Journal HADOPI éclairé par 3 théories économiques

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mar.
2009
Dans ce papier, j'utilise les théories économiques pour comprendre l'impact du « piratage » et de l'HADOPI sur le marché de la culture de masse. J'ai cherché à simplifier et éviter la formalisation mathématique pour faciliter la lecture. Les lecteurs regretteront peut-être que je ne parle pas des conséquences de l'HADOPI sur le petit écosystème du logiciel Libre. Ce sera peut-être l'occasion d'un second article.

Je commence par la théorie néo-classique (libérale), qualifiée parfois de « pensée unique ». Ce n'est pas par sympathie pour ce courant, mais aujourd'hui l'économie c'est principalement ça.
L'économie se définit par un ensemble de marchés interdépendant, ensemble ils forment le Marché. Sur ces marchés se rencontrent les offres et demandes, qui sont la résultante du comportement maximisateurs des agents. Les consommateurs maximisent la satisfaction, les producteurs le profit

La théorie du consommateur.

Pour maximiser sa satisfaction, le consommateur va dépenser son revenu en arbitrant entre les biens disponibles sur le marché en fonction de ses préférences. Prenons le bien « musique ». L'industrie du disque considère qu'il y a un rapport entre téléchargements et vente de musique. En terme de choix du consommateur, ces biens sont substituables. C.à.d que dans une certaine mesure, le téléchargement vous dispensera d'acheter un CD. C'est logique, mais absolument démenti par la science économique. Mais avant de le démontrer, arrêtons-nous sur cette idée. Si les biens sont substituables, il serait intéressant de calculer le taux marginal de substitution (TMS voir sources pour explication plus détaillées) entre les deux bien pour estimer le manque à gagner généré par le téléchargement illégal. C'est à mon sens la seule méthode scientifique imaginable (avec les outils de la science éco, mais vous pouvez utiliser la Bible si vous voulez). Mais ça n'a jamais été fait, 3 solutions possibles:
- la mafia ne connait pas les sciences économiques (et n'a pas d'économètre compétant)
- elle n'a pas les données nécessaires (ce qui serait inquiétant pour les contrôleurs de gestion de ces entreprises)
- le résultat inexploitable, car inférieur ou égal à zéro (càd pas de corrélation ou le téléchargement favorise la vente).
Démontrons d'abord qu'il est au plus égal à 0. Petite tautologie honteuse, mais qui remplace de longs discours. Si un bien gratuit est substituable (ne serait-ce que faiblement), le consommateur rationnel ne consommera pas de substitut payant. Pourtant, les disques se vendent toujours! Deux solutions, soit les consommateurs ne sont pas rationnels (mais qui prétendrait que l'achat d'un CD est un symptôme de folie ?). Ou ces deux biens sont aussi substituables qu'un avion et un verre d'eau. C'est la solution la plus logique, le téléchargement gratuit et illégal n'est pas substituable et donc ne réduit pas la vente de musique, car « ce n'est pas pareil » (dans l'esprit du consommateur). Nous montrerons plus tard que c'est le contraire.

La théorie du producteur.

Lui maximise son profit. Pour ce faire, il va déterminer les quantités produites et la manière de produire. Manière de produire, c'est ce que l'on appelle la combinaison productive. Il va arbitrer entre capital (pour simplifier, presse à CD) et temps de travail (par ex. : concerts). Mais l'industrie de la musique est un cas particulier. En effet, deux chanteurs ne sont pas substituables (si on fait abstraction de la star académie), donc le temps de travail est limité par les capacités physiques du chanteur. De plus il n'est pas possible de remplacer un chanteur par x presses à CD. D'un autre côté, le capital a un coût important, mais celui de l'output (le CD) négligeable comparativement au coût d'une heure de concert ou d'une presse à CD. D'où, pour maximiser le profit, la nécessité de:
- réduire le nombre de concerts. 0 concert si concerts et CD sont entièrement substituables du point de vu du consommateur.
- réduire la diversité de l'offre
- sortir des albums plus régulièrement (avec donc une dégradation de la qualité)

Même si on remarque ces tendances, il existe toujours des concerts et des petites salles. C'est un mystère sauf si on considère que concerts et CD sont des « biens complémentaires » (comme le couteau et la fourchette). D'un point de vu plus pratique, cette complémentarité s'explique par le fait que les concerts sont des outils promotionnels. Càd davantage de concerts, davantage de vente de disque et cette dernière est la véritable vache à lait...

La rencontre sur le marché.

Nous avons donc la trame comportementale de nos producteurs et de nos consommateurs, que se passe-t-il sur le marché? Deux choses à mettre en évidence.

