Des Inspecteurs Généraux de l'Éducation Nationale en table ronde chez Microsoft

Posté par  (site web personnel) . Édité par ZeroHeure et claudex. Modéré par Benoît Sibaud. Licence CC By‑SA.
55
10
nov.
2013
Éducation

Deux ans après la convocation d'une centaine d'inspecteurs de l'Éducation nationale au siège de Microsoft France, l'April, Framasoft, le CNLL, SavoirsCom1 et l'Aful s'étonnent d'une nouvelle entorse à la neutralité scolaire et à l'intérêt du service public d'éducation.

Le 19 novembre 2013, plusieurs responsables de l'Éducation Nationale se déplacent au siège de la société Microsoft. Michel Pérez, Inspecteur Général de l'Éducation Nationale, Catherine Becchetti-Bizot, Inspectrice Générale, Directrice du Comité Stratégique pour le Numérique à l‘École ainsi que des représentations des associations de collectivités viennent découvrir une étude coordonnée par Ludovia Magazine, en association avec Microsoft, Intel et SFR.

Le titre de l'étude se veut neutre : « Investissement des collectivités en matière de numérique à l'école ». Le dispositif de communication ne l'est pas. Par leur présence à la table ronde organisée par Microsoft, les Inspecteurs généraux légitiment l'appropriation de l'Éducation Nationale par une société privée. Les signataires de ce communiqué dénoncent fermement cette nouvelle entorse à la neutralité scolaire et à la mission de service public de l'Éducation Nationale.

Les collectivités territoriales souhaitent-elles vraiment favoriser l'exploitation commerciale de l'école par quelques grandes sociétés pour lesquelles l'éducation est exclusivement un marché captif ?

Ce n'est pas la première fois que des responsables de l'Éducation Nationale se déplacent au siège de la société Microsoft. Lors du salon Éducatec-Éducatice 2011, les inspecteurs de l'Éducation Nationale chargés de mission nouvelles technologies (IEN-TICE) s'étaient vu convoqués par leur hiérarchie pour tenir leur journée annuelle au siège de la société Microsoft. L'April et Framasoft avaient déjà dénoncé « une véritable entorse à la neutralité scolaire » et vivement regretté que les programmes de ces journées ne mentionnaient pas les logiciels et ressources libres. Malgré la circulaire du premier ministre « Pour l'usage des logiciels libres dans l'administration » l'histoire se répète.

Ce n'est pas non plus qu'un accident de parcours. Les services de l'Éducation Nationale envoient depuis plusieurs mois des signaux inquiétants. Le rapport de l'Inspection générale sur « La structuration de la filière du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel » est très peu documenté sur les logiciels et ressources libres ou, au mieux minimise leur apport. Et le rapport n'aborde que très succinctement l'une des dispositions importantes du texte de loi pour la refondation de l'école qui recommande : « l'incitation au développement de ressources numériques se fera notamment en faveur de logiciels libres et de contenus aux formats ouverts ». Les signataires de ce communiqué auraient pu, avec d'autres, aider les rédacteurs dans leur travail afin d'arriver à un rapport plus exhaustif.

« L'école ne doit pas être un marché captif des éditeurs privateurs du numérique. L'école que nous appelons de nos vœux, ne doit pas enseigner « avec » le numérique sur des produits privateurs dans une approche de type B2i qui forme avant tout des consommateurs passifs » déclare Rémi Boulle, vice-président de l'April, en charge du groupe de travail Éducation. Dans la continuité des principes hérités du siècle des Lumières, elle doit former des futurs citoyens responsables, capables de réfléchir de façon libre, indépendante voire les créateurs de demain.

Stefane Fermigier, Vice-Président du CNLL, rappelle pour sa part « La place du logiciel libre dans le système éducatif français est un enjeu majeur pour la compétitivité de notre économie. Pour continuer d'être à sa place de leader mondial du logiciel libre, la France doit aussi se doter d'une politique éducative forte dans ce domaine, en privilégiant l'usage d'outils pédagogiques libres, en fondant l'apprentissage du numérique à l'École sur les logiciels libres, et en enseignant les technologies et méthodologies propres au logiciel libre dans les filières informatiques et scientifiques ».

Enseigner « avec » le « numérique » dans toutes les disciplines nécessiterait a minima :

  • un véritable enseignement de la science informatique ;
  • d'authentiques cours de technologie qui ne seraient plus limités, en collège, à la seule étude d'objets physiques dans lesquels l'informatique qu'ils pourraient incorporer est ignorée et traitée comme une boîte noire ;
  • un authentique apprentissage raisonné des logiciels et de l'internet qui n'est actuellement enseigné nulle part ;
  • un enseignement des technologies et méthodologies propres au logiciel libre dans les filières scientifiques et informatiques ;
  • l'utilisation de logiciels libres et la diffusion sous licence libre des ressources utilisées dans le service public de l'éducation ;
  • une réflexion opérationnelle (approfondie) sur les contenus de cet enseignement, dès l'école primaire.

C'est également enseigner l'apprentissage du travail collaboratif, incompatible avec des ressources privatrices DRMisées, des formats de fichiers non interopérables, des licences qui ne permettent pas la libre circulation et le libre partage des savoirs. L'École ne doit plus être contrainte dans des systèmes privateurs et fermés.

Nous nous tenons à la disposition de l'Inspection générale et de Mme Catherine Becchetti-Bizot pour toute information complémentaire sur les logiciels et ressources libres pour l'éducation et leur souhaitons un riche salon Éducatec-Éducatice.

Aller plus loin

  • # Ce n'est pas dans le numérique qu'il faut investir (pas en priorité)

    Posté par  . Évalué à 10.

