Jehan a écrit 1633 commentaires

  • [^] # Re: AWS ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Virevoltantes valses de licences libres et non libres dans les bases de données. Évalué à 10. Dernière modification le 07 février 2021 à 12:23.

    2 des créateurs de CockroachDB sont les 2 auteurs initiaux de GIMP que Jehan ne mentionnent pas.

    Je vois pas pourquoi je l'aurais mentionné. 🤷 (à part si tu te dis qu'il y a conflit d'intérêt, mais le contenu de mes messages n'est pas vraiment pour leur défense, alors…)

    D'une je savais pour l'un des 2 (pour avoir vu par hasard un bout d'interview récente de lui au sujet de CockroachDB) mais je savais pas que les 2 étaient de ce projet (ben oui, je fais pas dans le fanatisme, je suis pas leur carrière — ni de près, ni de loin — et n'ai d'ailleurs aucune idée de ce qu'ils ont fait après GIMP).

    De deux, je les connais pas, ne les ai jamais rencontrés, ne leur ai même jamais parlé électroniquement (email ou autre) ni autrement. Je n'ai juste aucun lien avec eux. C'est pas parce que je suis maintenant un contributeur majeur de GIMP (depuis 2012! Eux c'est plus depuis 1997 a priori, soit 15 ans d'écart!) qu'on a le moindre lien. Pour info, je les remercie pour avoir débuté le projet GIMP, mais ça s'arrête là (GIMP aurait pas existé, j'aurais fait autre chose, c'est pas la fin du monde, ce sont ni des messies ni des génies, pas plus que moi).

    De trois, je vois pas l'intérêt de la remarque. Je suis sûr qu'on trouve des gens qui ont participé de façon importante à divers projets libres dans les diverses sociétés mentionnées dans cette dépêche, et alors?

    Perso je m'intéresse aux actions, pas à la notoriété des gens.

    Le problème est comment rémunérer, répartir

    La même problématique que toutes les entreprises du monde, quoi.

    Mais justement si tu lis bien mon commentaire, ça ne s'arrête pas là. En fait, si ça s'arrêtait là, les diverses entreprises seraient déjà des succès. Faisons une petite recherche web avec ces différents noms d'entreprise.

    Sur les divers noms, je vois qu'Elastic et MongoDB sont en bourse depuis 2018 pour le premier, 2017 pour le second, avec des actions qui sont en hausse générale depuis. De ce que j'ai trouvé, MongoDB a d'ailleurs levé 311 millions de dollars (231+80) entre 2007 et 2015 et Elastic a levé 252 millions jusqu'à 2018.
    Apparemment MariaDB n'est pas encore en bourse (ou je trouve pas) mais je trouve un article de 2020 où ils disent que le financement est porté à 125 millions de dollars en 2020.
    Pour Redis Labs, ils ont pas l'air en bourse non plus, mais l'article le plus récent que je trouve date de 2019 et indique un financement porté à 146 millions de dollar à ce moment avec un chiffre d'affaire qui progresse de 60% d'une année à l'autre. Dans le même article, on appréciera cette citation du CEO:

    Nous sacrifions pour le moment la rentabilité au profit d'un objectif de croissance rapide

    De son côté, Confluent était à 200 millions de dollars de levés et discutait 100M supplémentaires en 2020

    Cockroach Labs en est à 355 millions de dollars en 2021.

    Bon je sais pas s'il reste quelques noms de la liste de cet article, mais je vais pas tous les faire. On voit l'idée. Tu crois vraiment que le problème là est de se demander comment rémunérer? J'en connais pas mal des entreprises qui aimerait avoir ce problème avec ce type de financement! 🤣

    Non, comme je l'expliquais, dans ce type d'entreprises, les fondateurs ne s'arrêtent pas à ce but de "rémunérer/répartir". Elles essaient de devenir les prochains mastodontes. C'est une logique de tout ou rien: on devient le monopole (ou quasi-monopole) ou on crève/se fait racheter (plus souvent le second, ce qui reste un sacré pactole).

    C'est pourquoi on voit tant de sociétés qui sont dans le rouge depuis le début, et ce pendant plus d'une décennie. Des Netflix, Uber et compagnie. Comment imaginer que ces entreprises qui sont des succès indéniables sous n'importe quel angle extérieur perdent officiellement de l'argent quasi depuis le début de leur existence (je ne sais pas si c'est toujours le cas, ça a peut-être changé en 2019 ou 2020, je me tiens pas au courant, mais s'ils passent enfin en positif, c'est donc très récent)? Ça fait juste partie du business model, c'est tout. Ce n'est absolument pas la preuve d'une difficulté à rémunérer qui que ce soit, même si ce type d'entreprise aime bien faire des articles avec un petit côté Caliméro lorsqu'ils licencient massivement ou changent une licence (histoire de pas trop avoir le mauvais rôle; y en aura ainsi toujours pour dire, comme ici: "oh les pauvres, ils ont du mal à rémunérer"…).

    La réponse n'est pas que les pauvres petites entreprises ont un business très dur et qu'ils ont du mal à joindre les 2 bouts et rémunérer. C'est qu'ils ont un modèle totalement illogique de type prédatorial, avec une stratégie très offensive (tue la concurrence au plus vite ou crève), le tout financé par les investisseurs.
    Quant à répartir, ils le font très bien entre actionnaires, ça pas de problème! 🙄

    Ces entreprises américaines (ou "à l'américaine", puisqu'on essaie de copier ce système dans plein de pays) jouent ce jeu dès le début. Quand on est en plein milieu de cela, on découvre vraiment un autre monde. Et donc non, ils ne cherchent pas à "rémunérer". Ce n'est pas vrai. Ce n'est absolument pas leur but premier (ça devrait l'être dans un marché sain, on est d'accord là dessus, sauf que ce n'est pas leur cas). Rémunérer, c'est rien, c'est un détail et d'ailleurs ces entreprises n'ont pas vraiment ce problème. Si ça avait été leur but, elles auraient cherché un modèle stable, plus lent, mais où on essaie de faire correspondre l'argent qui rentre et celui qui sort.

    Et quand elles licencient (elles le font régulièrement, on voit tous ces articles sur la société X ou Y qui fait un plan de licenciement massif), c'est rarement parce qu'elles n'arrivent plus à rémunérer. Non, ça fait juste partie d'un plan économique quelconque où un manager s'est dit que ce serait une bonne idée pour telle ou telle raison. C'est une toute autre logique qu'on ne peut pas comprendre tant qu'on s'accroche au modèle classique d'une bonne entreprise qui devrait effectivement être là pour faire vivre ses employés avec un modèle stable et des produits de qualité (le modèle sain, celui que je défend aussi), non enrichir toujours plus ses investisseurs et/ou actionnaires.

    ou encore protéger socialement une prise de risque que d'autre ne font pas.

    La "prise de risque" est l'autre petit mirage, légende même, celle que les gens riches aiment bien aussi raconter pour expliquer leurs gains excessif et à quel point ce serait mérité. Certes il y a une prise de risque, mais tellement minime que ça n'explique rien du tout.
    A-t-on déjà entendu parler d'un de ces fameux CEO de ce type d'entreprise qui s'est retrouvé miséreux, à la rue? Ou bien simplement quand son entreprise ne survit pas, devient-il simplement un manager ailleurs (voire refait-il une boîte dans la foulée, quelques années plus tard à peine)?

    Il y a pas mal d'aspects, l'un c'est qu'ils sont en général déjà riches (ouioui, le mythe du pauvre petit miséreux qui est devenu milliardaire a bon dos; encore une fois, c'est vrai une fois de temps en temps, et cet exemple exceptionnel est utilisé et rabâché ad-nauseam pour justifier le fameux rêve américain qui permettrait à quiconque de rentrer dans les 1%). Dans mon expérience, un fondateur de petite startup est donc un propriétaire d'un petit immeuble de 3 ou 4 étages dans un quartier de luxe du centre de Tokyo (avec son appart sur un étage complet, ses parents dans un autre étage, et le reste loué ou autre), sa grande maison de vacances dans une région balnéaire du Japon très huppée, et une autre habitation dans la Silicon Valley (exemple purement théorique, absolument pas vécue, hum hum… 🙄). Ce ne sont pas des ultra-riches encore (ça c'est leur but), mais clairement ils sont bien portants (pas forcément toujours à ce niveau là, mais il suffit d'être fils de médecins ou d'ingénieurs, et déjà la pression sociale à trouver un boulot avec salaire rapidement ou autre n'est pas comparable). Donc leur risque quand ils montent une startup avec leurs potes de promos pendant 2 ou 3 ans (dans le "garage" des parents… ahahah! L'autre jolie légende) est bien limités. D'ailleurs en général, le fameux mythe "pauvre qui est devenu riche", c'est surtout le cas du mec doué qui avait un pote riche avec qui ils ont fait leur boîte, ce qui lui a alors permis de prendre son temps et relâcher la pression habituelle de sa classe sociale.

    La version intermédiaire, très classique aussi, est les ingénieurs qui ont travaillé pendant une dizaine d'années dans une des grosses boîtes (Google, Microsoft…) aussi avec des salaires mirobolants, pour se faire leur carnet d'adresse, se faire de nouveaux copains riches, et ensuite s'essayer à l'investissement de startup.

    Leur but pendant ces quelques années sera donc de trouver des investisseurs, ce qui vient avec leur milieu social. Une fois ce premier investisseur trouvé, ils rentrent dans un nouveau processus très rapide (où ils peuvent éventuellement rapidement perdre la main en fonction de leur investisseur et de leur poigne propre) et il n'y a plus aucun risque personnel (le risque est maintenant pour les investisseurs, mais même là, il est relatif et finalement minime; si je rentre dans les détails de cet autre aspect, le commentaire va devenir encore plus long!). Ils ont alors un salaire à faire envie aux PDGs d'entreprises moyennes françaises. Leur seul risque c'est s'ils ont fait suffisamment mal leur premier investissement pour perdre la main totalement et se faire virer de leur propre boîte (auquel cas, ils perdent leur salaire et leur job, mais pas leurs parts! Donc finalement si les nouveaux dirigeants sont meilleurs qu'eux, ils ont juste une rentrée d'argent régulière sans rien faire). Et à ce moment là, ils vont donc simplement soit chercher à travailler ailleurs soit à remonter une autre boîte (on rappellera qu'ils ont eu un très bon salaire pendant quelques années, et donc n'ont aucun problème financier même s'ils ne retravaillent pas vite). C'est pourquoi on dit que l'échec n'est pas un problème dans le modèle américain; c'est vrai, c'est un apprentissage, et la prochaine fois, ils sauront peut-être comment ne pas perdre le contrôle de leur boîte. Dans tous les cas, on ne les éjecte pas du milieu et ils ont droit de retenter leur chance.

    Donc prise de risque? Laissez moi rire! C'est un risque extrêmement minime et contrôlé. Ces personnes savent d'ailleurs très bien qu'ils retrouveront un poste chez un pote si besoin est. J'ai vu ça dans mon expérience startup, le gars propulsé manager dans la petite startup, qui vient d'on-ne-sait où et on vous explique que ses références, c'est qu'il a monté sa propre startup qu'il a finalement vendu une fortune à un des gros mastodontes. On apprend aussi rapidement que c'est un ancien collègue du fondateur riche qui a plein de maisons, etc. On notera avec ironie que sa référence professionnelle n'est pas qu'il est un bon manager (d'ailleurs il l'était pas, il était horrible humainement).

    Enfin bon, cette histoire de prise de risque est un mythe dans ces entreprises là.

    Rapaces, requins, hyènes, loups…On peut trouver d'autres symboles que ceux historiquement un peu déprécié, non?
    Je les trouve fort bien utile dans l'écosystème naturel moi ces animaux :-).

    C'est de la rhétorique à base d'imagerie populaire. Je n'ai rien contre ces animaux non plus (je fais des dons pour des refuges animaliers sauvages et suis même pour la sauvegarde d'animaux considérés comme "peste" par nos sociétés, alors bon…).
    Mais utiliser cette imagerie permet juste de se faire comprendre et n'est en rien un appel à se débarrasser des rapaces au sens propre qui sont effectivement utiles. Je pense que quiconque l'a bien compris.

    Honnêtement je vois pas trop l'utilité de cette remarque non plus. 🙄

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: C'est dans un peu moins d'une heure !

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Le Chabada (SMAC - Angers) et le festival Premiers Plans passent à Peertube (03/02/2021 @ 19h). Évalué à 3.

    Ahah c'est cool. Longue vie à Plagiat et l'AMMD! 🙂

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: Je le savais que ça méritait un journal

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Virevoltantes valses de licences libres et non libres dans les bases de données. Évalué à 10.

    Il y a deux mois, j'avais relayé un billet de blog qui, sans partir des mêmes faits (il y était question des licenciements à Mozilla), partageait l'analyse de ces projets qui ont abandonné leurs licences libres : l'open source serait un piège à nigauds.

    Je me souviens de ce lien, j'avais lu et écrit un long commentaire subdivisé pour démonter la réflexion de ce post. J'avais finalement décidé de ne pas publier mon commentaire parce que j'ai estimé que ça ne valait pas la peine de s'embourber dans une discussion trollifère (bon j'en ai gardé une copie dans un fichier texte, juste au cas où, pour plus tard, comme je fais régulièrement car ce n'est pas la première fois que je mets au rebut un de mes textes) et aussi parce que l'auteur n'était pas dans la discussion. Cela ne me paraissait pas bien de démonter un post de blog dans le dos de l'auteur.

