger), ils ne seraient simplement plus si attrayants aux yeux des gens car finalement pas beaucoup moins cher qu'un taxi (peut-être moins cher quand même, mais avec plein d'inconvénients que n'ont pas les taxis). Donc ils n'auraient jamais pu atteindre ce niveau d'usage, anéantir la concurrence et devenir si gros en si peu de temps. En gros, c'est un business model qui consiste à fournir un service à perte pour être sûr de tuer toute concurrence au business model sain (puisque cette concurrence par définition ne travaille pas à perte et est donc nécessairement plus cher). Le client lui ne voyant que le court terme ne se pose pas la question du business model de l'entreprise qu'elle choisit pour ses déplacements et choisit juste le moins cher. Mais que se passe-t-il ensuite? Ben les concurrents, à force de perdre leur client, doivent un jour fermer boutique (ou passer sous l'ombre du nouveau venu, typiquement on a vu pas mal de taxi accepter de jouer le jeu d'Uber en devenant taxi Uber pour ne pas disparaître)… jusqu'au jour où ce nouveau venu est finalement le quasi monopole, l'évidence pour le transport. Que se passera-t-il ce jour là? Ben Uber montera finalement les prix pour être enfin rentable. Et on se retrouvera finalement dans la même situation qu'initialement mais avec une différence de taille: le tout sous une enseigne unique, une seule entreprise multinationale, des conditions de travail et sociales bien moins bonne pour les chauffeurs (cf. tous les articles sur le statut des chauffeurs, les frais, le système de notation et de pression sociale, etc.) aussi bien que pour les passagers d'ailleurs. Et c'est là où c'était court-termiste. Les clients, pour économiser sur leurs trajets, ne regardent pas le but final et donc participent à ce système totalement injuste où une entreprise essaient d'éliminer tous les autres à gros coups d'investissements de milliardaires. Que gagnent ces derniers? Pour eux, les quelques millions déboursés sont en fait des broutilles. Mais surtout ils financent beaucoup d'autres entreprises ainsi, et il suffit qu'une seule réussit son coup pour rentabiliser les pertes sur des dizaines d'autres financements similaires. Le coup social par contre aura été terrible (puisque chacune de ces dizaines d'entreprises auront fait quelque chose de similaire, chacun dans son secteur d'action, et même s'il y a un échec final, les dégâts auront été réels).

    Un bon exemple d'un tel succès: Amazon par exemple fut un gouffre à argent pendant de nombreuses années. Qu'ont-ils fait pendant toutes ces années? Ils se sont rendu indispensable dans le business de la vente en ligne, ont tué nombre de commerces (en ligne ou de proximité) jusqu'au point où ils ont maintenant une majorité du marché. De nos jours, les articles pleuvent sur tous les problèmes engendrés par Amazon, notamment les problèmes de sociétés (droits du travail, impôts, taxes, emplois locaux, écologie, usage illégal de monopole, tout y passe…) mais Amazon est quasi-indélogeable. Tout ça car les gens étaient court-termistes et ont préféré de petites économies et la facilité. J'en suis coupable aussi, comme beaucoup. La société en paye maintenant le prix.

    Pour Uber, il n'est pas encore dit qu'ils réussissent, mais ils sont en bonne voie. Dans certains pays néanmoins, il y a eu des offres concurrentes qui les ont battus. Par exemple, Uber a revendu toute son activité en Chine à son concurrent principal (ensuite la Chine a toujours été un marché particulier). Netflix par exemple fait la même chose avec la télé/cinéma. Leur but est évidemment d'éliminer la concurrence audiovisuel à bas prix. Ça ne les empêche pas de monter régulièrement leur abonnement mais ils restent déficitaires. Ensuite eux, leur réussite reste très incertaine pour moi; ils ont profité d'être le premier gros à faire cela, mais la concurrence est rude maintenant (Amazon Prime, Google Youtube Premium, Disney+…). Je ne serais pas étonné si à un moment donné, Disney rachetait Netflix (pour tout ce qui concerne l'audiovisuel, c'est eux les mastodontes). En tous cas, le business model est similaire.