Puisque
- Téléchargement illégal et CD ne sont pas substituables
- Concert et CD sont complémentaires
- le téléchargement illégal est un vecteur d'information (découvrir de nouveaux groupes)
Il est possible de déduire sans ambiguïté que le téléchargement illégal favorise la vente de place de concerts et donc de CD (par un effet multiplicateur puisque concerts=>CD). Il faudrait démontrer empiriquement (économétrie) que le coefficient de subsidiarité est bien négatif. Mais d'un point de vu théorique ça colle parfaitement.

Là c'est selon moi le point le plus important de l'article. L'optimum de Pareto est l'éden des économistes. L'optimum de Pareto définit une situation optimale lorsque le marché fonctionne efficacement. Dans cette situation, la satisfaction de tous les acteurs est maximisée. Problème cet idéal est très difficile à atteindre et n'avait jamais été atteint de manière stable et durable sur un marché. « N'avait » car grâce au téléchargement illégal nous y sommes. Est-ce démontrable empiriquement? Bien sûr que non, mais la théorie va nous permettre de le démontrer formellement. Un résultat intéressant est de montrer qu'à l'optimum économique, le prix est égal au coût marginal de production. Le coût marginal est le coût de production de la dernière unité produite. Avec le téléchargement, la musique ayant un coût de reproduction nul, le coût marginal est nul. D'ailleurs, le prix est nul aussi. Nous sommes donc bien dans la meilleure des situations possibles pour l'ensemble des acteurs sur le marché càd l'optimum de Pareto! Alors que toute politique économique vise l'optimalité au sens de Pareto, nous sommes face à une loi qui vise à déstabiliser une répartition optimale. Un comble!

J'entends déjà une critique: « oui, mais votre cadre est statique, si c'est gratuit il n'y aura plus d'argent pour investir en de nouveaux artistes ». Relisez une seconde foi, j'ai déjà montré que c'est faux. Mais puisque je suis sadique, je vais vous montrer d'une autre manière que vous êtes dans l'erreur.

Démontons le théorème de H. Schmidt

Cette idée que défendent les partisans de l'HADOPI est une erreur économique. Elle s'énonce comme cela: « les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après demain ». Et bien une faille de raisonnement et un vieux préjugé d'homme politique inculte. Pour une critique dans les règles de l'art post-Keynesien je vous renvoie au très exellent « Monnaie, chômage et capitalisme » par Franck Van de Velde. Ici je vais vous épargner la formule de Kaleki. On n’investit jamais en t+1 les profits de la période t! Madame le Ministre vous qui êtes "régulationniste" (pour reprendre le terme de votre conseiller), vous devriez comprendre cette idée keynésienne. En t un entrepreneur va comparer deux choses: le taux d'intérêt et le taux de rentabilité espérée. Car « son argent », il va décider de le placer si le taux d'intérêt est supérieur à la rentabilité espérée. S’il n'a pas de liquidité, il va faire le même calcul, si le taux d'intérêt est inférieur au taux de rentabilité il va s'endetter pour avoir par la suite du profit. Sur cette base, si vous voulez relancer la création artistique, vous feriez mieux de militer pour une baisse du taux d'intérêt directeur. Mieux, proposez aux petites maisons de production (qui n'ont pas la confiance des banques) des prêts « jeunes talents » à taux avantageux. Sur l'autre point, la rentabilité espérée, je pense que vous comprendrez qu'elle n'a aucun rapport avec le profit actuel. C'est une donnée purement psychologique et vaguement comptable. Il est normal qu'en temps de crise, cet indicateur soit sous-estimé, car le « moral » est en berne. La formule de Michał Kalecki démontre bien qu'il n'y a pas de causalité profit(t)=>investissement(t+1), mais que investissement(t)=profit(t). Eh oui, les investissements d'aujourd'hui sont les profits d'aujourd'hui. Savez-vous ce qui signifie le terme « crise économique »? L'industrie culturelle n'échappe pas à la règle. Mais au lieu de promulguer des lois inutiles (relire depuis le début si vous n'êtes pas convaincue) pourquoi ne pas stimuler l'innovation pour faire repartir la machine et donner à nos entrepreneurs la promesse de lendemains qui chantent?