    En gros, vous l'aurez compris, je considère cette nouvelle mode de "licences éthiques" tout sauf éthique. Du moins c'est de l'éthique superficielle où je pense que les gens sont parfois sincères (ils essaient de s'en persuader) mais au final, ce qu'ils veulent, c'est leur part du gâteau (des sous!); ça ou bien ils se font tromper.

    C'est une vision fort pessimiste ("FOSS is dead"), anti-stallmanienne ("those freedoms don't actually mean shit to the average end user"), et du coup, je crois, "utilitariste" au sens où l'exprimait Jehan plus haut

    Alors j'espère quand même que ce passage sur l'utilitarisme n'est pas la seule chose qu'on a retenu de mon commentaire précédent. Néanmoins essayons d'aller plus loin. Premièrement: non le mouvement FOSS dans son ensemble est loiiiin d'être mort. Dire cela montre déjà une mécompréhension totale du milieu (même si c'est juste pour lancer une phrase d'accroche). Bien au contraire, ça peut difficilement être plus florissant. Par contre, oui le mouvement Open Source en particulier est plutôt à tendance utilitariste. Il l'a toujours été, c'est presque comme cela qu'il se définit et qu'il s'est séparé du mouvement Libre. En effet, comme beaucoup le savent bien ici, il n'y a pas de grosse différence technique au final entre Libre et Open Source (ce pourquoi les acronymes comme FOSS ou FLOSS existent, pour les gens qui s'en foutent ou veulent pas faire la différence dans un contexte donné). La différence est plus d'un point de vue philosophique ou politique (c'est à dire le but final, ce pour quoi on le fait). Les gens qui font spécifiquement la différence sont les gens donc qui estiment que cette différence philosophique a une importance. Je fais partie de ces gens là (je me rattache personnellement au mouvement Libre).

    Alors pourquoi le FOSS n'est pas mort? Séparons, déjà la partie Open Source: ben celle-ci se porte mieux que jamais. Puisque leur souci est un souci d'efficacité (et qu'efficacité implique pour ces dévs OSS en général efficacité financière), il faut voir le succès économique. Bon… faut-il vraiment développer? Les logiciels Open Source sont juste partout, des petites aux grosses et très-très grosses entreprises. Oui ce sont parfois juste des produits d'appels, oui ils vont parfois revenir sur leur choix de licence (cf. cet article), oui ils gardent parfois leurs logiciels cœur de métier en propriétaire… mais ça n'empêche que grâce à la partie OSS, ils arrivent à se faire une place au soleil qui aurait été impossible en propriétaire de nos jours (comme j'ai montré plus haut), ils arrivent à mutualiser des coûts de logiciels d'infrastructure, ils se font de la pub à bas prix, ils améliorent la qualité et sécurité de leurs logiciels à vitesse grand V comparé à la méthode de développement propriétaire, etc. Et c'est devenu un modèle de dév si habituel que les services informatiques des entreprises diverses se posent la question de manière normale maintenant. Si on voit à quel point le mouvement s'est répandu partout et son efficacité (pour un mouvement qui s'attachait à prôner l'efficacité), comment peut-on dire que c'est mort?

    Voyons maintenant la partie Libre. De ce côté, on s'attache plus à l'aspect sociétal du logiciel (encore plus maintenant où le logiciel est partout et dirige nos vies, cf. par exemple le fameux "code is law") et on considère notamment que l'on doit pouvoir contrôler le code qui est partout dans nos vies. Comment ne peut-on avoir aucun contrôle sur le code qui fait des choix pour nous, sur nos ordis ou des ordis tiers? Puis il y a les aspects du droit à la compréhension des codes, et du partage, notamment des sciences, techniques et connaissances de manière générale (et d'autres aspects se sont développés au fil des années, pas forcément les mêmes selon les personnes, certains peuvent aussi être en désaccord, mais globalement ce sont les aspects de changements de société qui définissent le mouvement logiciel libre). De ce point de vue là, on préfère l'ensemble des logiciels sous licence libre (ou plus simplement: l'ensemble de ceux qu'on utilise au minimum). On n'y est certes pas encore, mais personne ne peut dire que ça n'a pas évolué à vitesse grand V et énormément depuis la naissance du mouvement. Et même si on n'adhère pas forcément aux raisons de l'OSS, force est de constater que puisque la conclusion est techniquement la même (même liste de licences, à très rares exceptions près), finalement le succès des licences OSS est aussi un succès pour le LL. C'est à dire que même si quelqu'un fait du libre essentiellement par raison économique, ben ça n'en reste pas moins un bon point pour ceux qui veulent faire avancer le Libre. Et de ce point de vue là, le Libre a constamment progressé depuis sa création jusqu'à ce jour.

    En gros, quelqu'un qui te sort que le mouvement FOSS est mort, ou même la moindre sous-partie de ce mouvement, fait une déclaration assez ridicule.

    Par contre, ça prouve en effet (selon moi, car c'est sujet à discussion) une limite d'une frange du mouvement Open Source par rapport à la logique FLOSS. Le truc, c'est que c'est très efficace pour démarrer un business mais a priori ça atteint ses limites pour passer au niveau supérieur. Or le problème est de vouloir absolument passer au niveau supérieur, qui signifie donc "plein de brouzouf à la clé". En fait, c'est un problème de vision de l'entreprise et de la société de manière générale. Pourquoi doit-on sans cesse concevoir le monde professionnel comme une croissance continue et infernale? De mon côté, ma vision du travail est qu'il doit permettre de vivre, confortablement bien sûr (pas juste survivre) mais pas de faire de nous des milliardaires. En ce sens, le logiciel libre me convient. Ce dernier s'intéresse à un logiciel au service de la société, pas à faire du développeur une personne riche (ça ne préconise pas d'en faire une personne sous le seuil de pauvreté non plus bien sûr).
    Ceci dit, il est évident qu'il y a aussi des open-sourcistes qui ne pensent pas à devenir ultra-riches et pour ceux là, l'open source fonctionne bien et n'a donc pas cette limitation. Donc même quand je dis que ça montre une limite du mouvement open-source, ça dépend encore de la vision que chacun peut avoir de ce mouvement.

    Or clairement dans l'esprit de beaucoup d'entrepreneurs, et notamment dans l'esprit "startup", "vivre bien" ne suffit pas. Il faut être riche. "On" veut arriver au niveau des patrons de ces grosses boîtes qu'on dit officiellement détester (Amazon et autre GAFAM). Donc finalement on les déteste pas, on les admire et on veut juste prendre leur place et faire comme eux au final. Si on n'est pas content, est-ce alors vraiment parce qu'Amazon est un rapace? N'est-ce pas plutôt parce que dans ce scénario, c'est nous la proie mais que le même scénario ne nous dérangerait finalement pas vraiment si on était le rapace?

    <aparté>
    Mon côté taquin aurait envie de dire d'ailleurs que quand la seule chose qui nous intéressait était l'aspect efficacité ou financier en se foutant éperdument de l'aspect sociétal de ses actions (comme trop d'entrepreneurs qui croient que c'est "normal", on est "là pour faire des sous" quoi…), ben j'ai presque envie de leur dire que c'est une bonne leçon quand ça leur retombe dessus. La citation que tu copies est d'ailleurs assez symptomatiques de l'état d'esprit: "those freedoms don't actually mean shit to the average end user" (au sujet des libertés du libre, et donc de tout l'aspect politique et sociétal derrière). Je pense pas que ce soit la peine de commenter davantage cette citation. Notons que c'est sûrement vrai d'ailleurs. Ces libertés n'intéressent pas beaucoup de gens, comme ils ne comprennent pas pourquoi il y a un problème avec des services web aux contrats d'usage plus long qu'un livre de Shakespeare (mais on doit prétendre qu'on l'a lu), ni qu'il y a un problème avec l'ultra-surveillance qui se met progressivement en place ("j'ai rien à cacher"), ou le business de la pub qui nous bouffe la société, etc. Un jour, ces gens viendront se plaindre (le jour où une des conséquences leur tombera dessus) et ils comprendront pas que c'est juste la suite de leurs choix.
    </aparté>

    Reprenons donc: or ce rêve de richesse (anciennement: rêve américain) par le code est un leurre. Non pas que ce soit impossible, mais il y a des places limitées. Genre moins d'1%. Et en gros, si on y arrive, cela ne peut être qu'au prix d'écraser les autres, ce qui me paraît un sacré problème de société (en plus d'un problème moral mais ça c'est personnel). La force de l'Open Source est donc qu'elle est effectivement très efficace et permet d'arriver à cet état stable où "on peut bien vivre"; mais sa limitation est effectivement qu'elle ne sert pas arriver à l'état instable "on est dans le 1% des ultra-riches". Pour ça, c'est juste d'autres critères qui rentrent en jeu, des critères bien moins acceptables socialement, et assez transversaux au code lui-même. C'est donc effectivement une limitation si on espérait que ce soit ce que le FLOSS permette, si on espérait par exemple faire de son logiciel de base de données non seulement l'une des plus connues et plus utilisées, et donc en vivre confortablement (ce qui est déjà réussi pour ces listes d'entreprises) mais surtout que cela nous propulse dans les 1% (là c'est un échec). Si ce rêve d'ultra-richesse n'est pas dans nos buts, alors le FLOSS est au contraire une réussite. Parce que ces entreprises ont déjà un succès économique bien suffisant pour faire bien vivre pas mal de gens.

    Même lorsque ces entreprises se mettent un jour à faire des "plans de restructuration", c'est à dire à virer massivement leurs employés, etc. c'est en général car elles ont simplement trop engagés car elles prévoyaient de devenir le 1% et ont juste foiré leur coup. Elles vont peut-être faire une communication pour "faire pleurer dans les chaumières" que c'est à cause du grand méchant GAFAM, et que l'entreprise va mal (mais aux actionnaires, on dit l'inverse, double discours…), mais si l'entreprise était restée modeste, ça ne serait jamais arrivé. Tout ceux ici qui ont travaillé en startup (c'est mon cas, ce fut une expérience intéressante, écœurante par moment, très bizarre…) le savent. C'est un monde différent, des gens qui pensent bizarrement, qui dépensent constamment ce qu'ils n'ont pas, qui sont dans le rouge pendant des années, tout en se faisant des salaires inimaginables (j'avais moi-même un salaire inimaginable en France et j'étais juste un dév, j'ose pas imaginer ce que les C*O se payaient) et trouvent cela tout à fait normal. Pendant ce temps, ils font des round A puis B, etc. pour lever des fonds qu'on peut à peine imaginer. C'est un autre monde. Perso ce sont pour moi des gens qui ont perdu la notion de réalité, celle que nous vivons tous les jours (ça me fait penser aussi à beaucoup de politiciens d'ailleurs!). Ces gens sont conscients qu'ils prennent un risque, d'ailleurs ils le disent eux même que l’entreprenariat ne peut pas se faire sans risque, ce qui est vrai (relatif, c'est aussi quelque chose dont on peut pas mal discuter après ce que j'ai vu, mais c'est pas l'endroit), mais il y a des limites. Ces "startups" font plus du risque assimilable à aller au casino, puis après à se plaindre que le vilain méchant casino ne les a pas laissé repartir avec la cagnotte (dans ma comparaison, on comprend que le casino est Amazon!)! Alors qu'ils auraient pu être plus modeste et juste prendre les risques nécessaires pour viser "vivre bien" en se contentant de chercher à se faire rémunérer à hauteur du travail fourni.

    Je ne vais pas épiloguer ensuite sur le cas Mozilla (puisque c'était la base du post), mais clairement eux viennent de ce moule Silicon Valley et sont aussi en plein dans l'esprit "startup dont le but est devenir un géant" (ce qu'ils ont presque réussi à faire à un moment) ce qui a fini par les faire privilégier l'argent aux valeurs (même s'ils affichent les valeurs en gros sur leurs pages).

    C'est le même leurre dans tous les métiers d'ailleurs. Comme on le sait ici, le sujet du droit d'auteur me touche beaucoup et justement on fait miroiter aux artistes le même leurre de pouvoir atteindre un jour ces fameux 1% où ils pourront enfin être de ceux qui sont tellement illogiquement riche et écrasent les autres artistes. Et ça fait que presque tous les artistes se mettent à défendre bec et ongle un système totalement injuste et qui les écrase au quotidien. Pourquoi? Parce qu'ils se disent qu'un jour, ils pourraient être de ceux qui sont de l'autre côté donc autant laisser le système en place. C'est triste.

    Alors qu'on pourrait essayer de viser des systèmes qui sont bons pour tous, sans extra-gros qui écrasent les autres, et sans extra-petits qui peinent voire restent pour certains sous le seuil de pauvreté. Mais pour cela, il faut accepter que devenir extra-gros est un problème et que ce ne doit plus être un but de vie. Il faut juste vouloir "vivre bien", avec un système juste où (qui sait, on peut rêver!) on pourrait tous vivre bien, en vraie cohabitation.

    l'open source serait un piège à nigauds.

