Journal La carte Navigo - quand Big Brother part à la rencontre de Kafka

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26
23
juin
2013

Sommaire

Cher journal, j’avais décidé de faire une pause pour analyser tranquillement quelquechose qui m’avait marqué dans les réactions à mes deux précédents journaux, mais une petite mésaventure qui vient de m’arriver me pousse à reprendre la plume et profiter de l’espace de liberté que tu m’accordes pour pousser un petit coup de geule.

Ma mésaventure avec Navigo

Pour mes lecteurs qui auraient l’idée saugrenue de ne pas habiter près de Paris, Navigo c’est, comme le précise le site officiel « depuis 2001 la solution mobilité des voyageurs en Ile-de-France ». A son lancement je me rappelle de certaines discussions sur ce site imaginant - mais sans doute étions nous paranoïaques - certaines pratiques que l’on pouvait faire avec un tel système. Le temps a passé, il n’y a pas eu de scandale dont je me souvienne qui vienne confirmer nos soupçons d’alors, en plus nous mêmes utilisions dans nos sites google analytics pour grosso modo les mêmes raisons légitimes que la RATP et la SNCF avançaient (connaître les usages réels des réseaux de transports pour pouvoir ajuster l’offre au mieux), et surtout Navigo s’est avéré effectivement bien pratique au quotidien.

Et là il y a quelques jours je perds mon pass navigo sur lequel j’avais appris à me reposer pendant toutes ces années. Comme il me reste un peu de liquide sur moi, je vais au guichet pour acheter ces pénibles carnets de timbre ; pour les parisiens qui se content de tickets T+, ça va encore, mais les banlieusards doivent jongler avec plusieurs carnets de transport, ça plus le fait que ça se salit, se perd ou se démagnétise facilement, c’est la glaère. Au moment où j’allais payer, la femme au guichet me rappelle gentiment qu’on peut remplacer et recevoir sur le champ son pass navigo perdu à la caisse « informations » juste à côté. Submergé de bonheur et de reconnaissance, je change donc de caisse pour récupérer une nouvelle version de ce précieux pass. Hélas la caissière là bas m’avise du fait que j’aurais besoin d’un papier d’identité (chic j’ai encore mon passeport) mais aussi de 8€ qui ne peuvent être payés que par carte bancaire. Là je suis d’abord un peu confus d’avouer que je l’ai perdu en même temps que mon pass navigo, puis interloqué car nous sommes quand même un certain nomre en île de France et je ne crois pas être le premier à avoir perdu tout mon portefeuille d’un coup, n’ont-ils pas pu prévoir le coup depuis 12 ans ?

Je rentre donc à pied là où je devais aller ; sur le chemin je croise une station de métro plus grosse que les autres, et où je me rappelle qu’il y avait également une « agence navigo ». À tout hasard je tente le coup. Coup de chance, cette fois il y a un automate plus moderne qui me sauve la mise : il n’y a qu’à, me montre-t’on, choisir une option bien cachée dans un sous-menu répondant au doux nom de « navigo PE-VO » (perte-vol me précise-t’on), on peut payer en liquide et obtenir une contre-marque indiquant que j’ai bien payé les 8€. Je reviens vers la caisse soulagé, et là le coup de grâce : la caissière me dit qu’elle ne trouve pas mon nom dans sa base de données. Gautami ? désolé, je ne trouve pas. Ah, peut-être ont-ils fait une faute ? Non, gotami n’y est pas non plus. Elle cherche avec mon adresse, rien non plus. « Le mieux, me dit-il, c’est que vous me donniez votre numéro de pass navigo ». Je reprends espoir, sors mon smartphone et interroge mon gmail pour trouver ledit numéro. Je retrouve mon numéro vélib (qui est aussi stocké sur le pass navigo) mais lorsque nous essayons, nous voyons que ça n’a rien à voir. Je retrouve ensuite bien des emails que m’a envoyé le site navigo, mais l’email ne contient que mon adresse email, jamais mon numéro de pass navigo. Je vais sur le site du pass navigo et clique sur « j’ai perdu mon mot de passe ». Mais là, outre une lenteur terrifiante (ont-ils testé avec autre chose qu’un pc de gamer relié par internet avec la fibre optique ?), j’ai le même message horripilant que mon adresse email ne figure pas dans leurs bases.

