Entretien avec le hackerspace Osilab (laboratoire lillois militant)

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fév.
2013
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Vous trouverez dans la seconde partie de la dépêche un entretien avec le hackerspace Osilab (laboratoire lillois militant) : son histoire, ses activités et réalisations, ses particularités, ses projets, ses publics, etc.

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Sommaire

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Quelle est l'histoire de l'Osilab ? Qui l'a créé ? Quelles étaient les premières activités/réalisations ? Comment est-il géré, comment fonctionne-t-il ? Quelles sont ses particularités ?

L'Osilab est issu du milieu libriste et hacker lillois. Le besoin d'un hackerspace se fait sentir dès 2006, mais plusieurs échecs interviennent de 2008 à 2011.

Fin 2010, Charles a l'opportunité d'avoir un lieu à prêter. S'en suivent au premier trimestre 2011, les premières permanences avec des personnes essentiellement de Chtinux et du Localhost. Puis la maison est renovée pendant un an et demi : murs, planchers, plafonds, électricité, réseau, domotique, aérations, évacuations, plomberie… soit quelques milliers d'heures de travail pour une poignée de personnes. À la fin du chantier, des gravats du pont de Canteleu (lui aussi en chantier à côté pendant 1 an ou plus) serviront pour créer les potagers en carré et la terrasse.

Toujours, à la fin du chantier les permanences reprennent (elles seront appelées Bar Bidouille au cours de 2012) et les scripts de gestion et de surveillance sont réécrits, améliorés. Deux nouveaux ateliers récurrents font leur apparition : « Système-D », atelier de réparation et « Fait maison » (expérimentations culinaires).

Le groupe démarre sous forme de collectif jusqu'à la fin du troisième trimestre 2012. Là, une personnalité juridique devient nécessaire (notamment pour le futur accueil du public, et donc une assurance et des subventions éventuelles).

On fonctionne avec un mélange d'autogestion et de doocratie. L'origine des ateliers est souvent doocratique, lorsqu'une personne a un besoin ou une envie et commence à formuler, elle démarre et d'autres se joignent et le groupe porte ensemble l'atelier. Pour la vie de l'association, les Bars Bidouille ou d'autres réunions sont l'occasion de prendre les décisions. Après, dans les textes, c'est une association classique mais il faudra que l'on patche (corrige) cela en 2013 (juin vraisemblablement). La vie de l'asso se fait à deux niveaux pour l'instant. Les personnes adhèrent à prix libre à l'association et participent à sa vie. Le structurel (juridique, comptabilité) n'étant pas la tasse de thé de beaucoup, il y a un sous-groupe où toutes les personnes volontaires participent. Enfin il y a les personnes qui signent (en attendant une direction collégiale en juin).

Il y a deux particularités au lieu et à l'association. L'association a pour objectif l'éducation populaire dans les sciences et les techniques et donc nous essayons de concentrer notre action sur l'échange horizontal de savoirs (à l'inverse d'un cours magistral), la mise à niveau des néophytes, autour des thèmes et techniques développées.

L'histoire de plusieurs participants et participantes, militants et militantes dans différent domaines a amené l'association à s'ouvrir aux problématiques vécues par d'autres collectifs côtoyés par l'association et à faire de l'Osilab, dans la mesure du possible, un lieu sauf et accueillant, sans discriminations sur les connaissances, les origines, la nature de la personne. Cela nous a amené à nous définir comme copyleft, écologistes et féministes. Les trois sont une évidence pour nous. Le copyleft rejoint naturellement l'éducation populaire. L'écologie est aussi une évidence à l'heure des aPhones, tablettes non-modifiables, ordinateurs cassés au bout de 3 ans. Le féminisme est aussi une évidence, et les évènements sexistes du 29c3 (NdM : voir par exemple AdaInitiative.org) ou même l'actualité nous le rappellent. Sur ce dernier point, nous préférons le terme de féminisme à anti-sexisme (comme des personnes préfèrent Libre à Open Source). Nous sommes loins des collectifs essentialistes. Nous sommes plus pour un féminisme « réaliste et inclusif » pour reprendre Morgane Merteuil. Dans le même élan, nous dépassons la binarité de genre (afin de ne pas rejeter les personnes intergenres ou en questionnement, et afin de ne pas forcer les gens à se positionner dans une case ou dans une autre).