    Donc en gros non, l'open source n'est pas un piège à nigauds. Ou alors seulement si on croyait que c'était ça qui permettait d'entrer dans les 1%. Mais ça n'a jamais été le cas et personne (aucun des 2 mouvements, bien entendu pas le logiciel libre qui ne se préoccupe pas de cela, pas même le mouvement open source) ne prétendait cela. Par contre oui je suis persuadé qu'il y a en effet eu une frange de la communauté open-sourciste qui a cru cela. Soit parce qu'ils sont tombés dans le leurre comme tant d'autre, soit parce qu'ils sont vraiment dans ce mode de pensée (ils n'aiment pas les GAFAMs parce que ce n'est pas eux mais aimeraient bien changer de place). Pour ceux-là, oui ok ils se sont peut-être fait avoir. Ce sont les nigauds de l'histoire.

    Et ce sont les même nigauds qui maintenant nous sortent des licences "éthiques" (c'est en général la dénomination que certains donnent à ce mouvement). Or on peut enrober cela de tous les jolis mots qu'on veut, ces licences n'ont en général d'éthique que leur nom (d'ailleurs quand on regarde de près, on se rend compte que ce n'est rien d'autre qu'une réinvention sous un autre nom des licences freeware qui existent déjà depuis des décennies). Ce sont donc des licences de gens qui aimeraient bien non pas changer le monde mais trouvent juste injuste qu'il y a des très-riches et pas eux, sont effectivement tombés dans le leurre tendu par les très-riches et cherchent le moyen de le devenir eux-même. Tant qu'on garde un tel mode de pensée, alors effectivement on peut appeler cela un piège à nigauds. Mais c'est eux-même qui ont choisi cela (personne ne leur a promis cela). Avec un mode de pensée plus sain (selon moi et ma vision du monde, libre à chacun de ne pas être d'accord), ce n'est pas un piège à nigaud. Les mouvements FLOSS ne vous ont jamais promis l'ultra-richesse. Et pour l'instant, par rapport à ce que ces mouvements promettent ou promeuvent, cela a plutôt l'air d'être pas trop mal. Il y a énormément d'inégalités dans ce monde, ça c'est sûr, mais absolument pas dûes aux licences FLOSS.

    Perso ces mouvements de licences "éthiques", je les regarde du coin de l'œil en espérant juste qu'elles ne prendront pas de l'ampleur, ce qui justement pourrait détruire en partie ce qui a été durement construit jusque là. Au contraire, ces licences font donc carrêment le jeu des fans du logiciel propriétaire.

    Car après tout, si je mets mes productions artistiques sous licence CC avec clause non-commerciale, pourquoi n'en ferais-je pas de même avec mon code ?

    Ça tombe bien, nous on met nos productions artistiques sous CC by-sa (sans clause non-commercial!) aussi bien que notre code (GPL pour GIMP, diverses autres licences libres pour le reste). Et pour les trucs artistiques, même pas seulement le résultat final, on va plus loin, quand on finit, on donne les sources aussi, comme pour notre code. Par exemple, les sources de notre vidéo "What is Peertube" (cela inclut des fichiers sources GIMP, Blender et Synfig) sont entièrement dispos sur ce dépôt: https://gitlab.gnome.org/Jehan/what-is-peertube/
    Ce sera aussi le cas pour ZeMarmot bien sûr.

    On ne cherche pas à devenir les 1% (on aimerait en vivre, oui, pas à devenir ultra-riche) et on essaie de contribuer à faire changer justement la vision des gens qui tombent constamment dans ce piège (et jouent en fait le jeu de ces 1% sans savoir qu'on leur a donné des dés pipés). Quand vous êtes des petits de ce monde, soyons honnête, vous pouvez essayer de protéger vos œuvres (artistiques comme logicielles) autant que vous le voulez, c'est pas ça qui va nous faire changer de catégorie. On va pas devenir Disney demain (et ce, quelle que soit la qualité réelle ou imaginée de nos œuvres), ni Microsoft, et ce quelle que soit la licence que l'on choisit. Et non, il n'y a rien de triste à cela. Par contre, si on choisit des licences où on partage et mutualise nos développements logiciels, alors on peut tous progresser ensemble. Si on choisit des licences où tous peuvent profiter de nos œuvres graphiques, alors on crée une autre vision de l'art et du savoir, une vision où la valeur ne dépend pas du secret ou de son armée d'avocats.

    Donc je renverse la question: si on mets nos productions de code en GPL, pourquoi n'en ferait-on pas de même (ou équivalent: Art Libre/CC by-sa) avec nos productions artistiques? 🙂

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: AWS ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Virevoltantes valses de licences libres et non libres dans les bases de données. Évalué à 10.

    Et il faudrait que les éditeurs open source tendent l'autre joue pour complaire à certains.

    Je peux comprendre d'où vient la frustration, alors je voudrais reprendre certains points. Je pense que le commentaire de Christophe Turbout est l'un des meilleurs sous cet article pour expliquer le problème.

    Je parle donc avec mon expérience d'années de contributions (par milliers) au logiciel libre, en grande majorité en bénévolat. Je fais du libre non pas parce que je considère que c'est plus efficace (même si je le pense aussi mais c'est pas ma raison première) ou bon pour le marketing, etc. Je considère seulement c'est la seule façon de faire du logiciel qui soit juste pour la société et aussi que je ne comprends pas l'aberration de vouloir sans cesse tout cacher plutôt que de partager ce qui a de la valeur (pour que tous y aient accès, pas juste des élites financières ou autre). Voilà, ça c'est pour qu'on me dise pas que c'est ma vision utilitariste.

    Néanmoins puisqu'on parle d'utilitarisme, commençons tout de même par là! Non pas parce que je considère cela comme le plus important, mais clairement car beaucoup des entreprises citées clairement le considère! En effet, soyons franc, si ces divers logiciels de base de données n'avaient pas été libres, quel aurait été leur succès? C'est évidemment du Nostradamus (ou du "voyager dans l'univers parallèle où ces entreprises auraient fait le choix du logiciel propriétaire pour comparer") mais mon pari est qu'elles n'auraient pas eu leur succès présent en propriétaire. Cela aurait donné des logiciels qui peinent à se faire une place sur un marché déjà saturé (notamment par les autres gros propriétaires, comme Oracle DBMS, Microsoft SQL, puis par les autres qui auraient fait le choix du libre, que ce soit PostgreSQL ou autre…). En gros, de nos jours, hormis si on est un très très gros, il y a quasi qu'en faisant du libre qu'on peut se trouver une place sur ce marché.

    C'est là où certains veulent en venir. Certes ils font du libre, certes Amazon et d'autres jouent les rapaces (comme toujours), mais c'est pas par bonté d'âme que beaucoup de ces sociétés font du libre, c'était parce que sans cela, elles n'avaient aucune chance. Sans cela, elles seraient restés de parfaites inconnues, au mieux avec quelques petits clients. Elles ont justement joués sur le libre, sur le fait que grâce à cela, elles pouvaient rentrer dans le giron d'Amazon et autres gros hébergeurs, c'est à dire dans leurs listes de logiciels installables en un clic ou équivalent, et c'est ça qui les a fait grossir à vue d'œil, car elles ont profité d'une visibilité énorme justement grâce à la visibilité donnée par ces rapaces. Maintenant certaines se disent probablement être suffisamment grosses pour ne plus avoir besoin de jouer sur cette visibilité par les gros ou bien avoir un poids suffisant pour faire un bras de fer avec ces gros (genre "ils vont pas oser nous retirer de leur liste car trop de gens nous utilisent maintenant, donc ils seront juste obligés de payer la licence proprio"). Ensuite ils le font en demi-teinte en se disant toujours amis de l'open source (espérant ne pas fâcher les fans de la première heure) et en créant leur propre licence qui serait "libre sauf XYZ", c'est à dire pas libre.

    Soyons clair, si tu aimes vraiment le libre pour des raisons de valeur de société, alors tu veux partager avec tout le monde, pas avec juste certains et pas en devenant juge et parti. Cependant il me semble que dans les cas cités, c'étaient plutôt des raisons d'efficacité, car cela leur a permis de rendre leur produit très répandu et donc indispensable (du moins le pensent-ils sûrement) et maintenant que c'est le cas, ils veulent retirer des droits pour les versions à venir en espérant que les utilisateurs qui s'y sont habitués seront maintenant prêts à payer.

    Ensuite oui, Amazon est un rapace. Oui ils pourraient beaucoup contribuer à ces divers projets (soit en code libre en engageant des dévs dessus, soit en donations ou en payant du support car ils ont les moyens) s'ils font vraiment beaucoup de sous dessus. Aucune idée s'ils contribuent un peu, beaucoup ou pas du tout, mais si on est plus proche du pas du tout (ce qui ne m'étonnerait pas plus que cela), personne ne vous dira que c'est bien. Le problème avec les rapaces industriels, c'est que de toutes façons, quoiqu'on fasse, ils trouvent un moyen de profiter d'autrui. C'est juste dans leur nature à un moment donné. Faire des décisions basée sur l'intéraction avec ce type d'entreprise prédatrice est donc d'une part stupide/inefficace (car elles trouveront un autre moyen, c'est pas comme si un logiciel X ou Y est la seule corde à leur arc et ça ne changera pas grand chose de leur stratégie prédatrice) et d'autre part n'impacte en mal que les "autres" au final. Les "autres" étant donc les petites entreprises, les utilisateurs individuels, et notamment les entités qui essaient de faire des trucs bien avec des moyens limités.

    Si je compare à un projet comme GIMP. On a plein de gens qui le vendent même. Je trouve 4 GIMP en vente sur le Microsoft Store, on sait qu'y en a aussi sur l'App Store d'Apple et même sur Android (pas une version native, des gens qui font une sorte de truc en accès remote, absolument horrible en expérience utilisateur et sans aucune sécurité des données… notez qu'on a déjà remonté celui-là à Google car là c'est même carrêment dangereux mais Google nous ignore royalement). Même avant ces stores, des gens vendent depuis des années GIMP (ou Inkscape d'ailleurs) sur ebay, puis sur Amazon, etc. (genre tu reçois un CD gravé avec l'installeur GIMP officiel dessus!)

    Alors soyons clair, ce sont aussi des rapaces (peut-être pas au niveau d'Amazon, des petits rapaces mais tout de même avec un certain pouvoir de nuisance relatif). Ensuite ce qui nous embête le plus, c'est si/lorsque ces gens vont se prétendre le GIMP officiel. En général ils vont juste jouer sur l'ambiguité (ils ne disent pas spécifiquement être l'équipe officielle, mais n'indique pas non plus être des tiers), même si parfois certains vont faire de l'usurpation d'identité (certains ont essayé, sur AppStore Apple de mémoire, et ont même prétendu être une "Gimp foundation" qui n'existe pas) et là on agit.

    Lorsque certains le font bien, ils vont ajouter une vraie valeur ajoutée (une documentation additionnelle qu'ils auront complétée, avec des brosses additionnels peut-être, etc.) le tout en disant explicitement être une packageur tiers.

    Dans tous les cas, jamais il ne nous viendrait à l'idée de passer GIMP en propriétaire "parce que vous comprenez tous les rapaces se font des sous sur notre dos". Déjà parce qu'on sait que GIMP ne serait pas mondialement connu et utilisé partout si ça n'avait pas été un logiciel libre (GIMP fait partie de ces logiciels que des gens partout ont installé sur leur ordi même s'ils n'ont jamais entendu parler du logiciel libre, et pour qui "Linux" ne signifie rien d'autre qu'un mot qui a l'air exotique). Ensuite parce que de toutes façons, GIMP n'existerait juste pas si ça n'avait pas été libre (les auteurs originels sont partis au bout de 2 ans sans vraiment prévenir apparemment donc le code n'aurait même plus été accessible; et puis à l'époque, cela a provoqué un petit engouement dans la communauté naissante du libre car justement il n'y avait pas grand chose à se mettre sous la dent, sur Linux bien sûr mais même sous Windows/OSX où il n'y avait pas de logiciel libre d'imagerie et Photoshop était déjà quasi monopolistique sur le marché). Renier tout cela serait totalement malhonnête intellectuellement.

    Enfin — et surtout — la vraie raison principale pour laquelle cela n'arriverait pas est qu'on sait bien que faire cela embêterait surtout ceux pour lesquels on développe GIMP au quotidien (à savoir le monde entier!) mais que les rapaces passeront juste à autre chose. Soit ils continueront à empaqueter GIMP en trouvant une faille dans la licence — ou non, après tout ils font déjà de l'usurpation d'identité, ils sont pas à un détail de légalité près — soit ils se rabattront sur d'autres logiciels, et on aura juste déplacé le problème (pour certains, notamment beaucoup de sociétés, déplacer un problème est une bonne solution tant que ce n'est plus à soi-même de le gérer, mais chez moi ce n'est pas une solution et surtout c'est vraiment mesquin et nul socialement; je vis en société, c'est pas pour donner mes problèmes aux autres). Ce faisant on aurait perdu un gros patrimoine logiciel de l'humanité qui aura servi à des millions de personnes pendant 25 ans et qui soudainement serait propriétaire "parce que vous comprenez, faut bien vivre". Perso je veux pas vivre de cette manière là. On croit au pouvoir des donations et on essaie de faire en sorte que les gens voient la valeur de notre travail (par le projet ZeMarmot) sur le logiciel libre GIMP pour qu'ils décident qu'on mérite d'être soutenu (par exemple sur Liberapay ou Patreon). On a certes plus de mal que si on avait essayé de faire une société à but lucratif autour du Libre (quitte à pousser les logiciels hors du libre dans les exemples de l'article) mais au moins on se sent en accord avec nos valeurs. Et je n'ai jamais eu le sentiment de "tendre l'autre joue" mais d'agir en fonction de mes valeurs (même si cela est moins avantageux financièrement que de juste me dire "c'est comme ça qu'est le monde, autant avoir ma part du gâteau").