    Quand je vois que certaines écoles sont équipés de tableaux numériques, dans d'autres, des tablettes sont distribuées à des classes de 12 élèves, dans d'autres classes ils sont 33 élèves, dont la moiter ne parlent par français avec des moyens déplorables, pas de photocopieuse, pas d'ordinateur (ou quand il y en a un, c'est pour 20 élèves etc'est un pentium 75); dans d'autres il y a des enfants qui sont totalement à la ramasse et on ne veut pas embaucher d'AVS . Ce nouveau déplacement chez Microsoft me fait vomir.
    L'Éducation Nationale a de l'argent à investir ailleurs en priorité que dans le numérique ! (Qu'il soit libre ou non).

    • [^] # Re: Ce n'est pas dans le numérique qu'il faut investir (pas en priorité)

      Posté par  . Évalué à 10.

      Tout à fait d'accord, mais l'investissement dans le numérique a lieu sous diverses formes et il est urgent de réagir à la manière dont ça se fait.

    • [^] # Re: Ce n'est pas dans le numérique qu'il faut investir (pas en priorité)

      Posté par  . Évalué à 10.

      Pour info, éducation nationale=salaire des enseignants.
      Les autres moyens* des écoles publiques sont pourvus :
      - par les mairies : maternelles et élémentaires
      - les conseils généraux : collèges
      - les régions : lycées

      Par moyens j'entends : construction des écoles, travaux de rénovation, une partie des fournitures scolaires, infrastructures cuivre téléphonique ou réseaux informatiques, pabx, téléphones et frais de télécommunication, copieurs, TNI, Pc, classes mobiles…….contrats de supports, accès Internet, logiciels privatifs….

      Ce commentaire n'a qu'un seul objectif, clarifier le rôle de chacun et savoir à quelle porte taper en cas de mécontentement.

      • [^] # Re: Ce n'est pas dans le numérique qu'il faut investir (pas en priorité)

        Posté par  . Évalué à 2.

        Je dirais que c'est presque une partie du problème. Des inspecteurs et des Maires se serrer les mains, se faire de bonnes bouffes dans des écoles toutes neuves juste avant les municipales, j'en ai vu !
        Oui, c'est tout neuf, on a mis des TBI qui coûte 15000 euros pièce par classes. Sauf que, qui va refaire les cours pour fonctionner sur TBI et donc faire des heures sup. non payées ? Formation -> rien vu. Pour nous les geeks, c'est facile, mais pour les professeurs, c'est pas si facile.
        L'école est toute neuve, mais ou sont tous les accessoires pour la salle de motricité ? Nul pas, tout engloutis dans les TBI !
        Qui a pensé les plans de la nouvelle école ? Le copain architecte du maire justement. Il a fait des couloirs large pour 10 chaises roulantes, mais t'as pas d'AVS pour aider. Et de touts façon, ils resterons dans le couloirs ceux en chaises car les classes sont trop petites pour 34 élèves + la maitresse + l'EVS.

        Je connais pas les régions, mais pour les CG et les mairies, c'est que de la politique.

        J'extrapole tout de même, il y a quelques Maire sympa, mais les perles sont rares..

        PS: vous savez que les académies mettent à disposition des espaces web pour les écoles : des SPIP mutualisés qui ont 10 ans ! C'est pas le plus facilement à prendre en mains : ma femme à renoncer malgré sa bonne volonté.

  • # le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

    Posté par  . Évalué à 2.

    "L'école ne doit pas être un marché captif des éditeurs privateurs du numérique"

    Si on est d'accord avec ce principe de base, quelle entreprise du libre peut organiser et travailler avec 7000 lycées et 4000 collèges ?

    • [^] # Re: le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

      Posté par  . Évalué à 10.

      pourquoi une seule entreprise du libre ?

      Ensuite si le marché est d'importance (je n'ai pas la limite en tête, mais elle existe et elle est somme toute assez basse) il doit y avoir passation de marché. Reste alors la volonté politique d'imposer le libre (et/ou l'ouverture des données) comme l'un des point de l'appel d'offre. Ceci peut se faire pour les appels d'offres à tous les niveaux (établissements, académies, ministère)

      PS : je suppose que tu as un peu inversé tes chiffres ;-)
      http://www.education.gouv.fr/cid57111/l-education-nationale-en-chiffres.html#Les%20grands%20chiffres

      • [^] # Re: le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

        Posté par  . Évalué à 7.

        Tout à fait d'accord avec le commentaire précèdent. L'idée n'est peut-être pas de remplacer microsoft par cannonical ou red-hat mais susciter la création d'entreprises locales. D'ailleurs des entreprises françaises existent déjà et ne demandent qu'a se développer. La multinationale du bâtiment ( qui investit aussi dans l'audiovisuel) n'a pas vocation à construire tous les lycées et collèges de France.

        • [^] # Re: le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

          Oui c'est exactement ça.

          Lors des débats sur l'amendement "priorité au libre" dans le projet de loi refondation de l'École, Isabelle Attard avait fait une très bonne intervention en séance pour défendre ce texte.

          Elle avait simplement dit que traiter sur un pied d'égalité libre et propriétaire n'était plus tenable. Parler de neutralité dans ce contexte est un doux sophisme. Etre neutre, c'est privilégier le privateur. Les lobbyistes l'ont bien compris, ce sont les premiers à défendre cette pseudo équité qui leur convient tout à fait…

          C'est à l'État d'impulser une politique volontariste pour juste rétablir l'équité et, oui, favoriser l'emploi local, la maîtrise des ses technologies…etc.

      • [^] # Re: le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

        Posté par  . Évalué à 6.

        Me femme étant professeur des écoles, je constate que les documents envoyés depuis l'académie par mail sont souvent au formats ODT. C'est déjà une bonne avancée.

    • [^] # Re: le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

      Posté par  . Évalué à 5.

      Je suis prof dans l'éduc depuis plus de 10 ans, et je suis assez d'accord
      Quand je discute avec mes collègues, peu connaissent des alternatives libres à leurs outils informatiques (lorsqu'elles existent). Par contre, les éditeurs proposent des formations gratuites, des versions à prix cassé, et sont présents sur le terrain.

      • [^] # Re: le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

        Posté par  . Évalué à 7.

