À l’heure où la fin du support de Windows 10 nous oblige à faire des choix, un collectif enseignant de la forge des communs numériques éducatifs invite les établissements scolaires à s’engager progressivement vers un Numérique qui soit davantage Inclusif, Responsable et Durable (NIRD).
Condition nécessaire mais non suffisante, l’adoption concrète et graduelle du système d’exploitation libre GNU/Linux au sein de l’établissement scolaire constitue à la fois le socle et le levier de la démarche. Pour équiper le parc informatique (mais aussi les familles ou les écoles aux alentours) en y menant notamment des projets de reconditionnement si possible avec les élèves. Pour engager petit à petit l’ensemble de l’établissement scolaire vers un usage du numérique qui soit davantage aligné avec ses missions de service public.
« La démarche NIRD est un projet très ambitieux car non seulement elle souhaite voir à terme une majorité d’écoles, collèges et lycées équipés majoritairement en Linux, mais elle souhaite aussi et surtout s’intégrer pleinement dans la stratégie numérique et écologique des établissements scolaires, ce qui implique notamment la mobilisation des collectivités et le soutien de l’institution. »
La démarche tire son nom d’une expérience réussie au lycée Carnot de Bruay-la-Buissière témoignant que c’est possible.
La forge des communs numériques éducatifs est un projet soutenu par le ministère de l’Éducation nationale mettant à disposition des enseignantes et enseignants une instance GitLab CE pour qu’ils créent et partagent eux-mêmes leurs propres logiciels et ressources éducatives libres. Ouverte en avril 2024, la forge compte à ce jour plus de 5000 dépôts.
Aller plus loin
- Le site de la démarche NIRD (271 clics)
- Le projet NIRD du lycée Carnot (97 clics)
- La forge des communs numériques éducatifs (121 clics)
- La console de la forge (72 clics)
# Qui sont les décideurs ?
Posté par Vincent Danjean . Évalué à 9 (+9/-1).
Je suis surpris (agréablement) par le fait qu'un lycée ait pu passer sous Linux de part sa propre décision.
Dans les écoles, collèges et lycées autour de moi (Grenoble, Isère, Auvergne-Rhône-Alpes), la gestion du parc informatique (matériel et logiciel) est sous la responsabilité des collectivités concernées (commune, département et région respectivement). Et, par exemple, la région délègue/sous-traite cet aspect à une boîte (d'info gérance ?) ce qui fait que tous les postes des lycées sont sous Windows, y compris ceux utilisés par la spécialité NSI (où il y aurait parfois besoin avoir un vrai shell, de pouvoir tester (pédagogiquement) des configs réseaux, etc.) Et donc, même si localement il peut y avoir des personnes motivées, ça ne suffit pas pour récupérer la main sur le contenu des ordinateurs achetés par la collectivité.
Vous avez des infos sur comment ces passages sous Linux ont été possibles ? (collectivités qui participent ?)
[^] # Re: Qui sont les décideurs ?
Posté par cévhé . Évalué à 7 (+5/-0).
Dans une machine aussi lourde que l'Éduc Nat les évolutions (si si il y en a) sont parfois (souvent ?) le résultat d'un mélange d'initiatives plus ou moins sauvages, soutenues plus ou moins ouvertement par la hiérarchie et les institutions qui se retrouvent parfois devant le fait accompli.
[^] # Re: Qui sont les décideurs ?
Posté par Marc Quinton . Évalué à 6 (+4/-0).
si on remplace "Educ Nat" par presque n'importe quelle entité, quelle soit du service public ou pas, on peut constater les mêmes histoires. L'innovation n'est que très rarement un long fleuve tranquille !
[^] # Re: Qui sont les décideurs ?
Posté par Alexis Kauffmann (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 10 (+8/-0).
Bonjour Vincent,
Le nerf de la guerre ici ce sont effectivement les collectivités. Ce sont elles qui équipent les établissements scolaires (depuis la décentralisation et la partage des compétences avec l'Etat). Il peut arriver que certaines soient accueillantes pour les OS libres (et les parcs hétérogènes) mais ça n'est pas le cas de la majorité, loin de là.
La conséquence c'est qu'on se retrouve parfois avec du "shadow Linux" dans le parc des établissements, c'est-à-dire des PC Linux non raccordés (ou non raccordés officiellement) au réseau de la collectivité et qui ont été placés là de manière un peu "sauvage" par un prof convaincu, passionné et bénévole (installation qui généralement ne survit pas au départ du prof passionné).
C'est notamment pour ces 2 raisons que la démarche s'est lancée. Pour fédérer les initiatives existantes, en susciter de nouvelles, mutualiser et aider à dialoguer puis travailler avec les collectivités.