La destruction créatrice, théorie de l'innovation selon Joseph Aloïs Schumpeter

La crise économique est une bonne douche froide pour l'économie. Il existe des cycles économiques. En début de cycles, des innovations apparaissent en grappes (comme le raisin). Durant cette phase, on a une augmentation de tous les indicateurs: investissement, profit, prix, emplois, croissance... Des entrepreneurs copieurs (d'innovations) inondent le marché jusqu'à un retournement de tendance. Marchés inondés, baisses des coûts, concurrence trop aride... Et là c'est le drame, c'est la douche froide qui élimine les entreprises les moins aptes à survivre.
Le P2P est de fait le mal-aimé de nos politiques. En effet, la gratuité ne contribue pas à la croissance donc ne génère aucune entrée fiscale. En effet, le P2P n'est pas une innovation, mais une invention. Pour rappel, une innovation et la mise en place à l'échelle industrielle dans la sphère marchande, d'une invention. On a idée=>invention=>innovation. Ce qui doit être frustrant pour les Majors c'est de voir qu'ils n'arrivent pas à valoriser ces inventions et sont condamnés à rester avec leurs anciennes méthodes, qui datent d'un autre siècle (le cycle fordiste).
Le seul enjeu qui ait un sens en ces temps de crise est de faire passer (aux technologies mal aimées) le stade d'invention à innovation. Ce que nie l'HADOPI, c'est la fin d'un cycle économique. Alors que l'industrie culturelle aurait tout à gagner en retrouvant un cycle de croissance porté par le vivier d'innovation potentiel que nous offrent les inventions des nouvelles technologies, elle les pénalise. Il me semble que cette fois, le marché est défaillant. J'ai du mal à imaginer comment des mammouths, ces administrations privées que sont les Majors, pourront s'adapter à la petite (r)évolution technologique. Il me semble que l'industrie a besoin d'adopter une démarche partenariale avec l'État et les usagés de ces nouvelles technologies. Dans les pays nordiques, des ministres commencent à tenir ce genre de discours. Et c'est de toute manière un défi que le capitalisme doit relever. Il ne survivra probablement pas à un secteur non marchand aussi important. Le capital doit sans cesse croître pour ne pas disparaître, les nouvelles technologies lui offrent une occasion en or de renaître de ses cendres. Ou la FNAC connaîtra à coup sûr, les déboires de General Motors.

Conclusion.

Puisque le téléchargement illégal n'est pas un mal (selon les 3 grandes théories économiques), HADOPI va inutilement entraver l'innovation dans le seul but de permettre à l'industrie du divertissement de conserver une rente de situation. Et ce, même si elle aurait tout à gagner à se réformer. J'aimerais qu'il n'existe aucune parade technique à ce système. Je souhaiterais de tout coeur voir les conséquences désastreuses du téléchargement 0 sur le chiffre d'affaire de cette clique. Quelle jouissance que de voir ces vénaux court-termistes creuser leurs propres tombes. Au-delà de la non-innovation, ils comprendront à quel point le MP3/P2P est un vecteur extraordinaire de publicité gratuite. Il serait amusant de voir nos ados tourner le dos à ces grandes maisons pour des artistes, bêtes de scène, qui jouent le jeu de la gratuité sur le web. Malheureusement, les parades existent déjà, après HADOPI rien ne va changer, mais l'évolution économique sur ce segment de marché sera bloquée. Un marché sans innovation est dans le meilleur des cas voué, à l'état stationnaire, mais généralement à un inexorable déclin (cf JA Schumpeter « théorie de l'évolution économique »). Heureusement, culture et divertissement de masse sont deux choses différentes.

Sources:

La théorie du consommateur sur wikipedia
Le TMS sur wikipedia
La théorie du producteur sur Wikipedia
L'optimum de Pareto sur Wikipedia
Un extrait de « Monnaie, chômage et capitalisme » par Franck Van de Velde
Kaleki sur Wikipedia
PDF de théorie de l'évolution économique de J.A. Schumpeter
PDF de capitalisme socialisme et démocratie par Schumpeter
  • # Et l'orthographe...

    Posté par  . Évalué à 6.

    Désolé pour les fautes. C'est toujours lorsque j'ai posté que j'en trouve... Dommage que l'on ne puisse pas éditer.
  • # Pas mal du tout

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

    Je salue le travail qui a l'avantage d'être joyeusement iconoclaste.
    Le discours qui tente de justifier la crise de l'industrie musicale par le téléchargement se heurte aussi à un autre fait: la crise ne concerne pas seulement cette industrie mais l'économie en générale.
    Les problèmes de l'industrie culturelle n'ont faient que précéder ceux de, par exemple, l'industrie automobile, pour laquelle le peer to peer ne peut être déclaré responsable. Il était logique que les biens culturels soient les premiers touchés car plus facilement sacrifiables que d'autres.
    J'écrivais il y a quelques temps que la structure de la consommation avait changé. J'avais tort, la consommation commençait à s'effondrer par le haut.
    La loi Hadopi n'est donc pas seulement liberticide elle est stupidement inutile.
    • [^] # Re: Pas mal du tout

      Posté par  (Mastodon) . Évalué à 1.