Une bande dessinée d’antipication avait prévu ce monde merveilleux où on se repose sur la technique jusqu’à ce qu’elle nous joue des tours

Pour titre mon journal, j’ai opté pour Big Brother, plus connu, mais cette situation m’a fait davantage pensé à une bande dessinée qui m’avait insufflé pendant ma jeunesse une saine méfiance pour la technologie, ce Janus (mythologie) à deux têtes qui peut être utilisée pour le meilleur et pour le pire. Hélas, je n’ai plus les références en tête. Voici le scénario en gros tel qu’il est resté dans ma mémoire, si un bédéphile se rappelle de l’auteur ou du titre, je lui en serais très reconnaissant :

L’histoire racontée est celle d’un inventeur génial, qu’on appelera X faute de mieux, d’une carte magnétique qui fait tout : carte de transport, moyen de paiement, papiers d’identité, … X mène une vie enviable dont l’apogée sera une interview au centre du pouvoir, c’est à dire la télévision, où il expose les nombreux mérites de son innovation. A la fin de l’interview, le journaliste se hasarde à l’interroger sur les critiques que quelques mauvais esprits formulent à l’encontre de la carte qui fait tout, mais celui-ci, avec l’assurance d’un Jérôme Cahuzac il y a quelques mois, les balaie d’un revers de la main sur le mode « oui, les terroristes et les pédo-nazis ont du souci à se faire, mais les gens qui n’ont rien à se reprocher n’ont également rien à craindre ». Fin de l’interview. Case suivante, une espèce de Edward Snowden avant l’heure qui le regardait dans l’étrange lucarne, s’interroge à voix haute : « Vous avez l’air bien sûr de vous, M. X ; et si nous changions les règles du jeu ? ». On entendra plus parler de cet homme étrange dans la BD, mais la vie de M. X change alors du tout au tout.

Première contrariété pour M. X : au moment de payer le taxi, sa carte est refusée. Devant le mauvais regard du chauffeur de taxi, M. X lui demande de s’arrêter au distributeur pour qu’il y distribue de l’argent. Nouvel échec. Pas de panique, en tant qu’inventeur de la carte-qui-fait-tout, il sait très bien que bien que le système soit infaillible et « ultra-sécurisé » comme les primaires à l’UMP de nos jours, il est possible d’aller dans une boutique pour se le faire remplacer. Arrivé là, il lui arrive la même mésaventure que moi : il ne figure tout simplement plus dans la base. Aucune trace. Rien. C’est comme s’il n’avait jamais existé. Maugréant il rentre à pied chez lui, et là les choses se complique car la carte-qui-fait-tout servait également de clés pour rentrer chez lui. Il doit alors dormir dehors. Le lendemain, comme il a faim, il chaparde quelques pommes, mais le marchand le voie, crie au voleur. La police est dans le coin, qui s’apprête à l’interpeller, mais là M. X se rend compte qu’il n’a pas non plus de papiers d’identité ! Alors dans un effort désespéré il tâche d’échapper à la police, et y parvient grâce à des hommes providentiels. Il découvrira alors avec stupeur qu’il existe grâce notamment à son invention, toute une communauté d’exclus qui forme une société parallèle à côté de celle à laquelle il appartenait il y a encore 24h.

« N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s'explique très bien par l’incompétence »

Fin de la fiction. Ma petite histoire n’est heureusement pas allée jusque là, j’utilise encore des clés à la mode ancienne pour rentrer chez moi (en revanche chez les grandes entreprises, la carte magnétique est devenue la norme) ; surtout cette maxime de Napoléon, qui m’a déjà été de nombreuse fois fort utile, suffit à me convaincre qu’il n’y a personne qui a appuyé sur un bouton pour que gautami soit effacé de la base de données de Navigo. Alors que s’est-il passé ? Connaissant un peu la manière dont les choses fonctionnent parfois dans ce milieu, j’ai concocté pour vous un scénario hélas beaucoup plus crédible en mettant bout à bout des morceaux d’histoires authentiques :

Tout a commencé peu avant juillet 2006 lorsque les responsables du grand projet Navigo se sont rendus compte que Windows Millenium, sur la base duquel ils avaient bâti leur solution technique, arrivait en fin de suppot chez Microsoft. Après des réunions entre personnes savantes, la conclusion s’impose qu’il faut faire une migration vers le système nec plus ultra que constitue Windows Vista. Du fait de la politique d’externalisation suivie avec constance depuis quelques années suite à un dossier pointu dans 01 Informatique, on s’avise alors qu’il n’y a pas les ressources en interne. Qu’à cela ne tienne on va faire appel à une SSII et vue l’importance de la tâche, on choisit une des plus grandes. Contact est pris avec un commercial de ladite SSII, chargé de trouver un expert SQL de haut niveau (le système fonctionnant grâce à Microsoft Access).