    Pour une société de base de données, bien sûr, le business model est légèrement différent, mais pas tellement en fait: s'arranger pour se rendre le plus indispensable possible, en perdant de l'argent s'il le faut (grâce à la source financière des investisseurs). Bien sûr, la stratégie exacte va varier. Certains vont faire des services à bas prix, voire gratuit. D'autres vont faire de la pub à outrance. D'autres vont faire du logiciel libre et profiter de la visibilité et de l'aura positive que cela apporte, etc. Ça peut aussi être un mix de tout cela.
    Et le jour où on estime avoir l'emprise nécessaire sur le marché, progressivement resserrer les vannes, ce qui encore peut vouloir dire diverses choses, comme changer la licence de son produit dans les cas cités.

    Le "succès" d'une entreprise c'est une acceptation sociale basée sur la rémunération. Si l'entreprise ferme, selon le modèle majoritaire courant, le marché a "décidé" on va dire que son utilité n'allait pas de soi et donc tu n'as pas d'argent pour en vivre.

    Dans tous les cas, jamais il n'y avait vraiment de considération sur la rémunération, sur l'utilité ou un marché qui a "décidé", ou même sur l'argent pour vivre. Ce modèle de startup ne fonctionne absolument pas comme cela. Ces comptes "en rouge" n'ont jamais été un vrai problème, c'est au contraire une stratégie, si tu regardes, ces sociétés (celles de ce moule Silicon Valley avec moultes investisseurs qui mettent des dizaines de millions de dollars) font toutes cela. C'est la marche normale. Celle qui sont maintenant les mastodontes (les fameux GAFAM) ont aussi fait cela et ont aussi été dans le rouge plusieurs années à leur époque.

    En fait ta comparaison avec ton boulanger est juste à côté de la plaque.

    Mon boulanger fait un super travail. Il me nourrit. Son utilité social n'est pas à faire.

    Ton boulanger a effectivement une utilité sociale. Je ne connais pas ses comptes, mais je suppose qu'il a très vraisemblablement un modèle de business sain où il essaie de faire rentrer plus d'argent qu'il n'en dépense (et pour lui, effectivement s'il finit l'année dans le rouge, c'est très mauvais), et surtout son modèle et sa stratégie ne consiste pas à essayer de mettre les autres boulangers de la ville en faillite (encore une fois, sans pour autant le connaître, mais je crois pas trop m'avancer en supposant ainsi).

    Par contre, ce qui doit être vrai c'est que sur 10 petites entreprises ou "startups" fournit par un investisseur, il doit bien y avoir, on va dire à tout casser 3 qui survivent avec ce mode financier.

    Tout dépend de ce qu'on appelle "survivre". Si c'est survivre en tant quel telle, indépendamment et devenir donc un gros mastodonte, c'est bien moins que cela. C'est bien pour cela que le terme "GAFAM" survit depuis tant d'années. Bien peu arrivent à se faire une place au soleil en devenant des mastodontes indomptables (on les compte sur les doigts des 2 mains). C'est donc plus 1 sur 1000 (ou autre chiffre ridiculement petit).

    Par contre la plupart arrivent à se faire racheter. Certaines arrivent ensuite quand même à vivre une vie propre même après le rachat (typiquement Youtube par exemple). Beaucoup finissent plus ou moins comme une fusion quand la compagnie qui achète a un produit similaire (typiquement Skype qui a fini fusionné avec Microsoft Messenger), avec disparation progressive d'une des 2 marques, ou des limites qui deviennent de plus en plus floues au fil des versions (Facebook et WhatsApp par exemple). Très souvent le produit ou service racheté est éliminé, tout simplement. C'est probablement la tactique la plus courante et les exemples sont innombrables (même si on entend pas forcément autant parler). Les articles sur le sujet sont aussi innombrables, par exemple en cherchant "buy and kill company" (d'autres variantes de mots clés classiques sont "acquire and kill" ou "copy, acquire and kill", etc.).