    Au final je dirais que c'est un choix de société. La question est quelle société on veut? Si le libre/open source, c'est effectivement juste un bon moyen de diffuser son produit très vite (en quelques années) pour ensuite progressivement fermer les valves, alors oui ces entreprises ont raison. Pour moi, ce n'est pas là la valeur du libre, donc je n'aime pas ce type de changement qui n'est qu'un changement vers du propriétaire (quel que soit les jolis mots qu'on met dessus).

    Et non, le combat avec les rapaces n'est jamais une bonne excuse, car ces derniers seront des rapaces quoi qu'il arrive. Il faut les combattre sur un autre plan, pas en retirant des choses bonnes pour la majorité juste pour "épingler" cette minorité (ce qui ne marche même pas de toutes façons). Ce même type de techniques est utilisé par plein de gouvernement à travers le monde pour proposer de mauvaises lois par exemple (mauvaises pour les citoyens dans leur ensemble) sous prétexte de quelque uns (typiquement de plus en plus de surveillance des citoyens dans l'ensemble — à un niveau parfois ridicule de type 1984 — sous prétexte du "terrorisme" dans les sujets récurrents ici). Souvent ça permet juste d'essayer de rediriger l'ire des gens ailleurs en mettant la faute sur le dos d'un autre que les gens n'aiment déjà pas de toutes façons (que ce soit les terroristes ou Amazon; pas pour les mêmes raisons évidemment! 🙄).

    P.S.: notons qu'il y a des gens dans le libre entièrement pour le côté utilitariste et c'est un fait. En soi, je n'ai rien contre eux et ce n'est pas moi qui vais les juger si c'est le cas et que ces sociétés disaient juste finalement "bon désolé on devient propriétaire". C'est juste par rapport aux histoires de cet article où beaucoup de ces sociétés essaient un peu de jouer sur les 2 tableaux. D'ailleurs c'est aussi ce que dit l'Open Source Initiative, c'est à dire que chacun est libre et peut faire du propriétaire s'ils le veulent, mais s'ils font cela, qu'ils viennent pas dire que c'est de l'open source:

    This is not to say that Elastic, or any company, shouldn’t adopt whatever license is appropriate for its own business needs. That may be a proprietary license, whether closed source or with source available.
    […]
    What a company may not do is claim or imply that software under a license that has not been approved by the Open Source Initiative, much less a license that does not meet the Open Source Definition, is open source software. It’s deception, plain and simple, to claim that the software has all the benefits and promises of open source when it does not.

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: C'est dans un peu moins d'une heure !

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Le Chabada (SMAC - Angers) et le festival Premiers Plans passent à Peertube (03/02/2021 @ 19h). Évalué à 3.

    Argh on a loupé le live! On vient de regarder un bout de "Clip d'ici 2021" (en particulier AMMD à 3:51). C'est ça qui était en live? Parce qu'hormis des clips (pré-enregistrés, même lorsqu'en condition du live 😉), il me semble pas qu'un live à heure donnée soit nécessaire. Ou bien le live lui-même n'est pas enregistré/visionnable après coup?

    L'audience en ligne était bonne (si vous avez quelques chiffres)? J'espère que oui! 🙂

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  • [^] # Re: Perplexe

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Affaire du siècle : l’État condamné pour inaction climatique - Reporterre. Évalué à 7. Dernière modification le 04 février 2021 à 09:23.

    Et on expliquera à nos petits enfants (au sens large, ça peut aussi être de petits neveux/nièces ou autres inconnus du futur) que si tout va mal pour la planète, si on peut à peine respirer, s'il n'y a plus de grandes forêts, si on a tué la plupart des autres espèces vivantes sur terre, etc. c'était pour le "débat démocratique". Elle a bon dos la démocratie quand on voit l'état du monde. 🙄

    Et de toutes façons croire que si l'état ne fait rien, c'est pour cette raison, je pense que c'est un peu se leurrer (les gouvernements successifs ont assez prouvé qu'elles n'en ont pas grand chose à faire du "débat démocratique" à mon avis). Enfin si, ils veulent peut-être éviter de faire passer en force certains trucs vitaux pour l'avenir de l'humanité, mais pas à cause du "débat démocratique" mais bien parce que (1) ils ont sûrement peur que ça les plombe pour les élections suivantes (ce qui d'un certain point de vue peut-être une variante du "débat démocratique" sauf que la raison du choix n'est donc pas par respect de la dite démocratie) et (2) ils arrivent pas à voir comment cela peut bien être rentable et rentrer dans leur vision de croissance infinie et de sacro-sainte économie (si un jour, on se rendait compte que ça peut en fait être rentable et bon pour le PIB, l'image pour les élections futures ou leurs propres poches, on les verra sauter à pieds joints dans les réformes climat; pas une seconde le "débat démocratique" ne rentrera dans l'équation).

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  • [^] # Re: Faudrait en faire une dépêche

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Alice Recoque, pionnière de l'informatique et de l'intelligence artificielle, est décédée. Évalué à 3.

    Ces commentaires m'ont donné envie de regarder les 2 pages (Alice Recoque et Loana), ainsi que leur page de discussion respective. C'est vrai que c'est triste. Sur la page de discussion de Loana, les discussions tournent autour de dire qu'untel est le cycliste préféré des français n'est pas prouvé ou autre mais la relation sexuelle dans la piscine était-elle avérée ou simulée? Ça vole super haut quoi. 🙄😆

    La page de discussion de discussion d'Alice Recoque, c'est aussi un peu du grand n'importe quoi. Néanmoins je note que la plupart des remarques des gens qui veulent retirer la page tourne autour du "manque de notoriété", de "l'attention" qu'on a porté à une personne, ou le fait d'être connue (ou inconnue). Et de ce point de vue là, oui ils ont raison. Loana est plus connue qu'Alice Recoque. Mais c'est juste super triste si l'humanité en est arrivé à ce niveau là (bon en vrai, c'est un si rhétorique, je le savais déjà) et notamment si c'est là le principal critère d'admissibilité pour une encyclopédie, une source dite de savoir (pas une source de ragot en tous genre sur les élucubrations des stars de la télé, genre tabloïd). Ça veut aussi dire que pour être considéré comme avoir eu une valeur dans le monde, il faut qu'on se soit montré bien ostensiblement pour avoir fait parlé de soi. Or il y a des gens justement qui font des choses grandioses, qui ont eu un impact réel et énorme sur le monde, mais l'ont fait discrètement car ils aiment leur calme (tout comme il y a ceux qui font constamment parler d'eux alors qu'ils ont eu un impact réel négligeable; en général le seul impact qu'ils ont eu étant justement parce qu'ils font parler d'eux).
    Il y a aussi ceux qui n'aiment pas se mettre en avant mais aiment mettre en avant leurs équipes. C'est aussi une réalité qu'il faut prendre en compte, le fait qu'on met toujours en avant les "chefs de projet" et qu'on oublie certaines personnes géniales (qui ont potentiellement fait aboutir le projet en réalité dans certains cas) car c'était juste des "membres inconnus de l'équipe". Donc quand on tombe sur un chef de projet de ce type là (qui met en avant son travail et son équipe, pas soi-même), on peut aussi voir cela comme un bon trait, aussi bien personnel que professionnel de mon point de vue (plutôt que certains drogués de l'attention qui ont absolument besoin que l'on parle d'eux tout le temps même si quand on regarde au final ce qui a été fait de concret, ce qui reste au final… ben y a pas grand chose!).

    Je pense que des encyclopédistes devraient être des gens avec le recul pour voir au delà donc de la "notoriété" ou de "l'attention" que la personne a engendré pour regarder au final ce qui en est ressorti concrètement. On peut repenser à des cas connus du passé comme les fameux conflits Edison vs. Tesla où le premier va ressortir bien plus célèbre et va s'approprier sans remords des inventions du second. C'est seulement ces dernières décennies que le nom de Tesla a gagné en notoriété et que les gens du commun ont finalement réalisé ses apports à la science. Et encore… si on cherche les termes barbares "inventeur de l'électricité" sur un moteur de recherche, bien plus de réponses sur Edison tombent encore, avec notamment l'info qu'il aurait créé la première ampoule (alors que même en se limitant aux entrepreneurs comme lui, Joseph Swan a été plus rapide à en développer une, et que même des années — voire dizaines d'années — avant eux, il y a eu des démonstrations par des chercheurs, simplement sans la fibre commerciale comme Swan ou Edison).

    Personnellement c'est cette recherche de notoriété seulement qui m'attriste le plus (et toute cette "société de l'attention"). Je ne dis pas qu'il faut ignorer les gens célèbres qui ne font rien d'utile, mais qu'il faut réaliser que ce n'est pas la chose la plus importante, surtout quand on parle de "savoir".

    Enfin bon, au final, une encyclopédie devrait-elle vraiment avoir la "notoriété" comme principal critère? Plutôt que ce que la personne a vraiment fait (qui dans certains cas a eu un impact réel sur le monde et les générations à venir)? C'est sûr, c'est plus dur à vérifier/confirmer, mais en même temps, c'est quand même 100 fois plus constructif pour une institution de "savoir". Sinon autant transformer Wikipedia en "presse people" tout de suite, ce sera plus rapide. 🙄

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: Insulte

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien « L’école d’informatique recrutera en mode "Hunger Games" » (l'école attrape-couillon). Évalué à 8.

    C'est tout à fait vrai, mais justement ceux qui disent que ce type d'école est une aberration ne vous diront pas non plus que le système universitaire (ou scolaire de manière général) est parfait et que son évolution semble parfaitement en accord avec une belle vision de la société. Au contraire, ils vous diront qu'il faut plus de profs (une revendication courante dans le secteur public ces dernières années, tristement), un meilleur encadrement, arrêter de se vendre à des sociétés (c'est à dire de vendre le service public au service privé, cf. tous les scandales de contrats OpenBar avec Microsoft ou autres entreprises du même acabit, les scandales des "licences étudiantes" qui sont des moyens d'enfermer les futurs travailleurs dans certains produits commerciaux juste avant leur entrée dans le milieu du travail, les "projets étudiants comme dans la vraie vie" en accord avec des entreprises privées qui sont en général des façons de faire travailler gratuitement des étudiants pour une grosse entreprise en leur disant "c'est pas donné à tout le monde, vous faites un vrai projet qui va vraiment servir, soyez fier" 🙄 sous la forme de deals entre l'établissement éducatif et les entreprises pour mettre des étudiants sur de vrais projets, et ainsi de suite), etc.

    Or justement ce type d'entreprise est un aboutissement de cette volonté de privatisation de l'éducation. Plus de profs? Que nenni, ils sont fiers d'annoncer n'en avoir aucun! Un encadrement? Ah non, nous c'est la loi du plus fort, seuls les "débrouillards" survivront, tant pis pour les autres. On vous jette dans la "piscine" (les mots sont pas choisis au hasard) et on voit qui arrive à survivre en se débrouillant tout seul (l'entraide, c'est pas pour les ouineurs!). Se vendre à des sociétés? Ben oui, bien sûr, dans ces écoles, c'est tout simplement assumé, plus aucun complexe de ce côté là. De toutes façons, à la base, c'est financé par de grosses entreprises peu avenantes qui vont essayer de recruter ceux qui sont le mieux rentrés dans le moule.

    En fait justement l'état des universités actuelles et surtout leur évolution partent vraisemblablement d'une même volonté politique que celle qui est à l'origine de la création de telles écoles privées (d'ailleurs le lien que je donne précédemment, on voit le président de la république de l'époque déambuler fièrement dans cette école comme si c'était un super pas en avant pour l'éducation des jeunes; notons que c'était même pas ce que je cherchais, je voulais juste une photo des lits de camps et c'est sur ça que je suis tombé). La solution n'est en tous cas sûrement pas de mettre les futurs travailleurs de l'humanité aux mains des entreprises qui créent des écoles pour leur servir de moules à employés parfaits, la solution est de faire machine arrière et d'essayer d'avoir une vraie éducation publique, pour tous, gratuite, avec un bon encadrement et d'enseigner aux élèves/étudiants des connaissances et technologies génériques, pas ce que les entreprises servent sur un plateau aux universités en prétextant des "cadeaux".

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: Insulte

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien « L’école d’informatique recrutera en mode "Hunger Games" » (l'école attrape-couillon). Évalué à 10. Dernière modification le 25 janvier 2021 à 20:48.

    Oui. Il me paraît évident que le problème, c'est ceux à la tête de ce système, qui le financent et profitent d'élèves qui ne connaissent pas encore le monde du travail.