      C'est moi ou j'ai l'impression que tu confonds complètement la crise économique de cette année avec la chute des ventes de disques qui date de presque 10 ans ?

      En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.

      • [^] # Re: Pas mal du tout

        Posté par  . Évalué à 3.

        Ba... je fais le même raccourci et ce n’est pas faux si on considère que la crise actuelle est l'aboutissement du cycle moyen de ralentissement amorcé en 2001. Mais c'est discutable...
      • [^] # Re: Pas mal du tout

        Posté par  . Évalué à 0.

        fin d'un cycle ?
        la question que l'on peut se poser c'est si l'apparition de napster et consort ne coincide pas avec la fin d'un cycle celui du remplacement de la casette audio par le cd et donc le fait que les personnes ayant remplacer dans leur collection toutes les casettes pas de cd audio n'ont plus un achat aussi important
      • [^] # Re: Pas mal du tout

        Posté par  . Évalué à 4.

        C'est moi ou j'ai l'impression que tu confonds complètement la crise économique de cette année avec la chute des ventes de disques qui date de presque 10 ans ?
        Oui, enfin, ça fait quand même 3-4 ans qu'on commence à entendre parler du prix de l'électricité qui augmente, du prix du gaz qui augmente, du prix de la bouffe qui augmente, du prix du carburant qui augmente (je me souviens même d'un journal TV où l'on parlait du prix des emballages, qui allait augmenter).
        Bon, forcément, si je dépense 100 EUR de plus pour me chauffer, me nourir et aller au boulot, c'est 100 EUR de moins que je dépense dans les trucs divers et un peu moins utiles à ma survie (jeux vidéos, cinéma, CDs, DVDs), surtout quand on voit leur coût pas forcément justifié.
        • [^] # Re: Pas mal du tout

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

          Bon, forcément, si je dépense 100 EUR de plus pour me chauffer, me nourir et aller au boulot, c'est 100 EUR de moins que je dépense dans les trucs divers et un peu moins utiles à ma survie (jeux vidéos, cinéma, CDs, DVDs),

          Foutaises : le chauffage, la nourriture et le transport ont depuis 100 ans continuellement eu la réputation d'être toujours trop cher, ça n'a pas changé entre il y a 100 ans ou 10 ans, et maintenant.

          Depuis 10 ans, c'est plutôt "Je veux absolument être consumériste comme avant, je réduis encore plus mon budget nourriture pour pouvoir consommer du plaisir encore plus, mais bon, j'ai quand même maintenant en plus mon téléphone mobile, Internet, mon iPod (car le marketing Apple c'est trop la classe) , l'entrée dans la super-salle de ciné high tech, le trajet pour aller voir ma copine à l'autre bout de la France (ben oui, on bouge plus, ça arrive plus souvent)et j'en passe à payer, donc j'arbitre, j'achète moins de Jeux vidéos, de CDs, de DVDs... Car mon budget n'est pas extensible à l'infini même si je ne mange que des pâtes aujourd'hui"
          (Pour le cinéma, le nombre d'entrées fait mentir les pauvres qui se plaignent la pseudo-baisse)
  • # les concerts sont des outils promotionnels.

    Posté par  . Évalué à 8.

    >les concerts sont des outils promotionnels.

    Oui et non. Les concerts sont les moments ou l'artiste récolte se qu'il a semé. c'est là ou l'artiste se fait des couilles en or. L'artiste, l'agent et le tourneur. La maison de disque touche aussi mais de façon indirecte (SACEM)
  • # Démonstration ?

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

    Je ne suis pas du tout convaincu par tes démonstrations.

    Si un bien gratuit est substituable (ne serait-ce que faiblement), le consommateur rationnel ne consommera pas de substitut payant. Pourtant, les disques se vendent toujours! […] ces deux biens sont aussi substituables qu'un avion et un verre d'eau. C'est la solution la plus logique

    Environ la moitié de la population a internet. D'après le syndicat du disque, les ventes en valeurs de CD entre 2002 et 2008 ont baissé de 60 %¹.

    Si j'applique une logique à deux euros je peux te dire que les Français qui ont la possibilité d'accéder à internet ont substitué le disque au bien gratuit…

    La théorie du producteur […]

    Je suis d'accord, les majors ont un grand intérêt de produire des artistes qui vendent beaucoup de CD et qui font peu de concert.