L'Osilab a été victime d'un vol et d'un incendie criminel. L'enquête a-t-elle abouti ? Quelles ont été et sont les conséquences pour l'Osilab et ses activités ?

Nous n'avons plus beaucoup d'informations de la police depuis plus d'un mois. L'enquête est toujours en cours et donc les détails sont toujours couverts par le secret de l'instruction. Il y a cependant pas mal de zones d'ombre et de choses illogiques. Pour notre part, notre hypothèse principale est celle d'un incendie masqué par un cambriolage, bref, un acte politique. Le mobile étant la jalousie ou des idées très très à droite (voire les deux). Nous considérons cet acte comme lâche et indigne.

Dégâts après l'incendie

L'incendie a été déclenché dans la période où la communication avait fait connaître le lieu et où on commençait à prendre le rythme, l'impact a donc été maximum. L'arrêt total de l'activité a duré un mois, le temps de se remettre, de commencer le tri dans le matériel et les projets. Finalement, nous avons réussi à prendre le contrepied positif de cet acte de vandalisme. Nous avons gardé les projets essentiels (notamment l'atelier de réparation), nous nouons des partenariats avec d'autres groupes pour organiser des ateliers. Plusieurs pistes sont en cours pour un nouveau lieu. Globalement, cela nous a donné la rage et l'envie de tout refaire en mieux :)

L'Osilab a lancé un appel à l'aide, relayé par LinuxFr.org, en terme de soutien, de bras et de matériel. Les libristes/hackers se sont-ils mobilisés ? Quels sont les besoins actuels ?

Le soutien psychologique a été énorme avec souvent 30 mails par jour pendant 3 semaines, et encore des mails de soutien épars qui arrivent. Plusieurs habitants du quartier nous ont soutenus et ont regretté la visibilité que nous donnions dans le quartier à certaines thématiques. Quelques soutiens matériels nous ont été promis (dons d'ordinateurs, peut-être quelques fers à souder supplémentaires). Un grand merci de notre part à tous ceux et toutes celles qui nous ont contactés juste pour un petit mot ou des promesses de dons, vous avez été géniaux et géniales :)

Le besoin principal reste à l'heure actuelle celui d'un local pour inventorier, nettoyer, ranger, puis se réunir, bricoler, faire pousser… On a aussi besoin d'outils que peu ont à offrir (voir la liste sur le site de l'Osilab). Nous lançons donc un appel à financement (dons, crowdfunding sur Octopousse, subventions, adhésions) pour un local en location essentiellement, et du matériel nécessaire.

Quels sont les projets actuels et futurs d'Osilab ?

Pour l'instant, nous nous concentrons sur les 2 projets les plus importants :

  1. Le premier, c'est évidemment Osilab-NG (un nouveau local et de nouveaux aménagements). Le local est un gros manque mais pas une fatalité, nous finirons par trouver une solution. Pour l'instant, nous suivons plusieurs pistes de locations ou d'occupations et nous imaginons le design de certains meubles qui devraient être découpés par laser un peu plus tard ^^ (avec un don de matière première).
  2. Le deuxième c'est l'atelier de réparation. Le principe est la réparation ou la création d'objets avec le stock de pièces de l'Osilab ou des pièces glanées aux encombrants la veille ou récupérées via la liste de diffusion du quartier. C'est donc essentiellement un atelier d'électronique et de menuiserie. La personne répare elle-même son matériel, avec l'aide de membres ressources éventuellement pour aider. Il semble y avoir de la demande sur la métropole.

Et puis l'atelier de nettoyage ^^, ça c'est fun. Nous recherchons notamment la meilleure façon de nettoyer la suie sur du papier (sans l'altérer), si certains ou certaines ont des idées…

Plus sérieusement, d'autres ateliers sont en cours de préparation avec des structures amies (que l'on peut retrouver dans les liens sur le site).

Quels publics peuvent être intéressés par l'Osilab ? Y a-t-il des formations ? Des conférences ? Quels sujets sont accessibles au grand public (ou débutants) ?

La plupart des ateliers et sujets sont accessibles au grand public, avec parfois une restriction aux personnes majeures ou accompagnées lorsqu'il y a un risque important, mais c'est rare. Cette accessibilité s'explique par notre volonté de nous inscrire dans une démarche d'éducation populaire et de nous ouvrir à la vie du quartier (lorsque nous étions à Bois-Blancs). Nous sommes dans une démarche d'explication et nous encourageons à poser des questions. Quelques permanences ou ateliers ont pu cependant se révéler trop techniques pour des débutants ou débutantes (matriçage LED, DNSSEC, permaculture, IPv6). Il n'est notamment pas toujours évident d'éviter le jargon (informatique, électronique, botanique…). Là-dessus, nous cherchons encore à nous améliorer pour favoriser la progression de tous et toutes.