    Pour moi, ce type d'école crée des zombies/esclaves du code, des gens qui n'auront connu dans leur vie de développeurs que des mauvaises pratiques, et ce dès leur cursus scolaire (le moment où on est justement censé privilégier les bonnes pratiques). Quand on lit l'article, c'est effrayant:

    Christophe Wagnière ne craint pas la comparaison. «C’est un peu ça. C’est plus proche du camp militaire que de la promenade de santé. Nous voulons tester leur résistance physique et psychologique. Ceux qui ont faim ne se plaignent pas. On ne change pas le monde en travaillant 42 heures par semaine.»

    Comment peut-on sortir cela sans avoir honte? On crée de bons petits soldats qui ne se plaindront pas, et accepteront de faire plein d'heures sup' non payées, pour sûr (pour ce qui est de changer le monde, on y reviendra! En tant qu'employés pour les grosses entreprises derrière cette école qui est faite pour créer leurs futurs salariés qui se plaignent pas, ça me paraît antithétique)! Les lois sur les limitations d'heures pour protéger les travailleurs? Ah bah ça c'est pour les autres, pas pour nous qui avons eu le sein blanc des administrations pour enfreindre les lois et tirer avantage ouvertement des petits travailleurs. Dans le genre exploiteur décomplexé, on fait difficilement mieux.

    J'ai eu divers retours sur le concept, notamment les "piscines" où les étudiants ont un temps limités (un mois, je crois) pour faire un projet (sans connaissance préalable, on leur donne un projet et ils doivent le faire dans le temps limite apparemment, donc avec pour seule force leur stress pour chercher par eux même et "apprendre" avant la deadline, sinon élimination! Wep… vive la qualité de l'enseignement! C'est sûr, y a pas besoin de profs pour ça. Ça fait quelques économies supplémentaires, c'est bien 🙄). Notamment les salles d'informatiques ont donc des lits de camps sur place parce que les élèves n'ont pas le temps de rentrer chez eux pendant le mois entier de piscine (j'ai eu du mal à trouver des photos, j'ai même trouvé des articles où les emplacements de photos sont vides; je me suis demandé s'il y a des demandes pour faire retirer ces photos. Enfin bon j'ai au moins trouvé un article qui avait encore une photo). Ce concept vient de l'Epitech (et déjà à l'époque, quand j'avais des connaissances qui allaient à Epitech, je comprenais pas comment on pouvait accepter de se laisser marcher dessus ainsi). De ce que je comprends, avec 42 (dont certains co-fondateurs, en plus du fondateur de Free qui se crée donc son armée de zombies codeurs, sont des anciens boss d'Epitech), ils cherchent juste à pousser encore plus loin dans l'exploitation des gens.

    Les endroits dans le monde où j'ai vu des employés dormir sur place et où c'était normal? Au Japon par exemple, les employés pouvaient éventuellement amener un sac de couchage et le laisser sous leur bureau. Ainsi ils pouvaient dormir sur place, sous leur bureau aussi, en cas de "besoin". En Corée aussi, les employés de grosses entreprises dorment régulièrement au bureau (là j'ai pas vu, à l'époque je bossais à distance pour une entreprise japonaise; mais bon c'est connu et pas un secret, on voit ça partout à la télé coréenne). Sont-ce de bonnes références? Sûrement pas. Ces 2 pays sont connus pour être des horreurs du monde du travail, avec des droits des travailleurs largement bafoués et des taux de suicide que l'on n'est pas censé vouloir concurrencer (apparemment certains n'ont pas eu le mémo).

    Comment peut-on accepter que ce soit l'enseignement que l'on donne aux jeunes et qu'on leur fasse croire que c'est normal, que c'est ça le monde du travail. Nonon heureusement c'est pas ça. Mais peut-être pour les futurs développeurs, il sera tout à fait normal de passer la nuit dans un sac de couchage à même le sol au bureau pour rendre le projet à temps que le manager aura vendu sans demander son avis aux développeurs (et pour lequel le dit manager aura un beau bonus et pourra, lui, dormir bien au chaud chez lui après être rentré à 18h).

    J'ai rencontré quelques personnes qui s'inscrivaient voire étaient rentrés à 42, mais c'était toujours assez effarant. Ce sont souvent des jeunes un peu perdus qui savent pas quoi faire dans leur vie. Alors là en plus on leur sort des trucs comme 'vous êtes des "petits génies de l'informatique"' ou des "profils «atypiques»" (cf. l'article), c'est bien, on se fait mousser, on a l'impression d'avoir trouvé sa voie. Mais comment ne pas tordre les esprits ainsi, en leur faisant croire ces fadaises? "Génie de l'informatique"? Non mais on est dans un film Hollywood avec un gars qui tape très vite sur un écran de fond Matrix ou quoi?

    Ensuite je sais bien que pour ceux qui sont passés par ces écoles ou qui ont des enfants ou de la famille sur place, ce soit compliqué de remettre en question cela (surtout quand c'est du "passé" ou qu'on se dit que c'est "trop tard" car on y est depuis déjà 2 ans par exemple). Alors dans ce cas, on se fait une raison et on se dit que c'est pas si mal. Je ne jette pas la pierre. M'enfin c'est quand même triste. 😢

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  • [^] # Re: Wow! Le site qui veut pas que tu le lises!

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Signal et Messenger sur écoute. Évalué à 4. Dernière modification le 24 janvier 2021 à 17:42.

    Comme on le voit dans le screenshot, je navigue évidemment aussi avec un anti-pub. J'ai ublock origin d'activé (lequel a apparemment bloqué 24 appels sur cette page d'après la capture). Aucun des trucs qui s'affiche n'est une pub (acceptation des cookies, lettre d'info, notifications et vidéo du site). C'est une autre forme de pratique indésirable.

    En fait, quand je vois à quoi ressemble la page avec les pubs bloquées, j'ai presque peur à quoi elle peut bien ressembler pour les gens qui en plus voient des pubs (j'ose les imaginer nombreuses et envahissantes sur un site avec de tels mauvais comportements, mais je compte pas tester… mieux à faire et j'ai pas envie de voir de la pub juste pour un test).

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  • # Wow! Le site qui veut pas que tu le lises!

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Signal et Messenger sur écoute. Évalué à 10.

    C'est une blague ce site?

    capture d'écran du site en lien

    Sur un écran d'ordi là, on voit 3 énorme "popup" intégrées: une vidéo (qui suit donc même si on scrolle, elle reste à bloquer la vue), une demande de s'inscrire à la lettre d'info et une demande pour accepter les notifications.

    Et encore, ça c'est après la popup des cookies laquelle grise l'ensemble de la page, donc oblige à répondre, ce qui en plus se fait en 2 clics, car on ne peut pas refuser avec la première pop-up. Il faut donc cliquer "Set your choices" puis "reject all" (qui comme par hasard est en blanc alors que "accept all" est dans une couleur forte).

    Il a donc fallu cliquer en tout sur 5 boutons (notamment une mini-croix riquiqui dans le coin de la vidéo) pour accéder à l'article. Tout ça donc pour un "article" de 4 paragraphes sans grandes recherches d'infos poussées.

    Dans la catégorie "mauvaises pratiques du web" et "dark pattern", ça se pose là…

    P.S.: et pour être un peu dans le sujet, c'est une histoire dont on avait entendu parler y a pas mal de temps. Bon en gros, la nouveauté, c'est que certains des logiciels ont mis plus d'un an pour corriger (dont ironiquement le logiciel de l'entreprise de la chercheuse, Google, si je comprends bien! 🙄).

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  • # 👍

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au journal Exception de copie privée. Évalué à 10.

    Très bon résumé de la situation! 🙂

    Oui c'est juste pour dire cela, mais je pense que ça le méritait. Sourcé, raisonné et mesuré.

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  • # Pas de sex toy dans les "super creepy"?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Objets connectés : vie privée non comprise. Évalué à 6.

    J'ai été étonné de même pas trouver tous les sex toy connectés dans la catégorie "super creepy". Y a eu au moins une affaire qui a fait parlé un peu d'elle (enfin dont j'ai entendu parler… y en a peut-être eu d'autres!) cette année, y a pas si longtemps en plus: https://techcrunch.com/2020/10/06/qiui-smart-chastity-sex-toy-security-flaw/

    En gros une ceinture de chasteté (j'ai du mal à comprendre en quoi c'est un sex toy, mais pourquoi pas!) qui a des failles de sécurité et donc qu'on pouvait bloquer à distance (c'est à dire pas avec "l'app" officielle) sans moyen mécanique de déverrouillage! 😱

    Dans la catégorie méga-super creepy (et critique!), ça se pose là! Notons que de manière générale, connecter un sex-toy, c'est déjà à la base super limite comme utilisation. Mais je trouve que c'est un super bon exemple des problèmes des "objets connectés".

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  • [^] # Re: 16 bits & EXIF

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche 25 ans de GIMP et version de développement 2.99.2 : premiers pas vers GIMP 3 !. Évalué à 8.

    Aaaah. Je viens (peut-être?) de comprendre. En fait, tu voulais me parler de l'ordre inverse (tu vois, quand je disais que d'indiquer l'ordre clairement, c'est important!):

    (255 × 2) / 2 = 128
    (510 × 4) / 4 = 128

    En gros, tu me dis que parce qu'on fait un overflow, on tronque à la valeur max, donc la première multiplication ne sert à rien. C'est vrai (sauf que ça fait la valeur 127 à la fin, mais c'est un détail), mais y a plusieurs probs dans ta logique:

    (1) Premier problème, et le plus gros: tu ne fais pas la même opération! Pourquoi tu multiplies par 2 dans une plage et par 4 dans l'autre? Oui forcément, pas la même opération, pas la même perte, c'est sûr. Et si tu as cru que c'était la même opération parce que la plage est 2 fois plus grande, alors… non c'est pas comme ça que ça marche! 😛

    Si tu dis: je multiplie par 2 toutes les valeurs, ça ne dépend pas de la plage. Pour le prouver, rien de plus simple. Prenons un cas non extrême (sans troncation). Par exemple: 10 (en [0; 255]) = 20 (en [0; 511]).

    10 × 2 = 20
    20 × 4 = 80
    

    Selon ta logique, 20 et 80 devraient alors être la même couleur. Or 20 × 2 = 40! (pas 80!) Ton opération n'est pas censée changer en fonction de la plage. Ce n'est pas ainsi que marchent les maths (pour le coup, là ce sont des maths, pas un problème de l'informatique).

    Donc ton exemple aurait dû être:

    (255 × 2) / 2 = 255 [*510 tronqué au max*] / 2 = 127
    (510 × 2) / 2 = 511 [*1020 tronqué au max*] / 2 = 255
    

    Note qu'on est un peu plus précis avec la plage en 2⁹! CQFD. 🙂

    (2) Ensuite tu as tout de même raison que dans ton cas extrême, tu perds quand même énormément de couleurs. Par contre, ce problème n'existe pas en flottant puisque comme je disais, c'est un type qui nous autorise à sortir de la plage [min; max]. C'est pour cela qu'en 16 et 32-bit, on conseille d'ailleurs le stockage flottant.

    Ainsi en flottant, ton exemple devient:

    (1.0 × 2) / 2 = 2.0 / 2 = 1.0

    Parfait, pas de perte! C'est parce qu'après le filtre 1 (multiplication par 2), on a pu garder une valeur intermédiaire supérieure à la valeur max.

    Note: au passage, je sépare tes 2 opérations mathématiques en 2 filtres parce que si ça avait été un seul filtre qui fait 2 opérations mathématiques, même en entier, on aurait pu éviter un tel écueil (suffit de pas faire un code idiot! LOL). Donc pour que ton exemple soit valide, faut supposer que le résultat de la multiplication est une valeur de résultat en sortie de filtre. Seul le travail en nombres flottants te sauve à ce moment là.

    (3) Enfin, il faut voir que cela reste des exemples extrêmes que tu nous sors (de même que ceux que je sortais pour simplifier et montrer les problèmes de précision). Attention, extrême ne veut pas dire impossible (tout est possible; si on le pense, on peut le coder) mais un filtre un peu bien fait ne ferait pas juste une bête multiplication. Genre tu veux augmenter la luminosité générale de ton image, tu vas pas juste t'amuser à tout multiplier par un nombre quelconque (et après t'étonner que toutes les valeurs hautes soient tronquées au max!). Tu auras plutôt des filtres qui vont essayer de répartir mieux et plus intelligemment tes valeurs. Ensuite il y aura clairement des valeurs qui vont se perdre, etc. Forcément, si tu essaies de monter globalement les valeurs de ton image, même si un peu plus intelligemment, tu te retrouves forcément avec des couleurs identiques, voire des couleurs qui sortent du gamut (donc tronquées) etc.

    Donc ton exemple, bien qu'extrême, reste en plein dans le mille et montre bien ce qu'est l'édition raster. C'est un exemple simpliste donc on perdra jamais autant de valeurs que cela avec de bon filtres (donc on relativise), mais oui il faut garder en tête que c'est bien des maths qui se passent en arrière plan. Et oui, on va perdre des valeurs/données (ou en créer, ce qui n'est pas mieux, c'est synonyme en fait dans ce contexte, perdre et créer), on va potentiellement aller hors-gamut (donc tronquer et encore perdre/créer des données, à part si on est en flottant). Ça fait partie des choses à comprendre pour s'améliorer en édition d'image.