    Par contre la « relation » entre le nombre de concert et le nombre de CD n'est pas du tout démontrée. Il y a un paquet d'artistes qui ne font plus de concert (parce qu'ils sont morts par exemple) et qui vendent encore un paquet de CD.

    Un résultat intéressant est de montrer qu'à l'optimum économique, le prix est égal au coût marginal de production. Le coût marginal est le coût de production de la dernière unité produite. Avec le téléchargement, la musique ayant un coût de reproduction nul, le coût marginal est nul. D'ailleurs, le prix est nul aussi.

    Le coût marginal est égale au prix si le coût moyen est inférieur au coût marginal³. Et le coût moyen n'est jamais nul dans le cas d'un CD ou d'un film.



    ¹ http://fr.wikipedia.org/wiki/Internet_fran%C3%A7ais
    ² http://www.disqueenfrance.com/file/presentationmidem09.pdf
    ³ http://junon.univ-cezanne.fr/bornier/prod/node19.html
    • [^] # Re: Démonstration ?

      Posté par  (Mastodon) . Évalué à 4.

      Pareil, je trouve quelques raccourcis rapides pour étayer ta théorie décidée à l'avance. Notamment la première, pour démontrer que le téléchargement n'est pas substituable à l'achat de CD :

      Petite tautologie honteuse, mais qui remplace de longs discours. Si un bien gratuit est substituable (ne serait-ce que faiblement), le consommateur rationnel ne consommera pas de substitut payant. Pourtant, les disques se vendent toujours!

      Ca, désolé, mais c'est complètement râté. Tu dis "ils se vendent toujours" et t'en déduis "ils se vendent autant" et donc "le téléchargement ne remplace pas l'achat". C'est faux et archi faux, les vendent de disques sont en chute libre, ça arrive en meme temps que les Freebox dans les maisons, la corrélation ou pas des 2 phénomènes ne pouvant se faire que avec des études claires (et ta plaidoirie pour un vrai calcul de TMS est vraiment pertinente).

      Ensuite tu te sers de ça pour avancer dans ta théorie... c'est dommage d'avoir un postulat (parce que pour moi c'est un postulat, pas une démonstration) qui ne se vérifie pas dans la pratique.

      En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.

      • [^] # Re: Démonstration ?

        Posté par  . Évalué à 2.

        Merci pour vos critiques, c'est pour ça que j'ai décidé de poster ici. Des critiques de qualité vont me permettre de parfaire ma petite réflexion.

        > Si j'applique une logique à deux euros je peux te dire que les Français qui ont la possibilité d'accéder à internet ont substitué le disque au bien gratuit…

        C'est facilement démontable.
        - sans avoir accès à internet, on a accès à la musique gratuite illégalement (prix d'un CD vierge, après il faut connaître une personne qui a une connexion)
        - il faudrait faire une étude empirique plus poussée : la catégorie "connecté" achète elle moins de CD? J'en doute.
        - dans le cas contraire, si le téléchargement illégal remplace l'achat et si les non connectés sont ceux qui achètent le plus de CDs, pourquoi ne se connecte-t-il pas? Sont-ils irrationnels ?


        > Par contre la « relation » entre le nombre de concert et le nombre de CD n'est pas du tout démontrée. Il y a un paquet d'artistes qui ne font plus de concert (parce qu'ils sont morts par exemple) et qui vendent encore un paquet de CD.

        Étude facile à réaliser: avaient-ils une plus grande part de marché à l'époque où ils étaient vivants ?

        > Le coût marginal est égale au prix si le coût moyen est inférieur au coût marginal³. Et le coût moyen n'est jamais nul dans le cas d'un CD ou d'un film.

        Développement très intéressant. Mais pour le coût marginal nul, je parlais du téléchargement illégal. Pour le CD tu as absolument raison, nous sommes plus proches du coût moyen que du coût marginal. Cette solution n'est pas un optimum de Pareto, mais une situation de maximisation sur marché monopolistique. Et en effet, chaque maison a un monopole sur ses artistes.