Il se trouve que ledit commercial, il faut que je l’explique avant que vous ne le jugiez sévèrement, avait accepté à une époque où tout allait bien pour la SSII d’avoir une part variable toujours plus importante dans sa rémunération. Le boom immobilier lui semblant devoir continuer éternellement, il s’était alors endetté à la mesure de ses revenus alors fort confortables. La situation s’étant depuis retournée, il s’est retrouvé dépendant de sa part variable, non pas pour vivre comme un nabab, mais simplement pour payer ses traites. La norme de son boulot est devenu, même si parfois cela le dégoûte, « pressuriser plus pour ne pas sombrer lui-même ».

Il commence par chercher dans la base de données de sa Business Unit un expert SQL de haut niveau. Hélas il y en a peu et aucun n’est disponible. Le Business Manager sue à grosses gouttes, il a besoin de décrocher ce contrat. Heureusement la grande SSII possède des filiales dans toutes les branches de l’industrie, banque, … Il élargit sa recherche aux CVs de toutes les branches, et il tombe par chance sur un consultant chef de projet marketing avec un léger profile technique, et qui surtout indique dans ses réalisations personelles avoir fait un catalogue sous Microsoft Access de ses Compact Discs, livres, et autres pour chez lui. Il appelle alors ledit consultant, lui explique que son CV a l’air très prometteur et qu’il fera l’affaire pour une mission qu’il explique en deux trois phrases intentionellement vagues, arguant du fait que le client ne lui a pas donné beaucoup de détails.

Notre consultant lui s’ennuie depuis un moment en intercontrat. Flatté qu’on s’intéresse à lui pour une fois, il répond en attendant d’en savoir plus « pourquoi pas ? », faisant confiance au bon sens du client au cas où son profile ne matcherait pas avec le besoin. A partir de là, tout va très vite, il envoie son CV dans la foulée au commercial qu’il ne connait ni d’Eve ni d’Adam. Celui ci met davantage en valeur sa réalisation personelle autour d’Access, rajoute Access en gras dans la liste de ses compétences principales, remplace le titre du CV par « Expert SQL », envoie le CV au client. Rdv est rapidement pris pour dans deux jours (le client est pressé, comme souvent).

Lors de l’entretien, le chef de projet technique n’étant pas disponible, on fait appel à quelqu’un d’autre dont l’informatique n’est pas le coeur de compétence. Celui-ci aime la personnalité du jeune consultant, se réjouit de pouvoir travailler avec lui, fait confiance au CV et aux paroles habiles du commercial, et annonce tout de go que l’affaire est conclue, et que le contrat démarrera lundi (on est vendredi déjà). Le consultant interloqué interroge son Business Manager du regard, mais celui-ci lui intime d’un regard perçant l’ordre de se taire. Sur le chemin du retour, le consultant essaye de plaider sa cause, disant qu’il ne se sentait pas capable de mener à bien la mission, mais le commercial qui n’a pas fait une école de commerce pour rien possède une rhétorique à toute épreuve.

Rentré à la SSII, le consultant accuse le coup. Il essaye de replaider sa cause par email auprès du commercial en détaillant pourquoi il ne pense pas que la mission puisse bien se passer. Pour toute réponse il reçoit un message automatique l’informant que le commercial était parti en vacances et qu’il ne manquerait pas de traiter son email à son retour (voilà pourquoi aussi il était si pressé). D’une nature plutôt docile, le consultant tente pour une fois en désespoir de cause de plaider sa cause plus haut et « forwarde l’email » (oui on dit comme ça dans ces milieux là) à plus haut dans la hiérarchie. La sanction tombe rapidement :

« Cher consultant, nous avons bien noté vos craintes concernant le projet Pass Navigo. Cependant, celui-ci étant d’une importance stratégique pour notre entreprise en ces temps de crise, nous vous confirmons que nous attendons de vous que vous vous présentiez lundi chez le client pour réaliser au mieux le projet dont il est question. »

«  Nous avons toute confiance dans vos qualités et vos compétences et sommes convaincus qu'après une période d'adaptation, inhérente au métier de consultant, vous saurez répondre aux attentes de notre client.

«  Nous restons à votre disposition pour faire un point régulier sur l'avancement du projet. »

Et voilà pourquoi ce pauvre consultant, arrivé contre son gré dans cette galère et armé de son seul « Acess pour les nulls » a raté une étape lors de la migration de la base de données Access de windows millenium vers windows vista, effaçant une partie du fichier client dont ma petite personne.