        J'ai été formateur greta dans un lycée pro. l'informatique sous windows était un vraie friche. J'ai pas vu où était le support de microsoft à part la vente de licences. Des machines sans suivi avec des softs piratés, des versions d'office anciennes posant problème avec la nouvelle version du nouvel ordi qui vient d'être acheté. J'étais au début de mon apprentissage des LL. On est venu pour me demander de débloquer une machine XP dont plus personne ne connaissait le mot de passe.
        Conclusion: les besoins sont surtout au niveau des compétences internes. Le logiciel libre est pour moi la solution la plus pérenne en la matière.

      • [^] # Re: le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

        Posté par  . Évalué à 9.

        les éditeurs proposent des formations gratuites, des versions à prix cassé, et sont présents sur le terrain

        mouais… pas convaincu par l'ampleur de ce que tu dénonces.

        Quelques faits de ce genre que je connais (mais je suis près a écouter tes exemples) :

        • l'offre Microsoft office pour enseignants. Gratuit puis 8 €, puis… pas encore. L'argument de la première dose gratuite commence à être compris par les collèges
        • mon collège a acheté des TBI, la boîte qui a vendu le matos proposait une formation gratuite (de merde, mais c'est une autre histoire), effectivement. Oui mais on a acheté du matériel pour le matériel, pas pour la formation.
        • le CDI utilise BCDI (là aussi il y a mieux en libre mais c'est une autre histoire). Il y a effectivement un support payant pour ce bidule. L'achat de ce support correspond bien à une prestation. Et perso je suis bien content que le collège paye pour un travail que je n'ai pas a faire à l'œil.

        Par contre, ce qui est plus gênant, c'est quand les profs de techno demandent des ordis puissant et cher pour faire tourner un soft propriétaire payant de modélisation 3D (solidworks) et que en cours les élèves se contentent de faire tourner un petit assemblage de deux ou trois cubes empilés. Sans être spécialiste en 3D, je sens que le soft est sous-utilisé et je présume qu'en libre, on peut faire aussi. Particularité locale : les profs de techno sont à peu près aussi nuls en info qu'en pédagogie (et il est rare que je formule ce genre de critiques sur des collègues)

        Gênant aussi, les collègues qui distribuent des documents au format doc et refusent de comprendre qu'en pdf par exemple ça serait mieux

        Vécu aussi : je propose une solution libre (et gratuite) et ma patronne me demande si payant ce n'est pas mieux. Je n'ai peut-être pas été très fin en lui disant que je ne m'en occuperai pas, mais c'est passé ;-)

        De mon point de vue le problème se situe plutôt du côté des profs que des éditeurs qui, pour le moment, n'ont pas besoin de beaucoup se fatiguer.

        • [^] # Re: le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

          Posté par  . Évalué à 3.

          De la même manière, il faut que les profs comprennent que le fait d'avoir UN cd d'office 20xx dans le collège avec UNE licence, ne permet pas de le mettre sur l'ordinateur de Mme Michu prof. de XXX qui en a besoin pour son fils.

          Je pense que les profs sont à sensibiliser pour que le libre ait une chance dans nos établissements. Alors à nous de «vendre» les bienfaits du libre.

        • [^] # Commentaire supprimé

          Posté par  . Évalué à -7.

          Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.

          • [^] # Re: le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

            Posté par  . Évalué à 10.

            l'exemple parfait : apprendre à utiliser UN logiciel à l'école et être incapable de faire tourner ne serait-ce que que la version précédente en entreprise. C'est ce que j'appelle la formation F1.

            Ca marche si on apprends exactement le même logiciel.

            Ce n'est PAS DU TOUT l'objectif de l'école (formation initiale) mais complètement celui de la formation professionnelle continue qui sert à adapter une capacité à apprendre à un contexte particulier. A l'école on est censé apprendre des concepts, des modèles de pensée, ensuite en entreprise (et avec la formation continue) on apprend à appliquer ces concepts aux cas particuliers.

            Mais ce n'est que mon opinion.

            • [^] # Commentaire supprimé

              Posté par  . Évalué à 1.

              Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.

              • [^] # Re: le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

                Posté par  . Évalué à 9.

                Tu veux dire que le jour où on te met une V6 entre les mains au bout de 20 minutes tu vas pleurer, convulser, puis aller pointer à l'ANPE pour le restant de tes jours ?

                Ou alors tu vas prendre le temps qu'il faut pour suivre la même démarche qu'on t'a appris pour te servir de la V5. Ca risque de prendre un poil plus de 20 min voir même de bouffer de la doc cela dit…

                Franchement je m'étonne que le taux de chomage ne soit pas plus élévé quand tu vois les équipes de bras cassés où dès que tu les sors de routine et leur zone de confort restent plantés sans capacité de remise en cause ou d'évolution.

                Si les profs de techno doivent absolument former à la bonne version de Catia sous peine de compromettre le futur de leur élève on est mal barré :p

                • [^] # Commentaire supprimé

                  Posté par  . Évalué à 4.

                  Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.

                  • [^] # Re: le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

                    Posté par  . Évalué à 2.

                    tu en reviens aux profs de techno.

                    C'etait le sujet initial…

                    et on me sort des inepties sur le refus d'évoluer et le confort,

                    Quelles inepties ? Tu bases tout ton semblant d'affirmation sur: "Alors que j'étais capable de dessiner des pièces, de les assembler et de simuler des mouvements avec la V5 assez facilement, j'ai arrêté de "faire mumuse" avec la V4 au bout de 20min, n'ayant pas réussi à faire quoi que ce soit.".

                    Ok donc par ce que tu as pas reussi a utiliser un outil dont tu n'avais pas besoin en 20min il faut absolument former les gens a un outil particulier ?

                    alors que la question initiale était de la pertinence d'utiliser ces logiciels au lieu et place de logiciels libres, et au passage,

                    Non ce que tu dis c'est qu'il faut absolument utiliser le bon logiciel autrement les gens n'arriveront jamais a rien et ne trouveront jamais de metier. Tu insistes lourdement que c'est un point important.

