brevets : procès sur les médicaments génériques

Posté par  . Modéré par Fabien Penso.
Étiquettes : aucune
0
6
mar.
2001
Justice
Hier en Afrique du Sud, s'est ouvert un procès opposant les grandes firmes pharmaceutiques et l'état Sud-Africain, qui autorise la fabrication de génériques bien moins chers pour la lutte contre le sida (qui touche 10% de la population).
Les labos bloquent depuis 2 ans l'application de cette loi, qui présente des aspects assurément scandaleux pour leur porte-feuille comme: "une clause prévoyant que les pharmaciens doivent présenter à leurs clients l'option de médicaments génériques, face à un médicament de marque prescrit."
Jusqu'à présent, les labos jouaient de pressions (via le gouvernement américains), mais cette fois ci, il s'agit d'une confrontation directe.
Profitons en pour bien rappeler que les brevets ne sont pas des garanties de moralité ou de bien pour l'humanité, contrairement à ce que propagent certains. Bon, je sais, ici, je prêche des convertis :-), mais parlez en autour de vous à ceux qui doutent, cet exemple les fera peut-être réfléchir...

Aller plus loin

  • # Attention !

    Posté par  . Évalué à 1.

    Il ne faut pas en déduire que les brevets ds tous les cas et domaines sont nuisibles pour l'humanité. C'est une garantie d'exclusivité (et donc de rentrées d'argent pendant un moment). Je rappelle également que la recherche et le développement des médicaments est une activité qui coûte très cher pour des résultats qui ne sont pas assurés. Et un labo qui ne fait pas de recherche, c'est un médicament que nous n'auront pas dans 20 ans.

    Cela dit, entre le profit de grandes multinationales et la santé de millions de malades, le choix est vite fait. Il me semble d'ailleurs que les accords sur le commerce prévoient l'abandon temporaire de la protection des brevets en cas de nécessité de santé publique.

    Tant que j'y suis, j'ai une proposition qui pourrait satisfaire tout le monde : la production de ces médicaments par les groupes propriétaires des brevets dans des labos sur place. La main d'oeuvre est moins chère, ça ferait baisser les coûts (et les prix de vente). Ca ferait aussi de l'emploi sur place et contribuerait à améliorer les conditions de vie des populations concernés.
    • [^] # Re: Attention !

      Posté par  . Évalué à 1.

      Pas faux...

      En effet, vouloir à tout prix interdire les brevets sur les médicaments, c'est se priver de R&D et du coup prendre un pari risqué sur le futur...

      Ce que ne précise pas la news, c'est que l'OMC elle-même autorise le développement de ces médicaments génériques si le pays se trouve en grande difficulté et que la non-existence de ces médicaments génériques pourrait mettre en danger une grande partie de la population.
      L'Afrique du Sud n'est pas la seule, le Brésil aussi il me semble.


      Tant que j'y suis, j'ai une proposition qui pourrait satisfaire tout le monde : la production de ces médicaments par les groupes propriétaires des brevets dans des labos sur place. La main d'oeuvre est moins chère, ça ferait baisser les coûts (et les prix de vente). Ca ferait aussi de l'emploi sur place et contribuerait à améliorer les conditions de vie des populations concernés.


      Pas sûr... quelle firme américaine voudrait utiliser la main d'oeuvre sur place et prendre le risque de l'espionnage industriel, au lieu d'importer ses propres ingénieurs et préparateurs ?

      De manière plus cynique, ca me rapelle un sketch des Guignols de l'info, qui mettait en scène Mr World Company et qui se demandait où était l'intérêt pour les pays industrialisés de vouloir sauver les pays du 1/3 monde, et qu'en gros, on les laissait tous mourir... quand la réalité rejoint un peu trop la fiction...
      • [^] # Re: Attention !

        Posté par  . Évalué à -1.

        Faire fabriquer des Nike par des enfants exploités et sous-nourris, c'est assez simple. Du moment que le gosse a 10 doigts, ca va. Le tout est de ne pas se faire choper.

        Je ne suis pas certain qu'il soit aussi simple de fabriquer des produits de haute technologie, en salle blanche, avec des appareils complexes, qui demandent de savoir lire et d'avoir une formation certaine.
        • [^] # Re: Attention !

          Posté par  . Évalué à 1.

          En Afrique du Sud, il y a des usines de taille de diamants avec du personnel local. Certes ils ne s'occupent pas des plus grosses pierres mais ils taillent la plupart des pierres. C'est une activité relativement complexe avec une formation derrière.
          (source Envoyé Spécial, France 2)
          • [^] # Re: Attention !

            Posté par  . Évalué à 0.