Quelles compétences (ou connaissances) ont les participants ?

Les participants et participantes ont des connaissances dans plusieurs domaines :

  • Une participante et une sympathisante ont de bonnes connaissances en mécanique.
  • Une participante occasionnelle a des connaissances professionnelles en développement. Et une participante commence à se former en développement (web essentiellement)
  • Un participant et un sympathisant ont une connaissance pointue en électronique.
  • Une participante a de bonnes connaissance en botanique et en menuiserie.
  • Un participant a de bonnes connaissances en textile (couture, tissage, tricotin)
  • Une sympathisante et un participant ont de bonnes connaissances en chimie et cosmétique.

Pour les plus aguerris, quels moyens sont (seront) mis à disposition (machine outil, fer à souder, plans de montages électronique ou mécanique, imprimante 3D…) ?

Pour l'instant, deux machines ont été détruites dans l'incendie. Nous avons des fers à souder dont certains asservis, de quoi découper, clouer, percer, visser, coudre… À terme, nous allons certainement acheter ou fabriquer une commande numérique par calculateur (CNC) ou une découpe laser. Un atelier prochain va nous demander une machine à coudre à nouveau. Il y a bien sûr 3 postes informatiques (qui devraient être remplacés par des machines données dans le courant du trimestre).

Mais d'autres structures ont déjà des machines comme l'association du CEM de Ronchin ou la société Fablab Lille. Nous allons donc nous concentrer dans un premier temps sur l'équipement essentiel ou complémentaire avec les autres structures.

De quels projets êtes-vous fiers ? (en citer deux principaux, en cours ou à venir)

Le premier projet est la maison du 157. La maison a été domotisée : volets et chauffage programmés, 2 compteurs surveillés en temps réel, 10 sondes de températures. Le réseau électrique fait au-delà des normes, pour cadrer avec nos besoins (14 prises sur 3 circuits dans le lab). Nous avions installé 16 prises RJ45 câblées en catégorie 6a dans toute la maison. Nous avons fabriqué un bar, une baie de brassage, nos paillasses…

Ce n'est plus vraiment en cours mais nous referons une meilleure installation dans Osilab-NG.

Pour le deuxième, il va certainement choquer, faire jaser, hurler une partie des lecteurs et des lectrices de LinuxFr…

C'est l'atelier de création de sextoys Do It Yourself. Ça peut sembler fantaisiste et bizarre à première vue, mais cet atelier a été une belle réussite : il a réuni des bidouilleurs et des bidouilleuses, des personnes LGBT, des personnes BDSM. Il a fait se rencontrer des gens d'horizons différents, suscité des échanges sur ce que les diverses personnes vivaient, sans jugement et dans le respect des personnes. Au travers de l'atelier, des discussions, des affiches, cela nous a donné l'occasion d'aborder les notions de libertés « informatiques » et de libertés individuelles. Et puis, le principal, on a créé des objets en fonction des besoins des personnes, avec ou sans plans. Du matériel ouvert ou libre en fait. Tout cela pour un coût dérisoire (entre 7 et 25 € pour le projet le plus cher) avec beaucoup de récupération ou de mutualisation. 2 ateliers au moins devraient être programmés en 2013.

Quelles sont les rencontres récurrentes qui rencontrent le plus de succès ?

Lorsque nous étions à Bois-Blancs, les deux évènements récurrents qui avaient le plus de succès étaient :

  • Les permanences : le rendez-vous hebdomadaire ou les idées et les sujets fusent. Où des projets démarrent, des ateliers se programment. Nous les avons nommées cet été les Bars Bidouille (bon ça plait pas à certains parce qu'il y'a le mot Barbie dans Bar Bidouille :P)
  • Fait maison : le rendez-vous mensuel de l'expérimentation culinaire (bon parfois c'est raté). Hamburgers végétariens ou végans, tofu fait maison, test de mélange dans des salades. Pour l'anecdote, lors de la réalisation du tofu maison, le dictionnaire n'a pas suffi pour presser le mélange et obtenir le solide. Nous avons donc utilisé des gros guides d'administrateur GNU/Linux pour obtenir le tofu (qui avait une forme de Lego une fois découpé ^^ )

Tofu & guide de l'administration Linux

Pourquoi afficher des liens au logiciel libre ? Qu'apporte-t-il ? Quel logiciel libre (ou distribution libre) rencontre le plus de succès ?

