Plateformes de distribution de musique : l'alternative Bandcamp... et ses alternatives

Posté par  . Édité par patrick_g, BAud et Xavier Teyssier. Modéré par patrick_g. Licence CC By‑SA.
29
21
sept.
2025
Culture

Cette dépêche présente Bandcamp, une plateforme de distribution de musique qui fait figure d'alternative artist-friendly parmi les mastodontes du secteur, ainsi que deux plateformes alternatives, Subvert et Nina, qui se sont montées récemment en réaction aux craintes liées à la situation de monopole et au rachat de Bandcamp.

Bandcamp

Parmi les plateformes de distribution de musique en ligne, Bandcamp fait figure d'exception. Contrairement à Deezer, Spotify ou Tidal, il ne s'agit pas d'une plateforme classique où on streame de la musique en continu et où on partage des listes de lecture. C'est un magasin en ligne où les artistes peuvent exposer leur contenu et le proposer à la vente (numérique ou physique, merchandising, etc.).

Les utilisateurs peuvent acheter avec ou sans compte et offrir des albums à des amis. Un compte permet de garder une trace de ses achats, les exposer pour les faire découvrir, et les streamer via une appli mobile, ainsi que de suivre des artistes pour être notifié des sorties et recevoir leurs messages, ou d'autres utilisateurs pour être notifié de leurs achats.

Les artistes peuvent choisir de laisser leurs albums en écoute libre, et c'est souvent le cas, même si certains ne permettent l'écoute que d'un ou deux morceaux dans un album. L'achat d'un album est principalement un acte de soutien de la part des fans.

Bandcamp bénéficie d'une excellente image auprès du public. Elle est reconnue pour pratiquer des tarifs raisonnables pour les artistes. Lors du COVID, la plateforme a instauré le Bandcamp Friday, pendant lequel elle ne prélève aucun frais (hors frais bancaires). Elle continue de proposer un Bandcamp Friday de temps en temps.

En mars 2022, Bandcamp a été revendue à Epic Games (créateurs de Fortnite), qui l'a revendue un an et demi plus tard à Songtradr qui a licencié la moitié des 118 employés, notamment ceux impliqués dans la création d'un syndicat. Cela suscite des craintes chez les artistes et les utilisateurs quant à la pérennité du modèle. Bandcamp deviendrait-t-elle evil ?

Des alternatives se montent.

Subvert : le modèle coopératif

Crée en août 2024 sur un modèle coopératif, Subvert prévoit d'être opérationnelle à l'automne 2025. Le principe devrait être le même, mais la plateforme appartient à ses membres (artistes, labels, auditeurs).

L'adhésion à la coopérative coûte 100$. Elle est gratuite pour les créateurs.

Subvert annonce 0% de frais de plateforme lors des achats (Bandcamp Friday tous les jours). Le modèle économique repose sur les adhésions à la coopérative et les contributions volontaires proposées lors des achats.

Subvert annonce 7139 artistes, 1305 labels, et 987 soutiens.

Nina : le modèle décentralisé

Nina est une plateforme décentralisée démarrée en février 2021. Elle s'appuie sur des technologies opensource (blockchain). Solana est utilisée pour les transactions et les données de réseau (quel utilisateur suit quel artiste ou autre utilisateur, etc.). Arweave est utilisée pour les sons, images et métadonnées des albums.

Code source et outils sont disponibles ici: https://dev.ninaprotocol.com/.

Artistes et même utilisateurs peuvent créer des hubs pour exposer de la musique, des listes de lecture, etc.

La musique sur Nina est en écoute libre. L'achat est donc un acte de soutien mais il peut aussi donner droit à des bonus (sons en meilleure qualité, morceaux supplémentaires, vidéos,…).

Il n'y a pas de frais de plateforme. Les artistes doivent payer un montant initial minime pour publier un album et les acheteurs ont des frais de transaction minimes aussi (0,04 $) via Solana.

Nina auto-évalue favorablement son impact environnemental.

Nina annonce plus de 20 000 artistes, labels et auditeurs.

