Journal Film documentaire "Michel Petrucciani"

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31
août
2011

Le 17 août dernier est sorti sur grand écran dans une trentaine de salles en France un documentaire titré "Michel Petrucciani". Ce film retrace toute la vie du pianiste. Je suis allé le voir hier soir dans le cinéma le plus proche de chez moi (70 bornes, quand même. Quelle misère qu'il ne soit pas programmé plus largement) et je vous recommande vivement d'aller voir ce film pour découvrir ou redécouvrir le pianiste de jazz exceptionnel qu'était Michel Petrucciani.

Avec en fil rouge une horloge qui, sur 12 heures, suivra Michel Petrucciani de minuit (sa naissance) à midi (sa mort), le documentaire évoque chronologiquement toute la vie de ce pianiste affecté d'ostéogenèse imparfaite (encore connue sous la dénomination de "la maladie des os de verre"). Cette maladie entravant la croissance conférait à Michel Petrucciani une taille d'un peu plus d'un mètre

On découvre au fil du récit et des témoignages un personnage complexe, à la fois attachant, loyal, déconneur, professionnel, bourreau de travail, ambitieux mais aussi excessif et parfois cruel. Le film tente de dresser un portrait objectif du musicien en mettant en balance les interviews de Michel Petrucciani lui-même et celles de ses proches, lesquels tempèrent ou corrigent en riant les souvenirs du pianiste. Les amis du musicien (les différentes femmes qu'il a fréquenté, un de ses fils, ses assistants, producteurs, collègues) parlent de lui avec respect, gourmandise, bienveillance, nostalgie ou sévérité, sans révérence, parfois crûment. Tous ceux qui ont croisé son chemin ont été séduits par ce personnage qui voulait tout essayer, tout voir en refusant toujours de se plaindre. Il pouvait, tant son jeu était percussif et intense, se fracturer quelques os en plein concert (rappelons que ces derniers étaient excessivement fragiles) mais terminer sa prestation comme si de rien était, au grand désarroi de ses proches. Il sentait confusément qu'il ne vivrait pas très longtemps. Le destin lui aura donné raison.

En sortant de la salle, j'avais l'impression, tant j'avais été happé par le film, de perdre ce musicien une seconde fois. Comme tout un tas de gens, j'ai eu le cœur gros, début janvier 1999. Une spectatrice, qui s'était trompée de salle mais qui était finalement restée, me confia qu'elle était tombée sous le charme de cet interprète aux proportions étranges qu'elle ne connaissait que de nom. Elle me demanda si la bande originale du film serait disponible quelque part. Je lui indiquai que tous les extraits musicaux entendus dans le film se retrouvaient dans la discographie de Michel Petrucciani et je lui donnai quelques conseils d'albums par lesquels découvrir ce pianiste (ses piano solo au Théâtre des Champs Élysées ou en Allemagne ainsi que des albums studio tels que "Flamingo", avec Stéphane Grapelli). J'ai une préférence pour la fin de sa vie et ses compositions personnelles ("ses chansons", comme il les appelait, dont "Looking up", qui est pour moi un hymne à la joie)... dont émanent des couleurs et des fulgurances toutes personnelles.

Le seul bémol que je mettrai, pour rejoindre l'avis de quelques critiques, est le fait de n'avoir pas fait apparaitre à l'écran le nom des personnes apportant leur témoignage. On les retrouve dans le générique de fin.

Quelques liens, pour vous faire une idée sur le documentaire :
http://www.culturopoing.com/Cinema/Michael+Radford+%E2%80%93+Michel+Petrucciani+-4223
http://next.liberation.fr/cinema/01012354554-petrucciani-carriere-eclair

...et deux interviews (la seconde, très longue, est parfaite à lire en complément du documentaire) :
http://www.jazzcaen.com/inpetru1.htm
http://www.michel-petrucciani.de/inter.html (cherchez "Quand le pianiste faisait pour Jazz Magazine le bilan de sa vie" dans la page)

  • # Trou du cul du monde ?

    Posté par  . Évalué à 1.

    [...] le cinéma le plus proche de chez moi (70 bornes, quand même.

    C'était le plus proche qui passait ce film ou le plus proche tout court ? Si c'est le plus proche tout court je me demande bien où tu habites...

    • [^] # Re: Trou du cul du monde ?

      Posté par  . Évalué à 3.

      "Le plus proche qui passait ce film". Je n'aurais pas dû le sous-entendre. :) ...et non, je ne suis pas paumé en plein Larzac avec ma connexion satellite et mon groupe électrogène. :)

      • [^] # Re: Trou du cul du monde ?

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

        Tu as une connexion satellite et un groupe électrogène ? Mais t'es paumé dans quel coin alors o_O ?

        • [^] # Re: Trou du cul du monde ?

          Posté par  . Évalué à 8.

          T'as rien compris, électrogène ça doit être le nom du groupe dans lequel jouait Petrucciani Pffff, faut tout t'expliquer.

          Il se prend pour Napoléon, son état empire.

  • # heureusement, il nous reste

    Posté par  . Évalué à 5.

    Keyboard Cat \o/

  • # Grand musicien

    Posté par  . Évalué à 2.

    Je l'ai découvert sur le tard, malheureusement. C'est un grand musicien que j'aurais voulu voir en concert.
    Merci de nous faire découvrir ce docu.

    • [^] # Re: Grand musicien

      Posté par  . Évalué à 7.

      C'est un grand musicien

      C'est petit comme blague, et légèrement éculé.

  • # Bon musicien de jazz

    Posté par  . Évalué à 3.

    Parlons donc musique

    Un bon musicien de jazz doit à mon sens posséder 3 qualités :
    De la technique
    De la virtuosité
    Des idées et le culot de les exprimer

    Michel Petrucciani, malgré son gros handicap, possédait à merveille la technique et la virtuosité. Néanmoins, je l'ai toujours trouvé un peu terne dans ses improvisations, et surtout dans sa tendance à rester systématiquement "dans les clous"
    Bref, un Ahmad Jamal me fait cent fois plus vibrer

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