Nous sommes tous et toutes convaincues de l'importance du partage des connaissances et des outils et pour beaucoup critiques vis à vis de l'imposture que représente la «propriété intellectuelle». Au niveau des apports que nous procure le logiciel libre, les libertés arrivent en premier (« Oh tiens, bonjour captain obvious »). Mais bon c'est avant tout car il est plus adaptable, nous avons plus de choix et généralement il est plus qualitatif. Un gros bémol : les outils de design électronique où Eagle (non libre), que tous les électroniciens utilisent, a encore à l'heure actuelle un catalogue de composants bien plus fourni que ses équivalents libres. GNU EDA (GEDA) mériterait peut-être plus d'attention des développeurs et électroniciens.

Au niveau des distributions, Debian Wheezy ou Squeeze étaient utilisées sur tout le parc. C'est une distribution connue, simple à administrer. Beaucoup de choses dans le projet Debian font écho dans l'association : il y a la constitution Debian, un des systèmes de vote le plus consensuel possible.

Pour la maison, munin et OWFS étaient très utilisés, saupoudrés de quelques scripts shell (généralement compatibles avec tous les shells) et quelques tâches cron et at (at a surtout été utilisé pour calquer les ouvertures de volets sur les éphémérides de Lille).

Pour le datacentre, nous utilisions tinc pour les VPN et le routage dynamique (FreeLAN en test), et les outils réseaux Linux (ip, iptables). Il y avait un babeld et un bird en cours de déploiement (pour faire du réseau maillé à l'échelle locale et de l'autre côté plus tard gérer notre réseau). Nous avons fait quelques tests sous Debian kFreeBSD pour les futurs routeurs. Pour les sites, ce sont soit des scripts fait maison, soit des logiciels libres connus de gestion de site.

Sinon pêle-mèle, il y a les grands classiques : GNOME2, GIMP, Inkscape, LibreCAD, Agave (pour les nuanciers), Wings3D (modélisation 3D polygonale), Ferm pour scripter le parefeu, terminator (terminal), lighttpd, LXC ou OpenVZ pour des machines virtuelles (enfin des conteneurs en fait), Wireshark et… Wesnoth pour les soirées off du lieu ^^. Stellarium aussi pour une ou deux sorties nocturnes (trop de pollution visuelle à Lille).

La description de l'Osilab est trilingue français/anglais/flamand. Lille est une ville européenne carrefour. Cela se ressent-il dans le public et les activités de l'Osilab

Euuuuuuh, c'est surtout une ouverture sur les territoires et les langues qui nous entoure. La traduction a été faite grâce à la méthode La Rache, en traduction semi-automatique pour le flamand. Nous avons toutefois des visites récurrentes d'amis belges et parfois d'anglophones, mais pour l'instant le rayonnement est essentiellement local. Mais bon avec l'incendie, l'Osilab est maintenant connu jusqu'au Québec, en Afrique et en Israël, alors…

Y a-t-il des liens avec d'autres hackerspaces ?

Il y a des liens avec d'autres associations ou d'autres structures autour du matériel, de la bidouille et du libre. Essentiellement le m.e.u.h|lab, l'initiative de Thierry Mbaye portée par Chtinux, les sociétés Fablab-Lille ou PlexiDesign.

Les liens dans le milieu hacker autre que lillois se font surtout avec quelques bidouilleurs et bidouilleuses d'un peu partout, mais essentiellement de Bruxelles ou autour de Paris ou des personnes de Hackerspaces Equality. Nous gardons particulièrement un très bon souvenir de la visite et des échanges avec Mitch (NdM: M. Altman) lors des ROUMICS 2012.

En fait, nous essayons surtout d'hybrider (comme disent les botanistes), de provoquer des rencontres avec des organisations d'autres domaines (collectifs paysans, collectifs LGBT, association de cyclistes) et d'être dans l'échange (apprendre des autres et contribuer à d'autres efforts).