  • # SOS boulets

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

    La bd ne serait pas SOS Bonheur par hasard?

    http://www.bdoubliees.com/journalspirou/series6/bonheur.htm

    Le post ci-dessus est une grosse connerie, ne le lisez pas sérieusement.

    • [^] # Re: SOS boulets

      Posté par  . Évalué à 2.

      Ah ça a de bonnes chances d'être ça, en tous cas j'ai également lu cette excellente série.
      Merci !

      • [^] # Re: SOS boulets

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

        Ça a plus que des bonnes chances d'être ça, j'en suis sûr ! Je l'avais sur le bout de la langue quand j'ai scrollé pour voir les commentaires.

        Un ouvrage magnifique, il faut le dire.

        Being a sysadmin is easy. As easy as riding a bicycle. Except the bicycle is on fire, you’re on fire and you’re in Hell.

        • [^] # Re: SOS boulets

          Posté par  . Évalué à 7.

          Moi j'ai filé donner la réponse dans les commentaires mais DevNewton a été plus rapide ;)

          Scénario: Van Hamme / Dessin: Griffo
          3 tomes, collection Aire Libre, chez Dupuis - forcément c'est paru dans Spirou en pré-pub…

          Scénario sympa, plusieurs histoires apparemment décorrelées qui narrent globalement la perte des libertés individuelles. Un peu convenu, malgré tout.

          Dessin figé, couleurs moyennes. Une BD du milieu des années 80 j'ai envie de dire. Ca passe bien malgré tout.

          http://www.bdtheque.com/main.php?bdid=258&scroll=0

    • [^] # Re: SOS boulets

      Posté par  . Évalué à 1.

      Héhé, quelqu'un l'a empruntée juste avant moi dans la bibliothèque de ma ville: pile le même jour, est-un hasard ? Je ne le saurai jamais :)

  • # Jamais content

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

    Ah ces geeks….

    quand on enregistre des données sur eux ils râlent,
    quand on efface ces données, ils râlent encore…

    oui, ok … =>[]

    (mais sérieusement, faut garder cet exemple au chaud pour quand ils nous sortiront : "ah non ce n'est pas possible d'effacer votre compte, monsieur")

  • # Tu l'as bien cherché

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

    Il ne fallait pas s'appeler Gautami;DROP TABLE users;

    La lumière pense voyager plus vite que quoi que ce soit d'autre, mais c'est faux. Peu importe à quelle vitesse voyage la lumière, l'obscurité arrive toujours la première, et elle l'attend.

  • # En même temps navigo c'est un peut l'arnaque

    Posté par  . Évalué à 3.

    depuis de début de l'année on a le droit aux extensions de parcours; pour ceux qui ne savent pas ce que c'est, c'est l'achat d'**un** ticket à l'unité pour compléter le parcours du passe.

    Sauf que ce truc à plusieurs défaut
    * on ne peut pas acheter longtemps à l'avance (validité de 3H après l'achat dans la borne)
    * il est plus cher qu'un ticket à l'unité (carte 3-4 prix pour complément jusqu'à paris > 2,50€, prix d'un paris Sèvres (zone 3) 2,08€
    * ne permet pas de prendre le bus

    Il ne faut pas décorner les boeufs avant d'avoir semé le vent

    • [^] # Re: En même temps navigo c'est un peut l'arnaque

      Posté par  . Évalué à 2.

      Et ils sont même pas cohérent. Avec un pass zone 1-3. L'aller Antony - roissy est plus cher que le retour…

      Bon après en théorie quand tu prend un ticket en plus il faut sortir pour revalider (ce qui est super chiant …)

      • [^] # Re: En même temps navigo c'est un peut l'arnaque

        Posté par  . Évalué à 3.

        ça c'est la taxe d'aéroport ;)

        La différence de 20% entre la zone 3 et Paris est du au prix du ticket en carnet qui est moins cher, mais sachant qu'on payes déjà un passe, ils pourraient donner le tarif carnet pour les extensions de parcours.

        Il ne faut pas décorner les boeufs avant d'avoir semé le vent

        • [^] # Re: En même temps navigo c'est un peut l'arnaque

          Posté par  . Évalué à 1.

          ils pourraient donner le tarif carnet pour les extensions de parcours.

          C'est peut-être possible si tu les achètes par 10.
          Bon avec la validité de 3h va falloir faire vite pour utiliser les 10, hein.

      • [^] # Re: En même temps navigo c'est un peut l'arnaque

        Posté par  . Évalué à 2.

        J'ai encore jamais utilisé ce type de billet mais, vu que le billet est valable 3 heures après l'achat (cf commentaire précédent), ce n'est pas pour, justement, ne pas avoir à sortir pour re-rentrer avec ton ticket? Ce ticket te sert donc qu'à sortir ou selon, à le présenter aux contrôleur?