    Les grosses sociétés achètent ainsi les bases de données de leur compétiteur (les données, le nouvel or), mais aussi les parts de marché déjà acquises par celui-ci (même si plus petit que le sien parfois, c'est toujours ça de pris), ainsi que les "talents" (selon le terme consacré) — c'est à dire les ingénieurs spécialisés dans ce marché — mais aussi et surtout ils achètent l'envie de leur faire de l'ombre! En effet, si dès que quelqu'un essaie de rentrer dans ce marché est racheté avant de devenir gros, alors comment qui que ce soit peut devenir gros? Donc on tue la possibilité même d'un futur compétiteur (qui aurait pu devenir important… ou non, qu'importe, au moins le risque disparaît).

    Et c'est aussi pour cela que je disais que le risque de ces startupeurs est finalement limité. Pourquoi? Parce que ces gens sont aussi très conscients que leurs chances ne sont pas si grosses (même si elles gardent cet espoir morbide de finir un jour dans les 1%), mais ils savent aussi très bien que le pire qui leur arrivera sera de se faire racheter. Si vraiment ils ont fait n'importe quoi, alors ils se feront racheter "peu", ce qui veut dire quand même quelques millions de dollars dans ce milieu, largement de quoi se refaire et recommencer une autre startup (et la boucle est bouclée). En fait c'est même tellement classique que j'ai connu des gens qui démissionnaient d'emploi pour monter des startups avec pour but (assumé et qu'ils te sortaient comme si c'était normal) de se faire racheter par un des gros d'ici les 3 ou 4 années à venir.

    De ce point de vue là, on est plus proche des 100% qui s'enrichissent tranquillement avec ce système (attention, ils sont déjà dans le milieu, ce pourquoi ils peuvent rentrer dans la boucle; pas tout le monde ne peut dire "demain je fais une startup et d'ici quelques années, on me rachète"). Ils ne rentrent pas dans les 1% des ultra-riches, mais ils sont loin de ce qu'on pourra considérer un échec.

    Au delà des acteurs que lesquels tu ricanes de mes arguments. Il y a un point que ces aisés non légitimes font remonter. […] Peut-être que tu n'aimes pas les messagers mais ce problème semble réel.

    Je n'ai rien contre les "messagers" d'aucune sorte, à propos, ni ne ricane contre des arguments. J'apporte juste des contre-arguments de mon côté. Dire que c'est du ricanement n'est pas très respectueux du principe argumentatif de la discussion. 🙄

    Il y a pas tant que ça dans le libre ou l'open-source de mécanisme pour en vivre. Peut-être que tu n'aimes pas les messagers mais ce problème semble réel.

    Peut-être, mais encore une fois, les exemples de cet article ne rentrent aucunement dans cet argumentaire. Encore une fois, eux ils n'ont aucun problème de ce côté là (c'est presque une insulte envers ceux qui triment vraiment de dire cela, quand on voit les sommes amassées). Il faut dire ce qui est. Ces entreprises ne cherchent pas à vivre du libre. Elles jouent juste le même jeu que toutes les autres startups IT à-l'américaine, jeu dont le but idéal est de devenir un mastodonte (et dont l'alternative est de se faire racheter à un moment donné, toucher un joli pactole quand même et recommencer). Simplement ils se trouvent que leur stratégie impliquait de faire de l'OpenSource à un moment.
    Comparer cela à ceux qui essaient de vivre du libre ou de l'open source (il y en a, moi y compris) et qui refusent de rentrer dans une telle démarche fort peu saine pour le monde et la société me paraît déplacé.