                    Maintenant dans la vraie vie, des changements de concepts ou d'outil tu en fais tous les mois… Y'a un probleme quelque part non ?

                    • [^] # Commentaire supprimé

                      Posté par  . Évalué à 1.

                      Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.

          • [^] # Re: le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

            Posté par  . Évalué à 8.

            Le problème est plus complexe que cela. L'objectif, pour les élèves ne consiste pas seulement à faire tourner un assemblage de cubes, mais est aussi de leur apprendre l'utilisation d'un logiciel très utilisé dans le monde de l'entreprise.

            C'est un peu de la foutaise honnêtement. Si on parle de lycées autres que professionnels, ils n'ont par définition pas de vocation à former de futurs techniciens. En France, en lycée techno, tu vas normalement évoluer vers un BTS (ou un CAP). En lycée général, ce sera la fac (générale ou IUT), l’école d’ingénieur/de commerce, ou éventuellement le BTS.

            Lorsque j’étais au lycée il y a maintenant un peu beaucoup longtemps, j'étais en tronc commun technologie industrielle (aujourd'hui appelé sciences de l'ingénieur). Nous utilisions AutoCAD (sous DOS, v8 ou 9 je crois), histoire de comprendre comment fonctionnait un logiciel de DAO. Par contre, nous étions déjà bien "en retard" question version, puisque AutoCAD 13 ou 14 (pour Windows 9x/NT) était sorti. Parce que l'important c'est de comprendre les principes des logiciels de DAO, pas de nous former sur les versions disponibles en entreprise (de la même façon qu'apprendre les bases d'un logiciel de traitement de texte se fait aussi bien avec OpenOffice 2.x, LibreOffice 3.y, ou MS Word 2003, 2007, ou 2010…).

            Pour SolidWorks, j'ai été l'un des premiers utilisateurs de mon lycée (qui venait d'acheter une licence—une seule, sur un PC unique). A l'époque, il n'y avait absolument aucun logiciel libre pour faire la même chose—que ce soit pour la DAO ou la CAO [1]. Par contre je suis certain qu'ils ne mettaient pas à jour leurs versions des qu'une nouvelle était dispo—pas de raison de le faire dans un cadre pédagogique, et puis une licence, ça coûte des sous.

            Bref, si tu as besoin d'un outil et qu'il n'est pas disponible pour ta plate-forme, alors bien entendu utiliser du proprio n'est pas débile. Mais il ne faut pas justifier l'utilisation d'un soft propriétaire au lycée ou au collège sous prétexte que c'est ce qui est utilisé en entreprise.

            [1]je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre, occupes qu'ils étaient à courir dans la cour de récré en maternelle ou primaire… [2]
            [2] Même maintenant je ne suis pas certain qu'il y ait beaucoup de softs au même niveau que SolidWorks en termes de fonctionnalités / ergonomie

            • [^] # Commentaire supprimé

              Posté par  . Évalué à 3. Dernière modification le 11 novembre 2013 à 19:00.

              Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.

              • [^] # Re: le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

                Posté par  . Évalué à 5.

                Je m'étais un peu douté lorsque tu as mentionné Catia. :-) Malgré tout, tu répondais à un post qui, lui, parlait des « profs de techno ».

                Ensuite, même avec les histoires de différence Catia v4/v5, je pense qu'il y a un souci : soit tu as bien compris les concepts derrière Catia, et dans ce cas, quelqu'un devrait passer un à deux jours pour te former sur la différence entre les deux versions (ou en tout cas, tu devrais avoir une liste de questions sur « comment faire ceci ou cela », et un collègue devrait te répondre); soit tu n'as pas compris, et dans ce cas-là, v4 ou v5, ça ne change pas grand chose : tu auras d'autres difficultés à surmonter entre temps.

                J'ai bien conscience qu'être efficace dès le « jour 1 » avec le logiciel utilisé dans une boite est un plus. Pour autant, si la boite ne peut pas consacrer deux jours à un ingénieur junior (dont on sait qu'il ne sera de toute manière pas réellement productif avant un à deux mois de toutes façon), disons une demi-journée/une journée avec un ingé qui sait déjà comment ça marche, et une autre journée pour s'auto-former et s'adapter à une version différente), y'a baleine sous gravillon.

                • [^] # Commentaire supprimé

                  Posté par  . Évalué à 1.

                  Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.

                  • [^] # Re: le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

                    Posté par  . Évalué à 3.

                    Et bien maintenant tu sais : même en lycée généraliste, on utilise des outils de DAO/CAO pour la filière Sciences de l'Ingénieur. :-) En gros, si tu choisis SI en tronc commun de 1è/Terminale scientifique, tu laisses tomber les SVT, et tu as 4 heures de mécanique et 4 heures d'électronique à la place (1h de cours magistral de chaque, et 3h de TP de chaque). J'ai fait du dessin industriel depuis ma seconde (j'avais pris une option « techno » en 2nde : TSA, Techniques des Systèmes Automatisés), et avoir un soft de type SolidWorks pour mieux visualiser ce qu'on apprend en théorie (on ne fait que de la méca statique, mais malgré tout, ça reste rigolo de pouvoir voir les forces à l'œuvre sur nos études de cas), c'est jamais gâché.

                    À noter que le tronc commun SI est une spécialité en soi (coeff 9 au bac divisé en coeff 6 à l'écrit, et un TP noté de 4h, coeff 3), mais qu'on a aussi le droit de passer une spécialité en plus (physique-chimie ou maths). Et si savoir utiliser AutoCAD/SolidWorks c'est cool, ça n'a absolument aucune espèce d'impact à l'écrit ou pendant les TP, puisque tout se fait au stylo/crayon/gomme — l'horreur pour moi, qui est plutôt du genre bordélique, avec des traits qui dépassent tout le temps, des traces de gomme…

                    • [^] # Commentaire supprimé

                      Posté par  . Évalué à 3.