        • [^] # Re: En même temps navigo c'est un peut l'arnaque

          Posté par  . Évalué à 2.

          Il est sur le pass navigo, pour le reste il faut que tu fasse la validation du ticket (passage aux bornes) dans les 3H qui suivent l'achat; aucune idée du fonctionnement des correspondance (métro par exemple)

          Il ne faut pas décorner les boeufs avant d'avoir semé le vent

    • [^] # Re: En même temps navigo c'est un peut l'arnaque

      Posté par  . Évalué à 1.

      C'est étonnant pour le prix, j'avais remarqué une légère différence de mon coté :
      Je suis en zone 1-3, supplément pour Paris -> Bretigny (ou Bretigny -> Paris) : 4,70€
      Billet au carnet de 10 : 5,50 €

      Après le gros point noir de ce truc c'est pour moi le temps de chargement, il faut compter une bonne minute, donc faut pas être à la bourre, surtout si on est plusieurs ;-)
      Après ça recharge la carte Navigo qu'il suffit de valider classiquement à la borne, et lors d'un controle, on présente juste le Navigo + reçu si besoin

      • [^] # Re: En même temps navigo c'est un peut l'arnaque

        Posté par  . Évalué à 2.

        C'est le plein tarif pour Bretigny -> Choisy le roi (première gare en zone 3), prix à l'unité pour un carnet 3,76

        Si c'est un trajet que tu fais de temps en temps, le carnet est clairement avantageux, sauf qu'il faut changer de train pour pouvoir valider le ticket/passe, ou tomber sur un gentil contrôleur (avant de quitter la zone couverte par le passe navigo), lui faire des yeux de cocker et lui demander, poliment, si il peut valider le billet. (Je l'ai fait une fois)

        Sinon j'ai la technique qui consiste à utiliser le validateur spécial gare fermé qui est sur le quai pour faire un compostage en catastrophe avant que le train ne redémarre, mais n'ayant pas encore eu le loisir d'être contrôlé avec ce genre de validation, je ne sais pas si c'est valide.

        Il ne faut pas décorner les boeufs avant d'avoir semé le vent

  • # De l'immense gâchis structurel que constitue le recours systématique aux grandes SSII

    Posté par  . Évalué à 5.

    Bonjour, merci aux commentaires pertinents ou drôles sur les deux premières parties de mon journal

    Mais j'avoue que j'en aurais aimé davantage sur la troisième partie, qui pour moi était la plus importante (c'est pas pour rien qu'elle est la plus longue)
    Alors de deux choses l'une :
    - soit tout le monde pense que je fais de l'humour et personne ne me croit quand je dis que ma fiction n'est qu'une extrapolation de faits authentiques
    - soit tout mon public d'informaticiens n'a pas le moindre doute que cela se passe effectivement parfois comme cela dans les grandes SSII.

    A bien réfléchir, je crois que la seconde solution est celle qui m'effraie le plus.

    Quand on voit à quel point toutes les sociétés twitter, facebook, google & cie sont toutes américaines et jamais françaises et la razzia que continue à faire année après année les grandes SSII sur les jeunes diplômés prometteurs de notre secteurs, je me dis qu'on est très, mais alors très très mal barrés pour gagner la bataille de l'intelligence. Et ce n'est pas une resucée des Crédits Impôts Recherche (dont la SSII en question était une grande consommatrice) qui va régler les problèmes structurels qu'on observe sur le terrain.

    • [^] # Re: De l'immense gâchis structurel que constitue le recours systématique aux grandes SSII

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

      soit tout mon public d'informaticiens n'a pas le moindre doute que cela se passe effectivement parfois comme cela dans les grandes SSII.

      J'ai eu des doutes les premières années ("trop gros passera pas"), j'ai plus de doutes depuis bien longtemps. Le maquillage de CV est effectivement quelque chose de récurrent. Suffit que tu es touché à une techno 15 ans en arrière pendant 4 jours, pour que tu sois l'expert du moment, si en plus de ça tu es en interco … autant dire que tu es le gourou !
      Le positionnement sur un projet ne se fait pas par ta compétence technique, humaine, … mais part ta disponibilité.

      Pour la jeunesse qui prends le relais, je me pose aussi beaucoup de question, qui vivre verra. Mais je tiens à souligner que c'est pas forcément là où il faut le plus craindre un dérapage, mais dans les personnes qui auraient le pouvoir de changer les choses. Ya encore quelques années, un DAF, directeur d'agence, nous a sortit en séance, que notre travail, je le cites "c'est de faire du copier-coller", ou "de faire une recherche sous google pour trouver la solution". Voilà la vision qu'ont certains de notre métier … faire du copier-coller et cliquer sur le bouton "J'ai de la chance".