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  • [^] # Re: 16 bits & EXIF

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche 25 ans de GIMP et version de développement 2.99.2 : premiers pas vers GIMP 3 !. Évalué à 7.

    Juste au cas où pour améliorer ton explication, cette transformation m'a fait tiquer au premier abord. 2 reste 2 en 8, 9, 16, 32 ou 1 millions de bits normalement. Ici les valeurs sont réparties. On pars d'une plage de [0; 256[ et on arrive à [0;512[ on multiplie par 2 pour laisser un espace entre les couleurs.

    En colorimétrie RGB, y a effectivement un min et un max car c'est un espace de couleur relatif (tout comme CMYK). Le min et le max restent le min et le max. Donc effectivement si ta plage change, tu dois simplement mettre à l'échelle tous les nombres. Les nombres en soit n'ont aucun sens colorimétrique. 2 ne veut rien dire. La couleur rouge (ou bleue ou verte) '2', ça n'existe pas. Cette valeur n'a de sens que par rapport à ce min et ce max qui sont définis de manière absolue (donc dans une échelle avec un sens colorimétrique absolue, comme l'espace de couleur CIE XYZ) et par rapport à un TRC (Tone Reproduction Curve) qui va définir comment tu progresses de la valeur min à la valeur max. C'est à ça que servent les profiles de couleurs, qui vont faire un espace de couleur à partir d'un modèle de couleur.

    Ensuite y a la question du stockage mais qui est une préoccupation parallèle: typiquement est-ce que tu stockes des entiers ou des flottants? Si tu utilises des entiers sur n bits, ton min est généralement 0 et ton max 2ⁿ - 1 (par exemple [0; 255] sur 8 bits ou [0; 511] sur 9 bits). Si par contre, tu utilises des flottants, tu va généralement juste de 0 à 1.0 quel que soit la taille du flottant.
    J'utilise des entiers dans mes exemples car c'est plus facile pour faire comprendre. Mais le rouge 255 en 8-bit est le même rouge que le 511 en 9-bit ou que le 1.0 en 16-bit flottant (si on utilise le même espace de couleur, donc les mêmes couleurs primaires).

    P.S.: les flottants ont aussi un gros avantage qui est de pouvoir aller sous zéro et au dessus de 1.0. Puisqu'on rappelle que le min et max sont juste un choix arbitraire, les couleurs hors de cette plage sont des couleurs tout à fait valides. Simplement elles ne sont pas autorisées dans l'espace de couleur en cours ("hors gamut"). Mais il est super intéressant de pouvoir les garder jusqu'au bout parce que — qui sait — certains effets ramèneront peut-être la couleur des pixels hors-gamut à l'intérieur. Or supposons qu'on ait tronqué les couleurs plus tôt, ben là encore, on a mis plein de couleurs à la même couleur trop tôt et donc perdu énormément de précision (i.e. bandes de couleurs, etc.). Alors que si on les garde jusqu'au bout, on a une chance de garder la précision (on ne tronque qu'au moment de l'export).

    J'ai l'impression que cet exemple montre surtout qu'il faudrait n'appliquer les opérations qu'au moment de l'export et utiliser une résolution des opérations "intelligente".

    C'est à ça que servent les calques d'effet notamment (dans le contexte de l'édition non-destructive; ce qui est un mauvais terme, d'une part parce que toute édition est destructive et constructive: on détruit et fabrique de nouvelles données; d'autre part parce que le but n'est donc pas de ne pas changer les données mais de les changer le moins possible).
    Donc au lieu de modifier les données au dessus de données modifiées, on garde un graphe. Par exemple un graphe vraiment simple et linéaire:

    Pixels de l'image finale
       ⬆️
    Effet 2
       ⬆️
    Effet 1
       ⬆️
    Pixels de l'image d'origine intouchée
    

    En édition classique, si on n'est pas content de l'image finale, on peut rajouter un effet, puis un autre, puis un autre (et perdre/créer des données à chaque fois). Ou bien on peut annuler les effets, mais si on n'a pas gardé une copie de l'original, c'est un problème. Et potentiellement il faut reproduire les 2 effets alors qu'on voulait en changer qu'un seul (donc perte de temps). En "non-destructif", tu vas juste éditer les paramètres de l'Effet 1 par exemple et le graphe recalcule.

    Le second truc, c'est effectivement dans certains cas particulier, tu peux même combiner les effets. C'est le cas typique des transformations mathématiques classiques (rotations, redimensionnement, symétries, etc.), qui sont (comme toute personne qui a fait des maths le sait) simplement des multiplications de matrice. Or supposons que les effets 1 et 2 sont tous deux des multiplications de matrice, tu peux les combiner en une matrice unique et ne faire alors qu'une opération (tu en montrerais toujours 2 dans le graphe pour la sémantique, mais si ton système de graphe est suffisamment malin, il peut éventuellement optimiser).
    Pourtant en mathématiques, c'est exactement la même chose (associativité), mais pas en informatique. Puisqu'on a vu que chaque opération fait perdre des données. Oui en manipulation raster, une rotation de 30° n'est pas la même chose (et est préférable) à 2 rotations à 15°! On peut même donner l'exemple ultime: une rotation à 90° peut être fait sans perte (cas d'exception!) alors que 2 rotations à 45° ne le sont pas et abîmeront votre image!

    Donc bah voilà, tout cela pour dire que ce dont tu parles, c'est ce que les gens appellent l'édition non-destructive et c'est la raison des succès des calques d'effets, ou même en mieux de l'édition par graphe (très en vogue en 3D notamment). Ces choses arriveront dans GIMP aussi. 🙂

    255 × 2 / 2 = 128
    510 × 4 / 4 = 128

    Euh… je comprends pas du tout tes maths là. Bon déjà quand on fait des maths en informatique, on perd l'associativité, donc faut mettre des parenthèses (c'est à dire que (255 / 2) × 2 = 254 mais (255 × 2) / 2 = 255 en calcul entier, sans perte de précision dans cet ordre!) sinon je comprends pas là où tu veux en venir. Mais surtout, ils sortent d'où tes 128?

    En supposant que tu essayais de reproduire mes exemples où tu fais la division d'abord. Alors on a:

    (255 / 2) × 2 = 127 × 2 = 254
    (510 / 4) × 4 = 127 × 4 = 508
    

    Mais… je vois pas pour autant ce que tu essayais de prouver. Qu'est-ce qu'on a annihilé? Je ne vois aucun problème particulier dans tes exemples. Et sûrement pas une preuve que coder avec un bit supplémentaire soit plus mauvais pour la précision, bien au contraire.

    P.S.: à propos, note que j'utilise 9 bits pour l'exemple car ça permet un exemple simple où tu multiplie ta plage pour 2. Mais je crois pas que quiconque s'amuse à faire des mathématiques informatiques sur 9 bits. C'est plus simple de faire ça sur 16 ou 32-bit (on utilise des octets entiers, car de nos jours, c'est ainsi que sont souvent définis les types pour représenter des nombres). Je suppose que tu as bien compris cela, mais je précise juste au cas où. 🙂

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  • [^] # Re: 16 bits & EXIF

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche 25 ans de GIMP et version de développement 2.99.2 : premiers pas vers GIMP 3 !. Évalué à 10. Dernière modification le 26 décembre 2020 à 09:17.

    Sommaire

    Comme dit dans d'autres réponses, ces 2 fonctionnalités existent depuis 2.10.0, c'est à dire mi-2018.

    l'impossibilité de conserver les données exif d'origine dans les exports.

    En fait il y avait déjà un (mauvais) support des métadonnées dans la série 2.8. On l'a amélioré avec la 2.10.0, où c'est devenu bien mieux (notamment au moins le passage d'import à export vraiment sans perte — du moins je pense/espère) mais pas encore parfait. Ces derniers mois cependant, on a enfin un contributeur qui a pris sur lui pour travailler certains aspects, et comme je travaille en parallèle sur l'amélioration et surtout l'automatisation/généralisation de certains aspects des plug-ins, je travaille avec lui pour améliorer la prise en charge générique de certaines méta-données. Donc ça devrait aller de mieux en mieux au fil des versions.

    la non prise en charge d'une profondeur de couleur de 16 bits.

    Je suppose que tu veux dire "16 bits par canal de couleur". Et oui cela existe aussi depuis 2.10.0. On peut même monter à 32-bit par canal.

    Je sais, ça ne sert à rien

    Par contre non, ça ne sert pas à rien.

    Déjà pour l'œil humain, 8-bit n'est pas assez. Selon les recherches, certains estiment entre 10 à 12-bit par canal ce qui est nécessaire pour vraiment avoir une précision suffisante pour l'œil humain (attention, je ne parle pas d'avoir une gamme suffisante pour l'ensemble des couleurs visibles par l'œil, mais d'une gamme suffisante pour que si on rajoutait une couleur entre 2 couleurs adjacentes des gammes habituelles, l'œil humain moyen n'y verrait pas de différence). Ensuite même cela, on peut se dire que c'est inutile car nos écrans sont encore en général en 8-bit (et faire un setup d'écran 10-bit est encore très complexe, car il faut tout le pipeline, de la carte graphique à l'écran, en passant par câbles, OS et logiciels compatibles; ce qui fait que même la plupart des gens qui ont un écran 10-bit l'utilisent en fait en 8-bit sans le savoir). Mais ce n'est pas cela la vraie utilité du > 8-bit à l'heure actuelle.

    La plus importante utilité à ce jour est donc comme format de travail. Je vais expliquer (mon explication habituelle qu'on donne aux étudiants). L'imagerie numérique, c'est simplement des maths. Tout filtre, toute transformation, au final c'est juste des additions, soustractions, multiplications, division. Supposons donc 2 couleurs différentes, l'une avec la valeur 3 et l'autre la valeur 2 (avec un stockage des valeurs en entier seulement). Bien que très proche par définition, on voit une subtile différence entre ces 2 couleurs. Maintenant on fait une première opération quelconque qui divise la couleur par 2:

    • 2/2 = 1
    • 3/2 =… 1 aussi! (je rappelle qu'on est en nombres entiers)

    Donc nos 2 couleurs différentes sont maintenant la même! Et pour enfoncer le clou, supposons même une seconde opération où on multiplie par 2:

    • (2/2) * 2 = 1 * 2 = 2
    • (3/2) * 2 = 1 * 2 = 2

    Là c'est même pire que tout, on a carrêment deux opérations qui auraient dû s'annuler mais qui à la place ont juste fait perdre des couleurs. Ça veut notamment dire que tous les 3 de l'image ont d'ailleurs disparu (en fait tous les nombres impairs dans cet exemple), on a vraiment perdu en précision! Et c'est exactement à cause de ce type de problématique qu'on crée du "banding", typiquement plusieurs couleurs proches qui sont devenus la même (typique dans des ciels ou autres dégradés de couleur, naturels ou non).

    Donc dans certains cas, les bandes de couleurs, c'est bien car 8-bit n'est pas assez et donc on est limité dans le format, mais dans pas mal d'autres cas, même malgré le 8-bit final on aurait pu éviter les bandes de couleurs, mais ces dernières ont été créée par le fait d'avoir travaillé avec un manque de précision.

    Ce problème aurait pu être évité même avec simplement le double de précision de travail (9-bit). En effet, dans ce cas, notre valeur 2 aurait été 4 et notre valeur 3 aurait été 6. Donc:

    • 4/2 = 2
    • 6/2 = 3

    -> Nos deux valeurs sont restées différentes après calculs! Par contre on voit bien qu'on se retrouve dans la situation précédente. Cela signifie bien que si on avait encore divisé par 2, on aurait à nouveau perdu des couleurs. Cela signifie que plus on fait de calculs, plus on risque de perdre en précision! C'est pour cela qu'une haute précision n'est jamais inutile. Plus on prévoit de faire de traitement d'image, plus avoir une autre précision est utile.

    Cela n'empêche pas de revenir à 8-bit en toute dernière opération, pour l'export et le fichier partagé au monde (notamment si pour le web, etc.). Il y aura de la perte à ce moment là, mais bien moins de perte que si on avait travaillé en haute précision de couleur. Démontrons le avec le cas d'une division par 4 suivi d'une multiplication par 4 en 8-bit et en 9-bit (multiplication de toutes les valeurs par 2). Notre image a des pixels à 4, 5, 6, et 7 en valeurs. L'original est en 8-bit.

    Cas du format de travail aussi en 8-bit

    • (4/4) × 4 = 1 × 4 = 4
    • (5/4) × 4 = 1 × 4 = 4
    • (6/4) × 4 = 1 × 4 = 4
    • (7/4) × 4 = 1 × 4 = 4

    Les 4 couleurs sont devenues la même après le traitement! Grosse perte de qualité!

    Cas du format de travail en 9-bit

    D'abord transformons nos valeurs dans le format de travail 9-bit:

    • 4 × 2 = 8
    • 5 × 2 = 10
    • 6 × 2 = 12
    • 7 × 2 = 14

    Maintenant faisons notre traitement:

    • (8/4) × 4 = 2 × 4 = 8
    • (10/4) × 4 = 2 × 4 = 8
    • (12/4) × 4 = 3 × 4 = 12
    • (14/4) × 4 = 3 × 4 = 12

    Maintenant revenons en 8-bit:

    • 8 / 2 = 4
    • 8 / 2 = 4
    • 12 / 2 = 6
    • 12 / 2 = 6

    Et voilà, on a encore créé un peu perdu en qualité, mais beaucoup moins (on se retrouve avec 2 couleurs différentes au lieu de 4, mais mieux que 1 qui était le cas du travail en 8-bit). Remarquons que si on avait travaillé en 10-bit, on n'aurait perdu aucune couleur! Et encore là c'était des exemples très simples.