                      Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.

        • [^] # Re: le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

          Posté par  . Évalué à 1.

          pour faire tourner un soft propriétaire payant de modélisation 3D (solidworks) et que en cours les élèves se contentent de faire tourner un petit assemblage de deux ou trois cubes empilés

          En l'occurrence, SolidWorks n'est pas vraiment capable de faire autre chose que faire tourner un petit assemblage de deux ou trois cubes empilés
          Le logiciel est une fumisterie

      • [^] # Re: le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

        Exactement (je suis prof aussi depuis plus de 10 ans).

        En plus il y a une sorte de cercle vicieux dans lequel certains s'enferment.

        Les formations sont dispensées par des formateurs qui font leur veille sur des sites comme le café pédagogique (soutenu par Microsoft éducation ceux qui invitent les Inspecteurs Généraux), RSLN ou dans des événements "pro" où finalement rares sont les éditeurs de solutions libres qui ont les moyens de louer un emplacement. Bien sûr il y a (heureusement) des exceptions.

        Ils ne voient qu'une partie de l'informatique éducative et pensent que c'est la seule existante. D'ailleurs sur l'exemple du café pédagogique, faite une recherche "logiciels libres", "Arduino", "Raspberry" ou "GNU/Linux" dans leur moteur par défaut qui est Bing.

        D'où l'importance de se mobiliser, de se faire connaître par tous les moyens. J'ai des collègues qui sont dans un monde parallèle pour qui un fichier est Word, une tablette est un iPad… Certes mais plus grave, on risque de perdre notre souveraineté, notre autonomie pédagogique si on s'enferme dans ces écosystèmes privateurs et fermés.

        Si les enjeux du libre pour l'éducation vous intéressent, rejoignez-nous sur la liste éducation de l'April : http://listes.april.org/wws/info/educ

        • [^] # Re: le libre à l'école, oui, mais par quel biais ?

          Posté par  . Évalué à 2.

          D'ailleurs sur l'exemple du café pédagogique, faite une recherche "logiciels libres", "Arduino", "Raspberry" ou "GNU/Linux" dans leur moteur par défaut qui est Bing.

          dans le même jus, François Jarraud a fait une sortie délirante récemment pour condamner les pratiques dites de «classe inversée» (qui pour beaucoup, c'est à dire très peu malgré tout, ne sont que des expérimentations). J'ai cru le relire il y a quelques années quand il déconseillait l'usage de wikipedia.

          (ps : les deux sont à manipuler avec précaution, tout comme les manuels)

  • # la France leader mondial du logiciel libre ? Comment ça ?

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à -1.

    .

  • # Former c'est apprendre à connaître

    Posté par  . Évalué à 10.

    Bonjour,
    je suis enseignant et je baigne dans le libre depuis quelques années. Mais il faut avouer que ce plaisir de naviguer dans les flots du libre (certes un peu tourmenté parfois) m'est venu petit à petit. La découverte et le test de logiciels libres qui en remplacent d'autres (open office par exemple ou GIMP) puis le test d'une distribution, puis d'une autre …
    Cela m'a été possible parce que j'apprécie l'informatique et que je suis prêt à y passer du temps.
    Je rêve d'une école qui montre les possibles. Je ne dis pas qu'il faut imposer le libre (bien que j'aimerai le faire), mais il est important au moins de montrer que cela existe. C'est là aussi une des missions de l'enseignement : ouvrir l'horizon de nos élèves. Mais combien de nos "chefs" (principaux, IG ou recteur) sont ils formés ou sensibilisés à cette culture du libre ? En voient ils l'importance ? Peuvent ils en évaluer les tenants et les aboutissants si ils ne l'ont jamais rencontrée ?
    Mais il est vrai qu'on se heurte souvent aux services informatiques qui gèrent le matériel et/ou les logiciels mis en place.
    Un exemple que je connais bien : le territoire de Wallis-et-Futuna (oui je suis un peu loin ;-) ). Et bien ici la plupart des postes (tous ?) ne possèdent pas les licences pour les logiciels installés. Et quand on en fait la remarque, les réponses sont souvent "mais c'est loin ici, Microsoft ne viendra jamais" "tout le monde le fait" "on ne peut pas faire autrement". Quel exemple donne-t-on quand le lieu où est censé apprendre montre qu'on peut utiliser des logiciels pirate "sans trop de problème" ?
    Alors certes Window$ est bien implanté, mais on peut (et c'est le cas dans le collège de Lano, où je sévis j'officie actuellement) utiliser le libre sur tous les postes sans soucis majeurs. Sauf quand un formateur du GRETA vient utiliser la salle et demande à ce qu'on installer la suite Microsoft Office en précisant "j'ai un logiciel pour avoir une clef d'installation, pas de problème". Mais bien sûr =)

    Il faudrait faire changer les mentalités, mais si on ne montre pas d'autres possibilités que les logiciels privatifs c'est n'est pas envisageable. Microsoft (ou autres) l'ont bien compris.

  • # Conférence de François ELIE

    Posté par  . Évalué à 9.

    J'ai changé d'avis sur l'importance de mettre du logiciel libre à l'école en regardant la conférence de François ELIE, qui enseigne la philosophie pour manger.

    Quelle école pour la société de l'information ?

    Pour ceux qui n'auraient pas 40 minutes à investir dedans, le problème n'est pas l'utilisation de logiciel libre ou non. Le problème est la façon dont on transmet le savoir dans le domaine des nouvelles technologies.

    The capacity of the human mind for swallowing nonsense and spewing it forth in violent and repressive action has never yet been plumbed. -- Robert A. Heinlein

    • [^] # Re: Conférence de François ELIE

      Posté par  . Évalué à 3.

      Merci j'étais complètement passé à côté de cette conf.

      Et pour ceux qui préfère lire qu'écouter, en voilà le : transcript chez FramaBlog

    • [^] # Commentaire supprimé

      Posté par  . Évalué à 10. Dernière modification le 11 novembre 2013 à 13:27.

      Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.

      • [^] # Re: Conférence de François ELIE

        Posté par  . Évalué à 3.

        Résumé : F. Elie pense que ce qu'il faut enseigner, c'est la science (et non pas la technologie ou l' usage)

        Je pense que c'est évoqué dans le communiqué par ce point :

        • un véritable enseignement de la science informatique ;

        où ils insistent bien sur le terme « _science_ informatique ».

    • [^] # Re: Conférence de François ELIE

      Posté par  . Évalué à 2. Dernière modification le 12 novembre 2013 à 18:27.

      Le problème qu’il soulève est bien plus général que celui du logiciel libre. C’est à peine abordé à la fin. Ce qui m’inquiète dans les techo. numériques à l’école c’est la dépossession des enseignants de leur propre métier : il y aurait des producteurs de contenus pédagogiques d’un côté, et les enseignants de l’autre, chargés seulement de l’exécution d’un outil qui restituera le contenu et qu’ils maîtriseront peu et mal. À l’heure actuelle les enseignants ont une grande liberté dans l’enseignement (je suis pas prof., mais je pense que les enseignants qui se sont déclarés pourront, s’il y a besoin, spécifier leur liberté d’action et leurs contraintes), et cela est possible parce qu’ils maîtrisent leurs outils (tableau, manuel, etc.) et sont capables de produire des contenus (exercices ad-hoc, cours magistraux sans support, etc.) lorsque ceux qu’ils ont à disposition ne leur conviennent pas.

      Ce risque là existe aussi avec le logiciel libre.

      Quant aux sciences de l’informatique, je n’en ai reçu qu’un enseignement mathématique (algo.&analyse numérique). Du coup je me demande bien en quoi ce serait une branche scientifique distincte…

  • # Éduquer d'abord les décideurs

    Posté par  . Évalué à 10. Dernière modification le 11 novembre 2013 à 12:14.

    Lors d'une install-party à Metz, on allait coller des affiches dans les collèges et Lycées. Au lycée Robert SCHUMANN, l'intendant nous a demandé si on était une secte (si, si, c'est vrai) et qu'il ne pouvait pas autoriser l'affichage sans vérifier avant si ce n'était pas une secte qui collait une affiche. On lui a expliqué ce qu'était le logiciel libre et une install-party mais il est resté méfiant, on a bien senti qu'il était très important et valorisant pour son poste de défendre par tous les moyens le lycée contre les sectes et les terroristes (il avait dû suivre un cours de lobotomisation des RG la semaine précédente). On lui a laissé l'affiche, je suppose qu'elle n'a jamais été collée. Quand on est face à cette bêtise et à cette misère intellectuelle, on a peur pour nos enfants !

    • [^] # Commentaire supprimé

      Posté par  . Évalué à 2.

      Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.

    • [^] # Re: Éduquer d'abord les décideurs

      Posté par  . Évalué à 0.

      tu avais une grosse barbe ? et tu n'etais pas lavé ?

      ayant vecu a Metz et fais mes etudes la bas, a l'époque Robert schumann avait la réputation d'être une usine à éléve, plutot mauvaise. Ca a peut etre changé :)

      j'imagine que l'intendant est aussi bon que ses eleves :D.

      • [^] # Re: Éduquer d'abord les décideurs

        Posté par  . Évalué à 0.

        Non, ça n'a pas changé. Mais l'intendant a depuis changé (c'était il y a plus de dix ans).

      • [^] # Re: Éduquer d'abord les décideurs

        Posté par  . Évalué à 1.

        tu avais une grosse barbe ? et tu n'etais pas lavé ?

        Oui et des lunettes avec des gros verres épais. C'est vrai qu'on aurait dû mettre un costume et une cravate pour ne pas être confondus avec des membres de l'Église des Saints des Derniers Jours.

  • # Commentaire supprimé

    Posté par  . Évalué à -1. Dernière modification le 11 novembre 2013 à 12:33.

    Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.

  • # Vive la France !

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9.

    Ce qui m'étonnes le plus c'est la capacité qu'ont nos instances gouvernementales à être autiste.
    En France si je me souviens bien, il y aura bientôt 37000 postes sous Linux, et je suppose toute l'infra structure pour gérer le tout, formations, mise a jours, méthodologie de déploiement etc …

    Bref, c'est pas rien tout de même, plusieurs dizaines de milliers de postes, en plus, ces gendarmes se permettent de dire haut et fort l'économie que cela représente.

    J'ai beaucoup de mal a comprendre pourquoi le mammouth ne s'y intéresse pas. C'est sur que le casse croute du gendarme doit être moins attractif que la cafet' chez M$.

    Cela me fait penser aux programmes scolaires, il y a 10 ans, quand ma fille était en primaire j'avais été plus que surpris de voir que les nouveaux (oui les nouveaux !!) manuels scolaires étaient en Franc, l'année de passage à l'euro.

    Eh oui c'est ça la France, et pour être tout à fait bête et méchant je vais citer Coluche pour illustrer nos grosses têtes qui décident de l'avenir de nos enfants :

    Ces personnes qui sont sensé diffuser du savoir et de l'intelligence n'ont même pas un échantillon sur eux.

    heureusement, il existe encore quelques profs et instits qui ont vraiment la foi, pour eux … respect, cela doit pas être drôle tout les jours.

    • [^] # Re: Vive la France !

      Posté par  . Évalué à 2.

      Ces personnes qui sont sensé diffuser du savoir et de l'intelligence n'ont même pas un échantillon sur eux.

      « Censées » /o\

      • [^] # Commentaire supprimé

        Posté par  . Évalué à -3.

        Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.

        • [^] # Re: Vive la France !

          Posté par  . Évalué à 9.

          Non. C'était dit avec légèreté mais c'est bien « censées », avec un C, que l'on attend ici.