      "Sois le changement que tu veux voir dans le monde."
      Le dernier qui m'a dit ça à reçu ma dem' … un luxe maintenant que je ne pourrais peut être pas reproduire … foutu jeunisme, mais je tâche de faire preuve de probité dans mon métier, et c'est loin d'être facile au quotidien.

      • [^] # Re: De l'immense gâchis structurel que constitue le recours systématique aux grandes SSII

        Posté par  . Évalué à 3.

        Le maquillage de CV est effectivement quelque chose de récurrent. Suffit que tu es touché à une techno 15 ans en arrière pendant 4 jours, pour que tu sois l'expert du moment

        C'est tellement vrai… Ca me rappelle une conversation avec mon ex-manager :
        "t'as deja fait du java ?
        - euh non. Enfin, si, j'en ai fait une semaine pendant mes études, mais j'y ai jamais retouché et j'y connais vraiment rien
        - ok, je l'ajoute sur ton CV".
        Le pire c'est qu'il m'a ensuite positionné sur une mission Java. Pendant l'entretien, quand le client m'a demandé mon niveau de compétence en java, je lui ai dit "environ 0,5 sur 5". Gros yeux. "mais, sur votre CV…" "ah oui mais non, ca c'est le commercial qui l'a rajouté". Et la, le gars, il barre la ligne Java du CV, sans faire plus de manière (apparement, il etait habitué).

        Ya encore quelques années, un DAF, directeur d'agence, nous a sortit en séance, que notre travail, je le cites "c'est de faire du copier-coller", ou "de faire une recherche sous google pour trouver la solution"

        Tu lui as pas dit que lui son travail c'est d'envoyer des mails et de bouffer au resto avec des clients importants ?

        • [^] # Re: De l'immense gâchis structurel que constitue le recours systématique aux grandes SSII

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

          Tu lui as pas dit que lui son travail c'est d'envoyer des mails et de bouffer au resto avec des clients importants ?

          J'aurais peut-être dû. Je lui ai juste dit, que je ne pouvais pas bosser pour un type qui pense que mon métier se résume à ça … faire des "copier-coller", "faire une recherche google". C'est clairement pas l'idée que je fais de mon métier. Je ne trouverais plus la force, face à ses révélations, de me lever le matin plus longtemps pour ce genre de personne.
          Je lui ai donc remis ma démission en lui disant qu'il ne devrait pas être étonné, en effet dixit son adage "en moyenne vous restez trois ans avant de partir …", j'avais fait mon temps, bien plus que prévu.

    • [^] # Re: De l'immense gâchis structurel que constitue le recours systématique aux grandes SSII

      Posté par  . Évalué à 2.

      Pourquoi ? Il y a des SSII que ne maquillent pas les CV. Ça existe pour de vrai?
      Ça fait 20 ans que je travaille en SSII de toute taille (de 5 personnes au leader mondial) et toutes maquillent les CV, ce n'est pas systématique mais quand même assez fréquent.
      Je me rappelle, c’était en 1994, j'ai été envoyer sur un projet de refonte du SI d'une banque française (à l'époque c'était un association loi de 1901, la banque qui aime les noisettes) en tant qu'expert NSDK. Bon c'est vrai j'étais le plus compétant de la boite car j'avais installé l'AGL et en plus suivi le tuto.

      • [^] # Re: De l'immense gâchis structurel que constitue le recours systématique aux grandes SSII

        Posté par  . Évalué à 0. Dernière modification le 24 juin 2013 à 16:29.

        Pourquoi ? Il y a des SSII que ne maquillent pas les CV. Ça existe pour de vrai?

        Premièrement certainement oui je n'en sais rien. Deuxièmement je pense que ca dépend aussi de toi. Les autres ont toujours bon dos.

        Personnellement la règle c'est qu'on envoi jamais rien sans mon accord et la deuxième règle c'est que c'est moi qui rempli les trucs pour les adapter si besoin. Il ne faut pas être con, tu n'envois pas un CV générique quand tu connais les attentes des gens; ce qui n'a rien avoir avec mentir. Tu evites ainsi qu'une personne tierce et moins compétente ou honnête que toi le face. Si tu ne respectes pas ces règles simples, je me casse de l'entretien en l'expliquant à mon interlocuteur dans la seconde ou je m'en aperçoit et le mec prend ma dem ou si il n'est pas mon employeur il passe en blackhole.