Pour répondre à ta dernière question, on a une première liste d'établissements "pilotes" de la démarche NIRD (avec du Linux dedans), où ta région est bien représentée.
[^] # Re: Qui sont les décideurs ?
Posté par orfenor . Évalué à 2 (+0/-0).
est ce qu'un double boot ou un démarrage sur clef usb (mais qui les paiyerait?) serait envisageable ? ni vu, ni connu…
[^] # Re: Qui sont les décideurs ?
Posté par cévhé . Évalué à 3 (+1/-0).
L’idée n’est pas dans le « ni vu ni connu » pas très compatible avec l’éthique attendue d’un enseignant.
Mais être un chouïa en dehors des clous mais assumer pour ensuite dire « vous voyez bien que ça marche » est plus convenable…
[^] # Re: Qui sont les décideurs ?
Posté par serol (site web personnel) . Évalué à 4 (+3/-0).
Le café pédagogique avait publié une interview des profs de Bruay-La-buissière à l'origine du projet. On y comprend (sauf mauvaise interprétation qu’il faudrait m’imputer) 1) que seule une salle est équipée d'ordinateurs sous linux (l'essentiel du parc informatique reste donc sous windows) 2) que les ordinateurs de cette salle ont été « recyclés » (l’origine de ces pcs n’est pas claire, s’agit-il d’ordinateurs achetés anciennement par la région et dont la garantie est dépassée ? De pcs récupérés par les élèves ou les profs, et par conséquent n’ayant pas été achetés par la région?).
[^] # Re: Qui sont les décideurs ?
Posté par Stéphane Ascoët (site web personnel) . Évalué à 1 (+0/-0).
Il y a Georges KHAZNADAR au lycée Jean Bart de Dunkerque et je découvre que Jean Lurçat dans ma ville fait partie du dispositif !
[^] # Re: Qui sont les décideurs ?
Posté par Francky (site web personnel) . Évalué à 5 (+4/-0).
Je fais également partie des pionniers qui ont mis Linux dans l'établissement. Collège ou lycée.
Depuis le début de la réforme du lycée, donc, notre lycée a une salle Linux dédiée à NSI. Je me suis chargé de faire l'installation ; facile. Nous sommes en réseau filaire, avec accès Internet via un portail captif similaire à celui des bornes wifi des tablettes des élèves. En revanche, nous sommes séparés du réseau pédagogique (aucun problème).
Choix technique :
Il faudrait que je rejoigne NIRD sur leur Tchap…
Je suis déjà un gros contributeur sur la Forge des communs du numérique…
Après, je vis loin de Paris, et pour les décideurs… ce qui se fait proche de Paris est toujours plus merveilleux… M'enfin, c'est juste un ressentiment.
# 3615 mavie
Posté par cévhé . Évalué à 10 (+8/-0).
Je suis assez « pseudonymé » ici (mais en deux clics on trouve mon nom et mon établissement) pour raconter ce que je fais dans mon bahut (avec l’accord de la cheffe quand même)
Je remplace progressivement des ordinateurs de 2018 Windows 10 pour les passer sous Linux. Connexion internet, intégration au domaine et montage des partages compris. Mais c’est quand même ce qu’Alexis appelle des « shadow Linux »
Je profite en fait d’un déconnage du serveur wsus qui plante ces machines et avec toute ma mauvaise foi la comparaison ne peut que être en faveur de Linux…
Mais comme le tech de la collectivité n’arrive pas à réparer, il faut bien trouver des solutions, non ?
[^] # Re: 3615 mavie
Posté par cg . Évalué à 4 (+2/-0).
Ben ça fait plaisir à lire !
On est loin de ce que certaines écoles faisaient il y a 20 ans : destruction du matériel parfaitement fonctionnel (mobiliers, ordis…) lors du renouvellement, pour empêcher la récup dans les bennes. Les temps ont changé !
# C'est pourtant si simple
Posté par Perger . Évalué à 4 (+4/-0). Dernière modification le 03 octobre 2025 à 19:29.
C'est pourtant simple de passer à Linux.
Cela se fait en deux étapes :
n'utiliser sur le poste de travail Windows que des logiciels existant aussi sous Linux.
C'est potentiellement assez long, mais cela peut se faire progressivement application par application, en prévoyant tous les besoins d'encadrement/formation des utilisateurs. Le remplacement de MsOffice par une autre suite bureautique nécessite certainement un grand soin (transfert des documents types utilisés notamment).
remplacer Windows par Linux sur les postes de travail.
C'est rapide, un simple déploiement que toutes les organisations savent faire.
Et aucun risque de rejet de Linux : les utilisateurs retrouvent leurs applis habituelles.
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