          → Censé : dont on attend quelque chose de précis (et qui n'est pas toujours au rendez-vous) ;
          → Sensé : qui a du sens (par exemple : « des propos sensés »).

          Qu'on fasse la faute, ce n'est pas bien grave, elle est extrêmement courante. Mais aller corriger une seconde fois un post pour la RÉTABLIR, cela nécessite de s'y pencher.

  • # Logiciels libres et enseignement de l'informatique

    Posté par  . Évalué à 10.

    Je profite un peu de cette nouvelle négative pour rappeler qu'il s'est passé quelque chose de très positif pour l'informatique dans l'enseignement (en France) : la création d'une nouvelle matière dans les classes préparatoires scientifiques, l'informatique commune.

    Pour la partie algorithmique, le langage poussé par le programme est python ; pour la partie calcul scientifique, le choix est entre python (avec numpy+scipy) et scilab. Bref, que du logiciel libre ; et c'est délibéré!

    J'ai commencé à l'enseigner cette année, et c'est un changement bienvenu quand on compare aux colles en maple…

    • [^] # Re: Logiciels libres et enseignement de l'informatique

      Posté par  . Évalué à 3.

      Ce seront les professeurs de maths (qui faisaient les TD de Maple) qui feront l'enseignement ? Si oui, sont-ils "au niveau" ? De ce que j'en avais vu, beaucoup ne connaissaient qu'assez peu l'informatique au sens algorithmique et programmation, et leur usage d'un PC se limitait aux à un tableur pour les notes et l'utilisation de Maple pour les TD.

    • [^] # Re: Logiciels libres et enseignement de l'informatique

      Posté par  . Évalué à 1.

      J’ai du mal à comprendre cet engouement pour Python dans l’apprentissage d’un langage informatique. C’est un langage qui donne l’illusion d’être simple, mais qui est en réalité assez complexe.

      Ne serait-ce qu’avec le passage par valeur ou par référence. Les pointeurs c’est déjà l’horreur à enseigner en C, avec Python c’est même pas la peine parce que tout se fait sous le capot. On peut ajouter : le typage dynamique (les math sup/spé vont bien rigoler et j’imagine d’ici la tête des profs quand ils vont devoir justifier ça), sans compilation les erreurs de débutants ou fautes de frappe sont plus chiantes à corriger, etc.

      • [^] # Re: Logiciels libres et enseignement de l'informatique

        Posté par  . Évalué à 7.

        Je ne suis pas d'accord. Des générations entières de futurs informaticiens ont appris la programmation grâce à BASIC. Je vois deux façons d'apprendre à programmer :

        1. Soit tu commences vraiment tout en bas, façon Programming from the Ground Up, où on commence par l'assembleur, et quelque part on apprend un peu façon « physique/électronique ». Je trouve la démarche intéressante (c'est plus ou moins comme ça que j'ai commencé), et ça a l'avantage que, si la méthode fonctionne avec celui qui la reçoit, comprendre le concept de pointeur est souvent extrêmement aisé.
        2. Soit on commence façon « top-down », et donc avec un aspect plus abstrait et mathématique. Dans ce cas, l'important est l'expression d'algorithmes, ce que permet Python facilement. Il ne faut pas oublier qui est visé : un étudiant qui ne connaît sans doute pas grand chose à l'informatique, et qui se fout un peu de la performance — l'important est l'apprentissage.

        En pratique, durant mes études j'ai alterné entre les deux méthodes, et ça m'a plutôt pas trop mal réussi.

        • [^] # Re: Logiciels libres et enseignement de l'informatique

          Posté par  . Évalué à 2.

          Pas convaincu. Pour moi, il s’agit, dans ce que vous dites, plutôt de distinguer l’enseignement pratique, c’est-à-dire un ou des langages ainsi que leur paradigme, de la théorie, plus abstraite.

          J’ai appris la théorie sur support papier et stylo et il n’y a pas besoin de programmation à ce stade là. C’est la méthode prépa. et je reconnais que c’est assez particulier. À la limite, pour des TPs, n’importe quel langage aurait pu convenir, vu que la difficulté ici n’est pas dans l’implémentation.

          Et pour la pratique, sans aller jusqu’à apprendre l’assembleur, le passage obligé est bien de savoir comment on représente les données : par exemple savoir ce qu’est la représentation binaire des nombres, entiers et flottants. Même là, ça se fait surtout sur papier (parce qu’en fait c’est du domaine théorique).

          Ensuite seulement j’ai attaqué la programmation et l’apprentissage d’un langage dans ma formation. Et à ce titre là, un langage bas-niveau me parait plus simple à apprendre. Là où chez Python, ces histoires de variables qui sont modifiées ou pas en fonction de leur type implicite, j’ai bien peur que cela sonne comme du voudou à l’oreille de la plupart des débutants. Les pointeurs, tout ça, c’est complexe, mais au moins ça a une certaine logique et le professeur peut l’expliquer. Si vous ne passez pas par cette explication, cela sera une leçon totalement arbitraire : les élèves devront apprendre par cœur les types qui sont passés par valeur, et ceux qui le sont par référence (et j’avoue m’embrouiller moi-même).

          Oh et puis zut ! De tout façon, j’ai trouvé l’argument imparable contre l’enseignement de Python (3) aujourd’hui en codant. La division des entiers qui n’est pas la division euclidienne, contrairement à tous les usages en informatique. Na ! :p

  • # Paradoxe

    Posté par  . Évalué à 10.

    Enseignants l'info en BTS IRIS depuis quelques temps, nous utilisons linux et logiciels libres depuis longtemps que ce soit pour nos serveurs (publics compris), les stations de travail et nos portables persos.
    Une grosse majorité de nos collègues utilisent encore windows mais ne sont pas insensibles à nos arguments pour basculer dans le libre, c'est un long travail et il faut les accompagner. En revanche il n'y a aucune formation officielle (sous-entendu organisée par le rectorat) sur les logiciels libres, c'est donc qu'au niveau de l'établissement ( avec les moyens dont il dispose … ) que cela peut se faire.
    Des actions locales sont menées, comme l'organisation d'installParty (la prochaine est prévue au mois de février 2014 :p), des formations, des partenariats avec des fablabs-entreprises-assos etc.

