Journal Les états d'âme d'OpenAcadémie, épisode 1

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27
17
juil.
2021

Sommaire

Salut Nal,

Je me lance dans une petite entreprise de description historique de l'initiative "OpenAcadémie", que j'imagine feuilletonner pendant mes vacances de cet été.

Tout d'abord une présentation synthétique de la démarche

OpenAcadémie, c'est un collectif très informel de fonctionnaires de l'administration des établissements scolaires publics, qui a entrepris la construction d'un environnement de travail informatique raisonnablement efficace. Repérés par le SGMAP, nous avons eu droit au label "startup d'État", et avons produit une demi-douzaine de logiciels, libres mais développés sur une plateforme qui ne l'est pas, actuellement utilisés par plusieurs centaines de collèges et de lycées.

Premier épisode : la rencontre

OA c'est d'abord le choc de la rencontre entre deux casse-pieds, l'intendant zonard et Ndoyi, deux intendants de collège au début de tout ça.

Ndoyi avait commencé sa carrière dans un rectorat, où il lui fallait gérer des données un peu trop compliquées pour être correctement traitées dans "un tableau excel" comme tout le monde le fait normalement là-bas. Il s'est autoformé aux bases de données, et a construit des trucs pour faire ce travail avec MS Access. Plusieurs années après son départ de ce service, les outils en question étaient tombés en marche, et rendaient un service régulier.

L'intendant zonard lui avait déjà touché aux bases de données (Borland Paradox et Apple FileMakerPro) à la fin du XXe siècle, pour de tout petits besoins, sans être allé bien loin. Motivé par la démarche du Logiciel Libre, il avait failli faire adopter Linux pour une salle de cours de technologie en 1999, mais l'opération s'était fracassée sur une carte vidéo non conforme au devis et non pilotée à l'époque. C'est probablement à la recherche d'une solution à cette triste affaire qu'il avait découvert LinuxFR.

Sollicité pour animer des réunions entre collègues, l'IZ s'efforçait d'en produire des comptes-rendus. Lassé de tout le temps renvoyer les mêmes fichiers par courriel à une époque où les gens savaient mal s'en débrouiller, il a fini par les déposer sur une page web, devenue fin 2004 après la découverte de SPIP le site http://intendancezone.net

Une connaissance commune les a signalés l'un à l'autre, dans leurs établissements voisins, comme intéressés à l'outil informatique. Ndoyi a envoyé des outils, mais c'était dans un état très brouillon, à peu près impossible à récupérer par un autre établissement, pas publiable en l'état dans l'intendance zone.

Premières publications d'outils vers 2010

Les deux compères avaient réalisé qu'il fallait reporter par exemple l'identification de l'établissement à une table des constantes, que chaque utilisateur pouvait facilement s'approprier, là où les prototypes de Ndoyi supposaient de retoucher chaque état produit par Access.

Deux ou trois outils ont été diffusés ainsi, avec une audience proche de zéro. Seuls des collègues assez courageux et prêts à mettre les mains sous le capot d'Access pouvaient envisager d'exploiter ces outils, qui étaient à l'époque construits par Ndoyi sans aucune assistance extérieure. Les choses vont commencer à bouger à la faveur de sa mutation dans un établissement doté d'une équipe inhabituellement dynamique, à l'intendance mais aussi à la direction.

Tentatives de prosélytisme et compromis politique

Au début des années 2010, l'effort sera porté par Ndoyi sur la formation de collègues susceptibles de rejoindre notre petite secte. Il a obtenu l'ajout au plan académique de formation d'un stage de trois ou quatre demi-journées pour apprendre à programmer les bases de données avec Access. Son objectif était d'identifier des collègues débrouillards et motivés, pour travailler en équipe de développement et plus lui tout seul.

Jusque là, l'intendant zonard était resté drapé dans sa dignité de soutien au Logiciel Libre, et refusait d'appendre à utiliser un outil de Microsoft pour contribuer à l'enfermement des utilisateurs. Outre un minimum de politesse envers Ndoyi, deux éléments vont le convaincre de passer le cap : d'une part il est apparu qu'un "lecteur" gratuit (quand c'est gratuit c'est que c'est vous le produit) des applications Access, le Runtime, permettait aux collègues d'utiliser notre travail sans nécessairement passer au tiroir-caisse, au prix d'efforts supplémentaires de développement. L'autre point, c'est l'information selon laquelle le développement de LibreOffice Base, au niveau mondial, était assuré par… une personne. Et que l'espoir que LO puisse faire un jour ce que fait MS Office en la matière était donc vain : en l'absence d'alternative, il devenait raisonnable de se soumettre, au moins temporairement.