        > Ca, désolé, mais c'est complètement râté. Tu dis "ils se vendent toujours" et t'en déduis "ils se vendent autant" et donc "le téléchargement ne remplace pas l'achat". C'est faux et archi faux, les vendent de disques sont en chute libre, ça arrive en meme temps que les Freebox dans les maisons, la corrélation ou pas des 2 phénomènes ne pouvant se faire que avec des études claires

        Une tautologie n'est jamais fausse ;)
        Plus sérieusement, tu mets en évidence une corrélation, mais pas une causalité. Comme tu le dis très bien, pour montrer quelle vision est erronée (peut-être les deux?), il faudrait une étude plus sérieuse. Mais j'ai une autre corrélation à te soumettre : la diffusion des box correspond à la fin d'une phase de croissance forte.
        Avec les cycles kondratieff, il est possible de constater que la crise que nous connaissons est amorcée depuis 2001. Et si l'industrie culturelle de masse avait été parmi les premières victime de la crise (avec aussi par exemple les start up)?
        Je maintiens donc ma tautologie même si pour une prochaine version, j'essaierais de trouver des chiffres...
        • [^] # Re: Démonstration ?

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

          C'est facilement démontable.
          […]
          - dans le cas contraire, si le téléchargement illégal remplace l'achat et si les non connectés sont ceux qui achètent le plus de CDs, pourquoi ne se connecte-t-il pas? Sont-ils irrationnels ?


          Une connexion internet et un ordinateur coute minimum 400 €/an (30 * 12 + ordinateur) ce qui est égale de 26 CD à 15 €. Une personne rationnelle se connectera sur internet si elle veut plus de 26 CD par an.

          Étude facile à réaliser: avaient-ils une plus grande part de marché à l'époque où ils étaient vivants ?

          Non, tu voulais démontrer que plus tu fais de concert plus tu vends de CD. Il y a pleins de contre exemples :
          - les artistes morts qui ne font plus de concert
          - les artistes étrangers qui viennent très peu en France
          - les CD de Michaël Youn (0 concert et top 1 des ventes)

          Je pense qu'il faut plutôt chercher une relation de causalité entre l'exposition médiatique (internet/télé/radio/concert) et la vente de CD. Et dans cette relation la diffusion gratuite est un moyen d'exposition et donc un moyen de vendre plus de CD.
          • [^] # Re: Démonstration ?

            Posté par  . Évalué à 9.

            - les artistes morts qui ne font plus de concert
            Oui, et comme ils ne peuvent plus faire de concerts, leurs seuls revenus viennent des ventes de disque, alors si vous voulez qu'ils continuent à chanter et à bien vivre, ne téléchargez pas leur musique !

            Plus c'est gros, plus ça passe il parrait.
        • [^] # Re: Démonstration ?

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

          Avec tes premiers point tu rajoutes que même si le téléchargement par internet diminue de 99%. Le 1% restant sera suffisant pour irradier le marché de cours de récrée de la main à la main de clef usb et autre DVD, remplit de mp3 ou de divx.

          Et même si les majors réussissent à tuer le P2P complètement, il ne pousseront juste que la consommation de jamendo et autre site utilisant la licence cc.

          "La première sécurité est la liberté"

      • [^] # Re: Démonstration ?

        Posté par  . Évalué à 2.

        "Ca, désolé, mais c'est complètement râté. Tu dis "ils se vendent toujours" et t'en déduis "ils se vendent autant" et donc "le téléchargement ne remplace pas l'achat". C'est faux et archi faux, les vendent de disques sont en chute libre, ça arrive en meme temps que les Freebox dans les maisons, la corrélation ou pas des 2 phénomènes ne pouvant se faire que avec des études claires (et ta plaidoirie pour un vrai calcul de TMS est vraiment pertinente)."

        Je pense que ce raisonnement n'est pas plus valable qu'un autre, car cette période correspond aussi à l'arrivée massive des DVD. Il ne me semble pas anormal que le budget loisir d'un famille reste constant, donc l'achat de DVD entraine focrément une baisse de l'achat de CD ...

        Si les industries du multimédia veulent continuer d'apporter d'autres sources de divertissement, il ne faut pas qu'elles oublient que lorsque les temps sont durs on a toujours tendance à moins "consommer" de divertissements.

        Il faut aussi rappeler que les Majors sont toujours en retard par rapport aux bénévoles d'internet.

        /MaVIe
        J'aime bien lire quelques manga du ShonenJump, si je devais attendre la sortie des manga papier en france j'attendrais 2 ans, avec les fansub team, j'attends 2 jours !!
        /MaVIe

        Le dernier point est la faible qualité des offres :
        Les séries ou les manga sont maintenant en HD sur les chaines et les offres payantes sont souvent en LD et bourrées de DRM.

        Alors on peut toujours essayer de répondre aux tentatives honteueusement simplistes de corrélation des Majors par d'autres un peu plus évoluées, mais tant qu'il n'y aura pas un peu de bon sens et d'esprit analytique de leur part alors ils se réfugieront derrière les lobbies pour tenter de défendre leur "Business"
    • [^] # Re: Démonstration ?