    Rachat par un gros avec les licenciements à la clef car il faut rentabiliser l'idée rachetée? Oui probablement. Tu avais le choix dès le départ? Oui et non, tout dépend de ton capital social, financier et culturel…

    Dans ce type d'histoires, tu as toujours le choix. Tout le reste, c'est pour se donner bonne conscience. Je suis moi-même d'une famille moyenne, pas riche mais je n'ai pas eu de gros problème financier étant jeune, j'ai pu faire des études, et ai eu un boulot d'ingénieur rapidement, etc. Quand j'ai travaillé dans ce type de startup, au début, j'étais épaté (comme je pense tout le monde les premiers mois). C'était assez excitant et la paie… incomparable. À un moment, on a même l'impression de faire un truc bien. J'ai failli dériver vers Google à un moment. À l'époque, j'étais en plein dans XMPP dans mes activités hors-emploi de libriste, j'ai participé à la seconde vague des RFC (au point qu'on trouve mon nom dans les remerciements des RFC 6120, 6121 et 6122) et c'était en plein l'époque où Google et d'autres étaient aussi à fond sur XMPP (j'étais d'ailleurs en contact avec le manager de l'équipe XMPP chez Google). J'avais tout pour continuer dans ce monde, les boss aimaient mon travail, etc. Qui sait, j'aurais aussi pu me faire mon "carnet d'adresse" (😱) et commencer moi-même à lancer une startup depuis!

    Mais peu à peu, on réfléchit. J'ai regardé le monde créé par ces entreprises. J'ai regardé les comportements des gens, notamment des fameux managers que tout le monde adulaient car ils avaient déjà réussi à vendre une entreprise. Et… je me suis éloigné de ce monde. J'ai démissionné et je me suis barré, tout simplement.
    Maintenant je fais mes projets. Je fais du libre. Quand il m'arrive d'être employé (lorsque mes projets libres n'aboutissent pas), c'est genre en CDD au CNRS (avec un salaire ridicule) ou pour une petite association (salaire divisé par 3 avec ce que j'avais y a 10 ans!). Je ne regarde même pas les offres des entreprises (petites ou grosses) de ce milieu de la "startup" dont le seul but est de faire du fric. Même lorsqu'elles font du libre, je ne veux pas en faire dans ces conditions. Ce serait comme participer à un évènement caritatif organisé par une entreprise qui est partie prenante du problème. C'est absurde.

    Et tu sais quoi? Je ne regrette pas une seconde. Je n'ai pas ma maison de vacances, je n'ai pas de piscine chez moi. Je n'ai pas mon 4×4 qui vaut une fortune. Mais je suis clairement plus heureux que je l'aurais été si j'avais continué dans ce monde et avais maintenant tout cela.

    Les gens aiment bien dire qu'ils n'avaient pas le choix pour excuser des comportements malsains. C'est juste trop facile. Il y a des choses où on n'a pas le choix. Mais ça? Si, on a toujours le choix. J'adorerais qu'on me donne un contre-exemple d'une personne qui a décidé de rentrer dans ce milieu, de se faire plein de sous, de pourrir la société par des pratiques entrepreneuriales malsaines, et qui a fait tout cela parce qu'elle n'avait pas le choix (genre on lui a mis un flingue sur la tempe et dit "deviens riche et pourris les autres ou je te tue"?).

    D'un côté tu soulignes un concept manichéen du "bon" open-source et du "mauvais" open-source. En face, "le mauvais" open-source se dit légitime dans ce qu'il fait.

    Je suis pas sûr où tu as lu cela. Où ai-je parlé de bon et de mauvais Open Source? Je vais même pas vérifier mes textes car c'est ridicule (si j'ai dit ça quelque part, soit je me suis vraiment mal exprimé, soit je sais pas, j'ai reçu un coup à la tête peut-être 🤕). L'open source, c'est l'open source. Ces entreprises ont fait de l'open source à un moment donné, à un autre elles ont arrêté. C'est tout, c'est juste le fait de base. Il n'y a pas de concept de bon et mauvais dans l'open source ici.

    Ce sont justement les autres qui ont essayé d'y mettre des jugements de valeur, du genre que ces entreprises ont voulu faire de bonnes choses, qu'elles veulent être plus éthiques ou "doublement ouvertes" et qu'elles veulent juste survivre (on sent la petite larme 😢🙄). Donc au contraire j'ai expliqué pourquoi justement toutes ces valeurs ne sont que de la communication. Je n'ai moi-même pas mis de valeur ou fait de différenciation entre du soit-disant bon et mauvais open source.

