Journal Un paradoxe : la liberté de choix passe par la contrainte

Posté par  .
Étiquettes : aucune
0
26
jan.
2007
Cher journal,

Je voulais te faire partager ma réflexion dont le point de départ est à trouver dans cette dépêche : http://linuxfr.org/2007/01/26/21968.html

J'approuve la démarche de standardisation avec des formats ouverts pour permettre au plus grand nombre d'en profiter. Néanmoins cette normalisation, je pense en particulier au sein d'organisme comme le consortium W3C ou le groupe OASIS, passe par un compromis à trouver entre un certain nombre de parties parmi lesquelles, je vous le donne en mille, les plus gros éditeurs de logiciels commerciaux ou de solutions informatiques.

Prenons l'exemple d'XML si vous le voulez bien. XML est partout. XML a vocation à être LE format normalisé des documents semi-structurés. Il l'est déjà (http://www.w3.org/XML/). Combien de logiciels libres utilisent des fichiers XML ? Combien ne l'utilisent pas serait peut-être une question plus pertinente. Tiens, qui est derrière XML 1.0 ? Il y a quelqu'un de chez Netscape, de chez Microsoft, ou encore de chez Sun (http://www.w3.org/TR/2006/REC-xml-20060816/). XML est tellement standard et répandu qu'on l'utilise abondamment en recherche autant que dans l'industrie du logiciel. Comme vous le saviez naturellement.

Un standard comme XML est absolument souhaitable pour l'échange d'information semi-structurée. Les normes, plus généralement, sont nécessaires pour le partage de documents et l'interopérabilité. C'est extrêmement vrai sur le Web, grand canal de diffusion. Je ne dirais pas de connaissances, je me contenterai d'informations. Ces informations, comme le présent journal, que je rédige directement dans akregator/konqueror/kubuntu/.../on_peut_remonter_jusqu'au_matériel_si_vous_voulez, que vous ne lisez certainement pas dans le même environnement, ces informations donc, diffusées dans un format ouvert (XHTML 1.0 Strict d'après le DOCTYPE pour l'exemple de cette page Web) peuvent être traitées par de nombreux navigateurs différents, qui font partie de la famille de ce qu'on appelle entre nous logiciels. Dans cette famille il y a les logiciels libres, les logiciels propriétaires payants, ceux qui sont imposés avec le système d'exploitation, et puis il y a les propriétaires gratuits (gratuiciels, beurk !), , etcætera, etcætera.

Bon, maintenant vous relisez le titre du journal, et vous avez compris où je voulais en venir. Et je vous pose la question. Pour utiliser ou produire nos logiciels libres, on utilise des formats ouverts. Ces formats standardisés peuvent, d'un certain point de vue, être perçus comme contraignants, puisque nous n'avons pu agir sur sa mise au point, qui est imposée par des personnes d'une culture différente de la notre. Et avec tout ça on a quand même la liberté de choisir quel logiciel on exploitera pour utiliser des données encodées dans ces formats. Paradoxe ?
  • # La liberté c'est aussi pouvoir ne pas faire de choix

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

    Je recommande grandement cette video qui explique le paradoxe du choix, et pourquoi plus de choix c'est souvent moins bien ...
    http://video.google.com/videoplay?docid=6127548813950043200&(...)
    Cela explique peut être les rétissences de nombreuses personnes à adopter linux : le sentiment qu'ils n'ont pas trouvé la distribution parfaite, alors que pour windows c'est simple il n'y a pas de choix.

    La solution proposée au paradoxe du choix à la fin de la video correspond un petit peu au principe de normalisation : laisser le choix, mais fournir un choix par défaut le meilleur possible pour ceux qui ne veulent pas faire de choix. (un standard dans ce cas là).
  • # Postel.org

    Posté par  . Évalué à 4.

    Pour avoir la liberté de partir où bon te semblera avec la voiture de ton choix, aucune contrainte ne t'aidera.

    Mais si tu souhaites revenir entier de l'expérience et la conter à tes enfants, mieux vaut que tu acceptes cette contrainte consensuellement admise selon laquelle mieux vaut rouler du côté droit de la route que du gauche. Et aussi, éventuellement, stopper ton véhicule quand tu vois une lumière rouge sur le bord de la route.

    Mais personne n'est réellement obligé de respecter ces règles. On peut même s'interroger sur leur existence et leur pertinence. Aussi longtemps qu'on voudra.
    • [^] # Re: Postel.org

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

      Tu parts quand même du principe qu'il faut rouler sur la route là, ce qui limite largement ma liberté de rouler où je veux.
      • [^] # Re: Postel.org

        Posté par  . Évalué à 7.

        Tu chercherais pas à relancer le troll 4X4 là ? hein ? avoue !
      • [^] # Dead men tell no tales

        Posté par  . Évalué à 2.

        L'intérêt d'internet, par rapport à la vraie vie, c'est qu'à donner le plus libre cours possible à l'exercice de sa propre liberté, on peut y finir en aussi mauvaise santé que dans la vraie vie, mais, au moins, au passage, on ne blesse personne d'autre.
  • # C'est pas faux mais ...