Cette hybridation nous a poussé à nous rapprocher dans l'esprit de lieux comme la Petite Rockette (et le collectif La Rockette Libre). La rencontre avec des personnes de la Coroutine autour des «tiers-lieux» tels cette équipe l'imagine nous poussera peut-être dans le futur à évoluer entre hackerspace et tiers-lieux.

Aller plus loin

  • # divers trucs

    Posté par  . Évalué à 2.

    Sur ce dernier point, nous préférons le terme de féminisme à anti-sexisme

    C'est dommage car c'est pas du tout le même sens. Féminisme ca fait un peu revenchard ou domination des femmes. Alors qu'égalitarisme ou anti-sexisme c'est plus neutre et plus large.

    Dans le même élan, nous dépassons la binarité de genre

    Contradiction : le terme féminisme est binaire de genre je trouve.

    Le mobile étant la jalousie ou des idées très très à droite (voire les deux). Nous considérons cet acte comme lâche et indigne.

    Si vous pensez à la jalousie vous devez avoir des noms en tête. Vous en avez parlé à la police pour qu'ils interrogent ces noms ? Et pourquoi des idées à droite, vous faisiez des trucs de gauche ?

    La description de l'Osilab est trilingue français/anglais/flamand

    Ca serait pas du néerlandais plutot ?

    Sinon merci pour l'interview :-)

    • [^] # Re: divers trucs

      Posté par  . Évalué à 4.

      Réponse personnelle qui n'engage que moi

      C'est dommage car c'est pas du tout le même sens. Féminisme ca fait un peu revenchard ou domination des femmes. Alors qu'égalitarisme ou anti-sexisme c'est plus neutre et plus large.

      Il serait long de rentrer dans les détails des échanges que j'ai eu au fil des années, et que l'on a eu à l'Osilab. Pour résumer, nous oeuvrons à pour l'égalité de façon positive et luttons contre les comportements sexistes. J'ai parfois fait les frais de comportements sexistes de femmes, mais ça doit faire dans les 5% de comportements sexistes auxquels j'ai du faire face. L'essentiel du problème, tel que vécu personnellement est donc plus de 95% de cas de domination masculine. Je perçois le reste comme un effet de bord de femmes fatiguées de faire face à tout ça et qui créent ce que l'on appelle de «l'oppression croisée», dont j'ai fait les frais.

      Le terme de féminisme a une histoire (les suffragettes, les deux guerres, l'IVG, les luttes pour l'égalité des salaires), est un mouvement complexe et intéressant à comprendre.

      Contradiction : le terme féminisme est binaire de genre je trouve.

      Le féminisme de la première vague ou de la deuxième est effectivement très binaire et exclue les femmes trans, les personnes entre les deux genres. Cela exclue les femmes «déviantes» : les lesbiennes, les soumises ou dominatrices, les prostituées… Mais ça c'est un courant de pensée vieillot et qui a disparu dans les groupes que je fréquente. Un vieux féminisme qui dit qu'il existent une «essence féminine» ou féminisme essentialiste, et qui ne tient pas compte des réalités qui existent .

      C'est bien pour ça que l'Osilab utilise le terme de Morgane Merteuil de « féministe réaliste et inclusif » qui est pas mal trouvé je pense.

      Si vous pensez à la jalousie vous devez avoir des noms en tête. Vous en avez parlé à la police pour qu'ils interrogent ces noms ? Et pourquoi des idées à droite, vous faisiez des trucs de gauche ?

      Oui, y'a des suspects, qui ont dû être intérogés, je pense.

      On a nos idées, on lutte pour la maitrise des outils, contre l'obsolescence programmée, contre le sexisme. On nous voit peut-être comme des dangereux «anarcho-syndicalistes pédonaziterroristes», «dangereux groupuscule féministe extrémiste» en quelque sorte. Pour la police qui a bien du passer 1h en tout à nous interroger pour voir si on faisait rien de subversifs. Sur le fond, je dirais plus que l'on veut juste faire avancer les choses et donc nous sommes politiques évidemment, et que visiblement nos valeurs sont pas celle de l'extrême-droite locale (qui me place dans la case «gauchiste» et place l'Osilab dans une case similaire), et on ne s'aime pas mutuellement, et à l'inverse on partage des liens avec la Maison régionale de l'écologie et des solidarités (où travaille Chtinux), avec des collectifs LGBT et féministes, des collectifs paysans, des collectifs écologistes…

      L'incendie est aussi à rapprocher de celui du CCL (le centre culturel des anarchistes et libertaires de Lille), qui s'était fait abîmer et brulé son entrée aussi, de mémoire. Même méthode, même gens ?