    On m'a pris en stage d'informatique à 35 ans (j'ai un doctorat de physique et ils ont osé oui c'était assez drôle car clairement en France à l'embauche ce n'est pas vraiment ce jeux qui est proposé) dédommagé à 500 euros pendant 6 mois avec promesse d'embauche […]
    Personnellement j'y ai trouvé des gens plus "normaux"

    Ben tu vois, là déjà je vois personnellement une alerte rouge. Des gens qui sont capables d'exploiter autrui ainsi, moi j'appelle pas cela normal. Ton truc serait pour un organisme caritatif pour, je sais-pas-moi, sauver les baleines peut-être ou aider des sans-abris, ok pourquoi pas. Et encore, seulement si on parle d'un petit organisme qui n'a pas de sous (je ne suis absolument pas en faveur de l'exploitation de gens que certains gros organismes caritatifs — qui, une fois une certaine taille atteinte, sont alors parfois moins humains que les valeurs affichés le laissent entendre — font parfois sous prétexte de "bonne action").
    Mais là, tu nous parles de gens qui te font travailler pour rien en échange de promesses.

    Je suis personnellement 1000 fois plus respectueux de sociétés qui ne feraient même pas du libre, mais essaient d'avoir un bilan financier stable, qui rémunèrent correctement (pas excessivement mais correctement) leurs employés, n'engagent pas des gens quand ils ne peuvent se le permettre parce qu'on espère des investissements (a.k.a. "de l'argent magique tombé du ciel plutôt qu'en travaillant comme tout le monde") et ont donc une clientèle réelle avec qui ils font de l'argent, la clientèle est contente, eux aussi. À la fin du mois, tout le monde a eu ce qu'il voulait (le client a eu son logiciel ou autre, les employés et les patrons ont eu leur chèque bien mérité pour travail bien fait).
    Qu'on me dise pas que ça n'existe pas, c'est ce que des gens ont fait depuis la nuit des temps. Le problème est que maintenant plein s'essaient à ce nouveau mode de travail "startup nation" où on veut toucher un jackpot avec travail minimum et en rémunérant des doctorants 500€ en 6 mois. Mais les dits doctorants trouvent cela normal de se faire exploiter ainsi, apparemment, et ça c'est quand même triste. 🙄

    Honnêtement ton anecdote veut tout dire et conclue bien mon commentaire (bon allez, ce sera le dernier d'ailleurs, ça me prend trop de temps tous ces trucs là! 😛).

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • # Raspberry Pi OS ≠ Raspbian? Et une petite analyse du problème…

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Raspbian : installation dans le dos des utilisateurs d'une télémétrie vers des serveurs Microsoft. Évalué à 10.

    ⚠️ Apparemment c'est Raspberry Pi OS et pas Raspbian. D'après ce que les gens disent sur reddit, c'est pas pareil et le problème n'impacterait que RPI OS, qui serait le fork de la fondation RPI (Raspbian étant maintenant la version communautaire et n'ajouterait donc pas ce dépôt; à vérifier bien sûr, je veux pas induire en erreur). Voilà je pensais que c'était important de le préciser si c'est vrai. ⚠️

    Sinon sur le problème lui-même, ce n'est pas juste un petit problème de télémétrie.