Nous avons donc désormais une petite équipe capable de développer (deux personnes autour de Ndoyi dans son propre service, et l'IZ qui commençait à y mettre les doigts), un vecteur de communication avec le site IntendanceZone, un environnement favorable dans des établissements où les besoins étaient importants et les moyens pas toujours insuffisants. Dix ans ont passé, rien de remarquable n'a été produit, mais ça va démarrer vraiment au prochain épisode. _^

  • # dev access ... ?

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

    Ah bah si. C'est vrai qu il manque un vrai "RAD" en logiciel libre.

    "La première sécurité est la liberté"

  • # Ah oui, Y a Spip pour les DB

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

    Bonjour,

    si vous faites tourner un site Spip en local, avec une base de donnée aussi en local, vous pourrez facilement faire tout un tas de requêtes. le langage Spip avec ses "boucles" est très puissant, et il est possible d'écrire des jointures ou même des requêtes SQL directement.

    Spip est capable de traiter des données tabulaires. La boucle DATA et des exemples

    Et, si vous ne faîtes pas tourner le site Spip en local, vous pouvez ajouter le plugin d'accès restreint

    C'est libre, et Open Source, avec une communauté très importante.

    Et, vous pourrez même vous passer d'une DB Access à terme.

    Pourquoi bloquer la publicité et les traqueurs : https://greboca.com/Pourquoi-bloquer-la-publicite-et-les-traqueurs.html

  • # OOo/LO Base & co

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 6.

    avec MS Access.
    […]
    L'intendant zonard lui avait déjà touché aux bases de données (Borland Paradox et Apple FileMakerPro) à la fin du XXe siècle, […]

    Ça fait longtemps que j'ai ps touché, mais j'ai fort bien connu ces outils …au siècle dernier (et même DBase sous *-DOS longtemps avant de tomber sur l'autre, et unique sous MacOS Classic pour FMP.) Leur avantage est d'avoir comme RAD pour faire du CRUD en no-code (et du no-sql) et de générer des rapports ou des listes mode tableur…

    L'autre point, c'est l'information selon laquelle le développement de LibreOffice Base, au niveau mondial, était assuré par… une personne. Et que l'espoir que LO puisse faire un jour ce que fait MS Office en la matière était donc vain […]

    Je suis surpris et triste qu'il n'y ait pas plus de monde qui s'en occupe. Ceci dit, j'avais testé rapidement à une époque (OOo) et ça faisait aussi bien que les autres avec quelques bénéfices :
    - ça utilise du Java je crois me souvenir, et bien que n'étant pas très fan je trouve que c'est un bon point car on n'est pas enfermé dans une plateforme…
    - de mémoire c'est HyperBase par défaut, mais ça sait traiter nativement du dBase entre autre et s'intégrer à n'importe quelle autre base (chose que µ$ ne sait pas faire) avec ses pilotes JDBC et ODBC natifs
    - contrairement au souvenir que j'ai de Access, Base s'intègre mieux à la suite (Calc et Writer en tout cas) d'une part, et quand on intègre des bases distantes ça reste distant (FMP et MSA doivent rapatrier localement dans mes souvenirs)

    il a fini par les déposer sur une page web, devenue fin 2004 après la découverte de SPIP le site

    Tiens, pour certaines associations avec lesquelles j'ai travaillé à une époque c'était l'approche. MySQL/MariaDB avec le site SPIP (qui en plus depuis la version 2 est un véritable cadriciel pour faire des choses adaptées à divers besoins et aller plus loin que le site) ; et cette base était aussi liée à LibreOffice (OOo à l'époque pour moi) pour quelques rares personnes pour qui ça servait de client lourd…

    J'arrête de raconter de ma vie et attend de lire la suite. En tout cas c'est, de mon point de vue, le bon bout. (c'est ce que je voulais initialement écrire comme commentaire puis ai voulu développer un peu par rapport à mon vécu.)