    Et c'est donc bien pour cela que la haute précision des couleurs est importante, au moins en format de travail. Notons bien qu'on ne demande pas aux gens de savoir les maths exactes de chaque opération, transformation ou filtre. Par contre il faut être conscient qu'au final, on manipule des nombres et donc que toutes ces opérations ne sont rien d'autres que des maths appliquées. Être conscient de ce genre de détails fait partie des nombreux points qui peuvent faire la différence pour être un bon artiste, photographe, retoucheur d'image, etc.

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  • [^] # Re: Passionnant

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Didier Bille, le sniper des RH (podcast france culture). Évalué à 2.

    Bien sûr, je comprends. Ce n'était pas contre toi.

    Moi aussi j'ai trouvé cet entretien intéressant par certains aspects. Ceci dit, j'ai rien découvert non plus d'extraordinaire. Tout ce qui était dit là, je l'ai vu en vrai en entreprise (et pourtant en peu d'années), de l'autre côté de la barrière (le côté employé, d'ailleurs souvent en mode WTF quand on voit les comportements de certains patrons, managers, RHs…).
    Mais j'ai trouvé l'entretien aussi pas mal indécent par d'autres, un peu en mode "c'est comme ça, c'est la vie". Et surtout j'ai toujours un peu de mal avec cette tendance à s'ébahir dans les divers médias de la vie des gens qui nous font du mal. 🤷

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  • [^] # Re: Chouette dépêche

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche 25 ans de GIMP et version de développement 2.99.2 : premiers pas vers GIMP 3 !. Évalué à 9.

    Donc, grosso modo, faut pas se sentir obligé de tout passer à GAction pour pouvoir sortir une version stable de GIMP 3. Ça peut être fait pour une version mineure suivante.

    Je pense qu'on est tous un peu des perfectionnistes. C'est pas pour dire que c'est impossible que ce que tu proposes soit au final ce qu'on fera, mais franchement voir ces centaines de build warnings à l'heure actuelle (à 90% ou plus autour de code GtkAction, GtkUIManager et consorts, et les autres types de warnings sont tellement noyés au milieu qu'on les voit pas trop et qu'y en a plein des faciles qu'on corrige pas à cause de ça), ça me dérange beaucoup.

    Ensuite, chez GIMP, on est super attaché à limiter de casser la compatibilité si possible. Or comme il me semble que la façon dont les actions sont gérées maintenant risque de changer certaines choses, si vraiment le cas, on aimerait éviter de le faire dans une version mineure. En plus vraiment énormément de choses tourne autour des actions dans GIMP.

    Ce n'est que quelques années plus tard que ces applis sont passées aux "headerbar" (au lieu d'une barre de menu et une barre d'outils classique), avec le passage à GAction, GMenu, etc.

    Pour info, on aime beaucoup la headerbar pour plein de choses et de dialogues, mais on ne prévoit pas de virer le menu principal. GIMP est une application complexe avec énormément de fonctionnalités qui doivent être trouvables et utilisables le plus simplement possible. C'est un logiciel utilisé professionnellement par des millions de gens (dont beaucoup gagnent leur vie au quotidien avec), pas une "app" de téléphone avec 3 filtres pour se mettre des oreilles de lapin. 😃
    Donc on a besoin d'un menu accessible.

    Par contre, on est possiblement ok pour une headerbar avec un menu normal dedans (pas le "hamburger"). J'ai vu ce concept sur quelques images et ça a l'air sympa. À voir cependant car ça risque de ne plus laisser la place pour le titre avec le nom de l'image active et plein d'info super utile (on utilise ça souvent, ça permet de voir des infos techniques sur son image d'un coup d'œil). À voir/tester.

    À noter que dans GTK 4, GtkMenu a disparu, c'est GMenu qu'il faut utiliser, ce qui je pense réduit ce qu'il est possible de faire avec (faudrait que je regarde ça plus en détails).

    Ok. On regardera ça aussi à un moment donné évidemment. On aime plein d'évolution dans GTK, mais parfois pour certaines évolutions, on en vient à se demander si on est la seule vraie grosse application complexe par rapport à certains choix. J'espère que c'est pas un de ces choix. 😕

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  • [^] # Re: Support rust

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche 25 ans de GIMP et version de développement 2.99.2 : premiers pas vers GIMP 3 !. Évalué à 10.

    Théoriquement c'est déjà possible car notre système de binding utilise GObject Introspection et il y a déjà un système de binding pour Rust. D'ailleurs quelqu'un avait déjà essayé de le faire (c'est aussi celui qui a fait le binding Vala). Je crois qu'il a mis le sujet en pause et ne sais pas s'il compte relancer ce projet.

    Dans tous les cas, ce serait bien un binding qui permet d'écrire en Rust mais qui appelerait la libgimp en C derrière. Vraisemblablement exactement ce que les dévs de Rust appellent du code unsafe. Et ça, ça changera pas, sauf si on se mettait à avoir un développeur de longue durée qui décidaient d'entièrement réimplémenter la libgimp en rust et surtout de la maintenir (pas de nous lâcher le code et byebye).

    Ce serait un boulot bien plus énorme que nos bindings à l'ancienne (qui sont eux même bien plus de travail que les nouveaux bindings grâce à GObject Introspection). Or on l'a vu avec ces anciens bindings. Ils finissent peu (voire pas du tout) maintenus avec le temps, remplis de bugs, avec une logique propre (donc problèmes de cohérence) et avec énormément de fonctionnalités manquantes.

    Perso je conseillerais donc à ceux qui veulent un libgimp rust de faire un binding GObject Introspection et d'accepter le unsafe. Au moins ils auraient un binding facile à maintenir, qui a toutes les fonctionnalités et les corrections de bugs à apporter profiteraient à tous, quelque soit son langage de prédilection. 🙂

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  • [^] # Re: Haute densité de pixels = HiDPI

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche 25 ans de GIMP et version de développement 2.99.2 : premiers pas vers GIMP 3 !. Évalué à 10.

    Non. C'est une erreur commune:

    • DPI = Dots per Inch (points par pouce)
    • PPI = Pixels per Inch (pixels par pouce)

    La notion de "point" (attention, je ne parle pas du point typographique qui est une unité de mesure, je parle vraiment d'un petit point, physiquement; malheureusement — c'est d'autant plus malheureux car ces 2 notions sont utilisés en imprimerie — en français on n'a que le mot "point" pour exprimer les 2 notions alors que l'anglais a "dot" et "point" donc ils font la différence) n'a pas de sens physique dans l'électronique d'un écran. L'unité d'un écran est le pixel.

    On parle de "points par pouce" (DPI) quand on parle de la densité de points imprimés par une imprimante par exemple. Dans ce contexte, le point a un sens physique (l'imprimante peut en effet imprimer un certain nombre de points dans une unité de longueur physique donnée). On pourra d'ailleurs découvrir que les points peuvent même avoir des tailles diverses! C'est vraiment pas le concept du pixel.

    Et même encore là, je pourrais commencer à vous parler de comment marche une imprimante, des différents types d'imprimantes (donc comment ça peut éventuellement mettre à mal le concept de densité de points) et de tout ce qu'il peut y avoir derrière ce terme qui rend le concept encore un peu moins évident. On pourrait même discuter du concept de LPI (lines per Inch) pour l'impression en halftone, qui est la base du CMYK, et utilisé en impression offset.

    D'ailleurs même pour les fichiers RAW que les marketeux aiment aussi qualifier en points (pour eux, tout est point!), il est techniquement malvenu de dire que ce sont des pixels. Ce sont des mesures physiques en grille. Chaque mesure physique est d'ailleurs dans un canal différent (car les capteurs ne sont pas RGB, donc on a certaines mesures en rouge, d'autres en verts, d'autres en bleu, sur des coordonnées différentes) et c'est pour cela qu'on ne peut pas visualiser un fichier RAW (si un logiciel affiche une image RAW, il aura fait des choix et un traitement quelconques pour générer des pixels, vous ne voyez pas le RAW car par définition les mesures n'ont pas un sens encore; d'ailleurs c'est pour cela qu'on peut sortir des images de toute sorte de lumières et couleurs à partir d'un même RAW principalement basé sur son ressenti artistique sans qu'une version soit plus "vraie" que l'autre puisque les mesures contenus dans le RAW n'ont pas encore de sens colorimétrique; une fois que l'image est transformée en matrice de pixels, là il y a un sens colorimétrique et à ce moment seulement, si 2 visualiseurs d'image montrent une image différente, au moins l'un est dans le faux). Dans ces cas là par exemple, il serait plus juste de parler en SPI ("samples per inch" - mesures par pouce). En RAW, ce terme est peu utilisé, mais il l'est beaucoup pour les scanners.

    Ensuite soyons clair, on est habitué au fait que plein de gens font l'erreur et je comprends qu'on fasse l'amalgame. D'ailleurs il est tout à fait naturel d'essayer de faire correspondre un "pixel" à un "point" d'impression lorsque la cible de l'œuvre est l'impression. Néanmoins ce n'est absolument pas une obligation technique! C'est donc un gros "néanmoins". Typiquement on peut vouloir imprimer à plus faible densité de points (sans pour autant changer la taille physique) pour diverses raisons (dont économiser un chouille d'encre, ou simplement parce que l'imprimante ne peut monter suffisamment haut, etc.). D'ailleurs quand vous envoyez une image à un imprimeur, chercher à avoir une image exactement à la densité recommandé est une erreur de débutant qui ne comprend pas les concepts de résolution et d'impression. Typiquement on a eu quelqu'un l'autre jour qui voulait absolument envoyer une image à 300PPI car l'imprimeur lui avait dit qu'il fallait 300DPI. Il avait une image à environ 350PPI. Ça n'avait strictement aucun intérêt d'essayer de redimensionner l'image. Pire cela aurait probablement diminué la qualité de l'impression finale sans raison. Il n'est absolument pas nécessaire de faire une correspondance exacte entre les pixels et les points car il n'y a aucune correspondance sémantique ou logique directe entre pixels de l'image ou de l'écran et points d'impression. Éventuellement une correspondance de simplification, mais c'est tout.

    Ce type d'anecdote montre aussi bien que comprendre un minimum la technique et le sens des mots est importants, sinon on se met juste à répéter des termes qu'on ne comprend pas, comme des perroquets. Et forcément on ne peut pas les comprendre car ils ne veulent plus rien dire hors contexte (pourquoi on parle de pixel en numérique? De point en imprimerie? De lignes en offset? Tous ces termes ont un sens et une origine physiques et sont donc logiques; si on les intervertit, on ne peut que s'embrouiller). C'est assez triste de voir même des auteurs de livres ou des profs qui ne comprennent pas de quoi ils parlent sortent des âneries. Puis tant de gens vont juste répéter ces mêmes trucs toute leur vie ou carrière (car même pas mal de pros ne cherchent pas à comprendre). Rien n'est plus triste quand on a un pro qui cherche absolument à mettre une image à 72DPI pour le web, ce qui… n'a juste aucun sens. Mettre une densité pour une image qui n'est faite que pour être vue sur un écran n'a absolument aucun sens. Pour une image faite pour le web, il faut uniquement raisonner en dimensions en pixels. C'est la seule chose qui importe! Mettre 72DPI ou 300DPI ou 10000DPI dans les métadonnées… ne change absolument rien. Niet. Que dalle. Ce mythe a été initialement propagé par Apple dans les années 80, quand ils ont fait des écrans à 72PPI et ont essayé de les faire correspondre à la densité de leurs imprimantes. Franchement un truc totalement ridicule. Ce chiffre est juste resté et pour une raison incompréhensible, les gens ont décidé qu'une photo devait avoir cette densité de pixel (info qui n'est simplement jamais utilisé de nos jours).

    Et donc pour conclure, quand on parle de haute densité de pixels à l'écran, on parle donc bien de HiPPI. Le fait que les marketeux qui n'y comprennent pas grand chose se soient emparés des mauvais termes (qui sont alors devenus une sorte de standard pour l'achat) n'est pas la première et ne sera pas la dernière fois. Et de mon côté, ça ne m'empêchera pas d'utiliser les bons termes. 😛

    Ensuite j'en fais pas une maladie et si on me dit "DPI" pour parler de densité de pixels, c'est pas moi qui vais reprendre (là j'explique mais c'est particulier car tu m'interpelles sur le sujet, alors… faut bien expliquer!) car je comprends ce que cette personne veut dire. J'ai mieux à faire. Mais j'utilise le terme approprié quand j'écris sur le sujet. Et quiconque s'intéresse un peu à la technique sait qu'utiliser DPI hors imprimerie (par exemple pour qualifier la densité en pixel d'un écran) n'a juste aucun sens.

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: Gestion des couleurs dans Wayland

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche 25 ans de GIMP et version de développement 2.99.2 : premiers pas vers GIMP 3 !. Évalué à 6. Dernière modification le 24 décembre 2020 à 01:04.