    1. Déjà évidemment il y a la question de qui est qui. C'est triste pour Microsoft si maintenant ce sont réellement des saints (🙄) mais la confiance, ça se regagne pas si facilement. Donc forcément les gens sont pas fans de l'idée de taper dans un serveur Microsoft avec l'historique pas reluisant de l'entreprise.
    2. Ensuite c'est apparemment essentiellement pour un logiciel (VS Code). Les gens se demandent pourquoi cela n'aurait pas pu juste être rajouté comme paquet dans les autres dépôts existants? Pourquoi cela avait-il besoin d'un dépôt dédié? Et donc justement si cela ne cache pas quelque chose. De la télémétrie notamment en effet (pas seulement si on installe le logiciel d'ailleurs, le simple fait d'avoir un dépôt configuré y envoie des infos régulières). Ensuite y a-t-il un deal financier quelconque entre la fondation raspberrypi et Microsoft? C'est en tous cas ce que beaucoup semblent supposer, ou du moins se demandent et avec peu de réponse de la part de la fondation.
    3. L'un des vraiment gros points de contention est comment cela a été fait aussi. Normalement une distribution ne change pas la liste des dépôts dans une mise à jour par script (ce qui a été fait ici). On ne rajoute pas ainsi un nouveau dépôt unilatéralement sans demander explicitement avant (question interactive lors de la mise-à-jour par exemple). La liste des dépôts est quand même un truc un peu sacré, c'est la porte d'entrée vers votre installation. Là les gens en sont d'ailleurs à se dire que même s'ils virent la nouvelle ligne dans le fichier de config et la clé, rien ne leur garantit qu'une prochaine mise-à-jour ne va pas les rajouter à nouveau. Donc en gros, la relation de confiance a été mise à mal.
    4. Lié aux points 1 et 3: ce qui a été rajouté, c'est un dépôt chez Microsoft et une clé de Microsoft. Une prochaine mise-à-jour peut donc télécharger des logiciels empaquetés entièrement par des ingés Microsoft, sans contrôle extérieur (pas même de la fondation). Même des bibliothèques classiques aussi dispos dans les autres dépôts (il suffit de faire une version plus récente, c'est ce que font les dépôts tiers en général pour supplanter les versions de base, genre les dépôts de logiciels libres avec prise en charge de trucs brevetés, par exemple pour avoir une version de ffmpeg plus complète, etc.; dans ces cas là, c'est donc pour "une bonne raison" et configuré explicitement par l'admin de la machine, mais là avec un dépôt Microsoft et sans avertir l'admin?…). Alors bien sûr, certains disent que si Microsoft faisait un truc indigne, ça leur retomberait dessus. Peut-être. Peut-être pas. Justement on voit typiquement avec ce genre d'histoire que ce types d'histoire de confiance fait perdre un peu, mais potentiellement gagner beaucoup en même temps (ce pourquoi possiblement la fondation RPI ne fait pas marche arrière non plus). C'est un peu comme donner les clés à quelqu'un en qui on n'a pas confiance en se disant "il va pas oser me cambrioler, ça lui coûterait cher"… ou pas. Peut-être qu'il y verrait tout de même un avantage en pesant le pour et contre. Dans le doute, je donnerai pas une copie de mes clés à quelqu'un en qui j'ai pas confiance. 😛

    Dans tous les cas, ça fait pas mal discuter dans le rapport #42 du dépôt lié ainsi qu'en bas du commit même.
    On notera aussi que malgré une date au 25 janvier pour la mise-à-jour elle même et le commit, ce dernier n'a apparemment été poussé (donc code visible) que le 4 février. C'est possiblement juste un oubli, mais tout de même si c'est le cas, c'est une grosse bourde sur un sujet si sensible où il aurait mieux valu jouer l'ultra-transparence. Là c'est un peu "oups ahah on a oublié de publier le code le plus équivoque de notre historique avec 10 jours de retard (après sortie binaire de la mise à jour qui a donc été en production jusqu'à ce que quelqu'un le remarque et doive demander)!"

    En tous les cas, ça a pas mal ébranlé la confiance que les gens ont envers la fondation RPI (enfin ceux qui auront eu vent de l'affaire, beaucoup ne s'en rendront jamais compte, cf. ce que je racontais plus haut). J'en ai eu vent en voyant ce fil reddit et c'est vrai que pour l'instant, j'ai du mal à considérer ça comme une inquiétude futile. Je sais en tous cas que j'installerai pas cette distrib la prochaine fois que j'installe un RPI (et probablement je regarderai dans les autres machines de ce type si je dois acheter une mini-machine plutôt qu'acheter RPI).

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]