    L'informatique n'est pas considérée comme une discipline à part entière, elle est soit rattachée aux maths, à l'électronique ou à la gestion. Nos décideurs (inspecteurs) sont issus de ces spécialités et n'ont aucune compétences dans le domaine, les lobbys l'ont bien compris.

    Quand on lit ceci on a de quoi être découragé!

  • # modeste témoignage

    Posté par  . Évalué à 10.

    De mon point de vue (enseignant EN + personne ressource TIC + administrateur du réseau):
    L'éducation nationale ne centralise pas grand chose en terme de déploiement matériel et logiciel. Chacun fait avec ses moyens (financiers, humains) aussi bien au niveau des établissements que des rectorats. Il en résulte une grande hétérogénéité. Quelques conséquences:

    *L'état paie fort cher (c'est dans le budget de chaque établissement….) les logiciels de gestion des notes/bulletins/emplois du temps/cahiers de texte….
    Et ceux-ci ont tendance à se déplacer vers les nuages….
    Les chefs d'établissement doivent ensuite envoyer toutes sortes de statistiques aux rectorats, qui n'auraient pas à les demander si ils hébergeaient leurs propres solutions logicielles…..
    Dernier en date à ma connaissance: la correction des copies de bac en ligne. J'en ignore le coût mais je crois avoir compris que c'est pas donné…

    *Des solutions logicielles libres émergent sous l'impulsion de quelques individus motivés (je pense à Sambaedu que j'administre au quotidien), mais personne n'a les moyens, ou la volonté de donner une impulsion à l'échelle nationale.
    En rapport avec la masse des utilisateurs, on pourrait attendre de ces solutions logicielles un niveau de support supérieur.
    En effet, au quotidien, c'est la débrouille avec peu de temps (3h de décharge sur mes 18h de cours par semaine, et je suis bien loti!) peu de connaissance (je n'ai jamais eu de formation d'administrateur digne de ce nom, et aucune ne m'est accessible au plan de formation) et une mailing-list pour crier à l'aide quand le serveur plante.

    *Les petits soldats du libre sont souvent assez isolés dans leur établissement, et doivent déployer leurs talents de pédagogues envers leurs collègues: ces derniers ne comprennent pas pourquoi on ne déploie pas word/powerpoint/photoshop/etc sur les postes. Respectueux des licences logicielles, on a bien souvent (mais pas pour les meilleures raison…) le gestionnaire comme allié.
    Quelques collègues deviennent hostiles (une minorité bien heureusement!), d'autres obséquieux (qui est là pour dévéroler le windows, récupérer les données du disque dur planté, devinez?)

    Bref, "l'école du numérique", j'attend de voir si ce verbiage s'incarne quelque part…..

    • [^] # Re: modeste témoignage

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

      L'état paie fort cher (c'est dans le budget de chaque établissement….) les logiciels de gestion des notes/bulletins/emplois du temps/cahiers de texte….
      Et ceux-ci ont tendance à se déplacer vers les nuages….

      Ça me fait penser au reportage TV sur le projet de loi de finances 2014 que j'ai vu ou l'assistante parlementaire gérait le planning de son député sur le calendrier d'iCloud. Je me suis dis que la NSA devait pas avoir trop de problèmes pour espionner nos politiques …

      C'est un peu hors sujet en fait, désolé.

      • [^] # Re: modeste témoignage

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

        C'est un peu hors sujet en fait, désolé.

        Pas tant que ça. On en revient à une question de formation et de service.

        Python 3 - Apprendre à programmer dans l'écosystème Python → https://www.dunod.com/EAN/9782100809141

  • # pronote

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

    Personne a encore chier sur Pronote ?

    Perso, je m'en frappe tous les jours et c'est pas la joie, ça ressemble au pire de word, excell et W-manager réunit.
    Un régal.

    D'ailleurs impossible d'avoir des postes sous Linux dans mon collège…

    La réalité, c'est ce qui continue d'exister quand on cesse d'y croire - Philip K. Dick

    • [^] # Re: pronote

      Posté par  . Évalué à 4.

      oui je pensais à pronote…

      Avec son interface médiocre pour saisir le cahier de texte.
      Qu'à cela ne tienne: je leur ai écrit (sous couvert de ma hiérarchie), pour leur expliquer qu'on devrait avoir le choix d'écrire en latex, et qu'ils n'auraient pas de mal à inclure un compilo dans leur usine à gaz.
      D'autant qu'une lecture attentive du BO (du 14/09/2009) qui m'oblige à écrire un cahier de texte numérique, les oblige eux à "s'intégrer à mes pratiques": Latex bien sûr!
      C'était en 2010.
      Il m'ont répondu. Qu'ils allaient voir pour la version 2011.
      On en est à la version 2013 et je ne vois rien poindre à l'horizon……

      Tu veux des postes sous linux? Pas dur. Fais comme moi: deviens responsable du réseau et avance tes pions…

      • [^] # Re: pronote

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

        Qu'à cela ne tienne: je leur ai écrit (sous couvert de ma hiérarchie), pour leur expliquer qu'on devrait avoir le choix d'écrire en latex, et qu'ils n'auraient pas de mal à inclure un compilo dans leur usine à gaz.

        Ils ont du te prendre pour un intégriste fondamentaliste ou un sado-maso détraqué …

        Il m'ont répondu. Qu'ils allaient voir pour la version 2011.

        Il a l'air complètement taré l'autre, on va jouer profil bas …

        • [^] # Re: pronote

          Posté par  . Évalué à 1.

          On peut se poser des questions sur leurs réactions, effectivement.
          En attendant, je n'utilise pas leur truc, et je m'estime dans mon bon droit: j'attends que leur machin s'intègre à mes pratiques….

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