    Oui ça commence tout juste à bouger. Ce qui veut tout de même dire que quoi que ce soit qui soit implémenté ne finira pas sur nos bureaux avant plusieurs années (cela devra être implémenté par les bureaux, par FreeDesktop et par tous les logiciels).

    Cependant je crois que la direction choisie ne plaît pas à tous, comme en témoigne cette longue discussion sur le forum de Pixls.us: 2 ans de discussion, plus de 500 messages (dont le dernier il y a une semaine). Pour info, Pixls.us est le site de référence pour la photographie avec des logiciels libres, et beaucoup d'utilisateurs mais aussi des développeurs de certains logiciels d'imagerie y traînent (et en ont d'ailleurs fait leur forum officiel, pour plusieurs de ces logiciels). Le créateur de ce site est un contributeur très connu (et super sympa!), notamment de GIMP (dont il a fait le site web et le maintient depuis 2015).

    Ensuite je ne suis pas beaucoup (voire presque pas du tout) la conversation et interviens encore moins, et ce exprès. Je n'apprécie absolument pas le comportement plus que limite (sinon malsain) de certains et je ne veux vraiment pas me mêler à ce brassage de vent. Peut-être que les dévs de Wayland font certains mauvais choix, mais je suis un peu triste que les choses se passent sous forme de conflits et d'insultes (voire des quasi-menaces; certains se sont un peu fait calmer par des admins, et ce à raison; c'est d'autant plus triste quand ça vient parfois de développeurs d'autres logiciels libres aussi) plutôt que constructivement. Dans tous les cas, ça casse toute velléité de rentrer dans la discussion malheureusement. Mais bon, on verra comment les choses évolueront.

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  • [^] # Re: Chouette dépêche

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche 25 ans de GIMP et version de développement 2.99.2 : premiers pas vers GIMP 3 !. Évalué à 10.

    Bravo à vous.

    Merci!

    maintenant que la migration vers GTK 3 est terminée

    Elle n'est pas tout à fait terminé. J'ai des cauchemars (c'est pas vrai, c'est juste pour l'image!) rien qu'à l'idée qu'on va devoir passer tout notre code de GtkAction à GAction (ce n'est pas juste un renommage, il y a des changements de concepts apparemment, mais j'ai pas regardé dans le détail). C'est notre dernier gros chantier pour pouvoir dire que la migration est vraiment finie.

    entamez vous la migration vers GTK 4 qui vient de sortir

    C'est pas prévu, mais on ne refuse pas les contributions. Si quelqu'un veut progressivement faire cette migration (dans une branche ou directement dans la branche principale sans casser le code GTK+3), on prendra les patchs.

    De manière générale, suivre le toolkit est nécessaire, mais c'est aussi fort peu productif. C'est parfois un peu se battre contre un moulin. Énormément de travail mais pas forcément un résultat à la hauteur du travail.

    Donc personnellement je suis pas pressé. Mais rien n'est impossible et on y passera bien un jour… 🙂

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  • [^] # Re: Passionnant

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Didier Bille, le sniper des RH (podcast france culture). Évalué à 4.

    Donc au final, vous souhaitez encourager chacun à choisir une voie morale plutôt que confortable quand l'alternative se présente ?

    Pas sûr de ce que vous (tu? J'ai tendance à penser qu'on peut se tutoyer sur ce site, mais après tant d'années à se côtoyer, vous insistez sur le vouvoiement…) dites, ou même de là où vous voulez en venir. J'encourage à suivre une voie où on n'écrase pas les autres pour avancer. "Morale"? "expression d'une récrimination face à l'injustice du monde"? Les philosophes aiment bien utiliser des mots compliqués avec plein de sous-entendus derrière pour désigner des choses simples. Juste… ne pas vivre son bonheur sur le malheur d'autrui. C'est pourtant simple non?

    Quant à l'opposition totalement arbitraire entre "juste" (plutôt que "moral") et "confortable". C'est une fausse opposition, uniquement faite pour faire croire qu'on doit choisir (une vie de salauds riche vs. une vie de pauvre gueux vertueux). J'ai fait des choix toute ma vie pour faire des choses OK, certes forcément avec des erreurs, et évidemment ce qu'on va considérer "OK" peut varier d'une personne à l'autre. Au minimum néanmoins, il y a une partie évidemment "absolument pas OK" qui est de ne pas vivre sur le malheur d'autrui, sur l'exploitation des gens ou de la planète, etc. Et pourtant je ne crois pas vivre de manière "inconfortable". Certes je ne suis pas ultra-riche. Certes je n'ai pas un salaire indécent qui me permette de m'acheter une maison tous les ans (le plus haut salaire du gars qu'il cite à un moment lui aurait permis d'acheter ma maison d'un coup sans prêt!). Mais ce n'est pas ça le "confort" pour moi. D'ailleurs si mon "confort" devait dépendre de gens que je devrais virer injustement (pour le profit d'une entreprise), ou exploiter sans vergogne, d'injustices sociales diverses ou de dégradations écologiques, etc. je suis pas sûr que je me sentirais si "confortable" (mais je suis conscient que cela dépend des gens, beaucoup savent faire abstraction et "oublier" les horreurs faites une fois rentré dans leur maison luxueuse).

    Pire j'ose même affirmer (sans preuve car on ne vit pas dans ce monde et c'est donc dur d'avoir de quoi comparer) que si plus de gens faisaient des choix acceptables, en fait le confort de tous en serait amélioré de manière générale, plutôt que seulement le confort des uns qui en devient indécent aux dépends de celui des autres (ce qui est le faux choix que vous nous proposez).

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  • [^] # Re: Passionnant

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Didier Bille, le sniper des RH (podcast france culture). Évalué à 10.

    Merci à l’honnêteté sans fard du témoin.

    Alors c'est très bien que ce genre de personnes se réveillent un jour et pointent un peu du doigt le problème (que toute personne qui a travaillé en entreprise connaît, même si on est pas autant au milieu du problème au quotidien au contraire de ces gens des RHs), mais sincèrement… j'aurais préféré que cette personne ne soit pas elle-même le problème et n'ai donc pas eu besoin de se réveiller après 25 ans à faire partie dudit problème. C'est à dire qu'il aurait dû refuser ce qu'on lui a demandé de faire dès la première fois (on voit très bien qu'il a toujours su que c'était mal, il le dit lui-même, il essayait certes de trouver des moyens pour que ça se passe pas trop mal, mais bon… pour reprendre l'analogie du "sniper", c'est comme s'il essaie de tuer d'un coup avec une balle dans la tête pour éviter de trop faire souffrir, pas de quoi se réjouir). Certes il n'aurait alors pas pu venir raconter sa longue carrière de 25 ans à virer plus de 1000 personnes à la radio, s'il avait fait cela. Et probablement ces personnes auraient de toutes façons été licenciées derrière par une autre personne sans remords. Mais pourtant, dans ma logique, c'est seulement s'il avait fait cela qu'il aurait mérité un "merci".

    Mais "merci" pour avoir exécuté des horreurs pendant 25 ans avec des salaires effarants pour au final se dire que c'est pas cool et venir en parler à la radio?… j'avoue que j'ai du mal. 😕

    Sur la fin, il dit que c'est trop facile de dire qu'on regrette en "versant une petite larme" après une carrière à virer des gens et que ce serait même insultant pour les gens qu'il a viré. Et je suis entièrement d'accord. Il n'a même plus le droit de dire qu'il regrette. Je pense que quoiqu'il fasse, il est simplement impossible qu'on puisse lui dire "merci" pour quoi que ce soit en rapport avec son passif. Pour ses actions à venir, si vraiment il s'est retourné et fait maintenant des actions bénéfiques, alors on pourra lui dire merci pour ces actions présentes ou futures hypothétiques. Mais pour quoi que ce soit qui ait un rapport avec ce passé de "sniper des RHs", je pense pas qu'il mérite le moindre merci.

    J'ai travaillé en entreprise, et j'ai personnellement refusé des trucs que je trouvais aller contre mes valeurs (même si je n'ai pas été viré pour cela). J'ai aussi démissionné très rapidement quand je trouvais que les valeurs de l'entreprise allaient pour le pire (et que je trouvais que les changements étaient mauvais pour moi, pour tous les employés et/ou par rapport à ce qu'on faisait), que j'essayais de faire changer les choses mais que ça n'allait qu'en empirant (dans ces moments, on se rend compte qu'on y peut rien). J'ai ainsi dit au-revoir à des salaires extrêmement confortables et de nos jours, je repère ces entreprises et n'essaient même pas d'y postuler. Je ne veux pas travailler dans des conditions inacceptables par rapport à mes valeurs, même si cela limite fortement mes possibilités salariales (car malheureusement ces entreprises sont en général les entreprises qui peuvent payer le plus). Moi oui, je ne regrette pas et je suis plutôt fier d'avoir tenu à mes valeurs. Des gens comme moi, on est plutôt nombreux d'ailleurs. Alors c'est toujours un peu triste quand on voit au final que les personnes qui se font "remercier pour leur honnêteté", ce sont ceux qui ont fait du mal aux autres pendant de très nombreuses années en touchant le jackpot, pour au final retourner leur veste, se faire tout beau, passer à la télé ou la radio pour raconter les horreurs qu'ils ont faites, éventuellement écrire un livre. Au passage, comme ils ont amassé de belles finances pendant toutes ces années à écraser autrui, ils peuvent aisément se refaire une reconversion professionnelle "propre". Ces gens là, on a même l'impression qu'on va soudainement les considérer comme des saints. Et au passage on oubliera les millions de gens qui ont simplement refusé cela dès le début. 🙄

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  • [^] # Re: accès direct alternatif aux journaux système, propriétaire ou Google ;

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Faciliter l’adoption du Libre auprès du grand public [màj cLibre.Eu]. Évalué à 5.

    Pour info tout de même, comme je vois qu'on me prend à parti, je ne partage pas l'avis entièrement négatif sur ce site. J'ai certes eu une mauvaise expérience (même si un modérateur de l'époque a fait la cerise sur le gâteau, c'était d'ailleurs surtout un autre rédacteur lambda comme moi qui fut le plus gros du stress) et j'en faisais part car on me demandait ce que je voulais faire d'une dépêche abandonnée, mais je continue tout de même d'apprécier LinuxFr de manière générale. D'ailleurs je continue à publier des dépêches. 🙂

    Ensuite c'est vrai que certains contributeurs ont leurs petites marottes de traduction, francisation ou de syntaxe, mais cela ne me dérange pas tant que cela. Quant au fait de prendre un peu d'assurance et de ne pas demander tout le temps, personnellement c'est ce que j'apprécie d'un contributeur. Dans les logiciels que je maintiens (par ex. GIMP), dès que je vois certains contributeurs qui comprennent vite les règles du projet, j'essaie rapidement de leur donner des responsabilités et de leur faire sentir qu'ils ont le droit de prendre des décisions sur les sujets qu'ils maîtrisent (tant que ce n'est pas une décision qui change radicalement le cœur du projet du moins). Car je ne peux pas être partout à la fois. C'est épuisant aussi quand les autres se reposent trop sur vous.
    En transposant cela à la rédaction collaborative d'une dépêche, j'apprécie que certains rajoutent des informations et corrigent des choses. D'ailleurs, appel aux gens: l'article pour la sortie de GIMP 2.99.2 est toujours en rédaction depuis un mois et demi! C'est principalement de la traduction anglais vers français (le but n'est pas forcément de faire de la traduction pure, les arrangements sont parfaitement acceptables; d'ailleurs c'est principalement moi l'auteur de la version anglaise, donc il n'y a même aucun problème de droit d'auteur selon de si on s'inspire peu ou beaucoup de l'anglais). Personnellement ces derniers temps, je suis épuisé donc j'apprécierais vraiment l'aide à l'écriture! Ne pas hésiter à prendre des décisions et de faire des choix d'écriture! De toutes façons, je ferai une dernière passe aussi, ce qui me permettra d'arranger ce qui ne me convient pas. 😛

    Ensuite les erreurs, que ce soit pour du code ou du texte, ça arrive et ça ne me dérange pas. J'en fais moi-même régulièrement! 😁
    Il ne faut pas avoir peur de faire des erreurs, ni de corriger les siennes ou celles des autres. C'est aussi quelque chose d'important dans le travail collaboratif. Une fois qu'on comprend qu'il n'y a rien d'honteux ni d'insultant dans une erreur ou dans une correction, alors on est beaucoup plus zen dans nos relations aux autres.

    Pour ton mécontentement, vv222, c'est vrai que peut-être lorsqu'une dépêche est à ton nom propre, il pourrait être mieux que l'équipe de rédaction demande avant de modifier quelque chose (hors fautes de français), ou alors il faudrait rajouter explicitement (NdM Note de la Modération). Peut-être qu'un tel processus pourrait être rajouté dans la modération Linuxfr? C'est vrai que j'ai remarqué que les modérateurs semblent corriger plus de chose a posteriori ces dernières années (possiblement pour contrebalancer l'impossibilité d'édition des articles/commentaires par les contributeurs eux-mêmes).
    Globalement toutefois, j'apprécie le travail des modérateurs et admins (et des co-contributeurs en rédaction collaboratives) de Linuxfr car je trouve qu'ils font du travail de bonne qualité dans l'ensemble. 👍

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