        Si tu laisses les mecs abuser faut pas s'étonner qu'ils abusent non plus… Y'a un moment si tu acceptes les choses c'est que tu les cautionnes. Il suffit souvent de parler avec les gens, comprendre leurs attentens, faire son job correctement et pas se laisser marcher sur les pieds.

        • [^] # Re: De l'immense gâchis structurel que constitue le recours systématique aux grandes SSII

          Posté par  . Évalué à 6.

          En gros, ce que tu dis, c'est que toi qui a l'expérience et t'es forgé une carapace avec les ans, tu roules ta bosse sans trop de dommages.

          Ok. Et pour tous ces jeunes frais sortis des écoles dont je parlais, on fait quoi ?

          • [^] # Re: De l'immense gâchis structurel que constitue le recours systématique aux grandes SSII

            Posté par  . Évalué à 2.

            Ok. Et pour tous ces jeunes frais sortis des écoles dont je parlais, on fait quoi ?

            Bha la même chose c'est juste du bon sens. On oublie souvent que le travail c'est une relation qui va dans les deux sens.

          • [^] # Re: De l'immense gâchis structurel que constitue le recours systématique aux grandes SSII

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

            Au sein de mon équipe, je leur apprends à ne pas tomber dans cette voix trop facile de :
            - Le client est un blaireau qui ne comprends rien, faisons à l'arrache.
            - Le client n'y comprends rien, faisons un chiffrage complètement bidon.
            - A ne pas dire "Oui" à tout, qu'ils valent bien mieux que le code qu'ils peuvent produire.
            - De ne pas opter pour la facilité … du copier-coller et de se poser les bonnes questions.
            - …
            - à rester intègre !

            Très souvent je reprends des exemples de la vie "réelle" … boulangerie, médecin … que si
            - Tu n'as qu'un euro en poche tu ne vas pas décemment rentrer dans une boulangerie, commander 4 baguettes, le Paris-Brest qui à l'air sympa et en plus te plaindre que les baguettes sont trop cuites.
            --> Ce n'est pas parceque le client n'a qu'un budget de X euros/jours, qu'il doit penser que tu peux tout faire, le levier doit se faire sur le fonctionnel pas sur la qualité. Avec 1 euro j'aurais certainement une baguette mais assurément pas le Paris-Brest.
            - Un cancérologue sera très certainement, traiter, soigner ton problème de cancer au foie (ou autre) mais qu'un cardiologue aura surement beaucoup plus de mal … et pourtant les deux gugus ont fait médecine. Et ça viendra même pas à l'esprit d'aller voir un cardiologue pour un problème … tout autre.

            Les SSII ne font pas des spécialistes mais de là en penser que parcequ'il y a écrit Java sur ton CV tu peux aussi bien être positionné sur des projets … J2EE que Swing que sur l'embarqué … est juste … délirant. Sans parler des techno que tu as pu faire le siècle dernier et être toujours apte à démarrer le projet super urgent, super stratégique au pied levé…

            Comme je le disais c'est un combat, difficile, de tous les jours, on ne se fait pas que des amis.

            • [^] # Re: De l'immense gâchis structurel que constitue le recours systématique aux grandes SSII

              Posté par  . Évalué à 3.

              Merci pour ta réponse excellente.

              Si j'aurais un seul conseil à rajouter, ce serait d' aller faire connaissance avec les représentants du personnel
              Oui, vous n'avez peut-être pas l'habitude (et vous n'êtes pas les seuls le taux de syndicalisation est juste incroyablement faible), oui il y a des cons ici comme partout, il n'empêche qu'ils sont en contact régulièrement avec des cas concrets extrêmement forts de dérives du système et qu'au cas où une telle dérive tombe sur vous, vous saurez à quelle porte vous adressez.

      • [^] # Re: De l'immense gâchis structurel que constitue le recours systématique aux grandes SSII

        Posté par  . Évalué à 1.

        > Pourquoi ? Il y a des SSII que ne maquillent pas les CV. Ça existe pour de vrai?
        

        Oui, la mienne. Mon CV n'a jamais été remanié par un autre que moi et à la lecture de CV de d'autres personnes de ma boite je n'ai pas l'impression que cela soit différent pour les autres.

        Ceci dit il s'agissait d'une SSII moyenne (400 personnes) et dans laquelle ton augmentation ne dépendait pas de ton prix de vente…

        Mais bon, le fondateur vient de nous revendre à une SSII plus grosse…

      • [^] # Re: De l'immense gâchis structurel que constitue le recours systématique aux grandes SSII

        Posté par  . Évalué à 0.

