• # Bullshit Bingo !

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

    Cette thèse interroge le design depuis les pratiques de programmation en montrant qu’elles ne se réduisent pas à une industrie des programmes, qui empêche les inventions de naître tout à fait.

    Le choix d’auteurs qui n’ont pas directement voué leurs réflexions au design (comme Jacques Derrida, Hannah Arendt ou Walter Benjamin) permet de déconstruire un certain nombre de discours

    Cette thèse (..) soutient cinq axes ou directions pour une recherche dans le champ concerné : décentrer, authentifier, appareiller, traduire et désarticuler.

    • [^] # Re: Bullshit Bingo !

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.

      Une thèse faite avec Indesign et qui utilise une police non libre de surcroît.

      Cela dit, le résumé, la présentation, ou la préface de ce genre de texte peut être jargonneux à en être nuisible et pas le reste du texte (en fait, j'ai parcouru, très très très rapidement, la thèse et je crains bien que non, le reste du texte a l'air assez assorti dommage).

      « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

    • [^] # Re: Bullshit Bingo !

      Posté par  . Évalué à 0. Dernière modification le 26 juillet 2023 à 17:48.

      Cette thèse est un travail de six ans et 550 pages (!). Je pense que la réduire à trois citations et en profiter pour tirer une généralité ouvertement provocatrice sur son contenu n'est pas très honnête, mais ce n'est que mon avis.

      Les mouvements du Libre et de l'open source y sont mentionnés à de multiples reprises. Tout défenseur de ces mouvements questionne naturellement les artefacts logiciels sous un angle qui va bien souvent au-delà de la technique. De nombreuses références mentionnées relèvent des études logicielles, champ disciplinaire dont une des caractéristiques est justement celles d'interroger les artefacts logiciels de l'extérieur.
      Cette posture me semble peu encouragée dans les formations portant sur le numérique en France et mériterait d'être développée; et ce texte fournit des piste pour tendre vers ce but.

      • [^] # Re: Bullshit Bingo !

        Posté par  . Évalué à 2.

        « artefacts logiciels », ne serait-ce pas un pléonasme ?

        Vous avez deux ans, les copies seront corrigées par un chatGPT entrainé à partir des dissertations sur le thème « l'architecture logicielle, Babylone impie ou nouvelle Défense ? ».

        Discussions en français sur la création de jeux videos : IRC freenode / #gamedev-fr

      • [^] # Re: Bullshit Bingo !

        Posté par  . Évalué à 6. Dernière modification le 27 juillet 2023 à 08:56.

        Cette thèse est un travail de six ans et 550 pages (!). Je pense que la réduire à trois citations et en profiter pour tirer une généralité ouvertement provocatrice sur son contenu n'est pas très honnête, mais ce n'est que mon avis.

        Je dois avouer avoir eu la même réaction que patrick_g, mais j'ai coutinué jusqu'à l'introduction et le début de la première partie historique. Les références à Dérida et Deleuze ont allumé mes warnings (éveillant le spectre des Impostures intellectuelles et de l'affaire Sokal), après lecture de l'introduction on ne sait toujours pas de quoi va traiter cette thèse et, qui plus est, elle n'a pas de plan ni de structure, ce qui est parfaitement assumé. Puis vient la première partie avec Gödel et Turing, et là c'est le drame !

        Non Gödel n'a jamais prouvé que « tout système formel comporte au moins une thèse qui n’est pas démontrable dans ce système (à l’exception des axiomes qui sont là par principe) », il a prouvé que certains systèmes formels avaient cette propriété. Pour qu'un système formel soit essentiellement incomplet et impossible à compléter (chacune de ses extensions seront aussi incomplètes), il faut et il suffit que sa capacité d'expression permette de réfléchir en lui-même sa propre méta-théorie (c'est l'utilité de toute la première partie de la preuve de Gödel avec son codage des preuves comme énoncés arithmétiques).

        En revanche, il existe des systèmes axiomatiques incomplets ayant des extensions complètes, par exemple la théorie des corps. Ainsi, dans l'axiomatique des corps, la question « tout polynôme admet-il une racine ? » est indécidable. Néanmoins, la théorie des corps algébriquement clos est une extension de la première, récursivement énumérable et complète (elle n'admet qu'un seul modèle dénombrable, à isomorphisme près, à savoir la clotûre algébrique du corps des rationnels) !

        Tout ce que je viens de dire ne représente qu'un semestre d'étude pour un étudiant en master, ce qui est peu par rapport aux 6 ans de travaux qu'ont demandé la thèse. Il serait peut être tant que les adeptes de Dérida et Deleuze cessent toute référence à Gödel, ou qu'ils se décident enfin à le comprendre : voir la conférence de Jacques Bouveresse Qu'appellent-ils "penser" ?.

        Je dois avouer avoir arrêté ma lecture à cet endroit de la thèse, peut-être la reprendrai-je quand j'aurai du temps à tuer.

        Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

        • [^] # Re: Bullshit Bingo !

          Posté par  . Évalué à 2.

          Je n'ai pas compris ta démonstration, trop technique pour moi.

          J'ai par contre particulièrement apprécié le lien « qu'appellent-ils “penser” » qui illustre à merveille les dévoiements de l'autoproclamée élite philosophico-médiatique de salon.
          C'était très amusant par ailleurs, et tout à fait accessible au profane.

          Discussions en français sur la création de jeux videos : IRC freenode / #gamedev-fr

          • [^] # Re: Bullshit Bingo !

            Posté par  . Évalué à 3.

            Je n'ai pas compris ta démonstration, trop technique pour moi.

            Elle fait implicitement usage d'un autre théorème de Gödel, qui a moins fait parler de lui que l'incomplétude, mais tout aussi important et que Bouveresse mentionne dans sa conférence : le théorème de complétude du calcul des prédicats, qui exprime qu'une théorie est cohérente si et seulement si elle a un modèle.

            Ainsi, si la théorie T des corps algébriquement clos n'est pas complète alors elle possède un énoncé E indécidable tel que les théories T + E et T + non E soient cohérentes. Par le théorème de complétude elles ont chacune un modèle dénombrable, qui ne peut être que la clôture algébrique du corps des rationnels (c'est le seul corps algébriquement clos et dénombrable); corps qui devraient alors satisfaire à la fois les énoncés E et non E, ce qui est contradictoire. Donc T est complète.

            C'était très amusant par ailleurs, et tout à fait accessible au profane.

            Écrire clairement dans une langue acccessible aux communs des mortels n'est pas du goût d'une certaine intelligentsia française. :-P

            Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

        • [^] # Re: Bullshit Bingo !

          Posté par  . Évalué à 1.

          Merci pour ces éclaircissements. Je serai curieux de recueillir ton ressenti sur la partie concernant la machine de Turing mais il me semble que c'est du même acabit.

          Cependant, l'auteur n'est pas informaticien ni mathématicien (il me semble que le travail sur ce genre d'objets ne concerne qu'une petite part des informaticiens) mais théoricien en design.
          Cette partie semble là pour cerner le numérique depuis ces débuts et ne constitue pas le cœur du travail de l'auteur, qui se déploie dans les parties suivantes où il analyse les manifestations plus récentes et palpables de la chose numérique.

          • [^] # Re: Bullshit Bingo !

            Posté par  . Évalué à 3.

            Je serai curieux de recueillir ton ressenti sur la partie concernant la machine de Turing mais il me semble que c'est du même acabit.

            Oui, il y a du grand n'importe quoi. Ce matin j'avais juste relevé une formulation erronée du résultat d'incomplétude, ce qui peut encore passer, mais la suite est bien pire quand il interprète cela par le fait que « tout programme est voué à l'incomplétude : il finira par planter ». Ça n'a absolument rien à voir et ce genre d'interprétation est typique de l'école de pensée que critique Bouveresse dans sa conférence. Un bug ou un plantage, c'est plutôt le signe d'une preuve mathématique fausse ou d'une preuve d'un mauvais théorème (on prouve bien quelque chose, mais pas le théorème dont on souhaite faire usage). Mais pour voir cela, il faut passer par la correspondance de Curry-Howard, magnifiquement décrite par Jean-Louis Krivine dans sa conférence À propos de la théorie des démonstrations (du programme de Hilbert aux programmes tout court).

            Cependant, l'auteur n'est pas informaticien ni mathématicien (il me semble que le travail sur ce genre d'objets ne concerne qu'une petite part des informaticiens) mais théoricien en design.
            Cette partie semble là pour cerner le numérique depuis ces débuts et ne constitue pas le cœur du travail de l'auteur, qui se déploie dans les parties suivantes où il analyse les manifestations plus récentes et palpables de la chose numérique.

            Certes mais il utilise un style d'une école de pensée que je rejette totalement, et même s'il peut s'y trouver des choses intéressantes, c'est noyé dans un tissu d'absurdité. Le chapitre suivant sur le memex est du même ordre, où l'on y trouve du n'importe quoi philosphique quand il emploie totalement à contresens des notions issues de la morale kantienne. De plus sa vision du memex rejoint ce que dit Bouveressse :

            Il est vrai que, si on pense, comme c'est souvent le cas, que dans le domaine littéraire et philosophique, la pensée procède essentiellement sur le mode de l'association d'idées et que celle-ci est par essence créatrice et peut créer tout ce qu'on veut, sauf, bien entendu, de l'obscurité et de la confusion, il est difficile de trouver encore quelque chose à critiquer et de comprendre ce qui, dans le discours de nos intellectuels, a pu choquer des lecteurs comme Sokal et Bricmont.

            Franchement, je suis allé jusqu'au chapitre sur la genèse du Web, mais j'ai vraiment pas envie d'aller plus loin.

            Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

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