      Posté par  . Évalué à 3.

      À mon avis, si les ventes de disque chutent drastiquement, c'est pour la raison simple que la connexion internet s'est substituée au fait d'aller acheter des CD. Pourquoi ne pas acheter de CD ?

      Une chose est certaine, le prix du support ne justifie aucunement les prix tels qu'ils sont pratiqués dans les magasins de disque.

      Une chose est de se rendre compte à quel point une taxe importante est ponctionnée sur la vente de CD musicaux. Elle dépasse de loin le prix rationnel qu'un mélomane est prêt à payer pour soutenir un artiste en vie.

      Autrement, les ayants droits qui perçoivent un droit d'auteur sont rentiers, ils ne travaillent pas pour produire leur musique, à la différence de ceux qui achètent les CD. Donc le modèle économique est d'ors et déjà déséquilibré.

      Voilà pourquoi ça ne me donne pas envie de soutenir cette loi.
  • # .

    Posté par  . Évalué à 3.

    >Téléchargement illégal et CD ne sont pas substituables

    binaire rulez, mais dans la vraie vie supprimer les nuances est le plus court chemin vers un raisonnement erroné. Et comme je connais au moins une personne qui n'achète pas les CDs des chansons qu'elle peut obtenir gratuitement, ça me permet d'infirmer ton postulat. Remarque que je n'affirme pas que téléchargement illégal et CDs sont substituables pour tout le monde, seulement que le caractère "substituable" dépend des attentes personnelles de chaque consommateur.
    • [^] # Re: .

      Posté par  . Évalué à 2.

      Oui tu as absolument raison. Mais c'est la démarche néo-classique que de considérer un agent représentatif et de généraliser son comportement. Elle est fortement critiquable, mais c'est une simplification bien utile si on ne souhaite pas entrer dans des débats psychologiques ou du marketing. Mais tu as absolument raison... Pour ça que je suis plutôt Shumpeterien.
  • # Vrai mais

    Posté par  . Évalué à 4.

    Téléchargement illégal et CD ne sont pas substituables

    En effet, un fichier mp3 illégal (ou légal d'ailleurs) est plus pratique qu'un CD et je n'ai pas à me déplacer ou à attendre sa livraison pour l'acquérir.
  • # I'm lost, ou presque...

    Posté par  . Évalué à 1.

    Ce n'est pas le premier raisonnement de ce type que je lis.

    Je n'y connais rien en économie, et pas grand chose à l'industrie culturelle en général, je ne peux donc pas vérifier la justesse de l'argumentation. Cela dit, je trouve ce type de discours plutôt logique. A ma connaissance, il n'existe pas non plus d'études sérieuses et exhaustives de l'impact réel d'internet sur la vente de CD\DVD.

    Quelle est la réponse des industriels de la culture à ce genre d'argumentation ? Est-il réellement possible de savoir qui est dans le vrai, qui est dans le faux (ou s'en approcher) ?
    • [^] # Re: I'm lost, ou presque...

      Posté par  . Évalué à 3.

      L'économie n'est pas un science exacte, rien n'y est vraiment juste, ni vraiment faux, la vérité, mais quel sens donner à ce mot, est sans aucun doute quelque part entre les deux théses.
      L'économie ne sert pas à prévoir l'avenir mais à essayer de faire les moins mauvais choix.

      La seule chose qui est sure c'est la mauvaise foi de ceux qui se cachent derrière ces théories pour défendre leurs intérêts en espérant les faire passer pour l'intérêt général.
    • [^] # Re: I'm lost, ou presque...

      Posté par  . Évalué à 3.

      > Quelle est la réponse des industriels de la culture à ce genre d'argumentation ?

      Je n'ai jamais lu de réponses à ce genre de truc. Ils se sont arrêté au postulat : "un téléchargement illégal = une vente en moins"
      • [^] # Re: I'm lost, ou presque...

        Posté par  . Évalué à 4.