Aller plus loin

  • # Des alternatives européennes ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4 (+4/-0).

    Dommage que toutes les plateformes citées soient basées aux États-Unis. Y a-t-il des alternatives européennes qui existent ?

    • [^] # Re: Des alternatives européennes ?

      Posté par  . Évalué à 8 (+6/-0).

      Nina est décentralisée, ça peut-être de tous les coins du monde. Subvert est coopératif, ça peut-être une coop mondiale.

      Quant aux alternatives européennes d'alternatives d'alternatives, est-ce une bonne idée ? On aura des petits acteurs qui vont se faire concurrence entre eux tout en faisant concurrence aux gros. En plus, comme la musique est assez mondialisée, on s'attend à trouver presque tout sur les plateformes. En conséquence les catalogues deviennent plus ou moins semblables partout et peu de plateformes peuvent coexister. Fragmenter l'offre pourrait amplifier encore la difficulté pour les petits acteurs.

      Une coopérative ou une plateforme décentralisée mondiales, même d'origine américaine, me paraissent plus intéressantes.

  • # Merci pour les infos

    Posté par  . Évalué à 7 (+5/-0).

    Je n'avais pas connaissance de ces histoires de gros sous chez Bandcamp.

    Çà sent pas bon.

    "Si tous les cons volaient, il ferait nuit" F. Dard

  • # Et il y en a d'autres

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 8 (+6/-0). Dernière modification le 21 septembre 2025 à 23:48.

    • Mirlo est une coopérative basée aux USA, où les musiciens décident eux-même du pourcentage qu'ils veulent reverser à la plateforme.
    • Bandwagon est connecté au Fédivers : ça veut dire que vous pouvez liker et booster un album avec votre compte Mastodon, par exemple. Ils travaillent sur leur fonctionnalité de boutique, et prévoient de prendre zéro pour cent sur les ventes.
    • Faircamp n'a pas de fonctionnalités sociales, mais permet de générer un site statique "à la Bandcamp", qui intègre les moyens de paiement externes comme PayPal.
  • # Qobuz

    Posté par  . Évalué à 6 (+5/-0).

    Personnellement j’utilise Qobuz depuis des années et je suis assez satisfait du contenu et du fait que l’IA ne semble pas aussi présente que chez d’autres (Spotify par ex). Ce n’est ni libre, ni coopératif néanmoins…

  • # et Jamendo ?

    Posté par  . Évalué à 3 (+2/-0).

    Il y a Jamendo également, il me semble.
    Je n'y vais presque plus néanmoins, j'ai trouvé la musique moins bonne, et peut-être aussi que je fais usage (avec bonheur je dois dire) de Qobuz.
    Mais j'avais découvert des artistes intéressants :
    - SaReGaMa
    - Paolo Pavan
    - Les compilations "Jazz Friends"

  • # C'est marrant

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2 (+1/-1).

    C'est marrant, j'ai justement écrit un article cet été sur les plateformes que j'utilise (Bandcamp en tête) pour acheter les musiques pour mon cloud musical autohébergé…

    Normalement il aurait déjà dû être publié mais il a été décalé à ce weekend. Je vais en profiter pour rajouter un lien vers cette dépêche du coup :)

  • # Funkwhale, Audius

    Posté par  . Évalué à 2 (+1/-0).

    • Funkwhale, libre, fédiverse, en instance ou à (auto)-héberger : permet de partager sa musique/peau-de-castes. Peut servir pour à un groupe pour diffuser.
    • Audius : un peu pareil, basé sur IPFS.

    Pas testés.

  • # et si ?

    Posté par  . Évalué à 2 (+0/-0).

    on ressuscitait le peer to peer arrangé à la mode web 6.0 (à un moment, faut faire des breacking change ;)

    "Si tous les cons volaient, il ferait nuit" F. Dard

  • # Nina: content not available in your region

    Posté par  . Évalué à 2 (+0/-0).

    En surfant sur Nina, je tombe sur un

    This content is not available in your region due to licensing restrictions.

    bien dommage :/ j'aurais parié que c'était l'apanage des "gros" et pas des alternatives…

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