    “It is seldom that liberty of any kind is lost all at once.” ― David Hume

    • [^] # Re: OOo/LO Base & co

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9.

      Ouf, personne ne semble s'émouvoir que je parle de moi à la troisième personne… °-\

      Quand je dis que LO Base ne fera pas ce que fait Access, je parle d'un environnement de développement avec une courbe d'apprentissage très progressive, dans laquelle beaucoup de choses peuvent se faire à 100 % en cliquodrôme, puis progressivement on passe des macros au VBA, et dans le VBA on apprend à insérer du SQL.

      Je ne doute pas un instant que LO soit plus "propre" pour faire un développement solide, mais il faut tout construire, il n'y a pas à ma connaissance de bibliothèques de boutons jolis tout prêts, le LO Basic est non standard et on a eu toutes les peines du monde une fois à lui faire faire un minuscule machin qui nous avait pris dix minutes à établir en VBA ; il n'y a pas 1 % de l'aide communautaire sur l'Internet que l'on peut trouver au sujet de la programmation dans MS Office… C'est réservé à des gens formés et capables de se former, investissant du temps et des compétences dans l'adaptation à cet outil. Nous on est des semi-amateurs autodidactes, on développe après nos 55 heures de travail hebdomadaires.

      Le problème c'est d'abord d'avoir des collègues intendants qui participent à la démarche. Il est exclu qu'on leur demande d'installer un framework de développement, d'espérer qu'ils s'émerveilleront devant la coloration syntaxique d'EMACS etc. Access, pour ces gens-là, ça ne mord pas, c'est déjà installé sur leur machine (enfin souvent), et donc ils ne savent pas que c'est de la programmation, ils croient que c'est de la bureautique. Eh oui l'idée d'utiliser SPIP c'est pas mal, mais faites donc installer un serveur Apache+PHP sur une machine d'établissement scolaire par un secrétaire administratif normal, et vous m'en reparlerez si vous ne vous êtes pas jeté par la fenêtre.

      Je divulgâche les épisodes suivants : maintenant on a atteint un niveau pas ridicule de qualité de code et de rendu des applications, et ça a assez largement stérilisé la participation anarchique par les utilisateurs. Mais on a quand même au moins des testeurs, et des utilisateurs 'premium' qui font des petites modifications des applications, qu'il est parfois pertinent de déployer.

      Intendant, donc méchant, mais libre !

      • [^] # Re: OOo/LO Base & co

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

        EasyPHP s'installe facilement. (ça fait des années que je n'ai pas touché à ça).

        Et sinon, un petit serveur LAMP sur le réseau local. Spip, ça bouffe pas beaucoup de ressources (enfin, ça dépend comment on code les squelettes).

        Pourquoi bloquer la publicité et les traqueurs : https://greboca.com/Pourquoi-bloquer-la-publicite-et-les-traqueurs.html

      • [^] # Re: OOo/LO Base & co

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4. Dernière modification le 18 juillet 2021 à 14:39.

        Ah oui, j'ai loupé cet aspect (cliquodrôme) …sans doute parce-que dans l'informatique depuis longtemps et utilisant exclusivement la ligne de commande, je n'ai regardé les solutions clic-clic qu'en surface.

        Je comprends tout à fait l'idée de ne pas avoir l'impression de programmer ; je l'ai ressenti avec FMP où on est un peu comme dans Scratch et les outils no-code.
        Sur le fait que LO Basic ne soit pas standard, j'ai envi de dire qu'il n'y a jamais eu de standard BASIC (d'où les incompatibilités et les arrachages de cheveux connus plus jeune en basculant entre plusieurs machines Amiga/Amstrad/Atari/Thomson/etc.) VBA lui-même n'est pas un standard mais une chose qui fut imposée force par/de µ$ (et étrangement le même propos avait été tenu à son sujet vu que ça ne ressemblait pas au GW-Basic et au Basica…) et qui n'est évident que pour des gens qui y ont investi du temps… Au passage, c'est un peu pour ça que je vois d'un meilleur œil les applications qui s'appuient sur Lua ou Python, voire Scheme, comme langage d'extension/macro/etc.