            Ah mon avis la principale activité diamantaire en afrique du sud est l'extraction. La plupart des diamants sont taillés en Europe (Anvers pour les très bonnes qualités de tailles) ou en Inde pour les bijoux moins chers. Les jolies usines "De Beers" servent surtout à dorer son blason localement. Les ouvriers noirs sont relègués aux taches manuelles ou d'encadrement style kapo/vigiles.
            Faut pas rêver, La plupart des usines sont des firmes occidentales. Quand aux entreprises sudafricaines, les propriétaires sont des afrikaaners, rien que des blondinets tout blanc. La fin de l'aparteid à signifié la fin officielle du pouvoir blanc, mais officieusement ceux qui détiennent l'économie gardent un grand pouvoir. Pour continuer sur le theme du Sida, ce n'est pas seulement l'Afrique du sud qui est touchée, mais bien toute l'Afrique noire. Malheureusement, ces pays ont bien d'autres problèmes que de compter leurs malades, vu que la plupart n'ont pas accès aux soins élémentaires - souvent pour des raisons de conflits. La 3eme guerre mondiale a lieu, elle se déroule en Afrique en ce moment.
            • [^] # Re: Attention !

              Posté par  . Évalué à 1.

              Je maintiens ce que j'ai dit sur les usines de taille sud-africaines. Pendant ce reportage on a vu une dizaine de sud-africains tailler des diamants dans une salle (avec fouille à l'entrée et la sortie) dont un qui a été interviewé. C'est peut-être de la poudre aux yeux pour les journalistes et le pouvoir, mais ça existe.

              > La 3eme guerre mondiale a lieu, elle se déroule en Afrique en ce moment.
              Définition d'une guerre mondiale : conflit où la plupart des pays sont impliqués. Je ne vois pas de conflit de ce type déclaré en Afrique du Sud, même s'il y a des troubles.
        • [^] # Re: Attention !

          Posté par  . Évalué à 1.

          L'afrique du sud est tout à fait capable de produire des médicaments sophistiqués. En tout cas c'est ce que racontais l'attaché de presse de médecin du monde ce matin sur europe 1.

          Elle disait aussi que le prix d'une trithérapie est de:
          * 1800$ par an en europe,
          * de 600$ si on achetais les médicaments en Inde (qualité équivalentes)
          * et de 120$ s'ils les fabriquaient en afrique du sud.

          Les trithérapies ne sont pas les seul médicaments touchées par les brevets (Rappel: 30% de la pop afriquaine est séro+) mais c'est également valables pour certains antibiotiques...

          On peut enfin signaler que l'industrie pharma est loin d'être en difficulté.(culbute de 50% l'année dernière.)
      • [^] # Re: Attention !

        Posté par  . Évalué à 0.

        la recherche n'est faite que pour des medicaments dont on subodore un gros marche (les pays riches). les pays pauvres n'ont qu'a crever. Quand un medicament est deja amorti plusieurs centaines de fois il s'agit d'escroquerie que de continuer la le vendre tres cher (a votre avis il vient d'ou le trou de la secu?)
        Je ne vois pas beaucoup de multinationales de la pharmacie qui sont pauvres...
      • [^] # Re: Attention !

        Posté par  . Évalué à 1.

        Pas sûr... quelle firme américaine voudrait utiliser la main d'oeuvre sur place et prendre le risque de l'espionnage industriel, au lieu d'importer ses propres ingénieurs et préparateurs ?

        Même en étant sur le territoire américain, les labos sont soumis au risque de l'espionnage industriel.
        Cela dit, c'est vrai que tout le personnel d'un tel labo ne pourra pas être autochtone, pour des raisons de formation, de sécurité et d'encadrement.
    • [^] # Re: Attention !

      Posté par  . Évalué à 1.

      >Il ne faut pas en déduire que les brevets ds tous les cas et domaines sont nuisibles pour l'humanité.

      Ce n'est pas ce que j'ai écrit
      • [^] # Re: Attention !

        Posté par  . Évalué à 1.

        > Ce n'est pas ce que j'ai écrit
        J'entends bien. Je me rappellais juste la dernière discussion troll ici concernant les brevets.
        A noter qd même que ton sous-titre est un peu radical : brevet vs. humanité, round 1.
    • [^] # Re: Attention !

      Posté par  . Évalué à 1.

      Le problème n'est pas dans les prix de fabrication de médicaments, mais plutôt dans les marges monstrueuses que gardent les labos. Fabriquer les médicaments avec une main d'oeuvre locale diminuerait les coûts de quelques pourcents (même en prenant en compte le fait que les clients sont sur place, et le fait que ça aiderait l'économie du pays, ce dont se foutent royalement les industriels), l'essentiel du prix du traitement serait toujours les marges. Et à cause du vieux problème de l'actionnariat mécontent, ces marges ne vont pas baisser
      • [^] # Re: Attention !

        Posté par  . Évalué à 0.

        il faut faire attention, dans le cas des medicaments, il y a beaucoup d'echecs pour peu de reussites. Bilan, les firmes de pharma sont obligees de reporter les coûts induits par les echecs sur les reussites. Cela dit effectivement, de la a faire plusieurs dizaines de milliards de $ de benef.. Elles se gardent quand même une belle marge de manoeuvre.
    • [^] # Re: Attention !

      Posté par  . Évalué à 0.