        Postulat d'autant plus débile que dans la plupart des cas, il n'y aurait pas eu d'achat. Les gens n'ont pas un pouvoir d'achat extensible.
        Je n'ai jamais piraté de disques sur le net, en revanche je suis un utilisateur de longue date des médiathèques. Et donc, j'ai copié sur K7 (eh oui ...) puis sur CD des disques que j'ai empruntés.
        Vu le nombre, pourtant pas astronomique, jamais je n'aurais pu acheter tout ça. En revanche, j'ai fait des "découvertes" intéressantes qui m'ont pafois amené à aller voir l'artiste en concert ou acheter d'autres CD.
        Ou encore, acheter les CD dès qu'ils sont en promo.
        Et très franchement, ça ne me gêne absolument pas de copier un CD d'un artiste que j'apprécie mais dont les ventes de disque sont astronomiques. OK, ce n'est pas légal, mais ce n'est pas non plus véritablement un préjudice pour ces gens là.
        Je préfère nettement aller les voir en concert, ou acheter des CD d'artistes beaucoup moins connus et qui ont réellement besoin de ce revenu. Mais curieusement, ce ne sont pas ceux là qu'on entend le plus...

        Et quand on voit que même les paroles des chansons finissent par ne plus être dispo sur le net (ex. www.paroles.net) pour cause de menace de procédures judiciaires, on finit par se dire qu'il y a du foutage de g....
        Le pire étant évidemment atteint par le refus de l'amendement sur Hadopi à propos de l'obligation d'interopérabilité des logiciels de contrôle. Là, on a touché le fond ... ou plutôt le sommet du cynisme.

        Ce monde est un vaste marché et vous êtes priés de vous conformer au modèle, sinon nous vous obligeront à vous rééduquer. Ce sera facile, puisque nous contrôlons tout !
        • [^] # Re: I'm lost, ou presque...

          Posté par  . Évalué à 3.

          Autre chose, l'excellent Bernard Maris qui a encore la liberté de parler sur la radio bientôt gouvernementale (France Inter) a fait ce lundi matin une chronique très intéressante sur Hadopi. Entre autre chose il indique clairement que

          Enfin cette loi est une menace pour le logiciel libre...

          Oui, parce qu’il faudra bien mettre des policiers derrière chaque ordinateurs, des mouchards qui seront des logiciels propriétaires, et que le rêve des logiciels propriétaires (Microsoft, Apple) est de tuer les logiciels libres qui sont beaucoup plus efficaces et performants ; et surtout fonctionnent selon un principe qu’ils détestent qui est celui de la coopération et de la réciprocité. Or il est impossible, par définition même, de filtrer les communications d’un logiciel libre.


          ... y aurait-il des arrières pensées et des pressions de la part d'organisations qui n'ont vraiment rien à voir avec les artistes (je ne parle pas des majors, vous m'aurez compris ...) .... nous mentirait-on ?
          • [^] # Re: I'm lost, ou presque...

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

            Il n'y a pas que le logiciel libre qui est visé.

            On peut rajouter tous les machins communiquant genre téléphone portable, console de jeu, nazbatag, routeur "intelligent", etc...


            Qui va leur écrire le mouchard qui va bien ?

            "La première sécurité est la liberté"

            • [^] # Re: I'm lost, ou presque...

              Posté par  . Évalué à 1.

              Ben si c'est payant, ça sera vendu et ça va marcher !
              Microsoft ou Apple se feront un plaisir de développer un truc qu'ils vendront bien cher pour que les techno addict qui achètent la toute dernière innovation qui parle quand on la bouge se jettent dessus pour pouvoir regarder le match de foot sur l'écran du truc portable qui leur tient lieu de bracelet électronique.

              Bon, désolé, on n'est pas vendredi, mais il y a des fois où la technologie et les technophiles de tout poil me les brise menu menu.
              Parce que même si la "convergence" peut avoir du bon, faudrait quand même pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages. Ca ressemble à quoi de télécharger (illégalement) un film sur son portable, assis dans un TGV qui roule ) 300kmh ? Une prouesse technologique pour prouver qu'on sait assurer la continuité de service quelque soit les circonstances.
              OK, et Star Wars sur l'écran d'un portable, ça donne quoi ?
              Ah, c'était pour le regarder sur un PC ... ben fallait le télécharger depuis le PC !

              Moi aussi, des fois, "I am lost"...
              Ca nous éloigne du sujet pourtant grave. Cette foutue loi avec cette histoire de logiciel de contrôle, c'est un peu comme si on était tous des coupables potentiels à qui on met un bracelet éléctronique, en prévention.
              Et ça, c'est quasiment contraire au droit français qui veut que chacun est présumé innocent et que c'est à l'accusation de faire la preuve de la culpabilité.
              • [^] # Re: I'm lost, ou presque...

                Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

                Tu te sens pas complètement hors sujet, là ?

                Qu'est-ce que tu fais si les proxy transparent ou les scanners de mule d'hadopi récupère l'IP de ton téléphone portable ?

                Comment fais-tu pour prouver ton innocence si le pre-requis est d'avoir un mouchard ?

                "La première sécurité est la liberté"

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