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

    Ce que tu dis n'est pas faux, d'un autre côté, si les standards (et notament du w3c) n'étaient pas la synthèse et le compromis des besoins des grands de l'informatique, ils ne l'utiliserai pas et tomberai dans l'oubli. Combien de standards sont passés à la trappe de cette façon ???

    De plus il n'y a pas que des mauvaises intentions dans l'établissement d'un standard et ceux qui l'établissent ne viennent pas obligatoirement du privé, il y a des grandes universités publiques qui interviennent dans les débats avant la recommandation.
    Un exemple : la procédure de standardisation du w3c : un groupe de travail est monté autour d'une problématique. Ils se réunissent en discutent et publient un brouillon (draft). Chacun y réfléchi et en fonction des commentaires se re-réunissent et pondent un second brouillon et ainsi de suite ... jusqu'à ce que tout le monde soit d'accord. Ensuite il y a le "dernier appel" pour bien vérifier que tout le monde est d'accord et ensuite la proposition de recommandation puis enfin si tout va bien la recommandation. Mais peandant tout ce temps, ya pas que le petit groupe qui en parle, ca discutte ferme un peu partout (université, MoFo ...)

    Donc même si d'un premier abord, les standardisations semblent imposées, elles sont quand même issues d'une large concertation entre beaucoup de monde et tentent d'être le meilleur possible.

    Un jour libre ?

    • [^] # Re: C'est pas faux mais ...

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

      J'aurai pu mettre des liens :
      La procédure de spécification :http://www.w3.org/2005/10/Process-20051014/ et notament les différentes étapes http://www.w3.org/2005/10/Process-20051014/tr.html#Reports .

      Et un exemple : l'état d'avancement de la spec du CSS3 : http://www.w3.org/Style/CSS/current-work .
      Et si vous regardez bien, ya pas mal de monde qui y participe.

      Un jour libre ?

  • # Imagine a car...

    Posté par  . Évalué à 4.

    Il faut distinguer l'infrastructure de ce qui l'emprunte.

    Imagine que le réseau routier ait été démentelé au plus offrant, et que les grands constructeurs se le soiennt répartis : avec une Renault ou une Nissan, tu peux prendre le périphérique mais pas l'A86, en revanche avec une Peugeot et une Citroên se serait l'inverse.

    Cauchemar irréel ? C'est pourtant ce qui ce passe dans le monde des DRMs avec les très mal nommés FairPlay d'Apple Inc., PlayForSure de Microsoft Corporation, ... ces poseurs de verrous concurrents qui ont chacun un monopole difficilement ébranlable dans leur pré-carré.

    Dans ces cas là, il y a diversité des infrastructures et mono- ou oligo-opole au-dessus vu que celui qui est maître de l'infrastructure y impose ses produits (vous voulez lire un .doc ? Microsoft Office).

    L'inverse exact est également possible : on peut rouler sur tout le réseau de la RDA, à condition d'avoir une Traban. C'est pas terrible à mon humble avis.


    Les logiciels libres plaident eux en faveur d'une infrastructure libre, strictement réglementée, inter-opérable ce qui est LA condition sine qua non pour qu'émerge une réelle diversité et que le(s) meilleur(s) gagne(nt) !
  • # Contrainte des uns, liberté des autres

    Posté par  . Évalué à 4.

    La notion de "standard" est effectivement paradoxale, car "standardiser" ne signifie rien d'autre que de mettre tout le monde d'accord sur un ensemble de règles communes, ce qui est, par définition, "contraignant". Sans standards contraignants, le programmeur a l'avantage de faire ce qu'il veut... et c'est d'ailleurs ce que fait Microsoft. Résultat : des utilisateurs prisonniers.

    L'existence de standards est lourde pour les programmeurs, car il faut alors écrire des programmes qui respectent des spécifications que l'on a pas forcément décidé soi-même. Mais c'est le prix à payer pour que l'utilisateur puisse choisir au final le programme qu'il utilise. Par exemple, en ce moment, tous les développeurs de navigateurs internet galèrent pour essayer de respecter les standards du web, que ce soit konqueror, firefox, opera ou ie (sous la contrainte et à petit pas) , et grâce à ça, les utilisateurs sont de moins en moins dépendants de leur navigateur.

    Il n'y avait donc pas de paradoxe. Contraindre le programmeur, c'est libérer l'utilisateur :-)

    Ah oui, pendant que j'y suis, un petit lien (en anglais) sur la corée du sud qui ne sait plus comment échapper aux griffes de microsoft. A recommander à nos chers (ir)reponsables politiques qui trainent les pieds devant le RGI : http://www.kanai.net/weblog/archive/2007/01/26/00h53m55s

Suivre le flux des commentaires

Note : les commentaires appartiennent à celles et ceux qui les ont postés. Nous n’en sommes pas responsables.