      Le prix de fabrication intervient tres peu dans le prix de vente du medicament. En plus les processus de fabrication sont tres largement robotisés, et nécessitent une main d'oeuvre qualifiée pas forcement tres abondante... (meme dans les pays riches).

      Le probleme est a mon sens largement politique et depasse le cadre de ce proces. Quelles relations veut-on etablir entre les pays riches et les pays pauvres. Les brevets doivent s'appliquer de la meme maniere partout dans le monde, quelle politique de santé (et d'education) les gouvernements des pays pauvres veulent-ils mettre en place, etc...
  • # je comprends pas

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

    Il y a peut de temps, il me semble bien que Mr M'becki déclarait à qui voulait l'entendre que le sida était une maladie imaginaire. Et maintenant il veut fabriquer des médicaments pour soigner cette maladie: alors je vois deux possibilités:
    * il a changé d'avis sur la non-existence du sida
    * les sidéens sud-africains vont bouffer des sucrettes, c'est bien moins cher à fabriquer que l'azt.
    • [^] # Re: je comprends pas

      Posté par  . Évalué à 0.

      "les sidéens sud-africains vont bouffer des sucrettes, c'est bien moins cher à fabriquer que l'azt."
      Pas sur selon ceci que j'ai lu sur la liste de l'april il ya quelques jours :
      "L'AZT, selon Bernard Pécoul de Médecins sans frontières (MSF) : une vieille molécule connue depuis longtemps recyclée pour un nouvel usage. Rien ne légitime le coût exorbitant du médicament
      (toujours selon Pécoul) la recherche et développement dans ce cas est un faux argument. Rien ne légitime ce brevet."
  • # Débat

    Posté par  . Évalué à -1.

    En fait, il ne s'agit pas de partir en guerre contre tous les brevets. Il me semble normal que quand un groupe pharmaceutique dépense des milliards de francs dans la recherche et que cette recherche aboutit à un médicament qui apporte une solution à une maladie, le groupe pharmaceutique voie ses efforts récompensés par la possibilité de l'exploiter commercialement pour en tirer un bénéfice.
    Mais lorsque les laboratoires exagèrent leurs marges en profittant du monopole légal institué par le brevet, là ça commence à déraper.
    D'une part ils en profittent pour extorquer le maximum d'argent de la sécu ce qui crée le déficit des dépenses de santé. Ca, c'est quand vous avez la chance d'habiter un pays riche.
    Mais là où ça coince vraiment, c'est quand le prix fait qu'une partie de l'humanité est condamnée à mort SIMPLEMENT PARCEQUE PRIX FIXE PAR LE LABORATOIRE EST TROP ELEVE. A-t-on le droit de laisser mourir des millions de personnes pour des raisons d'exploitation commerciales de brevets? Je pense que non.

    Le gouvernement Sud-Africain a décidé de violer les traités internationaux en important des génériques pirates. Mais de toute façon, les sud africains n'auraient pas pu acheter le médicament original. Alors, quelle différence ça fait, mis à part sauver des vies humaines?

    PS: Il me semble que l'Afrique du Sud n'est quand même pas un pays si pauvre que ça. Entre l'exploitation des diamants, de l'or et les ventes d'armes (eh oui), ils doivent bien s'en tirer. Les blancs du moins, car si l'Apartheid est aboli, l'égalité de chances et de conditions de vie ne sont pas encore au rendez-vous...
    • [^] # Re: Débat

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

      Si je me rapelle bien, le benefice cumulé des boites qui attaquent est de 48 milliards de $ l'année dernière (source: France Info). De plus celles-ci préfèrent racheter des brevets de petites boites qui ont reussi au lieu de veritablement faire de la RetD.
  • # Précisions

    Posté par  . Évalué à 0.

    Quelques précisions:

    Un médicament générique est un médicament sans marque. Il porte le nom de la molécule.(ex. amoxycilline).
    Un médicament de marque est vendu sous le nom de marque (ex.: clamoxyl).

    Cet article parle de 2 choses :
    1 : d'une clause edictée par l'OMC qui stipule qu'un Etat peut produire des médicaments brevetés sans l'accord de son créateur, dans les cas de désastre sanitaire annoncé. Probléme : ils le font vraiment!!!!
    2 : de la désaffection des médicamens de marque dans les pays pauvres pour cause de cout, et de leur remplacement par des génériques intégrées aux structures de soin. Il ne s'agit que de business, pas de loi.

    Je pense que les multinationales veulent faire d'une pierre deux coups en assimilant les copieurs de médicaments protégés par brevet aux fabricants de médicaments génériques. Ils essaient de protéger leur business (infections, palud, tuberculose...) en attendant que l'OMC modifie la disposition en question pour le sida.
    Il faut aussi savoir que le médicament générique est la pierre angulaire de toute politique de l'OMS en Afrique. Pas de générique, pas de politique concertée réussie, il ne reste que le pharmacien...

Suivre le flux des commentaires

Note : les commentaires appartiennent à celles et ceux qui les ont postés. Nous n’en sommes pas responsables.