        C'est moi ou ton commentaire manque d'ouverture d'esprit ?

        Généraliser les incompétences d'un ou plusieurs managers / commerciaux à toute la SSII est un peu limite mais mettre toutes les SSII dans le même sac l'est encore plus.

        Je suis dans une SSII qui était mal notée du temps de "notetonentreprise" et pourtant je n'ai pas eu à me plaindre jusqu'à maintenant (on entend toujours les mécontents finalement).

        Mon manager n'a absolument jamais modifié mon CV (d'ailleurs c'est moi qui remplis le CV qui est envoyé chez le client). Attention : je n'ai pas dis que ça se faisait pas dans d'autres agences de ma SSII.

        Ça fait 20 ans que je travaille en SSII de toute taille (de 5 personnes au leader mondial) et toutes maquillent les CV, ce n'est pas systématique mais quand même assez fréquent.

        En 20 ans tu as fais quoi ? 10 ou 15 SSII avec un bon turnover ? Et tu parles de toutes les SSII ?

    • [^] # Re: De l'immense gâchis structurel que constitue le recours systématique aux grandes SSII

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

      Quand on voit à quel point toutes les sociétés twitter, facebook, google & cie sont toutes américaines et jamais françaises

      Et leboncoin?

      Le post ci-dessus est une grosse connerie, ne le lisez pas sérieusement.

    • [^] # Re: De l'immense gâchis structurel que constitue le recours systématique aux grandes SSII

      Posté par  . Évalué à 3.

      • soit tout mon public d'informaticiens n'a pas le moindre doute que cela se passe effectivement parfois comme cela dans les grandes SSII.

      Je dirais plutot :
      tout ton public d'informaticien n'a pas réagi sur la 3eme partie parce que c'est normal pour eux (qui bossent en SSII).

      Au fait c'est quelle SSII ? "As de pique rouge" ?

    • [^] # Re: De l'immense gâchis structurel que constitue le recours systématique aux grandes SSII

      Posté par  . Évalué à 1.

      ta troisième partie me semblait la plus intéressante, me too.

      Par contre ce n'est pas le défaut structurel des organisations que j'y ai vu, plutôt un énième exemple, comme tant d'autres, de l'aliénation du système et des gens par la dette. Hors la dette tu la refuses ou tu l'embrasses. Il n'y à pas de demi mesure autour desquelles tourner, tergiverser, ergoter. Du coup dans un premier jet … rien à dire.

      Au sujet de l'aspect structurel des choses de la vie de ton post et en général. Si quelque qu'un de bien placé en avait vraiment quelque chose à foutre que les choses soient correctement faites et gérées ils ne nous mettraient dans cette situation schyzo où l'on doit produire vite, bien, pas cher et avec une qualité toujours accrue. Mais jusqu'à preuve du contraire cela ne les concernent pas, RAF. Du coup ils ne nous restent plus que notre conception des choses, que l'on s’évertue à concrétiser, petitement, dans nos coins, avec nos moyens…. Et pour quel résultat si ils foutent tout le reste en l'air ? J'arrêtes là, ça me déprime.

  • # Ca râle un peu pour rien quand même !

    Posté par  . Évalué à 0.

    Si on regarde objectivement ton histoire : tu as eu accès facilement et rapidement à une offre de transport large et de qualité pendant des années.
    Le jour où tu perds ton pass, il peut te falloir quelques jours avant d'en obtenir un nouveau, est-ce que c'est vraiment une raison de se plaindre du système qui est pluôt bien fait par ailleurs ?

    D'ailleurs, bonne nouvelle pour tous : il est désormais possible d'acheter des compléments de voyage pour les gens qui souhaitent se rendre hors des zones incluent dans leurs passes et ne veulent pas repayer l'intégralité du voyage. Ca c'est du progrés !

  • # C'est forcément la faute d'une SSII / d'un manager / d'un commercial

    Posté par  . Évalué à 3.

    Et jamais celle d'un employé qui est forcément parfait, qui est super productif, qui n'est jamais en maladie pour rien, qui n'est jamais en grève parce qu'on a changé la moquette de son bureau (il aime pas la nouvelle couleur…), qui se vend admin de niveau 3 alors qu'il sait tout juste allumer son écran…

    C'est forcément de la faute d'une SSII qui paie les meilleurs experts du monde au lance pierre (oui oui ceux qui se prennent pour les rois du monde et qui taclent la moindre offre d'emploi sur LinuxFR mais dont on entend jamais parlé dans l'IT).

    PS : ce commentaire n'est pas ironique.

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