      • [^] # Re: divers trucs

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

        Contradiction : le terme féminisme est binaire de genre je trouve.

        Le féminisme de la première vague ou de la deuxième est effectivement très binaire et exclue les femmes trans, les personnes entre les deux genres. Cela exclue les femmes «déviantes» : les lesbiennes, les soumises ou dominatrices, les prostituées… Mais ça c'est un courant de pensée vieillot et qui a disparu dans les groupes que je fréquente. Un vieux féminisme qui dit qu'il existent une «essence féminine» ou féminisme essentialiste, et qui ne tient pas compte des réalités qui existent .

        C'est bien pour ça que l'Osilab utilise le terme de Morgane Merteuil de « féministe réaliste et inclusif » qui est pas mal trouvé je pense.

        Je ne vois pas le rapport avec la choucroute.

        • dire « Je suis anti-sexiste. » revient grosso-modo à dire « Je suis contre la discrimination sur le sexe des individus quels qu'ils soient. »
        • dire « Je suis féministe. » revient grosso-modo à dire « Je suis contre la discrimination sur le sexe des individus quand ce sont des femmes qui en sont victimes. »

        Le premier est généraliste. Dans le deuxième on est bien dans une opposition binaire.

        J'ai parfois fait les frais de comportements sexistes de femmes, mais ça doit faire dans les 5% de comportements sexistes auxquels j'ai du faire face.

        Qu'est-ce que ça peut te faire que le sexe de la personne qui a un comportement sexiste soit masculin ou féminin ? Dire « Les filles sont des princesses et aiment faire la cuisine et les hommes sont des chevaliers qui aiment le foot et les voitures. », c'est tout aussi sexiste quand c'est dit par un homme que quand c'est dit par une femme.

        • [^] # Re: divers trucs

          Posté par  . Évalué à 1.

          Le premier est généraliste. Dans le deuxième on est bien dans une opposition binaire.

          Qu'est-ce que ça peut te faire que le sexe de la personne qui a un comportement sexiste soit masculin ou féminin ? Dire « Les filles sont des princesses et aiment faire la cuisine et les hommes sont des chevaliers qui aiment le foot et les voitures. », c'est tout aussi sexiste quand c'est dit par un homme que quand c'est dit par une femme.

          Dans notre société encore trop patriarcale, mettre l'emphase sur le féminisme dans son acception la plus large me semble approprié. Je vous renvoie, pour ne parler que de réalité économique, à la différence de salaire à travail égal entre un homme et une femme.

          L'épisode de la série Sliders sur le monde parallèle matriarcal est aussi un bon début pour comprendre la situation de domination masculine qui est souvent la norme.

          • [^] # Re: divers trucs

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

            L'épisode de la série Sliders sur le monde parallèle matriarcal

            Il était excellent cet épisode. Un peu sexiste, mais en contrepied (dans la figure) de ce que l'on peut souvent constater comme préjugés aujourd'hui (notamment le coup des hormones masculines toutes les 20 min qui empêcheraient les hommes d'assumer des responsabilités).

  • # permanences

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3. Dernière modification le 06 février 2013 à 23:05.

    Nous les avons nommées cet été les Bars Bidouille (bon ça plait pas à certains parce qu'il y'a le mot Barbie dans Bar Bidouille :P)

    excellent de subversion :-)

    Sinon, c'est une question évidente* qui manque : avez-vous un nouveau lieu temporaire pour vous rencontrer / coordonner (hormis par mail et au fosdem) et planifier la réinstallation ?

    Bon courage pour le crowdfundingla levée de fonds en masse et gardez un esprit bon enfant (2e définition de wiktionary) pour accueillir et faire décoller de nouveaux vos activités !

    (je note qu'il n'y a ni twitter, ni G+, ni diaspora, ni identi.ca, l'absence de celui-ci pouvant expliquer que cela prend du temps à décoller pour un objectif réaliste à moins de 3500 € pourtant…).

    (*) évidente après relecture bien-sûr. L'important étant de nouer les liens et aussi de se voir IRL pour en parler de vive-voix.

    • [^] # Re: permanences

      Posté par  . Évalué à 1.

      Pas encore de lieu fixe mais on a 3 lieux de rendez-vous et cinq pistes de local.

      Sinon y'a un identi.ca et un twitter: @Osilab pour les deux

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