        Pour du WAMP (ou mieux du LAMP), je ne pensais pas à l'installation sur le poste des secrétaires mais sur un petit serveur local. À une certaine époque des gens étaient contre de façon irrationnelle, et aujourd'hui ces mêmes personnes ne consomment que des applications de nuages propriétaires, allez comprendre (ah la force du marketing et les effets de mode.) Le SPIP je ne le voyais pas sur un poste en tout cas. Et ça résolvait nombre de soucis qu'on rencontre rapidement avec le dit Access (c'est bien quand c'est sur un seul poste, mais dès qu'il faut l'utiliser en groupe les ennuis commencent.)

        J'attends sagement les autres épisodes.
        P.S. J'oubliais, la 3ème personne ne me choque pas car je fais pareillement quand j'essaye de prendre de la hauteur et de m'observer/raconter d'un point de vue un peu neutre (en tout cas essayer de mettre de la distance pour ôter les interférences de l'affect ou me rendre compte si je suis sur le mode de raisonnement émotif)

        “It is seldom that liberty of any kind is lost all at once.” ― David Hume

  • # Runtime, aïe

    Posté par  . Évalué à 8.

    Bonjour,

    Étant, moi même adjoint-gestionnaire, je saluts le boulot accompli, même si… je ne m'en sers pas. Je ne souhaite pas utiliser le runtime Access.

    Je comprends l'idée d'utiliser Access, mais par expérience, je sais ce que cela coûte parfois lors de mise à niveau et surtout lors du départ du créateur (souvenir de la gendarmerie avant l'arrivée de linux).

    Dans ma vie de fonctionnaire, je suis tombé à plusieurs reprise dans des services où des appli Acces avaient été créées. Au gré des mutations ou des motivations leur créateur laissaient tomber leur bébé et puis… ben ça marche plus et retour à la case départ. Parfois je m'y suis collé pour faire durer le truc. Mais en général, j'ai plutôt remplacé par des tableurs avec parfois des macros (c'est en général plus maintenable pour les administratifs avertis.) Il faut comprendre que la plupart de ces appli Access viennent en complément des outils institutionnels (qui datent un peu). Elles ne sont pas essentielles mais aident à traiter certains dossiers plus rapidement. Quand elles sont bien faites, elles bornent aussi les pratiques en les maintenant dans les cadres réglementaires (surtout en compta). Mais, ce faisant, elle masque la réglementation et parfois détourne les agents de leur responsabilité.

    Du coup je préfère laisser derrière moi des outils simples et documentés. Actuellement, je m'aide d'outils perso (beaucoup de tableur calc en fait et un peu d'Excel). Cela me coûte un peu de temps, mais au moins je les maîtrise, arrive à mes fins et surtout, je peux passer la main.

    Enfin, de nouveaux outils vont être produits par l'EN (Op@le, Opera), j'espère qu'il pourront être complets rapidement pour nous éviter le recours à des outils tiers.

    Merci pour ce premier épisode

    • [^] # Re: Runtime, aïe

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

      Merci pour ce commentaire, bertile. La grande différence entre le bouzin sous Access qui est tombé en marche et ce que l'on fait à OpenAcadémie, c'est que malgré le substrat MS, ce que l'on fait est un logiciel libre, fait avec le souci que toute personne souhaitant se l'approprier puisse le faire avec un minimum d'efforts :

      • le code est abondamment commenté
      • on utilise des conventions de nommage aussi propres que possible, relativement systématiques
      • il y a toute une gamme d'applications qui reprennent des gros bouts de code les unes aux autres, ce qui facilite la compréhension du fonctionnement, et aussi représente un facteur de motivation potentiel pour qui voudrait s'y mettre
      • enfin et probablement surtout, c'est une démarche d'amélioration continue, et ça dure depuis une dizaine d'années : on est quand même un peu au-delà du cas d'un développement isolé qui remplit un besoin ponctuel, et nous parvenons au moins en partie à notre objectif de fournir des outils de qualité, fiables et que les moins doués des collègues peuvent utiliser sans risque ni déception

      Nos outils ne cherchent pas à faire "un peu plus rapidement" certaines tâches. Si l'on prend le cas des voyages pédagogiques, le traitement par MobiliSCO permet d'assurer un travail qui, au même niveau de qualité et de fiabilité, demanderait environ trente fois plus de temps de travail. Sans exagération !

      Intendant, donc méchant, mais libre !

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